10h00
11h12
Une idée de film me vient : les femmes nous ont quittées, elles ont déserté la planète, aussi vite que les dauphins au début de H2G2 : Le Guide du voyageur galactique, car sentant la fin de l’espèce humaine et l'extinction du reste du vivant advenir, elles refusent de participer au suicide collectif/holocauste global perpétré par les mâles dont le spectacle nous enivre, tout en nous tirant un douloureux rictus de complaisance, de plus en plus crispé au fur et à mesure que les catastrophes s'empilent les unes sur les autres. Pour nous souvenir d’elles, (les femmes, pas les catastrophes) il ne nous reste désormais que les films porno, qui en restituent une mémoire plutôt parcellaire et édulcorée, car on ne les y voit que rarement de mauvaise humeur, alors que dans le Réel, comment dire. Bref. Dans mon scénario, ça nous fait quand même l’effet que font les films de forêt avec Bambi dedans à Edward G. Robinson quand il va se faire euthanasier à la fin de Soleil Vert, et l'ambiance psychédélique se teinte d'une inconsolable nostalgie presque aussi triste que la disparition des femmes en elle-même. C’est moche, hein ? je dois penser ça parce que les femmes de la maison sont parties en Corée depuis 3 semaines, et que ça fait longtemps que j’ai pas été en solo.
Alors certes, c’est moche, mais dans une version alternative de la Réalité Réelle Ratée, j’ai été tué hier dans un accident de vélo en arrivant au bureau, après avoir énoncé une magnifique parabole sur la brièveté de la vie, le temps que mes 86 kgs de viande qui pense trop fusionnent avec le trottoir. Donc, pour l’instant, ça va encore. Tant que j’évite de songer à l’Ukraine, au réchauffement et aux migrants qui se noient à qui mieux mieux en Méditerranée.
tu peux retrouver la bande originale de cet article ici. |
11h20
Etre vieux, c’est ne plus savoir quoi écouter en prenant des champis.
11h55
Les démons chuchotants et suppurants dans les sous-couches des infra-mondes infernaux de Medicine Of The Moment (Steve Roach - Live At SoundQuest Fest 2011) ne m’auront pas. Une fois de plus se pose la question du micro-dosage, qui semble nuire aux doses « normales » censées produire quelque chose de plus… quoi exactement ? je le saurai quand je l’éprouverai. Pour le moment, il y a juste une hyperconscience, tiens, à propos, va donc t’habiller, au lieu de trainer en slip comme si t’avais 15 ans. C’est pas parce que t’as échappé à la mort cycliste hier qu’il faut te laisser aller.
12h13
Légères distorsions géométriques. Acoustiquement, c’est ineffable, comme d’hab, mais métaphysiquement insignifiant, comme d’hab aussi. Je reste qui je suis, avec mes valises et mes termites. A part sanctifier les morts, saluer le passé, et célébrer de vive voix ce qui vit encore, je vois pas quoi faire d’autre. Les champignons séchés que le père D* m'a offerts en juillet au prieuré de L* m’ont l’air autrement costauds, et semblent se tenir bien mieux dans le temps que des truffes, l’autre jour en Bretagne j'ai microdosé au pif avec 0.3g de ses champis sur le sentier des Douaniers, et j'étais au bord du trip. Mais pour tester les échantillons gratuits de truffes avant qu’ils ne périment, c’est la course à l'escalade de la guedro ! pas étonnant que je manque emboutir des postiers embusqués dans les bosquets et surgissant en vélo électrique pour me faire rater ma nouvelle carrière d'employé du mois.
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11h30
Après plusieurs décennies sans y aller, j’ai retrouvé la plage des Lays, en Vendée.
J’ai proposé à H* de venir à la mer et de prendre des truffes avec moi, c’est là qu’il m’a dit que des truffes, il en avait déjà pris avec D*, ça lui avait juste collé une bonne chiasse. C’est raccord avec mes expériences de juillet. La vérité sort de la bouche des enfants. Moi c’est quand j’entre dans sa chambre et que je vois le bordel, que ça me colle une bonne chiasse.
