Il y a un mec que j’aime bien sur le forum des dépendants sexuels, il s’est sobrement intitulé "Super-Guerrier 3000", poste très peu, et l’essentiel de ses messages tourne autour du fait qu’il cultive la respiration profonde, son indifférence à la Pornographie, le calme et la paix intérieure. "En gros, j’ai cessé de donner à la Pornographie le pouvoir de m’asservir, bref je me désintéresse d’elle. Maintenant je m’en moque." Que n’ai-je pris cette voie ! mais il est toujours possible de refaire ses choix quand ils ne nous satisfont plus.
John B. Root m’a répondu : "D’abord, j’ai visité ton site et je l’ai aimé. Ton désespoir métaphysique, ton humour noir, tes délires science-fictionnesques et tes dessins sont beaux. Pardonne le ton un peu aigre de ma réponse à ton film sur mon propre blog aujourd’hui. Mais, dans ma situation d’animateur du joyeux club des amateurs du vrai trou de balle en fleur, je n’avais pas le choix. Je n’en pense, parfois, pas moins. J’ai 47 balais et 12 années passées dans les orifices des filles. J’ai eu le temps de mûrir…"
Il a fait littéralement exploser la fréquentation de mon blog : de trois pelés et deux tordus par semaine, je suis passé à + de 500. D’où mon désarroi de n’être pas encore une publicité vivante pour le rétablissement.
Alors je lui réponds : "je vais finir par penser comme le Pen, que plus on parle de moi mieux c’est, bien que je n’aie rien à fourguer. L’abstinence de porno, c’est un choix perso après avoir constaté ses effets "dévastateurs" sur ma libido et mon regard sur la vie en général. Un peu comme boire de l’eau salée quand on a soif : pas terrible comme résultat.
Ma tristesse et mon désespoir métaphysique (fichtre ! ) préexistaient à mon addiction, lui ont servi d’alibi, et lui survivront peut-être, je sais pas, c’est pas des trucs sur lesquels on a directement prise.
L’abstinence n’est pas non plus ce mot d’ordre à la con qui ne désigne qu’une absence d’autorisation de jouissance. Il faut trouver du fun ailleurs, reprendre son pied sans baisser son froc devant son ordi. C’est le plus dur, mais quel challenge !"
Evidemment, pour ça il faut aussi laisser tomber les métaphores guerrières, les armures et tout le bataclan.
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
dimanche 21 mai 2006
Super-guerrier 3000
samedi 13 mai 2006
Jeannot Bistouquette
…par le plus grand des hasards, je m’appelle John aussi.
Et je viens de travailler avec quelqu’un (je suis monteur) qui a fait ses études de cinéma avec toi, et qui t’a un peu perdu de vue depuis, mais ce n’est pas le propos, c’est le concours de circonstances qui m’a rappelé ton travail.
film Quand je me shootais au porno, j’ai fait un petit film sur le sujet.
J’aimerais que tu le regardes en préambule.
Il t’arrachera peut-être un pauvre sourire. C’est un autoportrait mi-figue mi-raisin.
Contribution à l'étude de la pornographie (version longue et dure) from john warsen on Vimeo.
J’ai cherché dans l’imagerie de cul quelque chose qui n’y était pas, basta.
Ca a été assez hard de me cartonner à ça, et j’ai trouvé plus dur de décrocher du cul virtuel que de l’alcool.
Je suis tombé sur un psy qui avait connu le problème personnellement, et qui a monté un site sur la question.
Je me suis rétabli avec son aide. Je me sens redevable.
Il y a des gens qui ont les yeux plus grands que le ventre.
C’est un peu ton fonds de commerce.
Pourquoi je t’écris ?
Je rêve peut-être, mais vu les accros et les dégâts que le porno génère, je rêve de la petite étiquette "consommer avec modération" sur la bouteille.
"Réservé aux adultes" me semble insuffisant.
Je ne vais pas râler après un marchand d’armes en me plaignant que les produits que je lui ai achetés peuvent blesser. Mais en jetant un oeil sur ton blog, j’ai vu que tu te targuais d’une certaine liberté de ton et ouverture d’esprit sans doute peu fréquentes dans le milieu. Quand tu auras parcouru cette étrange littérature, rédigée par des "victimes consentantes" qui se sont amochés plus que de raison avec l’industrie du cul, peut-être mettras-tu le site d’orroz (ou le forum actuel) en lien sur ton blog ou sur ton site ?
c’est pas grand chose et ça peut en aider plus d’un.
Tu comprendras que je ne peux pas trop trainer sur ton blog.
Pour un alcoolo, il faut boire le premier verre pour rechuter.
Pour un ex-porno dépendant, faut pas trop en voir.
merci de m’avoir lu."
Je ne pense pas qu’on me retrouve avec deux balles dans la nuque dans le coffre d’une DS sur ce coup-là. Ce serait m’accorder un peu trop d’importance. Je ne vois pas non plus ce qu’il pourrait me répondre : il en vit, j’ai failli en mourir.
Je n’ai pas envie non plus de devenir un activiste.
Mais on réfléchissait récemment à ce qu’on pouvait faire, à part radoter sur les forums.
Du coup, j’ai l’impression que je suis encore plus naïf que ce que je pensais.
J’imagine Paul Ricard recevant une délégation d’anciens buveurs venus l’informer de la nocivité de l’alcool, leur manifestant un intérèt de façade en se retenant de rigoler.
Pas grave. C’est fait. Je retourne au jardin.
Commentaires
- l’interview qui m’a donné envie d’écrire à john (je la mets ici parce que sur la page où je l’ai trouvée il y a des photos qui pourraient faire bobo à un public adulte et non sevré) :
En 76 c’était une époque bénie pour le cul, l’année où les films X étaient autorisés. Il y avait plus de films X que de films normaux . Les films étaient vachement bien, la production française avait de la gueule, des films en 35 mm avec des scénarios. Je passais mon temps à me branler dans les salles de cinéma. Des filles comme Marilyn Jess avaient 18 ans, j’avais 18 ans c’était le monde idéal ! On avait l’espoir que ça devienne quelque chose, et puis le censeur est passé avec la loi de finance, et foutu le X dans un petit ghetto, où il est toléré à condition d’être insignifiant.
-Et puis la loi de finance est arrivée, la vidéo qui a définitivement enterré le genre ?
Le X n’est plus fait par des gens du cinéma, mais par des gens qui faisait des fringues dans le sentier et qui ont trouvé un moyen plus simple et plus rigolo de gagner de l’argent.
Ils achètent un caméscope à la Fnac, ils tournent ça chez eux avec une apprentie shampouineuse, ils mettent une belle jaquette et ils vendent ça. Mais c’est pas des films, c’est des produits de consommation sexuelle qui servent à se branler, mais c’est ça qui fait avancer le genre.
-Pour en revenir à ton parcours, tu deviens journaliste, tu écris des bouquins pour des enfants, des reportages…
-Avec une vie de famille, des enfants…Tu as des enfants ?
J’ai vécu marié avec deux enfants pendant 15 ans !
-Alors qu’est ce qui a fait que tu abandonnes une situation plutôt confortable…
Je m’emmerdais ! j’ai eu envie de recommencer à jouer avec des trucs qui m’enthousiasmait tant quand j’étais ado. Ca s’appelle la crise de la quarantaine !
J’ai recommencé à fréquenter en douce les sex-shop, les cinémas X, acheter des cassettes porno Mais mener une double-vie, c’était pas possible., je n’allais pas recommencer honteusement à aimer la pornographie. J’ai donc inventé John B. Root en 95.
-Ca a bien marché. Tu as été le premier à faire des cd rom X…
Ca n’a jamais bien marché.
-Quand même !
Ca n’a jamais bien marché économiquement. Je n’ai jamais su gagner ma vie avec ce métier. Et encore aujourd’hui. Mais ça a été passionnant d’un bout à l’autre….
