mercredi 13 septembre 2006

des séductions du caca



Ca démarre un peu en milieu d’épisode, comme quand l’inspecteur Columbo dit juste avant de confondre le coupable : "j’m'en souviens, c’est ma femme qui m’avait mis la puce à l’oreille…"
"Je t’assure qu’on peut être fier de son caca, par principe. Il faut être un peu pervers pour ça, mais c’est assez répandu." m’avait dit Flo. Ca m’évoquait les écrits de Freud sur le stade anal du temps de mes études de psychologie, mais rien de vraiment concret. Que le caca fût répandu, ce me semblait dans sa nature intrinsèque, sauf à l’en préserver dans un récipient ad hoc.
Et puis j’ai un pote dépendant de longue date, qui garde un silence prudent sur le forum parce qu’il se refuse à décourager les autres, et qui du coup se qualifie de vampire "je viens pomper votre énergie et je n’en restitue même pas" me glisse-t’il en loucedé.
L’important c’est qu’il se soigne et se rétablisse durablement.
Après, pour sauver le monde et se prendre pour un docteur Warsen, on verra. Dieu l’en préserve.
Un autre, à l’orée de l’âge adulte, qui m’écrit "Le problème est que je n’arrive plus à sauter le pas et à dire STOP. J’ai réussi une fois lorsque j’ai découvert mon problème dans son ampleur, certainement par une sorte de panique bénéfique. La seconde fois lorsque j’ai déménagé et dans le même temps rencontré ma copine. Ces quatres mois là ont été idylliques dans mon souvenir. Aujourd’hui je reste conscient du problème, mais il n’y a pas le déclic. Je vis avec ce problème en m’en accomodant. En réalité l’optimisme dont j’étais si plein me fait défaut, je n’ai plus la pugnacité du début. Je me laisse faire par moi-même, en quelque sorte. J’ai conscience de n’être pas dans la meilleure des prédispositions pour essayer d’en sortir, mais en attendant je tiens le coup comme ça, sans trop de hics."
Il me semble qu’il prend le problème à l’envers : il déduit de son comportement (rechutes) son manque de motivation au lieu d’en inférer la toxicité du produit.
C’est l’erreur de tous les dépendants.
C’est-y parce qu’on s’est cassé la gueule du vélo qu’il faut en conclure qu’on sait pas en faire ?

