vendredi 15 juin 2012

Baraka, Samsara, Koyaanisqatsi & other non-verbal films

Koua ?
Kantan-je ?
Vous n'avez jamais vu Koyaanisqatsi ?
Vous y'en a pas connaitre Ron Fricke, le fils spirituel de Godfrey Reggio ?

Samsara is a nonverbal film described by the makers as a "guided meditation".  
The film uses very high quality images, scenes of nature and mankind to stimulate the viewer.  
The film contains no plot or actors, although there are several performers in the film. 
Samsara is Ron Fricke's 2011 follow-up to Baraka.  

Et ça fait quelques années qu'il était en montage (en tant qu'ancien monteur moi-même, j'aimerais pas être à la place du gars sur qui c'est tombé) et c'était plus ou moins l'Arlésienne...

Hé ben ça va bientôt sortir !!!!
Et pis faudra aller le voir !
La Bande-Annonce laisse deviner des flingues, des filles et des mandalas... bref tout ce qu'il faut pour passer une bonne soirée entre amis !

Samsara Teaser from Magidson Films on Vimeo.


Et puis aussi, en cherchant comment faire du timelapse avec l'EOS 5D Mark II dans le cadre de la R&D du vendredi, je suis tombé sur un disciple qui se débrouille pas mal du tout.

Landscapes: Volume Two from Dustin Farrell on Vimeo.


Landscapes: Volume One from Dustin Farrell on Vimeo.

Et puis en fouinant un peu, j'ai aussi retrouvé le film précédent de Ron Fricke, Baraka, en intégralité et en HD, ça vaut bien l'heure et demie qu'on passe devant en se disant alternativement "que le monde est petit, mais qu'il est grand !"

vendredi 8 juin 2012

L'Amour Parfois, mais Voutch Toujours

Bien sûr, c'est facile de rigoler avec ces pauvres riches.
Bien sûr, il tire juste, le Voutch, mais c'est parce qu'il vise toujours au même endroit.

C'est ça, l'entraînement.

Ceux-là sont extraits de "Personne n'est tout blanc" et scannés un vendredi soir à l'heure où je devrais être devant la saison 4 de Breaking Bad.
C'est une honte.















samedi 26 mai 2012

Un coup de jeunisme



C'est grâce à Internet que je l'ai découverte, et grâce à Internet que j'ai appris que si j'étais pas si souvent devant Internet j'aurais pu aller la voir (c'est une fille toute seule) pas très loin de chez moi (elle passait à Rennes en février)
Merci Internet !

lundi 21 mai 2012

Manteau de neige contre rideau de pluie

Week-end de l'ascencion à la mer.
Pas très beau temps.


S'il y a un tsunami à Notre-Dame de Monts, on le verra arriver.


Du coup, lu plein de livres, dont "Blankets" de Craig Thompson.

Profondément ému par cette histoire, la plus belle que j'aie pu lire sur l'adolescence.
L'auteur restitue magistralement les transes de cet âge où l'on idéalise l'autre, et où l'imaginaire n'a pas encore été gangrené par l'idée de "possession", qui fera plus tard les choux gras de l'ego et des pornocrates.
Ce récit autobiographique, étiré sur 600 pages qui se lisent d'un trait fluide et délié, me restitue mes 17 ans dans ce qu'ils ont eu de meilleur (théophanie sentimentale sans dépit insurmontable) 
Merci Craig.

vendredi 18 mai 2012

Ben mon cochon...

http://www.extreme-down.com/films-sd/dvdrip/8595-le-cochon-de-gaza-french-dvdrip.html

Un film cochon dont vous ne rougirez pas.
J'ai même un peu larmoyé à la fin, mais c'est parce que je suis une grande chochotte.

Bien sûr, c'est une fable, issue de gens qui espèrent, dans une situation désespérée...

Mais même si l'espoir n'est pas un steak, l'homme ne vit pas que de porc.
Salut.

dimanche 13 mai 2012

Interlude 10


Loguivy de l'Amer from john warsen on Vimeo.


C'est une chanson passéiste et profondément réactionnaire, que chantait un ami bretonnant il y a une dizaine d'années, assez doué lui-même pour les imitations ridiculisantes.
A l'époque, j'en ai fait une version dont personne ne devrait se relever à terme.

