dimanche 19 mars 2017

Comme un torrent

Dans la journée, je fais parfois des micro-siestes d'un quart d'heure.
Juste le temps que corps et cerveau se reposent et rechargent un peu les piles avant de repartir.
Dans un siècle où la productivité nous dicte sa loi d'airain, même si t'élèves des chèvres dans l'Aveyron parce que tu ne te reconnais plus dans la démocratie participative à la sauce Mélenchon, t'es quand même dépendant des cours du fromage de brebis, et faut assurer, en volume et en qualité.
La micro-sieste réussie dépend avant tout d'un accord profond avec soi et avec la nature de l'exercice, dans l'espace et le temps qui sont impartis. Ensuite, c'est de l'entrainement.
Le corps, c'est facile à repérer, il y a un engourdissement des membres.
L'esprit, lui, se met à produire des images hypnagogiques; chez moi c'est des grottes, des cours d'eau, des paysages.
Tout à l'heure, c'était clairement la mer, peu profonde, presque un rivage, de molles vagues. Du soleil.
Je me laisse partir, mais j'ai le support de la respiration, je ne vais pas très loin, et puis je reviens.
15 minutes aller-retour.
Impeccable.
Hier, j'ai raté mon coup, j'ai dormi 3 heures.
Mais j'ai un peu tiré sur la corde ces dernières semaines.
Tout à l'heure, au retour, j'essaye de préciser mon impression.
J'associe ça à des trucs que je connais.
Texture et transparence de l'air et de l'eau :
sans hésitation, la plage aux dinosaures marins dans Riven (la suite de Myst).


C'est de l'imaginaire, mais très réel. Ca fait bien 20 ans que je n'ai pas joué à ce jeu vidéo, mais cette plage cachée m'avait fait une forte impression, qui ressurgit dans l'état intermédiaire entre veille et sommeil.
Plus proche de moi, un torrent de Hautes Pyrénées, en 2014.
J'en fais vite un gif animé, ma lubie du moment.


Mais c'est trop dynamique. Mon bord de mer était bien plus tranquille.
Et l'image, même animée, de la chose n'est pas la chose.
Il y a aussi ce lac de montagne, qui traine dans mes dossiers photos, et dont la sérénité m'obsède jusqu'à la déraison.
Le désir du Nirvana, c'est le Samsara.


Destockage massif.
Changement de look de la perche à selfies.
Et maintenant, retour à l’essentiel, à savoir aller emprunter la scie sauteuse à Jean-Pierre pour agrandir la chatière que le Migou vient de péter pour la ixième fois tellement qu’il est gros, ce con de chat.

 [Edit]
Tout à l’heure, j’ai oublié de dire que tout cela m’est venu après que j’aie réussi cette semaine à faire changer l’éclairage basse tension de la cuisine, des spots jaunâtres au plafond qui s’éteignaient quand ça leur chantait, en général quand on était en train de préparer le repas. Le transformateur était en fin de vie, mais pour y accéder il fallait monter dans les combles, tapissés depuis deux ans d’une couche neigeuse de 50 cm de ouate de cellulose.
L’électricien craignait de s’y aventurer, bien que je lui aie assuré avoir survécu à l’expédition. Nous avions pris rendez-vous de longue date lui et moi, il devait entre-temps aller installer 45 automatismes de portails de temples bouddhistes dans le Sud Ouest, tout était planifié par un copain à lui, et puis que voulez-vous, le bouddhisme ne paye pas et il s’est heureusement rendu compte que son client n’était pas solvable avant d’attaquer le chantier, mais ça lui a fait une perte d’activité d’un mois entier, c’est raide pour un artisan.
Il est parvenu à m’installer un nouveau plafonnier en lumière blanche qui consomme 10 fois moins et éclaire 10 fois plus, ce qui a fait s’exclamer ma fille « maintenant quand on allume dans la cuisine on a l’impression d’entrer au Paradis », je ne serai pas aussi positiviste qu’elle parce que ce flux de lumière divine révèle surtout le manque d’étagères à épices à la Homer Simpson sur les différents plans de travail, mais au moins on voit ce qu'on fait et je risque moins de m'ouvrir la main en croyant ouvrir des huitres.
Et j'ignore pourquoi cette histoire de lumière divine est associé dans mon esprit à son équivalent acoustique, le long instrumental "Watermelon in Easter Hay" de Frank Zappa, mais c'est comme ça.



 [Edit]
Ca y est, je viens de comprendre pourquoi en l'écoutant de bon matin au bureau…
c’est à cause des paroles du morceau :

[CENTRAL SCRUTINIZER:]
This is the CENTRAL SCRUTINIZER...Joe has just worked himself into an imaginary frenzy during the fade-out of his imaginary song... He begins to feel depressed now. He knows the end is near. He has realized at last that imaginary guitar notes and imaginary vocals exist only in the mind of The Imaginer... and... ultimately, who gives a fuck anyway... So…mwa ha ha… Excuse me… So… Who gives a fuck anyway?... So he goes back to his ugly little room and quietly dreams his last imaginary guitar solo... 
(et ensuite commence le solo - torrent de miel sidéral sur la plage aux plésiosaures de Riven, mais ssiiii, la suite de Myst.)
Ce qui est tout à fait pertinent par rapport au sujet de mon article, si tant est qu’il existe ailleurs que dans mon imagination.
L’inconscient ne nous trompe jamais, même quand il nous plante.

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