mercredi 18 mars 2020

Coronavirus : « La façon dont l’épidémie a été gérée en Corée du Sud devra servir d’exemple »

dans Le Monde, daté du jeudi 19 mars (paru mercredi)

Coronavirus : « La façon dont l’épidémie a été gérée en Corée du Sud devra servir d’exemple »

Dans ce pays, où les commerces et transports n’ont pas été fermés, l’épidémie a été maîtrisée grâce, notamment, au civisme de la population, en contraste avec l’atmosphère de panique en Occident, observe, dans une tribune au « Monde », Christophe Gaudin, universitaire français en poste à Séoul.

Tribune. Dans son Essai sur le don, paru en 1923-1924, l’anthropologue Marcel Mauss (1872-1950) forgeait un concept devenu célèbre, celui de « fait social total », dont il se servait pour cerner un certain ordre de phénomènes qui, disait-il, « mettent en branle dans certains cas la totalité de la société et de ses institutions ». C’est bien sûr le cas des épidémies qui, lorsqu’elles frappent, font aussitôt office de révélateurs et offrent pour ainsi dire une vue en coupe de la société tout entière.
Inutile, d’ailleurs, de remonter jusqu’à la peste noire ou la grippe espagnole (qui d’ailleurs toutes deux provenaient déjà d’Extrême-Orient) pour s’en convaincre. Même dans le cas d’un virus, par chance considérablement moins mortel tel que le SARS-CoV-2, nos sociétés se révèlent dans l’épreuve plus fortes ou plus fragiles – c’est selon – qu’on ne le croyait. Cette pandémie a en effet ceci de remarquable qu’elle est la première à se répandre à une telle allure sur une telle échelle, pour ainsi dire en temps réel. En quelques semaines, le foyer de l’infection s’est déplacé de l’Asie à l’Europe, permettant toutes les comparaisons, et mettant au jour des vérités fort désagréables pour l’Occident.
Contamination très rapide
Prenons le cas de la Corée du Sud, le premier pays à avoir été touché massivement hors de Chine. Elle a particulièrement joué de malchance puisque l’épidémie s’y est répandue comme une traînée de poudre dans une secte protestante à la mi-février. Des milliers de personnes qui priaient en se donnant la main ont été contaminées du jour au lendemain, réunissant toutes les conditions pour une explosion.
Or ce qui saute tout de suite aux yeux si l’on trace le parallèle avec la France ou l’Italie, qui pourtant ont eu davantage de temps pour voir venir, c’est que le pays n’a à aucun moment été mis en quarantaine. A l’exception de Taegu, la ville du sud où l’épidémie s’est déclarée et a jusqu’à présent pour l’essentiel été contenue, les commerces n’ont jamais fermé. Les transports ont continué à circuler normalement. A aucun moment, on n’a assisté à une quelconque ruée sur les produits de première nécessité – il suffit de se rendre dans n’importe quel supermarché pour s’en apercevoir. Si le système de santé a été éprouvé comme partout, il n’a jamais été question, comme en Italie, de faire un tri parmi les malades.
« Fait social total » en effet, l’épidémie offre l’occasion d’une introspection urgente dans les pays occidentaux. En s’arrêtant aux particularités de tel et tel pays voisins, pour mettre en regard par exemple la France et l’Italie, critiquant ou valorisant telle décision quotidienne dans la gestion de la crise, on ne parviendrait qu’à noyer le poisson. Un fait énorme, aveuglant dans son évidence, se donne ici à voir à l’échelle mondiale, lorsqu’on compare ce qui est comparable à travers les continents, à savoir des pays riches et qui se réclament de la démocratie. Ce fait, c’est la façon dont l’épidémie a été tout de suite maîtrisée en Corée et au Japon (à Taïwan, pour l’instant, elle n’a même été constatée que de façon résiduelle), par rapport à l’atmosphère de panique qui se répand en Occident.
Des décennies de déchirement du tissu social
Pour le dire nettement, ce qui se donne à voir dans cette épidémie, ce sont les conséquences de décennies de déchirement du tissu social. Cela se voit dans l’état de misère objective où l’hôpital public a été plongé au fil des coupes budgétaires, mais aussi dans les conséquences du libre-échange et de la désindustrialisation. Les deux sont liés, puisqu’ils expliquent que la France est incapable d’équiper en masques et en gel sa population, voire son personnel hospitalier… La Corée a interdit l’exportation de ces produits, réquisitionnés par l’Etat et disponibles un peu partout, notamment dans les bureaux de poste. C’est toute une politique d’économies à courte vue, de délocalisations, d’abaissement systématique de la puissance publique dont les effets apparaissent avec toute la clarté désirable.
On pourrait même dire que la mise en regard de la Corée du Sud et de l’Italie, dont les PIB par habitant sont très proches, est d’une éloquence féroce à cet égard. La presse rapporte chaque jour des choses incroyables, inimaginables il y a seulement dix ans. Je pense notamment à ces cargaisons de respirateurs artificiels et de masques qui partent aujourd’hui de Chine en direction de l’Italie.
« Ce sont deux modèles sociaux dont l’incurie se révèle dans cette crise : la concurrence déchaînée de tous contre tous en Occident, et l’opacité de la dictature chinoise »
Mais il y a plus, dans la mesure où ces événements nous forcent à regarder en face le déclin du simple civisme. Si la vie sociale a pu se poursuivre à peu près telle quelle en Corée, sans cloîtrer tout le monde chez soi, c’est aussi parce qu’il règne dans la population un certain sentiment de responsabilité. Chacun se sent responsable de soi, en faisant ce qu’il faut pour ne pas contaminer les autres. Sans doute, on ne saurait reprocher aux Européens de ne pas mettre des masques que leurs gouvernements sont incapables de leur fournir… Pourtant, rien n’interdit de voir un mauvais présage dans la façon dont les étalages ont été dévalisés, comme dans un pays en guerre. On n’ose imaginer ce que tout cela donnerait face à un danger plus considérable.
On ne peut qu’être frappé, avec la distance que donne l’étranger, de voir combien cette déliquescence confirme que ce sont en définitive deux modèles sociaux dont l’incurie se révèle dans cette crise : la concurrence déchaînée de tous contre tous en Occident, tout autant que l’opacité de la dictature chinoise qui n’a révélé la gravité de la situation que lorsqu’il a été trop tard. On entend beaucoup dire, partout dans le monde, que cette épidémie est un événement fondateur, qu’il y aura un avant et un après… Il faut espérer que la façon dont l’épidémie a été en revanche maîtrisée dans les démocraties asiatiques saura servir d’exemple aux uns et aux autres.
Christophe Gaudin est maître de conférences en science politique à l’Université Kookmin, Séoul (Corée du Sud).

