Comme le disait Dartan, "Tous, tant que nous sommes, avons en nous "quelque chose" qui veut toutes les femmes et tous les biens de ce monde : c’est la règle chez les primates, et elle repose sur des instincts qui s’éternisent chez les humains. Mais ce n’est grave et dangereux qu’autant que nous en sommes inconscients. C’est alors seulement que nous agissons en gorilles."
Bref. Quand je mate le blog de Cha, qui met en scène ses propres ecchymoses avec une cruauté narquoise qu’elle voudrait cathartique, mais peut-être que ça lui sert juste à survivre à ses pulsions destroy, je me dis que si j’ai cessé de boire, la gueule de bois ne s’est jamais dissipée, et ma "structure dépendance" a trouvé d’autres terrains de jeu. Je retourne donc fouiller il y a 20 ans, quand le monde se divisait en choses sacrées (les femmes, le rock dépressif, l’ivresse haschichine et la bande dessinée) tragiques (Philip K. Dick) dérisoires et insignifiantes (tout le reste). De ce point de vue, je vis aujourd’hui dans une insignifiance à laquelle je dois donner du sens, sans lequel aucun progrès réel ne peut se manifester, abstinence ou pas.
Il n’est pas inutile non plus de relire tout ce que les Alcooliques Anonymes ont pondu sur l’auto-apitoiement : qu’on soit ex-pochtron, chrétien ou bouddhiste, ou rien du tout avec des casseroles au cul, le remède préconisé est partout le même : accepter les choses que nous ne pouvons changer, ne pas focaliser dessus et s’attaquer à ce qui peut l’être, et qui est généralement sous notre nez.
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
dimanche 9 avril 2006
6 mois
samedi 8 avril 2006
Instants fugaces
Je fais une plaisanterie inattendue à une personne que je ne connais pas. Elle rit de bon coeur, et c’est une invitation instantanée à l’allégresse; je prends conscience que mon désespoir est un pardessus élimé que j’ai endossé en m’abreuvant de Gérard Manset et autres professionnels de la lamentation, et que j’en suis donc libre pour aujourd’hui si je le désire. Ca dure une seconde et demie, et elle est géniale.
A 20 ans le coeur se pose où l’oeil se pose. Et ça s’arrange pas forcément après. Depuis, j’ai lu des livres qui m’ont fait entrevoir l’idée d’une possibilité de maturation affective, mais je ne voulais rien lâcher question tristesse. C’était ma crispation identitaire de prédilection. Et puis la maturation affective, ce me semble aujourd’hui un énoncé paradoxal. Les croyances les plus enracinées sont les colorations émotionnelles contractées dans l’enfance, voire même avant. Les miennes furent malheureuses, mais je n’eus de cesse de les entériner et de les reconduire. Je peux trouver que ça craint ou que mon égoïsme se drape dans de piteux voilages, je peux surtout continuer d’observer les occurences et absences du phénomène, ses mécanismes d’apparition et de résorbtion. Vous allez me dire qu’à mon rythme actuel, je vais mettre 14 000 ans à sortir de l’émotionnel, surtout que j’ai appris à le bloquer pour ne plus en souffrir, et qu’il va falloir que je déterre quelques cadavres. Que quand j’aurai fini de faire le deuil de l’Irrémédiable, du Disparu et de l’Irréparable, je serai au seuil de la mort. C’est possible. J’essaye de faire du mieux que je peux, le plus souvent possible. J’en suis à m’adresser ainsi à l’Esprit de l’Univers : "Mon Dieu, préservez-moi de me prendre pour un minable." Pas de manifester des comportements lamentables ou pitoyables, non, ça c’est mon boulot, mais d’endosser la fonction, le personnage intérieur. Les manifestations sans la personne pour les incarner, ç’est déjà bien moins pénible.
A part ça, il se pourrait aussi que le dernier Ballard ne soit pas indispensable. Ca m’apprendra à piller la rubrique littéraire du Monde au lieu de faire mon Warsen. A propos, demain j’arrose mes 6 mois sans porno. Dans la plus stricte intimité, mais avec mon pantalon.
- Peut-on reculer sans perdre la face, Maître ?
- Bien sûr : regarde, disciple.
- Mais vous n’avez pas bougé, Maître.
- Recule un peu, il te semblera que si.
