mercredi 13 juillet 2016

haïku trop long de l'escabeau trop court

14 douillet, 
14 où t’es ?
danny verseur de la vérolution
j’espère qu’elle est prise ta bastille
au soir du 13  
pétards mouillés
divas rouillées
pas de feu d’artifesse
entre mes cuisses
juste le manche
de mon couteau de peintre du dimanche


juste un reste de papier peint
celui qu’tu voulais que j’t’arrache
il pleut comme vache qui pisse 
dans les toilettes je détapisse
80 joints dans le cornet
avec mon shilum en laiton


mais où c'est qu'elle se planque-t-on
cette maudite vanne de purge de la chaudière ?

que je puisse démonter mes radiateurs 
pour enlever le papier peint qu’est derrière ?

mon chat n'en revient pas 
que je sois si poète
dans les gravats du salon
pendant qu'les filles
s'dorent la pilule en Italie


ah elles sont loin mes vacances en thaïlande
avec des filles et des garçons
tontaine tonton






lundi 20 juin 2016

Horreur vieillotte, horreur moderne

Au départ, je voulais juste relire les Hellblazer #180 - 193 au soleil dans ma chaise longue, fascicules qui manquent à ma collection des 150 dernièrs épisodes des aventures de John Constantine en v.o.


P'tain, y'a un trou dans ma collèque.

John Constantine est un ancien musicien punk reconverti dans la magie noire. Il croit toujours qu’il peut blouser le diable. Il y a un prix à payer, évidemment, et ce sont ses proches qui trinquent, et trépassent à tour de bras. Il culpabilise un peu, puis repart comme si de rien n'était.
C’est un personnage antipathique et désagréable, tantôt irascible, voire méprisant envers ses semblables. Sa consommation abusive de tabac le destine à une mort prochaine et probablement à un séjour éternel en enfer, où Satan l’attend de pied ferme.
Son attitude de cogestion de sa propre agonie me rappelle la théorie du masochisme de Theodor Reik :
"Le masochisme est plus répandu que nous ne l’imaginons car il prend une forme atténuée. La dynamique de base est la suivante: le sujet perçoit quelque chose de mauvais dont la venue est inévitable. Il ne peut rien faire afin d’interrompre le processus; il est réduit à l’impuissance. Le sentiment de son impuissance engendre chez lui le besoin d’exercer quelque contrôle sur cette souffrance imminente - n’importe quelle forme de contrôle fera l’affaire. C’est logique: le sentiment subjectif de sa propre impuissance est plus douloureux que la souffrance à venir. Aussi le sujet a-t-il recours, pour se rendre maître de la situation, à la seule voie qui lui reste ouverte: il concourt à hâter la venue de ce malheur prochain."

Quand je vais bien, un peu d'épouvante littéraire est un luxe de l'esprit un peu douteux, mais un luxe voluptueux.
C'est ma petite-bourgeoisie à moi.






Léti pas mignon, le faux Sting à sa mémère ?


Les épisodes #180 - 193 s'insèrent dans son interminable saga de Super-Loser entre Le Sépulcre rouge (#175-180, 2007) et Chemin de croix (#194-199, 2009), et sont regroupés dans les recueils aussi gros que des Picsou Magazine Les Fleurs noires (#181-186, 2008) et Droit dans le mur (#187-193, 2008).
Sur Amazon.fr on ne les trouve qu'à des prix prohibitifs, alors je vais voir sur Amazon USA, woualou ils sont à $6 chacun !!! mais quand j'ajoute les frais de porc, c'est encore pus cher qu'en France. Bande de voyous capitalistes.
Ma vie est passionnante, hein ?
Alors je me résouds, la morue dans l'âme, à les télécharger, pour comprendre comment Constantine déboule dans le #194 en ayant totalement perdu la mémoire.
Comme si je n'avais pas eu mon content de passions humaines engendrant des monstruosités, rien qu'en rappelant l'an dernier une gonzesse que je m'étais interdit de recontacter pendant 25 ans.
Bref.
A force de relire ces vieux Hellblazer, l'autre soir j'ai rêvé d'un succube femelle avec une bite.
Moi ça me branchait moyen, mais mon inconscient avait l'air de trouver ça chouette.

Alors, j'ai relu un peu de Lovecraft, mais le coeur n'y était plus : horreur vieillotte.
Finalement, sa vie fut le plus épouvantable des cauchemars.
J'ai rematé sa bio pour m'en convaincre, et comme elle n'était plus en ligne je l'ai remise.


Le Cas Howard Phillips Lovecraft partie 1 from john warsen on Vimeo.

Le Cas Howard Phillips Lovecraft partie 2 from john warsen on Vimeo.

Le Cas Howard Phillips Lovecraft partie 3 from john warsen on Vimeo.

"Mais vous n'aimiez pas ça, la vie, de toute façon"


Voulant m'encanailler avec des démons plus consistants, j'ai cherché dans l'horreur moderne.
Le Providence d'Alan Moore ?
Quel hommage compassé, et quel ennui (à part la séquence de transfert de conscience de l'épisode #6)


La bonne blague.


Survivor's Club ? Bon pour les ados, grandis à l'ombre des jeux vidéos en l'absence de leurs parents et éducateurs.
Clean Room ? bof. Y'a des idées sympas, mais beaucoup de poncifs poncés.
Unfollow ? c'est pas mal, mais ça tient plus du thriller et de la fable sociale.

Ah oui, quand même, le récit de NGC-2264 qui prétend s'être fait dépouiller par des entités, c'est du Lovecraft moderne.
Bien plus imaginatif que les couillons qui tagguent l'hôpital psychiatrique polonais en déréliction.
Et j'envisage de revoir Ne vous retournez pas, le film de Nicolas Roeg qui se passe dans une Venise glauquissime.

Après m'être gavé de ces mièvres sucreries, je me dis "non mais t'es con, ou bien ?"
L'horreur, la vraie, elle est dans le Réel :
c'est un samedi après midi en salle de montage à France 3 quand il n'y a aucun sujet à monter.
c'est ton premier concert au Bataclan, et c'est aussi le dernier jour de ta vie.
(variante : c'est ton premier jour au GIGN et tu vas entrer dans le Bataclan pour y découvrir un charnier.)
c'est les filles de J.G qui rentrent chez elles le plus tard possible après le collège, depuis bien avant la mort de leur père, parce que leur mère s'est remise à picoler de plus belle et que tu ne trouves rien à lui dire quand elle t'appelle en larmes, parce qu'elle se mure dans son désespoire Williams.
c'est les couvertures du Nouveau Détective.
c'est Dominique Strauss-Khan en peignoir.
c'est les films de chtrouille. (mais je refuse d'en voir, rien que les scénarios me suffisent largement)
c'est le cancer incurable qu'on te découvre et qui te laisse 8 jours d'espérance de vie alors que tu n'as pas mis ta maison en ordre.
c'est ta femme à qui tu ne sais plus dire je t'aime (et quand tu lui disais tu sentais combien c'était faux)
c'est l'agonie cogérée de Fukushima.
c'est le martyre des fous enchaînés du mausolée de Bouya Omar.
C'est le drone aveugle qui enregistre sans le voir ce qu'il reste de la ville de Homs.
C'est le calvaire des migrants noyés au large de l'Italie ou de la Lybie, et en plus je ne trouve même pas de vidéo correcte.
Franchement, je ne sais pas ce qu'il te faut.

