dimanche 12 octobre 2008

Expérience #53 : Devenir le média




J'ai vu cette lueur dans l'oeil de James Woods, dans Videodrome de David Cronenberg (Où finit la chair ? Où commence la manipulation du réel ? Qui décide réellement de ce qui est et de ce qui semble ?) : deviens le média.
Je l'ai revue dans l'oeil du rédacteur en chef de la station de télévision régionale où je travaille épisodiquement, lui qui a tout misé sur sa carrière, y compris sa femme et ses gosses, et qui s'y croit tellement que sa vie a beau craquer aux entournures, il continue d'être workholic et quand on lui avoue qu'on n'a pas regardé le journal du soir, au risque de ne pas avoir l'esprit d'entreprise, il nous regarde d'un air hébété. Deviens le média.
Je l'ai aperçue aussi dans l'interview de la nympho dans l'enquète sur la génération porno sur Arte quand elle disait qu'avec ses copains-copines elle essayait de reproduire des films pornos, sans trop bien savoir pourquoi : deviens le média.
Et puis pour faire bonne mesure, je la sens dans mon oeil quand j'écris sur ce blog, que j'avais ouvert pour faire comme vous - savez - pas - qui - mais - moi - j' m'en - doute, avec les résultats qu'on imagine. Deviens le média.
Comme si devenir le média allait nous délivrer momentanément de la nécessité d'être soi - ce qui dit comme ça ne veut pas dire grand chose - et de résoudre l'énigme que l'univers nous propose à chaque instant.
Il faudrait développer l'article vers la fusion/confusion, mais je roule un peu sur la jante.
Ce matin j'ai couru 17 km et j'ai passé l'après-midi à la mer.
Y'en a qui s'embètent pas.
Le Marshall McLuhan des temps post-modernes a failli naître.

vendredi 10 octobre 2008

la grande classe


"Taxidermia : Gyorgy Palfi's grotesque tale of three generations of men, including an obese speed eater, an embalmer of gigantic cats, and a man who shoots fire out of his penis!"

Comme un malheur n'arrive jamais seul, c'est Amon Tobin qui a fait la musique, avec son habituel big band fagoté au rayon électroménager.
Réservé aux amateurs de Fellini sous acide.
C'est ce qu'on appelle un public ciblé.
Le lien est dans les commentaires comme Jésus est dans l'hostie, comme le lièvre est dans ce pâté.

mercredi 8 octobre 2008

la vache qui ouït


Baisse de régime dès la semaine dernière. Du mal à chômer heureux et à geeker serein, surtout après avoir relu la définition du geek.
Après je vais accuser les autres d'hypocondrie, à tous les coups.
Dans le temps, je me faisais une petite compilation bien dépressive, plaisir d'offrir, joie de recevoir. Forme rudimentaire d'auto-érotisme, mais efficace.
Tandis qu'maint'nant, au lieu de râler contre les moyens croissants d'autisme sidéral, je peux monter ma maison de disques virtuelle et publier ma première galette en quelques clics !
Le lien est dans les commentaires.











Sans oublier qu'un jour il faudra lire les bons magazines, et se poser les vraies questions :

mardi 7 octobre 2008

invisibles à plus d'un titre (2)

Les Invisibles sont ©Grant Morrison

Ca fait des années que j'apercevais de temps à autre, en circulant à travers l'arborescence hiérarchique de mes disques durs, une poignée de fichiers coincés dans un sous-dossier invisible inclus dans un alias de disque dur ayant existé... dit comme ça ça n'a pas l'air très clair, mais ça ne l'était guère plus, des fichiers de rendus obsolètes de films compilés avec dvd studio pro, un vieux Steve Roach et même deux ou trois photos de cul, grumeaux témoins d'un passé révolu que je ne pouvais ni ouvrir ni jarter, je n'arrivais pas à cleaner mon install et à m'en débarasser définitivement, vu que la présence de ces fichiers était très aléatoire et ne se manifestait que dans un faisceau de circonstances que je n'arrivais jamais à reproduire exactement quand agacé de leur persistance, je tentais. Donc j'avais lâché prise, évidemment ils se rappelaient à mon bon souvenir de temps à autre, c'est toujours un bon test émotionnel si on monte dans le train d'agacement, et puis au moment de la séance de maintenance de la semaine dernière suite à un gros plantage, au cours de laquelle j'ai fini par découvrir tout à fait par hasard une incompatibilité entre ma nouvelle souris pc et mon ordi mac... j'ai eu un accès de lucidité, des infos qui se sont recoupées, j'ai posé une hypothèse, fait trois relevés topographiques avec les logiciels idoines et me suis débarassé du problème en une bonne après midi (norton antivirus, techtool pro 4 et gros passage dans les répertoires, quand même) et j'ai allégé mon disque interne de quelques gigas de fichiers invisibles mais bien là.
La situation s'est débloquée parce que toutes les causes contributives sont arrivées en gare à la même heure. Arborescences masquées + intuition + moyens habiles = fiat lux.
La prochaine fois que je vois passer dans ma tête des fichiers obsolètes dans des dossiers invisibles, je respire fort et je reste détaché.
Pour l'instant, rien que de réécrire ici, ça me troue.
Faut croire aimer l'hermétisme, ce dont témoigne mon post d'hier, comme le Grant Morrison des Invisibles, qui fait des chichis et des longueurs (pas étonnant que ça se soit pas vendu en France) qui sont peut-être leur propre mesure. Quelqu'un disait que l'oeuvre de GM était un commentaire sur elle-même. Ca m'en rappelle un autre : quant un blog est plein de "Notes Pour Moi-Même", on ne les relit jamais, l'importante est toujours celle qu'on est sur le point d'écrire, et quand on se publie pour que notre génie soit mieux connu, on est très déçu de croupir dans un isolement et/ou un succès d'estime qu'on imagine vaguement sarcastiques.

lundi 6 octobre 2008

train de pensées d'un jour brumeux

Il est bien loin le temps où je m'intoxiquais fébrilement de billevesées new age - même si par rapport aux calembredaines modernes, les miennes font plutôt old school.
Aujourd'hui l'inspiration se fait rare, et même si c'est pour dire des méchancetés gratuites, faut que je profite de la marée quand elle est haute.
Alors j'ai travaillé ces pensées éparses charriées par la mer des sarcasmes avec mon p'tit rabot à main, jusqu'à ce qu'il en reste ça. En fait c'est faux, c'est venu comme ça, comme un hedge fund pourri qui réclame sa créance déclinante. (rires enregistrés à très fort volume)

"Les femmes vieillissent moins bien que le pinard, surtout quand elles en boivent trop. Celles que nous aimions et qui se sont faites emboutir par le camion du temps (à moins qu'il se soit fait brûler la priorité par l'estafette du caviste) n'ayant ni la politesse de mourir ni l'élégance de nous quitter, alors que nous leur montrons clairement par nos silences et notre apathie à leur endroit comme à leur envers que si nous n'avons pas la lâcheté de leur jeter des pierres c'est uniquement pour ne pas leur montrer l'étendue de notre indifférence... nous laissent déments y bullés.
Nous naissons et mourons seuls, et dans l'intervalle séparant ces deux instants d'inconnaissance, nous élaborons de pathétiques stratégies pour lutter contre la panique qui nous engourdit à l'idée d'être crucifiés plus de trois jours entre ces deux néants, nous peuplons notre désert intérieur de figurines de terre cuite barbouillées à la hâte, avec plus ou moins de succès à nous amnésier avec, selon que la nature et la culture nous auront dotés de ressources de stupéfaction, et que l'époque se prète à leur épanouissement.
Plutôt que de courir après de nouveaux cadavres en devenir pour remplacer ceux qui coincent déjà dans les armoires qu'on n'ose plus ouvrir de peur d'y tomber sur le sien, tu pourrais exhumer du cagibi du passé le sentiment amoureux, indépendamment des personnes sur lesquelles il a pu s’exercer. Rappelle-toi de l’intensité, juste avant que la frustration ne lui tranche la gorge, rabaissant alors l’existence au rang de “misérable miracle” dépeint par des poètes aux mots inspirés mais aux vies chétives."