(Hervé Le Tellier)
Publié deux doigts dans la prise de tête | Lien permanent | Alerter
jeudi 30 mars 2006
l’homme au chapeau, le vrai
Article paru dans le Monde du 10.03.06
Une petite maison en désordre dans la banlieue londonienne… C’est de là que l’écrivain britannique, autrefois une des voix les plus puissantes de la science-fiction, s’est mis à observer la civilisation telle qu’elle est ou plutôt telle qu’elle dérive. La fin du monde commence là : Shepperton, Surrey, 10 796 habitants. Des rues blafardes, des boutiques de vidéo et des pavillons à perte de vue - un formidable remède contre l’optimisme. De Londres et de son agitation, à une petite heure de train, rien ne semble parvenir jusqu’à cette banlieue lointaine, sauf le grondement continu de l’autoroute M3, lancée comme une flèche en travers de la campagne anglaise. Un lieu sans attrait, sans relief, qui partage son ciel avec l’aéroport de Heathrow, tout proche et dont H. G. Wells avait d’ailleurs imaginé la destruction par des « tripodes » extraterrestres, armés de terribles tentacules ( La Guerre des mondes, 1898). C’est de cet endroit, pourtant, que James Graham Ballard a fait, depuis plus de quarante-cinq ans, son refuge et son observatoire, son nid d’aigle aux avant-postes du désastre. Car il guette, le grand J. G. Ballard. Vigie sans repos, il tient la modernité sous sa lunette de romancier, de nouvelliste et de critique, examinant ses vices et ses effets inattendus sur la nature humaine : les ravages du consumérisme, de l’uniformisation, de l’ennui et de la violence, le tout potentialisé à l’infini par le progrès technologique. « Eh bien ! vous y êtes arrivée, finalement ! » Quand il ouvre la porte déglinguée de son pavillon, Ballard sait parfaitement que l’endroit suscite la curiosité, comme une sorte d’exotisme à l’envers. Pull-over bleu marine et mèche blanche en bataille, il en rit à l’avance, comme d’une bonne farce faite à ses visiteurs. Même si vivre à Shepperton ne relève évidemment pas de la plaisanterie - pas du tout, en fait. « C’est un acte politique explique vivement cet homme de 76 ans. Une façon de montrer ma solidarité émotionnelle avec les gens d’ici, ceux de la petite-bourgeoisie. » L’oeil rit. « Est-ce que je pense réellement ça ? » Avec lui, comme avec ses livres, on ne sait jamais tout à fait que croire non plus. Redoute-t-il les événements qu’il imagine, ou s’en réjouit-il secrètement ? Une chose est sûre : Ballard le bourgeois (son père était un industriel aisé) s’est appliqué à mettre sa vie quotidienne en conformité avec la critique aiguë de la société de consommation que reflètent ses livres. Tout son environnement parle de cette cohérence - la voiture cabossée, le jardin négligé, la maison lilliputienne où s’entassent des cassettes vidéo, des chemises suspendues à des cintres, un téléphone débranché, tout un bric-à-brac et même une énorme liane jaunâtre qui rampe d’un côté à l’autre de la table, dans la pièce de séjour. N’importe. Ballard, cordial, propose un verre de chablis et s’installe devant la cheminée froide, au-dessous d’un curieux tableau, reproduction d’un Delvaux détruit pendant la deuxième guerre mondiale. Au départ, il avait choisi la science-fiction pour exprimer ses inquiétudes et lâcher la bride à son imagination magnifique. Il travaillait alors pour une revue scientifique, après avoir traîné son ennui dans diverses antichambres, médecine ou armée, jusqu’à ce que son père finisse par le rappeler à l’ordre. De nouvelles (très nombreuses et excellentes, comme en témoigne par exemple « L’Homme enluminé », dans un recueil intitulé Histoires de catastrophes, Livre de Poche no 3818) en romans (notamment La Forêt de cristal, Denoël, 1967), il s’était imposé comme l’une des voix les plus puissantes de la science-fiction britannique, servi tout autant par la qualité de ses récits que par l’élégance de sa langue. Dans un domaine où le style est souvent le parent pauvre du rêve, cette particularité le singularisait d’emblée. Mais pourquoi se projeter dans des mondes complètement inventés, quand le bizarre, le tordu et même le fantastique sont là, sous vos yeux, à vous faire des signes ? Progressivement, J. G. Ballard est donc passé aux délices autrement effrayants de l’anticipation sociale et à l’étude de ce qu’il appelle la « psychopathologie » collective. Finies les histoires de comètes et de galaxies éloignées. Au lieu de regarder le cosmos depuis la Terre, Ballard a regardé la Terre depuis Shepperton. Et les humains en société, dont les dérives sont devenues sa spécialité : pas les êtres gentillets ou idéalisés tels qu’on les aime dans les romans héroïques, mais les gens de tous les jours, emportés par une civilisation qu’ils ne maîtrisent plus. Poussant des logiques jusqu’au bout, comme un scientifique dans son laboratoire, Ballard se demande ce que pourraient devenir nos lubies d’Occidentaux blasés. Comment pourrait (mal) tourner, entre autres, la civilisation des loisirs, la ségrégation sociale ou le vertige engendrés par l’absence d’idéaux et le dégoût de soi. Bien qu’il se défende d’être pessimiste, l’auteur très admiré de Crash ! (une fable hallucinante sur le sexe et la violence automobile, portée à l’écran par David Cronenberg et aujourd’hui rééditée par Denoël) ou, plus récemment, de Millennium People (La Révolution des classes moyennes, Denoël, 2005), a souvent peint cet avenir aux couleurs de l’Apocalypse. Une inclination que l’entrée dans le troisième millénaire n’a pas adoucie. « Le XXIe siècle est une époque dangereuse, où s’affrontent la raison et l’irrationnel. Je dis juste : attention, mauvais temps en perspective, fermez vos volets ! », explique-t-il. Quant à lui, c’est à Shepperton qu’il attend l’orage, dans cet ultime satellite de la capitale géante, où naissent les symptômes de ce qu’il appelle la « banlieuisation » de l’âme. « La plupart des évolutions et des