vendredi 13 mars 2020

La vengeance des chauves-souris (2)


Ce matin vers 11 heures, tous les petits vieux qui avaient écouté hier soir Président_Macron® parler de mobilisation nationale, de solidarité intergénérationnelle et surtout de protéger nos ainés dans le poste, se sont sans doute dits c'est bon y nous couvre, on peut y aller, et étaient très occupés à piller méthodiquement le Super U.
C'est l'effet "mes chers compatriotes", à tous les coups, ça marche.
Au rayon charcuterie, où j'ai pris double ration de museau avec langue puisque la semaine prochaine nous serons tous morts, d'abord j'ai bien fait rire la vendeuse avec ma blague, du coup elle m'a fait cadeau de l'entame du museau, ensuite elle m'a dit que depuis 8h30 ce matin c'était l'émeute dans les rayons, et les prémisses de la guerre civile aux caisses. 
Au train où vont les choses et à l' avion où elles ne vont plus, on ne peut pas dire que le gouvernement n'a pas tout fait pour établir les bases d'une saine confiance collective dans la psychose de masse, le chaos à nos portes et l'auto-réalisation des pires prédictions en germe dans les bouquins les plus mal écrits de Stephen King, et on peut s'attendre d'un instant à l'autre que les rassemblements de plus d'une personne soient interdits sur tout le territoire. 
Même les effondrologues trouvent que c'est un peu abusé.
En slalomant entre ces cohortes de petits vieux agrippés à leur caddie et angoissés de trouver le rayon sucre déjà bien dégarni, j’essaye de ne pas me sentir supérieur à eux, parce que j’ai bien observé le travail d’épouvante distillé par les média nationaux depuis une quinzaine, et puis aussi parce que ce n’est qu’une question de temps pour que je devienne leur semblable, et je songe à ce passage du «Limonov» d’Emmanuel Carrère lu récemment suite à une suggestion d’un lecteur du Monde pour comprendre l’exalté russe qui avait fait chuter Benjamin Griveaux, le candidat visionnaire qui rétrospectivement avait compris avant tout le monde que les Municipales 2020, tout le monde allait s’en branler :
« Je veux parler (…) de la façon dont chacun de nous s’accommode du fait évident que la vie est injuste et les hommes inégaux : plus ou moins beaux, plus ou moins doués, plus ou moins armés pour la lutte. Nietzsche, Limonov et cette instance en nous que j’appelle le fasciste disent d’une même voix : « C’est la réalité, c’est le monde tel qu’il est. » Que dire d’autre ? Ce serait quoi, le contre-pied de cette évidence ? »
« On sait très bien ce que c’est, répond le fasciste. Ça s’appelle le pieux mensonge, l’angélisme de gauche, le politiquement correct, et c’est plus répandu que la lucidité. »
Moi, je dirais : le christianisme. L’idée que, dans le Royaume, qui n’est certainement pas l’au-delà mais la réalité de la réalité, le plus petit est le plus grand. Ou bien l’idée, formulée dans un sutra bouddhiste que m’a fait connaître mon ami Hervé Clerc, selon laquelle « l’homme qui se juge supérieur, inférieur ou même égal à un autre homme ne comprend pas la réalité ».
Cette idée-là n’a peut-être de sens que dans le cadre d’une doctrine qui considère le « moi » comme une illusion et, à moins d’y adhérer, mille contre-exemples se pressent, tout notre système de pensée repose sur une hiérarchie des mérites selon laquelle, disons, le Mahatma Gandhi est une figure humaine plus haute que le tueur pédophile Marc Dutroux. Je prends à dessein un exemple peu contestable, beaucoup de cas se discutent, les critères varient, par ailleurs les bouddhistes eux-mêmes insistent sur la nécessité de distinguer, dans la conduite de la vie, l’homme intègre du dépravé. Pourtant, et bien que je passe mon temps à établir de telles hiérarchies, bien que comme Limonov je ne puisse pas rencontrer un de mes semblables sans me demander plus ou moins consciemment si je suis au-dessus ou au-dessous de lui et en tirer soulagement ou mortification, je pense que cette idée – je répète : « L’homme qui se juge supérieur, inférieur ou égal à un autre ne comprend pas la réalité » – est le sommet de la sagesse et qu’une vie ne suffit pas à s’en imprégner, à la digérer, à se l’incorporer, en sorte qu’elle cesse d’être une idée pour informer le regard et l’action en toutes circonstances. Faire ce livre, pour moi, est une façon bizarre d’y travailler. »

