vendredi 2 mars 2012

Renvoi d'ascenseur pour l'échafaud de la spiritualité



... car se repentir c'est se rependre, me disait ma psy à loisir, mais c'est sans doute parce qu'elle pensait que mon goût de la formule était prêt à me faire avaler ses couleuvres pour des lanternes.

Bref… encore un titre pour faire croire à la persistance des fulgurances associatives du Séroplex®, mais franchement j'ai l'impression d'en voir le bout. Ca fait 10 jours que je n'en ai pas pris, et à part les vertiges, vomissements, saignements de nez et hallucinations kinesthésiques de type décharge électrique dans les muscles des pattes arrière, ce sevrage se passe aux petits oignons.
Par contre, indécis dément, j'ai trop de Arbeit pour être frei de conclure le feuilleton maternel dans les délais que je m'étais plus ou moins fixés.
D'un autre côté, comme les pisse-copies dans mon genre sont rémunérés au paragraphe, ça m'arrange les bidons. L'écho inattendu que rencontrent mes chroniques  (et qui n'assourdit que moi) dans le Landerneau de la spiritualité vivante, sur le blog encore plus secret que le mien "une aubergine à la recherche de l'anti moustiques", par exemple pris au hasard sous contrôle d'huissier, provoque l'émergence de souvenirs complémentaires, comme au Loto quand on se dit "Pogrom de Merguez, mais pourquoi j'ai pas joué cette boule ?", mais il est alors bien tard.

Maman ne s'est jamais intéressée à la mort, je veux dire qu'elle n'a fait que biaiser, par peur panique et indicible, évidemment, mais aussi pour des raisons familiales qui lui sont spécifiques, dont la souffrance et le chagrin, qui avaient fait d'elle une indécrottable mécréante. J'en parle plus ou moins au présent parce qu'elle a été, est et sera toujours comme ça, son histoire étant close dans la tranche temporelle dans laquelle je persiste et singe, et saigne, mais que du nez, bien qu'hier midi j'aie été inopinément mordu par mon sandouitche et que j'ai bien cru que j'allais me vider en l'absence momentanée de mes collègues de bureau aussi attachés à leur pause déjeuner que moi à mon boulot à finir, mais finalement ça s'est arrêté tout seul.
Oui, maman était une fichue mécréante : n'ayant pas connu son père, mort avant sa naissance, et assez peu sa mère, décédée assez jeune, ça l'avait fâchée à vie avec la religion, selon le solipsisme bien cornu "si Dieu bute nos proches c'est soit un encuvé soit un nain cacapable", et elle n'a pu hériter que de fragments peu nourrissants de l'histoire familiale, et à ce titre elle croyait dur comme fer qu'on venait du néant et qu'on y retournait, et basta cosi ma pauvre Cosette.
D'ailleurs quand elle m'appelait "mon pauvre C*" j'y entendais souvent une plainte informulée à l'égard de son passé douloureux.
De pluches, elle avait fait une croix sur son passé de paysanne ramasseuse de patates, ayant pris l'ascenseur social des early 60's tout en gravissant les marches de l'Education Nationale qui allaient en faire une prof agrégée, et en épousant un jeune et sémillant polytechnicien dont elle ne se doutait pas qu'il allait la pénibler pendant le prochain demi-siècle, mais c'est une autre histoire.

Si je lui avais agité sous le nez la crainte de la mort entretenue par le clergé tibétain en exil sur une planète-fantôme, elle aurait juste poussé un petit "pfff" de dérision, et elle aurait ressorti son Montaigne.
Par contre, moi si i je confonds la toute-puissance du Verbe et tordre la gueule du langage (comme le suggérait Tom Waits) pour voir ce qu'il a dans le ventre, je suis fichu. 
 
Trois mois avant sa mort, elle était encore en vie.

2 commentaires:

  1. "Si je lui avais agité sous le nez la crainte de la mort entretenue par le clergé tibétain en exil sur une planète-fantôme, elle aurait juste poussé un petit "pfff" de dérision, et elle aurait ressorti son Montaigne".

    C'est clair dans le récit qui précède. Et c'est bien ça qui est tragique. La société ferme complètement les portes des esprits sous prétexte de science. Ils se retrouvent dans un néant irrémédiable auquel ils s'accrochent comme des moules à leur rocher, préférant opter pour le malheur assuré que pour le bonheur incertain.

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  2. Voui voui voui... Illustration du principe, jamais aussi absurde : Un "tiens" vaut mieux que deux "tu l'auras (peut-être) après ta mort"

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