Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
mardi 1 mai 2012
Interlude
Dieu est un chat de Schrödinger qui m'attend dans le coffre de ma voiture pendant que je me balade sur le sentier des Douaniers.
lundi 30 avril 2012
samedi 28 avril 2012
Du 25 au 28 novembre 2010
La seule volonté que maman ait exprimé de son vivant, c'est le souhait de ne pas aller pourrir dans la terre, mais d'être incinérée.
Peur inconsciente et typiquement occidentale qu'une forme atténuée de conscience du moi survive et se voie lentement digérée par les vers ?
En tout cas, voilà qui est fait.
Tout est consumé.
Le corps du délit, cette affreuse conséquence de l’inexcusable faute de savoir-vivre qu'elle a commise en mourant sans préavis, a été atomisé, et nous a été remis après refroidissement dans une urne bleue pastel emballée dans un carton qui n'est pas sans rappeler les cubitainers familiaux de petits vins de l'Hérault dont ils étaient friands.
Dès lors que nous n'avons plus affaire à un corps, mais à un concept cubique de 25 centimêtres de côté, ce carton devient sacrément encombrant.
Qu'en faire ? Nous n'avons pas encore de sépulture régionale. On s'oriente donc vers le frère survivant de maman, celui dont on pensait qu'il partirait le premier, et qui reste aujourd'hui le dernier survivant de la tribu maternelle.
Différentes hypothèses sont émises.
Dispersion des cendres dans un « jardin du souvenir » prévu à cet effet.
Inhumation dans le champ de tonton, qui accueillait jadis des patates ; ces pommes de terre à la cueillette desquelles maman avait pu échapper en gravissant les échelons de l'Ecole Normale.
R* n'est pas très chaud pour cette dernière option : "oui mais après ma mort, quand le terrain sera vendu ?"
Il n'a pas tort.
Il propose alors le caveau familial du cimetière de Saint-Antoine, où reposent ses ascendants ainsi que Y*, la belle soeur de maman qui elle aussi s'est barrée en loucedé, huit ans plus tôt.
(cf Un dimanche de Toussaint)
"Elle sera bien, là."
Rendez-vous est donc pris dès le lendemain, papa et F* vont transporter l'urne en voiture jusqu'en Dordogne.
Moi qui me fais une fierté secrète de fréquenter le frère de maman un peu plus souvent qu'à mon tour, je trouve le procédé un peu cavalier. Ils ont prévu de rester chez R* une demi-journée en tout et pour tout. C'est vrai qu'il n'y a pas grand-chose à faire chez lui, à part évoquer les maigres souvenirs communs, car on l'a finalement très peu fréquenté au temps de sa splendeur (toute relative), et subir les disques d'Aznavour ou de Joe Bassin dont il reste un grand admirateur. Mais de la part de mon père et de mon frère, je trouve ça un peu léger comme service après-vente. J'imagine déjà tonton au salon, perdu dans la contemplation de l'urne de sa soeur au lieu de la sieste réparatrice devant la 5.
Alors je me propose de descendre passer la fin de semaine à ses côtés, dans ce moment difficile entre tous.
Entre-temps, la petite communauté se disloque. Chacun retourne à ses occupations pré-mortem. Nous reprenons le TGV pour Nantes, fastidieux voyage de retour à peine égayé par une explosion de vomi de la cadette au milieu du wagon.
Le lendemain, je retourne au bureau et j'y croise une nouvelle stagiaire qui vient de perdre sa mère dans des circonstances analogues. Ca crée des liens. On discute le coup.
Samedi 27, je me lève avant l'aube pour parcourir les 400 km qui me séparent de tonton.
Comme je m'y attendais, les cendres de maman trônent dans le cubitainer sur la table du salon, là où papa et F* l'ont déposé hier avant de repartir comme des livreurs Darty pressés.
Tonton me dit : « c'est marrant, dans le temps ici c'était la chambre de nos parents, en fait ta mère est née à quelques centimètres. »
C'est effectivement tordant.
En plus, il me dit ça dans un demi-sourire à la Fernand Raynaud, en respirant à toutes petites goulées, comme un plongeur descendu à une grande profondeur qui se demande s'il aura assez d'air pour remonter.
