J’ai finalement eu plus de plaisir à télécharger compulsivement la série “Heroes” en me persuadant que je niquais le système (mwahaha) qu’à la regarder… après un début très “bande-démo” assez excitant, on retombe rapidement dans un gros sitcom anxiogène à tiroirs, rallonges, et tu trouveras de la ficelle dans le buffet, avec une pitite trouvaille sursautante en moyenne tous les trois épisodes.
Dois-je me scandaliser des mes attentes antérieures, trop affamées pour être nourries, du manichéisme putassier et passe-partout qui permettra d’exporter la série dans le monde entier, des sous-entendus idéologiques un peu refoulants-du-goulot du scénario ? ou me réjouir d’y être aujourd’hui insensible ?
Je suis allé laborieusement au bout de la saison 1 en soupirant de déception, comme si on m’arrachait sans anesthésie la croyance que l’univers des comics américains peut se prêter à de telles simagrées sans passer pour une réserve naturelle de demeurés mentaux.
De toutes façons, que mon indignation soit dure ou molle, elle ne porte pas à conséquences. La dire ici, c’est pas comme si j’avais une tribune libre dans un grand quotidien du matin; c’est l’avatar moderne du fanzine ronéoté, pas le nec plus ultra de la démocratie participative.
D’ailleurs, si vous voulez mon avis, on s’est un peu fait avoir avec cette idée du net “espace de liberté et de création de contenu” qui est censé faire sens. Bien sûr, chacun est libre de se peler la rondelle et d’en partager les épluchures à qui veut bien se donner la peine de les ramasser. Mais à mon avis, pendant ce temps se trament des choses auprès desquelles les cauchemars les plus flippés des conspirationnistes sont de doux rêves, dit-il d’un air entendu.
Tant qu’à faire semblant de me scandaliser, je vais citer un extrait d’un article du Monde de la semaine dernière, “les enfants de la net génération” :
” Mail, chat, blog, jeux en ligne : partout dans le monde, pour les 13-24 ans qui ont accès à l’ordinateur, les liens sociaux passent par le Web. Aux Etats-Unis, plus de la moitié des 12-17 ans sont utilisateurs d’un site communautaire (type MySpace). En France, la messagerie instantanée (type MSN) attire 35 % des internautes - des adolescents pour la plupart. Et l’immense majorité des blogs personnels (50 millions créés dans le monde depuis 2004) est tenue par des collégiens et des lycéens, pour qui l’usage de ces “TIC” (technologies de l’information et de la communication) est devenu aussi naturel que celui du téléphone ou de la télévision.
Quels comportements auront à l’âge adulte ces enfants de la Net-génération ? Seront-ils plus sociaux que les générations précédentes ? Plus solitaires ? Affectivement plus fragiles, intellectuellement plus polyvalents ? Certitude : d’ores et déjà, leur réseau de sociabilité s’étend bien au-delà du réseau des contacts physiques. “Etre fille ou fils de… compte moins aujourd’hui qu’être en lien avec…”, constate Sylvie Octobre, sociologue au département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la culture. “Ce que les jeunes sont en train d’apprendre, c’est à être capable d’entretenir la bonne relation avec la bonne personne en n’importe quel point de la planète.” Un “capital social” qui, selon elle, constituera un véritable avantage dans nos sociétés futures.
“Avec les communautés virtuelles, poursuit-elle, chacun prend conscience qu’il est un individu parmi des millions d’autres, mais aussi qu’il peut être contacté depuis le monde entier. Cela confère aux adolescents une légitimité nouvelle, qu’ils ne trouvent ni en famille ni dans le milieu scolaire.” Au sein de la sphère privée et familiale, ces nouvelles compétences ne vont pas sans bouleverser les principes traditionnels. A la transmission descendante, des parents aux enfants, s’est ainsi ajoutée une transmission ascendante, des enfants aux parents… Et, surtout, une transmission horizontale entre pairs.
Pour ces jeunes rompus à la Toile dès l’entrée au collège, parfois même avant, les critères d’appartenance ne sont plus tant sociodémographiques (avoir tel âge, être de telle région ou dans telle classe) que relationnels. Passionnés du chanteur Sean Paul,du jeu de go ou de fusées à eau, il leur est désormais possible de se retrouver entre initiés autour d’un thème fédérateur, même si celui-ci ne réunit dans le monde que quelques centaines d’aficionados… “Se sentir unique tout en sachant qu’on n’est pas tout seul, n’est-ce pas le rêve de tout le monde, et plus encore des adolescents ?”, remarque Mme Octobre, pour qui cette nouvelle conception du réseau, rodée dès le plus jeune âge, “modifiera durablement les habitudes relationnelles”. Témoin le succès de Facebook (25 millions d’inscrits à ce jour), ce site de socialisation sur lequel lycéens et étudiants sont invités à décrire leur profil, et qui parie sur la simple envie d’échanger et de partager.
