mardi 25 juillet 2006

Je veux du nougat



Ma soeur devait avoir 5 ou 6 ans et c’était la chouchoute à son papa. Nous, les garçons, on était un peu jaloux et observions dubitatifs cette discrimination positive, mais y’avait pas grand chose à faire, et puis on se tapait suffisamment dessus - 18 mois nous séparaient - pour avoir de quoi se distraire. Un soir, v’là qu’la soeurette part abruptement sur une idée fixe : "Je veux du nougat". (un peu comme "les seins des femmes" du post précédent)
Absence de friandise dans la maison n’empèche pas le désir de se manifester avec force.
Il veut souvent s’éprouver lui-même, bien qu’il prétende tendre à sa satisfaction.

"Je veux du nougat".
-On t’a dit qu’y en a pas.
"Je veux du nougat quand même."
-Ca commence à bien faire.
"Je veux du nougat ! Je veux du nougat ! Je veux du nougat !"
Bien qu’inconcevable eu égard au traitement de faveur dont elle jouissait alors, la chute est prévisible : devant la réitération insensée du mantra, mon père finit par lui mettre une méga-fessée et zou, au lit.
Braillements inconsolables.
Il remonte dans sa chambre :
"Et maintenant, tu veux encore du nougat ?"
Elle, entre deux sanglots, et d’une voix hachée :
"Hou-ou-ui-ui-ui !!! "
Ce fut le seul épisode vraiment psycho de ma soeur, qui s’arrangea ensuite pour avoir des désirs mieux adaptés à ses ressources, dût-elle se les créer.
Quelle ne fut pas ma surprise, bien des années plus tard, d’entendre Brigitte Fontaine sortir "le nougat", qui raconte à peu près la même histoire.
Il y en a aussi une variante chez Goossens, mais il faudra que je la retrouve dans mes vieux Fluide Glacial à la rentrée.
On a le temps.
Le désir de nougat a un peu perdu de sa lancinance.
J’ai redécouvert le chocolat.


Commentaires

  1. La quête de l’état de chouchoute à son papa peut faire des ravages quand on devient grande fifille.
    Il faut juste apprendre à s’auto-individuer. Chez moi, c’est pas une mince affaire mais avec du temps et de la persévérance, on arrive à tout.
    J’ai pu, grâce à ton post, revenir sur des souvenirs d’enfance que je croyais oubliés. Mais sans doute les avais-je occultés pour moins me responsabiliser.
    En tout cas, merci pour ton post. Il a fait du bien à une ancienne chouchoute à son papa qui enfin accepte cet état par rapport à un frère et une soeur qui s’en fichent bien de savoir s’il y en avait un ou une que le soi disant papa préférait.
    Accepter ce qui a été mais qui ne sera plus.
    Et puis, au fait, merci pour ton lien sur ton blog d’avant les vacances. J’ai apprécié l’intention-;)

  2. y a t’il une vie avant la mort ?
    y a t’il une mort avant la vie ?
    y a t’il une vie avant la vie ?
    y a t’il une mort avant la mort ?
    y a t’il une vie après la mort ?
    y a t’il une mort après la vie ?
    y a t’il une vie après la vie ?
    y a t’il une mort après la mort ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire