mardi 1 novembre 2005

aspirations fondamentales



La semaine dernière, j’ai rêvé que je surfais sur des sites de cul, qui n’étaient pas très bandants mais très commerciaux. Ce rêve me rassure, car ça fait très longtemps que je n’ai pas eu de rêve branché addiction, alors que mes pensées conscientes tournent souvent autour.
Enfin j’appelle ça des pensées conscientes, mais elles ne sont que le ressassement engendré par ce dérèglement ancien de mon système glandulaire.
Le Forum des dépendants génère chez moi une autre forme d’addiction, ce qui est un comble et qui va à contresens de la libération tant souhaitée. Egréner au jour le jour son chapelet d’espoirs et de misères ne permet pas de se détacher suffisamment du problème. Le comparer à celui des autres non plus. Il s’agit de prendre un engagement ferme vis à vis de soi-même sans possibilité de marche arrière, et peu d’entre nous ont assez confiance en eux pour poser le théorème sous cette forme, qui est pourtant la seule viable si l’on y réfléchit bien.
Je me rappelle aujourd’hui ce message :
"Quand on est petit, on a des aspirations fondamentales, ou peut-être même une seule aspiration fondamentale. Devenir. Et devenir quoi ? Devenir soi bien sûr. Et puis voilà que par là-dessus la société nous convainc que soi = quelqu’un d’honnête de vertueux, qui gagne bien sa vie avec une maison à la campagne une femme et 3 gosses. Alors on se met à vouloir tout ça. Et puis à un moment on a vaguement l’impression qu’on s’est fait arnaquer, mais on n’arrive pas à voir où, alors puisque c’est comme ça on décide éventuellement de devenir une larve : ne plus rien vouloir, puisqu’on n’a pas eu ce qu’on voulait.
Mauvais calcul, parce qu’on vient de jeter le bébé avec l’eau du bain. Soi, c’est du désir. Désir d’être soi, de se connaître… (=Dieu se manifeste pour s’aimer lui-même à travers sa création).
Il faut en revenir à ce qu’on désirait quand on était petit, se remettre dans cet état d’esprit, et repartir de là sans se laisser influencer par les autres."

si je vous disais que celle qui a écrit ça vend du porno gay, vous croiriez que j’ai trop lu Chuck Palahniuk. Je me demande si elle, elle en a lu.
Ce n’est pas des mots qu’il faut se méfier, ni même de ceux qui les prononcent. C’est de notre tendance à nous en contenter.
Du coup, les rengaines éculées prétextent de leur familiarité pour prendre tout le lit : auto-apitoiement, immaturité… Ne leur donne rien à becqueter, c’est à dire le moins possible.
Ne pas perdre de vue que nous avons des problèmes de nantis (par opposition à la majorité des habitants de la planète, qui ont des problèmes de survie)
Je rêve de trouver sur le Web un endroit qui soit l’équivalent sensoriel d’un cimetière silencieux, battu par les vents, auquel on accèderait après une longue marche dans des sous-bois feuillus, où j’aie le loisir de me re-cueillir (bien qu’il n’y ait "personne" et "rien" à cueillir sous peine de sombrer again dans l’autoérotisme nonsensique) et surtout de sortir du mental, ce pendule qui oscille indéfiniment dans un espace à trois dimensions : la peur, la colère, le désir…
Heureusement, ça n’existe que dans la réalité, et je n’ai qu’à enfiler mes bottes pour le trouver derrière chez moi.
Lecture recommandable de premier novembre : Le livre tibétain de la vie et de la mort, par Sogyal Rinpoché
(Le Livre de Poche)

Commentaires

  1. mince, mais t’as changé la photo ! Pourquoi ? la précédente avec le chien était absolument géniale !

  2. elle reviendra !
    tout ce qui s’en va revient !
    j’ai préféré ce photomaton de moi à 17 ans pour marquer l’accent tonique sur “repartir de quand on était petit”, l’autoportrait en “chien avec shooteuse” est bien plus tardif !

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