Ouais, bien dit, vas-y Manu, dommage que parler ne fasse pas cuire le riz, et qu'écrire ne regarnisse pas le rayon nouilles. Tous ces seniors emplis d'une terreur profane à l'idée de pénurie, c'est un peu comme dans la blague du chef indien et de l'hiver qui sera rude, sauf que le printemps arrive, les marchés flambent avant de s'effondrer, et je suis toujours confiné chez moi comme un con de CDD pas historique de FTV.
C'est assurément une occasion en or pour faire un pas de plus vers l'acceptation des Mystères de la vie, cette vie qui nous est donnée, dont il faut bien essayer d'être digne, et devenir un être humain épanoui avant la mort, putain ça serait pas du luxe non plus. 
Et là, à juger les autres on sort sans doute des clous. 
Et d'abord, qui serais-je pour me juger moi ?
Il est évidemment bien plus aisé de philosopher bien au chaud dans son confort bourgeois sur notre compassion pour la bêtise et les incivilités des gens mal nés que de se coltiner des connards en vrai.
Il y a quand même des mesures qu'on pourrait prendre assez rapidement si on voulait mettre un frein à l'immobilisme :
comme l'a révélé Président_Macron® hier soir, si les plus jeunes sont les vecteurs sains du virus et que les vieux sont prédisposés à en mourir s'ils l'attrapent, ça serait peut-être pas mal d'euthanasier préventivement ces deux catégories de la population, et déjà on y verra plus clair.

lundi 2 mars 2020

La vengeance des chauves-souris

Cette vidéo de deux minutes m'a appris plein de choses.
https://www.arte.tv/fr/videos/095980-000-A/pourquoi-les-chauves-souris-transmettent-des-maladies-28-minutes/

Si Greta Thunberg avait de l'humour, ça se saurait elle en rirait fort : ce que ni elle, malgré son air grognon, ni les savants du GIEC, ni avant eux le club de Rome, n'ont obtenu, bien qu'ils dénoncent depuis des décennies l'absurdité du mythe de la croissance dans un monde aux ressources finies, cette transition écologique que tous les gouvernants instruits prétendent qu'il vont mettre en place sans avoir vraiment l'intention de faire bouger les lignes de l'hyper-capitalisme financier dont tout notre Mal découle, une toute petite bestiole de rien du tout l'a fait.
On suspecte un Chinois de la région de Wuhan de s'être fait un sandouitche à la chauve-souris, d'avoir ainsi chopé le Coronavirus, puis par contagion d'avoir mis la Chine, l'usine du monde, à l'arrêt, et pour un bon moment.
Faut pas embêter les chauve-souris. C'est clair.
C'est l'effet papillon, et on n'aurait jamais cru qu'il aurait les yeux bridés.
La chauve-souris est porteur sain d'un arsenal de malédictions virales qui ferait frémir Lovecraft s'il était hypocondriaque. Jean-Marie Bigard avait fait un sketch assez inspiré sur la bébête qui montait son escalier, juste avant de devenir atrocement mauvais et vulgaire, comme une vile caricature de lui-même. La malédiction de la chauve-souris, sans doute : à peine invoquée, la bestiole prend déjà sa revanche, et je tremble en écrivant ces quelques lignes, car mes jours sont sans doute comptés. 
N'empêche que depuis quelques semaines, le Coronavirus épargne l'émission de centaines de millions de tonnes de CO2 à notre pauvre planète mise à la diète industrielle, et les transports sont eux aussi à l'arrêt, et les agences de voyages pleines de salariés pendus. C'est la décroissance soft. C'est ce qui pouvait nous arriver de mieux. Sauf pour les pendus, qui n'avaient pas pris le temps de rechercher un métier honnête. 
Surtout que le Covid-19 est relativement bénin, comparativement au virus Nipah lui aussi transmis par les chauve-souris (la vidéo dit "jusqu'à 100% de morts", mais le wiki n'en donne que 40 à 75.)
Désormais, la recherche fondamentale peut prendre différentes voies, assez contradictoires :
- En route vers l'éradication mondiale des chauve-souris, méthode Trump et assimilés, à base de bombes dans les grottes, de gaz sarin vaporisé sur les falaises, etc...
- Etude et piratage du système immunitaire de l'animal, qui lui permet de résister à des cochonneries insensées qui nous tuent nous dès qu'elles nous voient 
- Sanctuarisation des espaces de vie des chauve-souris, avec créations de parcs naturels - zones interdites, sacrées - territoires maudits, avec pour l'inauguration, concours d'imprécations des derniers chamans sibériens et amazoniens qu'on aura pu ramasser en chemin.
Vu que des chauve-souris, on en trouve sur tous les continents, ça va en faire, de la place pour la biodiversité.
Et Greta pourra aller vendre du gel douche avec Nico.


