mercredi 6 septembre 2006

des séductions de la cigarette

"L’opium afghan finance la rébellion talibane. Pour bouter l’occupant hors de leur pays, les Français avaient Jeanne d’Arc. A chacun son héroïne. "(Hervé Le Tellier)

Lu dans "la méthode simple pour en finir avec la cigarette" de Allen Carr, un livre que j’avais d’abord pris pour une fumisterie du style "comment se faire des amis", le bouquin qui fait à l’amitié ce que Hitler a fait aux Juifs et ce que les Juifs ont fait aux Libanais : "Non seulement il n’y a rien à abandonner, mais vous en retirerez de grands avantages. Quand un fumeur essaie d’arrêter, il tente de se concentrer sur les aspects positifs pour sa santé, son argent et sa sociabilité. Certes, ce sont des motifs évidents et importants, mais ce ne sont pas les seuls. Je pense que les bénéfices psychologiques sont les plus importants : 1 Le retour de la confiance en soi et de la sérénité. 2 La libération de cet esclavage. 3 Ne plus avoir à subir ce sentiment de mépris de la part de soi-même et des autres; ne plus se torturer pour savoir si l’on arrivera un jour à se débarrasser de cette drogue. La vie d’un non-fumeur est meilleure et beaucoup plus agréable. Ce n’est pas seulement vrai sur le plan de la santé, mais également sur bien d’autres plans tout aussi importants. Je reviendrai dans le chapitre suivant sur ces merveilleux avantages. Certains fumeurs ont des difficultés à admettre que le tabac n’apporte rien. C’est pourtant un point essentiel, que je me propose de mieux expliquer à l’aide d’une analogie. Imaginez que vous ayez une irritation sur le visage. Vous en parlez à quelqu’un, qui vous conseille une pommade miraculeuse. Vous l’essayez et en quelques secondes, le mal disparaît… Une semaine plus tard, l’irritation réapparait. Vous décidez d’acheter un tube de pommade et, dès que vous en mettez sur la plaie, elle disparait de nouveau. L’irritation revient quelques jours plus tard, et de plus en plus fréquemment. Chaque fois elle gagne sur le visage, se révèle de plus en plus douloureuse, mais disparaît dès qu’on y applique la pommade. Au bout de quelques mois, tout le visage en est couvert; cela revient toutes les demi-heures et c’est maintenant extrêmement douloureux. Vous savez que cette pommade ne résout le problème que temporairement et cela vous inquiète. La maladie va-t-elle gagner tout le corps ? Deviendra-t-elle permanente ? Vous allez voir votre médecin, qui ne peut pas la soigner. Rien n’est plus efficace que cette merveilleuse pommade. Maintenant, vous dépendez complètement de la pommade. Vous ne sortez plus sans elle. Si vous partez à l’étranger, vous vous munissez de dix tubes d’avance. Et, pour aggraver vos problèmes, les revendeurs de cette pommade vous font payer 5OO francs par tube. Mais vous n’avez pas d’autre choix que de payer. Vous constatez, en lisant le journal, que vous n’êtes pas la seule victime. Des milliers de personnes souffrent exactement du même mal. En fait, des chercheurs ont découvert que la pommade ne guérit absolument pas la maladie. Elle n’élimine que provisoirement l’irritation de la surface de la peau. Le comble est que, en réalité, c’est la pommade qui entretient et propage la maladie. Tout ce qu’il vous reste alors à faire est de cesser d’utiliser cette pommade et, en quelques jours, tout aura disparu. Allez-vous continuer à l’utiliser ? Avez-vous besoin d’un quelconque brin de volonté pour y parvenir ? Certes, si vous ne croyez pas aux affirmations de l’article, il est légitime que vous ayez quelques jours d’appréhension. Mais, si vous constatiez que la maladie se résorbe progressivement, le besoin ou l’envie d’utiliser la pommade ne se manifesterait certainement plus. Seriez-vous malheureux ? Vous aviez un terrible problème, que vous croyiez insoluble. Maintenant, vous avez trouvé la solution. Même s’il fallait une année entière pour en être complètement guéri, vous penserez chaque jour, en voyant le mal disparaître, qu’il est extraordinaire que cela s’arrête et que vous n’en mourrez pas. C’est là toute la magie qui m’est apparue lorsque j’ai éteint ma dernière cigarette. Laissez-moi préciser un dernier point, à propos de cette analogie. La maladie que provoque la pommade n’est pas à mettre en parallèle avec un cancer du poumon, une angine, une bronchite, une maladie artérielle ou autre asthme chronique. La maladie dont je parle n’est pas non plus l’argent qui part en fumée, ni la mauvaise haleine et les dents tachées, ce n’est pas la toux, la léthargie, ces matins passés à s’étouffer, ni les circonstances où nous souffrons de ne pas pouvoir fumer. Ce n’est même pas ce mépris de nous-mêmes, ni celui des autres. Tous ces maux viennent s’ajouter à celui dont je veux parler. Le vrai mal est celui qui justifie que l’on ferme les yeux sur tous les autres. C’est simplement ce sentiment de panique: « il faut que je fume une cigarette. » Seuls les fumeurs souffrent de ce mal-là. La pire des choses dont nous souffrons est la peur, cette peur insidieuse, et le bienfait le plus merveilleux que vous recevrez sera d’en être débarrassé. C’est comme si un épais brouillard avait subitement disparu de mon esprit. J’ai alors clairement compris que ce sentiment d’envie panique d’une cigarette n’était pas une sorte de faiblesse en moi, qu’il n’était pas dû à une vertu magique de la cigarette. Il était seulement dû à la première cigarette, et chaque cigarette suivante, loin d’éliminer ce sentiment, ne faisait que l’ancrer plus profondément dans mon esprit. En même temps, je voyais que tous les autres heureux fumeurs vivaient le même cauchemar que moi, même si c’était à un degré moindre. Et tous avançaient des arguments aussi incohérents les uns que les autres pour tenter de justifier leur comportement. C’est si bon d’être libéré! "