Il est tout aussi économe de ses gestes, de ses déplacements et de ses idées.
La vieillesse, chez lui, c'est une publicité vivante pour le développement durable.
Son dernier lien avec la vie, c'est sa femme de ménage, à l'efficacité douteuse, aux horaires aléatoires, et au problèmes existentiels insondables. Récemment encore, elle s'était acoquinée avec un mafieux corse de 3e catégorie, qui a fini par lui siphonner sa cuve à fioul à l'entrée de l'hiver.
Je compatis.
C'est pas grave, tonton trouve ainsi l'occasion de claquer sa retraite pour une bonne cause. J'espère que comme dame de compagnie, elle est plus crédible que comme femme de ménage, parce que c'est un peu cracra chez tonton. Il faut relaver toutes les assiettes dans le placard quand on veut manger dedans, et je pense qu'il faudrait même laver le placard, saupoudré de sciure de vers. Heureusement qu'il n'y voit plus grand chose.
On va se promener au fond du jardin, ce qui nous prend une bonne petite heure aller et retour, on va voir si le voisin qui a construit une nouvelle maison n'a pas empiété sur le terrain de mon oncle, parce qu'il a fichu la clôture en l'air en 2005 et que personne ne semble s'en être préoccupé depuis, ni mes cousins qui vivent en Nouvelle-Calédonie, ni ma cousine qui vit en Corse et dont le mari ex-gendarme semble plus soucieux des bouteilles qu'il a mises au frais dans la cave de tonton que de l'intégrité des frontières territoriales du patrimoine.
Papa a alerté tout le monde hier au téléphone (famille, voisins) sur ce scandale immobilier en cours, il a décidé qu'il fallait absolument résoudre cette affaire de façon définitive, puis il est rentré à Montpellier.
L'émeute a fait long feu.
Au fond du jardin, R* m'explique que dans le temps, les arbres servaient de bornes naturelles, et tu vois, ce vieil orme définit bien l'alignement de la limite de la propriété, donc tout va bien, on va laisser ton père se calmer, je comprends qu'il soit un peu énervé en ce moment.
Tout cela à demi-mots et à petites goulées, parce que ça fait des années qu'il n'a pas tenté pareil exploit sportif : un 200 mètres en ligne droite à pas comptés.
Le dimanche soir, je reprends la route, un orage crépusculaire manque emporter la voiture sur la route de Bergerac, France Inter diffuse «ça sent le sapin» de Jeanne Cherhal, chanson marrante et de circonstance :
«Quand on n'a plus goût à rien
Quand on s'lève plus le matin
Qu'on mastique son chagrin
Comme un morceau de vieux pain
Quand on n'a plus dans les mains
Personne pour vous faire du bien
Qu'on veut plus du lendemain
Ben là ça sent vraiment l'sapin
Là ça sent vraiment l'sapin.»
Peur inconsciente et typiquement occidentale qu'une forme atténuée de conscience du moi survive et se voie lentement digérée par les vers ?
En tout cas, voilà qui est fait.
Tout est consumé.
Le corps du délit, cette affreuse conséquence de l’inexcusable faute de savoir-vivre qu'elle a commise en mourant sans préavis, a été atomisé, et nous a été remis après refroidissement dans une urne bleue pastel emballée dans un carton qui n'est pas sans rappeler les cubitainers familiaux de petits vins de l'Hérault dont ils étaient friands.
Dès lors que nous n'avons plus affaire à un corps, mais à un concept cubique de 25 centimêtres de côté, ce carton devient sacrément encombrant.
Qu'en faire ? Nous n'avons pas encore de sépulture régionale. On s'oriente donc vers le frère survivant de maman, celui dont on pensait qu'il partirait le premier, et qui reste aujourd'hui le dernier survivant de la tribu maternelle.
Différentes hypothèses sont émises.
Dispersion des cendres dans un « jardin du souvenir » prévu à cet effet.
Inhumation dans le champ de tonton, qui accueillait jadis des patates ; ces pommes de terre à la cueillette desquelles maman avait pu échapper en gravissant les échelons de l'Ecole Normale.
R* n'est pas très chaud pour cette dernière option : "oui mais après ma mort, quand le terrain sera vendu ?"
Il n'a pas tort.
