jeudi 30 mars 2006

Casser des Cailloux à Cayenne

Sur son blog, bruno 59 observe que "La réponse à la dépendance suppose d’accepter sa fragilité, pour prendre le chemin inverse de l’aspiration illusoire à la toute puissance que les différents produits auxquels nous avons succombé cherchent à alimenter ", aspiration illusoire qui manifeste un certain sens du réel puisqu’elle choisit de se traduire sous la forme de l’autodestruction plutôt que de s’essayer à la candidature à la présidence de la république : c’est alors dans la consomption que j’éprouve ma force, et paradoxalement dans le fait de survivre aux traitements épouvantables que je me fais subir. Reconnaitre sincèrement la nature erronée de ces comportements aussi répétitifs qu’inefficaces dans la résolution des conflits qu’ils ne peuvent qu’aviver, parfois alors même qu’on s’apprète à s’y réadonner de dépit et de frustration devant les difficultés d’apprendre à poser d’autres actes, peut être salutaire. C’est là qu’intervient la Puissance Supérieure (Telle Que Je la Conçois), trouvaille géniale des Alcooliques Anonymes, Qui ne nous engueulera jamais de prendre nos vessies pour des lanternes, divinité nécessairement bienveillante, elle nous suggère de prendre conscience qu’il y a d’autres voies que la Brûlure, que même fermement ancrés dans notre conviction orgueilleuse et identitaire de notre Manque de Valeur, nous pouvons nous ouvrir à d’autres expériences. Il s’agit de renoncer à poser des actes qui auraient pour conséquence de me sentir à nouveau Minable après un shoot émotionnel dont la violence est le caractère premier puisque quel qu’en soit le contenu intrinsèque, il ne fait que réactiver un ancien circuit de satisfaction plus ou moins désaffecté avec d’explosifs effets sur la mémoire cellulaire, vibratoire, énergétique, organique, ce que vous voulez. Par exemple, tous les 15 jours je cède à la panique devant la Nouveauté et je refume compulsivement un ou deux paquets de cigarettes. L’épouvante est circonscrite : elle s’abat en volutes asphyxiants sur la conscience, provoque ses dégâts collatéraux sur l’humeur et repart dans son trou. Et je passe encore trop de temps devant mon ordinateur pour avoir une Balance Commerciale des Actes qui soit Excédentaire. D’où l’impression de nager dans de la glu. Même la rédaction de ce blog est anxiogène. Or, si je l’écoute, la peur a quelque chose a me dire, de terriblement simple : je me suis gourré quelque part, mais je peux refaire mes choix. Si je "saisis" selon le terme bouddhiste/m’identifie à la personne que dessinent mes actes passés - un pauvre garçon assoiffé de pouvoir et de lâcheté devant le réel - ou présents - les balbutiements d’une conscience qui éprouve encore des réticences à lâcher le bord de la piscine - je suis foutu. Au fait, qu’est-ce que c’est, le chemin inverse de l’aspiration illusoire à la toute puissance ? l’aspiration réaliste à m’exposer aux conséquences de l’exercice de mes choix (je remets à plus tard l’inventaire délicat de l’étendue de cette liberté) C’est pourquoi je demande souvent à ma Puissance Supérieure : "Préservez-moi de me prendre pour un minable" : le grand silence froissé qui règne déjà entre moi et mes pulsions au goût sauvage, entre ma femme et moi, entre mon fils et moi, entre mon père et moi, aura bien du mal à se défroisser (sans parler du risque non nul que chacun des protagonistes ne décède prématurément d’autre chose de moins insidieux) sans mon précieux concours. Si la mauvaise conscience est la voix de Dieu, j’ai pas besoin de sonotone en ce moment, il faut juste que j’arrive à trouver le bouton de volume. D’après mes calculs, il jouxte pour aujourd’hui le bouton on/off de mon Mac. Et si ce blog redevient plaignos, je pourrai toujours l’abandonner vaguement confus sur une aire de repos des autoroutes de l’information.

