On désigne sous le terme de "littérature AA" l’ensemble des livres, revues et brochures qui circulent dans le mouvement et transmettent à qui veut bien les lire l’esprit du programme de rétablissement qui nous est suggéré. Bien qu’elle n’ait rien de littéraire à proprement parler et semble souvent traduite de l’amerloque par des serbo-croates, qu’elle charrie son lot d’opinions indémontrables, contradictoires et vieillottes, de foi pléonastiquement aveugle et d’optimisme béat, sans oublier sa lourde dette au protestantisme, la littérature AA, du fait même de l’agacement qu’elle suscite chez le nombrillidé rationaliste et sevré ou en sevrage d’alcool, lui permet d’éprouver les limites de son ouverture d’esprit et de sa soif de changement; de plus, elle fournit une mitraille quasi-inépuisable de thèmes de réunion au modérateur déserté par l’inspiration.
"Attentes ou Exigences ?
Les attentes constituent un sujet fréquemment discuté dans les réunions. Il est normal de s’attendre à progresser, à recevoir de bonnes choses de la vie, à être bien traité par les autres. Par contre, ces attentes tournent mal quand elles deviennent des exigences. Il se peut que je ne sois pas à la hauteur de ce que je souhaite être, que les évènements prennent une tournure que je n’aime pas, que les autres me laissent tomber. Dans ces moments-là, que puis-je faire ? Pleurer de rage ou m’apitoyer sur mon sort ? Me venger et envenimer la situation ? Ou m’en remettre à la puissance de Dieu tel que je le conçois et le prier de combler de sa grâce le pétrin dans lequel je me retrouve ? Lui demander de m’indiquer ce que je dois apprendre ? Est-ce que je continue de bien faire ce que j’ai appris à faire, peu importe les circonstances ? Est-ce que je prends le temps de partager avec d’autres ma foi et les bienfaits que j’en retire ?"
in "Réflexions de quelques membres à l’intention de tous."
Le soir où j’ai fait cette lecture en préambule à la réunion, les quarante visages qui me faisaient face ont tous apporté qui leur pierre, qui leur gravillon, qui leur plume, qui leurs boules, qui leurs coeurs, qui leurs trouilles, qui leurs pleurs, à cette communion de 90 minutes au cours de laquelle les récits de vies se succèdent, se répondent et s’entrechoquent.
"La tendance à exiger des autres ce qu’on n’arrive pas à obtenir de soi-même n’est pas propre aux alcooliques…mais c’est vrai que nous, dans ce domaine on a quand même bien chargé la mule.
-Maintenant que je suis rétabli, j’essaye d’apprendre à attendre sans exiger, mais c’est dur…
-Si je lâche la peur, je ne peux entrer que dans l’amour…
-Ben moi je n’attends plus rien, et ça va beaucoup mieux…
-Ce serait manquer d’honnèteté que de prétendre que je n’attends pas de récompense à mes efforts, même si l’exigence serait une crispation et une promesse de déception : les attentes que je nourris sont peu nourrissantes…
-Moi quand je suis arrivé ici j’exigeais d’être sauvé de moi-même, en fait ça n’a pas vraiment marché comme ça.
-Quand mon attente est déçue, je dois faire l’inventaire : sur quoi était-elle fondée ? la dépression est fille de la déconvenue, mais mes exigences n’étaient-elles pas déraisonnables ?"
