mardi 13 mars 2012

Vive la médecine traditionnelle (chinoise)

Cher nourjal,
cette nuit j'ai dormi comme un bébé.
Comme je refuse les somnifères, et que l'usage raisonné du chanvre me paraît plus approprié pour écouter un peu de Mozart et se laisser aller à l'émotion musicale que pour s'opiomdupeupliser la gueule en priant de l'autre main pour que le sommeil me prenne en stop dans son taxi de nuit, je suis retourné voir l'acupuncteur, qui m'a dit "ah ben oui, vu comment vous êtes fatigué, c'est normal que vous soyez excité, c'est pour compenser" et pis après y m'a piqué par tout, et hier soir j'étais au lit à 22 heures et y'a eu coupure de son et d'image jusqu'à ce matin 6 heures, c'était bien agréable.
Mon père m'a envoyé des poèmes de ma mère qu'il a retrouvés dans un placard hyper-secret, ça peut être le début d'un échange fructueux.
Allez, au boulot.



Mes positions favorites du kamasoutra de la Needle et du Damage done.








dimanche 11 mars 2012

A partir d'une photo trouvée dans les égouts du Net

Quand j'écris un mail à quelqu'un, faut bien dire ce qui est sans se voiler la fesse, en ce moment c'est souvent dans l'espoir que ça lui apportera un peu de gaieté.
Ce qui chez moi relève sans doute d'une forme perverse de terrorisme intellectuel, mais c'est pas le sujet du jour.
Si les antidépresseurs qui m'ont été prescrits n'avaient pas eu cet arrière-goût prononcé d'amphétamines du fait de ma soi-disant bipolarité, on n'en serait peut-être pas là, mais j'avais déjà cette tendance par le passé, que la chimie n'a fait qu'accentuer, et de toutes façons, comme on dit dans mon quartier, c'est pas après que la poule a pondu qu'elle doit serrer les fesses.
A propos de drogues, le fraîchement regretté Moebius disait aspro pot une chose assez juste : "La dope, c'est comme visiter l'Egypte sans descendre du bus. On voit des trucs chouettes, mais pas moyen d'être autre chose qu'un spectateur. " (je résume, faudra que je relise l'article qui traine bien rangé dans l'armoire du garage)
Alors qu'avec le Seroplex 10mg®, à l'illusion de puissance des paradis artificiels se substitue la Puissance Réelle et Agissante, et en plus remboursée par la Sécu, ainsi que les consultations.

C'est pire que la dope, ratiocinais-je au moment précis où j'ai senti que la béquille, fort utile, se transformait en fusée dans le derrière. Expérience aussi plaisante qu'inédite dans un premier temps, qui a bien failli me laisser une fois de plus sur le carreau dans un second, si je n'avais négocié un arrêt du traitement.
Quelle arnaque  ! ajoutai-je in petto, songeant aux milliers de sans-abri spirituels qui trouvaient là une occasion supplémentaire de "fonctionner" de façon acceptable pour la société, tout en planant toujours un peu plus loin de leurs godasses.
Pour ma part, j'ai paraît-il renoncé à me prendre au sérieux, préférant faire rire, même un peu jaune, j'ai donc mis à profit cet intermède acidulé pour étendre mon répertoire de blagouzes ignobles, et à ma place j'aurais bien voulu vous ivoire, avec ma tronche d'éléphant scorbuté.
Attitude suspecte, certes, mais dès qu'on l'ausculte, c'est assez facile de voir la posture derrière :
"Je" suis connu et re-connu pour ne pas engendrer la mélancolie ...
"ô combien désopilant je suis" me procurant un gain de légitimité fort bienvenue etc...
Bref, encore un masque.
Me prendre au sérieux ?
Moi ?
Vous rigolez ?
Ben non, pas tellement, en fait.
Dans ce monde, seuls les besoins ne manquent pas.
Et celui de sourire ne saurait trop souffrir d'être galvaudé, ni satisfait à tout prix et par n'importe quel truchement.
L'ennui c'est que souvent, mes propos sont mal interprétés :
trop d'agitation, de provoc gratuite...
la plupart de mes courriers restent donc sans réponse.
D'aucuns prétendent même que si je me les auto-envoyais, ça leur ferait des vacances.
Mais j'emmerde d'aucuns, qui d'ailleurs est au ski.
Ca me fait penser que quand je buvais, je me disais que y'avait pas de problème, à part le fait que les gens n'arrêtaient pas de me dire des choses désagréables.
Comme je note tout pour pouvoir m'en rappeler, je note ici (et je saurai retrouver cette note, j'en prends bonne note dans mon carnet à souches) qu'il faut que je pense à regarder sur Google qu'est-ce que c'est qu'un hypo-maniaque, dont m'a taxé à 19,6% le psychiatre qui me suit depuis cette infection bénigne ET maligne au Seroplex®, parce qu'il pourrait quand même y avoir du vrai. 
Bien que je me sente plus d'affinités avec l'éléphant qu'avec l'hippo.
Sauf les hippopotables, évidemment.

