vendredi 4 mars 2016

le mal par le bien (5) : perdre totalement le sens du Réel avec Philip K. Dick

Si j'avais le temps et une meilleure connexion, je passerais ma vie ici :

http://creative.arte.tv/fr/tags/philip-k-dick

Mais j'ai lu tout Dick quand j'étais jeune, et je n'ai pas besoin de le relire pour perdre totalement le sens du Réel : je ne l'ai jamais eu.

lundi 22 février 2016

le mal par le bien (4) : Umberto Eco et la mort

http://www.courrierinternational.com/article/hommage-quand-umberto-eco-expliquait-comment-se-preparer-la-mort

L'article m'a laissé sur ma faim. Au péril de ma vie, je me suis alors rendu en caméra casher sur un forum de téléchargement illégal où j'ai déniché l'article original, dont je me rappelais vaguement qu'il avait une chance d'avoir été publié dans "Comment voyager avec un saumon".
Par chance, il y était.
Comme quoi des fois ça sert d'avoir des lettres.


Comment se préparer sereinement à la mort 
Je ne suis pas sûr de me montrer d'une grande originalité en affirmant que l'un des problèmes majeurs de l'Homme consiste à affronter la mort. Si la question est difficile pour les mécréants (comment faire face au Néant qui les attend ?), les statistiques prouvent qu'elle embarrasse également beaucoup de croyants. Leur certitude d'une vie après la mort ne les empêche pas de trouver que la vie avant la mort est bien agréable et qu'il est détestable de l'abandonner. Aussi désirent-ils de toute leur âme rejoindre le chœur des anges. Mais le plus tard possible. 
Que signifie « Être-pour-la-mort », telle est l'évidente question soulevée ici. La poser, c'est reconnaître tout bonnement que les hommes sont mortels. Facile à dire, tant qu'il s'agit de Socrate mais, dès que ça nous concerne, c'est une autre paire de manches. Le moment le plus difficile sera celui où nous saurons que, pour un instant encore, nous sommes là et que l'instant d'après nous n'y serons plus. 
Récemment, un disciple soucieux (un certain Criton) m'a demandé : « Maître, comment bien se préparer à la mort ? — Une seule solution, être convaincu que tous les gens sont des couillons », ai-je répondu. 
Devant la stupeur de Criton, je me suis expliqué. « Vois-tu, comment peux-tu marcher à la mort, même en étant croyant, si tu songes que, au moment où toi tu passes de vie à trépas, de beaux et désirables jeunes gens des deux sexes dansent en boîte et s'amusent follement, des scientifiques éclairés percent les derniers mystères du cosmos, des politiciens incorruptibles s'emploient à créer une société meilleure, des journaux et des télévisions ont pour seul but de donner des informations dignes d'intérêt, des directeurs d'entreprises responsables s'ingénient à ne pas polluer l'environnement et à nous redonner une nature faite de ruisseaux potables, de montagnes boisées, de cieux purs et sereins protégés par un ozone providentiel, de nuages moelleux distillant les douces pluies d'antan ? Si tu te dis que toutes ces choses merveilleuses se produisent tandis que toi tu t'en vas, cela te serait proprement insupportable, n'est-ce pas ? 
Mais essaie un instant de penser que, à l'instant où tu sens que tu vas quitter cette vallée, tu as la certitude inébranlable que le monde (cinq milliards d'êtres humains) est rempli de couillons, que ceux qui dansent en boîte sont des couillons, des couillons les scientifiques qui croient avoir résolu les mystères du cosmos, des couillons les politiciens qui proposent une panacée pour tous nos maux, des couillons les pisseurs de copie qui remplissent nos journaux d'ineptes et vains potins, des couillons les industriels malpropres qui détruisent la planète. En cet heureux moment, ne serais-tu pas soulagé, satisfait d'abandonner cette vallée de couillons ? » 
Criton m'a alors demandé : « Maître, quand dois-je me mettre à penser ainsi ? — Pas trop tôt, lui ai-je répondu, car penser à vingt ou trente ans que tous les gens sont des couillons, c'est être un couillon qui n'accédera jamais à la sagesse. Il faut y aller mollo, commencer en se disant que les autres sont meilleurs que nous, puis évoluer peu à peu, avoir les premiers légers doutes vers la quarantaine, réviser son jugement entre cinquante et soixante ans, et atteindre à la certitude alors qu'on va sur ses cent ans, mais en se tenant prêt à partir, tous ses comptes à jour, dès réception de la convocation. 
Seulement voilà : acquérir la certitude que les cinq milliards d'individus autour de nous sont des couillons, est le fruit d'un art subtil et avisé, qui n'est pas à la portée du premier Cébès venu, avec son anneau à l'oreille (ou dans le nez). Cela requiert du talent et de la sueur. Il ne faut pas brusquer les choses. Il faut y arriver doucement, juste à temps pour mourir sereinement. Mais la veille, on doit encore penser qu'il existe un être, aimé et admiré de nous, qui lui n'est pas un couillon. La sagesse sera de reconnaître au bon moment — pas avant — que lui aussi est un couillon. Alors, seulement, on pourra mourir. 
Donc, le grand art consiste à étudier petit à petit la pensée universelle, à scruter l'évolution des mœurs, à analyser jour après jour les médias, les affirmations d'artistes sûrs d'eux, les apophtegmes de politiciens en roue libre, les démonstrations de critiques apocalyptiques, les aphorismes de héros charismatiques, en étudiant leurs théories, propositions, appels, images, apparitions. Alors seulement, à la fin, tu auras cette bouleversante révélation : ce sont tous des couillons. Et tu seras prêt à rencontrer la mort. 
Jusqu'au bout, il te faudra résister à cette insoutenable révélation, tu devras t'obstiner à penser qu'on profère des choses sensées, que tel livre est meilleur que les autres, que tel guide du peuple veut vraiment le bien commun. C'est le propre de notre espèce, c'est naturel, c'est humain de refuser de croire que les autres sont indistinctement des couillons. Sinon, en quoi la vie vaudrait-elle la peine d'être vécue ? Mais, à la fin, quand tu sauras, alors tu auras compris en quoi cela vaut la peine — en quoi c'est splendide même — de mourir. » 
Criton m'a regardé et m'a dit : « Maître, je ne voudrais pas prendre de décisions hâtives, mais je vous soupçonne d'être un couillon. — Tu vois, ai-je répondu, tu es déjà sur la bonne voie. » 
(1997) 