Commentaires

  1. Fo pas qu’il reste hyper secret ton blog parce qu’il est hyper bien !

  2. Argh! Je comprends plus rien. Tu serais pas en train de lire Proust ou son grand-papa-ès-lettres, le duc de Saint-Simon, toi ?

  3. ben non, je n’ai rien lu de tout ça, d’ailleurs ça fait quelques années qu’à part des fadaises spiritualistes et le blog de Flo, je n’arrive plus à lire grand chose… par contre je te vois bien feuilleter les auteurs que tu cites. J’ai beauoup lu la contre culture sans être passé par la Culture. Bah, n’oublie pas la raison d’être de ce blog, sorte de capharnaüm virtuel sur le chemin du rétablissement de la dépendance sexuelle et informatique; tu me fais craindre qu’il y ait eu quelque chose à comprendre dans cette note à usage interne, mais ça me passera.

  4. >> tu me fais craindre qu’il y ait eu quelque chose à comprendre dans cette note à usage interne.

    Ouf! Ca me rassure.

    >> par contre je te vois bien feuilleter les auteurs que tu cites.

    J’ai lu Proust il y a une vingtaine d’années. C’est d’une finesse de sensibilité et d’expression extraordinaire (tout le contraire du fameux texte sur la balade en forêt). Ca vaut vraiment le déplacement.

    Je viens de lire Saint-Simon, mais c’est dans une édition affreusement tronquée malgré qu’il y ait marqué dans la préface “Peu d’auteurs ont plus à pâtir que Saint-Simon d’une lecture par fragments”. En bref, un véritable sabotage.

    Je préfère largement Proust, il est très profond et contemplatif alors que Saint-Simon m’a paru superficiel et langue de vipère. Apparemment, le ton du film “Ridicule” est très inspiré de ses mémoires. C’est une expression qu’il utilise plusieurs fois: “distribuer les ridicules”.

    Proust adorait Saint-Simon, je crois qu’il le cite plusieurs fois. Son style biscornu me semble très inspiré de celui de cet auteur.

lundi 27 mars 2006

Le bouddhisme pour les nuls




Reconnais tes erreurs cachées.
Approche-toi de ce que tu trouves repoussant.
Aide ceux que tu crois ne pas pouvoir aider.
Tout ce à quoi tu es attaché, abandonne-le.
Va dans les lieux qui t’effraient.