-J’ai commencé par les cd-rom et puis Canal est venu me voir car ils aimaient mes cd-rom, et ils m’ont demandé de faire un programme interactif diffusé à la télé. On a fait Cyberix, un truc monstrueux ! 24 acteurs en direct, ça a coûté une fortune et j’ai jamais revu l’argent !
J’avais fait un tel trou dans la caisse, qu’il a fallu que je me mette à faire des films, en se disant qu’on ferait peut-être de l’argent. Mais je l’avais pas du tout prévu de faire des vidéos X, je pensais que le marché était saturé. A l’origine la boite que j’avais monté devait produire pour moitié des programmes pour la jeunesse. Mais John B. Root a tout bouffé !
-Dans les dernières interviews que j’ai lues, 2004 n’avait pas l’air formidable.
Ca a été la pire année d’existence de la boite. Tous nos marchés sont tombés. Canal ne diffusait plus nos films, le retour de l’ordre moral a fait que toutes les chaînes ont arrêté de se lancer dans des projets. Le carnet de commande était vide. On ne payait même plus le loyer, c’était une année épouvantable. On s’en sort peu à peu.
-Tu me diras en ce moment c’est plutôt la crise pour tout le monde. Tous les professionnels se plaignent.
Oui mais c’est leur faute. A force de pratiquer une politique de marchand de fruits et légumes, de vendre n’importe quoi avec des belles jaquettes, ils ont tué le marché. Maintenant ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Je l’avais écrit il y a cinq ans dans porno blues, et on y est. Le marché est mort.
(…)
-Et les films du genre extrêmes uro, scato…
Toutes ces franges du porno sont absolument indispensables. Si le porno arrête d’être salissant, faut qu’il arrête complètement.
-Alors toi, tu pourrais faire un film scato ?
Moi je peux tout filmer s’il y a du plaisir. Je ne vois pas pourquoi je ne tournerai pas du scato, du dégueu, du SM si je connais les codes. Si un couple prend un vrai plaisir, je ne vois pas pourquoi je ne le tournerai pas. Je ne suis pas raciste envers les sexualités ! Par contre je ne le mettrai peut-être pas sur le site, pour ne pas choquer les visiteurs. Ou alors avec un gros avertissement !
-Et les films de viol ?
Ah non, certainement pas. La seule chose qui compte est le plaisir. Le SM c’est encore autre chose, c’est un choix.
Mais même si ça amuse la fille de faire semblant de se faire violer, ça fout trop de merde dans le crane des mecs. Il ne faut pas que l’on croie qu’on peut imposer le plaisir.
-Et les films d’inceste ?
Non. Dès qu’on mélange le sexe avec du pouvoir ou de l’argent, on tombe dans la prostitution, la pédophilie, le viol… Le sexe ça ne se mélange avec rien d’autre, ça se mélange avec du plaisir.
-Pourtant beaucoup d’éditeurs Francais le font.
Ca fait un tort considérable au métier. Cet automne, tout le monde parlait de ces cassettes de viols qui nous ont attiré les foudres. J’ai passé mon temps à me défendre à la télé contre des gens qui disaient c’est parce que le porno est autorisé qu’il y a des viols dans les banlieues. Il faut arrêter avec le sexe non-consenti parce que c’est la pente glissante. Faire croire qu’une nana prend du plaisir parce qu’on la viole…on est dans le pourri.
-Maintenant que tu es présent sur internet, que penses-tu de l’accès des mineurs aux sites X ?
Il y a des solutions, il y a des moyens, mais c’est un vrai problème. En France, le législateur ne veut pas trancher. On vit de la tolérance du législateur, on est dans un pays de Tartuffe ! Aux Etats-Unis, ils ont tranché : l’utilisation d’une carte de crédit fait preuve de majorité.
L’outil de filtrage il existe. C’est comme à la télé. Si les parents utilisaient le code parental de leur décodeur les gamins n’auraient pas accès aux films.