Finalement, la meilleure histoire de Constantine, c'est peut-être le #27, dénuée de démons, juste l'histoire d'un pauvre clodo mort de froid qui revient en épouvantable fantôme puant et qui veut juste que quelqu'un le serre contre lui.


Allez, tu es parvenu à la fin de l'article, 
c'est bien, c'est courageux, 
et tu as gagné le droit de lire cet épisode.

dimanche 19 juin 2016

Penser autrement

Les perturbateurs endocriniens vont finir par nous rendre idiots
  • Weronika Zarachowicz - Illustrations Singeon pour “Télérama” Publié le 12/06/2016.

On savait que les perturbateurs endocriniens, ces polluants omniprésents dans notre environnement, affectaient la fécondité, augmentaient les risques de développer des maladies comme le cancer ou le diabète. Et s'ils avaient aussi des effets sur la formation de notre cerveau, et diminuaient notre intelligence ? Telle est la thèse du Cerveau endommagé, état des lieux aussi rigoureux qu'effarant sur les conséquences de la contamination chimique.
Son auteur ? Barbara Demeneix, spécialiste des hormones thyroïdiennes, directrice du département Régulations, développement et diversité moléculaire du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris. Alors qu'à Bruxelles la Commission européenne bloque les efforts de réglementation des perturbateurs endocriniens et qu'à Paris le Sénat s'acharne à reporter l'interdiction des insecticides néonicotinoïdes, lire Barbara Demeneix est simplement indispensable.

Pourquoi vous être intéressée aux effets de la pollution sur nos cerveaux ?
En 2001, on m'a demandé de représenter la France à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) pour évaluer le dépistage des substances chimiques pouvant perturber le fonctionnement du système endocrinien, et notamment des hormones thyroïdiennes. Je travaillais sur ces hormones depuis vingt-cinq ans et venais de développer, avec mon équipe du Muséum, une méthode pour pister l'activité thyroïdienne chez les têtards, par un procédé de « mouchards » fluorescents.
En effet, ce sont les hormones thyroïdiennes qui orchestrent la mue du têtard en grenouille, mais aussi elles qui permettent au cerveau humain de se développer et de fonctionner correctement. Elles régulent notre métabolisme énergétique, contrôlent notre poids, et les fonctions de nombreux organes, d'où leur importance cruciale.
J'ai découvert en 2001 que les tests pratiqués étaient obsolètes. Quel choc ! J'ai donc proposé au CNRS et au MNHN d'en élaborer de plus performants. Et, en 2005, nous avons breveté notre technologie permettant d'observer in vivo l'influence d'une substance dans l'organisme. J'ai découvert la complexité de la perturbation endocrinienne et l'ampleur de la pollution. Et je me suis dit que je devais alerter les pouvoirs publics et l'opinion. Aujourd'hui, j'y consacre 80 % de mon temps.

Quelle est cette pollution ?
Mon travail ne porte pas sur les particules fines mais sur les innombrables molécules de synthèse que nous respirons, ingérons ou appliquons sur notre peau, quotidiennement : crèmes, plastifiants, pesticides, dioxines, retardateurs de flammes (dans les voitures, les téléphones portables, les ordinateurs...), etc. Depuis le siècle dernier, des myriades de substances ont été mises en circulation. Aux Etats-Unis, le Toxic Substances Control Act en répertorie quatre-vingt-quatre mille. Et encore, cet inventaire ne comprend pas les pesticides, les additifs alimentaires et les cosmétiques !

Notre environnement est désormais envahi par des molécules dont la structure ressemble à celle des hormones thyroïdiennes, et qui interfèrent avec les processus de régulation que l'évolution a mis tant de temps à façonner. Certaines se mettent à remplacer les hormones, d'autres amplifient leur action. D'autres encore la bloquent, par exemple lorsqu'elles empêchent l'absorption d'iode par la thyroïde, alors que l'iode est indispensable au développement cérébral du fœtus et de l'enfant, comme au fonctionnement du cerveau adulte.
Ces polluants nous font « perdre la tête », pour reprendre le titre de votre ouvrage en anglais (Losing our minds) ?
Des scientifiques ont démontré que les perturbateurs endocriniens affectent la fécondité, altèrent le développement fœtal, augmentent les risques de cancer, de diabète ou d'obésité. Mais durant la dernière décennie, de nouveaux signaux sont apparus sur nos écrans radars : les augmentations de l'hypothyroïdie, du trouble du déficit de l'attention/hyperactivité, ainsi que des troubles du spectre autistique.
Aux Etats-Unis, le nombre d'enfants hyperactifs a crû de 22 % entre 2003 et 2007 (5,4 millions aujourd'hui), sans modi­fication des méthodes de diagnostic. Quant aux chiffres sur l'autisme des centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies, ils sont exponentiels : un enfant sur 5 000 en 1975, un sur 500 en 1995, et un sur 68 en 2014 (un garçon sur 42 !).

Cette augmentation de l'autisme ne s'explique-t-elle pas par des diagnostics plus efficaces ou le recul de l'âge des parents au moment de la conception ?
30 % de cet accroissement peut être attribué à ces facteurs. Mais le patrimoine génétique n'a pas changé ; l'environnement est certainement en cause. Selon l'hypothèse la plus probable, chaque catégorie de maladie a de multiples causes, à la fois génétiques et environnementales — accompagnées de facteurs combinatoires gènes-environnement aggravants. Ainsi, l'organisme a besoin des hormones thyroïdiennes pour réguler les gènes impliqués dans le développement cérébral.
Or, étude après étude, nous découvrons combien ces hormones réagissent à de nombreux contaminants. D'où le défi actuel : sachant qu'une partie des polluants traditionnellement associés à la déficience intellectuelle — plomb, mercure — disparaissent, quelles sont les substances récentes qui interagissent avec les régulations physiologiques et génétiques ? Des centaines de milliers de produits étant rejetés dans l'environnement (sans — ou avant — qu'on teste leurs effets), il est difficile de savoir par où commencer pour percer la complexité de leurs interactions.

