jeudi 30 mars 2006

Casser des Cailloux à Cayenne

Sur son blog, bruno 59 observe que "La réponse à la dépendance suppose d’accepter sa fragilité, pour prendre le chemin inverse de l’aspiration illusoire à la toute puissance que les différents produits auxquels nous avons succombé cherchent à alimenter ", aspiration illusoire qui manifeste un certain sens du réel puisqu’elle choisit de se traduire sous la forme de l’autodestruction plutôt que de s’essayer à la candidature à la présidence de la république : c’est alors dans la consomption que j’éprouve ma force, et paradoxalement dans le fait de survivre aux traitements épouvantables que je me fais subir. Reconnaitre sincèrement la nature erronée de ces comportements aussi répétitifs qu’inefficaces dans la résolution des conflits qu’ils ne peuvent qu’aviver, parfois alors même qu’on s’apprète à s’y réadonner de dépit et de frustration devant les difficultés d’apprendre à poser d’autres actes, peut être salutaire. C’est là qu’intervient la Puissance Supérieure (Telle Que Je la Conçois), trouvaille géniale des Alcooliques Anonymes, Qui ne nous engueulera jamais de prendre nos vessies pour des lanternes, divinité nécessairement bienveillante, elle nous suggère de prendre conscience qu’il y a d’autres voies que la Brûlure, que même fermement ancrés dans notre conviction orgueilleuse et identitaire de notre Manque de Valeur, nous pouvons nous ouvrir à d’autres expériences. Il s’agit de renoncer à poser des actes qui auraient pour conséquence de me sentir à nouveau Minable après un shoot émotionnel dont la violence est le caractère premier puisque quel qu’en soit le contenu intrinsèque, il ne fait que réactiver un ancien circuit de satisfaction plus ou moins désaffecté avec d’explosifs effets sur la mémoire cellulaire, vibratoire, énergétique, organique, ce que vous voulez. Par exemple, tous les 15 jours je cède à la panique devant la Nouveauté et je refume compulsivement un ou deux paquets de cigarettes. L’épouvante est circonscrite : elle s’abat en volutes asphyxiants sur la conscience, provoque ses dégâts collatéraux sur l’humeur et repart dans son trou. Et je passe encore trop de temps devant mon ordinateur pour avoir une Balance Commerciale des Actes qui soit Excédentaire. D’où l’impression de nager dans de la glu. Même la rédaction de ce blog est anxiogène. Or, si je l’écoute, la peur a quelque chose a me dire, de terriblement simple : je me suis gourré quelque part, mais je peux refaire mes choix. Si je "saisis" selon le terme bouddhiste/m’identifie à la personne que dessinent mes actes passés - un pauvre garçon assoiffé de pouvoir et de lâcheté devant le réel - ou présents - les balbutiements d’une conscience qui éprouve encore des réticences à lâcher le bord de la piscine - je suis foutu. Au fait, qu’est-ce que c’est, le chemin inverse de l’aspiration illusoire à la toute puissance ? l’aspiration réaliste à m’exposer aux conséquences de l’exercice de mes choix (je remets à plus tard l’inventaire délicat de l’étendue de cette liberté) C’est pourquoi je demande souvent à ma Puissance Supérieure : "Préservez-moi de me prendre pour un minable" : le grand silence froissé qui règne déjà entre moi et mes pulsions au goût sauvage, entre ma femme et moi, entre mon fils et moi, entre mon père et moi, aura bien du mal à se défroisser (sans parler du risque non nul que chacun des protagonistes ne décède prématurément d’autre chose de moins insidieux) sans mon précieux concours. Si la mauvaise conscience est la voix de Dieu, j’ai pas besoin de sonotone en ce moment, il faut juste que j’arrive à trouver le bouton de volume. D’après mes calculs, il jouxte pour aujourd’hui le bouton on/off de mon Mac. Et si ce blog redevient plaignos, je pourrai toujours l’abandonner vaguement confus sur une aire de repos des autoroutes de l’information.

Commentaires

  1. Fo pas qu’il reste hyper secret ton blog parce qu’il est hyper bien !

  2. Argh! Je comprends plus rien. Tu serais pas en train de lire Proust ou son grand-papa-ès-lettres, le duc de Saint-Simon, toi ?

  3. ben non, je n’ai rien lu de tout ça, d’ailleurs ça fait quelques années qu’à part des fadaises spiritualistes et le blog de Flo, je n’arrive plus à lire grand chose… par contre je te vois bien feuilleter les auteurs que tu cites. J’ai beauoup lu la contre culture sans être passé par la Culture. Bah, n’oublie pas la raison d’être de ce blog, sorte de capharnaüm virtuel sur le chemin du rétablissement de la dépendance sexuelle et informatique; tu me fais craindre qu’il y ait eu quelque chose à comprendre dans cette note à usage interne, mais ça me passera.

  4. >> tu me fais craindre qu’il y ait eu quelque chose à comprendre dans cette note à usage interne.

    Ouf! Ca me rassure.

    >> par contre je te vois bien feuilleter les auteurs que tu cites.

    J’ai lu Proust il y a une vingtaine d’années. C’est d’une finesse de sensibilité et d’expression extraordinaire (tout le contraire du fameux texte sur la balade en forêt). Ca vaut vraiment le déplacement.

    Je viens de lire Saint-Simon, mais c’est dans une édition affreusement tronquée malgré qu’il y ait marqué dans la préface “Peu d’auteurs ont plus à pâtir que Saint-Simon d’une lecture par fragments”. En bref, un véritable sabotage.

    Je préfère largement Proust, il est très profond et contemplatif alors que Saint-Simon m’a paru superficiel et langue de vipère. Apparemment, le ton du film “Ridicule” est très inspiré de ses mémoires. C’est une expression qu’il utilise plusieurs fois: “distribuer les ridicules”.

    Proust adorait Saint-Simon, je crois qu’il le cite plusieurs fois. Son style biscornu me semble très inspiré de celui de cet auteur.

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