Les deux images qui illustrent l'article viennent de 

samedi 15 février 2020

Paris 2020 : Solidarité avec Benjamin Griveaux !

L'exécutif est ébranlé, pire qu'avec Benalla. La rock' n 'roll attitude consiste bien sûr à soutenir la candidature de Benjamin QUOI QU'IL ARRIVE. Pour une fois qu'on a un mec de LREM qui a des couilles... désolé, j'ai pas de maitresse, j'ai fait avec les moyens du bord. Le plus hallucinant dans cette histoire, c'est le parcours du Russe qui a diffusé la vidéo : il revendique son opposition à Vladimir Poutine, mais aussi au monde de la finance; en ce sens, il résonne comme un avatar tordu d'Elliot Alderson, le hacker souffrant de phobie sociale (et d'une haine profonde envers la société) au début de la série Mr Robot, quand il pourfend les pédopornographes... Ceci dit, un homme capable de se clouer le scrotum devant le mausolée de Lénine sur la place Rouge ou de mettre le feu à la Banque de France, un homme qui a prévenu que les publications de son «nouveau média» ne faisaient que commencer, devrait être tenu à l'oeil par les autorités du pays où il a obtenu l'asile. Politique ou psychiatrique, je ne sais plus, il faut que je relise l'article. C'est pour ça que j'ai préféré me dénoncer tout de suite. Comme ça, c'est fait.

[Edit] : Je lis dans les commentaires des articles du Monde, souvent champ de bataille d'un combat inégal et dantesque entre des trolls professionnels déguisés en IA soviétiques et des êtres humains fossiles du siècle des Lumières, que ce Piotr Pavlenski ressemble trait pour trait au Limonov décrit par Emmanuel Carrère dans son livre éponyme. Je reprends l'ouvrage, abandonné l'an dernier sur le bas-coté de l'autoroute de l'information dans mon Ipad de 8 ans d'âge qui n'en peut plus, et de fait, c'est le même genre de gars. Ca passe mieux dans un bouquin qu'en vrai.

mardi 17 décembre 2019

Rebords et soubassements (7)

"Désirer, c'est la vie. 
Faire une fixette sur l'objet du désir, c'est la mort. 
...ce que j'aime bien dans l'expression "L'objet du désir"
c'est qu'elle fait disparaître le sujet, comme par hasard."

