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Ooh la belle rouge. Dans ces cas-là,
la baignade aussi est label rouge. |
Je me baigne dans l'océan Atlantique.
Encore ? ça devient une manie !
- Oui, mais y'a du progrès : je ne pense plus à Marie-Louise. Je pense aux vertus du bain de mer. Et encore, pas longtemps : je me contente d'en jouir. C'est trop bon.
J'en jouis pas longtemps, parce que je n'ai pas d'organe prévu pour ça dans la durée.
Au contraire de certaines marielouises.
Hé merde.
Mais surtout, parce qu'au bout de 10 minutes d'un dos crawlé vigoureux, car elle est quand même fraiche, je croise la route d'une méduse, à peu près grande comme ça. Nous ne sommes pas sur une trajectoire de collision, elle passe en bord de plage, Nord-Sud, je nage un peu plus profond, Sud-Nord. Au moment du croisement, nous sommes à deux mètres l'une de l'autre, et respectons à la fois la distanciation sociale et le concept de plage dynamique, Macron et Philippe seraient fiers de nous.
Ca jette quand même un froid sur ma baignade : les méduses voguent rarement isolées, sauf quand elles se cachent pour mourir, en piquant au passage ma fille quand elle avait 9 ans, si c'est possible. Je sors de l'onde, pour dîner avec le diable il faut une longue cuiller et une combinaison néoprène intégrale, mon plaisir est gâché, la fête est finie, Orelsan est moisi.
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Que faire de toutes ces méduses ? des lampes molles Art Déco ?
à peine allumées, une odeur étrange envahit la pièce. |
Le lendemain, je retourne à l'océan. Un peu plus loin. A un autre endroit. Les Sableux d'Olonneux sont plein de ressources, d'anses et de criques. Mais surtout de grandes plages sableuses, d'où leur nom. J'hésite à me baigner. L'image mentale de la méduse d'hier est encore bien présente. Je n'ai jamais été piqué, peut-être que ma crainte est plus à craindre que le bisou de Médusa.
Mais je me rappelle de ma fille quand elle avait 9 ans, d'habitude c'est pas une ennemie de la joie, et elle est dure au mal, mais là, ça couinait grave.
Bon, il y a des baigneurs en nombre, certains sont même dans l'eau, c'est quand même bon signe. Pas de cadavre en train d'être réanimé par un boy de la SNSM ou un maitre nageur gérontophile à la lisière du rivage, avec l'eau de mer qui lui rentre par le coin de la bouche ouverte en faisant un petit bruit de ressac quand elle se heurte aux dents du fond. Restons positif. Ooh dis donc, elle est meilleure qu'hier. Mais pas moyen de me débarrasser de la peur d'être piqué. Ben accepte-là, alors, et nage. Allons,
gros vieux petit scarabée, réfléchis, tu es en train de pétocher pour la méduse d'hier dans l'océan d'aujourd'hui, ça n'a pas de sens. Mmmh qu'elle est bonne, que c'est bon de nager, et que c'est rassurant de sentir ces gens autour de moi qui ne s'enfuient pas vers la plage en hurlant de douleur après la brûlure.
Je pense à la méduse d'avant-hier, pour la dédramatiser, celle qui faisait du vélo sur la plage de Saint-Malo
dans la chanson d'Yvan Dautin, et qui était absolument inoffensive, sauf pour un vieux dromadaire qui passait par là en lisant son bréviaire.
Tiens, je vais aller me reposer un peu sur ma serviette, car même si je ne suis pas d'accord pour en parler avec lui, ni avec vous, mon corps se rappelle qu'il n'a plus 20 ans depuis un certain temps. Dans ces cas-là, il ne va pas perdre son temps à vous bassiner avec ça, il va se reposer. C'est un pragmatique, mon corps, et je l'en félicite à chaque fois que j'en ai l'occasion. Comme pas plus tard que ce matin même, quand je me suis paumé en jogging dans le marais vendéen, mais lui a su retrouver notre chemin et nous ramener au bercail avant l'heure de l'apéro, où nous avons pu reprendre trois fois les calories que nous venions de perdre, surtout lui.
Après quinze minutes d'une glauquitude somnolente qu'on dit réparatrice, mais j'étais pas abîmé, une voix bien jeunette m'interpelle, pour me rappeler les
consignes sanitaires en vigueur dans le monde d'après, auxquelles je contreviens grossièrement, car
sont interdites les activités statiques comme prendre un bain de soleil. J'ouvre un oeil, et j'en reste médusé : une gamine d'au moins 35 ans ma cadette, affublée d'un t-shirt de "médiateur" me demande de bouger de ma serviette, au nom du Saint-Covid (on est en Vendée, faudrait pas l'oublier)
Toujours allongé, je lui dis que quand même, je ne contamine personne, et lui demande ce que je risque si je n'obtempère pas. Elle me répond "rien, mais ça serait dommage pour les consignes" et sa réponse est désarmante. De toute façon elle m'a tiré de la glauquitude, et je n'ai pas la présence d'esprit de lui dire que quand la loi est bête, c'est un devoir citoyen de désobéir, que de là où je suis j'envoie un message fort au gouvernement, tiens c'est pas mal, ça, mais je crois que tu l'as déjà écrit sur ton blog, oui mais sans doute qu'elle ne le lit pas, de toute façon elle est partie, du coup piqué par cette méduse des sables d'aujourd'hui, je retourne à l'eau, c'est encore meilleur que tout à l'heure, merci au principe de "plages-dynamiques" grâce auquel je suis en guerre contre ma graisse, et puis maintenant j'ai ma répartie cinglante prête à dégainer la prochaine fois que je croiserai une pauvre fille de 19 ans avec un bel emploi jeune de rabat-joie de merde sur la plage, que demander de plus ?
ce n'est qu'en sortant du bain que j'apprends que ces mesures absurdes sont abrogées dès le 2 juin, franchement, c'est abusé.
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Il était tout seul, et en plus il était tout petit.
Et quand je l'ai mis dans le seau, il avait même pas peur. |
Le lendemain, je ne vais pas me baigner, je suis fâché, mais à la pêche aux maquereaux, comme sur la photo.
Au large des Sableux d’Olonneux, j’entends le Cross-Etel proférer la Sécurité en crachotant sur la VHF, ça me rappelle le bon temps de la plaisance avec le capitaine Poignard.
Mais là on est omoteur, et je n’ai péché qu’un maquereau, que j’ai relâché ensuite par pure compassion, il était encore en forme, ce con, et il a filé dans l’onde. Comme ça il aura quelque chose à raconter à ses petits enfants. Il aura vu Warsen faillir.
Ca craint un max.