(quelques conseils donnés à une yogini tibétaine par son maître, rapportés par Pema Chödrön.)
Bigre ! Voici quelques vers propres à susciter exaltation et héroïsme chez le dépendant en quête de nouvelles valeurs qui lui permettraient de s’affranchir de ses chaînes anciennes. Or, Exaltation et Héroïsme sont franchement à laisser à la grille du parc. Les proscrire ne servirait à rien auprès d’une population hypersensibilisée aux charmes douteux de la transgression. Mais faut bien voir que l’une mène à la dépression et l’autre au ridicule. Il s’agit de recommencer à vivre à hauteur d’homme, c’est tout. Néanmoins, il serait tout aussi inutile de nier leur présence en tant que concepts : l’exaltation est conséquente à la prise de conscience de la chaine causale ayant entrainé la dépendance (les causes et les effets sont un) et du fait qu’on ne peut y échapper qu’en l’acceptant. Et l’héroïsme est la mauvaise fée qui vient se disputer avec qui veut en découdre avec elle à l’étroit portillon du mental la prétendance au trône du Pathétisme, et si les projections émotionnelles à connotation positive dans lesquelles on peut engluer les conseils des maîtres s’élèvent comme jonquilles printanières, elles n’ont rien à envier aux angoisses de faire de grossières erreurs de compréhension, qui viendraient alors ternir ces propos de bon sens de la boue dépressive et cloacale à laquelle on s’est prématurément habitué jusqu’à la trouver rassurante. Exaltation et Héroïsme révèlent alors leur vraie nature : Epouvante et Horreur. Alors la peur s’élève à son tour, maîtresse famillière et exigeante, la peur et son baiser de cendrier froid, semblant faire déguerpir tout espoir d’approcher un jour la vérité, qui exige qu’on renonce à nos idées les plus chères, celles que nous nous faisons sur nous. Et puis on se rappelle qu’on a lu Pema Chödrön et qu’on n’est pas là pour faire le malin ou pour convaincre les autres de sa propre fatuité, mais pour apprendre de nouvelles figures. Dans les premiers temps, n’importe quel ouvrage de spiritualité - qu’on nommera "développement personnel" pour éviter l’arrivée des E&H Sisters, sera le bienvenu s’il suggère une pratique à laquelle on puisse se consacrer une demi-heure par jour, qu’il s’agisse de méditation - qu’on nommera relaxation pour éviter de s’y croire alors que ça fait 25 ans qu’on lit des bouquins de "développement personnel" et que c’est peut être bien ça qui coince, de prière - on évitera d’apprendre des mantra par correspondance, et on laissera venir à soi les bienfaits de la pratique, quelle qu’elle soit. On regarde passer ces idées d’exaltation et d’héroïsme qui nous obstruent le chemin depuis si longtemps, on se retient de ricaner douloureusement et on respire fort. Dans le temps, je trouvais déprimante et flippante l’idée de "confier ma volonté et ma vie aux soins de Dieu tel que je le conçois" tel qu’il nous est suggéré à la 3ème étape du programme de rétablissement des AA. J’avais peur qu’apprendre à appuyer sur la pédale de la spiritualité de mon cerveau m’obscurcisse l’esprit, et puis j’avais peur de réussir, et puis peur d’échouer aussi. Aujourd’hui j’essaye de le faire de bon coeur et le plus souvent possible : d’abord parce que je sais qu’il est absolument impossible que j’y arrive donc je n’ai plus besoin d’avoir peur d’essayer, et puis si je ne mets pas un peu de bonne volonté dans cette affaire, j’aurai une abstinence aussi malheureuse que quand je me shootais. Dans ma famille où l’on a misé sur les vertus de la rationalité pour garder les moutons de la copropriété, va grandissant un grand silence froissé entre chacun de ses membres. Je peux bien prendre refuge où je veux, si je prends le soin de mettre mes actes en accord avec mes paroles. D’ailleurs, j’avais plein de trucs perso à raconter sur mon blog cette semaine mais Warsen a encore pris tout le lit. Ca sera pour la semaine prochaine : les bienfaits d’une bloggalisation modérée ne se sont pas fait prier pour honorer leur rendez-vous.

lundi 20 mars 2006

La bienveillance des enculés




Fidèle à la tradition maintenant solidement établie de faire un titre ronflant puis de m’endormir pendant la rédaction de l’article, je dirai aujourd’hui que je continue de m’éveiller du long sommeil gluant de la pornographie, et que même si je refuse de l’admettre (c’est pas un blog de chochottes ici…) c’est finalement assez émouvant. D’ailleurs, je ne dormais pas tout à fait; j’étais hypnotisé, épouvanté, subjugué et ravi, mais pas endormi. Néanmoins, c’est comme si j’avais passé quelques années au congélo sur la Planète Narcisse, peuplée de femmes lubriques aux désirs insatiables qui se pâmaient d’aise à la vue de mon engin, tandis que la mienne croupissait dans les limbes de mon indifférence et de mon irritabilité conséquente à mon incapacité à traverser l’écran et à disparaitre dans le coma dépassé du "stoned dead forever" promis et chanté par tous les fourgueurs de psychotropes.
Et maintenant il me faut reprendre ma vie là où je l’ai laissée, et d’abord la sortir des ronces et des orties. Je ne compte pas passer le réveillon là-dessus, l’addiction est une pantalonnade, mais on ne s’en rend compte que quand on est sevré, et la mission première de ce blog est de témoigner de la possibilité de s’en sortir, la seconde étant de permettre à l’auteur de faire un peu baisser la pression dans la chaudière sans y rajouter du charbon. Et puis, j’ai été esclave du porno, mais aussi des forums de cyber-addiction, du téléchargement, de la clope et de la bibine… je suis prédisposé à tendre l’oreille quand Flopinette dit que "le sentiment de toute-puissance est en réalité celui que l’on éprouve lorsque le corps énergétique est unifié, c’est-à-dire lorsqu’il devient omniprésent – on peut avoir un vague aperçu de ce que ça donne en rêve -. Autrement dit, le désir de puissance que nous exerçons sur nous ou les autres n’est que la dégradation de cet état originel non-séparé (d’avec nous-mêmes) que nous cherchons à retrouver. Mais il y a mieux. La béatitude que nous éprouvons dans ces états d’omniprésence n’est elle-même que le reflet de la béatitude qui est la 3è qualité de rigpa. Autrement dit, le désir de puissance n’est que la dégradation de la dégradation de la nature originelle. Qui s’étonnerait alors qu’il soit si bien accroché ?
Il en va de même pour le désir. Les cyberdépendants combattent leur désir. Pas de chance, le désir de la pétasse sur un écran n’est que la dégradation de quelque chose de plus haut, car la jouissance sexuelle n’est, de nouveau, qu’une version dégradée de la béatitude produite par l’union de la clarté et de la vacuité. Autrement dit, rejeter le désir, c’est jeter l’échelle qui nous permet de remonter à notre vraie nature. Et ça ne peut pas marcher.
Voilà pourquoi tout le monde tourne en rond. On rejette ce qui nous paraît mauvais. Alors que si nous comprenions que ce qui nous paraît mauvais n’est qu’une version déformée – mais pas tant qu’on le croit – de notre nature, ou de Dieu, tout irait bien mieux."

