vendredi 22 septembre 2023

Reprenez donc des truffes magiques, qu'y disaient (2)

Résumé des épisodes précédents : 
c'est la suite de mes errements soi-disant psychédéliques.
Pour l'instant, c'est pas encore ça.

expérience du 9 aout 2023

10h00

8 g de TRUFFES MAGIQUES Atlantis, fraiches. En tout cas fraichement reçues par la Poste, et envoyées à titre gracieux par le fournisseur après ma plainte pour absence d'effets de l'envoi précédent.

ah ça, pour booster notre créativité, on est là.
11h
J’écoute Steve Roach, dont je me rappelle avoir rêvé cette nuit, il sortait un douze millième disque live et recevait enfin la consécration attendue. A ce titre, il me remerciait des 200 albums de lui chroniqués sur mon blog.
Jusqu'où va se nicher le besoin de reconnaissance ! (je parle pour moi, pas pour lui : les propos qu'il tient dans mes rêves pourraient passer pour vraisemblables uniquement si j'allais aussi les tenir dans les siens, et on n'en est pas là)


11h12

Une idée de film me vient : les femmes nous ont quittées, elles ont déserté la planète, aussi vite que les dauphins au début de H2G2 : Le Guide du voyageur galactique, car sentant la fin de l’espèce humaine et l'extinction du reste du vivant advenir, elles refusent de participer au suicide collectif/holocauste global perpétré par les mâles dont le spectacle nous enivre, tout en nous tirant un douloureux rictus de complaisance, de plus en plus crispé au fur et à mesure que les catastrophes s'empilent les unes sur les autres. Pour nous souvenir d’elles, (les femmes, pas les catastrophes) il ne nous reste désormais que les films porno, qui en restituent une mémoire plutôt parcellaire et édulcorée, car on ne les y voit que rarement de mauvaise humeur, alors que dans le Réel, comment dire. Bref. Dans mon scénario, ça nous fait quand même l’effet que font les films de forêt avec Bambi dedans à Edward G. Robinson quand il va se faire euthanasier à la fin de Soleil Vert, et l'ambiance psychédélique se teinte d'une inconsolable nostalgie presque aussi triste que la disparition des femmes en elle-même. C’est moche, hein ? je dois penser ça parce que les femmes de la maison sont parties en Corée depuis 3 semaines, et que ça fait longtemps que j’ai pas été en solo.


De la guedro, j'en ai tellement pris en juillet, que le jour de la rentrée je vois mon vélo qui se gondole.
Une fois déraidi, je m'ai rendu compte qu'il s'agissait en fait d'un accident du travail qui a bien tourné,
puisque je n'ai pas une égratignure, ayant réussi grâce à l'hyperconscience engendrée par la psilocybine
 à m'extraire de la carcasse au moment de l'impact, juste avant d'arriver au bureau.

Alors certes, c’est moche, mais dans une version alternative de la Réalité Réelle Ratée, j’ai été tué hier dans un accident de vélo en arrivant au bureau, après avoir énoncé une magnifique parabole sur la brièveté de la vie, le temps que mes 86 kgs de viande qui pense trop fusionnent avec le trottoir. Donc, pour l’instant, ça va encore. Tant que j’évite de songer à l’Ukraine, au réchauffement et aux migrants qui se noient à qui mieux mieux en Méditerranée.


tu peux retrouver la bande originale
de cet article ici.

11h20

Etre vieux, c’est ne plus savoir quoi écouter en prenant des champis.


11h55

Les démons chuchotants et suppurants dans les sous-couches des infra-mondes infernaux de Medicine Of The Moment (Steve Roach -  Live At SoundQuest Fest 2011) ne m’auront pas. Une fois de plus se pose la question du micro-dosage, qui semble nuire aux doses « normales » censées produire quelque chose de plus… quoi exactement ? je le saurai quand je l’éprouverai. Pour le moment, il y a juste une hyperconscience, tiens, à propos, va donc t’habiller, au lieu de trainer en slip comme si t’avais 15 ans. C’est pas parce que t’as échappé à la mort cycliste hier qu’il faut te laisser aller.


12h13

Légères distorsions géométriques. Acoustiquement, c’est ineffable, comme d’hab, mais métaphysiquement insignifiant, comme d’hab aussi. Je reste qui je suis, avec mes valises et mes termites. A part sanctifier les morts, saluer le passé, et célébrer de vive voix ce qui vit encore, je vois pas quoi faire d’autre. Les champignons séchés que le père D* m'a offerts en juillet au prieuré de L* m’ont l’air autrement costauds, et semblent se tenir bien mieux dans le temps que des truffes, l’autre jour en Bretagne j'ai microdosé au pif avec 0.3g de ses champis sur le sentier des Douaniers, et j'étais au bord du trip. Mais pour tester les échantillons gratuits de truffes avant qu’ils ne périment, c’est la course à l'escalade de la guedro ! pas étonnant que je manque emboutir des postiers embusqués dans les bosquets et surgissant en vélo électrique pour me faire rater ma nouvelle carrière d'employé du mois.