Rédigé par: john | le 13 mai 2006 à 20:30| Alerter - Ben en fait ça pose un vrai dilemme. Sans les gens comme toi, je serais à la rue. Je vois bien qu’il y a des pauvres gars qui m’achètent toutes les videos. Mais si le salut de leur âme doit me ruiner, je n’ai pas assez de compassion pour ça. Si je faisais un bel héritage, j’arrêterais de vendre ça. Mais pour le moment j’ai rien et pas de retraite quand j’aurai 60 ans. Envoyer mes clients sur le forum d’Orroz serait un véritable luxe. Tu vas me dire que je pourrais faire un travail honnête. Mais si je travaille, je ne peux pas pratiquer. Le salut de mon âme passe par la damnation de celle des autres, cev qui est assurément étrange… Alors que faire docteur ?
Rédigé par: flopinette | le 14 mai 2006 à 09:04| Alerter - “Le salut de mon âme passe par la damnation de celle des autres” : si tu poses l’équation en ces termes, je ne vois pas non plus comment la résoudre. D’ailleurs je me demandais comment tu t’en dépatouillais, mais je n’ai pas pensé à toi en écrivant ça. Et pourtant, les rapports entre Jeannot Bistouquette et Flo Pinette sont maintenant clairs
il y a quelques semaines, tu m’écrivais “Pour information, ce que je mets sur mon site ne présente pas le moindre
intérêt à mes yeux. Mais comme il en présente pour d’autres et que ces
autres sont prêts à payer, et que ces vidéos sont faciles à faire, je ne
vois pas pourquoi je me ferais chier à bosser 35 heures par semaine pour
gagner une misère alors que je peux gagner plus en ne foutant presque rien.” C’était peut-être écrit un peu vite, mais je prends ce que tu me donnes dans l’état où c’est.
J’ai lu sur le blog de la vache cosmique : “Comme l’enseignent les Maîtres Kadampas, l’imbécile est une bénédiction : il vous enseigne la pitié”.
Mais lui, il apprend quoi ?
Et un jour tu as écrit “si les gens savaient ce qu’est la compassion, ils découvriraient que c’est exactement le contraire de ce qu’ils pensent. C’est à l’exact opposé. Comme la spiritualité.”
Est-il plus charitable de parler de maladie ou de stupidité localisée à l’endroit de ces “pauvres” dépendants ? Il y a longtemps que certains sites de culs référencent en lien les Sexoliques Anonymes. Ce n’est pas plus choquant ou hypocrite que “fumer tue” sur les paquets de clopes. L’avatar d’un copain sur le forum dépendance sexuelle, c’est une petite phrase encadrée de noir : “le porno nuit gravement à la santé mentale.” Dans notre monde, l’information et le profit ne sont pas à une incompatibilité près.
De toute façon, nul espoir de guérir les malades sans leur concours actif. Entre rendre l’information accessible et scier la branche sur laquelle tu es assise en lotus, il y a de la marge.
Rédigé par: john | le 14 mai 2006 à 15:18| Alerter - Ah oui tiens, ça pourrait passer pour de l’humour. Cela dit ma clientèle ne parle pas français à 90%.
Rédigé par: flopinette | le 15 mai 2006 à 02:13| Alerter - bonne occasion de participer au retour du rayonnement intellectuel de la patrie (actuellement rayonnement fossile) en leur expliquant que la “french touch” ça peut aussi s’exprimer par la “don’t touch”… ceci dit, si le branling, ce nouveau sport de l’extrème, nous vient d’outre-atlantique, les mouvements d’abstinents y sont aussi nés, bien qu’ils aient plus de mal à traverser l’océan. Mais ce n’est qu’une question de temps.
En plus, je raconte des bêtises : Orroz est 100% français et n’a pas attendu de faire partie d’un hypothétique “mouvement” pour sauver ses fesses et nous inviter à sauver les notres.
Rédigé par: john | le 15 mai 2006 à 07:38| Alerter - j’ai beaucoup aimé ta vidéo (bonjour, au fait)
Rédigé par: johnlocke | le 23 mai 2006 à 20:55| Alerter
lundi 8 mai 2006
La négativité n’est plus ce qu’elle était
Comme j’hésitais sur la définition du terme, je me suis documenté.
C’est pas l’info théorique qui manque.