John W. 04-03-2008 à 14:11


J'ai vendu les droits de ma unsuccess-story
à Danny Boyle, qui a décidé
de réduire mon temps d'incubation,
de 80 à 28 jours, pour d'obscures raisons de pitch.
En me remettant à chercher du boulot, fin septembre, j'ai bien noté que cette interdiction d'exercer à f*cktv Nantes s'étendait aux autres stations régionales de ce grand groupe hyper-secret de l'audiovisuel public; mais ça ne coûte rien d'essayer, et si j'ai trouvé ça un peu débile de ma part, ça ne m'a pas empêché de prévenir les antennes régionales d'Orléans et de Rennes que j'avais un planning très ouvert jusqu'à la fin de l'année. Rennes m'a dit non puisque j'avais attrapé la peste des 80 jours plus tard, Orléans m'a tout de suite proposé de venir  passer un week-end à la station, puis quelques jours en novembre et en décembre, voire carrément le réveillon si j'étais intéressé.
Il faut dire que la station régionale d'Orléans est à 10 km du centre-ville, que c'est une galère absolue pour la rejoindre en transports en commun, et qu'elle est douillettement blottie au cœur d'un écrin de verdure, à égale distance d'une banlieue résidentielle concentrationnaire, d'un échangeur autoroutier et de grands ensembles de petits HLM dans lesquels s'entassent une bonne partie de l'Afrique et un gros paquet de fiches S.
Les candidats à venir bosser dans le coin ne se bousculent pas. N'empêche, j'en reviens pas, d'être accepté là alors que je suis banni à Nantes. Faut croire que nul névropathe n'est prophète en son pays. D'ailleurs, j'y crois pas, et je finis par me dénoncer quelques jours avant l'échéance de ma venue comme porteur sain (pour l'instant) de la peste des 80 jours. Je ne voudrais pas risquer la déconvenue de l'annulation du contrat au dernier moment, vu que je suis en train de réserver l'hôtel. "Heueueu, dis donc, au fait, on n'en a pas parlé, mais je préfère te dire que j'ai atteint les 80 jours travaillés sur 2019, et à Nantes ils ne veulent pas me réembaucher avant 2020. J'ai bien sûr demandé à la RH d'être requalifié CDD historique, mais ça prend du temps, et j'ignore si ça sera fait d'ici ma prochaine pige à Orléans...
- Pas de souci, la RH sait que tu es en carence dès qu’elle fait le contrat, ce qui veut dire qu’à ce moment-là, je t’ai déjà planifié donc elle pourra faire une dérogation, surtout pour 2 jours chez nous.
Cool. Comme les choses se décoincent un peu niveau ouattzeuf*ckTV, je relance Rennes, en arguant du fait que je rebosse à Orléans, d'ailleurs la responsable du planning breton m'avait déjà appelé pour m'engueuler du fait que mon dossier de requalification en CDD historique n'avançait pas alors qu'elle avait besoin de moi, mais la balle n'est plus dans mon camp, j'envoie toutes les semaines un mail de relance à la RH, faudrait pas qu'elle se sente harcelée non plus.
Je comprends l'intérêt pour elle - et à travers elle, le bénéfice pour l'institution - de laisser pourrir la situation puisque quoi qu'il arrive, fin décembre je serai "blanchi" et à nouveau bon pour le service (jusqu'à ma prochaine accession au seuil des 80 jours...)
Mais ce n'est pas le sens de la question que je lui ai posée : comment peut-on passer 22 ans en CDD et ne pas être reconnu collaborateur régulier ? je ne pense pas être victime de mépris de sa part, c’est plus de l'indifférence : tant que la boutique tourne et que A. trouve des vacataire-remplaçants-de-vacataires-en-disgrâce au planning, à quoi bon s'impliquer ?
J'en discute avec un journaliste intégré depuis longtemps dans la boutique, qui me confirme que la gestion des collaborateurs est épouvantable à Nantes. Du coup il me redit, comme je l'entends dire depuis des années, qu'un jour, il va quitter la boite parce que quand c'est trop c'est tropico. Il me fait penser à moi quand je me dis qu'un jour je serai aimé d'une femme noire. 
Avec le temps, je ne vous cache pas que sans devenir nulle, la probabilité recule.
Le paragraphe que je viens d'écrire est assez ennuyant à lire. La vie qui va avec l'est aussi, heureusement qu'à côté de ça il y a des petits bonheurs, comme cette jeune femme (une jeune c'est quelqu'une qui a 10 ans de moins que moi, une vieille dix ans de plus) qui m'appelle pendant mon calvaire de montage dans le privé pour me dire que depuis que je l'ai accompagnée en réunion AA, elle vient de passer un an sans consommer d'alcool, reportage en léger différé ici, ça c'est chouette, et puis notre fille qui n'a même pas 20 ans et qui vient de décrocher le droit de poursuivre ses études de coréen pendant 6 mois à l'Université de Séoul, c'est chouette aussi.
En décembre, ça sent pire, les responsables de planning sont aux abois du fait de cette règle des 80 jours qui les contraint à aller recruter plus loin, on me propose du boulot de partout. Rennes m'accorde des dérogations, Orléans me rajoute des jours, je refuse Le Mans, Clermont Ferrand et finalement Poitiers, pas plus tard qu'hier, parce que mon emploi du temps est plein. La Corse ne me rappelle pas, c'est dommage. Eux non plus n'ont pas dû apprécier que je je me déplace sans chaussures dans les couloirs d'Ajaccio, sans parler du fait de faire sécher mon maillot de bain en salle de montage.
Et finalement, au bout de 2 mois, la RH de Nantes m'écrit pour me dire que ça va pas être possible de me requalifier CDD historique.
Après analyse de votre situation, votre nombre de jours de collaboration est inférieur aux critères validant la reconnaissance de CDD régulier. Sauf erreur de ma part, vous n’avez pas été dans le cas de figure d’une maladie longue durée sur la période 2013-2017. Si toutefois, cela était le cas, n’hésitez pas à me transmettre les justificatifs pour réétude de votre situation.
Je suis donc au regret de vous annoncer que je ne peux donner une suite favorable à votre demande.
En lui répondant, je fais bien attention à modérer mes propos, bien qu'elle puisse difficilement me nuire plus qu'elle ne le fait actuellement.
Je ne m'attendais à rien et je suis quand même déçu.
Il vous a fallu deux mois pour articuler "le règlement c'est le règlement" comme unique réponse ?
En ce moment je travaille beaucoup avec d'autres régions, qui connaissent de gros soucis de planning avec cette règle des 80 jours.
Je vous assure qu'ils ne s'embarrassent pas longtemps pour savoir si mes 22 ans de collaboration valident la reconnaissance de CDD régulier ou pas.
Je coûte évidemment deux fois plus cher à F* T* et donc au contribuable, à être défrayé à 350 km de chez moi plutôt qu’à travailler à Nantes, mais ça tout le monde s’en moque, et personne n’en est responsable, bien sûr.
Je commence même à refuser du travail pendant les fêtes...
Et je suis bien sûr ravi de faire des centaines de km en voiture, (Greta Thunberg en serait consternée), et de dormir à l’hôtel pour prouver ma mobilité et ma volonté d’intégration.
De fait, je passe décembre entre Rennes et Orléans et j’ai refusé du travail au Mans, à Clermont-Ferrand... et hier encore, à Poitiers. Ca fait un an que j'essaye d'entrer au planning de Poitiers, ils ne m'appellent que quand ils sont dans la merde pour le lendemain, mais ça fait aussi un an que j'ai pris un rendez vous chez un ORL spécialiste des acouphènes, ça tombe le même jour, le seul jour de la quinzaine où je suis chez moi, tanpis tanmieux.
J'ai une vie de représentant de commerce, sauf que le produit se confond avec le vendeur.
De l'extérieur, on pourrait carrément dire une vie de con, mais quand je suis en déplacement ça me maintient éveillé, d'une certaine manière. Sauf quand je suis à Orléans, où je me recentre sur les valeurs essentielles :
- le buffet chinois à volonté dans la zone industrielle qui jouxte le Leclerc derrière mon hôtel
- les 459 bouquins accumulés dans mon iPad et qui réclament lecture.
Vu l'activité délirante qu'il y avait dans la station d'Orléans le week-end dernier, c'était l'occasion de papoter avec d'autres CDD, dont une de Poitiers qui a été reconnue comme historique, et qui me dit "aah mais alors c'est toi que je remplace à Nantes la semaine prochaine" démontrant que le jeu des chaises musicales est sans fin dans la maison en l'absence de pilote dans l'avion.
C'est aussi l'occasion de penser à la vieille blague de Patrick Font, sur un vieux disque de Font et Val : " les martiens se sont posés sur le toit de la maison de la radio, ils sont formels : il n'y a aucune trace de vie".
Ce qui est faux, si j'en crois l'article plutôt solidement argumenté d'Usbek et Rika.
...en plus, l'écoute musicale de vieux machins c'est une façon de déserter, de n'être ni là ni maintenant, alors qu'avec vipassana on est là, c'est vrai que parfois c'est pénible mais "c'est" est plus déterminant que "pénible". Il faut que je m'y remette le plus vite possible.
Quand je pense que je me suis fait chier pour des conneries tout au long de ma vie, je n'ai pas l'intention de laisser perdurer cet état.