dimanche 21 février 2016

le mal par le bien (3) : les AA de Boston

"Si, dans un élan de charité ou sous la contrainte du désespoir, il vous arrive de passer quelque temps dans les parages d’un établissement de désintoxication subventionné par l’État, tel qu’Ennet House à Enfield, Massachusetts, vous apprendrez de nombreux faits exotiques.

Que le terme terrifiant que les Hispaniques donnent à la pulsion qui pousse les toxicos à replonger inlassablement est tecato gusano, qu’on peut interpréter comme une espèce de ver solitaire psychique impossible à rassasier ou à tuer.

Que les Noirs et les Hispaniques peuvent être aussi racistes, sinon plus, que les Blancs et qu’ils deviennent encore plus hostiles et plus désagréables quand vous vous en rendez compte et manifestez un relatif étonnement.

Qu’un paradoxe rarement évoqué de l’addiction à la Substance est : une fois que vous êtes suffisamment asservi à une Substance pour être obligé de cesser d’en prendre afin de sauver votre vie, la Substance asservissante est devenue si importante pour vous que le sevrage vous fait perdre l’esprit. Ou que, parfois, après avoir été sevré de votre Substance favorite afin de sauver votre vie, quand vous vous agenouillez pour vos prières du matin et du soir, vous vous retrouvez à prier pour qu’il vous soit donné de littéralement perdre votre esprit, à savoir de l’emballer dans un vieux journal, de l’abandonner dans une ruelle et de le laisser vivre sa vie sans vous.

Que certaines personnes ne vous aiment pas, quoi que vous fassiez. Que la plupart des citoyens adultes non toxicomanes ont déjà compris et accepté ce fait depuis longtemps.

Que, même si vous vous êtes cru extrêmement malin, vous l’êtes beaucoup moins que ça en réalité.

Que le Dieu des AA, des NA et des CA n’exige pas que vous croyiez en Lui / Elle / Ça pour qu’Il / Elle / Ça vous aide.

Que les alliances claniques, l’exclusion et les commérages peuvent être des formes d’évasion. Que la validité logique n’est pas une garantie de vérité. Que les méchants croient qu’ils ne sont pas méchants, mais que tous les autres sont méchants. Qu’il est possible d’apprendre des choses précieuses d’une personne stupide. Qu’il est difficile de rester attentif à n’importe quel stimulus pendant plus de quelques secondes. Que vous pouvez éprouver subitement le besoin irrépressible de vous défoncer avec votre Substance, si irrépressible que vous craignez de mourir si vous n’y cédez pas, mais que vous demeurez assis, les mains crispées sur vos genoux, la figure moite d’envie, voulant céder mais tenant bon, voulant tout en ne voulant pas, disons, et que si vous parvenez à dominer cette envie pendant toute la durée de la crise l’envie finira par passer, par disparaître – du moins pour un moment. Qu’il est statistiquement plus facile pour les gens à faible Q.I. de se débarrasser d’une addiction que pour les gens à fort Q.I.

Qu’il est possible de se droguer avec des médicaments pour le rhume et les allergies. Que le sirop NyQuil Vicks titre 25° d’alcool. Que les activités ennuyeuses deviennent beaucoup moins ennuyeuses, de façon perverse, si vous les faites avec application. Que si plusieurs personnes boivent du café dans une pièce silencieuse il est possible de discerner le bruit de la vapeur s’échappant des tasses. Que parfois les êtres humains doivent rester assis sans bouger et, disons, souffrir. Que vous êtes moins sensible à ce que les autres pensent de vous quand vous prenez conscience du fait que, la plupart du temps, ils ne vous prêtent aucune attention. Que la gentillesse pure, sans mélange, désintéressée, existe. Qu’il est possible de s’endormir pendant une crise d’angoisse.

Que la concentration intense sur n’importe quel sujet est ardue.

Que l’addiction est soit une maladie soit un trouble psychique soit un état spirituel (pour ne pas dire spiritueux) soit un TOC soit un trouble affectif ou comportemental, et que plus de 75 % des anciens des AA de Boston qui veulent vous convaincre que l’alcoolisme est une maladie vous font asseoir et écrivent devant vous le mot MALADIE sur une feuille de papier, puis coupent le mot en deux pour qu’il se lise MAL-ADIE, et vous regardent en espérant que cela déclenchera en vous une épiphanie aveuglante, alors qu’en réalité (ainsi que G. Day ne cesse de le répéter à ses conseillers) la mise en valeur du mot MAL dans MAL-ADIE est une analyse lexicale qui ne vous apprend rien, une non-révélation, et insipide par-dessus le marché.

Que la plupart des accros à une Substance sont aussi accros à la pensée, c’est-à-dire qu’ils ont une relation compulsive et malsaine avec leur propre pensée. Que le terme savant des AA de Boston pour désigner la pensée de type addictif est : Analyse-Paralysie. Que les chats souffrent de violentes diarrhées quand on les nourrit de lait, contrairement à une idée reçue. Qu’il est plus agréable d’être heureux que dépité. Que, dans une proportion de 99 %, la pensée des penseurs compulsifs a pour objet eux-mêmes ; que ces 99 % de pensée autocentrée consistent à imaginer des choses qui vont leur arriver puis à s’y préparer ; et que, bizarrement, s’ils cessent d’y penser, 100 % des choses auxquelles ils consacrent 99 % de leur pensée et de leur énergie pour les imaginer et se préparer aux contingences induites et à leurs conséquences ne sont jamais bonnes. Que tout cela est révélateur du désir, en début de sevrage, de perdre littéralement l’esprit. Bref, que l’activité cognitive dans votre tête consiste, pour 99 %, à tenter de se foutre les jetons en permanence.

Qu’aucun individu suffisamment asservi à une Substance pour souhaiter se défaire de son addiction et ayant réussi à s’en défaire, à rester clean pendant un temps, mais ayant pour une raison ou une autre replongé ne s’est déclaré satisfait de l’avoir fait, d’avoir replongé et de s’être ré-asservi ; jamais.

Que l’acceptation est surtout le fait de la lassitude.

Que les gens ont des conceptions radicalement différentes de l’hygiène personnelle de base.

Qu’il est, paradoxalement, plus plaisant de désirer quelque chose que de l’avoir.

Que faire une fleur à quelqu’un en secret, anonymement, sans que ce quelqu’un sache que c’est vous ni que personne d’autre sache ce que vous avez fait pour lui, sans essayer de vous attribuer la paternité de cette B.A. en aucune manière, est une forme d’addiction.

Que la générosité anonyme peut être, aussi, une évasion.

Que faire l’amour avec quelqu’un que vous n’aimez pas vous donne un sentiment de solitude plus profond que de ne pas l’avoir fait, après coup.

Qu’il est permis de vouloir.

Que chacun croit dur comme fer, en son for intérieur, sans l’avouer, être différent des autres. Ce n’est pas nécessairement pervers.

Que les anges n’existent peut-être pas, mais que certaines personnes peuvent néanmoins être des anges.

Que Dieu – sauf si vous êtes Charlton Heston, ou dérangé, ou les deux – s’exprime et agit par l’intermédiaire des êtres humains, si Dieu existe.

Que Dieu peut considérer la question de votre croyance en son existence comme tout à fait secondaire dans la liste des choses qui l’intéressent chez vous.

Que l’odeur du pied de l’athlète est nauséabonde dans le genre doucereux, tandis que celle de la moisissure sèche podologique est nauséabonde dans le genre aigre.

Qu’une personne – atteinte de la Mal/-adie – fait des choses sous l’influence de Substances qu’elle ne ferait pas en état de sobriété et que les conséquences de ces actes ne peuvent être ni effacées ni amendées. Les crimes et délits en sont un exemple.

Que les femmes chicanos ne sont pas appelées chicanas. Qu’il en coûte 225 $ pour obtenir un permis de conduire du Massachusetts avec une photo mais sans nom. Que la privation de sommeil volontaire est aussi une forme d’évasion dont on peut abuser. Idem pour les jeux de hasard, le travail, le shopping, le vol à la tire, le sexe, l’abstinence, la masturbation, la nourriture, l’exercice physique, la méditation/prière et l’habitude de s’asseoir si près du vieux TP DEC d’Ennet House que l’écran emplit tout votre champ de vision et que l’électricité statique vous chatouille le nez comme une moufle pelucheuse. (sans compter, selon certaines écoles intransigeantes de pensée en 12-Étapes, le yoga, la lecture, la politique, le chewing-gum, les mots croisés, le solitaire, les intrigues amoureuses, le bénévolat, l’activisme politique, l’adhésion à la N.R.A., la musique, l’art, le ménage, la chirurgie esthétique, le visionnage de cartouches même à distance normale, la loyauté d’un bon chien, la ferveur religieuse, la serviabilité constante, la manie constante de procéder à l’inventaire moral des autres, le développement d’écoles de pensée intransigeantes en 12-Étapes, ad infinitum ou pas loin, y compris les confréries en 12-Étapes elles-mêmes, au point que dans la communauté AA de Boston on se raconte parfois tout bas l’histoire de certaines personnes tellement avancées dans un sevrage intransigeant qu’elles se dépouillent d’une échappatoire potentielle après l’autre jusqu’à ce que, finalement, d’après la rumeur, elles finissent assises sur une simple chaise, nues, dans une pièce vide, sans bouger mais également sans dormir ni méditer ni s’abstraire, trop avancées pour supporter l’idée de l’échappatoire émotionnelle potentielle qui consisterait à faire quoi que ce soit, et finissent assises là, sans le moindre mouvement ni la moindre échappatoire jusqu’à ce que longtemps après on ne retrouve sur la chaise vide qu’une très fine couche de matière cendreuse blanc cassé que l’on peut faire intégralement disparaître avec une serviette en papier humide.)"

David Foster Wallace, " L'Infinie comédie".

lundi 15 février 2016

le mal par le bien (2) : le boson de Higgs

Maintenant que les Turcs et les Russes se battent pour bombarder des hôpitaux d'enfants en Syrie, nous donnant l'espoir de renouveler notre inspiration pour chercher de bonnes raisons de pleurer et d'ouvrir ainsi notre Coeur à la Grande Compassion, n'oublions pas, à travers nos larmes, que la Science reste vecteur d'espoir.
Après tout, on vient de découvrir qu'Einstein avait raison au sujet des ondes gravitationnelles.

Comparons la version BD et la version télé des amusantes aventures du boson de Higgs, qui nous réconcilierait presque avec Lagerfeld.

1/ la version blog BD :

http://tumourrasmoinsbete.blogspot.fr/2013/01/vendredi-quarks-en-confetti.html

2/ la version télé :

http://creative.arte.tv/fr/episode/tu-mourras-moins-bete-1030-le-boson-de-higgs-quesaco?language=fr

Assurément, nous mourrons moins bêtes.

lundi 8 février 2016

le mal par le bien : Irréductibles Abkhazes

Lu dans Courrier International n° 1301 (octobre 2015) : un article qui me donne des envies de voyage.
Abkhazie : un pays qui fait rêver.

Une journaliste russe découvre l’Abkhazie. Quoique reconnue par Moscou en 2008, la petite république sécessionniste du Caucase continue de vivre en autarcie, farouchement résolue à protéger sa liberté.
Une tradition venue du fond des âges.
— Rousski Reporter (extraits) Moscou

L’Alamys est le code éthique traditionnel abkhaze. Il définit l’étiquette à observer vis-à-vis des anciens, des visiteurs, des ennemis, des animaux et des plantes. Tous, en Abkhazie, ont peur de deux choses : se trouver de nouveau sous protectorat géorgien et perdre l’Alamys. Dans les deux cas, ce serait la  fin du pays. “Vous savez, je n’ai jamais fait de politique, me dit Nodar Tsvijba. A quoi bon ? Nous devons préserver notre langue et nos traditions. Nous sommes tout de même un minuscule îlot d’une culture très ancienne. Nous avons su préserver notre langue abkhaze telle qu’elle était parlée au XIe et au XIIe siècle. Par exemple, nous n’avons pas de mot pour dire ‘mort’. Nous disons ‘mon âme est née’. Pour dire ‘je t’aime’, nous disons ‘je te vois en vrai’. En abkhaze, on dirait de moi, qui suis en train de faire l’intéressant, que je vous montre mon cheval. Le ‘moi’ est tabou.”