Je pense à un vieux membre des AA qui nous racontait en janvier qu’il avait été entre autres dealer, maquereau et faux-monnayeur, et qui nous parlait nonobstant de bienveillance, cette bienveillance envers tous les êtres et envers chacune de nos pensées… ses propos n’avaient rien d’angélique, il ne passait sous silence ni le panier de crabes ni les travers de porc, mais ce dark vador décati parlait assurément de la bienveillance du bouddhisme. Y’a vraiment que le bouddhisme pour me réconcilier avec mes déficiences les plus spectaculaires. C’est pourquoi les déshérités s’y pressent en masse.
Bienveillance ne signifie pas complicité.
Je développerai plus tard et sans piocher dans un bouquin.

vendredi 10 mars 2006

Testis unus, testis nullus…



C’est un proverbe latin qui signifie "si tu n’as qu’un seul témoin, ton cas sera difficile à défendre devant une cour " et que desproges traduisait plus lestement par "on va pas très loin avec une seule couille".
Voire : cette nuit j’ai révé qu’en faisant le ménage dans la maison, je perdais mes génitoires, elles se décrochaient tout bètement et chutaient par terre, bien à l’abri dans leur petit sac étanche, et comme j’étais en action, j’avais déjà la balayette et la petite pelle à la main, je les ramassais discrètement et les faisais glisser dans la poubelle. Il y avait du monde autour, s’agissait pas de se faire remarquer par des gestes déplacés ou des actes malséants. Aucun regret à m’en séparer : elles se détachaient, donc j’étais placé devant le fait accompli, et il était inutile de paniquer; pas l’ombre d’un voile émotionnel, juste la réaction adaptée à une situation donnée. Quelle que soit la manière dont je puisse interpréter ce rêve, la conclusion symbolique m’en réjouirait moins que de repenser à la réaction "pratique" de ma conscience onirique empressée à continuer son ménage sans s’attacher à de petits détails aussi anodins. Ca vaut bien une rupture de mutisme.

Commentaires

  1. Ca semble plutôt bon signe pour un blog sur la dépendance sexuelle. ;)

  2. c’est ce que je me suis dit aussi, mais je me méfie des hypothèses optimistes ;-( et d’ailleurs, si j’étais dans le lâcher prise, ça se saurait.
    sinon, t’as un alibi pour zôner sur un blog en grève ?