Notre laboratoire travaille à partir des cinquante substances chimiques les plus souvent détectées dans le liquide amniotique. Nous avons plongé nos têtards dans les quinze produits présentant les taux les plus élevés chez les femmes américaines, suédoises ou chinoises. Les résultats démontrent des effets conséquents sur le développement neurologique, physiologique...
Un autre chiffre m'inquiète : la forte proportion d'enfants autistes diagnostiqués aux Etats-Unis ayant un QI inférieur à 85, limite de la déficience intel­lectuelle. Si cette tendance est aussi perceptible dans le reste de la population, nous faisons face à un problème plus global d'attaque des facultés intellectuelles, ce que de plus en plus de travaux commencent à indiquer.
L'augmentation de l'autisme ne serait qu'un symptôme parmi d'autres ?
Je suis de près des études sur l'érosion du quotient intellectuel, dont une sur la population finlandaise. La Finlande est intéressante à plusieurs titres. Son système éducatif est l'un des plus performants. Elle organise les mêmes tests de QI depuis des années auprès des appelés au service militaire. Or que voit-on ? Une baisse du QI de deux points en dix ans (entre 1997 et 2006).
Six pays occidentaux enregistrent la même chute, dont la France, avec une érosion du QI chez les adultes entre 1998 et 2006. Une étude de l'université de Columbia a aussi montré que des enfants exposés in utero à des niveaux élevés de phtalates (utilisés dans les textiles, les cosmétiques) présentent un QI inférieur de six points en moyenne à celui d'enfants moins exposés.
Voilà trente ans que les scientifiques nous alertent. Pourquoi avance-t-on si lentement dans la prise de conscience ?
On peut même remonter aux années 1960, avec Rachel Carson et son Printemps silencieux sur les ravages des pesticides sur la biodiversité ! Elle concluait sur cette interrogation : que seront leurs effets sur les humains ?
Aux Etats-Unis, on peut commercialiser une substance en trois mois, mais son retrait peut prendre des dizaines d'années ! Et puis, la recherche prend du temps. Prenez les molécules associées au diabète, au cancer, à l'obésité : il faut une cinquantaine d'années pour vérifier que ces maladies sont favorisées par une exposition maternelle à ces substances.
Aujourd'hui, nous savons. Une étude publiée l'été dernier démontre que les femmes dont les mères furent exposées lors de leur grossesse à du DDT (le fameux pesticide décrit par Rachel Carson) ont quatre fois plus de risques de développer un cancer du sein, cinquante ans plus tard.
Dans le cas du Distilbène (oestrogène de synthèse prescrit aux femmes enceintes jusqu'en 1977), on n'a attendu « que » vingt ans pour comprendre la forte incidence de cancers chez les enfants nés de ces grossesses... Chaque année, les pathologies dues aux perturbateurs endocriniens coûtent 157 milliards d'euros à l'Union européenne (selon une étude de 2015).
C'est sur les troubles du développement neuronal que les scientifiques détiennent les faits les plus solides. Ce sont aussi ceux qui coûtent le plus cher — 150 milliards. Et encore n'avons-nous tenu compte que de trois produits : un pesticide organophosphaté, un plastifiant et un retardateur de flammes...
Vous dites aussi que la recherche se focalise sur les causes génétiques au détriment de l'environnement...
Depuis dix ans, le financement des travaux consacrés aux origines génétiques des troubles autistiques a été deux cent cinquante fois supérieur à celui de la recherche sur leurs causes environnementales. Plusieurs raisons l'expliquent : la réduction des coûts du séquençage et de l'analyse du génome, la preuve de l'héritabilité de certains troubles, le déterminisme génétique en vigueur chez les scientifiques et les politiques...
Pour les décideurs, il est tellement plus facile de dire que l'autisme a une origine génétique. Car ce n'est plus un problème collectif... Pourtant, les avancées de l'épigénétique [qui montre que l'expression des gènes, c'est-à-dire la façon dont sont synthétisées les protéines, peut être durablement modifiée par des facteurs environnementaux — chimiques, physiques, microbiens, NDLR] devraient nous pousser à nous intéresser bien plus aux interactions gènes-environnement.
Que peut-on faire ?
Agir à plusieurs niveaux, de l'individuel au global. Modifier, même légèrement, nos comportements peut limiter notre exposition : s'assurer qu'aucune femme enceinte ne soit carencée en iode, éteindre les ordinateurs en veille, consommer du sel iodé et des aliments bio...
Comme le disait Lin Ostrom, première femme Nobel d'économie et militante du mouvement Penser global, agir local, l'utilisation abusive des ressources communes est à combattre collectivement ; les individus doivent agir au niveau de leurs communautés et pays pour changer et faire respecter les lois. Nous devons faire pression sur l'industrie et les régulateurs pour qu'ils agissent. Et il nous faut une sorte de Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) pour la pollution chimique !
L'intelligence et l'ingéniosité humaines ont produit ces substances potentiellement dangereuses. En toute logique, elles devraient nous permettre de les contrôler et d'éliminer leurs conséquences déplorables. Sinon, les générations à venir pourraient se trouver incapables de le faire : il leur manquera l'intelligence — à tout jamais.

BARBAR DEMENEIX
1949
Naît à Luton, Grande-Bretagne.
1970 à 1979
Travaille six ans en Afrique (deux ans en Afrique de l'Est, 1970-72, et quatre ans au Maroc, 1975-79).
1995
Intègre le Muséum national d'histoire naturelle, chaire de physiologie.
2005
Cofonde la start-up WatchFrog, qui crée des têtards fluorescents, sentinelles de la pollution environnementale.
2014
Obtient la médaille de l'innovation du CNRS.

À lire
Le Cerveau endommagé. Comment la pollution altère notre intelligence et notre santé mentale, de Barbara Demeneix, éd. Odile Jacob, 414 p., 39,90 €.

vendredi 17 juin 2016

samedi 11 juin 2016

Le coin du petit complotiste

Je remonte ce sujet à partir de vieux comm’s d’un article de 2015.
Tout fait ventre.