Ceci dit, je viens d'avoir la curiosité d'aller écouter l'original, que je n'avais jamais entendue, puisque je n'ai jamais fait qu'imiter une parodie,  et finalement je me dis que c'est pas beau de se moquer des vieux, vu que demain, les vieux, c'est nous.
Et que la vacuité égotiste de la dérision est le cyanure du siècle.
La prochaine fois que je monte dans les Cotes du Nord, j'essaye d'écrire une vraie chanson vantant la beauté de la côte, et on verra si à malin, malin et demi.

samedi 12 mai 2012

jeudi 10 mai 2012

mercredi 9 mai 2012

Ma dépression racontée aux enfants (1)

Dans la dépression, ce qui m'a frappé c'est l'absence de vie, l'épuisement des ressources, le manque de créativité qui empêche toute réponse comportementale adaptée, en même temps que l'impossibilité d'échapper au marécage, même si on le connait comme sa poche.
La pesanteur, je connaissais.
Les matins où tu te réveilles avec l'impression de trainer un landeau sous l'eau sur la planète Jupiter.

Bon, heureusement, ça ne dure pas.
D'autres matins, je me dis que seul l'amour me rend libre, que c'est même le critère absolu dans ce monde relatif. 
Le critère de l'intégrité de l'expérience, et c'est une leçon non négociable.

Me v'la beau, enfin plus que dans mes vidéos, en tout cas.
Sans attachement, c'est toujours ça de non-pris, de non-saisi.
Même sans injection massive de sérotonine, le botox des nichons de la tête.

Ce que nous vivons ici, c'est pas d'l'amour, c'est du bizness (1)
Pertes et gains.

Quand j'ai fait ma descente dépressive, j'ai passé un mois sans pouvoir allumer mon ordinateur.
Y'avait plus de jus.

Ca a vraiment inquiété tout le monde dans la maison, déjà qu'ils étaient bien avertis de la gravité de mon état, vu que je passais mes journées à sangloter en robe de chambre, mais là c'était la preuve irréfutable.

Quand j'ai fait ma remontée, le contrecoup boosté au Seroplex® à côté duquel le Fringanor, c'est des smarties pour étudiant bachoteur, j'ai rouvert tous mes blogs, je me suis même créé un tumbler, pour fiche la paix à ma femme la nuit, vu que pendant un mois je me contentais de 2 heures de sommeil par nuit, ce qui me laissait 22 heures par jour pour ricaner avec des petits "ach !" et des gros "Bbeeuuaaarrrr !!" d'envahisseur de Pologne.

Je me suis mis à écrire comme s'il m'était arrivé quelque chose d'extra-ordinaire, alors que je ne faisais que sur-réagir au traitement.

Une dépression suivie d'un match retour aux antidépresseurs, la belle affaire.

Il m'apparait aujourd'hui évident qu'à "Moi" il ne peut rien m'arriver, tant que je prends tant de place.

A part mourir, expérience ultime et fascinante tant qu'elle reste de seconde main.

Et à part me découvrir bipolaire (selon mon psy) et archéotène (selon mes recherches, d'ailleurs je retiens un frisson d'avoir forgé un néologisme si obscur que je m'en vais vous en expliquer l'explication)

Jacques Dartan écrit quelque part dans son cours d'initiation à l'orthologique :

"Un poète anglais, Oscar Wilde, vécut assez longtemps et douloureusement pour s'apercevoir que «la tragédie de la vieillesse, ce n'est pas de  vieillir :  c'est de rester jeune …»  En un mot, cette tragédie est la néoténie.
La néoténie (de neos  : jeune, et tenié  : je prolonge) est le phénomène biologique qui consiste dans un développement plus rapide du germen  (les cellules reproductrices) que celui du soma , de façon que l'organisme néoténique parvient à la maturité sexuelle et devient reproducteur sans acquérir les caractères somatiques des adultes de son espèce. Il reste «éternellement jeune». L'exemple classique est celui d'une Salamandre mexicaine appelée Axolotl.  Normalement, les salamandres débutent dans la vie exotrophe(2) sous forme de larves aquatiques dotées de branchies, puis se métamorphosent en adultes pourvus de poumons adaptés à la respiration atmosphérique. Mais l'Axolotl parvient à la maturité sexuelle dans sa forme larvaire et reste dans cet état. Aussi l'a-t-on tenu pour une salamandre dépourvue des pouvoirs évolutifs caractéristiques des autres membres de sa famille jusqu'au jour où l'on découvrit qu'en modifiant les conditions de milieu les jeunes axolotl pouvaient devenir des Amblystomes,  qui sont une espèce connue de salamandres, et l'Axolotl se révéla n'être qu'un bébé-Amblystome capable de se reproduire, un Amblystome néoténique.
Or le cas d'Homo sapiens semble s'apparenter à celui-là. L'Homme pourrait être un bébé-singe capable de se reproduire, un anthropoïde néoténique qui retient à l'âge adulte un grand nombre des caractères particuliers aux anthropoïdes nouveaux-nés : rapport élevé du poids de l'encéphale, angle facial, morphologie frontale, structures crâniennes, muqueuses labiales apparentes, forme des dents, faible pilosité corporelle.
Mais c'est sur le terrain psychique que cette néoténie aurait affecté profondément nos destins en différenciant les sexes par un caractère fondamental : l'homme et la femme seraient l'un et l'autre des néotènes physiologiques, mais l'homme seul serait doté (ou affligé) d'une âme néoténique.  Or il faut bien constater que l'homme se distingue en effet de la femme par plusieurs traits spécifiques juvéniles.  Les mâles de notre espèce jouent  toute leur vie, ne serait-ce que quelque «beau rôle». Seuls les saints, les cuistres et les mères de famille ne jouent pas, les saints parce qu'ils sont sérieux, les mères de famille parce qu'il faut bien qu'elles le soient, et les cuistres parce que, en toute innocence, ils se prennent au sérieux. Ce qu'ont toujours été les activités ludiques jugées «caractéristiquement humaines» par Marston Bates, c'est caractéristiquement masculines."