tiens là ça vire de Cioran à Michaux, je vais enfin attaquer sa biographie que ma mère m'a offert il y a quelques années déjà. Et puis il ne faudrait pas que quelqu'un qu'on connait prenne ça pour elle ou pense que ça ait quelque chose à voir avec du réel en cours, si tant est qu'elle y comprenne quelque chose.. d'abord, n'est pas Cioran (et encore moins Michaux) qui veut, mais quand il s'agit de désengorger une impression désagréable et diffuse en la mettant en dehors de soi, même si lorsque ce faisant on a de fortes chances de s'apercevoir qu'elle est encore dedans, au moins ne squatte-t-elle plus au-delà de l'espace qu'on lui a attribué en la dépeignant à rebrousse poil... et puis sécréter sa propre adrénaline sans tomber de l'emmerdement dans l'enfer-me-ment, ça se réussit pas du premier coup...
J'ai écrit ça sous l'abribus du délirium délétère, en pensant assez fort à quelqu'un, mais du coup la forme est super-datée, même lui il ne parle plus comme ça aujourd'hui.
Apparemment, moi, si.
Il faudra que je fasse le match retour en imaginant le point de vue de la nana sur son mec, et que c'est pas tous les jours des vacances d'agrément non plus, hein, faudrait pas croire.
En attendant, je le lui poste, et il me répond :
"Ta pensée est pour le moins judicieuse cher ami, quoiqu'un peu brutale pour être livrée telle quelle à un lectorat féminin qui n'en comprendrait pas le cynisme vengeur ! Mais peut-être que tu as plus de temps de pratique avec cette sorte de résignation terrible... je vais donc recopier dans mon cahier d'idées pour laisser reposer et ressortir plus tard quand sera venu le moment de faire un livre sur ce désenchantement-là... à bientôt "
Ca veut dire qu'il est aussi confus que moi dans sa pensée, ou quoi ?
Je n'ai fait qu'enfiler des perles au cul pas rares en contrefaisant une forme verbeuse qu'il, que nous affectionnions de partager ensemble...
Finalement l'inconscient sait très bien ce qu'il fait : qu'on m'adoube pour le "cynisme vengeur" et la "résignation terrible", amis douteux qu'il vaut mieux avoir en photo qu'en pension, mais adoubement que j'ai bien cherché, et je sens bien que je faisais aussi fausse route qu'hektor canon quand il se prend les pieds dans la vacuité existentielle à base de quiproquos sur les tenants et les aboutissants des situations dans lesquelles il s'implique. Ainsi lui réponds-je que le "cynisme vengeur" est condamné à l'autodestruction, parce qu'on ne prend jamais "sa revanche" sur quoi que ce soit, l'univers n'est pas câblé comme ça, d'autre part parce qu'il m'est effectivement arrivé d'avoir à renoncer pour amoindrir des frustrations, et qu'il faut bien voir la ligne de démarcation entre résignation (forme raffinée mais éreintante de suicide au quotidien : on s'enferme dans la tombe avec le cadavre de quelque chose mort-né qui commence à se décomposer) et renoncement, où on laisse tomber quelque chose, soit qu'on peut pas l'avoir soit que la motivation chute d'elle même ou sous la cause d'une influence extérieure. La moindre confusion entre ces deux entités psychologiques se paye cash. Notre inconscient n'est une cage d'escalier malpropre taggée au marker fluo par un concierge farceur, n'en déplaise à Thiéfaine et autres idolâtres entichés d'entropie. Ou alors il s'est simplifié la tâche : il s'agit de nous inciter à nous reproduire. Par tous les moyens. Point barre.
"Excuse moi de t'infliger ces cogitations matinales au fur et à mesure qu'elles émergent de mon pantalon de pyjama." conclus-je benoitement.
Je pourrais vous faire la même remarque.

à relire en écoutant "metavoïd" par lustmord (le lien est dans les commentaires) :
si la complaisance était une musique, ça serait le dark ambient.
Sans déconner.

dimanche 5 octobre 2008

contre la crise de nerd, un silence plus profond

C'est dimanche, on va pas se saouler plus que de raison, d'autant plus que hier je me suis aperçu que ça faisait déjà 16 ans jour pour jour que je n'avais plus touché un verre d'alcool; j'ai trouvé un utilitaire pour faire comme les cyber-voyous qui confondent piraterie et flibuste, je mets en ligne un Steve Roach récent, et je jure que je vais en acheter une pelletée sur amazon (quand on écoute l'original et la copie compressée en mp 3 on se rend compte qu'on est en train de perdre l'oreille, à force d'écouter des bandes passantes écrétées, c'est comme regarder des vidéos sur youtube ou dailymotion...)

Le lien est dans les commentaires.
j'explique : en général, sur les blogs musicaux hyper-spécialisés par genre, ils mettent le lien dans la partie "commentaires" de chaque article : là où on peut en principe déposer un commentaire dans un blog normal : en bas de l'article, et avant le suivant, indiqué par la ligne "comments" en anglais ou "commentaires" en français, généralement précédé du nombre de commentaires auquel l'article a donné lieu.
donc tu cliques sur la partie commentaires, qui s'ouvre en général dans une nouvelle fenètre, et soit tu tombes sur le lien direct, soit sur une adresse à recopier dans ton navigateur, qui renvoie vers l'adresse du fichier, en général un serveur rapidshare ou megaupload. Celui-ci (le serveur) te demande éventuellement de recopier un mot de passe pour s'assurer que tu n'es pas un robot; puis il te permet de télécharger le fichier.
Une fois le fichier téléchargé, il faut le décompacter, sur mac avec unrar, sur pécé en général il trouve l'utilitaire tout seul, winrar je crois.
Mais sur http://music-share.blogspot.com/
par exemple, il y a un mot de passe pour décompacter le fichier, c'est "fucksarko".
Là chez moi c'est sans.
un mec à qui j'expliquais ça l'autre jour m'a dit "Des fois j'ai l'impression que tout le monde me parle en chinois, ou que j'ai changé de planète un truc comme ça!" et pourtant ce gars-là était féru d'internet, de sites, de mises en ligne... il avait dû décrocher pendant quelques mois, et son cerveau n'arrivait plus à se remettre dans le bain. Il se traitait de crétin alors qu'il n'était qu'ignorant.
La technologie moderne, dans le train de laquelle nous circulons à marche forcée, nous laisse-t-elle d'autre choix que d'être cyberplouc ou addict ?
Fait notable, dans le temps, quand on téléchargeait un fichier sur megaupload, on était assailli d'images de famapouals, ou de simples portraits de jeunes et jolies femmes qui voulaient soi-disant nous rencontrer.
Uh uh, c'était même pas vrai mais c'était désagréable pour ceux qui n'étaient pas encore immunisés contre des images avec lesquelles ils avaient parfois été en résonance depuis plusieurs années.
Il leur était donc déconseillé de fréquenter de tels sites; il semble que le ménage ait été fait, et que les cochonneries aient été regroupées ailleurs.
Allelouia.