Daniel : 
"Cette fois, il s'agit de nous, de notre façon de vivre, de notre liberté", explique-t-il, ajoutant que "nous allons tous devoir nous battre pour la préserver".
Ceci me fait raisonnablement me demander si Daesh n'a pas été créé par les Etats occidentaux pour masquer la faillite de leur modèle économique/idéologique.
Le pays est en faillite totale (cf le blog de Jovanovic), des millions de gens sont en-dessous du seuil de pauvreté, les maladies environnementales explosent à cause de la pollution, les gens sont complètement décérébrés, beaucoup sont suicidaires, la violence à l'école est devenue la norme... si nous étions les dirigeants de ce pays et que nous voulions masquer notre responsabilité, comment nous y prendrions-nous ?
John :
Dartan avait une hypothèse dans le même genre, qui avait le mérite " de prendre appui sur un FAIT indéniable : l'autorité ploutocratique repose sur la pénurie. Il est clair, en effet, que les hommes dont les besoins sont comblés peuvent devenir indociles à l'argent. On peut les tenter, les séduire, mais ils ne se laissent pas contraindre. Les affamés, eux, sont sans défense : ils ne discutent ni les salaires ni les ordres. les colonisateurs du siècle dernier s'en sont aperçus : ils se virent obligés de créer des besoins à la main-d'oeuvre indigène lorsqu'ils ne pouvaient la forcer. Donc, si la "loi d'airain" (celle de la faim, de la concurrence à mort) cessait de gouverner les humains, les conséquences seraient celles-ci :

1. La contrainte par la faim échapperait aux puissants.


2. Il leur faudrait agir sur les classes dirigées par des moyens humains au lieu de préhumains.


3. Ils devraient apprendre à exercer l'autorité au lieu d'en hériter les moyens sans nulle peine, ou de l'asseoir sur la force policière.


4. Bref, il leur faudrait substituer la conscience humaine à l'instinct animal dans les rapports sociaux. Ce serait le monde à l'envers : un renversement des idoles, une inversion des traditions, des usages, des habitudes, des valeurs matérielles, intellectuelles, morales. Les puissants et les maîtres y perdraient tout ce qu'ils possèdent. Il leur faudrait céder les postes de commandement à des hommes simples et vrais, qui n'auraient pas plus le besoin de paraître importants qu'Einstein n'éprouvait celui d'éblouir ses contemporains par l'élégance de ses vêtements. Lorsqu'ils sont libérés du besoin de paraître ce qu'ils ne sont pas, les humains deviennent ce qu'ils sont. Face à des hommes de cette sorte, les imposteurs de la puissance, du savoir et de la gloire seraient vite engloutis dans un abîme de subalternité et d'oubli.

On conviendra que, si les puissants et les maîtres avaient été conscients des conséquences inévitables d'un régime d'abondance, il y aurait eu de quoi leur engendrer une terreur panique. Tout plutôt que cet indicible désastre ! Mille fois plutôt la mort que cette humiliation totale ! Et cinq mille fois plutôt le collectivisme et ses policiers, qui, au moins, seraient des hommes tout pareils à eux. Une chose, cependant, est certaine : les puissants et les maîtres n'ont jamais été conscients de ces choses : tout ce qui a été publié depuis deux siècles en fait une avalanche de preuves. 
Mais il faut quand même se poser une question :
qu'auraient-ils pu faire s'ils en avaient été conscients ?
Quels actes auraient-ils pu poser si leur objectif conscient avait été de s'abriter des conséquences d'un régime d'abondance ?
De quels moyens disposaient-ils et dispose-t-on pour ôter aux humains toute possibilité de désobéir à leurs chefs ?
Et, à défaut, pour faire durer la pénurie dans un monde où la productivité a pris le mors aux dents ? Trois solutions évidentes sautent aux yeux :

1. La plus sûre et la plus définitive est celle qui substitue le collectivisme au capitalisme. L'esclavagisme résout idéalement tous les problèmes de l'autorité préhumaine. 

2. A défaut, une pénurie artificielle peut sauvegarder l'autorité ploutocratique. La création de besoins nouveaux et la stimulation de ceux qui existent peuvent contribuer aux mêmes résultats. "

3. Si, malgré ces précations, la productivité devenait menaçante, un moyen sûr de perpétuer le règne de la faim serait la multiplication des hommes. Tout rentrerait dans l'ordre (préhumain) le jour où les ressources de la planète seraient à nouveau insuffisantes pour les nourrir tous. Pour aller plus vite, il serait sage de veiller en même temps au saccage des dites ressources : il faudrait hâter l'érosion des terres arables, ralentir la percolation des eaux et polluer les océans.

jeudi 9 juin 2016

La dictature des cons

Deux titres remarquables repérés pour vous dans la presse écrite cette semaine.
Rien qu'à lire les titres, j'ai envie de renoncer à la presse et de ne plus lire que des vieux comics en v.o. en boucle dans mon iPad.
Mais ça créérait un problème, soulevé par Zep.



C'est vrai que face à la dictature des antiracistes, 
on se dit que la démocratie des racistes serait un moindre mal.
Le problème de l'antiracisme, c'est que c'est aussi bête que le racisme, puisque c'est un présupposé. Une opinion à priori.
N'empêche, c'est un coup à résilier son abonnement à Valeurs Actuelles.


Alors eux, quand je vois comment ils font appel aux pulsions les plus nobles de l'homme (et de la ménagère de plus de 50 ans, qui est un homme comme un autre), et comment ils redonnent au journalisme ordurier ses lettres de noblesse, je me dis que le Gorafi peut aller se coucher. Y'a pas besoin d'en rajouter. Ils ont même un site internet, qui contribue à ma bonne humeur. 

vendredi 4 mars 2016

le mal par le bien (5) : perdre totalement le sens du Réel avec Philip K. Dick

Si j'avais le temps et une meilleure connexion, je passerais ma vie ici :

http://creative.arte.tv/fr/tags/philip-k-dick

Mais j'ai lu tout Dick quand j'étais jeune, et je n'ai pas besoin de le relire pour perdre totalement le sens du Réel : je ne l'ai jamais eu.

lundi 22 février 2016

le mal par le bien (4) : Umberto Eco et la mort

http://www.courrierinternational.com/article/hommage-quand-umberto-eco-expliquait-comment-se-preparer-la-mort

L'article m'a laissé sur ma faim. Au péril de ma vie, je me suis alors rendu en caméra casher sur un forum de téléchargement illégal où j'ai déniché l'article original, dont je me rappelais vaguement qu'il avait une chance d'avoir été publié dans "Comment voyager avec un saumon".
Par chance, il y était.
Comme quoi des fois ça sert d'avoir des lettres.


