mardi 9 janvier 2007

Sensibilité et intellect : 1/0


Un ami m’a offert l’album “ma vie dans le buisson (la brousse ?) des fantômes ” de David Byrne et Brian Eno, sorti en 1981 et qui enterre toute la world music dix ans avant qu’elle naisse. Le lendemain, j’ai replongé sans enthousiasme mais avec une certaine fébrilité dans le porno pendant quatre heures d’affilée. J’avais rechuté aussi en novembre/décembre; un peu de porno et de branlette. Yo.
Je n’en ai pas fait état sur le forum des dépendants, parce que je ne voulais pas me prendre pour une catastrophe nationale et que j’avais peur que ça discrédite mon discours, auquel je tiens moins qu’à mon rétablissement, mais quand même. J’avais l’impression de faire un bon travail d’aide en ligne. Il a fallu qu’un cyberpote de longue date connaisse le même dérapage pour que je me décide à lâcher le morceau à mes consdixslipes. La veille de sa rechute, j’avais rêvé qu’un autre ami, qui porte le même prénom et que je croise régulièrement aux AA, était mort. C’est drôle les rêves. Après une première branlée en novembre, j’avais rêvé que je nettoyais les douves d’un château avec un karcher et que j’avais du mal à gérer le jet parce que le compresseur derrière moi avait une pression énorme et que je n’avais qu’un tout petit tuyau. Passant la main sur des feuilles mortes à la surface de l’eau stagnante pour mieux voir le fond, je la ramenais avec de gros frelons collés sur la paume, mais ne ressentais aucune piqûre. Un ami pas du tout dépendant m’avait fourni un sacré indice sans le savoir “tant que tu refermes pas la main sur le tuyau, tu ne seras pas piqué.” C’est dans le besoin qu’on reconnait ses amis. Bref. A part me dire “fuck” et que je suis peut-être un peu trop collé à l’outil, j’ai serré les fesses, et je continue actuellement. Je ne pense pas que nourrir ce blog soit une si bonne idée que ça en ce moment.
D’ailleurs, NostraWarsen avait prévu de longue date que les plus gros posteurs feraient de bons candidats à la rechute. J’ai remis le nez dans le petit Orroz Illustré, parce qu’il me semble que sans lui on a quand même dérivé le nez dans le guidon. Il se plaignait que la gestion du forum lui gardait le nez au chaud dans une problématique d’addiction. Je suppose que nos crampes lui donnent raison.
Allons bon. Me voici donc reparti à méditer sur “dans le porno, seuls les acteurs se font plaisir, pas moi” que m’avait fourgué mon troll avant de me jeter avec l’eau du bain. Heureusement, le soir même, j’étais en réunion AA sur le thème “le courage d’avancer”. J’y suis tombé sur un article sur “l’esprit de l’athéisme : introduction à une spiritualité sans Dieu” dernier ouvrage en date d’André Comte-Sponville dont l’interview est plaisante aux athées, agnostiques et bouddhistes, ce dont l’intellect d’André lui permet d’être un proche sympathisant sans pratiquer. Ce n’est manifestement pas mon cas. A côté, j’ai trouvé l’épatant article de Jean-Yves Leloup, “Dieu n’existe pas, je le prie tous les jours”. Comme je le disais il y a 14 mois en ouvrant ce blog, j’ai perdu la liberté de surfer sur les sites de cul. Que j’aie momentanément perdu de vue ce fondamental en dit long sur mes limitations (plutôt que de repartir dans un trip “trahison, mensonges & goût immodéré du drame”). Si j’avais le choix de ne pas me branler aujourd’hui, pourquoi aurais-je besoin d’une Puissance Supérieure ? Que les gens qui me connaissent et me croisent dans le réel m’épargnent leur compassion et évitent d’en parler à ma femme. Merci d’avance.

Commentaires

  1. Je suppose aussi que dans le petit Orroz illustré, il y a “viser la perfection à tout prix est une bonne façon de ne rien faire”. Prenons une analogie. Je me suis fixée tant de pratique par jour. Il y a des jours, rares, mais existants, où je n’y arrive pas. Je pourrais me dire “bah c’est trop dur, fais ce que tu peux”. Non, le lendemain, je m’y remets comme s’il n’était rien arrivé. Comme s’il n’y avait jamais eu d’accroc. Cela préserve le sentiment de continuité d’une pratique sans accroc. Ce qui n’est finalement pas un mensonge, car rétrospectivement, un accroc par-ci par-là n’a rien changé. Tout est question de l’interprétation que nous en faisons. Si nous lui accordons la moindre importance, il a des chances de se reproduire. Etrangement, le déni dans ce cas est une bonne chose. C’est le déni de sa faiblesse, qui débouche sur une force qu’on s’ignore. Parce que si je me dis “je suis faible, je vais faire ce que je peux”, je ne vais plus rien faire. J’entretiens donc l’illusion de ma force afin de lui permettre d’exister, et ça marche. Et à la fin de l’année, je vois qu’il y a très peu de jours de rechute. Mais il faut que ça soit clair. Dans l’idée, AUCUN n’est permis. Si ça arrive, on oublie et on continue comme avant : AUCUN n’est permis.

  2. comme il est dit dans les soutras, bouddha a fait son enseignement pour des gens imparfaits. Comme je le disais sur le blog de Flo, c’est nos trébuchages qui nous donnent la conviction que seul, on ne peut rien. Et c’est tous nos manquements qui nous donnent la force de pratiquer.

  3. Je connais un ami des AA qui m’explique qu’à chaque fois qu’il n’est pas très bien, notamment quand il fait une rechute émotionnelle, il se concentre sur les trois première étapes du programme. Un : il se souvient qu’il est impuissant devant ses émotions, qu’il ne sert à rien de vouloir se battre contre elles. Deux : comme il peut rien, il vaut mieux ne pas oublier que quelque chose de supérieur peut indiquer le chemin. Et donc, trois : lui confier notre journée. J’essaie de me bloquer ça dans la tête pour le moment, car ma rechute de samedi a beaucoup à voir avec l’orgueil.
    Du coup, je vois et je prends un peu plus les choses avec douceur et simplicité. Et ça aide.

  4. “viser la perfection à tout prix est une bonne façon de ne rien faire” c’est dans le Gravosse Warsen, pas dans l’Orroz Illustré. Merci à vous, nobles mouth cutteurs.

  5. Tu as raison John, rendons à César ce qui est à César ! En attendant que je t’envoie une bonne bafouille perso, je te conseille de méditer sur ce que dit Flo. J’ajouterais une phrase trouvée dans “Le Nuage De L’inconnaissance” :
    Ce n’est point ce que tu es ni ce que tu as été, que Dieu regarde avec ses yeux de miséricorde, mais ce que tu as le désir d’être.

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