samedi 4 octobre 2008

cinquante Steve Roachs, et après au lit

Allez, hop, comme John Horus dans Black Summer, je me ballade entre flashbacks et temps présent, sans trève ni repos. Qu'est-ce que je m'amuse, vous n'avez même pas idée. Je me demande bien pourquoi, quand je regarde sur le site de Steve Roach s'il a pondu de nouvelles galettes, je suis toujours pressé d'écouter son dernier album. Qui risque fort de ressembler au précédent, et au suivant. Enfin, si, je sais pourquoi, c'est de l'avidité déplacée vers un objet moins brûlant qu'avant. J'en ai déjà plus de cinquante, des Steve Roach, et je suis la risée de ma famille, à jamais banni des platines, d'ailleurs mon grand-père disait "Steve Roach c'est comme les films de fesse, quand on en a vu un on les a tous vus", mais il ne m'a jamais dit combien il en avait vus lui, surtout que dans les années 70 ça devait pas être évident, et de toutes façons tout ce qui est figuratif sur le plan musical me suffoque désormais, dit-il en montant de l'autre main un film sur ses vacances en Californie qui sont parties bien loin avec mes éconocroques qui ont tout fondu à cause de l'effet de serre qui ne s'attaque pas qu'aux banquises. La glace fondue ça a un arrière-gôut de miko décati, l'économie fondue on pense aux bagnoles neuves marchant au di-esther qu'on aurait pu se payer. Mais j'aime bien l'ambient music parce qu'elle décourage la saisie émotionnelle; essayez d'écouter un vieux Pink Floyd sans que vos 15 ans vous retombent dessus, au moins juste un tout petit peu, vous comprendrez. Donc, l'ambient music, au début, quand j'écoutais Steve Roach, je visualisais sans le vouloir des américaines quinquagénaires en traitement musicothérapeutique post-cancéreux, casque stéréo bien enfoncé sur leurs oreilles, bref j'étais victime de mes présupposés musicologiques. Y'a des disques d'ambient qui font ricaner presque aussi fort que quand on feuillette un bouquin au rayon spiritualité de la fnac. Mais Steve Roach, quand même, par rapport à la musique occidentale désespérément rythmée qui découpe le temps en petites tranches hachées fin fin parce que comme ça elles seront plus rentables, lui il fait des nappes, s'étire des réverbs dans des durées improbables, et pour faire du pranayama, c'est un environenment sonore agréable. Plus on est de sourds, moins il y a de rires. Je suis tombé récemment sur une brève histoire de l'ambient volume 2, assez bien faite comme il dit le monsieur du blog musical avec l'accent ricain. On n'entend ni l'accent ni le timbre des gens en lisant leur blog, dommage, ça serait instructif. Mes appétits grossiers et mes super-pouvoirs ont tôt fait de me faire mettre la main sur le volume 1, un peu plus kitsch, mais bon, qui n'a jamais eu l'impression de se faire arnaquer en écoutant Fripp et Eno ? si on l'avait acheté avec nos sous, on s'obligeait à l'écouter jusqu'à ce que ça nous plaise, et ça prenait parfois longtemps. J'aimerais bien faire blog musical, des fois, envoyer des fichiers RAR sur megaupload ou rapidshare, depuis que e-mule agonise de vérolation on est obligé de télécharger du bittorent et y'a que des trucs ricains à se mettre entre les oreilles. Mais je n'arrive pas à trouver un bon utilitaire pour archiver des mp3 en fichiers RAR sur mac OS X, et le fou de laswell a mis fin à son séjour blogguesque. Si vous savez, n'hésitez pas. Vous savez où j'habite.

vendredi 3 octobre 2008

usa 6 : black summer



















Depuis qu'on s'est promenés là-bas, j'essaye de comprendre un peu la culture américaine.
Je lis des comics en version originale, waow.
Quand j'étais petit et que mes parents avaient attrapés le communisme, je n'avais pas le droit de lire Strange, alors que j'avais un besoin vital de super-héros que ni Pif le Chien , ni les Tristus et les Rigolus, ni même Corto Maltese, qui y faisait ses premières apparitions, ne pouvaient pleinement combler.
Les comics ont grandi, ce qui était aussi improbable que si Spirou était aujourd'hui affligé d'éjaculation précoce, mais bon...
Superman, au départ, combattait les nazis. Les Américains n'ont jamais pu s'affranchir du bon Dieu et de ses avatars omnipotents qui font fondre le babybel avec les yeux: le super-héros c'est un mix entre l'archange free-lance et le sous-off au royaume de la libre entreprise, qui devrait prochainement faire des noeuds avec les immeubles de Wall Street en ayant enfermé tous les traders dedans, parce que vraiment, ils ont trop déconné avec les sous de la veuve de Carpentras.
En attendant, les mythes et le monde ont bien changé, et Warren Ellis imagine des super-héros tellement préoccupés du bien commun qu'ils vont dessouder le président des Etats-Unis. Ca fait plus bavure à la The Shield, et c'est un cran plus loin qu'Authority, qui s'interposait et n'hésitait pas à s'immiscer au coeur de la raison d'état quand l'incurie gouvernementale lui semblait entraver la marche du monde. Mais bon, c'est jamais que de la bédé, quoi, hein, c'est pas non plus le petit livre rouge du XXIème siècle.
On ne trouve pas ça en France, même en import, parce que Ellis s'est entiché d'un petit éditeur chelou et sulfureux, Avatar Press, pour tout ce qu'il fait de non-mainstream. Et il en fait quelques kilomètres chaque année, souvent à la limite de l'auto-parodie.
A San Francisco, après avoir marché quelques kilomêtres sur Divisadero Street j'en ai acquis quelques fascicules, ce qui fait de moi l'Hector Kanon de la branche nantaise de l'élite geek néo-nerd.
Surtout que la première fois je savais pas que la rue faisait 8 bornes, je suis arrivé après la fermeture du magasin.
Sinon, on les trouve par les voies illégales habituelles, même si lire des bédés sur l'ordi conduit en enfer (et les yeux au cimetière).
C'est plutot du brutal et qui tache, et le dessinateur se prend pour Geoff Darrow époque Hard Boiled, il y a une bonne osmose entre eux. Ils ont fini çui-là et ont déjà mis en chantier un autre projet qui s'annonce aussi trash et grandiloquent.
Voilà.













































http://en.wikipedia.org/wiki/Black_Summer

jeudi 2 octobre 2008

le retour d'hector kanon




Libon, l'auteur de Hector Kanon, dit de son anti-héros qui refile par erreur la diarrhée à Iggy Pop :
"Il navigue dans des univers qui me sont complètement incompréhensibles... Le fait que je sois complètement à coté de la plaque niveau branchitude m’aide beaucoup. Hector, c’est ce que ça donnerait si je décidais d’avoir sa vie et sa grande gueule: une catastrophe. Il y a quand même des situations où je me suis inspiré de moi. Dans l’épisode du petit café à l’ancienne, je suis plus ou moins dans tous les personnages... "
D'accord, il ne s'agit que d'une forme bénigne de tragédie comique autour de la vacuité existentielle à base de quiproquos de personnages tellement aliénés qu'ils ne peuvent interagir sans se méprendre totalement sur les tenants et les aboutissants des situations dans lesquelles ils s'impliquent, mais ça fait du bien.
Après tout une bonne partie de notre vie consciente se déroule ainsi, malgré des résultats moins spectaculaires qu'Hector, à croire que nous sommes tel type de personne impliqué dans tel cas de figure, alors que les conséquences de nos actes (et de nos non-actes) racontent une toute autre histoire.
C'est pourquoi il faut acheter son premier album "Une certaine élite" et l'offrir à des amis malades. Au besoin, prendre des amis sains et les rendre malades, l'album est vraiment très salubre et les remettra d'aplomb; et je garantis aussi le retour de l'être aimé dans les 3 jours sinon finie la garantie.

J'en ai déjà acheté trois, ce qui fait que j'ai dû lui faire gagner pas loin de 6 €; c'est généreux de ma part, mais insuffisant, d'autant plus que j'ai volé un épisode récent sur un forum où un plus fou que moi a scanné tout un numéro de fluide glacial, heureusement il est allé un peu trop vite et la dernière page est un peu floue, appâtés par l'échantillon gratuit défectueux, il faudra donc acheter aussi le prochain album. Qui se présente quand même très très bien.

















































mardi 30 septembre 2008

usa 5 : le feu au lac


Le monde de la finance s'effondre.
Faudra-t-il bientôt aller acheter sa baguette de campagne avec une brouette de deutschmarks, comme en 29 ?
Il y a 30 ans, le crypto-imbitable et sublimissime Jacques Dartan avait prévu avec sa théorie des ensembles économiques que dans un monde qui confondait le profit comptable, c'est-à-dire symbolique avec le profit réel ( les richesses produites, matérielles ou non, qui sont les seules réellement profitables aux humains) nous vivions dans un monde où l'abondance des profits réels allait entraîner la disparition des profits symboliques.(1)
Lorsqu'il y a "surproduction", disait-il, les prix tendent à baisser au point où les producteurs perdent de l'argent au lieu d'en gagner : le profit symbolique disparaît. Après quoi, faute d'argent, leurs moyens de produire sont réduits ou détruits et les profits matériels disparaissent eux aussi. Vous allez me dire que la crise actuelle n'est pas une crise de surproduction.
Mais que sont les errements spéculatifs, sinon une surproduction de pognon à l'usage des élites pognonophiles ?
Depuis 50 ans, nous sommes virtuellement entrés dans une ère d'abondance, et seule une pénurie artificiellement entretenue nous en préserve (on se doutait bien que j'étais comme Bigard un grand fan des théories conspirationnistes). Je ferai un post là-dessus.
Un grand chef indien l'avait dit plus simplement :
Lorsque l'homme blanc aura mangé le dernier poisson, abattu le dernier arbre et pollué la dernière rivière, l'homme blanc se rendra compte que l'argent ne se mange pas...
Je ne vais pas me réjouir avec les Cassandre, parce que j'aurais dû sortir bien plus tôt de mon Plan d'Epargne en Actions et que j'ai déjà perdu 30 000 euros "virtuels" par rapport à sa valeur liquidative d'il y a un an... mais bon, shit happens, et celle-là est plutôt bénigne, je me réjouirais presque d'être assez informé pour le faire maintenant, et mon rapport à l'argent, de vaguement honteux s'est beaucoup éclairci vu le temps que ça prend de le gagner, cet argent que je n'ai ni bu ni fumé ni claqué en téléchargement de muqueuses, et je plains surtout les nombreuses petites gens (je viens d'en discuter avec mon conseiller financier) qui sont tellement verts de la chute de la Bourse qu'ils sont incapables d'accepter les pertes actuelles et qu'ils vont attendre qu'il ne leur reste que de la cendre dans leur portefeuille d'actions pour admettre la branlée au lieu de mettre le magot en lieu sûr sur des placements moins performants mais moins risqués.

(1) dans l'économie libidinale du pornographe coincé devant son ordi, c'est l'inverse : c'est l'abondance voire la surabondance de profits symboliques et de gonzesses virtuelles qui entraine la disparition de sexualité réelle.

jeudi 25 septembre 2008

usa 4 : j'aurais bien épousé une star du porno, mais ma femme n'était pas d'accord

Le titre m'est venu comme ça, et je pense qu'il se suffit à lui-même.
Comme j'ai la flemme d'écrire l'article, j'en ai emprunté un sur le site de libération, qui montre bien que tout est lié.

De la lutte contre le piratage au business du porno, par Fabien Salliou

L’entreprise MediaDefender, engagée notamment par Universal Pictures, Paramount Pictures et HBO pour protéger les droits d’auteurs de leurs œuvres, vendait ses services afin de polluer les réseaux de faux fichiers de films censés décourager les P2Pistes. Le 15 septembre 2007, elle faisait parler d’elle bien involontairement. En effet, après un acte de piratage, 700 Mo de mails issus de MédiaDefender se retrouvaient disponibles sur les réseaux p2p.

A l’époque, MediaDefender se faisait payer 4 000 dollars pour « protéger » un album, 2000 dollars pour un single et un contrat de 3,6 millions de dollars avait même été signé avec un studio du cinéma pour « protéger » seulement quatre films. Pour les différentes majors le but, sans doute utopiste, était simple : la disparition des réseaux P2P. Visiblement, l’entreprise de lutte contre le piratage avait d’autres buts moins avouables.

La société a en effet exploité les réseaux P2P et utilisé ses infrastructures pour faire la promotion de services pornographiques sur eMule, Limewire et edonkey. MediaDefender aurait spammé Limewire et d’autre réseaux de partage avec des milliers de fichiers pornographiques, « essayant ainsi de convertir les utilisateurs de P2P en souscripteurs payant de ses sites », ironise le site TorrentFreak. Le principe était simple : les faux fichiers avec lesquels l’entreprise spammait les réseaux redirigeaient en fait les utilisateurs vers des sites pornos payants.

Ainsi, afin d’arrondir ses fins de mois, MediaDefender travaillait en collaboration avec des sites destinés aux adultes dont Adult Friend Finder. Un e-mail retrouvé par TorrentFreak, parlait même du taux de conversion des P2Pistes : « Adult Friend Finder en convertit 1 sur 2000 sur LimeWire. Et si vous voulez plus d’utilisateurs, les messages de Dylan d’eDonkey vous fera obtenir une liste d’européens un peu plus vieux... »

Plus encore, l’un des employés de MediaDefender, Ben Grodsky, avait même imaginé une théorie qu’il avait fait partager à ses collègues dans un courriel collectif. Selon lui, si « les redirections à partir de LimeWire entrainent beaucoup de souscriptions à des sites porno, c’est que les utilisateurs, submergés de parodies et autres vieilles versions de vidéos porno sur le site de partage » sont « heureux » de trouver des liens récents par leur système.

Mais ce n’est pas tout, MediaDefender disposait (et dispose, le site est toujours actif) de son propre site X, site dont la côte de popularité, une fois les mails rendus publics, a subi une chute vertigineuse de ses visites. Ce qui laisse supposer que MediaDefender a arrêté depuis ses petits trafics. Et que le système imaginé marchait fort bien.

Je ne sais pas si on mesure les tenants et les aboutissants dans cette partie de "qui nique qui" engagée entre les studios de cinéma, des cyber-gros bras au col douteux, les fournisseurs d'accès internet, et bientôt les opérateurs téléphoniques... En tout cas, on frémit de faire partie de ces "européens un peu plus vieux", bien que les Américains n'aient pas à ma connaissance une pyramide des âges en meilleur état que la notre; d'après ce que j'en ai vu ils se contentent de planquer leurs vieux dans des "retirement camps" où ils s'entassent dans des mobil-homes vu la modicité de leur retraite.

Et on réfléchit aux incidences du téléchargement illégal, de tout le techno-merdier promis et promu par la téléphonie 3G, des gens qui pètent les plombs de s'exhiber sur YouTube en train de faire des trucs de ouf, des bloggueurs de plus de 50 ans qui passent la journée à surveiller leurs stats de fréquentation, des Nerds et des Geeks que nous sommes tous peu ou prou devenus.

usa 3 : shit happens

Ces jours-ci, je me lève tous les matins entre 5h30 et 6h30 pour faire un peu de montage sur le film de vacances tourné cet été en Californie, parce que je n'ai aucun autre moment de la journée pour le faire. La nécessaire production d'endorphines est assurée par le jogging, deux à trois fois par semaine, et le couchage relativement tôt dans la soirée.
Faut savoir ce qu'on veut dans la vie.
En attendant des extraits en avant-première, j'ai retrouvé sur Internet cet essai de religion comparative attribuable à un Merdéa Eliade qui serait le petit cousin de l'autre et qu'il m'a fallu voir imprimé sur des T-Shirts à San Francisco pour me rappeler qu'il sévissait déjà il y a quinze ans sous forme de poster dans les chiottes d'une boite de post-prod parisienne.

Comparative religion, reduced to basics

Everybody knows “shit happens”

TAOISM - “If you understand shit, it isn’t shit”

HINDUISM - “the shit happened before”

CONFUCIANISM - “confucious say ’shit happens’ “

BUDDHISM - “shit will happen to you again”

ZEN - “what is the sound of shit happening?”