L’Alamys rend la société abkhaze difficile à appréhender pour les Européens. Ici, par exemple, on entretient avec passion la tradition du crime d’honneur. “Un jeune homme y réfléchit à deux fois avant de déshonorer une jeune fille, explique Liocha Agrba, car il sait qu’elle sera vengée. Dans la demi-heure qui suit ou dans deux cents ans, mais il sera puni. Nous ne portons jamais plainte. Il y a la famille. Et elle ne pardonne pas.” Dans un pays où l’on trouve des armes dans chaque foyer, cette tradition de la vengeance par le sang est véritablement salvatrice. En dehors de petits délits contre les touristes, il n’y a aucune criminalité.

Autre force de dissuasion : la fameuse hospitalité abkhaze. Même un ennemi, s’il demande refuge chez un proche de son adversaire, devient un hôte et doit être protégé. Cette satanée hospitalité met les Abkhazes dans une situation délicate vis-à-vis des touristes. Objectivement, Fiodor et moi devrions être la principale source de revenus de notre hôte. Mais tous les soirs Liocha nous régale gratuitement de poisson grillé, de vin maison et de somptueux discours. Les traditions semblent plus fortes que l’appât du gain.


La notion clé de l’Alamys, c’est la dignité. En commettant un acte indigne, un Abkhaze “meurt vivant”. Cet impératif met souvent les Abkhazes dans l’embarras. Lorsque je pointe du doigt un bâtiment détruit, comme on en voit beaucoup ici, en demandant à mon interlocuteur la raison de cette destruction, il me répond en baissant les yeux que c’est à cause de la guerre. Alors qu’en réalité la guerre n’a pas touché cette localité – les portes et les fenêtres de ce bâtiment ont été volées pendant le blocus. Cet Abkhaze ne veut pas mentir, mais il a honte. Pkhacharop, c’est ainsi que l’on appelle cette honte que l’on éprouve non pour soi, mais pour son peuple et son pays. Cela fait des Abkhazes un peuple qu’il est difficile de combattre.









dimanche 7 février 2016

le mal par le mal (10) : l'incantation stérile du buzz

http://mobile.lesinrocks.com/inrocks.tv/fuck-2015-le-court-métrage-qui-va-vous-soulager-de-cette-année-pourrie/
Des gens qui croient qu'on peut changer de conséquences sans changer les causes.
Une vidéo incantatoire, .mais qui n’impressionnera guère ceux qui s’apprêtent à créer le buzz en 2016 (globalement les mêmes qu’en 2015, et ils ont toujours des kalashs en guise de crayons : en plus de faire « buzz », ça fait des trous à l’âme, demandez à Philippe Lançon, le journaliste de Charlie qui a survécu mais qui n’a plus de mâchoire inférieure).
On touche le fond.
Je trouve Joan Cornella beaucoup plus réaliste dans son approche de la nouvelle année.

samedi 6 février 2016

le mal par le mal (9) : la déchéance de démocratie

Version pas drôle :
http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2016/02/04/decheance-de-nationalite-le-debat-sans-fin_4859435_823448.html

Version un peu plus fun :
http://www.legorafi.fr/2016/02/04/les-demandeurs-demploi-impatients-que-le-gouvernement-depense-autant-denergie-sur-le-chomage-que-sur-la-decheance/

Lol jaune clair.
Mais j'ai du boulot.
Si j'étais chômiste, il serait jaune foncé.

Et pendant ce temps, l'Europe se referme comme une vieille moule.
Attention, le diaporama contient des photos d'enfants morts.
En vrai.
Ca n'a donc rien à voir avec les faux morts d'Utopia.
Enfin, c'est un cran plus loin.
Ce n'est pas la presse qui devient trash, c'est la réalité.
Il est temps que je mette fin à la série "le mal par le mal".
Ca me fait trop mal.

vendredi 5 février 2016

le mal par le mal (8) : pactes avec le démon

1/ avec le démon de la connerie débusqué par le sniper de Charlie Hebdo




2/ avec le démon des blogs bouddhistes tarés

http://bouddhanar.blogspot.fr/2012/10/les-confessions-de-kalou-rinpoche.html

Quand je vois ses trolls, je bénis les miens.