La question c’est comment sommes-nous passés de la dépendance envers des personnes réelles (mère, puis compagnes épisodiques ou longue distance) à celle envers des personnes imaginaires ? C’est une histoire d’obscurcissement progressif en zône floue. Pour nous, il faut d’abord manquer s’étouffer dans les voiles émotionnels pour chercher une issue.
Flo me l’a soufflé, il ne s’agit pas de renoncer à la passion mais de renoncer à saisir son objet, ce qui n’est d’ailleurs pas un renoncement puisqu’on a l’occasion de s’apercevoir que l’objet en question est toujours une projection de son propre esprit, et qu’en réalité, c’est Dieu qui s’aime lui-même, à travers sa propre création. Il s’agit donc de ne pas de confondre la mariée avec la robe dont elle est vêtue.Je ne fais pas non plus vertu d’assécher le marécage en instrumentalisant cette noble cause qui nous exalte(1).
Ca serait complètement con de ma part, ce qui n’est ni improbable ni souhaitable. Comme le dit un copain en bonne voie, "c’est pas pire", témoignant ainsi de l’enracinement du truc en nous.
L'ironie désabusée serait alors de rigueur, serait alors de rigueur, si elle n’était le tremplin possible d’une nouvelle débandade, et puis pour l’instant elle est tombée toute seule. Elle m’a permis de dédramatiser, elle m’empèche d’accéder au pardon, seul garant d’évolution.
Le sexolisme sera bientôt un "marronier" (terme qui désigne en argot journalistique un sujet récurrent que l’on peut traiter quand on est en panne d’actu) comme il l’est déjà aux States, où si l’on en croit les spécialistes, "La science moderne nous permet de comprendre que la nature d’une dépendance à la pornographie est chimiquement similaire à une
dépendance à l’héroïne." Moi qui me félicitais d’être passé à côté, j’ai l’air malin.
Je peine à élaborer un discours hors du cadre du sevrage, comme savait le faire notre bon Orroz. Je dis ça comme s’il était mort, mais il peut pas passer sa vie à secourir milliers de fantômes affamés qui s’échouent sur les sites consacrés au problème, qui va sans doute grandissant. Il s’agit de réfléchir à la meilleure manière de rendre un peu de ce que j’ai reçu. Et il va bien falloir s’y mettre : les stratégies déployées par l’industrie du cul en branche pour légitimer son propre discours - un totalitarisme "soft", comme dirait Baudrillard ou je ne sais plus lequel de nos penseurs dépressifs, laissent présager un bel avenir à ce fléau qui n’a guère à se soucier de trouver de nouvelles "victimes consentantes".
On va nous faire le coup du "light", c’est sûr. Et cataloguer tous les "anti" comme des puritains et des coincés du cul. La machine est lancée, et elle est bien huilée.
Nos rangs comptent peu de théoriciens sensibles à ceux qui préparent déjà le Cyber Sex de demain. On n’est pas obligés de laisser le crachoir à Christine Boutin et aux cathos de tout poil, même si certains sont prédisposés à être meurtris dans leur chair. L’abstinence, ce terme peu amène, nous désigne comme pervers repentis, ou renonçants, expression antinomique dont le premier terme est décrédibilisant.
Il faut élargir la perspective.
Il faudrait aussi qu’on soit un peu plus
nombreux à être "en voie de rétablissement" pour se mettre d’accord sur la couleur des drapeaux et des étendards que nous voulons arborer, qui dans cette attente ont tendance à rester jaune devant et marron derrière.
Fin de l’épisode tabac ce soir, j’ai le cerveau et les poumons de la même couleur.
(1) Entraînement de l'esprit Par Sherlock, dimanche 7 mai 2006 à 22:59
Cela pose finalement la question de savoir ce qu'est le vrai respect. Le vrai respect n'induit ni des mots, ni une mise en scène de sa propre image ou de celle de l'autre. Il n'y a pas de sensation d'être comme ceci ou comme cela. En fait, on ne sait pas, l'action est naturelle et il n'y a pas de pensée particulière à ce sujet. Autrement dit, il n'y a ni "respect", ni "non-respect". Il n'y a rien du tout. Car s'il y a quelque chose, il y a moi qui observe la chose, et s'il y a moi, il y a les autres. Pour qu'il n'y ait plus ni moi ni autres, il faut que la chose disparaisse, aussi louable soit-elle.