J’apprends qu’ Allen Carr est atteint d’un cancer du poumon, 23 ans après avoir renoncé à ses 100 cigarettes quotidiennes. J’attends toujours de renoncer aux 25 miennes, et de trouver le temps de faire mes pratiques (il est possible que je sois trop occupé à sauver le monde ces temps-ci, et ça c’est vraiment la super-excuse, indeed.)
Il a eu des bonnes idées, mais apparemment un peu tard.
Il vivait dans le monde réel, et pas dans celui de Petit Vampire, où seuls les monstres peuvent se régaler d’une bonne soupe de caca, et quand les petits garçons y goûtent par erreur, ça les rend malades.
Où Madame Pandora, la séduisante maman du Petit Vampire, va faire ses courses à la clinique, et elle prend juste un peu de sang à chaque victime, pour que ça ne se remarque pas. Il arrive cependant qu’un patient se réveille. Elle lui prodigue alors le "baiser du vampire" et il plonge dans un sommeil profond. Au matin, il lui reste juste le souvenir de sensations agréables.
Dans le réel, manger du caca ou se faire mordre par un vampire, ça laisse des traces bien plus graves et profondes que ça. Et pourtant, qu’est-ce qu’on peut s’y aggripper, à son assiette de caca, et en pincer pour ses vampires, comme en témoigne un lecteur qui se définit lui-même comme un apprenti autiste, pour ensuite constater qu’il vit trop dans le virtuel, et perd tout contact avec la réalité.
Je n’ai ni la vocation ni les compétences d’un thérapeute, juste un type ayant accepté d’endosser mon destin de futur ex-toxicomane, aujourd’hui orienté vers l’action : en aider d’autres à se rétablir.
Parce que j’étais devenu une sous-merde grâce au porno (la violence peut induire le même type d’effets) et qu’un jour j’en ai eu marre, je ne me pose pas la question de la légitimité de ma démarche. De toute façon, c’est ça ou retourner au caca, un jour ou l’autre. Et pourtant, quand quelqu’un m’avance un argument du style "je n’avais pas le choix", je suis le premier à lui répondre que c’est ce que disaient les nazis en 44 (en pensant à ceux qui sont restés garder les camps quasiment jusqu’à la fin)
Après, se pose évidemment le problème de "sortir de l’enfer d’internet pour plonger dans l’enfer d’une vie de merde" (flo), mais comme le disait (flo), "Quand on est petit, on a des aspirations fondamentales, ou peut-être même une seule aspiration fondamentale. Devenir. Et devenir quoi ? Devenir soi bien sûr. Et puis voilà que par là-dessus la société nous convainc que soi = quelqu’un d’honnête de vertueux, qui gagne bien sa vie avec une maison à la campagne une femme et 3 gosses. Alors on se met à vouloir tout ça. Et puis à un moment on a vaguement l’impression qu’on s’est fait arnaquer, mais on n’arrive pas à voir où, alors puisque c’est comme ça on décide éventuellement de devenir une larve : ne plus rien vouloir, puisqu’on n’a pas eu ce qu’on voulait.
Mauvais calcul, parce qu’on vient de jeter le bébé avec l’eau du bain. Soi, c’est du désir. Désir d’être soi, de se connaître… (=Dieu se manifeste pour s’aimer lui-même à travers sa création).
Il faut en revenir à ce qu’on désirait quand on était petit, se remettre dans cet état d’esprit, et repartir de là sans se laisser influencer par les autres.
"
J’ai l’impression de l’avoir recopiée déjà 3 fois cette année, celle-là, donc au lieu de radoter mon catèche, je pense que je vais prendre des vacances de blog et faire le nécessaire afin que le nécessaire soit fait.
J’aurai quand même tenu 2 jours de plus que mes blogopotes.
Mais n’oublions pas que l’essentiel c’est de participer, surtout quand la cause nous dépasse.
Et puis, toutes ces questions sont-elles vraiment là ou ne feignent-elles pas d’occuper un espace qui serait en fait plein de vacuité ???

Commentaires

  1. Arf. je viens prendre ma dose… Cela dit, je restitue l’énergie accumulée au travail, auprès de mon entourage et dans mon couple. J’ai même programmé l’apprentissage d’un art martial et la reprise d’une aide psychologique mais, effectivement, le costume de Dr Viking est encore un peu trop grand pour moi (qui plus est, je n’ai plus internet qu’au travail donc je peux pas trop abuser non plus).
    PS : En ce qui me concerne, je ne viens pas chercher les conseils du Dr Warsen (bon si quand même des fois…) mais plutôt lire du John Warsen. C’est déjà pas mal.

  2. Le docteur se joint à moi pour vous souhaiter nos meilleurs voeux de prompt rétablissement , et n’oubliez pas de vérifier dans quel sens vous enfilez vos suppositoires pour éviter les complications.

  3. Salut,
    C’est KlöD l’apprenti autiste.
    Alors non seulement John tu me traites de larve, mais maintenant je bouffe de la merde!!! ;o)
    C’est comme ça que tu traites tes patients!
    Je ne sais pas si je vais tenir le coup longtemps sur ce blog… ;o(
    A part ça, j’aurai une autre explication, une autre façon de voir les choses à te proposer.
    Il n’y a pas que le cyber dans la vie.
    Tous les médias sont en cause, et en nous renvoyant quotidiennement des images de population qui souffrent et survivent, quand l’entreprise elle-même (France Telecom pour moi) m’a fait croire (a essayé en fait de me faire croire) que j’avais de la chance, qu’il y en a qui font le même boulot que moi avec un bol de riz par jour et 70h par semaine, comment ne pas se contenter de sa condition de larve et se dire “j’en ai de la chance”.
    Autre chose: tu dis que tu t’es lancé dans l’action et tu publies tous les jours dans un blog…
    C’est tout comme action!?
    Car pour moi un blog… c’est de la cyber-dépendance… qui produit des larves… qui bouffent de la merde etc…
    Alors la question est donc posée: qu’est-ce que l’action!!!
    Agir par l’intermédiaire du web, est-ce agir?
    (parce que c’est bon j’ai compris, je suis une larve, mais que dois-je faire docteur finalement?)
    A+
    KlöD