Quand je trippais Seroplex®, j'avais l'impression de vivre pleinement mon potentiel d'il y a 25 ans, alors que je vais sur mes 50.
Mais quand j'en avais 25, je me prenais pour un vieux con, depuis mes 18 !
Avec le temps je me suis aperçu que je pouvais lâcher prise, que ça finirait par arriver tout seul.
Et voilà pour l'archéoténie (l'éternelle vieillesse du blogguer collé à la néoprène sur son ordi)
Tiens, je crois que je vais aller me pieuter, je continuerai plus tard.
  
(1) pour mémoire, cet extrait d'un manuscrit trouvé dans une poubelle :
Kaios Kagathos : j'aime cet homme.
Flocrate : "aimer quelqu'un" n'a pas de sens.
KK : Ah bon ?
F : L'aimes-tu pour une qualité qu'il possède ou pour autre chose ?
KK : je l'aime parce qu'il est lui.
F : Ce "lui" tient-il à une qualité spécifique ou à autre chose ?
KK : A autre chose.
F : "Lui" ne dépend donc pas des qualités
KK : assurément non.
F : Donc si demain il perd une jambe tu l'aimeras toujours
KK : Bien sûr
F : Et s'il lui pousse un pelage noir et qu'il se transforme en chauve-souris, tu l'aimeras encore.
KK : Euh... oui.
F : Et en arbre et en montagne ?
KK : Euh... sans doute...
F : Donc il peut être tout et tu l'aimeras encore.
KK : Ben euh...
F : Donc c'est clair, soit ton amour ne tient à aucune de ses qualités et il est universel, soit il tient en fait à des qualités spécifiques, et là ce n'est plus "lui" que tu aimes mais ses qualités, et ça, c'est du bizness, pas de l'amour.
(Explication : le hic c'est que l'ego est un agrégat, donc "personne" ne peut aimer "personne", il n'y a que Dieu qui peut s'aimer lui-même. Donc tout amour qui n'est pas universel n'est pas de l'amour. On a le droit de faire des préférences, mais ce sont des préférences, pas de l'amour (...) Parce que sinon ce serait de l'attachement ou tout au moins une préférence, et là ce serait une autre histoire. L'amour est par nature non-limité. En fait tu te reconnais toi-même en chaque chose, ou plus exactement Dieu se reconnaît lui-même à travers toi. Sans compter que Dieu et toi n'étant pas séparés... bref.

(2) La vie des organismes est dite exotrophe (detrophé  : nourriture) lorsqu'ils se nourrissent «au-dehors» (de l'œuf ou de l'utérus maternel).

lundi 7 mai 2012

Interlude 5 : en tournée pour 5 ans


Le groupe est à droite, et le nouveau batteur plutôt à gauche.
On va voir ce qu'ils jouent ensemble.

dimanche 6 mai 2012

samedi 5 mai 2012

Interlude 3

http://suicideweathr.tumblr.com/

Si jamais la fantaisie m'en prenait, j'aurais néanmoins du mal à me branler devant ce blog d'images de guerre et de cadavres à des stades divers de destruction et/ou de décomposition.