Tout de même : à trop fréquenter ces communautés virtuelles, nos enfants ne risqueraient-ils rien d’autre que de mauvaises rencontres ? Les dédoublements d’identité (pseudos, avatars) dont ils usent avec bonheur ne peuvent-ils être nocifs pour le développement de leur personnalité ? “Bien au contraire, l’alter ego numérique peut parfois redonner un peu de souffle à notre être réel”, estime le psychologue Michael Stora, pour qui cette double personnalité, virtuelle et réelle, “est à l’image d’un fonctionnement propre au narcissisme qui s’appelle le clivage”. Président de l’Organisation des mondes numériques et sciences humaines (OMNSH), il estime que le vrai danger n’est pas là. Pas plus que dans un avenir “peuplé de nomades ultra-connectés, sortes d’obèses aux doigts hypertrophiés, pur produit de notre imagination”. En revanche, il craint que l’usage immodéré de l’ordinateur n’entraîne, pour les plus fragiles (des garçons, pour l’essentiel), “la disparition des rencontres en IRL” (”in real life” : dans la vie réelle).
“La cyberdépendance, quand elle est avérée, vient toujours mettre au jour un problème, remarque-t-il toutefois. Comme pour l’alcool et le tabac, l’objet technologique révèle chez certains individus une structure addictive, mais il ne la fabrique pas.” Toxiques pour certains, les TIC auraient pour d’autres des fonctions curatives. “Beaucoup de gens se soignent par le biais des chats ou des forums, et utilisent ces outils comme des expériences auto-thérapeutiques”, poursuit M. Stora, que la clinique a conduit à rencontrer nombre de personnes “ayant osé, grâce à cette pratique solitaire, affronter et dire certaines choses”. Le Web deviendra-t-il, parmi d’autres, un remède contre les maux de l’âme ? L’avenir dira si ces lieux virtuels constituent “un nouvel opium du peuple, grâce auquel chacun pourra exprimer sa violence intérieure tout en étant, dans la vie réelle, plus soumis qu’aujourd’hui”. Ou s’ils seront, au contraire, des endroits “où l’on apprendra l’insoumission”…
Moins pudiques, plus agiles et plus inventifs, les enfants de la Toile, à en croire certains, présenteraient toutefois une tare majeure : à force d’être sollicités par mille choses à la fois, leur capacité de concentration se réduirait comme peau de chagrin. Mais comment en être sûr ? Et qu’est-ce qui sera le plus utile dans la société de demain : être capable de se fixer longtemps sur une même activité, ou gérer plusieurs tâches en même temps ?”
“A en juger par l’évolution récente du marché du travail, de nombreux métiers demanderont de plus en plus de savoir être polyactif”, estime Mme Octobre. Pour cette sociologue, le vrai enjeu, en termes de maîtrise de la connaissance, ne concernera pas la capacité de concentration, mais la hiérarchie de l’information. “Pour réussir, il faudra de plus en plus avoir appris à trier, sélectionner et classer par ordre de pertinence la masse d’informations disponibles sur le Net. Là résideront la vraie difficulté, et la vraie source d’inégalités.” Un terrain sur lequel, dès aujourd’hui, l’éducation a un rôle majeur à jouer.”
Vous allez me dire que tout ça, c’est des problèmes de riches, qui touchent une part infime de la population mondiale… que “comme pour l’alcool et le tabac, l’objet technologique révèle chez certains individus une structure addictive, mais il ne la fabrique pas.” relève d’une logique discutable à l’infini, et que mon blog consacré à la cyberdépendance, ça doit bien faire marrer Satanas & Diabolo.
le douloureux problème de la prévention de la structure addictive mis à nu par ses célibataires même, including le cri d’alarme dont tout le monde se fout malgré le contenu hautement qualitatif de l’information proposée (esquisse au fusain)
confession of pain
Rédigé par: horizon | le 24 octobre 2007 à 22:49|tu veux dire que c’est toi qui as volé une baguette à la boulange du magasin tandis que je détournais l’attention des vigiles au rayon presse ? tu sais, on dit “péché avoué est à moitié pardonné”, mais ça veut dire qu’il reste l’autre moitié, quand même.
Rédigé par: john | le 25 octobre 2007 à 13:23|