A côté de chez moi avait lieu ce week end le Hell Fest, un déluge de métal sonique pour aficionados - j'ai monté un reportage dessus pour la télé locale, c'est essentiellement des boutonneux affectant la joyeuse morbidité de rigueur à c'tâge-là. Hier après midi, il faisait méchamment chaud sur la scène de plein air et les pompiers arrosaient généreusement le public à la lance à incendie - en l'orientant à 45° par rapport à l'horizontale, pour que la douche ne soit pas trop violente, quand même. Malgré la remarquable cohabitation symbiotique entre vieux vendéens réacs et jeunes teutons blasphémophiles, le clergé local s'est élevé contre certains noms de groupes à l'affiche du festival : Pourriture de Christ, le Nazaréen Empalé...
Je me suis dit que le camion citerne que les pompiers déversaient sur la foule était peut-être rempli d'eau bénite... C'est marrant que le festival se déroule dans une cité qui a su mettre en valeur son patrimoine médiéval, parce que ça situe le niveau du débat - à fleurets mouchetés - entre provocateurs et indignés : on se croirait de retour au moyen age, alors qu'on sait très bien que dès lundi, les champs désertés de la campagne clissonnaise porteront bien plus de canettes vides que de cadavres éventrés encore fumants, éviscérés de par leur incroyance trop flagrante...
"le pal, ce supplice qui commence bien et qui finit mal" disait Cocteau... et je pense aussi à je ne sais plus quelle andouille qui prétendait que si le Christ avait été empalé, la religion aurait eu une autre gueule... et je pense à cette blague idiote qui me ravit, qui consiste à prendre la posture d'un ancien égyptien de profil mais en plus penché, en demandant "tu sais c'que c'est qu'ça ?" - la réponse c'est "jésus christ sur une croix gammée"
... mais tout ça c'est des apparences et des blagues à trois balles !
et ça ne dit rien de la nécessaire quète du sens, avec ou sans sacré.
L'aspect revanchard du blasphème moderne, qu'il soit articulé intellectuellement comme chez Onfray ou éructé chez les groupes de death métal dont l'impiété le dispute parfois à l'ébriété, tout ça c'est parce que les Eglises et leurs dogmes ont longtemps eu le monopole du foutage de gueule et du broyage des peuples et des consciences, instrumentalisés par lers pouvoirs politiques en outils d'asservissement et d'oppression, bien longtemps avant que Marx dénonce le pornopium du peuple.
N'empèche, les membres du groupe Impaled Nazarean n'ont sans doute pas choisi de s'appeler comme ça à la suite d'une crise d'humour fin et sophistiqué, que requièrent pourtant les circonstances et dont font preuve par exemple Hayseed Dixie quand ils reprennent "Ace of Spades " de Motorhead en bluegrass, réhabilitant le mot "hommage", à cent lieues des catastrophiques tributes à pink floyd récemment exhumés et tout aussi vite réinhumés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire