Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
samedi 24 mai 2014
Liquides II
Je regarde ce documentaire sur le jeûne.
Puis je me lance, je ne veux pas prendre 10 kgs en cessant à nouveau de consommer du tabac. En perdre 10, ça serait même chouette. Je pourrais trottiner un peu plus vite sur les chemins de campagne. Pas de motivation transcendantale, on sait ce qu'elles donnent chez moi; je m'autorise un peu de jus de soja, c'est des protéines, et j'ai vu dans le film que c'est ça qui craint quand on jeûne, la fuite des protéines, qui constituent les muscles. Je fais provision de jus de fruits, aussi, et je m'autorise à craquer si je craque (je vis avec des gens qui continuent à manger, qui font partie de ma famille, et le repas du soir est quasiment le seul rendez-vous social d'assuré dans une journée de semaine normale.)
Au bout de 3 jours sans manger, je m'aperçois à quel point la nourriture est une croyance, et que si on cesse de pratiquer le rituel de s'alimenter, qui la soutient, on ne s'écroule pas, le monde non plus. Pas de vertiges, pas de faim à se tordre les boyaux, pas de fatigue excessive; faut dire que je teste dans une période de repos professionnel, mais je suis actif à la maison, je repeins portes et fenêtres.
Le soir du 3eme jour, ça va tellement bien que je m'autorise à prendre un repas en famille (c'est une preuve par l'absurde, mais je commence à regarder la bouffe comme si c'était quelque chose de vaguement obscène; il ne faut pas que ça devienne hallucinatoire à ce point)
La 4eme nuit je dors très mal, j'ai l'impression d'avoir pris des neuroleptiques (ni sommeil ni veille : l'organisme se demande avec une certaine inquiétude s'il aura de la bouffe le lendemain et ne dort littéralement que d'un oeil)
Le 5eme jour, je peux bien avoir perdu 4 kgs, tout le monde à la maison me fait comprendre que j'ai un comportement exécrable, aussi infect que dans mes pires moments et aussi narcissique que d'habitude, alors je comprends que la frustration n'est pas ma meilleure copine en ce moment, que ça ne fait que 4 semaines que je ne fume plus, j'ai beau ressentir une empathie tout à fait inédite envers les gens qui souffrent de dérèglements du comportement alimentaire, je voulais perdre 10 kgs en 10 jours, c'est possible, mais ça va mettre tout le monde à genoux moi le premier, je me dis que je vais plutôt supprimer le repas du soir.
mercredi 14 mai 2014
Liquides
J'étais en réunion Alcooliques Anonymes l'autre soir, histoire de chercher une bouffée d'air en ce qui concerne le ressassement et le ressentiment qui sont un peu dans l'air du temps suite au fait que j'ai du mal à accepter mon âge, mon passé et ma mauvaise humeur, sans parler de celle de ma femme.
J'y ai croisé quelques collègues eux aussi anciens adeptes de l'alcool, cette forme liquide d'auto-érotisme dont l'abus a une issue aussi prévisible que malheureuse, comme les autres formes d'auto-érotisme connues de nos services, par exemple les blogs, le jogging, la lecture de comics sur Ipad et la poursuite d'objectifs qui ne sont plus de saison.
Il n'y a qu'en réunion AA que je me reconnecte avec une certaine forme de lucidité ni complaisante ni ricanante sur l'erreur que j'ai pu faire jadis de m'enfermer dans une bouteille pour me consoler de ce que je ne pouvais ni avoir ni être.
J'y ai croisé quelques collègues eux aussi anciens adeptes de l'alcool, cette forme liquide d'auto-érotisme dont l'abus a une issue aussi prévisible que malheureuse, comme les autres formes d'auto-érotisme connues de nos services, par exemple les blogs, le jogging, la lecture de comics sur Ipad et la poursuite d'objectifs qui ne sont plus de saison.
Il n'y a qu'en réunion AA que je me reconnecte avec une certaine forme de lucidité ni complaisante ni ricanante sur l'erreur que j'ai pu faire jadis de m'enfermer dans une bouteille pour me consoler de ce que je ne pouvais ni avoir ni être.
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