Life is hard, and so am I

You'd better give me something, so I don't die
(Eels, Novocaine for the soul)


Merci à Gregg pour la réaction H.O.

vendredi 4 mai 2012

Interlude 2


J'allais dire "j'aime bien cet endroit", mais je crois que c'est pire que ça, je lui appartiens.
C'est là que j'ai fait mes premiers pas dans les chaos rocheux, avant Jésus Christ ou presque, à la recherche de crevettes, de touilles (petits poissons locaux) et de crabes, aujourd'hui en voie de raréfaction.
J'ai volé une demi - heure à ma famille et à mes amis lors de mon dernier passage pour m'y arrêter en coup de vent et shooter quelques plans, que j'ai mis ensuite 3 jours à truquer, pour un résultat beau-laid, mais je peux appeler chaque caillou par son petit nom, sauf ceux que la mer a trop usés.

mardi 1 mai 2012

Interlude


Dieu est un chat de Schrödinger qui m'attend dans le coffre de ma voiture pendant que je me balade sur le sentier des Douaniers.

samedi 28 avril 2012

Du 25 au 28 novembre 2010


La seule volonté que maman ait exprimé de son vivant, c'est le souhait de ne pas aller pourrir dans la terre, mais d'être incinérée.
Peur inconsciente et typiquement occidentale qu'une forme atténuée de conscience du moi survive et se voie lentement digérée par les vers ?

En tout cas, voilà qui est fait.
Tout est consumé.

Le corps du délit, cette affreuse conséquence de l’inexcusable faute de savoir-vivre qu'elle a commise en mourant sans préavis, a été atomisé, et nous a été remis après refroidissement dans une urne bleue pastel emballée dans un carton qui n'est pas sans rappeler les cubitainers familiaux de petits vins de l'Hérault dont ils étaient friands.
Dès lors que nous n'avons plus affaire à un corps, mais à un concept cubique de 25 centimêtres de côté, ce carton devient sacrément encombrant.
Qu'en faire ? Nous n'avons pas encore de sépulture régionale. On s'oriente donc vers le frère survivant de maman, celui dont on pensait qu'il partirait le premier, et qui reste aujourd'hui le dernier survivant de la tribu maternelle.

Différentes hypothèses sont émises.
Dispersion des cendres dans un « jardin du souvenir » prévu à cet effet.
Inhumation dans le champ de tonton, qui accueillait jadis des patates ; ces pommes de terre à la cueillette desquelles maman avait pu échapper en gravissant les échelons de l'Ecole Normale.

R* n'est pas très chaud pour cette dernière option : "oui mais après ma mort, quand le terrain sera vendu ?"
Il n'a pas tort.
Il propose alors le caveau familial du cimetière de Saint-Antoine, où reposent ses ascendants ainsi que Y*, la belle soeur de maman qui elle aussi s'est barrée en loucedé, huit ans plus tôt.
(cf Un dimanche de Toussaint)
"Elle sera bien, là."

Rendez-vous est donc pris dès le lendemain, papa et F* vont transporter l'urne en voiture jusqu'en Dordogne.
Moi qui me fais une fierté secrète de fréquenter le frère de maman un peu plus souvent qu'à mon tour, je trouve le procédé un peu cavalier. Ils ont prévu de rester chez R* une demi-journée en tout et pour tout. C'est vrai qu'il n'y a pas grand-chose à faire chez lui, à part évoquer les maigres souvenirs communs, car on l'a finalement très peu fréquenté au temps de sa splendeur (toute relative), et subir les disques d'Aznavour ou de Joe Bassin dont il reste un grand admirateur. Mais de la part de mon père et de mon frère, je trouve ça un peu léger comme service après-vente. J'imagine déjà tonton au salon, perdu dans la contemplation de l'urne de sa soeur au lieu de la sieste réparatrice devant la 5.
Alors je me propose de descendre passer la fin de semaine à ses côtés, dans ce moment difficile entre tous.
Entre-temps, la petite communauté se disloque. Chacun retourne à ses occupations pré-mortem. Nous reprenons le TGV pour Nantes, fastidieux voyage de retour à peine égayé par une explosion de vomi de la cadette au milieu du wagon.
Le lendemain, je retourne au bureau et j'y croise une nouvelle stagiaire qui vient de perdre sa mère dans des circonstances analogues. Ca crée des liens. On discute le coup.