habitudes sociales de l’après-guerre, la télévision, la vidéo, la pop culture, sont parties des banlieues, explique-t-il. La ville est devenue un mode d’habitat complètement démodé, et les gens qui y vivent ne réalisent pas à quel point le pays autour d’eux a changé. La classe moyenne supérieure, celle qui vit à Knightsbridge ou Hampstead, les quartiers chics de Londres, pense que la banlieue est comme la ville, en juste un peu moins chic. Pas du tout : c’est complètement différent. Ici, il n’y a pas de musées, pas de galeries d’art et notre cathédrale à nous, c’est l’aéroport d’Heathrow. » Ces fameuses « middle-classes », avocats, médecins, gens de télévision, riches commerçants, sont une cible privilégiée de l’imagination de Ballard. Ce sont eux qui assurent le fonctionnement de cette société sur laquelle il jette un regard à la fois sardonique, réprobateur, magnifiquement inventif et pourtant glaçant de réalisme. Et eux aussi qui perdent les pédales, délirants de violence et de transgressions, dans des romans aussi saisissants que I.G.H. (pour Immeuble de grande hauteur, réédité par Denoël), ou Super-Cannes. Est-il de gauche, comme il l’a dit parfois ? Ou surtout « libertaire », comme il l’affirme aujourd’hui ? « Je ne veux pas accepter ce monde. C’est juste un e convention, non ? On nous a appris à y croire, on nous a entraînés comme des chiens, pour nous faire marcher sur nos pattes arrière et nous faire venir quand on nous dit «Au pied !» » Ecrire est une manière d’échapper à cette « bourgeoisification » - il dit le mot dans un français volontairement emphatique, avant d’éclater de rire. Et de se soustraire à la « banlieuisation » qui crée cet ordre abhorré - « La paix des morts », comme il l’appelle. Depuis toujours, Ballard voit les choses de l’extérieur, de la périphérie. Depuis le jour, plus exactement, où il a été enfermé dans un camp de prisonniers par les Japonais, en Chine, où il vivait avec ses parents. C’était l’été 1942, il avait 12 ans. Rentré en Angleterre quatre ans plus tard, il n’a jamais tout à fait cessé de regarder ses compatriotes avec l’oeil de l’immigré. « Tout ici est crypté, comme un message secret, parce que le système de classes sociales est d’une puissance inouïe. On ne se rend pas compte à quel point ce pays est étrange. Moi, je m’y suis toujours senti un étranger et j’en suis fier. Les Anglais possèdent beaucoup de qualités, mais ils n’ont jamais été autorisés à se connaître eux-mêmes. Ils sont comme des animaux costumés dans un zoo, à qui l’on ne permet pas d’ôter leurs déguisements. Peut-être parce qu’ils se savent plus violents que les autres… Après tout, la Renaissance n’est pas arrivée jusqu’ici. » Dans cette cage remplie de prisonniers bien élevés, il tonne et cogne contre les barreaux pour se faire entendre. Quitte à créer le scandale, comme il le fit avec Crash ! - le film suscita un tollé en Angleterre et aux Etats-Unis. Mais c’est plus fort que lui : « Je provoque les gens pour les révulser, les forcer à m’écouter. Sinon, personne ne veut savoir, personne ne veut entendre, tout le monde veut une existence tranquille et des vacances aux Bahamas. » Montrer à quel point les modes de vie imposés tout en douceur par la tyrannie tranquille de l’économie globale transforment les moeurs, le caractère - et pas en bien. Faire oeuvre de moraliste, en somme, ce que Ballard ne renie pas (on dirait même que l’idée l’amuse) en rendant les dangers visibles, par une fiction à la fois surprenante, cruelle et affreusement réaliste - ou affreusement possible, c’est selon.
Raphaëlle Rérolle
L’article est sympa, et ne donne aucune idée de la violence et de la crudité glaciales à l’oeuvre dans les livres de Ballard, devenu entomologiste de l’humain alors que ses romans des années 60 pouvaient passer pour des méditations écologistes sur des mondes promis aux désastres par l’incurie des hommes. Si plus rien ne vous effraie, et que vous avez envie de savoir comment on va finir, vous pouvez essayer la sauce Ballard. Comme le dit Wikipedia :"L’oeuvre de Ballard est étrange et sophistiquée et a été très influente malgré son faible succès commercial. Il explore la face sombre des citadins des grandes mégalopoles, excellant dans la peinture de personnages en apparence normaux, cadres supérieurs, gens policés, qui s’avèrent obsédés par la violence et les perversions sexuelles. Super Cannes se déroule dans un cadre a priori idyllique sur la Côte d’Azur; mais les brillants cadres de multinationales s’y révèlent des sadiques qui organisent des descentes racistes." L’actualité de Ballard, c’est Millénaire mode d’emploi, choix d’articles et de brefs essais écrits par J.G. Ballard dans de nombreux journaux britanniques et revues spécialisées depuis une bonne trentaine d’années. Les admirateurs français de l’un des plus grands visionnaires de la littérature du XXe siècle se précipiteront donc sur ce riche volume qui nous présente de manière inattendue l’auteur de La Foire aux atrocités (texte également édité chez Tristram), évidemment plus connu de ce côté-ci de la Manche pour ses romans et nouvelles que pour ses interventions journalistiques over the Channel. Au rendez-vous, un large choix d’articles sur tous les sujets favoris de Ballard, qui englobent le XXe siècle (et dépassent le cadre de celui-ci), temps macabre dont il a si bien radiographié la barbarie high-tech avec son écriture un peu lente, poisseuse, très descriptive : du cinéma à la littérature classique, des grandes questions scientifiques à la science-fiction, des icônes comme Reagan ou Elvis aux mass médias, des évocations autobiographiques à l’analyse des nouvelles pollutions contemporaines, tout le Ballard écrivain est là, explicité dans des textes souvent courts, à chaque fois incisifs et piquants. Evidemment, il faut être en bonne forme spirituelle pour le cotoyer, sinon c’est pas certain que ça requinque.
