vendredi 2 novembre 2012

Lynchez-moi haut et court

    Ce soir je vais voir Godspeed You Black Emperor, il me faut trouver une tenue sépulcrale qui ne se résume pas à des draps déchirés et cendreux. 
Godspeed You, c'était une bonne claque de rock progresso-dépressif quand c'est sorti il y a 15 ans.
Ils n'étaient pas vraiment nihilistes, mais très remontés contre le samsara, et leur solution consistait à jouer des morceaux très longs et souvent douloureux et à donner des interviews sans illusion sur l'époque dans les Inrockuptibles, en torpillant toute image qu'on aurait pu fantasmer sur eux.
Je me demande, après avoir écouté leur dernier album, si ça va vraiment me plaire. Beaucoup d'énergie, mais pas mal de tristesse.
L'autre jour j'ai vanté le Kilimanjaro Darkjazz Orchestra, mais c'est leur autre formation, le Mount Fuji Doomjazz Corporation, leur soeur maudite et damnée, emmurée vivante dans les fondations d'un asile abject que j'aimerais voir en concert. Eux, c'est vraiment la bande son idéale d'un cauchemar lynchien que j'ai fait l'autre nuit, où l'esprit du mal s'était réfugié dans le salon d'hiver au rez-de-chaussée, me faisant croire qu'il n'était pas entré dans la maison, j'étais planqué dans la buanderie parce que je m'en doutais, immobile et silencieux, et effectivement quand il a cru que j'étais parti, il a rallumé la lumière et la porte s'est entrebaillée, et j'ai vu sa tête, et je fus saisi d'un effroi onirique lovecraftien en diable, devant ma seule survie à une fuite éperdue hors de ce rêve. 
Et depuis je réécoute le disque en repassant du linge au même endroit que dans le rêve, songeant qu'un jour mon prince des ténèbres viendra, qu'un jour il m'emportera.

dimanche 28 octobre 2012

Toi Grand Moi Petit (Grégoire Solotareff) 3/3

Ouf ! J'ai réussi à finir les scans avant minuit, sinon mon scanner se transformait en citrouille pour Halloween. 
Et cette histoire de Solotareff est excellente.







dimanche 14 octobre 2012

Le Progrès




Dans la vitrine de la librairie Coiffard, mon oeil est attiré par la couverture du Believer #2 , revue élitiste pas trop chère, (l'autre oeil est attiré par d'autres revues, tout aussi élitistes et peu onéreuses, comme "Schnoque, le magazine des vieux de 27 à 87 ans") qui me dit "achète-moi", tous les auteurs présents sur la couverture excitaent ma soif de savoir, ils me disent "lis-nous" alors comme c'est jour de paye...

Je tombe sur la critique d'un livre récent de William Vollmann, qui semble une sorte de sociologue errant  hyperactif et relativement illisible, que les Inrocks m'avaient autrefois survendu sans me prévenir qu'un livre sur deux qu'il écrivait traitait des putes et des clodos avinés au degré zorro de l'écriture, et l'autre de sociologie, et à l'époque j'étais pas tombé sur le bon, celui que j'avais acheté n'avait rien du Kessel mâtiné de Bourdieu coiffé à la Malraux auquel on pourrait s'attendre en lisant sa bio, mais là, dans cet article sur un livre de 1300 pages qui ne paraitra peut-être même pas en France, qui parle d'une ville oubliée dans un désert de l'Ouest américain trop proche de la frontière mexicane, cette métaphore à trois balles du progrès suffit à mon petit bonheur du jour... et puis dehors il fait vraiment un temps à ne pas mettre un bloggeur dehors ...




samedi 13 octobre 2012

La page 44 du point de vue de Bill

Ils étaient là, tous, à me gonfler l'autre jour en réunion AA avec la page 44 du point de vue de Bill, et puis finalement y'a quelqu'un qui l'a lue, à voix haute, et ça allait très bien avec le reste.
Où je serais d'ailleurs moi aujourd'hui, 20 ans et quelques jours après ma rencontre avec les disciples de Bill et Bob ? 


vendredi 12 octobre 2012

Spirit

Cette semaine, ils ont diffusé plein de films sur les amérindiens sur Arte. 
Ca a été l'occasion de voir des films ratés à base de bonnes idées et de bons sentiments (Coeur de Tonnerre) de découvrir l'ultime film de Cimino (The Sunchaser) moins raté, mais avec de si beaux paysages qu'on lui pardonne beaucoup, de revoir Little Big Man, mètre étalon de l'anti-western, et cet après midi même d'affronter le Soldat Bleu, récit gauchiste et féministe (tourné en 1970 comme un exorcisme pénible, un siècle après les faits) des exactions commises par le 21ème Régiment de Cavalerie du Colorado en 1865, qui ressemble à un snuff movie quand ils violent les femmes et tuent les enfants du gentil village gaulois des Cheyennes qui n'avaient ni potion magique ni eau de feu. 
Pas moyen d'échapper pour l'instant aux visions édulcorées ou romantiques que le cinéma consacré aux Indiens d'Amerique a réhabilité en tant que "bons" sauvages avec autant d'aveuglement qu'il en avait eu auparavant pour les traiter d'affreux barbares. Ca sent le racisme anti-blanc à plein nez.
Pas l'ombre de la finesse du traitement qu'ils ont pu s'offrir en littérature avec Tony Hillermann, par exemple.
Ou de la noirceur revendiquée de Scalped, le comics qui fait passer The Shield pour Titi et Grominet.
Mais y'a un gars sur la page d'Arte consacrée à un énième films du genre (Dance Me Outside) qui dit  à son propos "De vrais acteurs indiens beaux comme des dieux qui nous embarquent complètement dans cette histoire . On en redemande ! et pourquoi pas nous donner à voir les les films de Chris Eyre, le fameux film Dreamkeeper, Les disparues, Smoke signals, le nouveau monde, Geronimo de 1993 ..."
Bref, encore de bonnes soirées à télécharger en perspective.

Ca a été aussi l'occasion de ressortir un Sweat-Shirt Blanc Bleu acheté à Bastille en 89 et qui est increvable, dans lequel j'ai essuyé les remarques les plus perfides au Bureau, car à mon âge on ne s'habille plus ainsi, n'est-ce pas, et d'arborer ses motifs "Indian Spirit", putain de sa race. 
Je me suis demandé si j'étais grotesque exprès ou si je me foutais de mon apparence. 
Car ce n'est pas la même chose.
Devant l'inanité de la question, et surtout de la réponse, j'ai repris le travail.