Samedi 27, je me lève avant l'aube pour parcourir les 400 km qui me séparent de tonton.
Comme je m'y attendais, les cendres de maman trônent dans le cubitainer sur la table du salon, là où papa et F* l'ont déposé hier avant de repartir comme des livreurs Darty pressés.
Tonton me dit : « c'est marrant, dans le temps ici c'était la chambre de nos parents, en fait ta mère est née à quelques centimètres. »
C'est effectivement tordant.
En plus, il me dit ça dans demi-sourire à la Fernand Raynaud, en respirant à toutes petites goulées, comme un plongeur descendu à une grande profondeur qui se demande s'il aura assez d'air pour remonter.
Il est tout aussi économe de ses gestes, de ses déplacements et de ses idées.
La vieillesse, chez lui, c'est une publicité vivante pour le développement durable.
Son dernier lien avec la vie, c'est sa femme de ménage, à l'efficacité douteuse, aux horaires aléatoires, et au problèmes existentiels insondables. Récemment encore, elle s'était acoquinée avec un mafieux corse de 3e catégorie, qui a fini par lui siphonner sa cuve à fioul à l'entrée de l'hiver.
Je compatis.
C'est pas grave, tonton trouve ainsi l'occasion de claquer sa retraite pour une bonne cause. J'espère que comme dame de compagnie, elle est plus crédible que comme femme de ménage, parce que c'est un peu cracra chez tonton. Il faut relaver toutes les assiettes dans le placard quand on veut manger dedans, et je pense qu'il faudrait même laver le placard, saupoudré de sciure de vers. Heureusement qu'il n'y voit plus grand chose.
On va se promener au fond du jardin, ce qui nous prend une bonne petite heure aller et retour, on va voir si le voisin qui a construit une nouvelle maison n'a pas empiété sur le terrain de mon oncle, parce qu'il a fichu la clôture en l'air en 2005 et que personne ne semble s'en être préoccupé depuis, ni mes cousins qui vivent en Nouvelle-Calédonie, ni ma cousine qui vit en Corse et dont le mari ex-gendarme semble plus soucieux des bouteilles qu'il a mises au frais dans la cave de tonton que de l'intégrité des frontières territoriales du patrimoine.
Papa a alerté tout le monde hier au téléphone (famille, voisins) sur ce scandale immobilier en cours, il a décidé qu'il fallait absolument résoudre cette affaire de façon définitive, puis il est rentré à Montpellier.
L'émeute a fait long feu.
Au fond du jardin, R* m'explique que dans le temps, les arbres servaient de bornes naturelles, et tu vois, ce vieil orme définit bien l'alignement de la limite de la propriété, donc tout va bien, on va laisser ton père se calmer, je comprends qu'il soit un peu énervé en ce moment.
Tout cela à demi-mots et à petites goulées, parce que ça fait des années qu'il n'a pas tenté pareil exploit sportif : un 200 mètres en ligne droite à pas comptés.

Le dimanche soir, je reprends la route, un orage crépusculaire manque emporter la voiture sur la route de Bergerac, France Inter diffuse «ça sent le sapin» de Jeanne Cherhal, chanson marrante et de circonstance :

«Quand on n'a plus goût à rien
Quand on s'lève plus le matin
Qu'on mastique son chagrin
Comme un morceau de vieux pain
Quand on n'a plus dans les mains
Personne pour vous faire du bien
Qu'on veut plus du lendemain
Ben là ça sent vraiment l'sapin
Là ça sent vraiment l'sapin.»

Comme le disait Brassens, «les vrais enterrements viennent de commencer.»

Fini de rire.

vendredi 27 avril 2012

La solution finale V


Suicide collectif à réussir :
Succomber en masse au cyber-fascisme rampant 
de la laideur et de sa contemplation !



Ne jamais péter dans une combinaison de plongée !


Antidote : 
(reçu aujourd'hui par chain mail)

Voici le message qui constitue l'EGREGORE D'AMOUR EN CHAINE POUR PRESIDENTIABLE.
>
> ENONCER À HAUTE ET INTELLIGIBLE VOIX LE MESSAGE SUIVANT AVANT DE L'ENVOYER
> À VOS DESTINATAIRES :
>
>
> "Je remercie Le Maître et l'Univers pour l'égrégore d'Amour, de
> Sincérité, de Compassion, de Courage, de Lumière qui se crée ici et
> maintenant autour du futur Président de la République Française qui
> sera élu au suffrage universel au printemps 2012, quel qu'il soit,
> afin que la Justice Sociale, la Paix, la Fraternité soient désormais
> les motivations de son gouvernement.  Que la Lumière inonde chaque
> ministère, et chaque ministre quelle que soit son appartenance politique,
> et quel que soit le poste qu'il occupe".
>
>
> A NOTER : Ce mail doit être réexpédié en conscience.
>
> L'intention émise, dans l'attention de ce qui est dit.
>