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expérience du 11 aout 2023


11h30

Après plusieurs décennies sans y aller, j’ai retrouvé la plage des Lays, en Vendée. 

(penser à inclure un selfie auto-dépréciatif)
(checked)
Comme son nom l'indique, j’y suis chez moi. 
(penser à inclure un selfie auto-dépréciatif) 
Une fois sur site, j’ingère les 8 g de TRUFFES MAGIQUES Atlantis FRAICHES qu’il me reste d’avant hier. On va dire que j’insiste lourdement : selon mes calculs, ça va encore moins rien me faire. Le microdosage en cours interfère peut-être dans mes expériences de dosage normal.

J’ai proposé à H* de venir à la mer et de prendre des truffes avec moi, c’est là qu’il m’a dit que des truffes, il en avait déjà pris avec D*, ça lui avait juste collé une bonne chiasse. C’est raccord avec mes expériences de juillet. La vérité sort de la bouche des enfants. Moi c’est quand j’entre dans sa chambre et que je vois le bordel, que ça me colle une bonne chiasse. 

Comment l’aider à passe la vitesse, et à se sortir de l'environnement dégradé dans lequel il se complait à vivre ? (penser à inclure un selfie auto-dépréciatif de sa chambre)  A part en étant exemplaire, j'vois pas comment l'aider à me dépasser en tout (sic).

Cette nuit, j’ai rêvé qu’on retournait vivre à Paris tous les 4, parce que je n’avais plus de boulot à Nantes. On reprenait l’appartement du boulevard de Belleville, c’était triste, mais au moins, dans 50 m2, on était obligés de conserver la maison propre et rangée, et d’avoir beaucoup moins d’affaires.

La plage des Lays : novembre toute l'année.
La météo est médiocre. Je me baigne, il n’y a personne à l’horizon, de sales bêtes gluantes et invisibles me glissent entre les doigts quand je brasse. Je me rappelle que c’est toujours comme ça à cet endroit de la côte vendéenne, mais ça me fout quand même la pétoche, comme si j'avais caressé une méduse. Elles se font très présentes dans la région, l'été.  Il se met à pleuvoir. Des vaguelettes déferlent juste derrière moi, je me retourne sans cesse, j’ai toujours peur qu’un requin me boulotte traitreusement, comme quand je me suis baigné de nuit, en Corse, en 2018J’essaye d’apprivoiser mes peurs, mais le plus souvent, l'archéocortex court-circuite le néo-. Les gouttes de pluie qui ploquent à la surface de l’eau, c’est joli. Je suis maintenant immergé sous l'averse, mais je ne suis toujours pas mouillé dans ma tête. Après un moment, je regagne le rivage, mes affaires sont complètement détrempées par la flotte qui continue à tomber; à tel point que je suis contraint de manger mon sandwich dans la voiture, l’habitacle se remplit de buée, je rentre à 60 à l’heure, hébété et ruisselant. 3 heures de bagnole pour ça ? Mes expériences de truffes ? quelles expériences de truffes ? il est temps de creuser la piste des kits de champignons à faire pousser dans son tiroir de bureau.

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expérience du 23 aout 2023



10h20 

Je mâche 15 grammes de Valhalla, les plus fortes du catalogue Zamnesia, en me demandant à quoi ça va bien me servir. Mais ce mois-ci, c'est mon seul créneau pour éviter que ça périme au frigo. Il faut que la science avance. Je trouve une question à poser pendant le voyage, alors j'essaye de mâcher consciencieusement, bien que jusqu'ici mes rendez-vous de l'été avec la psilocybine aient été décevants, comme Deauville sans Trintignant.


11h03

Je viens de congeler mon coulis de tomates avec succès, mais je manque me casser la gueule en ramassant les framboises au jardin; il est sans doute plus prudent d'aller m'allonger. Tout fourmille (kinesthésie + visuel). Impossible d'écrire, bâillements à n'en plus finir, différentes stations allongées, déshabillage, tentatives de méditation, prise de conscience de la fragilité lombaire, fébrilité, re-allongé, trop chaud, puis froid, le mieux c'est d'attendre que ça passe en gardant les yeux fermés, le cerveau encastré dans la déclivité creusée avec la tête entre les coussins du canapé, noyé dans les nappes des disques de "psybient(abréviation d’ambient psychédéliqueégalement appelée : psytrance ambiant, goa ambiant, psychil, psydub) un sous-genre de musique électronique très récemment découvert qui contient des éléments de trance psychédélique, ambient, downtempo, dub, musique ethnique, et musique new age... les mélopées synthétiques instrumentales m'évoquent l'infinité du cosmos.  