  3. Moi je suis là parce que j’avais oublié que t’étais en grève. C’est dire comme tu as été convaincant.

  4. si j’étais pas addict, j’aurais peur de sombrer dans la banane alitée. Mais c’est vrai que je pourrais parfois changer de disque. Ma chérie me susurre que ma perte de boules en faisant le ménage, c’est mon grand flip de macho : comme je passe plus de temps à la maison qu’elle, j’ai peur de m’avilir et de m’humilier aux tâches ménagères, de trop me féminiser. D’où je reviens, j’ai quand même de la marge. J’ai renoncé à la psychologie des rèves à trois balles, mais là, la perche était trop tentante pour elle.

  5. Au fait t’en es où de ta pratique ? ça avance ?

  6. j’ai mes pratiques négatives : ne pas fumer, ne pas fréquenter d’endroits mal famés sur internet, ne pas céder aux sirènes mécaniques de l’apitoiement et de la satisfaction - et mes pratiques positives : accepter ce qui m’est proposé aujourd’hui, prier ma puissance supérieure pour être délivré de mes déficiences, vipassaner le plus simplement possible pour rester dans mon corps, et courir au moins trois fois la semaine. Etre présent. Prendre refuge dans le programme des AA, qui contient beaucoup de suggestions pratiques pour les plaignos opacifiés, faut pas s’y fier. Demander à Dieu de prendre en charge ce que je ne sais pas gérer pour aujourd’hui. Et surtout poser des actes, pour pas me retrouver les mains vides le soir ! C’est marrant, parce que rien que la vigilance requise et mise en action par le vipassana dans sa version warsen élimine l’agressivité et le ressentiment, non grâce à ses agents blanchissants, mais parce que quand je suis là, les émotions perturbatrices ne peuvent y être. Et viens pas me chipoter sur la nature phénoménologique de ce “je” que je ne sors ni de mon chapeau ni de ma culotte. J’ignore sa nature, mais y’a que quand j’essaye de faire les choses correctement qu’il se manifeste. Depuis que je sais que c’est la peur qui me retient, j’ai moins peur.
    Ne plus me payer de mots. Le mensonge se rembourse cash.
    Il va falloir que je quitte mon ordi, aussi, sinon je vais rechuter dans les projections à trois balles. Je sais pas comment je vais gérer ça, pour l’instant j’appelle ce futur sevrage de mes voeux.
    My Gode, pour qui vais-je passer.
    J’oubliais aussi la lecture de ton blob, toujours aussi salubre quelle que soit la météo.

  7. Tiens, je m’autorise à commenter ton post car je trouve cela étrange que tu dises que ta femme interprète ton rêve bêtement, pourquoi ne serait-ce pas une possibilité . une éducation que tu as reçu plus jeune qui est restée dans un coin de ta tête et qui se manifeste à tavers ce qu’il peut et ne maitrise pas bien encore, le rêve..
    Tu es surement mieux placé que moi pour répondre à la question. Je trouve tout de même que tu as une apparence Virtuelle très male, ton ton plutôt sarcastique, un langage brut, tes jeux de mots . Après je ne peux pas dire quelle part tu attaches à cette particularité chromosomique.

  8. ma femme interprète mes rêves comme elle peut, et comme elle veut : en l’occurence, celui-ci était irrésistiblement freudien et elle ne pouvait pas ne pas l’interpréter comme elle l’a fait. J’ai juste dit que je renoncais à me satisfaire de ces explications “qui tombent sous le sens”, ce qui ne veut pas dire qu’elle soient fausses ! Bien sûr que j’ai un arrière plan macho, qui ne cadre pas avec d’autres aspects de mon bagage. Je ne maîtriserai jamais le rève, mais en observant l’émotionnel sans me laisser embarquer j’avancerai vers plus de conscience onirique.

