jeudi 4 octobre 2007

Joyeux aviné ressert


15 ans sans boire aujourd’hui. Chez les Alcooliques Anonymes on fête les anniversaires de sobriété continue, célébration qui est un mal nécessaire. Autant il est absurde pour soi de commémorer depuis combien de temps on a cessé de s’enduire d’erreur avec un produit, car il n’y a point matière particulière à s’esbaudir (se resjoüir avec excés, & tesmoigner sa joye en dansant, sautant ou de quelqu’autre maniere semblable) de s’être trompé aussi longtemps qu’on aie fini par s’enfermer dans le mensonge de l’addiction, autant ça peut être utile aux autres. La valeur pédagogique de l’exemple. Quand j’ai poussé la porte du mouvement, il était inconcevable que je puisse passer trois jours sans boire un coup. En même temps, je savais très bien que le premier verre que j’allais porter à mes lèvres, quelle que soit l’heure de la journée, allait en attirer d’autres, et qu’en cours de route vers le crépuscule je perdrais connaissance, et sans doute aussi la moitié de mes affaires. Dans mes premières réunions AA, les gens qui avaient un an d’abstinence et qui venaient en témoigner, tout tremblotants et annônants, m’apparaissaient comme des putains de saints.
Au début de ma vie sans alcool, je me disais “l’avantage maintenant c’est que quand je me réveille la tête dans l’cul c’est forcément dans celui de quelqu’un d’autre…” je connaissais pas encore l’ADSL et les gueules de bois virtuelles.
Généralement, quand le Moi se rend compte qu’il ne peut dominer ses pulsions, il préfère bien souvent couler la baraque que se mettre “au service de”, ne serait-ce que de sa propre survie. Lui faire plier les genoux, le faire revenir à sa seule fonction positive : la dignité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire