Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
samedi 29 avril 2006
Victimes consentantes
mardi 18 avril 2006
Rémanences pascales
La semaine dernière, j’ai dirigé le tournage d’un film de fiction ayant pour thème la sécurité dans les transports scolaires. Auparavant, j’avais flippé pendant 15 jours, incapable d’écrire la moindre ligne du scénario, le nez bien au chaud dans mon impuissance. Le gars qui m’avait proposé de réaliser le film s’en était chargé sans déceler mon malaise, et était ravi des dialogues que j’avais pondus, mais je n’avais pu accréditer ce compliment. C’est ça qui est fâcheux avec ceux qui sont déterminés à rester du côté obscur de la Louze. Ils s’arrangent pour rester super-mal avec ce dont ils ont décidé que ce serait de toute façon un calvaire. Ce tournage, je l’appréhendais comme la peste. Je m’en étais rendu malade, alors que c’est ça que je voulais faire quand j’étais petit, de la mise en scène de télé ou de cinéma.
J’avais une vingtaine d’ados-acteurs, un car scolaire avec son chauffeur, 2 cadreurs, un ingénieur du son, un assistant, la cliente du Conseil Général sur le tournage, et quelques personnes supplémentaires pour s’occuper des enfants que nous avait prétés le collège entre les prises de vues, barrer la route aux moments opportuns… ayant sollicité la gendarmerie pour sécuriser certains lieux du tournage, nous avons eu la joie de nous faire embarquer par la maréchaussée en fin de soirée sur une petite route de campagne, car nous tournions une scène où deux enfants marchant sur le bord de la route manquent se faire renverser par une voiture, de nuit, en faisant les cons, et nous étions si pressés devant la lumière qui déclinait à toute vitesse que quand ils se sont pointés, nous avons momentanément éconduit les pandores dans leurs jolies combinaisons fluo, on les voyait trop dans l’image. Ca ne leur a pas plu, alors que je les avais sollicités par téléphone deux heures plus tôt en m’étonnant de ne pas les avoir vus plus tôt sur le tournage, de se faire reléguer sur le bas-côté d’un chemin boueux, ils ont fini par interrompre les prises de vues, j’étais en train de m’en vouloir d’avoir pris un quart d’heure de pause avec mon chef-op pour repérer le décor de la prochaine scène et pendant ce temps la luminosité s’était vraiment écroulée grave, j’étais en train de me le reprocher, quand l’évidence du ridicule m’a frappé : je venais de survivre aux mille dangers imaginaires dont l’anticipation m’avait refait sombrer dans la clope depuis 10 jours, j’avais réussi grâce à mon équipe formidable, aux enfants super-sympas et compétents - on ne dira jamais assez le bien des classes de théatre au collège - et à ma Puissance Supérieure qui avait aplani les mille et une difficultés de la journée, et j’étais là à couiner dans ma tête qu’il allait me manquer deux plans de nuit au bord de la route. Tout s’est très bien passé, mais le stress m’avait plongé dans un état second, du coup je ne sais pas "qui" a dirigé ce film mais certainement pas moi, je n’en ai aucun souvenir. Et je continue de m’en croire incapable. Demain je tourne la suite. Je m’autorise à flipper à mort, sachant que seuls les actes me délivrent de ces angoisses.
J’aurais pu aussi travailler un peu pour faire de ce billet une petite miniature d’humour distancié et ironique. Je préfère pas, plus je regarde mes beugs d’un air neutre (la bienveillance viendra plus tard) et plus j’évite de les "juger", plus facilement je les accepte et ils me laissent vivre dans les trous de leur fromage.
Publié dans thank god I am me
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mardi 11 avril 2006
Impermanence
Sinon, lundi dernier y’a un mec d’un centre de post-cure qui s’est fait amener en réunion AA par un membre très serviable du groupe, hier on a appris qu’il s’était suicidé dans la semaine.
Les absents ont toujours tort.
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- “Rien que pour adoucir les dernières années de tous les veufs en milieu rural, il faut sauver la pornographie.”
Tu sais, moi qui ait une tendresse particulière pour les handicapés, la dernière fois que j’en ai croisé plus de 20 en moins de 30 minutes, c’était au salon de l’érotisme à Bruxelles… Pour eux aussi, faut sauver la pornographie…
Rédigé par: Soph | le 17 avril 2006 à 16:15| Alerter - Génial ! tu me donnes même l’idée pour une nouvelle campagne : “le porno, c’est fun pour les vieux et les handicapés !” mais comment dire aux autres que c’est la louze ?
Rédigé par: john | le 17 avril 2006 à 23:56| Alerter
lundi 10 avril 2006
les mots volés
Je fus hanté très tôt par des vues pessimistes sur la futilité de toute entreprise humaine, et j’y suis encore sensible, cette chanson récente d’Alexis HK vient me le rappeler. Mais il s’agissait déjà de pallier à une certaine langueur, un manque d’énergie constitutif par des vues dépréciantes.
On imagine sans doute ainsi s’établir dans un certain au-delà de la déception en affadissant par avance tous les plaisirs de la vie.
Quelle erreur ! On se prépare en fait à de sévères déconvenues, et c’est comme si la vie nous prenait au mot et nous mettait en demeure de prouver nos prémisses.
"Dans son étude sur la forme que revêt le masochisme chez l’homme moderne, Thedor Reik avance une vue intéressante. Le masochisme est plus répandu que nous ne l’imaginons car il prend une forme atténuée. La dynamique de base est la suivante: le sujet perçoit quelque chose de mauvais dont la venue est inévitable. Il ne peut rien faire afin d’interrompre le processus; il est réduit à l’impuissance. Le sentiment de son impuissance engendre chez lui le besoin d’exercer quelque contrôle sur cette souffrance imminente - n’importe quelle forme de contrôle fera l’affaire. C’est logique: le sentiment subjectif de sa propre impuissance est plus douloureux que la souffrance à venir. Aussi le sujet a-t-il recours, pour se rendre maître de la situation, à la seule voie qui lui reste ouverte: il concourt à hâter la venue de ce malheur prochain. Cette activité encourage chez lui l’impression erronée qu’il aime la souffrance. Il n’en est rien. La vérité est simplement qu’il ne peut plus supporter sa propre impuissance, ou son impuissance supposée. Mais le mécanisme par lequel il acquiert la maîtrise de cette souffrance de toute façon inévitable l’amène automatiquement à devenir anhédoniste (c’est-à-dire à ne plus pouvoir ou à ne plus vouloir éprouver le plaisir). L’anhédonie s’installe sournoisement et en vient, au fil des années, à dominer le sujet. Ainsi apprend-il, par exemple, à différer la gratification - c’est là une étape du triste processus de l’anhédonie. En apprenant à retarder la gratification, il éprouve un sentiment de maîtrise de soi; il est devenu stoïque, discipliné; il ne cède pas à la pulsion. Il possède la maîtrise. Maîtrise de soi quant à ses pulsions, maîtrise de la situation extérieure. Il est un sujet qui se maîtrise et qui maîtrise. Bientôt, il a étendu le processus et exerce sa maîtrise sur d’autres sujets, car cela fait partie de sa situation. Il devient un manipulateur. Naturellement, il n’est pas conscient de la chose; il ne s’agit pour lui que d’atténuer le sentiment de son impuissance. Mais la tâche qu’il s’est ainsi fixée le conduit à asservir insidieusement la liberté d’autrui. Pourtant il n’en retire aucun plaisir, aucun gain positif sur le plan psychologique; tous ses gains à lui sont fondamentalement négatifs."
Mon fils manifeste un gros potentiel de branleur, et je ne parle pas du catalogue "Sexy Galeries Lafayettes" retrouvé sous son oreiller un jour de grand ménage.
Ca, c’est de son âge.
C’est une nonchalance généralisée sur laquelle j’ai peine à ne pas projeter la mienne à son âge, et l’effet miroir n’est pas ce qui se fait de mieux pour amorcer le dialogue, d’autant que nous avons déjà décidé de sous-traiter toute la partie travail scolaire avec des étudiantes plus pédagogues que nous devant 1/ l’incapacité d’Hugo à travailler tout seul 2/ notre incapacité à travailler avec lui.
Moyennant quoi il engloutit le PNB d’un petit pays africain en cours particuliers et se maintient bon an mal an à 9,5/20 de moyenne générale.
Et j’ai beau m’accuser de fuir le débat, ça se passe mieux quand j’évite de renforcer ses résistances en le soumettant à des interrogatoires gestapistes sur tel ou tel travail qu’il avait à rendre la semaine dernière, ce qui me renvoie aux incapacités de mon père qui mimait à la perfection le dieu de colère de l’Ancien Testament mais n’était pas foutu de nous donner, à mon frère et moi, un cours de maths sans que ça tourne à la tragédie humaine.
"Si peu d’invention, c’est à désespérer de l’homme. Ils croient mûrir parce qu’ils ont des enfants. Ils croient aimer parce qu’ils n’osent plus tromper leur femme. Ils n’auront jamais fait que vieillir. Ils n’auront jamais fait qu’être vieux."
Christian Bobin, Le Très-Bas
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- Je viens d’apprendre ce qu’est l’anhédonie et j’ai fait un rapprochement avec certaines techniques de méditation.
Certaines formes de méditation pourraient faire penser à la recherche délibérée de l’anhédonie, mais il n’en est rien.
Certains yogis, ont développé un mental n’ayant pas de phénomène discursif (souvent confondu avec le vide mental), mais en réalité ils sont fortement concentrés sur leur corps, ressentant l’apparition des sensations douloureuses ou plaisantes, mais en ne les évaluant pas.
(Au contraire du comportement de Mr tout le monde qui serait d’intensifier le mental pour oublier les sensations douloureuses.)
Certaines écoles préconise de balayer successivement toutes les parties du corps en ressentant toutes les sensations, mais sans y associer le mental qui s’approprierait aussitôt ces sensations.
Suit alors une phase d’anhédonie plus ou moins longue selon la force de l’ego du sujet, puis vient un plaisir béatifiant sans objets mentaux, le corps se débrouille alors tout seul, il est libéré du mental.
Rédigé par: houdib | le 12 avril 2006 à 09:47| Alerter - Comme d’hab’, toujours très fin ce fichu P.K. Dick!
Rédigé par: Dado | le 12 avril 2006 à 16:47| Alerter
dimanche 9 avril 2006
6 mois
Comme le disait Dartan, "Tous, tant que nous sommes, avons en nous "quelque chose" qui veut toutes les femmes et tous les biens de ce monde : c’est la règle chez les primates, et elle repose sur des instincts qui s’éternisent chez les humains. Mais ce n’est grave et dangereux qu’autant que nous en sommes inconscients. C’est alors seulement que nous agissons en gorilles."
Bref. Quand je mate le blog de Cha, qui met en scène ses propres ecchymoses avec une cruauté narquoise qu’elle voudrait cathartique, mais peut-être que ça lui sert juste à survivre à ses pulsions destroy, je me dis que si j’ai cessé de boire, la gueule de bois ne s’est jamais dissipée, et ma "structure dépendance" a trouvé d’autres terrains de jeu. Je retourne donc fouiller il y a 20 ans, quand le monde se divisait en choses sacrées (les femmes, le rock dépressif, l’ivresse haschichine et la bande dessinée) tragiques (Philip K. Dick) dérisoires et insignifiantes (tout le reste). De ce point de vue, je vis aujourd’hui dans une insignifiance à laquelle je dois donner du sens, sans lequel aucun progrès réel ne peut se manifester, abstinence ou pas.
Il n’est pas inutile non plus de relire tout ce que les Alcooliques Anonymes ont pondu sur l’auto-apitoiement : qu’on soit ex-pochtron, chrétien ou bouddhiste, ou rien du tout avec des casseroles au cul, le remède préconisé est partout le même : accepter les choses que nous ne pouvons changer, ne pas focaliser dessus et s’attaquer à ce qui peut l’être, et qui est généralement sous notre nez.
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samedi 8 avril 2006
Instants fugaces
Je fais une plaisanterie inattendue à une personne que je ne connais pas. Elle rit de bon coeur, et c’est une invitation instantanée à l’allégresse; je prends conscience que mon désespoir est un pardessus élimé que j’ai endossé en m’abreuvant de Gérard Manset et autres professionnels de la lamentation, et que j’en suis donc libre pour aujourd’hui si je le désire. Ca dure une seconde et demie, et elle est géniale.
A 20 ans le coeur se pose où l’oeil se pose. Et ça s’arrange pas forcément après. Depuis, j’ai lu des livres qui m’ont fait entrevoir l’idée d’une possibilité de maturation affective, mais je ne voulais rien lâcher question tristesse. C’était ma crispation identitaire de prédilection. Et puis la maturation affective, ce me semble aujourd’hui un énoncé paradoxal. Les croyances les plus enracinées sont les colorations émotionnelles contractées dans l’enfance, voire même avant. Les miennes furent malheureuses, mais je n’eus de cesse de les entériner et de les reconduire. Je peux trouver que ça craint ou que mon égoïsme se drape dans de piteux voilages, je peux surtout continuer d’observer les occurences et absences du phénomène, ses mécanismes d’apparition et de résorbtion. Vous allez me dire qu’à mon rythme actuel, je vais mettre 14 000 ans à sortir de l’émotionnel, surtout que j’ai appris à le bloquer pour ne plus en souffrir, et qu’il va falloir que je déterre quelques cadavres. Que quand j’aurai fini de faire le deuil de l’Irrémédiable, du Disparu et de l’Irréparable, je serai au seuil de la mort. C’est possible. J’essaye de faire du mieux que je peux, le plus souvent possible. J’en suis à m’adresser ainsi à l’Esprit de l’Univers : "Mon Dieu, préservez-moi de me prendre pour un minable." Pas de manifester des comportements lamentables ou pitoyables, non, ça c’est mon boulot, mais d’endosser la fonction, le personnage intérieur. Les manifestations sans la personne pour les incarner, ç’est déjà bien moins pénible.
A part ça, il se pourrait aussi que le dernier Ballard ne soit pas indispensable. Ca m’apprendra à piller la rubrique littéraire du Monde au lieu de faire mon Warsen. A propos, demain j’arrose mes 6 mois sans porno. Dans la plus stricte intimité, mais avec mon pantalon.
- Peut-on reculer sans perdre la face, Maître ?
- Bien sûr : regarde, disciple.
- Mais vous n’avez pas bougé, Maître.
- Recule un peu, il te semblera que si.
(Hervé Le Tellier)
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Bonne continuation !
Rédigé par: Dado | le 19 avril 2006 à 04:11| AlerterOuah, tourner un film ! Trop génial ! Tiens je sais pas si t’as vu la pub pour “la nuit du poker”, elle est géniale.
Rédigé par: flopinette | le 21 avril 2006 à 00:39| Alerterbeuh non, on peut la voir où ? et t’es sûre que tu te moques pas, là ? j’aurais tendance à penser que si je suis capable de diriger une équipe même dans mon costume à paillettes de lavette cosmique, c’est à la portée de n’importe qui. Le tournage est fini, il me reste encore le montage et le mixage pour flipper ma race, rhaaa !
Rédigé par: john | le 21 avril 2006 à 01:19| Alerterla pub était sur yahoo mais elle n’y est plus apparemment.
Rédigé par: flopinette | le 21 avril 2006 à 17:34| AlerterLe montage, c’est les doigts dans le pif avec ton expérience et dans les yeux de la script pour chaque faux raccord et le mixage ça sera juste le bout du rouleau…et des angoisses… Après tu peux compter 3 ans avant d’avoir un regard frais sur ton truc et ne plus voir seulement les merdes… Wellcome
Rédigé par: Soph | le 24 avril 2006 à 17:18| Alertersi je pars du principe - et que je le garde au frais dans ma conscience de veille - que la négativité affichée de mon esprit n’est qu’une manifestation particulière d’énergie qui relève d’un apprentissage et sur laquelle j’évite de poser des jugements de valeur, tout va bien.
Rédigé par: john | le 24 avril 2006 à 20:15| Alerter