dimanche 8 février 2015

Le démon de Charlie

Dimanche dernier, en démontant les décorations du sapin de Noël (et la petite crèche de santons qui va bien, enfin qui allait bien jusqu'à ce jour maudit) que nous avions déployées pour complaire aux coutumes locales en vogue dans ce pays civilisé et offrir à nos enfants un environnement familial structurant, à un moment donné j'ai dû faire une mauvaise manipe.
Faut dire que j'essayais de ranger ce petit bazar magico-religieux tout en passant l'aspirateur dans le salon et en surveillant le fil d'info à la télé, qui redonnait ses lettres de noblesse au journalisme de complaisance.
Bref, en un rien de temps, la petite Sainte Vierge d'argile s'est retrouvée entortillée dans la guirlande électrique, et à moitié coincée sous le support métallique du sapin.
Et je n'avais soudain plus assez de bras pour finaliser les taches entreprises simultanément, et pour tout dire à la va-vite, au mépris des sémaphores et de la ponctuation.
Focalisant alors mon attention sur l'incident logistique en cours, j'ai rapidement constaté que les dégâts étaient minimes, et que l'idole chrétienne s'en tirait avec quelques éraflures sur sa face de carême.
Songeant alors, en jetant un bref coup d'oeil à la télé restée allumée, qu'aux dernières nouvelles mes amis de 30 ans de Charlie que je n'ai jamais connu personnellement persistaient à rester morts, et depuis peu enterrés, et que leurs veuves devaient bien avoir les boules de se réveiller chaque matin dans un lit tout froid sans personne dedans, et pour longtemps, ce qui m'évoquait une justice divine à plusieurs vitesses, n'en déplaise à Sainte Taubira, un début de ressentiment s'empara de moi, et un voile rouge passa devant mes yeux.
En un éclair je visualisai le gros titre dans le journal du lendemain :
(je lis beaucoup de journaux depuis les évènements, et c'est pas ce que je fais de mieux)


Riposte sanglante au massacre qui a endeuillé le journal d'ultra-gauche :

Pris de folie laïque, un désespéré abat ses santons de Noël à coups de marteaux.


Heureusement, je me suis rappelé à temps la sourate apocryphe de l'Arabe dément Abdul Alhazred, qui nous dit que La colère est comme un feu qui s’élève (…) Ce feu semble nous remplir mais quand il retombe, il nous laisse plus vide (…) On absolutise les créatures (fascination), on oublie Dieu, et le résultat, c’est la colère, car la créature est vide en soi, même si, d’une certaine manière, Dieu ne réside pas en dehors d’elle. 
Alors, au lieu de concasser mes petites idoles en poussant des ricanements plaintifs et de renier cette foi que je n'ai jamais eue, et puisque j'ai accès aux super-pouvoirs de la pensée symbolique, dont je profite que j'ai le micro pour en remercier au passage mes éducateurs laïcs liés par le pacte républicain, j'ai créé Blasphémator®, qui fera le sale boulot à ma place.
Et laissez-moi vous dire qu'il a du pain sur la planche de surf sur internet.
Bon, en fait je l'ai créé avec un copain, mais il m'a vendu tous ses droits d'auteur sur son lit de mort.
On s'était mis d'accord pour en assumer la co-paternité, mais aucun de nous ne voulait faire la mère porteuse.
Blasphémator® nait donc de deux papas désireux de faire les malins sur Internet, prêts à faire semblant d'y mourir pour des idées qu'ils n'ont pas eues à temps et qui ne sont pas les leurs, mais il n'a pas de maman, ça a dû contribuer à forger son mauvais caractère.

