Bref je suis allé la voir hier en lui disant "faites moi tout sauf de la psychothérapie, j’ai dressé mon mental à faire trois fois le tour du pâté de maisons pendant que je reste calé sur mes chiottes"…
J’espère obtenir des techniques de recorporisation dans le monde des sensations, avant qu’elles ne soient prises en otage par le mental. Dit comme ça c’est carrément cucul, et c’est pas en faisant de l’ordi que je vais augmenter mon score, donc il est aussi sur la liste des activités à réduire dare dard.
Encore une de ces périodes où mes employeurs raréfiés me laissent mariner plus que de raison, j’ai dû bosser 6 jours en novembre alors que je suis à la fleur de l’âge et au top de la créativité. J’ai même pas fait exprès de rater la date limite pour poster ma candidature à l’audiovisuel public, et la machine à fabriquer du stress est quand même bien présente, même si les différents sevrages en cours lui font tourner la tête ailleurs.
J’aurais dû plus potasser le programme des AA, ils ont de bons outils. Je me serais pas retrouvé dans la cybermerde (sortie du cybercul.) Mais je ne voulais pas me confier à l’égrégore du groupe. La prière me faisait profondément chier, sans parler de l’inventaire moral. Les étapes du programme de rétablissement spirituel suggéré, je ne me voyais pas les pratiquer. Résultat, aujourd’hui je ne bois pas, ne fume pas et ne me branle pas, et je serais tenté de dire "et c’est tout" dans le sens où l’abstinence ne fait pas de moi un Superman (si sexy avec son slip par dessus) ni même un prophète à trois balles, si je n’avais l’intuition de la fatuité pseudo-désenchantée de ce "et c’est tout". Quand je cède aux sirènes poilues de l’auto-apitoiement, je me dis que j’aurais dû plus potasser dans le bardo précédent, cette incarnation me laisse stupéfait et les bonbons du tableau B sont des remèdes pires que le mal. Il y a peut-être des domaines dans lesquels j’ai des dons, à part pour prendre des gnons et ne pas les rendre. Mais j’ai pas les moyen de m’illusionner sur mes faiblesses.
Je me rappelle d’un gros malin qui avait déconné avec l’ésotérisme et qui commençait ses partages en réunion AA par "je suis abstinent de tout produit modifiant le comportement et j’envisage de devenir abstinent de tout comportement modifiant le comportement", ce qui n’était évidemment que vantardise : ses partages étaient parfois brillants, mais dès qu’on s’approchait de l’homme, on découvrait un transformateur EDF dont la plupart des circuits avaient fondu et qui était parcouru de courts-circuits en tous sens.
Ce matin, en faisant mon jogging, je réconcilie "je n’ai prise sur rien" (= je lâche prise) avec "je ne peux changer que moi-même" (= je me mets à bosser sur ce qui m’apparait incorrect, crooked, unefficient, painful… et sur cet encombrant et persistant sentiment du ridicule qui a lui aussi sa raison d’être au moins sur le plan historique : j’ai passé tant de temps à être à l’affût du moindre changement intérieur sans poser le plus petit bout d’acte quantique qui l’aurait suscité que je n’ai pas volé ces tourbillons fractals d’inhibition de l’action & de la pensée.)
note : un égrégore c’est quand un ensemble de gens pensent ou agissent pareil, ça crée une forme d’entité psychique. 10 termites ne bougent pas. 100 termites se mettent à construire une termitière. Bon, avec les humains, ça commence à deux. Le couple par exemple, est une sorte de 3è personne qui se crée par l’interaction de deux autres.
Aujourd’hui, je vois les comportements “auto-destructeurs” sous un autre jour. Pour moi, ils sont révélateurs du fait qu’il y a quelque part chez l’individu l’intuition de sa non-existence (en tant que je). Son mensonge quotidien lui devient insupportable : demain ça ira mieux, demain je serai heureux, j’aurai moins de défauts etc… Comme le dit le bouddhisme, l’existence est souffrance, et il est normal qu’il y ait dans l’individu une tendance qui veuille mettre fin à ce mensonge. Quand on naît avec une interrogation existentielle, ce n’est pas une thérapie qui va y mettre fin.
Rédigé par: flo | le 03 décembre 2005 à 02:40| Alerter Rédigé par: flo | le 03 décembre 2005 à 02:40 | GérerAujourd’hui je vois mon “besoin de te donner raison” (y compris quand tu chantes avec le vedantesque Souchon “et si en plus il n’y a Personne”) sous un autre jour. L’intuition de ma non-existence est réifiée en prétexte pour attacher peu d’importance à l’accomplissement de “ce qui doit être fait” dans le quotidien. La cessation de comportement auto-destructeurs ne signifie pas qu’on attache soudainement plus d’importance à la vie ou à quoi que ce soit, elle implique qu’on a pigé que la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, et que ce samsara particulier est auto-entretenu.
Rédigé par: john | le 03 décembre 2005 à 19:24| Alerter Rédigé par: john | le 03 décembre 2005 à 19:24 | GérerC’est comme les interrogations existentielles, qui sont là pour se (me) donner l’impression d’exister dans une certaine intensité, alors qu’elles m’éloignent de l’Etre, les bougresses. L’Etre émane quand on a enlevé assez de pelures à l’oignon. La thérapie, c’est juste pour enlever des couches.
Je voulais simplement dire qu’il ne faut pas culpabiliser de ses comportements auto-destructeurs car ils ne sont que l’autre face du mensonge quotidien. Une face pervertie, certes, mais quand même. Je veux dire par là que tout a sa place, et croire qu’il y a du bon et du mauvais ne fait que perpétuer les problèmes. Il n’y a ni bon ni mauvais, il n’y a que des phénomènes qu’il ne faut ni accepter ni rejeter. Accepter le mauvais, c’est mauvais. Mais accepter le bon, c’est mauvais aussi. Il faut simplement voir comment ils sont liés l’un à l’autre, et comment tous les deux sont, en fin de compte, des mensonges. Si la thérapie permet d’enlever des couches, c’est bien, mais si elle remplace par d’autres qui sont jugées “meilleures”, on n’a fait que remplacer une prison chinoise (dont on savait devoir se débarrasser) par un palais doré (dont on ne sait pas devoir se débarrasser).
Rédigé par: flo | le 03 décembre 2005 à 20:05| Alerter Rédigé par: flo | le 03 décembre 2005 à 20:05 | GérerDans l’auto-destruction, il y a quand même la culpabilité de se détruire soi (le soi qui nous a été donné) alors qu’on voudrait juste détruire le moi (le noeud dans le torchon) donc on peut dire que cette culpabilité est à sa place quand elle permet de passer à autre chose. Ni la prison chinoise ni le palais doré ! ma maison en bord de route me conviendra très bien. J’aime bien ta théorie sur l’auto-destruction, comme si les destroys avaient interprété de travers un zen qui explique que le vide à l’intérieur du bol est identique au vide de l’extérieur, et qui pensent qu’il faut briser le bol pour accéder à cette vérité.
Rédigé par: john | le 04 décembre 2005 à 01:22| Alerter Rédigé par: john | le 04 décembre 2005 à 01:22 | GérerIllusion de croire ou de prétendre qu’on puisse porter atteinte au Soi ! c’est comme si l’oeuf pensait porter atteinte à la Poule ! quant à détruire le moi…vantardise et hypocrisie ! le noeud sait très bien que sans lui, plus de torchon…