lundi 27 mars 2006

Le bouddhisme pour les nuls




Reconnais tes erreurs cachées.
Approche-toi de ce que tu trouves repoussant.
Aide ceux que tu crois ne pas pouvoir aider.
Tout ce à quoi tu es attaché, abandonne-le.
Va dans les lieux qui t’effraient.

(quelques conseils donnés à une yogini tibétaine par son maître, rapportés par Pema Chödrön.)
Bigre ! Voici quelques vers propres à susciter exaltation et héroïsme chez le dépendant en quête de nouvelles valeurs qui lui permettraient de s’affranchir de ses chaînes anciennes. Or, Exaltation et Héroïsme sont franchement à laisser à la grille du parc. Les proscrire ne servirait à rien auprès d’une population hypersensibilisée aux charmes douteux de la transgression. Mais faut bien voir que l’une mène à la dépression et l’autre au ridicule. Il s’agit de recommencer à vivre à hauteur d’homme, c’est tout. Néanmoins, il serait tout aussi inutile de nier leur présence en tant que concepts : l’exaltation est conséquente à la prise de conscience de la chaine causale ayant entrainé la dépendance (les causes et les effets sont un) et du fait qu’on ne peut y échapper qu’en l’acceptant. Et l’héroïsme est la mauvaise fée qui vient se disputer avec qui veut en découdre avec elle à l’étroit portillon du mental la prétendance au trône du Pathétisme, et si les projections émotionnelles à connotation positive dans lesquelles on peut engluer les conseils des maîtres s’élèvent comme jonquilles printanières, elles n’ont rien à envier aux angoisses de faire de grossières erreurs de compréhension, qui viendraient alors ternir ces propos de bon sens de la boue dépressive et cloacale à laquelle on s’est prématurément habitué jusqu’à la trouver rassurante. Exaltation et Héroïsme révèlent alors leur vraie nature : Epouvante et Horreur. Alors la peur s’élève à son tour, maîtresse famillière et exigeante, la peur et son baiser de cendrier froid, semblant faire déguerpir tout espoir d’approcher un jour la vérité, qui exige qu’on renonce à nos idées les plus chères, celles que nous nous faisons sur nous. Et puis on se rappelle qu’on a lu Pema Chödrön et qu’on n’est pas là pour faire le malin ou pour convaincre les autres de sa propre fatuité, mais pour apprendre de nouvelles figures. Dans les premiers temps, n’importe quel ouvrage de spiritualité - qu’on nommera "développement personnel" pour éviter l’arrivée des E&H Sisters, sera le bienvenu s’il suggère une pratique à laquelle on puisse se consacrer une demi-heure par jour, qu’il s’agisse de méditation - qu’on nommera relaxation pour éviter de s’y croire alors que ça fait 25 ans qu’on lit des bouquins de "développement personnel" et que c’est peut être bien ça qui coince, de prière - on évitera d’apprendre des mantra par correspondance, et on laissera venir à soi les bienfaits de la pratique, quelle qu’elle soit. On regarde passer ces idées d’exaltation et d’héroïsme qui nous obstruent le chemin depuis si longtemps, on se retient de ricaner douloureusement et on respire fort. Dans le temps, je trouvais déprimante et flippante l’idée de "confier ma volonté et ma vie aux soins de Dieu tel que je le conçois" tel qu’il nous est suggéré à la 3ème étape du programme de rétablissement des AA. J’avais peur qu’apprendre à appuyer sur la pédale de la spiritualité de mon cerveau m’obscurcisse l’esprit, et puis j’avais peur de réussir, et puis peur d’échouer aussi. Aujourd’hui j’essaye de le faire de bon coeur et le plus souvent possible : d’abord parce que je sais qu’il est absolument impossible que j’y arrive donc je n’ai plus besoin d’avoir peur d’essayer, et puis si je ne mets pas un peu de bonne volonté dans cette affaire, j’aurai une abstinence aussi malheureuse que quand je me shootais. Dans ma famille où l’on a misé sur les vertus de la rationalité pour garder les moutons de la copropriété, va grandissant un grand silence froissé entre chacun de ses membres. Je peux bien prendre refuge où je veux, si je prends le soin de mettre mes actes en accord avec mes paroles. D’ailleurs, j’avais plein de trucs perso à raconter sur mon blog cette semaine mais Warsen a encore pris tout le lit. Ca sera pour la semaine prochaine : les bienfaits d’une bloggalisation modérée ne se sont pas fait prier pour honorer leur rendez-vous.

3 commentaires:

  1. décidément tu ne peux pas t'empêcher d'essayer de m'attirer sur ton glop!
    merci quand même... je vais lire dès que j'ai 5mn! j'aime bien la tradition tibétaine, tu as vu les films de Desjardin arnaud?
    il y a des suicides en masse de jeunes moines j'ai vu ça, ça me fout envie de chialer...
    le pouvoir qu’il soit yankee ou chinois est EXTREMEMENT néfaste, l'égrégore qui chapeaute ça est satanique, personne ou presque ne le sait... on ne veut pas le voir... on s'en arrange par trouille par facilité par manque de conscience spirituelle...

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  2. Je ne peux m'empêcher d'essayer de ne rien faire de tel, et surtout pas ça. Y'a eu un temps où j'avais besoin d'écrire ce genre d'articles pour éviter de chialer dans le noir. Mais combien de fois peut-on recongeler un blog décongelé sans se rendre malade en même temps que ses lecteurs ?

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  3. je sais bien que tu l'as pas fait exeuprès, jonnhy, mais fallait bien faire un effet de style ! quand on s'appelle FZC, il est très dur de maintenir le niveau, alors quelque fois on fait dans l'"à peu près"!
    ceci dit je ne me souvenais même plus d'avoir parlé de satanisme, le mot est peut-être un peu fort surtout pour un mec pas très catholique et qui prône l'harmonie entre le ciel et la terre. le pouvoir noir c'est le pouvoir de la terre lorsqu'il n'est pas équilibré par le ciel, voilà ! très heureux de notre petite conversation.
    j'avais l'impression que tu ne publiais plus c'est pour ça que je n'étais pas revenu... mais je vois que tu as fait un bel article, sur un groupe... à + mon frère...

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