Il propose alors le caveau familial du cimetière de Saint-Antoine, où reposent ses ascendants ainsi que Y*, la belle soeur de maman qui elle aussi s'est barrée en loucedé, huit ans plus tôt.
(cf Un dimanche de Toussaint)
"Elle sera bien, là."
Rendez-vous est donc pris dès le lendemain, papa et F* vont transporter l'urne en voiture jusqu'en Dordogne.
Moi qui me fais une fierté secrète de fréquenter le frère de maman un peu plus souvent qu'à mon tour, je trouve le procédé un peu cavalier. Ils ont prévu de rester chez R* une demi-journée en tout et pour tout. C'est vrai qu'il n'y a pas grand-chose à faire chez lui, à part évoquer les maigres souvenirs communs, car on l'a finalement très peu fréquenté au temps de sa splendeur (toute relative), et subir les disques d'Aznavour ou de Joe Bassin dont il reste un grand admirateur. Mais de la part de mon père et de mon frère, je trouve ça un peu léger comme service après-vente. J'imagine déjà tonton au salon, perdu dans la contemplation de l'urne de sa soeur au lieu de la sieste réparatrice devant la 5.
Alors je me propose de descendre passer la fin de semaine à ses côtés, dans ce moment difficile entre tous.
Entre-temps, la petite communauté se disloque. Chacun retourne à ses occupations pré-mortem. Nous reprenons le TGV pour Nantes, fastidieux voyage de retour à peine égayé par une explosion de vomi de la cadette au milieu du wagon.
Le lendemain, je retourne au bureau et j'y croise une nouvelle stagiaire qui vient de perdre sa mère dans des circonstances analogues. Ca crée des liens. On discute le coup.
Samedi 27, je me lève avant l'aube pour parcourir les 400 km qui me séparent de tonton.
Comme je m'y attendais, les cendres de maman trônent dans le cubitainer sur la table du salon, là où papa et F* l'ont déposé hier avant de repartir comme des livreurs Darty pressés.
Tonton me dit : « c'est marrant, dans le temps ici c'était la chambre de nos parents, en fait ta mère est née à quelques centimètres. »
C'est effectivement tordant.
En plus, il me dit ça dans un demi-sourire à la Fernand Raynaud, en respirant à toutes petites goulées, comme un plongeur descendu à une grande profondeur qui se demande s'il aura assez d'air pour remonter.
Il est tout aussi économe de ses gestes, de ses déplacements et de ses idées.
La vieillesse, chez lui, c'est une publicité vivante pour le développement durable.
Son dernier lien avec la vie, c'est sa femme de ménage, à l'efficacité douteuse, aux horaires aléatoires, et au problèmes existentiels insondables. Récemment encore, elle s'était acoquinée avec un mafieux corse de 3e catégorie, qui a fini par lui siphonner sa cuve à fioul à l'entrée de l'hiver.
Je compatis.
C'est pas grave, tonton trouve ainsi l'occasion de claquer sa retraite pour une bonne cause. J'espère que comme dame de compagnie, elle est plus crédible que comme femme de ménage, parce que c'est un peu cracra chez tonton. Il faut relaver toutes les assiettes dans le placard quand on veut manger dedans, et je pense qu'il faudrait même laver le placard, saupoudré de sciure de vers. Heureusement qu'il n'y voit plus grand chose.
On va se promener au fond du jardin, ce qui nous prend une bonne petite heure aller et retour, on va voir si le voisin qui a construit une nouvelle maison n'a pas empiété sur le terrain de mon oncle, parce qu'il a fichu la clôture en l'air en 2005 et que personne ne semble s'en être préoccupé depuis, ni mes cousins qui vivent en Nouvelle-Calédonie, ni ma cousine qui vit en Corse et dont le mari ex-gendarme semble plus soucieux des bouteilles qu'il a mises au frais dans la cave de tonton que de l'intégrité des frontières territoriales du patrimoine.
Papa a alerté tout le monde hier au téléphone (famille, voisins) sur ce scandale immobilier en cours, il a décidé qu'il fallait absolument résoudre cette affaire de façon définitive, puis il est rentré à Montpellier.
L'émeute a fait long feu.