After one look at this planet, any visitor from outer space would say "I want to see the manager" -William Burroughs-
Publié dans tombés du camion | Lien permanent | Alerter
Commentaires
Casser des Cailloux à Cayenne
Sur son blog, bruno 59 observe que "La réponse à la dépendance suppose d’accepter sa fragilité, pour prendre le chemin inverse de l’aspiration illusoire à la toute puissance que les différents produits auxquels nous avons succombé cherchent à alimenter ", aspiration illusoire qui manifeste un certain sens du réel puisqu’elle choisit de se traduire sous la forme de l’autodestruction plutôt que de s’essayer à la candidature à la présidence de la république : c’est alors dans la consomption que j’éprouve ma force, et paradoxalement dans le fait de survivre aux traitements épouvantables que je me fais subir. Reconnaitre sincèrement la nature erronée de ces comportements aussi répétitifs qu’inefficaces dans la résolution des conflits qu’ils ne peuvent qu’aviver, parfois alors même qu’on s’apprète à s’y réadonner de dépit et de frustration devant les difficultés d’apprendre à poser d’autres actes, peut être salutaire. C’est là qu’intervient la Puissance Supérieure (Telle Que Je la Conçois), trouvaille géniale des Alcooliques Anonymes, Qui ne nous engueulera jamais de prendre nos vessies pour des lanternes, divinité nécessairement bienveillante, elle nous suggère de prendre conscience qu’il y a d’autres voies que la Brûlure, que même fermement ancrés dans notre conviction orgueilleuse et identitaire de notre Manque de Valeur, nous pouvons nous ouvrir à d’autres expériences. Il s’agit de renoncer à poser des actes qui auraient pour conséquence de me sentir à nouveau Minable après un shoot émotionnel dont la violence est le caractère premier puisque quel qu’en soit le contenu intrinsèque, il ne fait que réactiver un ancien circuit de satisfaction plus ou moins désaffecté avec d’explosifs effets sur la mémoire cellulaire, vibratoire, énergétique, organique, ce que vous voulez. Par exemple, tous les 15 jours je cède à la panique devant la Nouveauté et je refume compulsivement un ou deux paquets de cigarettes. L’épouvante est circonscrite : elle s’abat en volutes asphyxiants sur la conscience, provoque ses dégâts collatéraux sur l’humeur et repart dans son trou. Et je passe encore trop de temps devant mon ordinateur pour avoir une Balance Commerciale des Actes qui soit Excédentaire. D’où l’impression de nager dans de la glu. Même la rédaction de ce blog est anxiogène. Or, si je l’écoute, la peur a quelque chose a me dire, de terriblement simple : je me suis gourré quelque part, mais je peux refaire mes choix. Si je "saisis" selon le terme bouddhiste/m’identifie à la personne que dessinent mes actes passés - un pauvre garçon assoiffé de pouvoir et de lâcheté devant le réel - ou présents - les balbutiements d’une conscience qui éprouve encore des réticences à lâcher le bord de la piscine - je suis foutu. Au fait, qu’est-ce que c’est, le chemin inverse de l’aspiration illusoire à la toute puissance ? l’aspiration réaliste à m’exposer aux conséquences de l’exercice de mes choix (je remets à plus tard l’inventaire délicat de l’étendue de cette liberté) C’est pourquoi je demande souvent à ma Puissance Supérieure : "Préservez-moi de me prendre pour un minable" : le grand silence froissé qui règne déjà entre moi et mes pulsions au goût sauvage, entre ma femme et moi, entre mon fils et moi, entre mon père et moi, aura bien du mal à se défroisser (sans parler du risque non nul que chacun des protagonistes ne décède prématurément d’autre chose de moins insidieux) sans mon précieux concours. Si la mauvaise conscience est la voix de Dieu, j’ai pas besoin de sonotone en ce moment, il faut juste que j’arrive à trouver le bouton de volume. D’après mes calculs, il jouxte pour aujourd’hui le bouton on/off de mon Mac. Et si ce blog redevient plaignos, je pourrai toujours l’abandonner vaguement confus sur une aire de repos des autoroutes de l’information.
Publié deux doigts dans la prise de tête | Lien permanent | Alerter
Commentaires
-
Fo pas qu’il reste hyper secret ton blog parce qu’il est hyper bien !
Rédigé par: Arnaud | le 30 mars 2006 à 17:30| Alerter -
Argh! Je comprends plus rien. Tu serais pas en train de lire Proust ou son grand-papa-ès-lettres, le duc de Saint-Simon, toi ?