Dans l’assemblée, il y a des chevaliers à la triste figure, mais aussi des naïfs, des rancis, des recuits rouge brique qui savent qu’ils vont crever s’ils n’entendent pas ce soir la parole qui les convaincra de renoncer au feu liquide, de vieilles pommes ridées au fond des orbites desquelles brûle une espièglerie retrouvée, des sages d’occasion, des fous devenus étrangers à eux-mêmes, des rechuteurs qui n’y croient plus mais qui reviennent quand même, bref "tout ce que la ville produit de sportif et de sain" chantait Lavilliers en parlant d’autre chose. Le produit est partout, ils apprennent que leur salut réside dans le fait de s’enfermer à l’extérieur. Ma voisine en sort une qui m’éclate : "je suis nulle, cette semaine j’ai encore pas réussi à maîtriser le lâcher prise…" elle ne peut aligner deux phrases sans y glisser ses mots-fétiches : culpabilité, honte, orgueil, colère, minable…comme des tics de langage qu’elle psalmodierait pour épuiser la veine. Elle souffre, c’est évident, mais comment lui faire entendre que c’est inutilement ? Il y avait un swâmi qui disait ça, "pourquoi souffrez-vous inutilement ?" Elle parle pour s’entendre parler, pour reprendre pied dans l’existence. Acharnée de l’auto-flagellation, il faudra qu’elle brûle toute son essence dans ce domaine. Après la réunion, je la prends à part, pour ne pas risquer de la blesser devant les autres, avec sa sensibilité de serpillère mal rincée (j’ai la même, mais c’est tellement facile de voir chez elle les traits saillants et à peine caricaturés de mon propre théatre intérieur, et puis elle dit n’avoir pas d’humour mais j’arrive toujours à la faire rigoler de ses malheurs, ça dure ce que ça dure mais pendant ce temps elle est pas à remâcher son ressassement) elle a peine à croire qu’elle ait pu dire ça, "maîtriser le lâcher prise" ça lui paraît énorme. Dans la semaine on s’appelle plusieurs fois, elle se retartine de culpa, je lui explique que ça ne marche pas comme ça, et que c’est juste une habitude à déconstruire, qu’elle veut briller dans le noir puisqu’elle est fâchée avec la lumière, mais qu’il s’agit toujours de se distinguer des autres, et que c’est un rêve d’une grande banane alitée. Avec elle, je n’ai ni attentes ni exigences, et j’ai l’impression de servir à quelque chose, ça me fait des vacances.
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
jeudi 16 février 2006
Souffrir dans la Joie
samedi 11 février 2006
La vérité toute crue (alors faut bien mâcher)
Je ne suis pas réductible à la somme de mes manques.
11 février 2006 Publié dans hello happy drug addicts |
Commentaires
jeudi 9 février 2006
Rédemption de l’objet fascinatoire II
Publié dans massage à caractère pubicitaire |
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>> Je laisse Dado/Basilus nous démontrer que grâce au filtre “placage de motif”, on peut prouver que ce photomontage dissimule et recèle nonobstant un photogramme de Staline au chevet de sa vieille mère…
Chouette, je vais me coller tout de suite à la résolution de ce problème! ))
>> on oublie Dieu, et le résultat, c’est la colère, car la créature est vide en soi, même si, d’une certaine manière, Dieu ne réside pas en dehors d’elle.
Je ne sais pas comment tu dégottes ces citations de Flo, mais quand je les lis sur ton blog, je ne reconnais plus le style de Flo, j’ai l’impression que c’est un photogramme de Saint Jean de la Croix au chevet de Sainte Thérèse d’Avila. Tu les retouches sous Photoshop ? O_o
Rédigé par: Dado | le 12 février 2006 à 12:43| Alerter -
et bien je suis arrivé au hasard sur ton blog. je venais juste de taper “publicité euphoria créateur calvin klein”
Rédigé par: emmanuelle | le 21 mai 2006 à 23:39| Alerter
et oui lol je cherchais le créateur de cette pub (que je n ai toujours pas trouver lol)
enfin bon j a lu ton article et tu ma bien aider.
je te raconte ma vie mais bon faut que je la raconte a quelqu un… on nous a demander de faire un série de 15 croquis sur des pub et donc voila j ai troette pub qui ma bien boté et grace a toi et a un autre blog jai mon analyse presque fini… merci bcp!!!!!
kiss
mercredi 8 février 2006
4 mois demain
Je croyais que le sevrage recelait une certaine grandeur, et me shootais à l’égo pour faire décolérer ma viande; mais me prenant pour un minable le reste du temps, je ne puis aujourd’hui que me détourner avec raison de l’idée même de grandeur ! elle m’acculerait au désastre. comme j’ai dit à ma psy, et elle n’a pas manqué de me rentrer dedans derechef, "j’ai très peu de chances de m’en sortir". C’est cette idée à priori défiante qui me permet de reconduire la vigilance.