  4. Je ne sais pas, KlöD. Si tu étais une larve, tu essaierais (j’espère) de te transformer en papillon. Je t’ai expliqué ce matin qu’à mon avis, le mieux pour toi c’était de trouver le courage d’aller consulter un psychiatre, en pressentant que tu aurais du mal à l’entendre; se faire cyb-ermite, ou même cyber-mite, faut vraiment avoir la vocation. Les satisfactions sont rares, bien qu’elles aient meilleur goût que le caca. On croit communiquer, mais bien souvent on psalmodie tout seul.

  5. Les psys que j’ai consultés jusqu’à présent n’ont fait que m’écouter sans me dire grand chose.
    Tu m’en as appris beaucoup plus sur moi-même.
    Les psys ne font qu’une observation médicale de tes propos, ils recherchent de simples symptomes.
    Ceci dit je suis en arrêt de travail jusqu’au 24/09. Eh oui je ne pouvais plus bosser. Par contre sur internet, tout va bien…
    Ce qui confirme ton diagnostic.
    Je dois aller voir un psy.
    Mais le pb dépasse la sphère cyber.
    Le harcèlement que j’ai subi a démarré dans la cour de l’école.
    Tout petit quand on commence à prendre conscience de l’existence et du “devenir”, on fait tous un voeu.
    Moi c’était: “je ne ferais de mal à personne”, persuadé que la gentillesse était LA solution aux rapports humains.
    Eh bien je crois avoir suivi à peu près cette morale.
    Par contre je n’ai jamais compris pourquoi j’étais le seul.
    Pourquoi il y avait une majorité de prédateurs.
    Et pourquoi j’étais incapable de leur faire face.
    Tout ceci a fini à l’âge de 45 ans.
    Je suis passé de dominé à dominant. Mon cerveau libéré, j’ai vu mon intelligence reprendre la place perdue, enfin qu’elle n’avait jamais eu. J’ai même appris la prédation.
    Mais les séquelles…
    S’il s’agit de séquelles.
    Car une vieille tante il y a quelques temps a dit à ma compagne que “quand je suis né, elle a su tout de suite que j’aurais des problèmes”.
    Alors si en plus c’est génétique…

    KlöD

    PS: au fait, tes vidéos sont géniales, de vrais petits bijous que j’aimerais avoir en grand format.
    Peut-être vas-tu les vendre.
    Dans ce cas-là il te faudra trouver un “modèle économique”… ;o)

  6. >> J’aurai quand même tenu 2 jours de plus que mes blogopotes.

    Non non, ch’uis encore vivant ! :p Mais je vais changer de style parce que ma chemise est trop étriquée.

  7. Quelle bande de merdes

    (commentaire le plus important mais qui passera innaperçu)

  8. Salut John.
    Voilà je suis allé voir un psy. J’ai suivi tes conseils.
    Ils m’ont emmené dans une grande maison avec plein de monsieurs en blanc.
    Bizarre le pyjama qu’ils m’ont donné, on a les bras croisés en permanence sans pouvoir les bouger.
    Et j’ai plein de petites pilules de toutes les couleurs à avaler tous les jours.
    De temps en temps un des monsieurs vient pour m’écouter et je lui raconte l’histoire de quand j’étais petit.
    Pour en arriver à John Warsen qui m’a bien aidé que je leur ai dit.
    Ils m’ont demandé qui était ce John Warsen.
    Je leur ai tout raconté.
    Ils vont peut-être venir te voir.
    J’ai pas mal fait j’espère?

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