Rédigé par: Dado | le 04 avril 2006 à 04:54| Alerter ben non, je n’ai rien lu de tout ça, d’ailleurs ça fait quelques années qu’à part des fadaises spiritualistes et le blog de Flo, je n’arrive plus à lire grand chose… par contre je te vois bien feuilleter les auteurs que tu cites. J’ai beauoup lu la contre culture sans être passé par la Culture. Bah, n’oublie pas la raison d’être de ce blog, sorte de capharnaüm virtuel sur le chemin du rétablissement de la dépendance sexuelle et informatique; tu me fais craindre qu’il y ait eu quelque chose à comprendre dans cette note à usage interne, mais ça me passera.
Rédigé par: john | le 04 avril 2006 à 22:48| Alerter>> tu me fais craindre qu’il y ait eu quelque chose à comprendre dans cette note à usage interne.
Ouf! Ca me rassure.
>> par contre je te vois bien feuilleter les auteurs que tu cites.
J’ai lu Proust il y a une vingtaine d’années. C’est d’une finesse de sensibilité et d’expression extraordinaire (tout le contraire du fameux texte sur la balade en forêt). Ca vaut vraiment le déplacement.
Je viens de lire Saint-Simon, mais c’est dans une édition affreusement tronquée malgré qu’il y ait marqué dans la préface “Peu d’auteurs ont plus à pâtir que Saint-Simon d’une lecture par fragments”. En bref, un véritable sabotage.
Je préfère largement Proust, il est très profond et contemplatif alors que Saint-Simon m’a paru superficiel et langue de vipère. Apparemment, le ton du film “Ridicule” est très inspiré de ses mémoires. C’est une expression qu’il utilise plusieurs fois: “distribuer les ridicules”.
Proust adorait Saint-Simon, je crois qu’il le cite plusieurs fois. Son style biscornu me semble très inspiré de celui de cet auteur.
Rédigé par: Dado | le 05 avril 2006 à 01:45| Alerter
lundi 27 mars 2006
Le bouddhisme pour les nuls
Reconnais tes erreurs cachées.
Approche-toi de ce que tu trouves repoussant.
Aide ceux que tu crois ne pas pouvoir aider.
Tout ce à quoi tu es attaché, abandonne-le.
Va dans les lieux qui t’effraient.
(quelques conseils donnés à une yogini tibétaine par son maître, rapportés par Pema Chödrön.)
Bigre ! Voici quelques vers propres à susciter exaltation et héroïsme chez le dépendant en quête de nouvelles valeurs qui lui permettraient de s’affranchir de ses chaînes anciennes. Or, Exaltation et Héroïsme sont franchement à laisser à la grille du parc. Les proscrire ne servirait à rien auprès d’une population hypersensibilisée aux charmes douteux de la transgression. Mais faut bien voir que l’une mène à la dépression et l’autre au ridicule. Il s’agit de recommencer à vivre à hauteur d’homme, c’est tout. Néanmoins, il serait tout aussi inutile de nier leur présence en tant que concepts : l’exaltation est conséquente à la prise de conscience de la chaine causale ayant entrainé la dépendance (les causes et les effets sont un) et du fait qu’on ne peut y échapper qu’en l’acceptant. Et l’héroïsme est la mauvaise fée qui vient se disputer avec qui veut en découdre avec elle à l’étroit portillon du mental la prétendance au trône du Pathétisme, et si les projections émotionnelles à connotation positive dans lesquelles on peut engluer les conseils des maîtres s’élèvent comme jonquilles printanières, elles n’ont rien à envier aux angoisses de faire de grossières erreurs de compréhension, qui viendraient alors ternir ces propos de bon sens de la boue dépressive et cloacale à laquelle on s’est prématurément habitué jusqu’à la trouver rassurante. Exaltation et Héroïsme révèlent alors leur vraie nature : Epouvante et Horreur. Alors la peur s’élève à son tour, maîtresse famillière et exigeante, la peur et son baiser de cendrier froid, semblant faire déguerpir tout espoir d’approcher un jour la vérité, qui exige qu’on renonce à nos idées les plus chères, celles que nous nous faisons sur nous. Et puis on se rappelle qu’on a lu Pema Chödrön et qu’on n’est pas là pour faire le malin ou pour convaincre les autres de sa propre fatuité, mais pour apprendre de nouvelles figures. Dans les premiers temps, n’importe quel ouvrage de spiritualité - qu’on nommera "développement personnel" pour éviter l’arrivée des E&H Sisters, sera le bienvenu s’il suggère une pratique à laquelle on puisse se consacrer une demi-heure par jour, qu’il s’agisse de méditation - qu’on nommera relaxation pour éviter de s’y croire alors que ça fait 25 ans qu’on lit des bouquins de "développement personnel" et que c’est peut être bien ça qui coince, de prière - on évitera d’apprendre des mantra par correspondance, et on laissera venir à soi les bienfaits de la pratique, quelle qu’elle soit. On regarde passer ces idées d’exaltation et d’héroïsme qui nous obstruent le chemin depuis si longtemps, on se retient de ricaner douloureusement et on respire fort. Dans le temps, je trouvais déprimante et flippante l’idée de "confier ma volonté et ma vie aux soins de Dieu tel que je le conçois" tel qu’il nous est suggéré à la 3ème étape du programme de rétablissement des AA. J’avais peur qu’apprendre à appuyer sur la pédale de la spiritualité de mon cerveau m’obscurcisse l’esprit, et puis j’avais peur de réussir, et puis peur d’échouer aussi. Aujourd’hui j’essaye de le faire de bon coeur et le plus souvent possible : d’abord parce que je sais qu’il est absolument impossible que j’y arrive donc je n’ai plus besoin d’avoir peur d’essayer, et puis si je ne mets pas un peu de bonne volonté dans cette affaire, j’aurai une abstinence aussi malheureuse que quand je me shootais. Dans ma famille où l’on a misé sur les vertus de la rationalité pour garder les moutons de la copropriété, va grandissant un grand silence froissé entre chacun de ses membres. Je peux bien prendre refuge où je veux, si je prends le soin de mettre mes actes en accord avec mes paroles. D’ailleurs, j’avais plein de trucs perso à raconter sur mon blog cette semaine mais Warsen a encore pris tout le lit. Ca sera pour la semaine prochaine : les bienfaits d’une bloggalisation modérée ne se sont pas fait prier pour honorer leur rendez-vous.