ISLAM - “if shit happens it is the will of Allah”

SIKHISM - “leave our shit alone”

JEHOVA’S WITNESS - “knock knock. shit happens”

ATHEISM - “i don’t believe this shit”

AGNOSTICISM - “can you prove that shit happens?”

jeudi 11 septembre 2008

invisibles à plus d'un titre


J'apprends ici que le tome 1 des Invisibles de Grant Morrison ne s'étant pas vendu, la version française cesse définitivement alors que le tome 2 vient juste de sortir.
P'tain, pas de trad' de la fin des Invisibles, ça fait vraiment chier : je suis déjà un vieux con de 45 balais condamné à relire un de ces jours ma collection de métal hurlant parce que rien ne me fait frissonner dans la bédé francophone actuelle, que du coup je me suis intéressé aux ricains parce que le manga je faisais un rejet, et là, à part Morrison parce qu'il est délicieusement abscons, Alan Moore parce qu'il est cultivé et barré, et Warren Ellis quand il est en forme... parce qu'on dirait alors un personnage inventé par Philippe Manoeuvre, y'a pas grand monde.
Vais-je être obligé de lire ce que Morrison a produit de plus mainstream, à savoir les New X-Men, plutôt que ses opus bouffis et déjantés comme 7 soldiers ou The Filth ?
Devant tant de suspense, le monde retient son souffle.

mercredi 10 septembre 2008

les portes

"La somme du mal, a dit Pascal, serait considérablement réduite si seulement les hommes pouvaient apprendre à rester tranquillement dans leur chambre. Le contemplatif dont la perception a été "nettoyée" n'est pas tenu de rester dans sa chambre. Il peut aller vaquer à ses affaires, si complètement satisfait de voir et d'être une partie de l'Ordre Divin des Choses, qu'il ne sera jamais tenté de s'adonner à ce que Traherne a appelé "les gentillesses malpropres du monde."
Quand nous nous sentons les seuls héritiers de l'univers, quand "la mer coule en nos veines... et que les astres sont nos joyaux", quand toutes choses sont perçues comme étant infinies et sacrées, quel motif pouvons-nous avoir d'être cupides ou d'affirmer notre moi, de poursuivre le pouvoir ou les formes un peu lugubres du plaisir ? Les contemplatifs ont peu de chance de devenir des joueurs, ou des procureurs, ou des ivrognes; ils ne prêchent pas, en général, l'intolérance, ni ne font la guerre; ils n'estiment pas nécessaire de voler, d'escroquer, ni de pressurer les pauvres. Et à ces énormes vertus négatives, on peut en ajouter une autre qui, bien qu'elle soit difficile à définir, est à la fois positive et importante. L'arhat (qui se dilate ?) et le quiétiste peuvent bien ne pas pratiquer la contemplation dans sa plénitude; mais, si tant est qu'ils la pratiquent, ils peuvent en rapporter des rumeurs d'une autre contrée de l'esprit, d'une contrée transcendante; et s'ils la pratiquent à son sommet, ils deviendront des conduits par lesquels quelque influence bénéfique pourra couler hors de cette contrée, dans un monde de moi obscurcis, mourant chroniquement d'en être privés. "
Aldous Huxley
"les portes de la perception"

jeudi 21 août 2008

usa 2 : san francisco


L'été est propice au fog, qui reste parfois en suspension 
toute la journée à 30 mètres d'altitude

Je me rappelle qu'à l'été 1984, Peter Principle, le très novateur bassiste du très novateur groupe musical Tuxedomoon m'avait dit lors d'un concert à Montpellier au cours duquel j'avais eu la chance de les approcher de près sur mes jambes tremblotantes de fan idolâtre, que si le groupe avait quitté la Baie de San Francisco, c'était parce que les gens y étaient too stoned or too lazy et qu'il n'y avait rien de plus triste sur cette terre qu'un potentiel humain gâché, qu'il soit détérioré ou qu'il ne trouve pas son vecteur d'extériorisation.Leur musique expérimentale et bougrement excitante mélangeait à l'époque l'expressionnisme allemand, la new wave, et un certain nombre d'ingrédients maison, qui n'étaient pas vraiment dans l'air du temps californien, mais qui leur avaient assuré un succès d'estime en Europe parmi les branchés musiques arty et vaguement tristouilles.
25 ans plus tard, les fenètres des maisons de San Francisco sont opacifiées de rideaux cosy qui protègent l'intimité des résidents (à ne pas confondre avec les Residents, autre groupe underground et arty de la Baie) et abritent les familles des cadres de Pixar. Les laissés-pour-compte naufragés de la vie et autres fracassés de la dope pullulent sur les trottoirs du quartier de Tenderloin, où ils alpaguent sans joie les touristes émoustillés par l'idée de s'encanailler dans Frisco la sulfureuse.
Au moins, la ville accueille ses éclopés et tente de les gérer, à la différence de beaucoup d'autres métropoles où les clodos sont purement et simplement interdits de séjour.
Cruelos déceptioning ? ça dépend, les mythes, en tant que production de l'imaginaire, ont la peau dure, mais s'accomodent malaisément du passage au réel, souvent synonyme pour eux de passage à tabac.
Je n'avais pour seul repère que le voyage qu'y avait fait ma chérie il y a 20 ans, dont le récit culminait dans le combat qui l'avait opposé à une mouette qui voulait ingurgiter ses burritos sur le port. Ce qui m'a un peu gavé, c'est d'y passer une semaine, parce que l'architecture si particulière de la ville me faisais moins de zigouigouis dans mon petit ventrou que les Béances du Grand Canyon. A la surprise générale, Tuxedomoon s'est reformé il y a quelques temps, produisant toujours les mêmes plaintes hallucinées. Je n'ai jamais rencontré de gens aussi joyeux produisant une musique aussi triste.
Je me suis remis de ma vision un peu négative de San Francisco, en partie d'y avoir découvert et hanté une incroyable librairie de comics.
Et la maison bleue chantée par Maxime Le Forestier et ses habitants humanistes, je l'ai trouvée en fin d'été, pas loin de Paimpol.


"c'est une maison bleue/accrochée à la colline"
on voit pas bien la colline, parce que la maison est devant.



un va-pied nus local, qui a pris bien trop d'acide entre 65 et 70

mardi 12 août 2008

USA 1 : radio-cochon



Je rentre, ou plutôt nous rentrons de quatre semaines dans les grands espaces américains, et je me jette sur mon ordinateur comme la vérole sur le bas-clergé breton.
Las ! L'impression des grands espaces ne sera pas dissoute par les petits pixels !
3500 milles à bord d'un 4*4 Toyota, et seule l'écoute de radio-cochon tranchait dans le paysage musical uniformisé de la FM américaine, sur laquelle on n'entend que du rock au beurre de pâté de graisse, des vieux AC/DC, des Van Halen antédiluviens, entrelardés de publicités pour des fonds de pension. Comme si musicalement, le temps s'était arrété en 1978.
D'accord, ça se passe sur la côte Ouest, et tout est tellement Big par ici que seul le lyrisme chromé du rock seventies semble à même de traduire la rutilance visuelle qui s'offre partout sur le plan acoustique.
D'ailleurs, pour être raccord, j'ai pris 5 kilogs, leur cuisine étant horriblement bonne.

jeudi 10 juillet 2008

Ingrid

Mon fils vient d'obtenir son brevet des collèges, malgré mes remarques blessantes et culpabilisantes à chaque fois que je l'observais n'en branler pas une.
Evidemment, je faisais ça inconsciemment, parce que je ne m'étais pas remis que mon père le fasse.
Après tout, si on n'en branle pas une à 16 ans, quand est-ce qu'on va s'y mettre, hein ?
Il enterre donc élégamment sa vie de collégien et se dirige vers un BEP Sanitaire et Social.
Il me parle d'idolâtrie à propos d'Ingrid Bethancourt qui vient d'être libérée et montée au pinacle par les médias, et dans sa bouche, ce terme fait soudain méchamment recherché.
Ca m'évoque cette photo envoyée par un ami d'une de ses clandestines supposées.

Sur cette photo, j'avais été frappé de la concentration de stéréotypes au centimètre carré de ce que nous pouvons projeter émotionnellement sur les blackettes - je parle pour lui, moi, et les deux qui la tiennent, lol - elle regarde vers un ailleurs improbable, un au-delà d'elle-même, de la pose peu naturelle qu'elle prend, sans doute suite à une suggestion du photographe, elle aspire à une décontextualisation (elle quitterait peut-être bien l'Afrique, sa misère et ses plans galères, fût-ce au bras d'un blanc cacochyme et/ou blackophile) qui transcenderait les catégories communément admises et vaguement nunuches de l'espace et du temps.
Il y en a, ça leur fait ça devant une photo de facture de gaz de Leonard de Vinci.
D'autres, c'est en arpentant les forèts berrichonnes.
Mais la sexualité, c'est quand même le support d'imaginaire qui vient le plus facilement à l'esprit.
Sauf à Ingrid ces dernières années, évidemment.