Certains duos musicaux suédois comme Carbon Based Lifeforms
(quand on médite sous champis en écoutant le chant des méduses)

Je déplore de n'avoir pas de documentaire sur les galaxies à regarder en simultané de ces ondes gravitationnelles issues d'une cathédrale bizarrement flanquée de colonnes doriques qui émerge à l'horizon de mon esprit. Je repense à la fin de 2001, l'odyssée de l'espace, quand Dave Bowman est au-delà de Jupiter, à cette éclosion d'images fluorescentes, à sa peur de la mort, telle qu'analysée et décryptée dans le roman de Clarke, alors que le film de Kubrick reste un peu cryptique.


13h15

La vache ! c'était du costaud ! Je sais pas du tout où j'étais. Mais j'y étais, ça c'est sûr madame chaussure; ce n'est pas très important. Si je suis déçu, c'est parce que j'espère à chaque fois un changement de point de vue. J'en serais sans doute bien embarrassé. Le cerveau humain ne fonctionne pas comme ça. On ne peut pas échanger sa personnalité (switcher ?) aussi fastoche que dans les films hollywoodiens. J'en attends trop, de ce "misérable miracle", tel que décrit par Henri Michaux sous mescaline. Au moins, me retrouver naufragé du canapé me fait revoir mes ambitions à la baisse, mes attentes de transcendance sont irréalistes, je m'étais monté le bourrichon avec le livre de Michael Pollan, faut un peu redescendre... Je rêve d'être transfiguré, mais en quoi ?

14h48

ah ça, elle est belle la France
des boomers psychédéliques

C'est à peu près fini. Je suis déçu : malgré le voyage, ma conscience est restée au centre. Je suis resté moi. Tant pis tant mieux. En même temps, j'ai quand même assisté à l'éclosion de phénomènes psychologiques en étant un peu en amont, en les voyant naitre comme on observe une pieuvre au périscope, depuis l'habitacle du sous-marinDes abimes de bienveillance sonores se sont ouverts pendant mon éclipse, j'avais bien fait de me préparer hier une playlist d'artistes cosmiques comme Carbon Based Lifeforms et d'omettre les disques de chamanisme nauséeux et lovecraftien de Steve Roach. Pendant 2 heures, je me suis perdu. Même Darmanin n'aurait pu me retrouver m'interpeller. Fébrile, faiblement électrifié, essayant d'accorder ma finitude à l'infini, physiquement, par des auto-massages, acceptant les désagréments (agitation, fourmis, bâillements), me battant avec mon nouveau cache-yeux en fourrure que les filles m'ont ramené de Corée, à me dire que c'était pas normal que j'entende quand même la musique alors que le bandeau me recouvrait les oreilles... M'allonger dans le noir et laisser la musique inventer des mondes derrière mes paupières... si c'est pas un acte de foi envers le psychédélisme, je sais pas ce que c'est. Une ivresse dont je reviens plus sage ? en tout cas, après avoir oublié de m'hydrater pendant cette fin de matinée, mon premier geste a été d'aller mettre de l'eau aux poules qui erraient bec ouvert dans la pelouse, et de verser un arrosoir sur le regard du collecteur d'eaux pluviales dans lequel j'ai croisé un crapaud résident.

Ces psychédéliques, c'est vraiment un truc à faire tout seul; comme avec la méditation, c'est d'en attendre quelque chose qui fausse tout, faut juste capter ce qui se présente. Parce que sur le moment, ce sont des expériences que le mental a bien du mal à se réapproprier, il est confronté à autre et plus vaste que lui, il est toléré comme observateur, sauf dans les moments de surcharge où y'a plus person au téléfon... 
sous psilo, les films de famille
sont toujours un peu terrifiants
A un moment donné de ma redescente, j'ai cru que je pouvais capter si mon grand-père était dans la bienveillance, rien qu'en matant un film super 8 de lui jouant avec ses petits-enfants sur la plage de Trestraou dans les années 70... comme si la psilo allait m'affuter le regard, décapé, sûr... mais c'était quasiment fini, j'ai regardé mes neveux en bas âge se tortiller dans leurs cabans trop grands, c'était hilarant et tragique, comme tous les films de famille, et il y avait une sorte de frétillement irrégulier inédits sur les contours de l'image, mais rien de transcendant... 



Tout cela pour finir, bien sûr, comme Yolande :
submergée par un bonheur indicible. 


Quoique.

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