mercredi 6 septembre 2006

des séductions de la cigarette

"L’opium afghan finance la rébellion talibane. Pour bouter l’occupant hors de leur pays, les Français avaient Jeanne d’Arc. A chacun son héroïne. "(Hervé Le Tellier)

Lu dans "la méthode simple pour en finir avec la cigarette" de Allen Carr, un livre que j’avais d’abord pris pour une fumisterie du style "comment se faire des amis", le bouquin qui fait à l’amitié ce que Hitler a fait aux Juifs et ce que les Juifs ont fait aux Libanais : "Non seulement il n’y a rien à abandonner, mais vous en retirerez de grands avantages. Quand un fumeur essaie d’arrêter, il tente de se concentrer sur les aspects positifs pour sa santé, son argent et sa sociabilité. Certes, ce sont des motifs évidents et importants, mais ce ne sont pas les seuls. Je pense que les bénéfices psychologiques sont les plus importants : 1 Le retour de la confiance en soi et de la sérénité. 2 La libération de cet esclavage. 3 Ne plus avoir à subir ce sentiment de mépris de la part de soi-même et des autres; ne plus se torturer pour savoir si l’on arrivera un jour à se débarrasser de cette drogue. La vie d’un non-fumeur est meilleure et beaucoup plus agréable. Ce n’est pas seulement vrai sur le plan de la santé, mais également sur bien d’autres plans tout aussi importants. Je reviendrai dans le chapitre suivant sur ces merveilleux avantages. Certains fumeurs ont des difficultés à admettre que le tabac n’apporte rien. C’est pourtant un point essentiel, que je me propose de mieux expliquer à l’aide d’une analogie. Imaginez que vous ayez une irritation sur le visage. Vous en parlez à quelqu’un, qui vous conseille une pommade miraculeuse. Vous l’essayez et en quelques secondes, le mal disparaît… Une semaine plus tard, l’irritation réapparait. Vous décidez d’acheter un tube de pommade et, dès que vous en mettez sur la plaie, elle disparait de nouveau. L’irritation revient quelques jours plus tard, et de plus en plus fréquemment. Chaque fois elle gagne sur le visage, se révèle de plus en plus douloureuse, mais disparaît dès qu’on y applique la pommade. Au bout de quelques mois, tout le visage en est couvert; cela revient toutes les demi-heures et c’est maintenant extrêmement douloureux. Vous savez que cette pommade ne résout le problème que temporairement et cela vous inquiète. La maladie va-t-elle gagner tout le corps ? Deviendra-t-elle permanente ? Vous allez voir votre médecin, qui ne peut pas la soigner. Rien n’est plus efficace que cette merveilleuse pommade. Maintenant, vous dépendez complètement de la pommade. Vous ne sortez plus sans elle. Si vous partez à l’étranger, vous vous munissez de dix tubes d’avance. Et, pour aggraver vos problèmes, les revendeurs de cette pommade vous font payer 5OO francs par tube. Mais vous n’avez pas d’autre choix que de payer. Vous constatez, en lisant le journal, que vous n’êtes pas la seule victime. Des milliers de personnes souffrent exactement du même mal. En fait, des chercheurs ont découvert que la pommade ne guérit absolument pas la maladie. Elle n’élimine que provisoirement l’irritation de la surface de la peau. Le comble est que, en réalité, c’est la pommade qui entretient et propage la maladie. Tout ce qu’il vous reste alors à faire est de cesser d’utiliser cette pommade et, en quelques jours, tout aura disparu. Allez-vous continuer à l’utiliser ? Avez-vous besoin d’un quelconque brin de volonté pour y parvenir ? Certes, si vous ne croyez pas aux affirmations de l’article, il est légitime que vous ayez quelques jours d’appréhension. Mais, si vous constatiez que la maladie se résorbe progressivement, le besoin ou l’envie d’utiliser la pommade ne se manifesterait certainement plus. Seriez-vous malheureux ? Vous aviez un terrible problème, que vous croyiez insoluble. Maintenant, vous avez trouvé la solution. Même s’il fallait une année entière pour en être complètement guéri, vous penserez chaque jour, en voyant le mal disparaître, qu’il est extraordinaire que cela s’arrête et que vous n’en mourrez pas. C’est là toute la magie qui m’est apparue lorsque j’ai éteint ma dernière cigarette. Laissez-moi préciser un dernier point, à propos de cette analogie. La maladie que provoque la pommade n’est pas à mettre en parallèle avec un cancer du poumon, une angine, une bronchite, une maladie artérielle ou autre asthme chronique. La maladie dont je parle n’est pas non plus l’argent qui part en fumée, ni la mauvaise haleine et les dents tachées, ce n’est pas la toux, la léthargie, ces matins passés à s’étouffer, ni les circonstances où nous souffrons de ne pas pouvoir fumer. Ce n’est même pas ce mépris de nous-mêmes, ni celui des autres. Tous ces maux viennent s’ajouter à celui dont je veux parler. Le vrai mal est celui qui justifie que l’on ferme les yeux sur tous les autres. C’est simplement ce sentiment de panique: « il faut que je fume une cigarette. » Seuls les fumeurs souffrent de ce mal-là. La pire des choses dont nous souffrons est la peur, cette peur insidieuse, et le bienfait le plus merveilleux que vous recevrez sera d’en être débarrassé. C’est comme si un épais brouillard avait subitement disparu de mon esprit. J’ai alors clairement compris que ce sentiment d’envie panique d’une cigarette n’était pas une sorte de faiblesse en moi, qu’il n’était pas dû à une vertu magique de la cigarette. Il était seulement dû à la première cigarette, et chaque cigarette suivante, loin d’éliminer ce sentiment, ne faisait que l’ancrer plus profondément dans mon esprit. En même temps, je voyais que tous les autres heureux fumeurs vivaient le même cauchemar que moi, même si c’était à un degré moindre. Et tous avançaient des arguments aussi incohérents les uns que les autres pour tenter de justifier leur comportement. C’est si bon d’être libéré! "