samedi 5 juillet 2008

Yo ! c'est mythique



La semaine prochaine, on s'envole en famille pour la Californie. Souffrant d'une intoxication de The Shield, série américaine se passant du mauvais côté de L.A, je flippais eu égard à la criminalité rampante, jusqu'à ce qu'un voisin ait la bonne idée de tuer et découper sa femme en morceaux, puis de la jeter à la baille dans une valise en plastique (pas de pot pour lui, le plastique ça flotte) en tout cas "on" utilise l'argument pour me faire comprendre que je n'ai rien à craindre de ce voyage (c'est une preuve par l'absurde)
A Los Angeles, justement, je me taperais bien un rail de coke sur le cul d'une black à l'arrière d'un taxi, mais ma femme refuse de me signer une décharge. Il me faudra donc me contenter de faire griller des marshmallows sur un feu de camp au fin fond du parc national du Yosemite, en écoutant les derniers amerindiens hululer en cuvant leurs cruchons de mezcal dans l'obscurité miséricordieuse.

mercredi 25 juin 2008

Connard de chat

Planetary © Warren Ellis/John Cassaday

Faut bien voir que les facultés de récupération décroissent avec l'âge.
Ainsi, mon chat de 15 mois a été incapable de se remettre d'un choc frontal avec la voiture d'un voisin. La veille encore je l'ai filmé en train d'éclater des lézards dans le jardin, et puis son côté James Dean a pris le dessus, et je me retrouve presque avec un snuff movie "Jeudi 12, la veille..." il n'avait même pas fini de me rembourser les frais vétérinaires consécutifs à sa castration, cet enculé. Il venait toujours se fourrer dans nos pattes aux moments les moins opportuns, se faisait donc marcher dessus et poussait des miaulements scandalisés peu en rapport avec sa taille. Il était "trop gentil trop con" pour comprendre les lois du code de la route devant la maison, qui empruntent autant à celle de la gravité qu'à celles de la conservation de l'énergie cinétique. Il pouvait passer plusieurs heures à nous escorter dans le jardin, comme si notre seule compagnie le remplissait d'aise; un vrai clébard.
Hugo, qui a 16 ans révolus, a été exemplaire de sobriété : il l'a trouvé, l'a emballé dans un sac poubelle, et m'a laissé un message à caractère informatif sur mon portable. Clara a pleuré un bon coup, et le lendemain c'était fini. Acquis. On avait souvent prévenu les enfants qu'un de ces jours cet abruti se ferait ratatiner, vu sa grande nonchalance devant le ruban de bitume qui passe devant la maison.
Moi, une fois que je l'ai eu sorti du sac poubelle pour le mettre en terre, j'ai chialé quelques gorgées tièdes, ce qui a conforté mon fils dans l'idée que son père est une vieille tarlouze avec toute l'étanchéité à refaire, et il s'est éloigné silencieusement pour me laisser perdre ma dignité tout seul, et j'ai eu beau lui expliquer que la façon la plus simple de gérer l'émotion c'était de la laisser me traverser sans m'attacher à elle, je sens bien que je n'en sors pas grandi.
Toujours le même effet-miroir troublant (c'est troublant, ces trous noirs) devant la mort : ai-je enterré une blessure narcissique de trois kilogs avec les poils raidis ?
Connard de chat.

dimanche 22 juin 2008

Le nazaréen empalé



A côté de chez moi avait lieu ce week end le Hell Fest, un déluge de métal sonique pour aficionados - j'ai monté un reportage dessus pour la télé locale, c'est essentiellement des boutonneux affectant la joyeuse morbidité de rigueur à c'tâge-là. Hier après midi, il faisait méchamment chaud sur la scène de plein air et les pompiers arrosaient généreusement le public à la lance à incendie - en l'orientant à 45° par rapport à l'horizontale, pour que la douche ne soit pas trop violente, quand même. Malgré la remarquable cohabitation symbiotique entre vieux vendéens réacs et jeunes teutons blasphémophiles, le clergé local s'est élevé contre certains noms de groupes à l'affiche du festival : Pourriture de Christ, le Nazaréen Empalé...
Je me suis dit que le camion citerne que les pompiers déversaient sur la foule était peut-être rempli d'eau bénite... C'est marrant que le festival se déroule dans une cité qui a su mettre en valeur son patrimoine médiéval, parce que ça situe le niveau du débat - à fleurets mouchetés - entre provocateurs et indignés : on se croirait de retour au moyen age, alors qu'on sait très bien que dès lundi, les champs désertés de la campagne clissonnaise porteront bien plus de canettes vides que de cadavres éventrés encore fumants, éviscérés de par leur incroyance trop flagrante...
"le pal, ce supplice qui commence bien et qui finit mal" disait Cocteau... et je pense aussi à je ne sais plus quelle andouille qui prétendait que si le Christ avait été empalé, la religion aurait eu une autre gueule... et je pense à cette blague idiote qui me ravit, qui consiste à prendre la posture d'un ancien égyptien de profil mais en plus penché, en demandant "tu sais c'que c'est qu'ça ?" - la réponse c'est "jésus christ sur une croix gammée"
... mais tout ça c'est des apparences et des blagues à trois balles !
et ça ne dit rien de la nécessaire quète du sens, avec ou sans sacré.
L'aspect revanchard du blasphème moderne, qu'il soit articulé intellectuellement comme chez Onfray ou éructé chez les groupes de death métal dont l'impiété le dispute parfois à l'ébriété, tout ça c'est parce que les Eglises et leurs dogmes ont longtemps eu le monopole du foutage de gueule et du broyage des peuples et des consciences, instrumentalisés par lers pouvoirs politiques en outils d'asservissement et d'oppression, bien longtemps avant que Marx dénonce le pornopium du peuple.
N'empèche, les membres du groupe Impaled Nazarean n'ont sans doute pas choisi de s'appeler comme ça à la suite d'une crise d'humour fin et sophistiqué, que requièrent pourtant les circonstances et dont font preuve par exemple Hayseed Dixie quand ils reprennent "Ace of Spades " de Motorhead en bluegrass, réhabilitant le mot "hommage", à cent lieues des catastrophiques tributes à pink floyd récemment exhumés et tout aussi vite réinhumés.

jeudi 19 juin 2008

cruauté ou compassion













Le dessin sur les terroristes privés de RTT, je suis tombé dessus parce que l'ado allemand qu'on hébergeait depuis une semaine au titre des échanges linguistico-scolaires a mis les bouts l'autre matin après s'être longuement bidonné devant un Best of charlie hebdo de 2006 qui trainait dans la pièce du bas qui lui servait de chambre.
Je l'ai trouvé irrésistible de cruauté (le dessin, pas l'allemand, dont je me demande bien ce qu'il a pu comprendre à l'histoire franco-française en petits dessins cryptiques), alors qu'un pote y a trouvé matière à compassion.

samedi 14 juin 2008

le réchauffement m'en refroidit plus d'une sans faire bouger l'autre

Xavier Gorce me fait toujours rire, ce qui est de plus en plus rare.
Le lendemain du jour où j'ai interrompu mon abonnement au Monde version électronique dans lequel paraissent ses dessins, ils ont menacé de licencier 150 personnes.
J'hésite à m'abonner à Courrier International, je ne voudrais pas les acculer à la faillite.
Je l'achèterai donc en kiosque avec un sac poubelle sur la tête.

jeudi 12 juin 2008

désordres donnés : The very slow time machine



Ca va être compliqué, parce que j'avais un blog sur lemonde.fr qui a péri avec mon abonnement, alors j'ai voulu le remettre en ligne sur mes pages perso, mais je n'ai que 100 Mégas d'espace disque pour tout mon petit fourbi, alors finalement je trouve ça moins compliqué d'en ouvrir un ici et de republier mon ancien blog, avec les dates originales, les commentaires et tout. C'est pour ça que je dis que c'est du congelé. Or, tout le monde sait que les surgelés, ça fait péter, et que je suis déjà regazéifié avec mon propre gaz. J'écrirai peut-être un petit inédit de temps en temps. Sinon ça va ressembler à la nouvelle de Ian Watson "Chronomachine lente".