lundi 6 mars 2006

Pauvres Warsens

Hier soir on s’est pris le chou avec Jeannette, j’étais en train de surfer sur des blogs hallucinants quand elle est descendue avec son pécé portable, elle voulait que je lui imprime un dossier sur lequel elle travaille actuellement. On a une imprimante et un modem ADSL pour deux, c ‘est ça l’amour. Tout content de sa visite dans ma caverne électronique, je lui fais écouter un album de variété française que je viens de télécharger en lui annonçant "ça c’est une chanson pour toi" : dans mon idée, ça allait lui plaire. Dès que je lui ai dit ça, elle m’a bien fait sentir que dans ma bouche "chanson pour toi" s’adressait à une race inférieure de sous-humanité, et que donc elle préférait ne rien entendre du tout plutôt que ma sélection humanitaire à destination des malentendants. J’ai surenchéri "ben oui, tu sais bien que je te prends pour une merde, t’as épousé un connard qui te prend pour une merde, c’est bien triste" mais le coeur n’y était plus, le charme était brisé. Comme ce blog ne me sert actuellement qu’à me monter/démonter le bourrichon en voyant pour qui je me prends (et donc voir qui je ne suis pas, qui je ne saurais être : le fils du retour de la vengeance du professeur d’explications) et avant qu’il se transforme en blog de slips sales et de fleurs fanées, attendu qu’il fait beau, que j’ai trois scénarios à écrire (rien que l’idée me paralyse de terreur, donc y’a du boulot en amont) que les phosphènes - en - amateur - éclairé et le vipassana - d’après - le - site - de - dhammadana en prennent une claque dans la pratique vu que les journées n’ont que 24 heures et qu’on peut pas être au four et au moulin, je me vote la grève du blog pour deux semaines. Un pote m’a dit : Tu passes déjà trop de temps devant "ta télé". J’ai surtout beaucoup de mal à me remettre de passer dedans, et ça ne me passera pas en restant devant. Bref. Soyez sages.

Commentaires

  1. Promis, on fera pas de bétises en ton absence. Bonne grêve de blog.

  2. Salut John, Content de te voir. Je savais pas que t’avais un blog…mais je me souvient bien de ton site perso avec la vidéo allucinante sur le theme : “La pornographie nous prend pour des branleurs”. Tu va bien sinon ? Colin PS: je suis un ancien du forum d’Orroz

vendredi 3 mars 2006

Ce con de Larcenet

Je trouve ce blog un peu proute-proute. Il est temps d’en déchirer la trame narrative, dans le respect de la personne humaine ou aspirant à le devenir, en gardant à l’esprit que la liberté ne consiste pas à faire caca partout.
Faire caca partout est l’apanage des enfants en bas âge, des frustrés que l’idée même de frustration frustre, et des malades mentaux qui se moquent bien de l’érosion de la bio-diversité et autres sujets d’Inquiétude Raisonnée®.
Dans cet esprit, il y a un album d’humour "minimal" qui vient de paraitre,
destiné au lecteur pauvre et/ou inculte - n’y manquez pas les
affligeantes aventures de starsky la palourde et hutch la moule.
Larcenet est un auteur prolifique,
mais il oeuvre dans des domaines très différents, bien que
ces vignettes le suggèrent acharné à taper toujours sur le même clou.
Taper sur le même clou est l’apanage des groupes de hard rock, des toxicomanes et de Lewis Trondheim.
En ce qui concerne les premiers, j’apprends ici que (prenez le temps de dérouler le résumé des articles, c’est rigolo) "mobilisant une religiosité ainsi qu’une liturgie, le metal est un fait social protéiforme et méconnu en France. Ses acteurs s’agrègent autour de figures charismatiques le temps de rites marqués par les excès. De même, les métalleux partagent un stock d’images et des thématiques tournées elles aussi vers les excès et les interdits (sexe, mort, mal, rejet à l’égard de l’institutionnel). Ce stock constitue, avec le rite, une facette de ce qu’il convient de nommer la « liturgie métallique ». Tout comme les signes de reconnaissance d’ailleurs (vêtements noirs, grosses chaussures, signe de la bête, langage vernaculaire) qu’ils adoptent plus particulièrement le temps des rites mais aussi dans leur quotidienneté et qui procèdent d’un cheminement initiatique. "
Quant aux seconds, je me souviens d’une amie bien dopée qui écoutait des musiques assez hard et qui après s’être retrouvée en rade de chichon un dimanche matin dans le fin fond de Troufignou-sur-Creuse, s’est vue obligée d’aller courir chanter la messe de toutes ses tripes à l’église du coin parce que "c’est tout ce qu’il y avait pour se défoncer."