Vous l’aurez compris : pour donner plus de corps à mes visualisations tibétaines et pour cesser d’empuantir l’atmosphère et de détruire d’une main ce que je tente de construire de l’autre, j’arrête de fumer. On ne rit pas. Il y a plein de bons conseils dans ce livre, pour traiter tous types de dépendances autrement plus pernicieuses que le tabac. Mais les meilleures idées ne servent que si nous les appliquons. L’auteur met l’accent sur le lavage de cerveau que constitue la dépendance, qui n’a rien à voir avec la recherche du plaisir, et démonte les mêmes mécanismes que ceux mis en évidence par William Burroughs (le festin nu) dans le processus de l’addiction à l’héroïne : le dealer ne vend pas le produit au consommateur mais bien l’inverse. Sur le forum des pornodeps, beaucoup trouvent que cesser de fumer, c’est de la rigolade à côté du sevrage de cybercul. Sur ce genre d’apprentissages, la suggestion attribuée au dalaï-lama "qu’on peut apprendre dans les bouquins puisque les charlatans sont légions " (attends, c’est qui le mec qui disait que son nom était légion, déjà ?) est pertinente. J’ai bien arrêté de me branler à force de fréquenter un cyberpsy. car comme le disait Yongdzin Romain Bouteille Rinpotche : "on peut tout faire dans la vie, à une seule condition, c’est de le faire."

Commentaires

  1. Mouais, Allen Carr… J’ai lu son bouquin dans une autre vie et j’avais réussi à arrêter… 2 jours ! Tu me donnes envie de le relire. Et puis, pourquoi pas ? La p’tain de cibiche me bouffe la vie par tous les bouts. Il est temps de faire quelque chose. J’aime bien ce que dit l’Romain Rinpoche -;) Pour la clope, j’ai moultes fois essayé. Pour d’autres dépendances aussi d’ailleurs.Mais quand on a essayé sans pouvoir y arriver ne veut pas dire qu’on y arrivera jamais, isn’it ? Le principal est d’en avoir envie.

