dimanche 9 juillet 2006

Grossesse nerveuse



9 mois sans porno.
Un petit pas pour mon zob, un grand pas pour mon humanité.

C’est pas qu’elle revienne à grands pas, du fait que je passe encore le plus clair de mon temps dans les chambres noires (Bashung).
M’enfin mon écran est redevenu un écran, mon clavier un clavier et mon blog un blog.
Et ma vie une vie.
Pour éviter de piétiner plus longtemps dans l’antichambre qui sépare l’abstinence de la sobriété, il est temps de passer à la phase 2 du plan B, qui ne consiste pas à partir en vacances en camping dans les Landes avec la malle pleine de bouquins de développement personnel à consulter chaque fois que les allemands houblonophiles de la tente d’à coté m’en laisseront le loisir, mais à me rappeler que quand j’ai cessé de boire, je me suis tourné vers la SAO (Sobriété Assistée par Ordinateur) et que c’était p’têtre pas la meilleure idée de l’année, bien qu’elle m’ait aidé au départ.
Et je ne puis retourner en deçà de toute addiction.
Faudrait remonter avant la clope, avant la première fille dont je suis tombé maloureux, avant les 3 mois que j’ai passés sous-nutri du fait d’une erreur du service pédiatrique…
Je ne puis que continuer de démonter patiemment les dépendances actuelles centrées sur l’informatique - la neutralité du mot, qui recouvre des comportements à base émotionnelle : jeux, forums, téléchargement, cybercul.
Tuer l’autre, avoir raison, avoir tout vu ou à défaut une vidéothèque bien membrée, instrumentaliser la pulsion au service de l’espèce en la détournant au service de ses appétits qui n’ont d’autre fin concevable que l’auto-dévoration.

Je juxtapose l’analyse de Dartan (1970) à celle de Flo (2006) : le collage, comme le montage, c’est donner du sens à de la matière, et une école permanente du regard.

Dartan met en scène des personnages censés incarner des fonctions psychologiques dans un mémorable et confidentiel pédagodrame :

"(…) le cas du chocolat comparé à celui de l’adultère peut donner une première idée de ce que sera la morale à l’avenir. Le médecin qui déconseille une denrée insalubre est déjà une sorte de moraliste. «Abstiens-toi du chocolat, dit-il en substance, tu jouiras d’une bonne santé hépatique. Si tu en manges, tu auras mal au foie…» Pour maîtriser la gourmandise, cette récompense assortie de la menace d’un châtiment suffit souvent. Mais les débordements de la pulsion sexuelle aux heures de crue ne se contiennent pas si facilement. Il faut jeter dans la balance une récompense d’un autre poids : la chose à quoi les humains tiennent le plus. C’est ce que fait la morale. Aussi les moralistes se gardent-ils de déconseiller l’adultère : ils le proscrivent, et assortissent cet interdit de menaces (naguère efficaces mais dévalorisées aujourd’hui : l’enfer et la réprobation publique en même temps que divine) et d’une récompense formidable : la morale elle-même. «Abstiens-toi de l’adultère, tu jouiras de ta propre «moralité» et, dès lors, du pouvoir de blâmer à «BON DROIT» !…»
Si la morale foire aujourd’hui, c’est parce que la psychanalyse l’a privée de cette récompense suprême : il nous est devenu impossible de croire au «bon droit» de ceux qui nous blâment. Nous sommes restés plus ou moins persuadés du nôtre quand nous blâmons, mais le coeur n’y est plus : nous savons trop combien ceux que nous blâmons y croient peu !