Publié le bouddhisme pour les nuls | Lien permanent | Alerter
lundi 20 mars 2006
La bienveillance des enculés
Fidèle à la tradition maintenant solidement établie de faire un titre ronflant puis de m’endormir pendant la rédaction de l’article, je dirai aujourd’hui que je continue de m’éveiller du long sommeil gluant de la pornographie, et que même si je refuse de l’admettre (c’est pas un blog de chochottes ici…) c’est finalement assez émouvant. D’ailleurs, je ne dormais pas tout à fait; j’étais hypnotisé, épouvanté, subjugué et ravi, mais pas endormi. Néanmoins, c’est comme si j’avais passé quelques années au congélo sur la Planète Narcisse, peuplée de femmes lubriques aux désirs insatiables qui se pâmaient d’aise à la vue de mon engin, tandis que la mienne croupissait dans les limbes de mon indifférence et de mon irritabilité conséquente à mon incapacité à traverser l’écran et à disparaitre dans le coma dépassé du "stoned dead forever" promis et chanté par tous les fourgueurs de psychotropes.
Et maintenant il me faut reprendre ma vie là où je l’ai laissée, et d’abord la sortir des ronces et des orties. Je ne compte pas passer le réveillon là-dessus, l’addiction est une pantalonnade, mais on ne s’en rend compte que quand on est sevré, et la mission première de ce blog est de témoigner de la possibilité de s’en sortir, la seconde étant de permettre à l’auteur de faire un peu baisser la pression dans la chaudière sans y rajouter du charbon. Et puis, j’ai été esclave du porno, mais aussi des forums de cyber-addiction, du téléchargement, de la clope et de la bibine… je suis prédisposé à tendre l’oreille quand Flopinette dit que "le sentiment de toute-puissance est en réalité celui que l’on éprouve lorsque le corps énergétique est unifié, c’est-à-dire lorsqu’il devient omniprésent – on peut avoir un vague aperçu de ce que ça donne en rêve -. Autrement dit, le désir de puissance que nous exerçons sur nous ou les autres n’est que la dégradation de cet état originel non-séparé (d’avec nous-mêmes) que nous cherchons à retrouver. Mais il y a mieux. La béatitude que nous éprouvons dans ces états d’omniprésence n’est elle-même que le reflet de la béatitude qui est la 3è qualité de rigpa. Autrement dit, le désir de puissance n’est que la dégradation de la dégradation de la nature originelle. Qui s’étonnerait alors qu’il soit si bien accroché ?
Il en va de même pour le désir. Les cyberdépendants combattent leur désir. Pas de chance, le désir de la pétasse sur un écran n’est que la dégradation de quelque chose de plus haut, car la jouissance sexuelle n’est, de nouveau, qu’une version dégradée de la béatitude produite par l’union de la clarté et de la vacuité. Autrement dit, rejeter le désir, c’est jeter l’échelle qui nous permet de remonter à notre vraie nature. Et ça ne peut pas marcher.
Voilà pourquoi tout le monde tourne en rond. On rejette ce qui nous paraît mauvais. Alors que si nous comprenions que ce qui nous paraît mauvais n’est qu’une version déformée – mais pas tant qu’on le croit – de notre nature, ou de Dieu, tout irait bien mieux."
Je pense à un vieux membre des AA qui nous racontait en janvier qu’il avait été entre autres dealer, maquereau et faux-monnayeur, et qui nous parlait nonobstant de bienveillance, cette bienveillance envers tous les êtres et envers chacune de nos pensées… ses propos n’avaient rien d’angélique, il ne passait sous silence ni le panier de crabes ni les travers de porc, mais ce dark vador décati parlait assurément de la bienveillance du bouddhisme. Y’a vraiment que le bouddhisme pour me réconcilier avec mes déficiences les plus spectaculaires. C’est pourquoi les déshérités s’y pressent en masse.
Bienveillance ne signifie pas complicité.
Je développerai plus tard et sans piocher dans un bouquin.
Publié le bouddhisme pour les nuls | Lien permanent | Alerter
vendredi 10 mars 2006
Testis unus, testis nullus…
C’est un proverbe latin qui signifie "si tu n’as qu’un seul témoin, ton cas sera difficile à défendre devant une cour " et que desproges traduisait plus lestement par "on va pas très loin avec une seule couille".
Voire : cette nuit j’ai révé qu’en faisant le ménage dans la maison, je perdais mes génitoires, elles se décrochaient tout bètement et chutaient par terre, bien à l’abri dans leur petit sac étanche, et comme j’étais en action, j’avais déjà la balayette et la petite pelle à la main, je les ramassais discrètement et les faisais glisser dans la poubelle. Il y avait du monde autour, s’agissait pas de se faire remarquer par des gestes déplacés ou des actes malséants. Aucun regret à m’en séparer : elles se détachaient, donc j’étais placé devant le fait accompli, et il était inutile de paniquer; pas l’ombre d’un voile émotionnel, juste la réaction adaptée à une situation donnée. Quelle que soit la manière dont je puisse interpréter ce rêve, la conclusion symbolique m’en réjouirait moins que de repenser à la réaction "pratique" de ma conscience onirique empressée à continuer son ménage sans s’attacher à de petits détails aussi anodins. Ca vaut bien une rupture de mutisme.
Publié dans rêves et veillées | Lien permanent | Alerter
Commentaires
-
Ca semble plutôt bon signe pour un blog sur la dépendance sexuelle.
Rédigé par: Dado | le 11 mars 2006 à 12:00| Alerter -
c’est ce que je me suis dit aussi, mais je me méfie des hypothèses optimistes ;-( et d’ailleurs, si j’étais dans le lâcher prise, ça se saurait.
Rédigé par: john | le 11 mars 2006 à 16:30| Alerter
sinon, t’as un alibi pour zôner sur un blog en grève ? -
Moi je suis là parce que j’avais oublié que t’étais en grève. C’est dire comme tu as été convaincant.
Rédigé par: flopinette | le 11 mars 2006 à 17:35| Alerter si j’étais pas addict, j’aurais peur de sombrer dans la banane alitée. Mais c’est vrai que je pourrais parfois changer de disque. Ma chérie me susurre que ma perte de boules en faisant le ménage, c’est mon grand flip de macho : comme je passe plus de temps à la maison qu’elle, j’ai peur de m’avilir et de m’humilier aux tâches ménagères, de trop me féminiser. D’où je reviens, j’ai quand même de la marge. J’ai renoncé à la psychologie des rèves à trois balles, mais là, la perche était trop tentante pour elle.
Rédigé par: john | le 11 mars 2006 à 23:06| AlerterAu fait t’en es où de ta pratique ? ça avance ?
Rédigé par: flopinette | le 13 mars 2006 à 18:44| Alerterj’ai mes pratiques négatives : ne pas fumer, ne pas fréquenter d’endroits mal famés sur internet, ne pas céder aux sirènes mécaniques de l’apitoiement et de la satisfaction - et mes pratiques positives : accepter ce qui m’est proposé aujourd’hui, prier ma puissance supérieure pour être délivré de mes déficiences, vipassaner le plus simplement possible pour rester dans mon corps, et courir au moins trois fois la semaine. Etre présent. Prendre refuge dans le programme des AA, qui contient beaucoup de suggestions pratiques pour les plaignos opacifiés, faut pas s’y fier. Demander à Dieu de prendre en charge ce que je ne sais pas gérer pour aujourd’hui. Et surtout poser des actes, pour pas me retrouver les mains vides le soir ! C’est marrant, parce que rien que la vigilance requise et mise en action par le vipassana dans sa version warsen élimine l’agressivité et le ressentiment, non grâce à ses agents blanchissants, mais parce que quand je suis là, les émotions perturbatrices ne peuvent y être. Et viens pas me chipoter sur la nature phénoménologique de ce “je” que je ne sors ni de mon chapeau ni de ma culotte. J’ignore sa nature, mais y’a que quand j’essaye de faire les choses correctement qu’il se manifeste. Depuis que je sais que c’est la peur qui me retient, j’ai moins peur.
Rédigé par: john | le 14 mars 2006 à 12:07| Alerter
Ne plus me payer de mots. Le mensonge se rembourse cash.
Il va falloir que je quitte mon ordi, aussi, sinon je vais rechuter dans les projections à trois balles. Je sais pas comment je vais gérer ça, pour l’instant j’appelle ce futur sevrage de mes voeux.
My Gode, pour qui vais-je passer.
J’oubliais aussi la lecture de ton blob, toujours aussi salubre quelle que soit la météo.-
Tiens, je m’autorise à commenter ton post car je trouve cela étrange que tu dises que ta femme interprète ton rêve bêtement, pourquoi ne serait-ce pas une possibilité . une éducation que tu as reçu plus jeune qui est restée dans un coin de ta tête et qui se manifeste à tavers ce qu’il peut et ne maitrise pas bien encore, le rêve..