  2. Mouais, Allen Carr… J’ai lu son bouquin dans une autre vie et j’avais réussi à arrêter… 2 jours ! Tu me donnes envie de le relire. Et puis, pourquoi pas ? La p’tain de cibiche me bouffe la vie par tous les bouts. Il est temps de faire quelque chose. J’aime bien ce que dit l’Romain Rinpoche -;) Pour la clope, j’ai moultes fois essayé. Pour d’autres dépendances aussi d’ailleurs.Mais quand on a essayé sans pouvoir y arriver ne veut pas dire qu’on y arrivera jamais, isn’it ? Le principal est d’en avoir envie.

  3. Y’a eu une merdouille dans la transmission du message. John, tu peux supprimer le deuxième et celui-là par la même occasion ? Je deviens un peu sénile avec l’âge mais quand même, ça fait pas sérieux.

  4. ben john allen car il ma scotché et ca fait 2 ans 1/2 que j’ai arretter de cloper, puis j’adopte ca philosophie pour la cyber-dep…. ;-) +orroz+mantak c’est explosif le melange!!! (le bouquin du dalai lama : c’est guerir la violence, je te retrouverais la page)

    c’est un super bouquin si on sais bien s’en servir…

    viva allen…

    ps : dans 12 mois je vais etre triste j’aurais plus d’addiction (si c’est pas deja fait ;-)

  5. fabienne, je vais laisser ton message double (+ le triple) jusqu’à la fin des temps pour que tu médites sur le sens de l’expression “orgueil blessé”. Roul, méfie-toi, crier son bonheur sur les toits les rend parfois glissants. Et t’es déjà bien parti pour devenir accro au blog de Flo, dont le principal antidote connu est le bouddhisme ;-)

  6. Je médite tout simplement sur l’orgueil et c’est déjà pas simple pour moi. Alors, si en plus, s’il faut que je cogite sur la blessure de l’orgueil que je n’ai pas encore véritablement élucidé chez moi, je m’en sors plus du tout. Bon, on verra ça plus tard. Et puis, c’est ton blog, t’es le maître chez toi donc si tu veux pas supprimer mes répétitions, ben c’est comme ça. Il faut que je l’accepte sans me prendre la tête.

  7. heuuu je sais john, en fait jsuis deja addicted au blog de flo!!!!…

    et merde jvais quand même pas teerminer groupie?

    (a ben c’est cool ca me fera un sevrage pour 2007 ;-)

  8. roul, tu liras avec intérèt les posts de flo sur l’addiction si ce n’est déjà fait : http://blog.france3.fr/blogchen/index.php/2006/01 fab, rappelle-toi le commentaire récent et lapidaire - qui n’a rien à voir avec la lapidation - d’une jeune lectrice parisienne : “j’essaie de ne pas le faire, mais parfois je le fais. Il n’y a rien à justifier, je suis égoïste et pas spécialement fière de l’être.” Méditer sur l’orgueil, blessé qui plus est, c’est lui faire trop d’honneur, et faire un noeud sur la crasse qui est dans le torchon.

3 commentaires:

  1. Bonjour,

    Perso, j'ai arreter de fumer depuis 11 mois avec la cigarette électronique. J'ai ouvert un blog dessus pour partager mon experience
    Mon blog sur la cigarette electronique

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  2. Je suis allé faire un tour sur ton blog, et je suis consterné. Il est aussi vivant et attrayant que s'il avait été pensé par un robot du télémarketing viral, et c'est d'ailleurs sans doute le cas. Fais-tu partie de ces néo-bloggueurs qui vont tuer Internet, selon la revue Tecknikart ?
    enfin, l'idée de substituer une cigarette électronique à la vraie me parait aussi brillante que de remplacer la sexualité par les sex-toys.

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  3. un passage de "Vendredi ou les limbes du Pacifique" de Michel Tournier m'avait impressionné, il comparait les toilettes à la turque, où l'on se lave le fondement à l'eau claire, à nos habitudes d'hygiène en osant ce parallèle : "notre civilisation du papier, qui va jusqu'à s'en mettre dans le trou du cul"...
    on pourrait grâce à toi, cher spybot, réécrire ce passage en évoquant l'électronique, très en vogue dans tous nos orifices.

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