"(1990) La Machine à voyager Très Lentement dans le temps, pour plus de commodité la MVTLT, fit sa première apparition à midi exactement, le 1er Décembre 1985, dans un espace inoccupé au Laboratoire National de Physique. Elle signala son arrivée par une détonation violente, et une rafale de vent. Ce fut un moment d'extrême confusion, et la confusion persista puisque l'occupant de la MVTLT se trouvait être non seulement dans un flux temporel inverse du nôtre, mais encore dans la démence la plus totale !"


contradictions


il y a un article pas mal foutu sur les dégâts du porno sur la sexualité dans le couple ici
mais un peu plus loin, le même auteur explique comment faire ses films coquins soi-même

C'est très dangereux : imaginons qu'un cyberdépendant parvienne à se sevrer du porno, retrouve une sexualité épanouie avec sa moitié, puis filme ses ébats en toute ingénuité... le jour où il regarde ses propres films, il est mal barré...
comme disait le psynternaute, l'homme n'en est plus à une contradiction près.


jeudi 31 janvier 2008

Dernier rappel d’air



“Toi grand, moi petit” © Grégoire Solotareff

Voilà, c’est déjà quasiment l’heure de nous quitter… Je vais finir comme j’ai commencé, la trompe dans le bol, même si entretemps j’ai changé de trompe et de bol, après avoir rincé et rangé l’autre, parce que sinon c’est le bordel. Je vais prochainement résilier mon abonnement au Monde version papier, et je suppose que mon blog n’y survivra pas, il est donc poli de venir prendre congé avant de partir dans une grande vacance et de l’abandonner sur l’aire de repos d’une autoroute de l’information - de vous à moi, j’ai bien peur de n’avoir jamais vraiment retrouvé ni la gniaque ni l’inspiration en rouvrant mon échoppe l’été dernier, c’était devenu assez besogneux, genre ce qui est une aide à un moment devient une entrave à un autre, c’était l’idée directrice d’un beau texte de Sri Aurobindo chanté dans le temps par Brigitte Fontaine avant qu’elle ne devienne une caricature de vieille tox foldingote, et je trouve ça bien compliqué de venir mater par un trou de serrure hyper-secret ce que je tente de déconstruire ici en rajoutant au passage une couche de confiture mentale - avec une certaine ténacité, puisque j’arrive aujourd’hui même à deux cent articles - mais la ténacité, ce n’est pas forcément la qualité première chez un dépendant… même si je ne tiens pas absolument à conserver ce statut de “dépendant” qui résonne parfois comme une crispation identitaire, alors qu’il suffit d’ouvrir la main et de penser à autre chose assez longtemps pour perdre ce statut. Intermittent du spectacle, c’est la même idée, pour perdre le statut, il suffit de ne pas faire ses heures. Si j’en crois quelqu’un qui avait l’air de s’y connaitre, j’aurais quand même sacrément déconné dans mes vies précédents pour avoir un karma difficile comme ça, et c’est peut-être inutile d’en rajouter, inutile de continuer à taper sur le même clou quand il est solidement fixé.
Et n’oublions pas que fin janvier est un moment propice pour démarrer des trucs : j’ai renoncé l’an dernier à peu près à la même heure à une dépendance au tabac vieille de 25 ans, et ça faisait bien 20 ans que je m’interrogeais sur le comment faire, et six mois plus tard j’ai été délivré de l’obsession mentale qui va avec, et je suis connu des services de la préfecture pour psalmodier en tous lieux l’aphorisme “la cigarette crée le manque qu’elle prétend combler”, provoquant des sourires entendus sur mon passage et sur mon soi-disant lâcher prise, mais du coup tous les espoirs me semblent aujourd’hui permis en ce qui concerne les dépendances contractées plus tardivement : laisser tomber la cigarette et surtout ne pas la reprendre, c’est comme tout, c’est difficile au début, mais si on fait ça proprement avec sérieux et constance y’a vraiment pas de raison que l’attachement ne se dissolve pas, et de fait il s’est dissous, et c’est pas cher. Evidemment, chez mes malheureux contemporains qui se crispent comme je me suis crispé pendant 25 ans, ça ne décoince guère; confronté l’autre jour à une nana qui “essayait” de cesser de fumer mais qui, en reprenant une de temps en temps, n’arrivait pas à quitter durablement l’égrégore des rechuteurs (celui qui guette tapi dans la soute, entre l’égrégore des fumeurs et celui des non-fumeurs, l’égrégore des rechuteurs n’est pas le moins puissant des démons) et que pouvais-je faire d’autre que lui psalmodier mon petit boniment avec les accents de sincérité qui tentent de susciter l’attrait plutôt que la réclame ?
Depuis le temps que je constate que l’abus de cyber (qui commence pour moi à plus d’une heure par jour, et j’explose tous les jours mon quota) est mauvais pour mon humeur et mon développement, je ne puis éternellement remettre au lendemain… sans subir l’érosion de ma crédibilité, de mon espoir, mon courage et finalement ma vertu, poil aux laitues.
J’ai des amis bloggueurs cyberdeps, et je suis toujours peiné de les voir radoter dans les ténèbres.
Il est temps de donner l’exemple.
J’ai fini par comprendre pourquoi personne n’écrivait “le guide du branleur” bien que le marché soit en constante progression, c’est parce que l’intuition suffit généralement pour en devenir un.
Tiens, d’ailleurs, merci à ma femme à qui je puis répondre “abstinent, s’il te plait ” quand elle me traite de branleur, même si c’est pour l’instant une mince satisfaction (le fait de répondre ça, pas ma femme).
Merci à Orroz, pour sa patience et son soutien constants depuis trois ans; on trouve son instructif ouvrage “Les dangers du sexe sur Internet ” ici et malgré le peu de suspense ménagé par le titre, c’est un excellent thriller, qui nous tient en haleine, même longtemps après l’avoir refermé (prévoir un protège-livre en papier kraft si vous envisagez de le lire dans le métro et ne voulez pas être l’attraction instantanée de la rame.)
Merci à Flo et Dado pour des raisons assez analogues quoique souvent divergentes, et merci aussi aux gens rencontrés ici, là et ailleurs (putain je ratisse large, c’est vraiment ballot que je renonce à la vie politique, comme disait Jospin en 2002.)

Je ne sais pas pourquoi je repense à cette phrase de Salman Rushdie “le monde est l’endroit dont nous prouvons la réalité en y mourant” (il devait penser à mon blog) ainsi qu’à cette autre “il n’y a personne dans les tombes”(titre d’un roman récent probablement dû à la plume d’un advaïta-védantiste qui aurait trop regardé Six Feet Under), mais qui est surtout une évidence dès qu’on y songe. En les cognant comme des silex l’une contre l’autre, la seule étincelle qui jaillit c’est “J’en ai un peu marre que tu parles de la mort” comme me l’a dit mon fils l’an dernier, ce qui m’avait convaincu d’aller faire quelques séances de rebirth, qui m’ont fait beaucoup de bien.

Chez l’auto-addicté, l’overdose peut être salutaire.

Commentaires

  1. Cet espace, ce lieu, est celui où règne le silence nocturne des vérités
    impensables, inexprimables, là où la pensée retourne en son silence
    originel ; l’existence dans la plénitude de son inexistence. Moment non
    manifesté, non-né, non-advenu. Temps inexistant pour un lieu sans
    localisation. Pour une parole vide de son silence, un dire vide du vide
    lui-même. Un inconnu à jamais indicible et obscur, une « ténèbre »
    insondable et invisible. L’intense abîme du néant en son rien. En cet
    informulable où prend source toute pensée de la non-pensée, où
    s’origine le contact ontologique fondamental, où s’enracine les
    premières lumières de la pensée matinale du logos philosophique. La
    patrie nécessairement oubliée de l’être.

    La révélation de l’inexistence de l’être, n’est qu’un moyen de sombrer
    plus avant dans l’absence de l’être. L’intolérable ne peut se
    comprendre, mais il est certain qu’une seule chance par lui nous reste
    offerte : celle d’accepter le non-sens. L’existant, le sujet, se
    retournant sur lui-même doit donc impérativement affronter dans
    l’angoisse, la nuit vide, l’absence cruelle, son ex-pulsion hors de lui-
    même vers le néant.
    Le sujet n’est rien d’autre que cette ouverture au néant, à
    l’innommable altérité face à laquelle il affronte, tout en rencontrant
    sa tragique limite ; limite tragique au sein de laquelle il atteint
    tout en l’ignorant son invisble souveraineté.
    Il n’est donc d’autre mission véritable pour l’être, il n’est d’autre
    fin authentique pour lui, qu’une souveraine perte définitive qui le
    condamne au silence du non-savoir et aux ténèbres de la nuit.