Comment se préparer sereinement à la mort 
Je ne suis pas sûr de me montrer d'une grande originalité en affirmant que l'un des problèmes majeurs de l'Homme consiste à affronter la mort. Si la question est difficile pour les mécréants (comment faire face au Néant qui les attend ?), les statistiques prouvent qu'elle embarrasse également beaucoup de croyants. Leur certitude d'une vie après la mort ne les empêche pas de trouver que la vie avant la mort est bien agréable et qu'il est détestable de l'abandonner. Aussi désirent-ils de toute leur âme rejoindre le chœur des anges. Mais le plus tard possible. 
Que signifie « Être-pour-la-mort », telle est l'évidente question soulevée ici. La poser, c'est reconnaître tout bonnement que les hommes sont mortels. Facile à dire, tant qu'il s'agit de Socrate mais, dès que ça nous concerne, c'est une autre paire de manches. Le moment le plus difficile sera celui où nous saurons que, pour un instant encore, nous sommes là et que l'instant d'après nous n'y serons plus. 
Récemment, un disciple soucieux (un certain Criton) m'a demandé : « Maître, comment bien se préparer à la mort ? — Une seule solution, être convaincu que tous les gens sont des couillons », ai-je répondu. 
Devant la stupeur de Criton, je me suis expliqué. « Vois-tu, comment peux-tu marcher à la mort, même en étant croyant, si tu songes que, au moment où toi tu passes de vie à trépas, de beaux et désirables jeunes gens des deux sexes dansent en boîte et s'amusent follement, des scientifiques éclairés percent les derniers mystères du cosmos, des politiciens incorruptibles s'emploient à créer une société meilleure, des journaux et des télévisions ont pour seul but de donner des informations dignes d'intérêt, des directeurs d'entreprises responsables s'ingénient à ne pas polluer l'environnement et à nous redonner une nature faite de ruisseaux potables, de montagnes boisées, de cieux purs et sereins protégés par un ozone providentiel, de nuages moelleux distillant les douces pluies d'antan ? Si tu te dis que toutes ces choses merveilleuses se produisent tandis que toi tu t'en vas, cela te serait proprement insupportable, n'est-ce pas ? 
Mais essaie un instant de penser que, à l'instant où tu sens que tu vas quitter cette vallée, tu as la certitude inébranlable que le monde (cinq milliards d'êtres humains) est rempli de couillons, que ceux qui dansent en boîte sont des couillons, des couillons les scientifiques qui croient avoir résolu les mystères du cosmos, des couillons les politiciens qui proposent une panacée pour tous nos maux, des couillons les pisseurs de copie qui remplissent nos journaux d'ineptes et vains potins, des couillons les industriels malpropres qui détruisent la planète. En cet heureux moment, ne serais-tu pas soulagé, satisfait d'abandonner cette vallée de couillons ? » 
Criton m'a alors demandé : « Maître, quand dois-je me mettre à penser ainsi ? — Pas trop tôt, lui ai-je répondu, car penser à vingt ou trente ans que tous les gens sont des couillons, c'est être un couillon qui n'accédera jamais à la sagesse. Il faut y aller mollo, commencer en se disant que les autres sont meilleurs que nous, puis évoluer peu à peu, avoir les premiers légers doutes vers la quarantaine, réviser son jugement entre cinquante et soixante ans, et atteindre à la certitude alors qu'on va sur ses cent ans, mais en se tenant prêt à partir, tous ses comptes à jour, dès réception de la convocation. 
Seulement voilà : acquérir la certitude que les cinq milliards d'individus autour de nous sont des couillons, est le fruit d'un art subtil et avisé, qui n'est pas à la portée du premier Cébès venu, avec son anneau à l'oreille (ou dans le nez). Cela requiert du talent et de la sueur. Il ne faut pas brusquer les choses. Il faut y arriver doucement, juste à temps pour mourir sereinement. Mais la veille, on doit encore penser qu'il existe un être, aimé et admiré de nous, qui lui n'est pas un couillon. La sagesse sera de reconnaître au bon moment — pas avant — que lui aussi est un couillon. Alors, seulement, on pourra mourir. 
Donc, le grand art consiste à étudier petit à petit la pensée universelle, à scruter l'évolution des mœurs, à analyser jour après jour les médias, les affirmations d'artistes sûrs d'eux, les apophtegmes de politiciens en roue libre, les démonstrations de critiques apocalyptiques, les aphorismes de héros charismatiques, en étudiant leurs théories, propositions, appels, images, apparitions. Alors seulement, à la fin, tu auras cette bouleversante révélation : ce sont tous des couillons. Et tu seras prêt à rencontrer la mort. 
Jusqu'au bout, il te faudra résister à cette insoutenable révélation, tu devras t'obstiner à penser qu'on profère des choses sensées, que tel livre est meilleur que les autres, que tel guide du peuple veut vraiment le bien commun. C'est le propre de notre espèce, c'est naturel, c'est humain de refuser de croire que les autres sont indistinctement des couillons. Sinon, en quoi la vie vaudrait-elle la peine d'être vécue ? Mais, à la fin, quand tu sauras, alors tu auras compris en quoi cela vaut la peine — en quoi c'est splendide même — de mourir. » 
Criton m'a regardé et m'a dit : « Maître, je ne voudrais pas prendre de décisions hâtives, mais je vous soupçonne d'être un couillon. — Tu vois, ai-je répondu, tu es déjà sur la bonne voie. » 
(1997) 




dimanche 21 février 2016

le mal par le bien (3) : les AA de Boston

"Si, dans un élan de charité ou sous la contrainte du désespoir, il vous arrive de passer quelque temps dans les parages d’un établissement de désintoxication subventionné par l’État, tel qu’Ennet House à Enfield, Massachusetts, vous apprendrez de nombreux faits exotiques.

Que le terme terrifiant que les Hispaniques donnent à la pulsion qui pousse les toxicos à replonger inlassablement est tecato gusano, qu’on peut interpréter comme une espèce de ver solitaire psychique impossible à rassasier ou à tuer.

Que les Noirs et les Hispaniques peuvent être aussi racistes, sinon plus, que les Blancs et qu’ils deviennent encore plus hostiles et plus désagréables quand vous vous en rendez compte et manifestez un relatif étonnement.

Qu’un paradoxe rarement évoqué de l’addiction à la Substance est : une fois que vous êtes suffisamment asservi à une Substance pour être obligé de cesser d’en prendre afin de sauver votre vie, la Substance asservissante est devenue si importante pour vous que le sevrage vous fait perdre l’esprit. Ou que, parfois, après avoir été sevré de votre Substance favorite afin de sauver votre vie, quand vous vous agenouillez pour vos prières du matin et du soir, vous vous retrouvez à prier pour qu’il vous soit donné de littéralement perdre votre esprit, à savoir de l’emballer dans un vieux journal, de l’abandonner dans une ruelle et de le laisser vivre sa vie sans vous.

Que certaines personnes ne vous aiment pas, quoi que vous fassiez. Que la plupart des citoyens adultes non toxicomanes ont déjà compris et accepté ce fait depuis longtemps.