Comment l’aider à passe la vitesse, et à se sortir de l'environnement dégradé dans lequel il se complait à vivre ? (penser à inclure un selfie auto-dépréciatif de sa chambre) A part en étant exemplaire, j'vois pas comment l'aider à me dépasser en tout (sic).
Cette nuit, j’ai rêvé qu’on retournait vivre à Paris tous les 4, parce que je n’avais plus de boulot à Nantes. On reprenait l’appartement du boulevard de Belleville, c’était triste, mais au moins, dans 50 m2, on était obligés de conserver la maison propre et rangée, et d’avoir beaucoup moins d’affaires.
La plage des Lays : novembre toute l'année. |
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10h20
Je mâche 15 grammes de Valhalla, les plus fortes du catalogue Zamnesia, en me demandant à quoi ça va bien me servir. Mais ce mois-ci, c'est mon seul créneau pour éviter que ça périme au frigo. Il faut que la science avance. Je trouve une question à poser pendant le voyage, alors j'essaye de mâcher consciencieusement, bien que jusqu'ici mes rendez-vous de l'été avec la psilocybine aient été décevants, comme Deauville sans Trintignant.
11h03
Je viens de congeler mon coulis de tomates avec succès, mais je manque me casser la gueule en ramassant les framboises au jardin; il est sans doute plus prudent d'aller m'allonger. Tout fourmille (kinesthésie + visuel). Impossible d'écrire, bâillements à n'en plus finir, différentes stations allongées, déshabillage, tentatives de méditation, prise de conscience de la fragilité lombaire, fébrilité, re-allongé, trop chaud, puis froid, le mieux c'est d'attendre que ça passe en gardant les yeux fermés, le cerveau encastré dans la déclivité creusée avec la tête entre les coussins du canapé, noyé dans les nappes des disques de "psybient" (abréviation d’ambient psychédélique, également appelée : psytrance ambiant, goa ambiant, psychil, psydub) un sous-genre de musique électronique très récemment découvert qui contient des éléments de trance psychédélique, ambient, downtempo, dub, musique ethnique, et musique new age... les mélopées synthétiques instrumentales m'évoquent l'infinité du cosmos.
Certains duos musicaux suédois comme Carbon Based Lifeforms enregistrent des disques pour les candidats à la médusation (quand on médite sous champis en écoutant le chant des méduses) |
Je déplore de n'avoir pas de documentaire sur les galaxies à regarder en simultané de ces ondes gravitationnelles issues d'une cathédrale bizarrement flanquée de colonnes doriques qui émerge à l'horizon de mon esprit. Je repense à la fin de 2001, l'odyssée de l'espace, quand Dave Bowman est au-delà de Jupiter, à cette éclosion d'images fluorescentes, à sa peur de la mort, telle qu'analysée et décryptée dans le roman de Clarke, alors que le film de Kubrick reste un peu cryptique.
13h15
La vache ! c'était du costaud ! Je sais pas du tout où j'étais. Mais j'y étais, ça c'est sûr madame chaussure; ce n'est pas très important. Si je suis déçu, c'est parce que j'espère à chaque fois un changement de point de vue. J'en serais sans doute bien embarrassé. Le cerveau humain ne fonctionne pas comme ça. On ne peut pas échanger sa personnalité (switcher ?) aussi fastoche que dans les films hollywoodiens. J'en attends trop, de ce "misérable miracle", tel que décrit par Henri Michaux sous mescaline. Au moins, me retrouver naufragé du canapé me fait revoir mes ambitions à la baisse, mes attentes de transcendance sont irréalistes, je m'étais monté le bourrichon avec le livre de Michael Pollan, faut un peu redescendre... Je rêve d'être transfiguré, mais en quoi ?
14h48
ah ça, elle est belle la France des boomers psychédéliques |
sous psilo, les films de famille sont toujours un peu terrifiants |
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