Vous l’aurez compris : pour donner plus de corps à mes visualisations tibétaines et pour cesser d’empuantir l’atmosphère et de détruire d’une main ce que je tente de construire de l’autre, j’arrête de fumer. On ne rit pas. Il y a plein de bons conseils dans ce livre, pour traiter tous types de dépendances autrement plus pernicieuses que le tabac. Mais les meilleures idées ne servent que si nous les appliquons. L’auteur met l’accent sur le lavage de cerveau que constitue la dépendance, qui n’a rien à voir avec la recherche du plaisir, et démonte les mêmes mécanismes que ceux mis en évidence par William Burroughs (le festin nu) dans le processus de l’addiction à l’héroïne : le dealer ne vend pas le produit au consommateur mais bien l’inverse. Sur le forum des pornodeps, beaucoup trouvent que cesser de fumer, c’est de la rigolade à côté du sevrage de cybercul. Sur ce genre d’apprentissages, la suggestion attribuée au dalaï-lama "qu’on peut apprendre dans les bouquins puisque les charlatans sont légions " (attends, c’est qui le mec qui disait que son nom était légion, déjà ?) est pertinente. J’ai bien arrêté de me branler à force de fréquenter un cyberpsy. car comme le disait Yongdzin Romain Bouteille Rinpotche : "on peut tout faire dans la vie, à une seule condition, c’est de le faire."

Commentaires

  1. Mouais, Allen Carr… J’ai lu son bouquin dans une autre vie et j’avais réussi à arrêter… 2 jours ! Tu me donnes envie de le relire. Et puis, pourquoi pas ? La p’tain de cibiche me bouffe la vie par tous les bouts. Il est temps de faire quelque chose. J’aime bien ce que dit l’Romain Rinpoche -;) Pour la clope, j’ai moultes fois essayé. Pour d’autres dépendances aussi d’ailleurs.Mais quand on a essayé sans pouvoir y arriver ne veut pas dire qu’on y arrivera jamais, isn’it ? Le principal est d’en avoir envie.

  2. Mouais, Allen Carr… J’ai lu son bouquin dans une autre vie et j’avais réussi à arrêter… 2 jours ! Tu me donnes envie de le relire. Et puis, pourquoi pas ? La p’tain de cibiche me bouffe la vie par tous les bouts. Il est temps de faire quelque chose. J’aime bien ce que dit l’Romain Rinpoche -;) Pour la clope, j’ai moultes fois essayé. Pour d’autres dépendances aussi d’ailleurs.Mais quand on a essayé sans pouvoir y arriver ne veut pas dire qu’on y arrivera jamais, isn’it ? Le principal est d’en avoir envie.

  3. Y’a eu une merdouille dans la transmission du message. John, tu peux supprimer le deuxième et celui-là par la même occasion ? Je deviens un peu sénile avec l’âge mais quand même, ça fait pas sérieux.

  4. ben john allen car il ma scotché et ca fait 2 ans 1/2 que j’ai arretter de cloper, puis j’adopte ca philosophie pour la cyber-dep…. ;-) +orroz+mantak c’est explosif le melange!!! (le bouquin du dalai lama : c’est guerir la violence, je te retrouverais la page)

    c’est un super bouquin si on sais bien s’en servir…

    viva allen…

    ps : dans 12 mois je vais etre triste j’aurais plus d’addiction (si c’est pas deja fait ;-)

  5. fabienne, je vais laisser ton message double (+ le triple) jusqu’à la fin des temps pour que tu médites sur le sens de l’expression “orgueil blessé”. Roul, méfie-toi, crier son bonheur sur les toits les rend parfois glissants. Et t’es déjà bien parti pour devenir accro au blog de Flo, dont le principal antidote connu est le bouddhisme ;-)

  6. Je médite tout simplement sur l’orgueil et c’est déjà pas simple pour moi. Alors, si en plus, s’il faut que je cogite sur la blessure de l’orgueil que je n’ai pas encore véritablement élucidé chez moi, je m’en sors plus du tout. Bon, on verra ça plus tard. Et puis, c’est ton blog, t’es le maître chez toi donc si tu veux pas supprimer mes répétitions, ben c’est comme ça. Il faut que je l’accepte sans me prendre la tête.