Chepa prenait l'autre jour l'exemple de la dévotion. "Si vous vous dites "que mon maître est grand et bon", c'est que vous n'avez rien compris aux enseignements du bouddha". Et pour cause. Le premier objet de cette pensée "que mon maître est grand et bon", ce n'est pas mon maître, c'est moi. Si c'était mon maître, j'écouterais ce qu'il dit au lieu de me créer des sensations agréables en m'improvisant auteur d'une pièce dont il serait le héros - car si je puis créer un tel héros, c'est que moi-même je suis quelqu'un de grand et de noble.
Nous en revenons à ce que je disais l'autre jour. On peut soit examiner la pensée du point de vue de son objet, ce qui serait comme examiner une arme sans voir à quoi elle est destinée, soit examiner la pensée du point de vue du penseur dissimulé dans son coeur. C'est ainsi que l'on perçoit que les pensées ne sont pas faites pour décrire le monde, mais uniquement pour magnifier le penseur.
De même, l'art ne décrit pas la nature, ou les choses, mais l'esprit. Si j'écoute une oeuvre à la gloire du communisme (Gayaneh, de Khatchaturian) et que j'en déduis que le communisme est bon, je suis dans une grande confusion. L'artiste, dans son oeuvre, ne fait que retranscrire l'exaltation (la magnification de soi) qu'il éprouve à la pensée du communisme. Toutes exaltations étant égales, il se peut qu'elle soit contagieuse, et que je me retrouve dans un sentiment exalté, qui va générer ses propres images n'ayant probablement rien à voir avec le communisme. L'erreur serait ici de croire que les choses désignées par ces images sont bonnes. Mais en fait, ces images ne font que décrire le sujet qui les crée. Sujet qui disparaîtra avec elles. Il en va de même pour toute noble cause qui nous exalte. Le sujet naît avec la noble cause, disparaît avec elle, et il est le véritable objet de la cause. L'objet de la liberté, c'est moi. L'objet du respect, c'est moi. L'objet de la protection des marsupilamis et des femmes battues, c'est moi. Moi, moi, moi. La réalité est tout autre, et elle est inconnaissable.
Comme le disait Chepa l'autre jour : "Quand je regarde cette fleur devant moi, c'est clair, c'est vide, c'est quelque chose en mon pas rien, mais je ne sais pas ce que c'est".
Commentaires
- Tiens c’est marrant, je voulais faire un post sur ce qui vous a fait passer de la dépendance envers des personnes réelles à la dépendance envers des personnes imaginaires…
Rédigé par: flopinette | le 08 mai 2006 à 23:42| - Par rapport au besoin de travail “idéologique”, nous ne sommes en effet pas obligés de se sentir coincés entre la Marc Dorcel Ideology et Christine Boutin.
Même s’il y a beaucoup de diversité chez les cathos. Et la dernière encyclique du pape, consacrée à l’amour, en a surpris quelques uns en sortant un tant soit peu de ses canons moralistes traditionnels.
On peut travailler sur l’amour, mais aussi sur le refus d’un monde de plaisirs égoïstes (Marx parlait des eaux glacées du calcul égoïste pour parler du capitalisme), ou le sexe est une marchandise ; de tendre la main aux plus faibles (dépendants affectifs), notamment ceux qui sont les plus facilement victimes de logiques commerciales visant à nous transformer en consommatuers prisonniers de nos pulsions.
;-)
Bonne continuation, amigo.
Bruno.
Rédigé par: Bruno | le 11 mai 2006 à 17:42| - flo, j’ai noyé le poisson sur ce coup-là, mais c’est en rapport avec le mariage malheureux de l’idéalisme et de la sexualité, où le romantisme devient un paravent…peu approprié. Si tu te sens de développer, faut pas te priver.
bruno, j’aime bien ta coquille sur les “consommatueurs” qui consomment leur perte. Marx Dorcel aurait-il pu prévoir cet ultime opium du peuple ?