3/ avec le démon des films tarés.

http://ilaose.blogspot.fr/2013/01/the-pact.html

"The Pact déborde tellement de bonnes intentions et nous fait passer un moment de trouille d'une telle qualité qu'on lui pardonne aisément ses quelques petites maladresses, à l'image d'un plan final inutile et digne d'une piètre série b. Ces bémols seraient de toute façon largement insuffisants pour refroidir notre vif enthousiasme à l'égard de ce film d'horreur humble, intelligent et, surtout, réellement terrifiant, comme il est trop rare d'en voir actuellement, et qu'il me semble donc nécessaire de saluer."

Et en plus, il a raison. J'ai vu le film, ça fout vachement les pouettes.
C'est une expérience phénoménologiquement éprouvante que n'aurait pas désavouée Levinas dans sa destitution de l'ontologie.



mardi 2 février 2016

le mal par le mal (6) : la théorie du complot

http://www.les-crises.fr/cetaient-les-guignols-la-peur-nos-attentats-cest-votre-securite/

Avec les commentaires, ça le fait trop bien.

La vidéo incluse dans l'article se lit plus aisément en tête de cette page :

http://puissantsetmiserables.fr/2015/11/20/compilation-guignols-de-linfo/

sous le titre "la théorie du complot".
Les Guignols période Bruno Gaccio étaient une réincarnation scientifiquement prouvée de l'esprit Charlie Hebdo, qui souffle où il peut.

lundi 1 février 2016

le mal par le mal (5) : 10 000



lu aujourd'hui dans l'Immonde.
Ca me troue le cul.
Peut-être moins qu'à eux, mais quand même.
Les mecs du crime organisé, on a envie de les attraper, et de les faire jouer dans Utopia.
Pour de vrai.



Si on mesure le degré de civilisation à la qualité des rapports humains entre ses membres, voici un habile résumé.
Quand je pense à ces millions de migrants qui veulent se réfugier chez nous, ça me retroue.
Heureusement que Arte Creative me réconcilie avec la téloche.

vendredi 29 janvier 2016

Le mal par le mal (4)

Je lis Mohicans, le livre que Denis Robert s'est senti obligé d'écrire sur La Véridique Histoire de Charlie Hebdo.
C'est édifiant de voir comment Choron et Cavanna, fondateurs du journal, se sont fait empapaouter par Philippe Val et Richard Malka, qui y sont dépeints comme deux fripouilles opportunistes ayant spolié, dépossédé, menti, trahi et abusé les fondateurs historiques de Charlie pour faire du cash et accroitre leurs réseaux d’influence.
Dark Vador, à côté, c’est Oui-Oui.
Quand j'étais petit, Philippe Val m'apparaissait comme une sorte de Chevalier Blanc du gauchisme.
En lisant ce livre, je conviens qu'il est vraiment passé du côté obscur de la Farce.
Et les Choron, Cavanna etc, c'est quand même curieux qu'avec tant de mauvais esprit, ils n'aient pas eu l'Intelligence du Mal.








Etonnant, non ?



Philippe Val à son départ de Charlie

mercredi 27 janvier 2016

le mal par le mal (3)

Pour écourter la nécessaire période de deuil de ma poule, j'écoute pas mal les quatre barbus en ce moment.



Surtout la tyrolienne haineuse :

(...) Mais là où la chose se complique
Et d'vient tragique
C'est qu'la haine devient pour chacun
Une espèce de besoin
Que d'authentiques sagouins
Entretiennent de près comme de loin
(…)
C'est un cercle vicieux
Car quand un haineux
Hait un autre haineux
Celui qui hait est aussi
Par l'autre haï
De même que celui
Qui est haï haïssant
Celui dont il est haï
Chaque haï donc est
Un haï qui hait
Ce qui fait qu'en fin d'compte
On peut voir comm' ça
L'haï ici et l'haï là.
(...)
Et voilà c'est comme ça
Oh bien sûr y a pas
Non y a pas d'quoi
En signe de joie
Se passer les paupières à la crème de chester
Avec une tringle à rideau d'fer

Y n'reste plus qu'une seule chose à faire
C'est d'rassembler par toute la terre
Tous les hommes généreux
Qui d'un coeur valeureux
Haïssent la haine et les haineux

Et je lis la presse.
Qui parle de la reformation des quatre barbus.
Pendant ce temps-là, je ne pense pas à ma poule.
Egorgée lâchement par une fouine chafouine.

http://www.les-crises.fr/le-stratege-de-la-terreur-des-dossiers-secrets-revelent-la-structure-de-letat-islamique-par-christoph-reuter/


samedi 23 janvier 2016

Le mal par le mal

Le meilleur moyen de me consoler de la perte de ma poule, c'est d'en acheter une autre, et de songer qu'elle a eu une existence plus longue et plus intense que beaucoup de ses consoeurs/confrères.