  7. heuuu je sais john, en fait jsuis deja addicted au blog de flo!!!!…

    et merde jvais quand même pas teerminer groupie?

    (a ben c’est cool ca me fera un sevrage pour 2007 ;-)

  8. roul, tu liras avec intérèt les posts de flo sur l’addiction si ce n’est déjà fait : http://blog.france3.fr/blogchen/index.php/2006/01 fab, rappelle-toi le commentaire récent et lapidaire - qui n’a rien à voir avec la lapidation - d’une jeune lectrice parisienne : “j’essaie de ne pas le faire, mais parfois je le fais. Il n’y a rien à justifier, je suis égoïste et pas spécialement fière de l’être.” Méditer sur l’orgueil, blessé qui plus est, c’est lui faire trop d’honneur, et faire un noeud sur la crasse qui est dans le torchon.

des séductions humoristiques


Commentaires

Mwahaha! Elle est excellente! :) ))

Mais j’aurais cru que le critère “riche” s’appliquait plutôt aux maris qu’aux femmes. :/

lundi 4 septembre 2006

des séductions du bouddhisme



"Après avoir été percuté par le bouddhisme, j’ai cru que plus jamais je ne pourrais réécrire sur mon blog" nous déclare le jeune John W., actuellement en convalescence à son domicile et contacté par nos équipes sur le terrain de Handicap International. "…surtout que la cyberdépendance y est replacée dans une perspective plus vaste, qui est celle d’une turpitude samsarique sans aucune prééminence vis à vis des autres, ce qui fout une bonne claque aux objectifs premiers de mon blog" ajoute-t’il d’une voix brisée par l’émotion.
"Vous allez rire, mais je ne vais sans doute pas pouvoir caser pratique spirituelle, forums, blog, taf, famille, maisons et jardins dans la même vie.

Il va falloir faire des choix.

J’arrète là.

C’est là qu’il faut rire.

Finalement, ils m’ont quand même bien fait un deuxième trou.
J’espère qu’un peu d’air pourra passer dedans.

Lu dans "Le Monde des Religions" de juillet-aout 2006, sans doute encore en kiosque, un dossier comparatif genre "Que choisir" assumé et pas mal fait :

"S’il y a une vraie différence entre nos deux religions en matière d’altruisme et de progression spirituelle, elle est plutôt à rechercher du côté de la place qu’y tient la sagesse ou gnose. Pour le Dharma en effet, la connaissance et l’amour sont inséparables comme le jour et la nuit, de même que la vacuité et les apparences ordinaires. D’où une culture de l’expérience métaphysique directe qui s’incarne dans la richesse des méthodes spirituelles - « les moyens habiles » - développées par les traditions bouddhistes. Transmise par des guides qualifiés, cette « technoscience de l’esprit » pèse de tout son poids sur l’actuel succès du bouddhisme en Occident, avide de sa philosophie puissante, sa psychologie subtile et son arsenal pratique. Il suffit de voir la diversité fascinante des rituels, méditations, yogas déployés par son courant tibétain… Des expédients les plus concrets (reliques, porte-bonheur bénis, images saintes) aux supports les plus raffinés, il y a vraiment là de quoi satisfaire le corps, la parole et l’esprit…
Or face à une telle profusion d’outils pour travailler sur soi, le chrétien peut paraître laissé à lui-même et le christianisme bien démuni. Celui-ci ne séparait pourtant pas à ses débuts la sagesse et l’amour spirituel, le souci de la connaissance des mystères divins et des méthodes pour l’atteindre étant attestés dans les premiers temps de l’Eglise. Avec les siècles cependant, cette culture de l’intériorité s’est peu à peu affaiblie, jusqu’à se perdre parfois, surtout dans le domaine catholique. Et ce au profit d’une dérive scolastique et dogmatique, plus soucieuse de contrôler institutionnellement les âmes que de les conduire à une véritable expérience spirituelle. Il n’est que de voir la défiance séculaire manifestée par les autorités de l’Eglise à l’égard des mystiques, qui portent justement au plus haut l’union de l’amour et de la connaissance… Pris entre un moralisme puritain et un étroit rationalisme également fermés aux choses du corps, de l’affectivité et de l’invisible, le christianisme occidental n’a plus eu alors qu’à se déployer vers le monde extérieur. Mue par son activisme aussi humaniste que prosélyte, l’Eglise a couvert ainsi le monde d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, d’asiles, en préfigurant l’actuel engouement caritatif et humanitaire. Un élan quasiment sans équivalent en Orient où, « bien ordonnée », la charité active se devait de « commencer par soi-même », à savoir l’application individuelle du « médite et deviens d’abord bouddha pour pouvoir vraiment aider les autres un jour ». Guère compréhensible pour les modernes, ce primat de la contemplation sur l’action a eu au moins le mérite de limiter - un peu - l’implication des institutions bouddhistes dans les affaires temporelles. D’où peut-être, une plus grande facilité que leurs homologues chrétiennes à appliquer des idéaux de compassion communs…"