  2. c’est un peu ce qu’a dû se dire Keith Moon en entrant dans les bardos, car il est mort d’une overdose de cachets pour arrêter de boire, ce qui est à la fois ballot et pas banal. On se connait ?

  3. Bonsoir John. Merci pour la réponse. Non on se connaît pas, mais j’aime bien venir ici de temps en temps, où le combat est franc et clair, le désir infini et l’exécution restreinte, comme toujours, ce dont nous ne cessons de nous plaindre. Pouquoi le constat de notre finitude et l’angoisse qu’elle entraîne nous empêchent-ils de sortir de cette nasse ? Mourir n’est rien ; ce qui est important c’est d’achever de naître. N’avons-nous pas des tas d’enseignements, de techniques, voire de maîtres ou d’exemples, à notre disposition pour entreprendre ce travail ?
    Je n’ai pas écrit le texte que j’ai envoyé. Il est de Jean-Marc Vivenza et, si la réflexion est intelligente et fondée, je suis loin d’en tirer les pessimistes conclusions qu’elle incite à tirer. La vie est si belle qu’il faut l’emmener avec soi dans la mort et entrer dans les derniers bardos Eyes Wide Open. Peut-on y arriver ? On peut, oui ; ça se sait depuis toujours. J’en suis donc certain, mais le problème c’est que je ne suis pas tout à fait sûr de moi :-)

  4. Je me doutais un peu que ce n’était pas de toi : quelqu’un qui convoque “l’innommable altérité” et “sa tragique limite” dans “les ténèbres de la nuit” (nécessairement nocturne, la nuit) ne viendrait pas s’en lamenter à mon huis.
    Emmener la vie avec soi dans la mort, je ne suis pas contre, mais dans quelle poche ? S’il y a un truc qui peut te rassurer, ton “moi” dont tu n’es pas si sûr, ne survivra pas à la mort. Ca se saurait.

  5. Si c’est celui-là, on le voit venir de loin : “Jean-Marc Vivenza, le rédacteur d’une revue intitulée Volonté Futuriste, « Organe du futurisme européen révolutionnaire [le F.E.R.] »[35], est un musicien bruitiste, connu pour ses enregistrements en milieu industriel. « Il relie sa pratique aux conceptions futuristes, exaltation de la volonté, de la technique de l’homme total qui se crée lui-même”.
    Pas étonnant qu’il soit angoissé devant le néant tissé par son mental. On serait angoissé à moins.

  6. Tout à fait d’accord. Ces gens, loin d’être idiots, se complaisent souvent dans une forme de nihilisme désespérant alimenté par leur connaissance des grands classiques de la chose : Heidegger, Jean de la Croix, Boehme, Eckhart ou autre mystique rhénan dont ils n’ont retenu qu’une partie. Ils y tournent mentalement en boucle sans autre repère que leur inquiétude, sans aucune pratique qui leur permettrait de tenter d’en sortir comme le proposent les maîtres indiens, tibétains ou chinois. La religion, ou plutôt la religiosité leur sert parfois de patch.
    Que mon moi ne survive pas à ma mort, c’est évident et cela ne me soucie pas du tout. C’est pour cela qu’il faut mourir vivant, c’est-à-dire travailler à supprimer maintenant le moi encombrant afin qu’il ne gêne pas par la suite. Le dire est facile, le faire l’est moins.

  7. En fait, il est faux que le moi ne survive pas à la mort. Il se résorbe avec les vents au moment du bardo du moment de la mort, et ne restera que le vent très subtil monté de l’esprit très subtils (indestructibles). Ensuite, au moment du bardo de la vérité en soi, le corps d’état intermédiaire se déploie à partir du vent très subtil contaminé par tous les karmas (c’est lui qui garde les traces), de là il passe ensuite dans le bardo du devenir, et ça repart comme en 40.
    N’imaginez pas que vous allez pouvoir laisser votre karma au bord de la route au moment de la mort. Seuls les voiles correspondant au corps physique seront laissés derrière. Mais pas de chance, l’essentiel est ailleurs.

  8. ” N’imaginez pas que vous allez pouvoir laisser votre karma au bord de la route au moment de la mort.” merci d’avoir torpillé l’implicite qui sous-tendait la discussion et de nous couper toute retraite (sauf la retraite de tummo)
    Sur le forum pornodep, je faisais une analogie - en parlant d’autre chose à quelqu’un qui avait de grosses pulsions de prédation d’innocentes : c’est comme si, lui disais-je, en vacances au bord de la mer, tu te mettais en tête de défendre bec et ongles le trou que tu as creusé au bord du rivage et que tu remplis avec ton p’tit seau. Et de te lamenter d’avoir renoncé à cette folie : vider la mer dans TA flaque (par le truchement de ton seau).
    Il me semble que les professionnels occidentaux de “l’intense abîme du néant en son rien” type Vivenza en viennent à ce désespoir de façade de dépit de ne pouvoir se satisfaire (et pour cause) de cette évidence qu’ils ne peuvent rien agréger à eux de leur flirt mal-heureux avec la spiritualité. C’est pourquoi dans la catégorie bruitistes futuristes et révolutionnaires, je préfère le bill laswell de “city of lignt” http://music-share.blogspot.com/2007/09/bill-laswell-city-of-light-1997.html qu’on dirait inspiré par Amm@ et qui à ma connaissance ne se répand pas du fait d’un défaut d’étanchéité en propos houellebecquiens sur l’état de l’Homme ou de l’Histoire. L’hermétisme devient ainsi une façon élégante de se complaire dans le n’importe quoi quand on a des moyens mais pas de fin. C’est aussi pourquoi je ferme mon blog, lassé de mes propres écarts. Poil à la clé du placard.

  9. salut john et salut john
    j’ai la chance de connaitre le vrai bonhomme
    cela n’empeche que j’ai eu beaucoup de plaisirs à lire john

  10. C’est dommage que tu fermes ton blog. j’aurais bien aimer continuer à bavarder un peu avec toi.
    En parlant de tummo, tu devrais aller faire un tour à Harbin, en Chine, voir un peu les sculptures de glace du festival 2008. Malheureusement les sites n’en rendent qu’une infime et pâle idée. Si tu veux, je peux te transférer un incroyable .pps que j’ai reçu hier et qui en montrent à la fois la beauté et le gigantisme. Je nous souhaite un karma de cette nature, c’est-à-dire aussi “propre” que ces magnifiques objets. Le réduire alors en eau, comme le seront ces merveilles … Les formes, voiles en quelque sorte, auront certes fondues, mais nous emmènerons notre eau (notre karma résiduel, notre ‘vérité en soi’) de l’autre côté, à la manière des fremens d’Arrakis. Un peu grâce à tummo peut-être ou peut-être aussi un peu grâce à Amma selon les voies que l’on aura suivies.

  11. Continuer à discuter, c’est pas un problème. Tu trouveras mon adresse mail sur mon site dans le bandeau gauche du blog.
    C’est juste la machinerie du blog qui me pèse, qui ne fait pas fondre grand chose mais qui dégage par contre beaucoup de vapeur.
    Amma ou Tummo ? les copains de Flo sont tous hyper-spécialisés, qui dans Amma, qui dans le dzogchen, qui dans le rève lucide… moi j’ai pris deux cafés et l’addiction, parce que c’est tout ce qui restait de dispo !
    ;-)

  12. Bonsoir,
    Où avez-vous trouvé ce texte de Vivenza svp?
    Merci d’avance!!

  13. Salut John ! Cette décision prouve que tu as décidé de passer à autre chose : tourner la page permet d’avancer dans la connaissance du livre de la Vie (même si ce n’est qu’une page!). Quand j’ai décidé de fermer le Forum, j’étais dans le même état d’esprit. Et les mois qui ont suivi m’ont permis d’apprécier la liberté tout en étant satisfait du travail accompli. Le tien, ce blog mais aussi tous les soutiens envers les dépendants de toutes sortes, est du bon boulot, sois en remercié.
    Bonne route !
    Avec mon amitié.
    Orroz