jeudi 4 décembre 2008

déflation du moi et marketing viral

La déflation du moi se produit spontanément quand on comprend en un éclair qu'Eckh@rt Tolle, le nain lubrique néo-advaïtiste, est un suppôt de satan.




Quant au marketing viral, on en fait les frais chaque fois que l'on reçoit un PowerPoint poujadiste et boulo-chopiste sur les indemnités des parlementaires après leur cessation d'activité, ou une publicité pléonastiquement stupide. En ces temps où le gouvernement se moque plus que jamais des manifestations de mécontentement populaire, on voudrait encourager le terrorisme d'ultra-gauche que on ne s'y prendrait pas autrement; d'accord, n'importe quel fichier lâché sur le réseau cherche d'abord à s'y propager, tel un virus, uniquement animé du besoin d'entrer dans le plus grand nombre d'ordinateurs possible et prêt à négocier âprement sa survie, comme Henri Laborit l'avait dit de tout organisme vivant ayant pour unique but la sauvegarde de sa structure biologique... c'est valable pour la recette de la dinde au whisky comme pour les PowerPoint "à message", qui sont les plus redoutés, mais finalement du même tonneau que les "publicités amusantes" etc... qu'on reçoit de loin en loin depuis que les publicistes, ayant appris que la télé, c'était mort, se sont mis à traquer l'ado et le préado sur youtube et dailymotion. L'ado dont on se demande, quant on surfe sur les sites qui lui sont dédiés, s'il n'apprend pas d'abord à défocaliser sur les bandeaux animés qui se disputent son attention.
La semaine dernière, à l'école où j'enseigne le montage vidéo, ils se sont fait hacker leur serveur informatique, qui a été converti pendant quelques jours en bombardeur de courriels fou, ils ont dû le débrancher et le réinitialiser, ça a foutu une bazar pas possible. Un robot avait détecté une faille en scannant le web, et un humain s'était engouffré dedans pour reconvertir le serveur en méga-catapulte à spam. Les techniciens de l'école étaient partagés, comme toujours, entre l'effroi et l'admiration pour les performances du saboteur.
Il faut se réjouir chaque jour de ce que nos ordinateurs marchent encore, même si c'est pour recevoir des mails pourris !
J'ai discuté là-bas avec des étudiantes qui avouent être totalement dépendantes de l'informatique, dans le sens où nous le sommes du papier toilette ou de l'air que nous respirons : que ce soit pour toutes leurs démarches administratives ou professionnelles, recherches de stage, consultation de documentation, mais aussi contacts intimes avec leurs proches, tout passe pour elles par le net. Et la tendance s'accélère. Dans les lieux publics, restaurants et bistrots, on commence à voir des affichettes "wifi gratuit ici", bref on est tous invités à devenir accros, sauf ceux qui le sont déjà, qui sont encouragés à poursuivre leurs efforts d'enfouissement de la tête dans le cybersable.
Je me demande parfois si la dépendance au porno n'était pas finalement moins nocive que d'être condamné à errer en compagnie des milliers d'âmes perdues sur FesseBouc.
Cet été à San Francisco, dans un bar branché j'ai vu la mort de la communication humaine : tous les clients étaient occupés à pianoter sur leur ordinateur portable ! dans un bar ! alors que la barmaid était un ode à la jeunesse, au métissage et aux smart drinks de l'happy hour !
Et c'est ainsi que l'indignation devant le cauchemar - qui - a - déjà - commencé en ferait prendre un sacré coup dans les miches à la déflation du moi si on n'y faisait pas gaffe, et si on ne se rappelait qu'on consacre déjà soi-même un blog à la cyberdépendance.
Uh uh.
Quand la télé est arrivé, on a pensé qu'elle allait tuer la radio.
Quand la radio est arrivée, on a pensé qu'elle allait tuer la presse écrite.
Là, ce qui rend les gens barjeots, à part le fait que l'accès à des outils de diffusion massive de l'information s'est démocratisé jusqu'à mettre l'os à nu, ce qui renforce l'incrédulité et dissout les quelques atomes de citoyenneté qui pouvaient nous rester, d'ailleurs quand un outil se démocratise, c'est en général qu'on a découvert comment en faire un assomme-crétins, avec leur consentement express, mais c'est surtout que la surabondance de sources de jouissances potentielles rend l'absence de jouissance réelle problématique.

5 commentaires:

  1. Je me demande parfois si la dépendance au porno n'était pas finalement moins nocive que d'être condamné à errer en compagnie des milliers d'âmes perdues sur FesseBouc.

    Dépendre de l'informatique c'est effectivement une chose assez commune maintenant, et ça ouvre aussi des opportunités inconnues il y a 10 ans.
    Là où ça tourne à la pathologie cyberdépendante c'est quand en finalité ça fait se restreindre notre univers à un écran et ce qu'il y a dessus.

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  2. tu parles d'opportunités professionnelles, sans doute. C'est pas faux. Sur le côté pathologique, bien que le problème soit collectif, pas d'autre choix que de le reconnaitre au plan individuel et de mettre en place un projet de sevrage (et de faisage d'autre chose) afin de pouvoir permettre que ce projet soit mis en place.
    Comme le disait Bruno 59 au temps des pionniers, "moins on est nombreux sur un forum consacré à la cyberdépendance, meilleur signe c'est".

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  3. Attends, c'est pas fini. Dans quelques jours, tu ne pourras plus prendre le métro sans carte à puce. Il y a une palanquée de projets pour innonder les téléphones bluetooth de pub dans le métro et les centres commerciaux.
    La SNCF prévoit la dématérialisation totale des billets l'année prochaine (tu payes et le billet est "hébergé" dans ton tél portable. T'en as pas ? Tu payes cash ? T'es interdit bancaire et t'as pas de CB ? ==> Crève !)
    Dans ma boîte, la RATP, les gens sont obligés (démarche Qualité avec un gros Q) de passer par le site internet pour déposer CV et lettres de motivation...
    Ce que tu racontes sur SF c'est ce qu'on voit dans le film Wall-e où les gens se parlent en face à face par écran interposé parce qu'il ne savent pas qu'il existe autre chose.
    La cyber-dictature est en marche et elle sera implacable.
    Vivement une bonne rasade de rayons gamma solaires pour cramer toutes les puces et remettre tout ça à plat :-)

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  4. J'alerte immédiatement tes supérieurs sur ton mauvais esprit au sein de l'entreprise qui te fait l'honneur de t'accueillir et de te nourrir.
    Avec les sous de la dénonciation, je m'abonnerai aux nouvelles chaines cinéma d'Orange : Ben-Hur sur un écran de téléphone de 3 pixels sur 2, ça n'a pas de prix.

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  5. Je ne voudrais pas te décevoir mais je crois que qq'un a depuis longtemps remporté le prix de ma dénonciation. Il s'est fait nommer directeur du dépt informatique d'ailleurs où il oeuvre à faire du Courteline numérique... avec un certain succès, dois-je convenir.

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