Rédigé par: john | le 13 mai 2006 à 01:39|
jeudi 4 mai 2006
sélection naturelle
ici.J’ai présenté mon film au Conseil Général, et y’avait évidemment pas de quoi se mettre dans un état pareil. Je ne suis pas le Stankey Lubrick du film d’entreprise. Il s'’agit d’un petit film de prévention à destination des 10/12 ans.
C’est amusant parce que mon père et son père avant lui ont beaucoup oeuvré dans le domaine de la sécurité, sans que ça les ait au final protégés de quoi que ce soit. Les chiens ne font pas des chats. J’ai accepté de le co-écrire, de le tourner et de le monter parce que je m’en sentais incapable, et que je savais que ça me ferait du bien d’aller contre cette insubmersible impuissance programmée, qui perdure d’ailleurs après avoir posé l’acte et la validation du client. D’ailleurs, la semaine prochaine je commence un film sur un logiciel que je méconnais totalement et sur lequel je n’aurai pas le temps de me former avant d’attaquer, à moins que je me goinfre ce week-end le manuel pdf de 1200 pages.
La Terreur va pouvoir à nouveau rêgner.
S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y avait pas de problème.
Publié dans deux doigts dans la prise de tête |
Commentaires
-
>> D’ailleurs, la semaine prochaine je commence un film sur un logiciel que je méconnais totalement et sur lequel je n’aurai pas le temps de me former avant d’attaquer
Le problème, c’est que par manque de point de référence, tu penses que tu es le seul dans ce cas. Comment tu crois qu’on fabrique les logiciels de bord des fusées, des satellites et des avions de ligne ? Tu penses vraiment qu’on a compris quelque chose à l’aéronautique ou même au cahier des charges du client quand on se met à programmer ? ))))))))
Rédigé par: Dado | le 07 mai 2006 à 16:49| Alerter -
j’ai un peu forcé le trait sur ce post. Je me suis rassuré en allant voir la bécane sur place. L’idée c’était d’épinaliser mon mode de fonctionnement : la terreur est un tribut que je paye à d’anciens conditionnements qui commencent à se déliter. Dans l’action, il n’y a plus que des problèmes à résoudre.
Rédigé par: john | le 07 mai 2006 à 19:28|
lundi 1 mai 2006
Le lapin de Pâques, son crime et son châtiment
Le crime |
Commentaires
- Il y a quelque chose de très intéressant dans ce monologue, mais j’arrive pas à mettre le doigt dessus. Je crois que ce qui ressort, c’est la forte dose d’autocontemplation. On dirait que la personne est en train de se mettre en scène, de se faire son petit film dont il est le héros (ou l’anti-héros, ce qui revient au même dans ce cas). On voit apparaître tout un système de justifications et de contre-justifications.
Vue la terminologie que je viens d’employer, le parallèle me saute aux yeux avec la notion de “propre importance” de Castaneda.
Rédigé par: Dado | le 04 mai 2006 à 00:58| Alerter - flo, enlève ton dado, on t’a reconnue
il y a trois monologues dans ce post. Banks dynamite le discours amoureux, je stigmatise le manque de perspective des sevreurs et midnite, puisque c’est son pseudo, déconstruit par le langage son rapport au stimulus sexuel. J’ai rapidement parcouru les castaneda qu’on trouve sur internet (http://sannyasa.free.fr/castaneda.htm) et je ne trouve pas de passage clair sur la “propre importance”. C’est dans lequel ?
Rédigé par: john | le 04 mai 2006 à 09:11| Alerter - >> flo, enlève ton dado, on t’a reconnue
Tu vas pas nous faire une petite crise de parano bloguesque toi aussi?
Je ne pense pas que Flo aurait pu écrire ça. Sinon, en effet, on est tombé dans les mêmes marmites quand on était petits.
En fait, j’étais persuadé que tu avais lu Castaneda.