Au fond du jardin, R* m'explique que dans le temps, les arbres servaient de bornes naturelles, et tu vois, ce vieil orme définit bien l'alignement de la limite de la propriété, donc tout va bien, on va laisser ton père se calmer, je comprends qu'il soit un peu énervé en ce moment.
Tout cela à demi-mots et à petites goulées, parce que ça fait des années qu'il n'a pas tenté pareil exploit sportif : un 200 mètres en ligne droite à pas comptés.
Le dimanche soir, je reprends la route, un orage crépusculaire manque emporter la voiture sur la route de Bergerac, France Inter diffuse «ça sent le sapin» de Jeanne Cherhal, chanson marrante et de circonstance :
«Quand on n'a plus goût à rien
Quand on s'lève plus le matin
Qu'on mastique son chagrin
Comme un morceau de vieux pain
Quand on n'a plus dans les mains
Personne pour vous faire du bien
Qu'on veut plus du lendemain
Ben là ça sent vraiment l'sapin
Là ça sent vraiment l'sapin.»
Comme le disait Brassens, «les vrais enterrements viennent de commencer.»
Fini de rire.
vendredi 27 avril 2012
La solution finale V
Suicide collectif à réussir :
Succomber en masse au cyber-fascisme rampant
de la laideur et de sa contemplation !
Ne jamais péter dans une combinaison de plongée !
Antidote :
(reçu aujourd'hui par chain mail)
Voici le message qui constitue l'EGREGORE D'AMOUR EN CHAINE POUR PRESIDENTIABLE.
>
> ENONCER À HAUTE ET INTELLIGIBLE VOIX LE MESSAGE SUIVANT AVANT DE L'ENVOYER
> À VOS DESTINATAIRES :
>
>
> "Je remercie Le Maître et l'Univers pour l'égrégore d'Amour, de
> Sincérité, de Compassion, de Courage, de Lumière qui se crée ici et
> maintenant autour du futur Président de la République Française qui
> sera élu au suffrage universel au printemps 2012, quel qu'il soit,
> afin que la Justice Sociale, la Paix, la Fraternité soient désormais
> les motivations de son gouvernement. Que la Lumière inonde chaque
> ministère, et chaque ministre quelle que soit son appartenance politique,
> et quel que soit le poste qu'il occupe".
>
>
> A NOTER : Ce mail doit être réexpédié en conscience.
>
> L'intention émise, dans l'attention de ce qui est dit.
>
mardi 24 avril 2012
La solution finale IV
C'est une créature du Seigneur, c'est tout ce que je peux en dire de gentil.
Elle est le fruit d'une éducation réussie, d'une programmation culturelle sans failles et sans bavures.
Son succès et son franc-parler sont d'autant plus éclatants face aux balbutiements du camp d'en face.
Alors j'y ai lâché le chien dessus.
Il m'a ramené ses bollocks.
Gentil, le chien.
Va pas manger ça, tu vas nous choper une maladie.
Mais hier soir, au journal de ce triste Pujadas, elle les avait à nouveau.
Ca repousse, ou alors elle s'est fait greffer celles de son papounet.
lundi 23 avril 2012
La solution finale III
Fukushima mon amour, il y a un an déjà ...
A y est, il a voté Le Pen...
Une nouvelle jeunesse pour cette couverture de Charlie-Hebdo.
Une nouvelle jeunesse pour cette couverture de Charlie-Hebdo.
dimanche 22 avril 2012
La solution finale II
Et voilà, il suffit que je parte à la mer une semaine, en ayant programmé à l'avance tous les articles les moins intéressants sur ma tombe, et quand je reviens, paf, ce soir Marine est là avec son fromage de tête à 20% de matière grave.
Les Français se disent "ah ben tiens on a tout essayé sauf ça".
Au moins je n'ai plus besoin de me dévaloriser pour me trouver con de faire partie, de par le hasard de ma naissance, de ce peuple.
photo prise devant la petite maison de Perros Guirec.
Technique mixte, artiste inconnu.
Technique mixte, artiste inconnu.
Collage réalisé par les enfants d'un copain trégorrois
pendant le repas dominical :
pendant le repas dominical :
portrait-robot du candidat idéal :
Nathan-Luc Arthanchon,
Prélogie : le pangement.
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