jeudi 8 juin 2006

Bulbes


"Ce que je veux dire, c’est que je ferais une mère abominable. Je suis égoïste, égocentrique… la seule autre personne que je connaisse qui soit plus égocentrique que moi, c’est Carlos.
Il est tellement égocentrique qu’il ne voit même pas à quel point je le suis."

- Gabrielle Solis dans Desperate Housewives -
Le problème des égocentrés qui finissent par suspecter leur cécité comme cause première de la pauvreté du spectre visible, c’est qu’ils s’arrangent souvent pour le formuler dans des termes inexploitables. Pour rester coincé dans le constat il suffit de lui donner une forme tragico-ironique, et le cercle se referme.
Je disais à Flo : "Y’a un truc que j’ai dû rater : ça fait 20 ans que je lis des trucs qui me persuadent de l’irréalité du moi, et ça n’a fait que le renforcer.
-C’est normal. Le mot important c’est "persuadent". Le moi se renforce en se persuadant de n’importe quoi, y compris de son inexistence. Comme Mr Smith dans Matrix. Au lieu de combattre les gens, il les transforme en lui. Donne de l’anti-moi au moi, il le transforme en moi. Magique !"
Le Moi est comme un bulbe qui refuse de germer, alors qu’il s’est amplement prouvé qu’il n’arrivait à aucune satisfaction digne de ce nom par les voies de l’égoïsme. Il lui faut d’après les traditions un paquet d’existences foireuses avant de cesser de faire son boudin et de se mettre au boulot.
Sans parler de l’épineux problème des scènes de cul dans les films normaux, qui devient très tendance. D’un côté c’est louable d’arracher la représentation de la sexualité aux griffes du porno qui en détenait le quasi-monopole, de l’autre y’a pas mal de dépendants qui vont flipper s’ils vont au cinéma ces temps-ci. Excellente occasion pour repérer les éventuelles émotions qui s’élèvent dans le cadre d’une fiction non-pornographique, ou le cas échéant de tester ses capacités à évacuer la salle en cas d’incendie.

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