Rédigé par: lizard | le 14 mars 2006 à 22:20| Alerter
Tu es surement mieux placé que moi pour répondre à la question. Je trouve tout de même que tu as une apparence Virtuelle très male, ton ton plutôt sarcastique, un langage brut, tes jeux de mots . Après je ne peux pas dire quelle part tu attaches à cette particularité chromosomique. ma femme interprète mes rêves comme elle peut, et comme elle veut : en l’occurence, celui-ci était irrésistiblement freudien et elle ne pouvait pas ne pas l’interpréter comme elle l’a fait. J’ai juste dit que je renoncais à me satisfaire de ces explications “qui tombent sous le sens”, ce qui ne veut pas dire qu’elle soient fausses ! Bien sûr que j’ai un arrière plan macho, qui ne cadre pas avec d’autres aspects de mon bagage. Je ne maîtriserai jamais le rève, mais en observant l’émotionnel sans me laisser embarquer j’avancerai vers plus de conscience onirique.
Rédigé par: john | le 15 mars 2006 à 18:19| Alerter
Je connais pas du tout. Si je devais en lire qu’une, quelle oeuvre tu me conseillerais ?
Rédigé par: Dado | le 04 avril 2006 à 04:50| AlerterTu m’as donné aussi envie de le lire ce curieux bonhomme au chapeau mais, comme Dado, je ne sais par lequel commencer ? Merci de ton conseil…. et puis, même si ma bonne forme spirituelle reste à vérifier … je prends le risque, car j’apprends à ne plus avoir peur.
Rédigé par: Fab | le 04 avril 2006 à 22:18| Alerterquand j’ai recopié cette chronique du Monde, j’ai oublié la notule qui justifiait l’actualité de l’article : “Vers l’âge de 50 ans, J. G. Ballard a commencé à se demander si sa vie tout entière « n’avait pas été un accident qui aurait pu être évité ». Quel rapport avec l’homme plus âgé, celui qui confesse un désir très affirmé de convaincre ses semblables, de les « forcer à écouter » - autrement dit à l’écouter ? Rien n’est simple. Mis bout à bout, ces deux penchants (l’un pour la dérision, le relativisme et l’autre pour la conviction) forment cependant une personnalité complexe, extrêmement séduisante et d’une drôlerie formidable, dont quelques pans sont rendus visibles par Millénaire mode d’emploi. Recueil d’articles, de chroniques et de critiques parues dans différents journaux, entre les années 1960 et 1990, le livre offre un panorama de réflexions sur le cinéma ( Casablanca ou Blue Velvet, Alien ou Barbarella), les écrivains (Proust, Joyce, Fitzgerald, Sade ou Willian Burroughs), la science fiction, les sciences tout court, des souvenirs d’enfance ou des portraits au vitriol (Nancy Reagan, par exemple). « La seule vraie planète étrangère est la Terre », voilà ce qu’affirme l’écrivain dans un article de 1962 consacré à la science-fiction et intitulé « Où trouver l’espace intérieur ? » Sur cette étrange étoile, le non moins étrange Ballard porte un regard magistralement moqueur, lucide et synthétique en direction de ses semblables, pour la plupart englués dans une société folle à lier. On ne sait quels passages citer, tant le livre regorge de phrases belles, saisissantes ou hilarantes ou tout cela à la fois. Plutôt qu’une sorte de prophète (ce que voient en lui certains de ses admirateurs), Ballard est certainement l’un des observateurs les plus incroyablement perspicaces de notre modernité.”
me sont revenus les souvenirs de ses livres anciens, lus il y a longtemps : Sécheresse, Vermillion Sands, l’ile de béton… qui annoncent nos futurs désastres collectifs depuis le milieu des années 60. En littérature classique, Empire du Soleil et Super-Ca nnes sont assez éprouvants mais peu illusionés. Je crois que je vais craquer pour son recueil d’articles, car je dois l’avouer, je n’ai rien lu de lui depuis longtemps et je suis très curieux de son analyse d’une noirceur exempte me semble-t-il de misanthropie. Je crois qu’on va découvrir la modernité de son oeuvre sous peu, et que ça ne sera pas de la littérature. Fabienne, s’il te plait, ne lis pas Ballard, lis le blog de Dado :http://impossibilia.blogspot.com/ et du bouddhisme soft comme Pemä Chodron !
Rédigé par: john | le 04 avril 2006 à 23:01| Alerter>>> Fabienne, s’il te plait, ne lis pas Ballard, lis le blog de Dado.
Mwahaha ! Ca c’est du conseil ! Je vais le suivre aussi et relire mon blog, comme ça j’économiserai quelques petits sous. ))
Rédigé par: Dado | le 05 avril 2006 à 01:35| AlerterMais, John, je lis le blog de Dado déjà régulièrement, celui de flo aussi, et le tien également. Lectrice assidue, devenue, je suis. Ballard, c’est pour la fantaisie, quoique !!!!!! Et pour le Pemä, promis, je le lirai. Mais actuellement, je sature des bouquins de développement spirituel par correspondance. Tu sais bien, mon pov et unique neurone ! (it’s just a joke).
Rédigé par: Fab | le 05 avril 2006 à 09:35| AlerterMoi j’avais lu Le vent de nulle part, de la période SF. On y décrivait déjà en long en large et en travers l’incurie des gouvernements et la mégalomanie des milliardaires.
Rédigé par: flopinette | le 06 avril 2006 à 03:02| Alerter