mardi 24 avril 2012

La solution finale IV

La semaine dernière, sur la plage de Trestrignel, j'ai croisé Marine Le Penis.
C'est une créature du Seigneur, c'est tout ce que je peux en dire de gentil.
Elle est le fruit d'une éducation réussie, d'une programmation culturelle sans failles et sans bavures.
Son succès et son franc-parler sont d'autant plus éclatants face aux balbutiements du camp d'en face.

Alors j'y ai lâché le chien dessus.
Il m'a ramené ses bollocks.

Gentil, le chien.
Va pas manger ça, tu vas nous choper une maladie.

Mais hier soir, au journal de ce triste Pujadas, elle les avait à nouveau.

Ca repousse, ou alors elle s'est fait greffer celles de son papounet.

lundi 23 avril 2012

La solution finale III

Fukushima mon amour, il y a un an déjà ...


A y est, il a voté Le Pen...
Une nouvelle jeunesse pour cette couverture de Charlie-Hebdo.

dimanche 22 avril 2012

La solution finale II

Et voilà, il suffit que je parte à la mer une semaine, en ayant programmé à l'avance tous les articles les moins intéressants sur ma tombe, et quand je reviens, paf, ce soir Marine est là avec son fromage de tête à 20% de matière grave.
Les Français se disent "ah ben tiens on a tout essayé sauf ça".
Au moins je n'ai plus besoin de me dévaloriser pour me trouver con de faire partie, de par le hasard de ma naissance, de ce peuple.

photo prise devant la petite maison de Perros Guirec.
Technique mixte, artiste inconnu.



Collage réalisé par les enfants d'un copain trégorrois
pendant le repas dominical : 
portrait-robot du candidat idéal : 
Nathan-Luc Arthanchon, 
Prélogie : le pangement.

mardi 10 avril 2012

La Solution Finale

Si les couilles molles de l'ONU n'étaient pas coincées par le veto russe et chinois, on n'en serait pas là.
En ce qui concerne le drame syrien, je ne vois guère qu'une solution, et j'ai vraiment attendu que la situation se dégrade pour en arriver là :
envoyer à Bachar-El-Hassadik le Bernard Lavilliers de la chanson des Fatals Picards.
Il l'a quand même bien cherché.
Si ça suffisait pas, on peut aussi lui adjoindre Mélenchon.

lundi 9 avril 2012

Journée du 24 novembre 2010

Les conjoint(e)s et enfants des uns et des autres nous ont rejoints pendant le week-end, faisant passer la population de l'appartement légèrement au-dessus du seuil critique d'un Noël en famille.
Certains vont visiter la morte, d'autres préfèrent conserver l'image de mamie vivante, et ils ont bien raison.
L'intendance encaisse, le Super U est tout proche, mais faudrait pas que le flux des immigrants s'accroisse, les lits vont manquer.
Le délai maximum de conservation du corps ayant été atteint, (4 jours) il faut se résoudre à clôturer le stage.
Le funérarium de Montpellier est situé sur le domaine de Grammont, au sortir d'un chaos de zones industrielles et commerciales. Dans les environs se tenait jadis un complexe culturel dont le nom m'échappe, où j'assistai à un concert mythique de Tuxedomoon en compagnie de Vincent E.
Dès l'entrée, nous sommes saisis par la ressemblance avec 1 aérogare au moment des grands départs.
Des aiguilleurs du ciel à casquette réglementaire tentent de regrouper les familles en lançant des noms propres à la cantonade.
C'est l'usine.
Il faut dire que les usages ont bien changé.