Que, même si vous vous êtes cru extrêmement malin, vous l’êtes beaucoup moins que ça en réalité.

Que le Dieu des AA, des NA et des CA n’exige pas que vous croyiez en Lui / Elle / Ça pour qu’Il / Elle / Ça vous aide.

Que les alliances claniques, l’exclusion et les commérages peuvent être des formes d’évasion. Que la validité logique n’est pas une garantie de vérité. Que les méchants croient qu’ils ne sont pas méchants, mais que tous les autres sont méchants. Qu’il est possible d’apprendre des choses précieuses d’une personne stupide. Qu’il est difficile de rester attentif à n’importe quel stimulus pendant plus de quelques secondes. Que vous pouvez éprouver subitement le besoin irrépressible de vous défoncer avec votre Substance, si irrépressible que vous craignez de mourir si vous n’y cédez pas, mais que vous demeurez assis, les mains crispées sur vos genoux, la figure moite d’envie, voulant céder mais tenant bon, voulant tout en ne voulant pas, disons, et que si vous parvenez à dominer cette envie pendant toute la durée de la crise l’envie finira par passer, par disparaître – du moins pour un moment. Qu’il est statistiquement plus facile pour les gens à faible Q.I. de se débarrasser d’une addiction que pour les gens à fort Q.I.

Qu’il est possible de se droguer avec des médicaments pour le rhume et les allergies. Que le sirop NyQuil Vicks titre 25° d’alcool. Que les activités ennuyeuses deviennent beaucoup moins ennuyeuses, de façon perverse, si vous les faites avec application. Que si plusieurs personnes boivent du café dans une pièce silencieuse il est possible de discerner le bruit de la vapeur s’échappant des tasses. Que parfois les êtres humains doivent rester assis sans bouger et, disons, souffrir. Que vous êtes moins sensible à ce que les autres pensent de vous quand vous prenez conscience du fait que, la plupart du temps, ils ne vous prêtent aucune attention. Que la gentillesse pure, sans mélange, désintéressée, existe. Qu’il est possible de s’endormir pendant une crise d’angoisse.

Que la concentration intense sur n’importe quel sujet est ardue.

Que l’addiction est soit une maladie soit un trouble psychique soit un état spirituel (pour ne pas dire spiritueux) soit un TOC soit un trouble affectif ou comportemental, et que plus de 75 % des anciens des AA de Boston qui veulent vous convaincre que l’alcoolisme est une maladie vous font asseoir et écrivent devant vous le mot MALADIE sur une feuille de papier, puis coupent le mot en deux pour qu’il se lise MAL-ADIE, et vous regardent en espérant que cela déclenchera en vous une épiphanie aveuglante, alors qu’en réalité (ainsi que G. Day ne cesse de le répéter à ses conseillers) la mise en valeur du mot MAL dans MAL-ADIE est une analyse lexicale qui ne vous apprend rien, une non-révélation, et insipide par-dessus le marché.

Que la plupart des accros à une Substance sont aussi accros à la pensée, c’est-à-dire qu’ils ont une relation compulsive et malsaine avec leur propre pensée. Que le terme savant des AA de Boston pour désigner la pensée de type addictif est : Analyse-Paralysie. Que les chats souffrent de violentes diarrhées quand on les nourrit de lait, contrairement à une idée reçue. Qu’il est plus agréable d’être heureux que dépité. Que, dans une proportion de 99 %, la pensée des penseurs compulsifs a pour objet eux-mêmes ; que ces 99 % de pensée autocentrée consistent à imaginer des choses qui vont leur arriver puis à s’y préparer ; et que, bizarrement, s’ils cessent d’y penser, 100 % des choses auxquelles ils consacrent 99 % de leur pensée et de leur énergie pour les imaginer et se préparer aux contingences induites et à leurs conséquences ne sont jamais bonnes. Que tout cela est révélateur du désir, en début de sevrage, de perdre littéralement l’esprit. Bref, que l’activité cognitive dans votre tête consiste, pour 99 %, à tenter de se foutre les jetons en permanence.

Qu’aucun individu suffisamment asservi à une Substance pour souhaiter se défaire de son addiction et ayant réussi à s’en défaire, à rester clean pendant un temps, mais ayant pour une raison ou une autre replongé ne s’est déclaré satisfait de l’avoir fait, d’avoir replongé et de s’être ré-asservi ; jamais.

Que l’acceptation est surtout le fait de la lassitude.

Que les gens ont des conceptions radicalement différentes de l’hygiène personnelle de base.

Qu’il est, paradoxalement, plus plaisant de désirer quelque chose que de l’avoir.

Que faire une fleur à quelqu’un en secret, anonymement, sans que ce quelqu’un sache que c’est vous ni que personne d’autre sache ce que vous avez fait pour lui, sans essayer de vous attribuer la paternité de cette B.A. en aucune manière, est une forme d’addiction.

Que la générosité anonyme peut être, aussi, une évasion.

Que faire l’amour avec quelqu’un que vous n’aimez pas vous donne un sentiment de solitude plus profond que de ne pas l’avoir fait, après coup.

Qu’il est permis de vouloir.

Que chacun croit dur comme fer, en son for intérieur, sans l’avouer, être différent des autres. Ce n’est pas nécessairement pervers.

Que les anges n’existent peut-être pas, mais que certaines personnes peuvent néanmoins être des anges.

Que Dieu – sauf si vous êtes Charlton Heston, ou dérangé, ou les deux – s’exprime et agit par l’intermédiaire des êtres humains, si Dieu existe.

Que Dieu peut considérer la question de votre croyance en son existence comme tout à fait secondaire dans la liste des choses qui l’intéressent chez vous.

Que l’odeur du pied de l’athlète est nauséabonde dans le genre doucereux, tandis que celle de la moisissure sèche podologique est nauséabonde dans le genre aigre.

Qu’une personne – atteinte de la Mal/-adie – fait des choses sous l’influence de Substances qu’elle ne ferait pas en état de sobriété et que les conséquences de ces actes ne peuvent être ni effacées ni amendées. Les crimes et délits en sont un exemple.