Du coup et néanmoins à part ça, je constate une fois de plus qu'on trouve tout sur Internet, sauf ce qu'on cherche.
Surtout sur tumblr.

Quoique des fois ça soit pertinent quand même : quand j'ai vu cette photo, j'ai d'abord ricané.
De bon coeur. 
Ce qui donnait un mix entre ricanement et fou-rire, il y a sûrement de la bipolarité là-dessous.
Et puis j'ai eu l'idée de la légender :
"Putain on peut vraiment pas te laisser seule cinq minutes", ce qui m'a fait encore plus ricaner, songeant qu'à mon époque, on aurait pu faire des photos de moi dans un état aussi proche de l'Ohio que cette pauvre créature de Dieu abandonnée de tous, et surtout du salopiaud qui a pris la photo et qui l'a mise en ligne, pour ne rien dire de celui qui prend prétexte de ce non-évènement pour y trouver matière à un nouvel article alors que j'avais promis de tout vous dire sur ma mère.

Enfin, pauvre créature, je dis ça, mais finalement je n'en sais rien et c'est que de la projection émotionnelle : elle est peut-être pétée de tunes... mais l'image me donne à penser qu'elle a quand même des loisirs branchés frustration & désir inextinguible qui tourne un peu court.

Ce qui permet d'imaginer une autre légende à la photo (vous serez gentil de me communiquer les votres) : "Le désir du nirvana, c'est le samsara", ce qui a au moins le mérite d'élever un peu le débat.
Si j'étais elle, je serais quand même pas très content d'avoir ma photo en si fâcheuse posture sur Internet, bien que j'en aie trouvé des bien pires, et que je me mette souvent en scène dans des postures assez défavorables, ce qui est une autre histoire, putain on va pas parler que de toi quand même sur ton blog.

Il y aurait beaucoup à dire sur le travail souterrain mais à poutres apparentes, et pas que dans le slip, des forces du mal, sur Internet comme partout ailleurs, sans oublier que les vrais problèmes (définis comme n'étant pas des problèmes de riches, justement) sont aujourd'hui en Syrie, comme ils étaient hier au Liban.
Ou sur la capacité de l'être humain à se nuire (air connu) et les mises en abîme auprès desquelles les boucles d'oreille de la Vache qui rit sont plus ternes que mes bijoux de famille.

Mais ça ne serait pas raccord avec le ton général de ce post.

Heureusement que selon Saint Desproges, on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui.

Allez, je vous lèche le cornet à deux boules, l'idée c'est quand même d'écrire tout ça assez vite, vu que j'ai autre chose à faire d'au moins plus urgent dans ma vie réelle à moi que j'ai, et que c'est ça le Grand Secret de la Bonne Santé qui Va Bien.

samedi 10 mars 2012

Les meilleures blagues de mon Scumbag Brain



Pas très fin, mais pertinent.
Ah c'est sûr que c'est moins compliqué à poster que de finir le feuilleton sur ma mère...

vendredi 9 mars 2012

LES SURVIVANTS DES ANTIDEPRESSEURS ( J'aurais dû m'en douter...)


Agacé par la persistance des symptômes, bien que par ailleurs ça m'arrange un peu pour bricoler mes vidéos la nuit, je me dis que ça fait au moins deux semaines que j'aurais dû m'informer :

1. Classe pharmacothérapeutique
Seroplex contient de l'escitalopram et est utilisé pour traiter la dépression (épisodes dépressifs majeurs) et les troubles anxieux (tels que le trouble panique avec ou sans agoraphobie, le trouble anxiété sociale, le trouble anxiété généralisée et les troubles obsessionnels compulsifs).
- Symptômes observés lors de l'arrêt du traitement :
L'arrêt du traitement par ISRS/IRSNa (particulièrement lorsqu'il est brutal) conduit habituellement à la survenue de symptômes liés à cet arrêt. Les réactions les plus fréquemment rapportées sont les suivantes : sensations vertigineuses, troubles sensoriels (incluant paresthésies et sensations de choc électrique), troubles du sommeil (incluant insomnie et rêves intenses), agitation ou anxiété, nausées et/ou vomissements, tremblements, confusion, hypersudation, céphalées, diarrhée, palpitations, instabilité émotionnelle, irritabilité et troubles visuels. Généralement, ces événements sont d'intensité légère à modérée et sont spontanément résolutifs, néanmoins, ils peuvent être d'intensité sévère et/ou se prolonger chez certains patients.
Il est donc conseillé lorsqu'un traitement par escitalopram n'est plus nécessaire, de diminuer progressivement les doses (voir rubriques posologie et mode d'administration et mises en garde et précautions d'emploi).