Mangeons des oeufs et des légumes.

vendredi 22 janvier 2016

Pourquoi il ne faut pas oublier les câlins (2)

Parce que sinon, on finit dans le journal.



Edit : les langues se délient
(inédit fourni ce matin par un collègue de bourreau)



et la meilleure pour la fin :


Franchement ignoble.

Ceci dit, à l'époque, y'en avaient qui avaient déjà démonté la mécanique à l'oeuvre :


Merci à 
pour sa précieuse documentation.



Après, on peut se poser la question :
quel genre de gens trouvait sa nourriture spirituelle en lisant ce torchon ?
Et les « journalistes » qui le rédigeaient ?
Même le scorpion prend soin de ses petits.
Comme le dit Thrinlé Gyatso, nous sommes conditionnés pour aimer, et quand l’objet d’amour disparait, on entre en dépression.
Enfin, lui, ça m’étonnerait qu’il finisse dans le journal.

D’ailleurs, comment font les moines ? 
ils font des câlins tout seuls ?

[Edit 05/06/16] :
l'original continue de se surpasser tout seul.



jeudi 21 janvier 2016

Pourquoi il ne faut pas oublier les câlins


La psychothérapeute américaine Virginia Satir (sic) est formelle :
« Nous avons besoin de quatre câlins par jour pour survivre. Nous en avons besoin de huit pour fonctionner. Et de douze pour croître. »


Je suis loin du compte. 
D'où sans doute la naissance de Blasphémator®.
Et vous ?
A part ça, l'article est un peu formaté.
Je me rappelle le métro parisien : plus on était surcompressés aux heures de pointe, plus les gens essayaient de se soustraire au contact, même s'ils ne pouvaient guère faire plus que reculer la nuque.
Dans d'autres cultures, le contact physique est moins tabou que chez nous. En Inde, en Afrique, j'ai vu des hommes se tenir par la main sans que personne y trouve rien à redire... et l'islam, qui restreint le contact avec les femmes, n'explique pas tout.

mardi 19 janvier 2016

Sale temps dans la filière volaille



La semaine dernière tout allait bien.




Ce matin, beaucoup moins.
Je pense à une fouine, parce que la piste de plumes démarre depuis l'intérieur du poulailler, 
et qu'elle n'a pas crié (alors qu'elle braillait pire qu'une mouette).
Et un chien errant aurait joué avec, mais n'aurait pas mangé la tête.
Alouette.

Méditons sur l'impertinence l'impermanence.

dimanche 17 janvier 2016

La barre infernale

" Tant que vous supposerez que quelque chose ou quelqu'un d'autre est responsable de votre souffrance, la situation restera sans espoir. Vous serez à jamais dans le rôle de la victime et votre souffrance sera votre paradis. 
Ramenez la vérité à vous-même et conquérez votre liberté."

Katie BYRON, auteure américaine née en 1942


C'est plus facile à dire qu'à faire quand votre femme vous entraine à l'épicerie fine.
Pour l'instant, je n'ai placé la barre infernale que sous mon scanner.
Prudence.
Yogh -Schocko me vienne en aide pour ne pas l'ouvrir.

samedi 16 janvier 2016

Blasphemator® fait du jogging sur Internet

 COMPRENDRE L’ESPRIT


Dans la pratique de la méditation, nous nous appliquons à développer une qualité d’attention, de façon à être constamment présents et conscients. Si nous pratiquons avec énergie et patience, l’esprit parvient à se stabiliser. Ensuite, quels que soient les phénomènes sensoriels que nous percevions, agréables ou désagréables, et quels que soient les phénomènes mentaux comme nos réactions de joie ou d’abattement, nous les verrons clairement. Les phénomènes sont une chose et l’esprit en est une autre. Ce sont deux choses séparées.

Quand quelque chose entre en contact avec l’esprit et que cela éveille une réaction agréable en nous, nous voulons la prolonger. Quand quelque chose de désagréable se produit, nous voulons y échapper. Ce n’est pas observer l’esprit, c’est courir après les phénomènes. Les phénomènes sont les phénomènes, l’esprit est l’esprit. Il faut que nous les séparions et que nous voyions clairement ce qu’est l’esprit et ce que sont les phénomènes. Ensuite nous pourrons être en paix.