Vous admettrez, faut quand même être sacrément désespéré pour flinguer des journalistes d’opinion.
Sous nos cieux, c'est impensable, c'est pour ça que je ne cesse d'y penser.
L'impensable, c'est donc la vraie maman hyper-secrète de Blasphemator®

« Aime, et oublie cette horreur » me susurre Saint Augustin.
« Ferme ton claque-merde, et aboule les cartouches !» lui répond Blasphémator®
Le Christ a dit « aime ton ennemi ». Il n’a pas dit « deviens comme lui ». (La sourate maudite, encore, et surnommée par les infidèles "La sourate à touille", car propre à faire déborder la sauce béchamel dans les courgettes des mécréants et autres non-violents quand la messe est dite et que l'huile d'olive vous monte au nez) (1)
Cet impensable massacre me rappelle cette définition du con, dénichée par feu ma mère dans la copie d’un de ses élèves :
« Un con, c’est quelqu’un qui ne pense pas comme moi. »
Et les cons, ça flingue.
C’est même à ça qu’on les reconnait.
C'est pourquoi j'accorde le bénéfice du doute à l'Odieux Connard et aux djihadistes, qui ont peut-être raison sur un point :
Parfois, qu'il est bon d'être mauvais.

Bref, j'ai bien peur d'être possédé du démon de Charlie.
Et essayez de trouver un exorciste qui opère sans rendez-vous.
Surtout en essayant de lui expliquer le caractère Sacré du Blasphème.



Inutile d'insister, je suis fâché.
Tu iras dormir au garage jusqu'à Décembre prochain.



P.S : j'avoue que j'ai un peu brodé : je n'ai pas de guirlande électrique.

[Edit] :
125 points de montage et raccords divers se sont dissimulés dans ce texte après publication, pour le rendre le plus proche possible de l’illisibilité perfecte, sans toutefois y parvenir tout à fait, mais nos ingénieurs sont sur le coup.
Sauras tu les retrouver ?
Ah c’est pas évident, je reconnais, surtout que c’est peut-être pas fini.
Je ne sais pas si le démon de Charlie bosse ce week-end.
Par contre, les photos n’ont pas été retouchées.
Toutefois, la probité intellectuelle me contraint à avouer que celle du réveillon de Blasphémator® avec la femme du Prophète a été réalisée avec flash, et que celle que Blasphemator® garde dans son portefeuille en cas de crise de foi est toute collante, ça a bien flingué mon scanner.

(1) La sourate maudite fut retrouvée dans la jarre qui contenait les manuscrits de ta mère morte, mieux connus sous le nom des parchemins de Djemal O’ Qumrân, mystique mésopotamien d’ascendance irlandaise, qui vécut une vie de patachon présocratique en Transjordanie mineure mais avec trois bémols. Ils furent exhumés près de la ziggourat de Babylone, et ce n’est que par un abus de langage et de boisson postérieurs, dûs en partie à la célébration posthume de leur contenu (riche en alcaloïdes métaphysiques) qu’on la rebaptisa la ziggourat à Touill, du nom du chef-lieu du canton situé à proximité, c'est à dire pas très loin. Comme quoi on peut rire de tout, mais ça ne sert pas à grand-chose.

Contributeurs raisonnablement anonymisés : Ta gueule Higgins, Iroquois 73

10 commentaires:

  1. Essaye de mettre un nom sur le démon. C'est l'étape indispensable de tout exorcisme.

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  2. Pour ce que j’en comprends, c’est un démon familial, qui a subjugué pas mal de monde avant moi. Je déchiffre ceci dans un grimoire de démonologie qui calait ma bibliothèque un peu branlante : « On distingue la possession d’avec l’obsession; par la première, le démon agit au-dedans de la personne de laquelle il s’est rendu maitre; par la seconde, il agit seulement au-dehors. Les possédés sont aussi appelés énergumènes, c’est à dire agités au dedans. »
    Dois-je considérer le fait que le mien semble jouer sur les deux tableaux comme une bonne nouvelle ?
    Tu as l’air d’en connaitre un rayon. A ton avis, pour le nommer, comment faut-il que je l’appelle ? Et s'il me dit "Je suis Charlie", dois-je le croire sur parole ?

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  3. Puisqu'il s'agit d'un démon familial, cela signifie que si tu le surmontes ou que tu lutte là-contre, tu en affaiblis sa transmission.