D’ailleurs c’est pas le sevrage qui est grand, c’est la dépendance qui est affreuse.
Comme le dit Roujsend, Le monde est une merveille, le simple fait d’exister est une chose fabuleuse. Le trou entre cette intuition et mes perceptions actuelles me donne idée du chemin à parcourir. Comme le disait ce paysan inspiré :
Seigneur, ayez pitié de moi, écrasez tous les autres !
Travail en cours avec les phosphènes.
La simple idée d’écrire une ânerie de trop sur ce blog me fait chauffer le moteur. Et pourtant c’est pas l’envie qui m’en manque, entre le pape, les arabes et charlie hebdo. Comme par hasard, l’adsl et le téléphone déconnent à mort en ce moment. Qu’ils soient bénis.
Je reviendrai quand je serai calmé.
Publié dans deux doigts dans la prise de tête
Commentaires
Quelque soit la profondeur du trou à franchir, aucun seigneur ne te prendra en pitié… Tiens moi au courant de ton travail avec les phosphènes
Rédigé par: roujsend | le 09 février 2006 à 00:25| Alerterjeudi 2 février 2006
un peu de violence gratuite
Avant, il y avait Happy Tree Friends, et on se disait que c’est Walt Disney lui-même qui avait semé la graine de la violence et de la débilité cartoonesque, avec ses mièvres paradis animaliers, son obsession d’une nature utopiale et bien pensante, et que ceux-là poussaient juste le bouchon un peu plus loin que les années 50 ne le permettaient à Tex Avery. Et depuis que l’esprit ricanant du Harakiri 70’s avait été ébarbé-recyclé par les pubards 90’s, on s’inquiétait pour le devenir de la dérision transgressive, menacée à tout moment de s’effondrer en transgression dérisoire, et d’y perdre sa causticité et son acuité, dépossédée de ses attributs par les aigrefins de la parodie, et vidée au passage de toute validité philosophique par les professionnels de la profession : toute violence critique qui s’installe dans la durée finit par s’asseoir sur un strapontin du pouvoir. Les guignols de l’info sont aujourd’hui une institution qui n’effraie plus personne, quelle que soit encore leur virulence.
Puis vint "Ferraille Illustré", magazine de BD post-moderne dont les choix éditoriaux semblent être basés sur une volonté sans cesse réaffirmée de provoquer l’effondrement du lectorat et sa désaffection durable. Parution erratique et confidentielle, (on en est à environ un numéro par an), dessinateurs débutants et/ou maladroits visiblement promis à nul avenir dans la filière aujourd’hui très sectorisée de la narration graphique, scénaristes cultivant l’absconnerie et l’hermétisme. Les parties non illustrées du magazine s’épuisent en un obscur galimatias satirique dont on peine à distinguer l’objet, emprutant à divers courants graphiques et littéraires du début du XXème siècle : ni des situationnistes (trop jeunes) ni des branleurs (trop cultivés). Et alors ?
Récemment, ils ont créé un site internet. Le Supermarché Ferraille est une déclinaison de l’épouvante sur le mode du détournement ludique, mais sa visite engendre un malaise persistant : on ne peut plus après avoir erré dans ses rayons continuer à collecter d’un oeil indifférent les prospectus publicitaires pour les quinzaines promotionnelles dont les grandes enseignes de la distribution agro-alimentaire abreuvent nos boites aux lettres provinciales au kilo, et que nous enfournons distraitement dans la poubelle "papier" en songeant à autre chose : l’obscénité nous assaille enfin sous une forme mainstream.
De la même façon que l’intelligence et l’humilité peuvent marcher main dans la main, à condition que l’humilité soit devant, la méchanceté et la bètise peuvent bien chevaucher de concert, mais il vaut mieux que ce soit la méchanceté qui dirige.