L’idée de “propre importance” doit se retrouver dans la plupart des bouquins à partir du “Voyage à Ixtlan”. Dans ce livre, les chapitres 2 et 3 portent sur ce sujet.
Rédigé par: Dado | le 07 mai 2006 à 16:39| - non, pas de parano en cours. Oui, j’ai lu Castaneda au début des 80’s comme tout le monde, et j’ai prété la collec’ sans jamais la revoir. J’ai trouvé à l’époque que c’était de la super-littérature initiatique imaginaire. Comme tout le monde chez Flo semble s’y référer, et que la miss elle-même nous fait parfois des lectures commentées, je m’interroge.
Rédigé par: john | le 07 mai 2006 à 19:20| Alerter - Non, en fait j’aurais pas écrit ça. J’aurais plutôt dit que le mec a fait une grande découverte en s’apercevant qu’il était connecté avant de se connecter. Sa solution n’est pas géniale, mais bon… Dado est dur avec son auto-contemplation. c’est sûr que le mec y est, mais j’ai vu bien pire genre “je suis un winner ! je commence une nouvelle vie ! a moi le bonheur !”. ça c’est de la rechute assurée, le mec qui n’a rien compris de lui-même. Alors que le gars, là, il s’est plutôt bien observé.
Rédigé par: flopinette | le 08 mai 2006 à 06:39| - bien sûr qu’il y a de l’auto-contemplation chez les addicts, même si elle est d’une variété “éprouvante” : ils se regardent tomber.
A force, celui-ci a compris que la pensée de la chose n’est pas la chose et que s’unir à la pensée “j’ai envie d’une cigarette” ne signifie pas s’unir à la cigarette… pour peu qu’on évite de se fracasser sur l’écueil de l’anhédonie
http://johnwarsen.blogspot.com/2008/08/les-mots-vols.html
Rédigé par: john | le 08 mai 2006 à 19:29|
Par effet inverse le blog de John B Root a reçu un visiteur de plus, histoire de voir de l’autre côté du miroir…
Pas top l’idée finalement, y’avait plein de femàpoil partout ! Heureusement, j’avais mon buis pour me flageller…
J’ai tout de même réussi à lire l’intervention de l’autre John.
A bientôt, Nicolas.
Rédigé par: Nicolas | le 30 mai 2006 à 07:27|c’est pour ça que je me suis tâté avant d’écrire cet article : l’effet le Pen marche dans les deux sens, bien qu’aucun de nous ne soit au FN. Après être allé sur son blog, j’ai révé de rechute, je te promets que ça calme.
Rédigé par: john | le 30 mai 2006 à 20:12|Super-guerrier3000 c’est du flan, un gars qui écrit ce qu’il ne vit pas … ça se sent
Rédigé par: Hin Conitho | le 31 mai 2006 à 14:45|ben j’sais pas, faudrait lui demander ! tu la jouerais comment, toi ?
Rédigé par: john | le 01 juin 2006 à 20:26|Que se soit du flan ou pas, on s’en fout, c’est lui que cela regarde. Lors de mon premier “viandage”, me suis dit, je le dis ou pas ? Si je le dis je vais passer pour un con…
Mais le sevrage tu le fais pour toi, puis pour ta femme, et tes enfants. Pas pour les forumeurs du forum…
Sûr qu’il y en a qui n’affichent pas les vrais chiffres, confondant l’objectif à atteindre et la réalité des chiffres (comme au temps regrettés du Plan Quinquenal), mais qu’importe ?
A bientôt, Nicolas.
Rédigé par: Nicolas | le 03 juin 2006 à 10:47|Salut, je sais pas comment je suis arrivé ici, mais le voyage ne me déplait pas, carrément pas.
Rédigé par: Bruce | le 27 janvier 2007 à 22:10| AlerterMeme si je suis pas un cyberporno-toxicomane, je trouve qu’il y a des phrases choquantes par les vérités qu’elles révelent mais aussi par la façon dont tu les exposes.
Sinon je voulais juste dire que le sexe, c’est comme toutes les drogues, plus on en consomme et plus on en a besoin.