mercredi 6 septembre 2006

des séductions haschichines

Un soir de la semaine dernière, sur le parking du centre bouddhiste où je me réfugiais souvent entre deux enseignements pour y pratiquer moult offrandes de fumée nicotinée, j’ai consommé mon pétard annuel avec un hippie vieillissant qui traine apparemment autour de la sangha depuis des années sans entrer vraiment dans la pratique (et il l’avoue "de bonne grâce" en se marrant, bien qu’on puisse méditer sur la nature de cette grâce), et je me suis mis à chercher les mots pour l’inciter à s’y mettre, vu qu’en principe, la nénergie c’est bon, et qu’on était quand même là pour ça. Il avait la tête de Lemmy Kilminster (Motorhead) en nettement plus fatigué et je lui ai suggéré d’appliquer la même attitude par rapport au chichon qu’il avait eu le courage et la détermination de le faire avec l’alcool trois ans plus tôt, sans même avoir l’idée de solliciter le secours d’une fraternité d’abstinents (comme on l’entend chez Flo, "un des signes qu’on est vraiment envoûté c’est qu’on ne pense même pas à demander de l’aide.") Bref. Faut quand même partir de là où en sont les gens. 














Il y eut alors comme un silence glacé dans notre conversation : l’ange du mal nous frôlait de son aile poilue sur le parking désert et dans la nuit nocturne, et j’avais d’un seul coup la réponse à la question posée un jour par un journaliste de Télérama, qui s’était demandé pourquoi, dans la série Twin Peaks, l’esprit du mal sautait d’un corps à l’autre avant de s’incarner dans celui d’un "hippie vieillissant"; l’ange du mal et son haleine froide, ses remugles de gâchis, d’apathie et d’ignorance, d’habitudes trop lourdes pour espérer en dévier le cours alors qu’on est déjà si près de la fin de partie… il aura peut-être de meilleures circonstances ou plus de discernement dans sa prochaine vie… j’ai ressenti une vague d’empathie pour ce gars, qui s’est mollement transmuée en lamentation raisonnée sur le fait qu’il était bien tard pour que moi-même me lance dans une telle entreprise (la pratique). Damned ! Mon intérèt fascinatoire® pour le bouddhisme était en train d’être souterrainement instrumentalisé en commémoration plaintive de celui que j’aurais pu être si j’avais pu bénéficier de circonstances plus favorables ou si ma grand-mêre avait eu des roulettes pour aller au cimetière à pied, mort de rire ! On a fini le pétard et on est retourné vers nos condisciples. Quelles sont les bonnes nouvelles propagées par le bouddhisme ? On va tous mourir. Pire encore : on est condamnés à renaitre éternellement dans l’océan de souffrance qu’est le samsara, dont la défectuosité n’est plus à prouver, et au sein duquel, according to the masters, nous trainons nos bottes depuis des temps immémoriaux (pas étonnant qu’on soit en quête d’un bon cordonnier !!!!) A moins qu’on fasse les efforts nécessaires pour lever les voiles (émotionnels et cognitifs) de l’obscurcissement qui nous font nous cogner à la vitre de notre Weltanschauung (représentation du monde) telles de joyeuses et masochistes mouches. Et que vu d’où on part et notre vitesse de croisière, plusieurs vies seront encore sans doute nécessaires. On se calme. Cet article sent un peu la cuite émotionnelle, bien que j’aie vécu tout cela avec une relative froideur, sans doute imputable à la fraîcheur de la nuit angevine (de poitrine). Cet épisode peu glorieux - mais ce n’était pas la gloire que j’étais venu chercher ici, plutôt un remède à la mélancolie - renforça ma conviction : les 30 pages de notes manuscrites rédigées à la hâte pendant ces 7 jours, comme un rappel de l’université, il y a 25 ans (tiens ça faisait longtemps) mais dans l’optique nouvelle d’y suivre des enseignement librement consentis plutôt qu’imposés, si tant est que ça veuille dire quelque chose, le fait que j’aie pleuré comme une madeleine au moment de prendre refuge, ce pétard même dérobé à mon hygiène de vie… bah ! nos réactions émotionnelles ne sont que des souffles agitant les voiles éponymes, et l’indice qu’il y a encore du taf. Je vais pas convaincre un seul cyberdépendant de cesser de se pogner avec ça, mais qu’est-ce que ça m’a fait du bien !

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