Nous avons préparé un repas pantagruélique, et nous traversons comme des erreurs de casting ce hall de gare encombré de familles affligées; nous ployons dignement sous le poids de sacs Leclerc dégueulant de bouffe, de pinard et de vaisselle jetable, pour disposer notre pique-nique dans le salon de convivialité mis à notre disposition par les services funéraires, sous le regard indifférent de ces groupes d'anonymes prostrés dans leur chagrin.
On fait tache, c'est sûr.
Et alors ?
Maman était une païenne convaincue, et nous lui devons bien ce rituel d'adieu qu'elle n'aurait pas désavoué.
Le salon de convivialité est une pièce froide dont les baies vitrées donnant sur le jardin inondé de soleil sont fermées à clé, et qui pue la mort et le renfermé. 
Ca ne va pas du tout. 
Eric parvient à les faire ouvrir par un employé municipal et les mauvaises odeurs se dissipent.
Nous disposons nos offrandes sur les tables basses. 
Nous refaisons rapidement la déco, à base d'aquarelles peintes par la morte au temps où elle ne l'était pas, et d'une photo prise trois mois plus tôt lors des cinquante ans de mariage, qui nous arrache d'incoercibles sanglots  depuis 4 jours que nous l'avons choisie pour la cérémonie lors d'un vote à main levée. 
Le patron des pompes funèbres avec qui nous avons fait affaire, débarquant à l'improviste alors que nous sommes occupés à accueillir les invités, commence à décrocher les tableaux,  pensant qu'il s'agit des restes de la noce précédente. Malheureux ! Je le détrompe poliment, mais c'est dur de rester zen.
Nous craignons que nos cakes, nos tartes aux légumes et notre vin blanc nous restent sur les bras, mais après avoir donné l'exemple, la soixantaine de personnes qui a été conviée fera finalement honneur à notre buffet froid.
Papa a interprété son texte déicide dans une version soft amendée par nos soins, sa vraie nature de curé laïque se révèle une fois de plus. 
Il faut dire que notre patronyme désigne en breton le recteur de la paroisse.
La vidéo comportant la faute d'accord du participe passé n'a outré personne, tandis que les écrans vidéo retransmettaient en direct l'image du cercueil de maman à l'entrée du four, avant un miséricordieux fondu au noir.
Des représentants éloignés de la famille sont venus de Corse, de Paris, de Pau. 
Des amis proches brillent par leur absence, il paraît qu'ils viennent enterrer leur belle-mère, ils sont crevés. 
Le seul frère de papa qui a fait le déplacement, vu qu'ils est fâché avec les deux autres, me dit ignorer que maman était garée à la maison depuis quatre jours, alors que papa m'a soutenu qu'il avait été empêché de venir.. C'est bizarre, mais c'est leurs histoires.
Après la cérémonie, les seize élus pour le repas déjeunent rapidement dans un restaurant bondé et bruyant. 
Un cessez-le-feu implicite a été déclaré, et les belligérants de longue date profitent de cette trêve pour échanger des civilités. 
Puis nous nous dispersons rapidement dans l'ordre et le calme, échangeant des promesses mensongères de nous revoir rapidement à des occasions moins funestes.
Dans l'après-midi, papa change les draps du lit conjugal avec ma soeur, ce lit qui vient d'héberger son épouse défunte pendant quatre jours. 
Il a décidé de redormir dans leur chambre qui va devenir la sienne sans attendre, il se dit que s'il ne le fait pas dès maintenant, après ça sera fichu. 
Faut avoir la santé. 
Chapeau.

dimanche 8 avril 2012

du 21 au 23 novembre 2010

Les aventures de ma mère morte, suite.