    Si il te dis je suis Charlie, c'est peut-être une forme de moquerie. Cela peut te donner une information concernant sa nature.

    Si il agit au dedans et au dehors, c'est peut-être qu'il aime la non-dualité.

    Je serais curieux d'apprendre ta conception concernant le blasphème et le sacré si ce n'est pas trop te demander.

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  4. Avec plaisir, mais je ne poursuivrai pas cette conversation ici; as-tu moyen de me contacter en mode privé ?

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    1. Exorciste du samedi31 janvier 2015 à 19:41

      Tout à a fait : batifolianovante AgéMelpointcomme.

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  5. Ah ça, pour batifolier, on est là.

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    1. Je suis, tombé par hasard (si il existe, mais je n'en crois rien), sur le livre "la dernière tentation du diable" écrit par Jacques Gaillot, évêque in partibus de Parténia, un siège de la lointaine Afrique aux allures mythiques, car sa localisation semble perdue.

      Je l'ai parcouru pour l'ajouter à mon rayon pas si fourni, et il y constatait et parlait de l'attrait sur nos moeurs (et cet attrait, certes tu l'a puisque tu écris encore sur le diable) du démon.
      Là où j'ai trouvé que cela coincidait avec les propos précédent, c'est qu'il semble préfèrer l'invocation du nom du Seigneur, à celle de la découverte du nom démoniaque, qu'il semble considérer comme une approche d'inspiration charismatique.
      Il sembleriait dire que le souverain Bien n'étant pas compatible avec la notion duelle de joute entre le mal et le bien qu'implique, l'approche charismatique n'est pas toujours à conseiller.

      Quoi qu'il en soit, à lire sa bio wikipédiesque, je me demande si il serait copain avec ton perso.

      J'ai lu ton dernier post, et je constate que le monde, dont tu as repris une phrase ma foi fort bien dite, est mieux écrit que ce que je croyais. Cela m'a montré des préjugés à ce sujet, malgré le fait que les journaux restent un peu trop d'inspiration profane à mon idée..

      Après ces lectures, je ne puis que te souhaiter une Bonne près-démondemidi, j'espère que tu nous tiendras au courant de tes héroïque percées dans la neige face aux méduses.



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    2. Salut à Toi, Fils de l'Homme.
      En ultra-bref : je suis plutôt en phase post-démon de midi. Le combat a eu lieu, j'ai perdu, on va pas passer le prochain réveillon là-dessus ni s'appesantir sur les difficultés à vivre dans les ruines de la défaite, j'ai trouvé mieux à faire. Surtout que tout discours de ma part sur cet aspect de ma vie peut légitimement être suspecté d'une vantardise cherchant à masquer l'arbre de la forêt derrière lequel d'autres démons sont tapis, prompts à déceler le bla-bla à partir duquel ils pourront s'introduire dans l'âme troublée de l'innocent pêcheur en eaux troubles.
      C'est pourquoi, plus que l'invocation du nom du Seigneur, je préconise de fermer ma gueule, et une approche non-duelle pour manger avec.
      Sinon, je suis bien d'accord avec toi, quand tu descends une piste noire tout schuss et que tu plantes ton bâton dans une méduse, attention au syndrôme Schumacher.

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  6. Quand je fais face à Méduse, je préfère le faire façon Persée, j'essayer de chausser les sandales d'Hermès de bonne façon (dieu de la chance, et non de la poisse) cela me semble moins dangereux que les méthodes matérielles.
    Mais je ne dis pas cela pour me moquer de Shumacher, dont j'ignorais ce qu'on disait de lui, qu'il pleure.

    Persée est amateur de duel par ailleurs, mais j'ai le sentiment que son histoire sert le non duel quand-même. Mais a vérité est que j'y perds mon grec avec tout cela, alors laissons cela.

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  7. Tu y perds ton grec, et moi mon latin, mais pas que ça : en 2 commentaires, ton pseudonyme a déjà perdu une voyelle, passant de Lexo (mil ?) à Lex (Dura ?)

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