lundi 20 mars 2006

La bienveillance des enculés




Fidèle à la tradition maintenant solidement établie de faire un titre ronflant puis de m’endormir pendant la rédaction de l’article, je dirai aujourd’hui que je continue de m’éveiller du long sommeil gluant de la pornographie, et que même si je refuse de l’admettre (c’est pas un blog de chochottes ici…) c’est finalement assez émouvant. D’ailleurs, je ne dormais pas tout à fait; j’étais hypnotisé, épouvanté, subjugué et ravi, mais pas endormi. Néanmoins, c’est comme si j’avais passé quelques années au congélo sur la Planète Narcisse, peuplée de femmes lubriques aux désirs insatiables qui se pâmaient d’aise à la vue de mon engin, tandis que la mienne croupissait dans les limbes de mon indifférence et de mon irritabilité conséquente à mon incapacité à traverser l’écran et à disparaitre dans le coma dépassé du "stoned dead forever" promis et chanté par tous les fourgueurs de psychotropes.
Et maintenant il me faut reprendre ma vie là où je l’ai laissée, et d’abord la sortir des ronces et des orties. Je ne compte pas passer le réveillon là-dessus, l’addiction est une pantalonnade, mais on ne s’en rend compte que quand on est sevré, et la mission première de ce blog est de témoigner de la possibilité de s’en sortir, la seconde étant de permettre à l’auteur de faire un peu baisser la pression dans la chaudière sans y rajouter du charbon. Et puis, j’ai été esclave du porno, mais aussi des forums de cyber-addiction, du téléchargement, de la clope et de la bibine… je suis prédisposé à tendre l’oreille quand Flopinette dit que "le sentiment de toute-puissance est en réalité celui que l’on éprouve lorsque le corps énergétique est unifié, c’est-à-dire lorsqu’il devient omniprésent – on peut avoir un vague aperçu de ce que ça donne en rêve -. Autrement dit, le désir de puissance que nous exerçons sur nous ou les autres n’est que la dégradation de cet état originel non-séparé (d’avec nous-mêmes) que nous cherchons à retrouver. Mais il y a mieux. La béatitude que nous éprouvons dans ces états d’omniprésence n’est elle-même que le reflet de la béatitude qui est la 3è qualité de rigpa. Autrement dit, le désir de puissance n’est que la dégradation de la dégradation de la nature originelle. Qui s’étonnerait alors qu’il soit si bien accroché ?
Il en va de même pour le désir. Les cyberdépendants combattent leur désir. Pas de chance, le désir de la pétasse sur un écran n’est que la dégradation de quelque chose de plus haut, car la jouissance sexuelle n’est, de nouveau, qu’une version dégradée de la béatitude produite par l’union de la clarté et de la vacuité. Autrement dit, rejeter le désir, c’est jeter l’échelle qui nous permet de remonter à notre vraie nature. Et ça ne peut pas marcher.
Voilà pourquoi tout le monde tourne en rond. On rejette ce qui nous paraît mauvais. Alors que si nous comprenions que ce qui nous paraît mauvais n’est qu’une version déformée – mais pas tant qu’on le croit – de notre nature, ou de Dieu, tout irait bien mieux."

Je pense à un vieux membre des AA qui nous racontait en janvier qu’il avait été entre autres dealer, maquereau et faux-monnayeur, et qui nous parlait nonobstant de bienveillance, cette bienveillance envers tous les êtres et envers chacune de nos pensées… ses propos n’avaient rien d’angélique, il ne passait sous silence ni le panier de crabes ni les travers de porc, mais ce dark vador décati parlait assurément de la bienveillance du bouddhisme. Y’a vraiment que le bouddhisme pour me réconcilier avec mes déficiences les plus spectaculaires. C’est pourquoi les déshérités s’y pressent en masse.
Bienveillance ne signifie pas complicité.
Je développerai plus tard et sans piocher dans un bouquin.

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