En 2005, Xavier avait gentiment accepté d'illustrer la naissance de mon blog. |
Le réchauffement climatique accélère la fonte du permafrost d'Internet, et le dégel a récemment mis à jour 17 ans d'archives des pingouins de Xavier Gorce.
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Je sais bien qu'il ne faut jamais décongeler un pingouinou
indégivrable, mais pensez donc :
17 ans d'archives de dessins de presse parus dans l'édition en ligne du journal le Monde, et qui continuent leur petit bonhomme de chemin sur le site de ce monsieur Gorce depuis qu'il a claqué la porte du prestigieux journal du soir.
( toutes les raisons de ce départ dans les pages intérieures de notre feuille de chou à scandale !!)
Certaines années, l'auteur compila ses meilleurs dessins en albums petit format carré, chez Inzemoon Editions.
Ces avatars modernes du Pif Poche de ma jeunesse se négocient aujourd'hui à prix d'or chez les bouquinistes afghans et ukrainiens des quais de Seine.
A ce propos, hier, en Ukraine, Vladimir Poutine a dénazifié soixante civils d'un coup. Ils avaient trouvé refuge dans l'école de Bilohorivka, dans l’est du pays, école qu'il a courageusement bombardée, au risque de blesser des militaires russes présents sur le terrain. Aujourd'hui, il célèbre tout seul la victoire du 9 mai 1945 et le triomphe du mensonge sur la vérité.
Je ne dis rien, je laisse l'ironie aux professionnels de la profession, Xavier saura bien faire son miel de ces atrocités règlementaires.
Ou alors, je cite un autre Vladimir, pour faire mon gros malinou et briller en société d'un simple clic. Jankélévitch disait : « la vérité ne triomphe jamais, mais ses ennemis finissent toujours par mourir ». Il arrive que ses défenseurs aussi...
Les Pif Poche de ma jeunesse : le numéro 37 " l'image de la chose n'est pas la chose" est devenu mythique dans le milieu des aficionados de la déconstruction de la pensée pifienne. |
Il ne resterait plus que 3 exemplaires dans le monde du numéro 28 (avec Maurice Biraud en guest-star) |
17 années d'archives brutalement décongelées, c'est quasiment l'intégrale des pingouins, dont je pensais être l'un des plus ardents derniers thuriféraires, puisqu'ils m'accompagnent depuis mes premiers pas hésitants sur la glace virtuelle des blogs (d'ailleurs il suffit de taper le mot-clé "gorce" dans le moteur de recherche interne de ce blog pour s'en convaincre, moi-même j'en fus stupéfait), et qu'ils m'épauleront sans doute jusqu'à la fin, qui est proche (la fin est toujours proche, c'est à ça qu'on reconnait mon blog depuis 2005).
A propos des pingouins, je désespérais de trouver un jour une intégrale.
Xavier Gorce ruine mon rêve en le réalisant, comme il le prophétisait dès 2004 avec ce dessin de plus en plus incunable, sauf sur mon disque dur hyper-secret. Non, pas celui-là, l'autre.
Pendant toutes ces années, Xavier Gorce est tour à tour politologue, moraliste, anthropologue, sociologue, mais surtout philosophe et humoriste, tendance vitriol. Le vitriol, ceux qui sont nés avant 1850 s'en souviennent peut-être, c'est le petit nom de l'acide sulfurique concentré. C'est très corrosif, mais quand tu en passes sur les vitres, après tu vois bien mieux à travers. C'est à ça que ça sert, l'humour : à décaper nos humeurs vitreuses, pour qu'on se voie mieux après.
Ces blagues sur les cent jours l'état de grâce semblent avoir été dessinées la semaine dernière à propos du second quinquennat de Napoléon IV, mais elles datent de 2005.
Les dessins de Xavier Gorce ont très peu vieilli, sauf ceux qui sont carrément en avance sur le turfu; même ceux qui évoquent des évènements politiques anciens nous les remémorent aisément, et la majorité de ses gags est intemporelle, parce que quand on brocarde la bêtise de ses contemporains, d'abord on n'est jamais en panne d'inspiration, ensuite on reste indémodable longtemps.
Alors, tout n'est-il que luxe, calme et volupté dans l'intégrale des indégivrables de Xavier Gorce ? Pas tout à fait; en créant son mausolée à sa propre gloire, le dessinateur s'est trompé dans l'encodage de sa page html, et à chaque fois que tu cliques sur une vignette pour en lire le contenu, ce message déceptif s'affiche. C'est perturbant, surtout si on ne comprend pas l'anglais.
Les oeuvres de Xavier Gorce seront bientôt rapatriés dans une aile du Musée Moderne, revisité ici par Nicolas de Crécy dans son Bibendum Céleste (1989) |
et la coda |
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