Ils sont albigeois, hérétiques, et leur cruauté ne peut donc être imputée à l’impossible réparation du préjudice subi quotidiennement par l’exiguïté de leurs appartements parisiens.
Alors, dans quel but ? Vers quel destin ?
Cette dernière question reste souvent sans réponse, et c’est pas ce soir que je vais m’y colleter.
Publié dans Web/Tech
Commentaires
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C’est génial, il y en a un à Colomiers, juste à coté de chez moi ! J’y cours de suite acheter des pizzas en conserve !
Euh… si vous entendez plus parler de Dado, c’est que j’ai fini en foie gras de chômeur.
Rédigé par: Dado | le 03 février 2006 à 04:03| -
Un nouveau signe des temps qui me colle des frissons…
Rédigé par: roujsend | le 06 février 2006 à 09:04|
vendredi 27 janvier 2006
Rédemption de l’objet fascinatoire (vieil os à ronger)
Commentaires
- J’arrive pas à y croire ! J’ouvre la page, je me dis “tiens voilà un gros post de JW, ça va me faire de la lecture”, et au bout de 10 lignes, qu’est-ce que je trouve ?
Rédigé par: flo | le 29 janvier 2006 à 13:58| - Désolé. Je comprends ton incapacité ontologique à te regazéifier avec ton propre gaz. Pas d’inspiration en ce moment, et puis ça a au moins servi à roujsend. T’as qu’à pas écrire des trucs qui font vibrer mon neurone. Si t’es vraiment en manque, je t’autorise à commenter “l’impossibilité existentielle d’accéder au plaisir (qui) induit la recherche délinquante de braconner celui de l’autre” dans le post précédent. Je suis sûr que ça t’inspirera autant que je le suis quand il s’agit de recopier les tiens d’une main tremblante, pour ne rien dire de ce que fait l’autre.
Rédigé par: john | le 29 janvier 2006 à 17:09| Alerter
Bonjour john, je suis desolée de te deranger, ms je cherche de l’aide, peut etre pourras tu me donner quelques conseils… Je suis avec mon copain depuis bientot 2ans. j’ai decouvert vers le debut de notre relation qu’il regardait des films X et comme cela me mettait mal a l’aise je lui ai demandé de bien vouloir arreter. Apres discussions, il m’a fait la promesse de tout stopper. Or qq mois plus tard j’ai vu qu’il avait trahi ma confiance. je lui en ai parlé et ai decidé de lui laisser une nouvelle chance. Ms il y a qq jours il m’a avoué qu’il avait recommencé. Des amis m’ont parlé de dependance pornographique, j’ai fait des recheches et je suis tombée sur le site de orroz puis un lien vers ton blog. j’ai discuté de dependance a mon copain ms il n’a pas l’air de le prendre tres au serieux. comment faire pour lui faire accepter son probleme afin qu’il decide lui meme de se soigner? et moi, quel comportement dois je adopter pour le soutenir et faire en sorte qu’il guerisse et ne rechute pas?
Rédigé par: Cristelle | le 15 février 2006 à 13:45| AlerterJe t’en prie, donne moi qq conseils pour que je puisse sortir mon couple de cette situation…
Je te remercie d’avance et te souhaite bon courage pour la suite.
Cristelle
le problème c’est que tant qu’il se considèrera comme usager récréatif, il ne verra pas en quoi le fait de se tirer sur la nouille devant des cybercréatures devrait être néfaste, en quoi ce serait une maladie ou un problème nécessitant un soin ou un effort particulier de sa part. Et s’il est réellement dépendant, ça le terrifie sans doute assez pour qu’il soit dans le déni - vis-à-vis de toi mais d’abord de lui : “même pas accro, même pas mal, et d’ailleurs tous les mecs font ça” (c’est faux mais ça rassure.)
Rédigé par: john | le 15 février 2006 à 17:19| Alertertu trouveras une mine de conseils pour les dépendants et leurs conjoints sur le forum d’orroz, qui a été “gelé en l’état” en janvier mais bourré de pépites en consultation libre : http://orroz.forumactif.com/
bon courage.