Flo se livre aux considérations issues de son talent inné pour l’auto-observation allié à des pratiques qu’on devine musclées : "quand on constate que la pente naturelle de l’être humain est le plus pur égoïsme, on comprend que pour contrebalancer ça, ce n’est pas avec le dzogchen qu’on va y arriver. Plutôt en faisant peur aux gens : "si tu voles, tu iras en enfer". La peur, ça marche beaucoup mieux que les appels à la raison, ou à la compassion, qui sont les qualités les moins répandues au monde. Ce n’est pas que les gens se détournent de l’une ou de l’autre, c’est qu’ils ne savent même pas que ça existe. En effet, on croit que la compassion, c’est d’aider ses amis, mais ce genre de compassion, même les velociraptors en sont capables. Pour le reste… si l’on interrogeait la motivation de ceux qui font de l’accompagnement aux mourants ou qui servent aux restos du coeur, on serait très déçu. Pour le peu que j’ai vu, ils ne faisaient que fuir leurs problèmes, au mieux s’acheter une bonne conscience et être les sauveurs du monde. Mais c’est bien. Faire le bien pour une mauvaise raison, c’était précisément le propos de la religion. Propos soutenus par Padre Pio ou Maître Philippe, qui malgré leur statut de réalisés, ne parlaient pas différemment du curé du coin d’il y a 100 ans. C’est qu’il avaient compris que les gens sont des velociraptors et qu’il fallait avant tout les empêcher de nuire. AU fond, la religion avait de bonnes raisons de se défier de la science, et peut-être que le Grand Inquisiteur qui a chopé Giordano Bruno n’était pas si fou que ça. Peut-être qu’il avait eu une vision, que la science allait ôter aux gens la peur de l’enfer, et que les gens allaient pouvoir laisser libre cours à leurs pires instincts. Vendre du sang contaminé, des médicaments périmés, polluer le monde entier, ruiner un pays, où est le problème, maintenant que la science a montré que Dieu n’existait pas et qu’il n’y avait pas d’enfer ? Ou croit avoir montré, parce qu’en réalité il y en a bien un, mais pas avec des démons et des chaudrons."

Pour les pornodeps, la peur de l’enfer ne marche que dans un seul sens : la peur d’y retourner. C’est pourquoi ils ne peuvent s’éloigner qu’après avoir suffisamment mariné dans leur jus et sérieusement motivés à s’en sortir.
Et l’abstinence ne peut consister à se retenir.
Ce n’est pas par la frustration que l’on quitte ces marécages.

Donc la phase 2 du plan B, si je jette les clopes et l’ordi, il va falloir que je me trouve des trucs à faire.
Un mot encore, et surtout une pensée, pour ce cybernaute inconnu qui vient souvent me consulter en tapant "je me masturbe devant ma mère" dans Google et dont je ne puis étancher la soif d’émotions inédites. Ami matriolâtre, ne reste pas scotché devant ton écran si tu ne veux pas te retrouver plus tard avec des souvenirs guère plus excitants que des gigaoctets de muqueuses stockées dans les entrailles indifférentes d’un disque dur acheté un samedi pluvieux au Carrefour de Vitrolles.
Et puis, laisse ta mère en dehors de tout ça, au fond elle n’y est pas pour grand chose, ou alors va lui cracher le morceau, ou trouve quelque part en toi le courage d’aller en parler à un psy, mais franchement, c’est pas une bonne idée que de rester planté là dans le néant avec ta requète qui ne peut aboutir.

Bonnes vacances à tous.

Commentaires

  1. >> Si la morale foire aujourd’hui, c’est parce que la psychanalyse l’a privée de cette récompense suprême : il nous est devenu impossible de croire au «bon droit» de ceux qui nous blâment.

    Soit il faut envisager que Jésus ait pu inventer la psychanalyse avec son histoire de poutre et de paille dans l’oeil, soit il faut trouver une autre solution pour ce jugement. ;)

  2. Dado, ton commentaire serait pertinent si les gens comprenaient quoi que ce soit à Jésus. Mais c’est un des plus grands incompris de l’histoire.
    John, il n’y a que les yogas qui te sortiront vraiment d’affaire. Je n’ai pas encore atteint la grande béatitude simultanée, mais plus ça va, plus je pense que c’est possible, les signes précurseurs apparaissant les uns après les autres. Après, bien sûr, ça suppose d’y passer du temps, mais perso, je me dis que pour obtenir un truc 1000 fois mieux que l’orgasme normal, ça vaut le coup d’y passer un peu de temps. Mais est-ce bien vrai que c’est 1000 fois mieux, me dira-t-on ? ça oui j’en témoigne, car j’ai eu le début de la chose en rêve, et 1) c’est plus fort 2) ça dure tant qu’on maîtrise le trajet des gouttes dans le canal central. Ce que tu ne pouvais faire que quelques fois quelques secondes par jour, tu t’imagines pouvoir le faire une heure par jour, en beaucoup mieux, tout seul, avec en plus un gain de conscience et d’énergie ? Je ne comprends pas pourquoi tous les cyberdépendants ne sont pas en train de plancher sur cette pratique…

2 commentaires:

  1. http://www.zeff.us/compare.html

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  2. http://www.dependance-sexuelle.info/search.php?query=&mid=6&action=showallbyuser&andor=AND&uid=6&start=900

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