dimanche 15 décembre 2019

Rebords et soubassements (6)

Salut les gars.e.s.
Faut que j'vous dise. J'ai pompeusement titré cette série d'articles "Rebords et soubassements", parce qu'au départ j'étais parti à méditer sur ces peintures de façade acryliques et miraculeuses qui ne se périment pas après 15 ans passés dans une cabane de jardin, et aussi parce que je voulais spéculer métaphoriquement sur des qualités intimes en sommeil dans ma cabane de jardin intérieure depuis un grand nombre d'années, que même Francis Cabrel il n'ose pas venir y pousser sa chansonnette "c'était mieux avant" et entre-temps comme j'ai pris mon temps pour vous raconter des trucs que je savais déjà et que ça ait l'air à peu près clair pour d'autres, j'ai bien évidemment été rattrapé par le démon du blog, mais "Rebords et soubassements" c'était aussi pour l'allitération lointaine avec "Stupeur et châtiment" ou "Cris et chuchotements", voire "Chatières et tremblements", implicites mais jamais nommés, les vieux Bergman qui se mélangent dans mon souvenir avec Amélie Nothomb période japonaise, et bien sûr tous les mangas porno que j'ai lus dans mon enfance, à l'époque où ça n'existait pas.

*

Résumé des épisodes précédents :
fin septembre, le planning ftv de Nantes m'informe que je ne peux plus faire de piges jusqu'à l'an prochain, du fait de l'application subite de la règle des 80 jours travaillés maximum par an pour certains cédédés non homologués qui ne peuvent alors plus prétendre au statut envié de collaborateur régulier - cette nouvelle règle sortie du chapeau d'un DRH créatif évitant en principe au groupe ftv de perdre les procès à répétition que lui intentent les collaborateurs de longue date lassés de se voir refuser des CDI après des milliers de jours travaillés et les attaquant aux Prud'hommes pour abus d'intermittence.
Et pourquoi cette guéguerre ? la boite a besoin de cette "variable d'ajustement" que représente un réservoir apparemment inépuisable de cédédés disponibles et mobilisables sur tout le territoire dans des délais très courts. Les cédédés, eux, ont besoin de bouffer, donc se soumettent aux contraintes d'une disponibilité optimale, et jouent le jeu de rester éveillés nuit et jour devant leur téléphone en attendant l'appel du planning, jusqu'au jour où, en vieillissant, ayant contractés conjoints, enfants et emprunts immobiliers, ils aspirent à une vie moins rock'n'roll et aspirent à des postes à plein temps, faute de pouvoir beaucoup y postuler, car à l'intérieur de la boutique, priorité est donnée à la mobilité interne et aux mutations, un peu comme dans l'éducation nationale.
Pour les cédédés qui n'ont pas eu la chance de monter dans le train de l'intégration quand il passait devant chez eux, et qui insistent pour avoir une seconde chance, ça se passe alors au forceps, parce qu'entre partenaires sociaux les rapports se sont durcis, et puis vous savez, ftv n'a pas vocation à intégrer tous les intermittents de France qui ne peuvent plus bosser ailleurs mon pauvre monsieur, comme on m'a dit parfois. Et cette mesure des 80 jours, censée prévenir tout recours des CDD aux Prud’hommes en bridant la fréquence et le volume de leurs interventions, a pour effet premier de les précipiter dans les bras des cabinets d’avocats spécialisés dans ces actions prud’homales contre ftv.