Que les femmes chicanos ne sont pas appelées chicanas. Qu’il en coûte 225 $ pour obtenir un permis de conduire du Massachusetts avec une photo mais sans nom. Que la privation de sommeil volontaire est aussi une forme d’évasion dont on peut abuser. Idem pour les jeux de hasard, le travail, le shopping, le vol à la tire, le sexe, l’abstinence, la masturbation, la nourriture, l’exercice physique, la méditation/prière et l’habitude de s’asseoir si près du vieux TP DEC d’Ennet House que l’écran emplit tout votre champ de vision et que l’électricité statique vous chatouille le nez comme une moufle pelucheuse. (sans compter, selon certaines écoles intransigeantes de pensée en 12-Étapes, le yoga, la lecture, la politique, le chewing-gum, les mots croisés, le solitaire, les intrigues amoureuses, le bénévolat, l’activisme politique, l’adhésion à la N.R.A., la musique, l’art, le ménage, la chirurgie esthétique, le visionnage de cartouches même à distance normale, la loyauté d’un bon chien, la ferveur religieuse, la serviabilité constante, la manie constante de procéder à l’inventaire moral des autres, le développement d’écoles de pensée intransigeantes en 12-Étapes, ad infinitum ou pas loin, y compris les confréries en 12-Étapes elles-mêmes, au point que dans la communauté AA de Boston on se raconte parfois tout bas l’histoire de certaines personnes tellement avancées dans un sevrage intransigeant qu’elles se dépouillent d’une échappatoire potentielle après l’autre jusqu’à ce que, finalement, d’après la rumeur, elles finissent assises sur une simple chaise, nues, dans une pièce vide, sans bouger mais également sans dormir ni méditer ni s’abstraire, trop avancées pour supporter l’idée de l’échappatoire émotionnelle potentielle qui consisterait à faire quoi que ce soit, et finissent assises là, sans le moindre mouvement ni la moindre échappatoire jusqu’à ce que longtemps après on ne retrouve sur la chaise vide qu’une très fine couche de matière cendreuse blanc cassé que l’on peut faire intégralement disparaître avec une serviette en papier humide.)"

David Foster Wallace, " L'Infinie comédie".

lundi 15 février 2016

le mal par le bien (2) : le boson de Higgs

Maintenant que les Turcs et les Russes se battent pour bombarder des hôpitaux d'enfants en Syrie, nous donnant l'espoir de renouveler notre inspiration pour chercher de bonnes raisons de pleurer et d'ouvrir ainsi notre Coeur à la Grande Compassion, n'oublions pas, à travers nos larmes, que la Science reste vecteur d'espoir.
Après tout, on vient de découvrir qu'Einstein avait raison au sujet des ondes gravitationnelles.

Comparons la version BD et la version télé des amusantes aventures du boson de Higgs, qui nous réconcilierait presque avec Lagerfeld.

1/ la version blog BD :

http://tumourrasmoinsbete.blogspot.fr/2013/01/vendredi-quarks-en-confetti.html

2/ la version télé :

http://creative.arte.tv/fr/episode/tu-mourras-moins-bete-1030-le-boson-de-higgs-quesaco?language=fr

Assurément, nous mourrons moins bêtes.

lundi 8 février 2016

le mal par le bien : Irréductibles Abkhazes

Lu dans Courrier International n° 1301 (octobre 2015) : un article qui me donne des envies de voyage.
Abkhazie : un pays qui fait rêver.

Une journaliste russe découvre l’Abkhazie. Quoique reconnue par Moscou en 2008, la petite république sécessionniste du Caucase continue de vivre en autarcie, farouchement résolue à protéger sa liberté.
Une tradition venue du fond des âges.
— Rousski Reporter (extraits) Moscou

L’Alamys est le code éthique traditionnel abkhaze. Il définit l’étiquette à observer vis-à-vis des anciens, des visiteurs, des ennemis, des animaux et des plantes. Tous, en Abkhazie, ont peur de deux choses : se trouver de nouveau sous protectorat géorgien et perdre l’Alamys. Dans les deux cas, ce serait la  fin du pays. “Vous savez, je n’ai jamais fait de politique, me dit Nodar Tsvijba. A quoi bon ? Nous devons préserver notre langue et nos traditions. Nous sommes tout de même un minuscule îlot d’une culture très ancienne. Nous avons su préserver notre langue abkhaze telle qu’elle était parlée au XIe et au XIIe siècle. Par exemple, nous n’avons pas de mot pour dire ‘mort’. Nous disons ‘mon âme est née’. Pour dire ‘je t’aime’, nous disons ‘je te vois en vrai’. En abkhaze, on dirait de moi, qui suis en train de faire l’intéressant, que je vous montre mon cheval. Le ‘moi’ est tabou.”

L’Alamys rend la société abkhaze difficile à appréhender pour les Européens. Ici, par exemple, on entretient avec passion la tradition du crime d’honneur. “Un jeune homme y réfléchit à deux fois avant de déshonorer une jeune fille, explique Liocha Agrba, car il sait qu’elle sera vengée. Dans la demi-heure qui suit ou dans deux cents ans, mais il sera puni. Nous ne portons jamais plainte. Il y a la famille. Et elle ne pardonne pas.” Dans un pays où l’on trouve des armes dans chaque foyer, cette tradition de la vengeance par le sang est véritablement salvatrice. En dehors de petits délits contre les touristes, il n’y a aucune criminalité.

Autre force de dissuasion : la fameuse hospitalité abkhaze. Même un ennemi, s’il demande refuge chez un proche de son adversaire, devient un hôte et doit être protégé. Cette satanée hospitalité met les Abkhazes dans une situation délicate vis-à-vis des touristes. Objectivement, Fiodor et moi devrions être la principale source de revenus de notre hôte. Mais tous les soirs Liocha nous régale gratuitement de poisson grillé, de vin maison et de somptueux discours. Les traditions semblent plus fortes que l’appât du gain.


La notion clé de l’Alamys, c’est la dignité. En commettant un acte indigne, un Abkhaze “meurt vivant”. Cet impératif met souvent les Abkhazes dans l’embarras. Lorsque je pointe du doigt un bâtiment détruit, comme on en voit beaucoup ici, en demandant à mon interlocuteur la raison de cette destruction, il me répond en baissant les yeux que c’est à cause de la guerre. Alors qu’en réalité la guerre n’a pas touché cette localité – les portes et les fenêtres de ce bâtiment ont été volées pendant le blocus. Cet Abkhaze ne veut pas mentir, mais il a honte. Pkhacharop, c’est ainsi que l’on appelle cette honte que l’on éprouve non pour soi, mais pour son peuple et son pays. Cela fait des Abkhazes un peuple qu’il est difficile de combattre.









dimanche 7 février 2016

le mal par le mal (10) : l'incantation stérile du buzz

http://mobile.lesinrocks.com/inrocks.tv/fuck-2015-le-court-métrage-qui-va-vous-soulager-de-cette-année-pourrie/
Des gens qui croient qu'on peut changer de conséquences sans changer les causes.
Une vidéo incantatoire, .mais qui n’impressionnera guère ceux qui s’apprêtent à créer le buzz en 2016 (globalement les mêmes qu’en 2015, et ils ont toujours des kalashs en guise de crayons : en plus de faire « buzz », ça fait des trous à l’âme, demandez à Philippe Lançon, le journaliste de Charlie qui a survécu mais qui n’a plus de mâchoire inférieure).
On touche le fond.
Je trouve Joan Cornella beaucoup plus réaliste dans son approche de la nouvelle année.

samedi 6 février 2016

le mal par le mal (9) : la déchéance de démocratie

Version pas drôle :
http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2016/02/04/decheance-de-nationalite-le-debat-sans-fin_4859435_823448.html

Version un peu plus fun :
http://www.legorafi.fr/2016/02/04/les-demandeurs-demploi-impatients-que-le-gouvernement-depense-autant-denergie-sur-le-chomage-que-sur-la-decheance/

Lol jaune clair.
Mais j'ai du boulot.
Si j'étais chômiste, il serait jaune foncé.