çui-là c'est pas du Larcenet, c'est du Pessin, un génie qui travaille au Monde.

dimanche 26 février 2006

Forever old





Les vieux Motorhead, c’est ma madeleine de Proust. L’intro d’Overkill avec double grosse caisse, à chaque fois que je la mettais sur la platine dans ma chambre à l’étage, ma mère courait à la buanderie du sous-sol parce qu’elle croyait que c’était la machine à laver qui partait en vrille. Salauds de gosses. J’étais trop petit bourgeois et anxieux du regard de mes parents pour foirer mes études, mais ce boucan d’enfer qui donnait l’impression de mettre deux doigts dans la prise du début à la fin du vynile me procurait de délicieux frissons de délinquance sonore. Je ne comprenais rien aux paroles (de toute façon les amplis étaient gradués jusqu’à 11 et on comprend aux éructations de Lemmy Kilminster, transfuge du psychédélique Hawkwind, qu’il s’agit d’un message à caractère informatif sur l’urgence de vivre et de faire tout ce qu’une enveloppe humaine peut supporter, quel qu’en soit le risque) mais la brutalité du son me ravissait sur le plan énergétique. Je percevais une certaine intégrité dans ce jusqu’au-boutisme sans fioritures alors que mes condisciples lycéens s’égaraient avec AC/DC dans une frénésie de poseurs à voix suraigües dont l’adolescent pubère constituait manifestement le coeur de cible.

December’s child, the only one,
What I do is what I’ve done,
I realize, I get so cold,
When I was young I was already old,
My life, my heart, black night, dark star, Capricorn.

Vraiment la bande-son idéale pour faire son repassage le dimanche.
La simplicité du riff de Bomber confine à la rouerie, mais laissez-le vous occuper le cerveau pendant les 3 minutes 40 de la durée réelle du morceau : l’expérience sera moins ennuyeuse que de répéter 2000 fois le mot "cuiller", dose suffisante pour qu’il ait perdu pas mal de sa cuillerité sans acquérir de qualité intrinsèque autre, mais il vous en restera assez pour pénétrer dans le monde merveilleux des mantras, et vous risquez fort de vous surprendre à fredonner ledit riff au cours de la journée.
Je n’ai jamais prété foi au folklore sataniste qui entourait certains groupes de hard-rock, et ne comprenais pas le sérieux des enragés de la chose (je n’étais néanmoins pas assez inconscient pour en rire ouvertement et risquer un cassage de gueule discount) : jeans raides de crasse, mauvaise bière et filles masculinisées. Ils en avaient autant à mon service : j’avais l’air d’un étudiant flippé qui cherchait à s’encanailler à bon compte. La séduction qu’exerçait sur moi cette transgression méthodique des règles du bon goût, cet appel à la fureur et à la destruction préfigurait sans doute l’appel des sirènes du porno : le hard, comme le porno, procède par identification, et vous vous attribuez un peu vite les qualités - invulnérabilité du chef viking en colère (et si possible incarné par Michael Chiklis) pour l’un, puissance virile pour l’autre - de ce que vous consommez. Mais pour s’y croire vraiment, rien de tel que de reproduire un comportement, et je jouais aussi mal, aussi fort et aussi seul de mon Ibanez imitation Les Paul et de mon Novanex 100 watts que de ma bistouquette 15 ans plus tard, ce qui semble indiquer la supériorité de la masturbation sur le hard-rock pour assurer la paix sociale dans les quartiers sensibles, Chirac l’a bien compris quand il parlait de réduire la fracture numérique dans le pays.

Commentaires

  1. J’aime bien les mélodies du hard, le problème c’est que le son est super délétère au niveau du corps énergétique. Tiens je vais faire un post…

  2. ah la la…y’en a pas un qui m’aurait dit que mon lien ne marchait pas et que pendant 2 jours on a vu mon nom pas secret du tout à la place du mp3 de la mort… ni que mon ton professoral de rock-critic frustré masquait mal mon narcissisme compassé qui, ne pouvant plus se nourrir de porno, est obligé de se rabattre sur les valeurs sûres…