Salvatore, par Nicolas de Crécy
Il y a deux ans, j'ai contacté un de ces avocats, j'ai fait mes comptes, je totalisais à peine 800 jours de travail chez ftv en 20 ans, ça fait une moyenne de 40 jours par an, c'est pas terrible par rapport à beaucoup d'autres, mais j'ai toujours bossé ailleurs en parallèle vu que j'étais un vrai intermittent et que ftv ne me proposait pas beaucoup de boulot... et puis j'ai mis 18 ans à comprendre que si l'on voulait entrer à plein temps dans la boite il fallait "prouver sa mobilité" (sic) et bouger dans les régions ; les avocats spécialisés m'ont suggéré de continuer en CDD, je n'avais pas assez de jours au compteur pour risquer le banco, j'ai obtempéré, aujourd'hui j'en suis à un peu plus de 1000 jours en 22 ans, c'est pas beaucoup plus mais je suis rendu un peu grognon par ma mise à pied que j'estime légèrement abusive sur les bords, tout en sachant très bien que personne à l'intérieur de la boutique ne me méprise ou ne me fait grief de quoi que ce soit pour m'imposer cette mise à l'écart, il n'y a juste pas de pilote dans l'avion et on applique le règlement sans états d'âme, néanmoins un ou deux postes à plein temps vont prochainement se libérer dans le coin, et vu mon âge avancé, je me renseigne auprès des syndicats, sans la menace d'un procès le rapport de force risque de m'être défavorable, il ne faudrait pas que je loupe le coche, ça me fait suer d'aller au conflit, mais j'en vois tellement qui ont obtenu gain de cause par ce biais, il n'y a peut-être pas d'autre voie avec ces gens de ftv. Des gens qui sont capables de te pondre une mesure discriminatoire en pensant qu'ils vont économiser de l'argent alors qu'au final ça leur en fait perdre puisque quand ils sont obligés de fournir le planning en fin d'année il leur faut transgresser la règle qu'ils se sont fixés, et importer à grands frais des CDD Canal Historique d'autres régions. Ou faire des dérogations aux CDD sans foi ni loi comme moi.
Depuis fin septembre que je suis à l'arrêt, ce qui est mieux que d'être aux arrêts, je n'en disconviens pas, tout en acceptant ce temps de rumination et d'interrogation forcée, je positive mon temps libéré, en essayant de pas trop ruminer quand même, je fais de menus travaux chez moi, abattre des arbres, remonter des murs, je réactive mon réseau d'agents dormants sans trop croire que je vais retrouver du boulot ailleurs, celui de la préfecture de Paris qui s'est mis à dessouder ses collègues de bureau l’autre jour c’était une erreur, je l’ai tiré un peu fort de son sommeil, j’essaye de jouer ça plus finement, c'est tenter des trucs ou ne rien faire, ce qui serait black et mortifère pour moi, puis je rebosse un peu, pas beaucoup mais très soudainement dans le privé; je trouve ça difficile, je n'ai plus l'habitude, je commence peut-être à ressembler à un petit vieux qui travaille à Fr***e 3, à un moment donné, ça prend même un petit air de catastrophe industrielle, mais ça finit bien, et en plus, le réalisateur veut rebosser avec moi, par contre, rien que le résumé des épisodes précédents fait déjà la taille de l'article que je voulais écrire, pardon pour la tartine.
Hérodote complètement.

(à suivre...)

jeudi 12 décembre 2019

Rebords et soubassements (5)

« Le mystère de l'homme, c'est de se dépasser, et c'est pourquoi 
ce mystère est si beau alors que l'homme est si moche." 

(dans les lettres à Cioran du Père Molinié)

Mi-novembre, un réalisateur me contacte donc pour monter deux sujets de 6 minutes pour un magazine sur la 5. Un réal du privé ! Un truc qui ne m'est pas arrivé depuis 2007 !! Du fait d'un choix technique que je croyais pertinent mais qui s'avère un peu hasardeux à l'usage, je passe une semaine à faire dans ma culotte suer sang et eau pour que les media ne disparaissent pas de la timeline pendant le montage, au lieu de me concentrer sur les images et le sens à leur donner, ce qui est quand même mon coeur de métier. Heureusement, un ami parisien qui est un demi-dieu du virtuel m'offre un précieux soutien logistique, par mail puis par téléphone, de sa science occulte de Final Cut Pro X, à distance et sans abonnement. Qu'il en soit ici remercié, même si je ne le nomme pas pour ne pas lui faire du tort alors que j'ai choisi d'exhiber ici mes manques, mes béances, mes fêlures, alors que j'avais juré que plus jamais never blog again.
Le pire, c'est que quand je ne suis pas en train de me battre contre l'entropie qui ronge souterrainement les fichiers du projet et de me consumer en mantras pour l'intégrité des backups quotidiens, je sens bien que je suis rouillé du regard, et pas uniquement parce que je suis débordé par cette technique capricieuse... ça fait trop longtemps que je ne monte plus que des sujets news, ça a raboté mon sens esthétique au-dessous du niveau de l'amer et je peine pour dépasser ma condition et me remettre au niveau magazine où je suis attendu : sujets aérés, séquences musicales etc; le réalisateur, qui se révèle heureusement un être humain de qualité et qui reste d'humeur égale malgré mes difficultés, m'invite à me concentrer sur ce que je fais, et à ne pas monter "à la France 3" (sic).