Des gens vont et viennent dans l'immense appartement endeuillé, plus ou moins proches de la défunte.
En tant que copine d'enfance de la disparue, nous invitons V. à dîner avec nous quasiment tous les soirs.
Je me tâte pour contacter P, mais non, ce n'est pas raccord avec le reste. 
C'est un peu ballot, six mois plus tard il va perdre sa mère dans des conditions similaires, à la suite de quoi son père se mettra un coup de fusil de chasse dans le coeur, ça lui aurait fait de l'entraînement circonstanciel, mais je ne suis pas Dieu, et j'ignore tout de sa tragédie familiale à venir, à l'occasion de laquelle il m'écrira sobrement "Quelle belle sortie, dis donc, je suis d'un seul coup redevenu fier de lui". Bref, je décide de ne pas l'inviter, trop d'acidité potentielle.
Maman est partie, nous laissant tomber comme une voleuse, mais nous laissant aussi son corps en garde à vue, et plus on le regarde, plus on ne peut que constater qu'elle n'habite plus ici.
Papa commence à insister sur le fait qu'elle lui a tout donné. Il serait effectivement temps qu'il s'en rende compte, mais en principe il n'est jamais trop tard pour s'émouvoir.
Larmes.
Pendant ce temps, on fait les courses, on prépare à manger, et les obsèques aussi. Il fait froid dans l'appartement, maman tannait souvent papa pour qu'il augmente le chauffage, mais il fallait qu'elle hausse le ton pour parvenir à ses fins. 
Maintenant qu'elle n'est plus là, ou plutôt qu'elle n'est plus en état de râler contre la fraîcheur de l'appartement, va-t-il se laisser mourir de froid ?
Le 1er soir, on fait du feu dans la cheminée, mais il peine à nous réchauffer.
Où que nous posions les yeux, chaque objet nous l'évoque, hélas, elle est partout et nulle part.
Le demi-sourire de plus en plus accusé de son cadavre, dû au relâchement des chairs que nul influx vital ne retient désormais de s'épandre, commence à me rappeler Mitterrand vers la fin, Mitterrand et ses rictus de Machiavel au bout du rouleau.
Il ne faudrait pas que la situation s'éternise.
On se réveille très tôt et les yeux secs, mais ils s'humectent vite.
Le second jour du stage de deuil, papa nous demande de la mettre en veilleuse, il trouve qu'on rigole un peu trop entre les sanglots, que ce n'est pas décent.
Pourtant, c'était typique des repas de la rue R, ces crises de fou-rire familial à la suite d'un lapsus dévastateur, d'un anachronisme, d'un détail prenant soudain une dimension burlesque imprévue.
Le lundi matin, tandis que je suis de garde, deux couples de vieux espagnols tirés à quatre épingles (une chacun) se présentent à l'accueil. C'est le carreleur et son beau-frère (tout aussi carreleur de son état) avec les 2 soeurs conjointes. On va d'abord voir maman, dont l'état est stationnaire, puis je les installe au salon, pour parler de la vie, de la mort, et de tout le bazar, car c'est le moment ou jamais.
Les Espingouins me convertissent rapidement à leur vues concernant "l'important d'abord", comme on dit aux AA, qui consiste selon eux à changer ce que l'on peut en soi tant il nous reste un peu de temps.
Puis ils repartent tout aussi dignement qu'ils sont arrivés.
Une amie musicienne, que j'ai eue au téléphone deux jours plus tôt et que j'ai sentie affreusement peinée, et de surcroît gênée de nous imposer ses condoléances comme s'il fallait l'excuser d'exister, vient rendre hommage à la morte. Je sens qu'elle désire que je les laisse seules, et je m'efface.
Je crois qu'elle fait des passes magnétiques à maman, ça ne peut pas lui faire de mal.
Papa dit d'elle que c'est une grande mystique, avec des trémolos inhabituellement respectueux des choses de la religion. Il est quand même très fâché avec Dieu. Non seulement il n'y croit toujours pas, mais en plus ce salaud vient de tuer sa femme, dont il vient de redécouvrir l'amour inconditionnel.
Mardi, il nous fait lire le texte qu'il a préparé pour les funérailles, hou là là, c'est une attaque en règle contre le corps médical « j'accuse ceux qui ont tué Adrienne, ils se reconnaîtront. »
Avec mon frère, on essaye de le dissuader d'interpréter ce brûlot métaphysique :
"Tu sais papa, si le médecin de famille se présente à la cérémonie et qu'il entend ça, je pense qu'il va aller se jeter dans le Lez sans attendre la crémation."
" Ah ben oui mais non, ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire, et c'est pas du tout contre lui, je vais réécrire un petit peu…"
Bien sûr. La vie intellectuelle de papa a été un combat perpétuel pour dissiper les équivoques et combler les précipices entre ce qu'il voulait dire et ce que les gens entendaient.
Et puis il y a aussi le douloureux problème de la vidéo que les pompes funèbres nous ont proposé de diffuser au funérarium. Sur un fond d'images de bateaux qui partent et de feuilles qui tombent, un texte est lu en voix off et s'affiche à l'écran. Une phrase nous scandalise particulièrement : "je ne suis pas loin, je suis juste passé dans la pièce à côté", impossible d'obtenir une version féminisée " je suis juste passée…"
Une telle faute de goût et d'accord du participe passé, pour les funérailles  de maman qui était quand même professeur de français agrégée, ça la fout mal. 
Qu'est-ce qu'on peut faire ? 
Shunter la vidéo ?
Refuser la diffusion, au risque de rendre la cérémonie laïque encore plus bas de gamme ?
Et puis, où est-ce qu'on va bien pouvoir aller manger après la crémation ? 
Il n'y a rien de décent dans le quartier.
Qui est-ce qu'on invite, et surtout qui est-ce qu'on n'invite pas ? 
Ce genre de problème nous occupe jusque fort tard dans la nuit, avec mon frère et mon beau-frère.


Ah ça, pour rigoler on était là.

samedi 7 avril 2012