Et pendant ce temps, l'Europe se referme comme une vieille moule.
Attention, le diaporama contient des photos d'enfants morts.
En vrai.
Ca n'a donc rien à voir avec les faux morts d'Utopia.
Enfin, c'est un cran plus loin.
Ce n'est pas la presse qui devient trash, c'est la réalité.
Il est temps que je mette fin à la série "le mal par le mal".
Ca me fait trop mal.

vendredi 5 février 2016

le mal par le mal (8) : pactes avec le démon

1/ avec le démon de la connerie débusqué par le sniper de Charlie Hebdo




2/ avec le démon des blogs bouddhistes tarés

http://bouddhanar.blogspot.fr/2012/10/les-confessions-de-kalou-rinpoche.html

Quand je vois ses trolls, je bénis les miens.

3/ avec le démon des films tarés.

http://ilaose.blogspot.fr/2013/01/the-pact.html

"The Pact déborde tellement de bonnes intentions et nous fait passer un moment de trouille d'une telle qualité qu'on lui pardonne aisément ses quelques petites maladresses, à l'image d'un plan final inutile et digne d'une piètre série b. Ces bémols seraient de toute façon largement insuffisants pour refroidir notre vif enthousiasme à l'égard de ce film d'horreur humble, intelligent et, surtout, réellement terrifiant, comme il est trop rare d'en voir actuellement, et qu'il me semble donc nécessaire de saluer."

Et en plus, il a raison. J'ai vu le film, ça fout vachement les pouettes.
C'est une expérience phénoménologiquement éprouvante que n'aurait pas désavouée Levinas dans sa destitution de l'ontologie.



mardi 2 février 2016

le mal par le mal (6) : la théorie du complot

http://www.les-crises.fr/cetaient-les-guignols-la-peur-nos-attentats-cest-votre-securite/

Avec les commentaires, ça le fait trop bien.

La vidéo incluse dans l'article se lit plus aisément en tête de cette page :

http://puissantsetmiserables.fr/2015/11/20/compilation-guignols-de-linfo/

sous le titre "la théorie du complot".
Les Guignols période Bruno Gaccio étaient une réincarnation scientifiquement prouvée de l'esprit Charlie Hebdo, qui souffle où il peut.

lundi 1 février 2016

le mal par le mal (5) : 10 000



lu aujourd'hui dans l'Immonde.
Ca me troue le cul.
Peut-être moins qu'à eux, mais quand même.
Les mecs du crime organisé, on a envie de les attraper, et de les faire jouer dans Utopia.
Pour de vrai.



Si on mesure le degré de civilisation à la qualité des rapports humains entre ses membres, voici un habile résumé.
Quand je pense à ces millions de migrants qui veulent se réfugier chez nous, ça me retroue.
Heureusement que Arte Creative me réconcilie avec la téloche.

vendredi 29 janvier 2016

Le mal par le mal (4)

Je lis Mohicans, le livre que Denis Robert s'est senti obligé d'écrire sur La Véridique Histoire de Charlie Hebdo.
C'est édifiant de voir comment Choron et Cavanna, fondateurs du journal, se sont fait empapaouter par Philippe Val et Richard Malka, qui y sont dépeints comme deux fripouilles opportunistes ayant spolié, dépossédé, menti, trahi et abusé les fondateurs historiques de Charlie pour faire du cash et accroitre leurs réseaux d’influence.
Dark Vador, à côté, c’est Oui-Oui.
Quand j'étais petit, Philippe Val m'apparaissait comme une sorte de Chevalier Blanc du gauchisme.
En lisant ce livre, je conviens qu'il est vraiment passé du côté obscur de la Farce.
Et les Choron, Cavanna etc, c'est quand même curieux qu'avec tant de mauvais esprit, ils n'aient pas eu l'Intelligence du Mal.








Etonnant, non ?



Philippe Val à son départ de Charlie

mercredi 27 janvier 2016

le mal par le mal (3)

Pour écourter la nécessaire période de deuil de ma poule, j'écoute pas mal les quatre barbus en ce moment.



Surtout la tyrolienne haineuse :

(...) Mais là où la chose se complique
Et d'vient tragique
C'est qu'la haine devient pour chacun
Une espèce de besoin
Que d'authentiques sagouins
Entretiennent de près comme de loin
(…)
C'est un cercle vicieux
Car quand un haineux
Hait un autre haineux
Celui qui hait est aussi
Par l'autre haï
De même que celui
Qui est haï haïssant
Celui dont il est haï
Chaque haï donc est
Un haï qui hait
Ce qui fait qu'en fin d'compte
On peut voir comm' ça
L'haï ici et l'haï là.
(...)
Et voilà c'est comme ça
Oh bien sûr y a pas
Non y a pas d'quoi
En signe de joie
Se passer les paupières à la crème de chester
Avec une tringle à rideau d'fer

Y n'reste plus qu'une seule chose à faire
C'est d'rassembler par toute la terre
Tous les hommes généreux
Qui d'un coeur valeureux
Haïssent la haine et les haineux

Et je lis la presse.
Qui parle de la reformation des quatre barbus.
Pendant ce temps-là, je ne pense pas à ma poule.
Egorgée lâchement par une fouine chafouine.

http://www.les-crises.fr/le-stratege-de-la-terreur-des-dossiers-secrets-revelent-la-structure-de-letat-islamique-par-christoph-reuter/


samedi 23 janvier 2016

Le mal par le mal

Le meilleur moyen de me consoler de la perte de ma poule, c'est d'en acheter une autre, et de songer qu'elle a eu une existence plus longue et plus intense que beaucoup de ses consoeurs/confrères.



Mangeons des oeufs et des légumes.