Les messages d'erreur m'angoissent beaucoup,
surtout quand je n'arrive pas à isoler l'origine du bug.
Avec le logiciel que j'ai choisi pour cette session, je n'ai jamais eu auparavant à exporter de fichiers audio, mais là le mixage va se faire à Paris, j’essaye donc de sortir un AAF avec X2ProLE Audio Convert, dont j’ai trouvé une version hackée par des russes dans un recoin de mon ordi.
Elle est obsolète et me sort des résultats incohérents. J’ai dû la collecter pendant l'horreur d’une profonde nuit bipolaire qui ne date pas d’hier, car je n’en ai aucun souvenir.
Mais comme tout cela se joue dans le cadre de mon plan de retour à l'emploi, je suis motivé : j'ai 2 jours de montage payés à 260€ brut/jour mais avant même de commencer le montage j’ai déjà investi $149,99 dans ce programme de conversion audio, dont la version payante marche à peu près mieux et me garantit de ne pas être appelé à trois heures du matin par un mixeur furibard dans quinze jours, quand je serai dans l'impossibilité de le dépanner parce que reparti vers d'autres latitudes.
A la maison ils en ont plus que marre que je ne parvienne pas à parler d'autre chose que de mes tracas numériques. Pour eux, ça tourne à l'obsession; pour moi, j'essaye juste de me dépatouiller de mes échéances, j'en suis un peu malade, mais pas trop parce qu'il faut livrer, et passer à autre chose; ma petite bipolette me fait tourner à 5 heures de sommeil par jour, c'est pas assez pour dissiper les brouillards de cyber-hébétude qui commencent à m'estomper grave les contours.
Comme j'en suis à l'an 5 de l'ère du Lithium c'est quand même plus facile maintenant, car le lithium rabote creux et bosses de l'humeur, quoique son action sur les creux soit plus visible que sur les bosses, le taux d'excitation/déprime est largement inférieur à ce qu'il serait si l'incident était de nature affective et sexuelle, comme on dit chez les DASA.
Les bosses dues à la fébrilité, au stress, restent supportables. Certes, je me suis mis dans une position délicate en acceptant un travail pour lequel mes compétences et/ou mon matos étaient un peu surévaluées, mais j'étais dans l'attitude juste, donc maintenant faut juste gérer jusqu'à la sortie du tunnel, et d'ailleurs je te rappelle dès que je suis sorti de l'enfer que je me suis créé.
N'empêche que quand je parvenais, pas plus tard que le mois dernier, à glisser 25 minutes de vipassana / méditation de pleine conscience par jour dans mes pratiques, il était plus z'aisé de voir venir les trucs de loin et de les gérer plus finement.
Bon cette semaine y'a pas eu moyen, mais je garde un souvenir ému d'octobre, et pourtant il ne fut pas rose (je dis ça à force d'arpenter des villes comme Albi et La Rochelle qui fêtent "Octobre Rose" le mois du dépistage du cancer du sein en suspendant des parapluies roses dans les rues, et pis quand y'a tempête, ça devient un peu surréaliste)

Rien de tel qu'une bonne flambée
pour s'envoyer des tutoriels chiants.
Et pour un happy-end hollywoodien, j'avoue que j'ai eu des problèmes jusqu'à la fin, mais grâce à une certaine maitrise du lâcher prise, lol, et au suivi de mon ami aussi parisien qu'imaginaire, je finis le projet sans être aiguillonné par la terreur née du risque de tout perdre. Au final j'ai bossé 5 jours au lieu de 2, j'ai refusé du boulot à Rennes parce que j'avais les mains pleines de cambouis numérique, mais j'ai  fini mon montage et livré mes fichiers le lundi matin suivant.
A l'issue de quoi c'est décidé : ancien thuriféraire de Final Cut X, là j'ai eu trop de soucis, je passe à l'ennemi, et je me mets à Adobe Première. D'ailleurs c'est la condition sine qua non pour que le réal me refasse bosser, ma contre-performance technique ne l'ayant pas braqué contre moi mais contre le logiciel de chez Apple, pour lequel je n'ai pas été une publicité vivante.
Tout le monde peut se tromper un moment, un peu de monde peut se tromper tout le temps, mais tout le monde ne peut pas se tromper tout le temps.
Cet hommage à la citation d'Abraham Lincoln est foiré, mais vous voyez ce que je veux dire.

(à suivre...)