Bon, moi j'ai pas tout ça, mais je ne suis pas habitué à dormir 4 heures par nuit, en 2 fois 2 heures.
Je compte sur le sevrage sec (moins d'un joint de beu par semaine quand j'en ai vraiment marre des insomnies) pour que ça se purge.

et sur un forum, donc un peu moins scientifique :

Tous les antidepresseurs peuvent provoquer un virage de l'humeur.
Il est assez frequent qu'a l'arret d'un antidepresseur, il y ai une phase de re-regulation de l'humeur qui a été maintenue artificiellement haute par l'AD.... d'ou cette periode tres agreable mais pas "normale" de bien etre et d'hyperactivité.
Si cela dure... ya de forte chance que tu sois bipolaire.
En tout cas, surtout parles-en a ton medecin.

Bon, on le saura que j'ai un pôle nord et un pôle sud, mais quand ils fondent en même temps, je fais quoi ?

Un autre parle de chocolat et de sport pour regénérer de la sérotonine par les voies naturelles, bref tout ce que j'ai promis à mon psy que j'allais faire, mais je suis évidemment pris dans un rush et des cycles...

Je pense que ça va aller globalement vers un mieux-être, là je viens de dormir carrément 5 heures d'affilée, mais ça fait 3 mois que je suis à la rue question sommeil.
Le reste, ça va plutôt mieux qu'avant la crise.

Et la meilleure pour la fin :

"Bien que l'aide d'un médecin soit nécessaire, il ne faut jamais faire confiance à un médecin en matière de sevrage, pas plus qu'en matière de prescription."

Comme ça on est bien avancés.
Il semble que ce message émane d'un blog nourri par des robots anciennement traducteurs chez Google Trad, mais quand même...

mardi 6 mars 2012

Si le sentiment survit à la disparition de la personne qui l'a suscité, alors c'était pas une hallu !

Et quand il n'y a plus de sentiment, et qu'on a momentanément oublié qu'on n'était pas tout seul... 
c'est pas bon.
Les nouvelles vont vite : je suis déjà étiqueté dans les statistiques, parmi les 5% de flippés de leur mère.



samedi 3 mars 2012

Journée du 20 novembre 2010

En fin de matinée, le corps de maman est ramené depuis la morgue de la clinique sur une civière métallique à roulettes. Enfin, ils ne font pas tout le trajet à pied depuis Castelnau, mais l'image que j'en garde est celle de sa dépouille mortelle (sic) emmitouflée dans un drap d'hôpital sous une pluie battante, entre le moment où les employés des pompes funèbres l'extraient du fourgon et celui où elle atteint les premières marches du perron.
Elle est hissée dans les escaliers, puis installée et déballée dans le lit conjugal.
La vache, c'est strong et strange. Mais où la mettre ?
Elle a l'air juste un peu fripée, et juste un peu morte, et les 4 survivants défaits que nous sommes essayent d'améliorer son port de tête, est-il préférable de lui caler un oreiller derrière la nuque, ou de rehausser le matelas, doté du dernier cri technologie en matière d'inclinaison télécommandée ?
Au moins, c'est du concret, et on n'est pas là à barboter dans l'improbabilité mortifère de la situation.
Avant de nous laisser à notre intimité décousue, les employés des pompes funèbres nous prodiguent des conseils pratiques pour la garder au frais le plus longtemps possible, éviter les mouvements d'air dans la chambre, et bien sûr le chauffage.
On improvise un déjeuner, on va pas se laisser abattre, c'est déjà fait.
Pendant le repas, une jeune femme se présente à la grille du parc pour vidanger ses fluides et lui injecter de l'antigel, ou tout autre artifice que ces bricoleurs de la décomposition bien tempérée ont imaginé pour retarder le besogneux labeur des bactéries et suspendre momentanément les implacables lois de la décomposition. Elle dépose de lourdes mallettes au milieu de la chambre et nous demande de la laisser seule.
Elle est jeune, jolie, et son pantalon taille très basse fait penser à un thanatopracteur échappé de la saison 3 de Six Feet Under.
Papa semble avoir répandu un parfum très doux, mais très entêtant dans la chambre. Nous faisons des aller-retours permanents et névrotiques entre les pièces de vie et la chambre à coucher parentale devenue pièce de mort. Pendant 4 jours on va vivre avec, mais c'est aussi nos premiers jours sans elle.
On évoque les grands souvenirs, parce que c'était quelqu'un de très positif, et qu'il nous faut sans tarder apprendre à parler d'elle au passé.
On s'entraîne.
Le vivant nous dicte sa loi, c'est le travail échu au collectif improvisé, implicite et palpable.
L'équipe innove en permanence, entre crises de rire et crises de larmes, sans chef mais non sans grâce ni intelligence.
Il est très rare que nous ayons été ainsi tous réunis autour d'elle ces dernières années, même aux fêtes de Noël.
On n'ose pas souhaiter bonne nuit à la morte, mais on la prend à témoin de notre amour et de nos attentions.
La première nuit, je dors avec ma soeur dans mon ancien studio, elle ne veut pas dormir seule, et on se réconforte lascivement mais sans arrière-pensée jusque très tard.


En famille, 1978