Si des paroles dures nous mettent en colère, cela signifie que nous nous laissons tromper par les phénomènes et que nous les suivons ; l’esprit est prisonnier de ses objets et suit ses humeurs. Je vous demande de bien comprendre que toutes ces choses dont nous faisons l’expérience, à l’extérieur et à l’intérieur, ne sont que tromperies. Elles n’ont rien de certain ni de vrai et, en les poursuivant, nous perdons notre chemin. Le Bouddha voulait que nous méditions pour que nous voyions clairement cette tromperie qu’est la vérité du monde. Le monde c’est les phénomènes des six sens ; les phénomènes sont le monde.

Si nous ne comprenons pas le Dhamma, si nous ne connaissons pas la véritable nature de l’esprit ni celle des phénomènes, l’esprit et ses objets se confondent. Alors nous souffrons et nous croyons que c’est l’esprit qui souffre. Nous croyons que l’esprit vagabonde, qu’il passe de façon incontrôlable par différentes situations malheureuses et évolue en différents états. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Il n’y a pas de multiples esprits mais de multiples phénomènes. Seulement, si nous ne sommes pas conscients de nous-mêmes, nous ne connaissons pas notre esprit et nous nous laissons entraîner par toutes ces choses. Les gens disent : « Mon esprit est perturbé », « mon esprit est malheureux », « mon esprit est dispersé », mais ce n’est pas la réalité. L’esprit n’est rien de tout cela ; ce sont les choses qui viennent le souiller qui « sont ainsi. Les gens croient que leur esprit n’est pas en paix ou heureux, alors qu’en réalité rien n’est plus paisible et heureux que l’esprit. Quand nous nous sentons mal ou malheureux, il ne s’agit pas de l’esprit. Souvenez-vous bien de ceci : quand vous vous sentirez mal ou malheureux à l’avenir, rappelez-vous : « Ajahn Chah disait : “Il ne s’agit pas de l’esprit.”

Nous pratiquons pour atteindre l’esprit – le « vieil » esprit, cet esprit originel qui est inconditionné. En lui il n’y a ni bien ni mal, ni long ni court, ni noir ni blanc. Mais rester proches de cet esprit ne nous satisfait pas parce que nous ne voyons pas les choses clairement et nous ne les comprenons pas.
Le Dhamma est au-delà des habitudes de l’esprit ordinaire. Tant que nous ne sommes pas bien entraînés, il se peut que nous confondions ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Il est donc nécessaire d’écouter les enseignements pour acquérir une compréhension du Dhamma et être capables de reconnaître le Dhamma dans notre esprit. La bêtise est dans l’esprit ; l’intelligence est dans l’esprit ; l’obscurité et l’ignorance existent dans l’esprit ; la connaissance et l’Éveil existent dans l’esprit.

C’est comme un sol ou un plat sale à la maison, taché de graisse ou de crasse. Avec du savon et de l’eau vous pouvez le laver et retirer la saleté. Quand la saleté est partie, votre sol ou votre plat est propre. Ici, ce qui est sali, c’est l’esprit. Quand nous pratiquons correctement, nous découvrons quelque chose de propre – tout comme le sol propre apparaît quand la saleté est retirée. Les conditions pour un esprit propre sont là, seule la saleté l’obscurcit.
L’esprit dans son état naturel, le véritable esprit, est quelque chose de stable, de non pollué. Il est brillant et propre. Il est obscurci et pollué parce qu’il entre en contact avec les objets des sens et qu’il se met sous leur joug en les désirant ou en les repoussant. Ce n’est pas que l’esprit soit pollué par nature mais seulement qu’il n’est pas encore établi dans le Dhamma, de sorte que les phénomènes peuvent le souiller.

La nature de l’esprit originel est inébranlable. L’esprit est paisible. Nous ne sommes pas paisibles parce que nous sommes attirés par les objets des sens et nous finissons par être esclaves des différents états mentaux qui en découlent. Le véritable sens de la pratique, c’est de retrouver le chemin qui nous ramène à l’état d’origine, c’est retrouver notre ancienne demeure, l’esprit originel qui ne se laisse pas dévier par les phénomènes quels qu’ils soient. Par nature, cet esprit-là est parfaitement paisible. C’est quelque chose qui est déjà en nous. 


Extrait de: Ajahn Chah. « Tout apparaît, tout disparaît : Enseignements sur l'impermanence et la fin de la souffrance. » iBooks.

vendredi 15 janvier 2016

La Bibliothèque de Babybel (2)

Avant


Après


"Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses.”
(attribué à Gandhi)

Par contre, c'était une erreur de traiter l'étagère avec un produit destiné à hydrofuger ma terrasse en bois.
Ca a mis trois semaines à ne plus puer.

Bon, je vous laisse, j'ai un peu de lecture.