La semaine dernière, j’ai dirigé le tournage d’un film de fiction ayant pour thème la sécurité dans les transports scolaires. Auparavant, j’avais flippé pendant 15 jours, incapable d’écrire la moindre ligne du scénario, le nez bien au chaud dans mon impuissance. Le gars qui m’avait proposé de réaliser le film s’en était chargé sans déceler mon malaise, et était ravi des dialogues que j’avais pondus, mais je n’avais pu accréditer ce compliment. C’est ça qui est fâcheux avec ceux qui sont déterminés à rester du côté obscur de la Louze. Ils s’arrangent pour rester super-mal avec ce dont ils ont décidé que ce serait de toute façon un calvaire. Ce tournage, je l’appréhendais comme la peste. Je m’en étais rendu malade, alors que c’est ça que je voulais faire quand j’étais petit, de la mise en scène de télé ou de cinéma.
J’avais une vingtaine d’ados-acteurs, un car scolaire avec son chauffeur, 2 cadreurs, un ingénieur du son, un assistant, la cliente du Conseil Général sur le tournage, et quelques personnes supplémentaires pour s’occuper des enfants que nous avait prétés le collège entre les prises de vues, barrer la route aux moments opportuns… ayant sollicité la gendarmerie pour sécuriser certains lieux du tournage, nous avons eu la joie de nous faire embarquer par la maréchaussée en fin de soirée sur une petite route de campagne, car nous tournions une scène où deux enfants marchant sur le bord de la route manquent se faire renverser par une voiture, de nuit, en faisant les cons, et nous étions si pressés devant la lumière qui déclinait à toute vitesse que quand ils se sont pointés, nous avons momentanément éconduit les pandores dans leurs jolies combinaisons fluo, on les voyait trop dans l’image. Ca ne leur a pas plu, alors que je les avais sollicités par téléphone deux heures plus tôt en m’étonnant de ne pas les avoir vus plus tôt sur le tournage, de se faire reléguer sur le bas-côté d’un chemin boueux, ils ont fini par interrompre les prises de vues, j’étais en train de m’en vouloir d’avoir pris un quart d’heure de pause avec mon chef-op pour repérer le décor de la prochaine scène et pendant ce temps la luminosité s’était vraiment écroulée grave, j’étais en train de me le reprocher, quand l’évidence du ridicule m’a frappé : je venais de survivre aux mille dangers imaginaires dont l’anticipation m’avait refait sombrer dans la clope depuis 10 jours, j’avais réussi grâce à mon équipe formidable, aux enfants super-sympas et compétents - on ne dira jamais assez le bien des classes de théatre au collège - et à ma Puissance Supérieure qui avait aplani les mille et une difficultés de la journée, et j’étais là à couiner dans ma tête qu’il allait me manquer deux plans de nuit au bord de la route. Tout s’est très bien passé, mais le stress m’avait plongé dans un état second, du coup je ne sais pas "qui" a dirigé ce film mais certainement pas moi, je n’en ai aucun souvenir. Et je continue de m’en croire incapable. Demain je tourne la suite. Je m’autorise à flipper à mort, sachant que seuls les actes me délivrent de ces angoisses.
J’aurais pu aussi travailler un peu pour faire de ce billet une petite miniature d’humour distancié et ironique. Je préfère pas, plus je regarde mes beugs d’un air neutre (la bienveillance viendra plus tard) et plus j’évite de les "juger", plus facilement je les accepte et ils me laissent vivre dans les trous de leur fromage.
Publié dans thank god I am me
Bonne continuation !
Rédigé par: Dado | le 19 avril 2006 à 04:11| AlerterOuah, tourner un film ! Trop génial ! Tiens je sais pas si t’as vu la pub pour “la nuit du poker”, elle est géniale.
Rédigé par: flopinette | le 21 avril 2006 à 00:39| Alerterbeuh non, on peut la voir où ? et t’es sûre que tu te moques pas, là ? j’aurais tendance à penser que si je suis capable de diriger une équipe même dans mon costume à paillettes de lavette cosmique, c’est à la portée de n’importe qui. Le tournage est fini, il me reste encore le montage et le mixage pour flipper ma race, rhaaa !
Rédigé par: john | le 21 avril 2006 à 01:19| Alerterla pub était sur yahoo mais elle n’y est plus apparemment.
Rédigé par: flopinette | le 21 avril 2006 à 17:34| AlerterLe montage, c’est les doigts dans le pif avec ton expérience et dans les yeux de la script pour chaque faux raccord et le mixage ça sera juste le bout du rouleau…et des angoisses… Après tu peux compter 3 ans avant d’avoir un regard frais sur ton truc et ne plus voir seulement les merdes… Wellcome
Rédigé par: Soph | le 24 avril 2006 à 17:18| Alertersi je pars du principe - et que je le garde au frais dans ma conscience de veille - que la négativité affichée de mon esprit n’est qu’une manifestation particulière d’énergie qui relève d’un apprentissage et sur laquelle j’évite de poser des jugements de valeur, tout va bien.
Rédigé par: john | le 24 avril 2006 à 20:15| Alerter