C’est vrai que le volet social du bouddhisme est plutôt succinct, et que les instrumentalisations massives du catholicisme sont traitées par euphémisme, mais "le monde des religions" est un magazine multiconfessionnel, qui s’adresse sans doute à l’improbable lecteur éponyme.

Avant de me rendre à un enseignement bouddhiste, j’ai poireauté 25 ans en rongeant mon frein - celui de l’immobilisme - en me disant que ç’aurait été aussi ridicule de ma part que d’aller me faire évangéliser par des missionnaires cathos si j’étais un black vivant dans des régions reculées de l’afrique subaustrale.
Or, le regard que les maitres portent sur nous avec leur redoutable acuité (ainsi que sur les progrès que nous pouvons éventuellement manifester dans notre pratique et dont je ne peux que supputer le succès au vu des têtes qu’affichent les membres les plus avancés de la sangha vu que j’ai pas commencé à m’y mettre) sont sans équivoque et accréditent cette évidence : nous sommes effectivement des sauvages ignares et incultes, la tête farcie de concepts mortifères, inutiles et contre-indiqués, ce qui en dit aussi long sur leur compassion que sur leur habileté à nous piquer nos sous pour sauver leurs traditions de l’oubli.

Je reviendrai sur les raisons qui m’ont poussé à trainer mes bottes vers cette tradition et ce qu’elle peut m’apporter.

Commentaires

  1. Ne te sousestimes pas John, les maîtres bouddhistes sont à l’abri des bassesses de ce monde mais ils sont peu nombreux. Avant de devenir lama, on doit passer des années à devenir moine et là c’est pas facile du tout car le nombre de règles à observer est pratiquement le même que chez les cathos. Voici la réponse à une question posée à un lama sur “savoir si les moines/nonnes bouddhistes prononcent des vœux lors de leur ordination, comme c’est le cas en occident. Si oui, quels sont ces vœux ? Et quelles peuvent être les sanctions si le moine/la nonne ne respecte pas ses vœux ?
    http://www.geocities.com/athens/Forum/2359/qregles.html

  2. Comment pourrait-on se mettre à l’abri des bassesses de ce monde ? Le samsara nous cerne de toutes parts, il ne nous reste plus qu’à apprendre à nager dedans, et certaines bouées pourraient s’avérer fort utiles.
    Merci pour ta collèque de rêgles moniales, que j’avais déjà en double :http://www.dhammadana.org/samgha/vinaya/227.htm
    ce qui est cool dans le bouddhisme, c’est que tout ce qui n’est pas interdit est fortement recommandé ;-)
    précisons néanmoins à nos lecteurs les moins avertis qu’il n’en faut pas tant pour commencer à pratiquer sérieusement.

  3. salut john,,

    jme ferais sans doute une petite retraite vipassana..

    je lisais dans un bouquin du dalai lama… qu’on pouvais apprendre dans les bouquins puisque les charlatans sont légions…

    mais au vue de ton parcours… tu va etre difficile à berner..

    je te laisse ce lien vers des mp3 que j’ai trouvez excelent http://www.geneva-vihara.org/ (case mp3)

  4. p’tain c’est la rentrée, mais c’est déjà noël !
    pour le vipassana, tu as une bonne approche avec www.dhammadana.org mais pour la retraite, je pense que tu peux te fier aux bons tuyaux de la mère flo :
    http://www.french.dhamma.org/
    la blague du dalaï-lama est une preuve par l’absurde.

  5. Il me semble lire une délicate pointe d’ironie dans le dernier paragraphe, non? ;)

  6. ah vraiment, je ne puis t’emprunter un de tes célèbres effets de manche (”je reviendrai plus tard sur…”) sans que tu viennes chercher ton pourcentage !
    les raisons qui m’ont poussé sont évidentes, et je ne compte effectivement pas faire étalage de mes progrès dans cette gazette.
    merci à toi de m’avoir pointé l’erreur.

samedi 26 août 2006

des séductions de la publicité



Commentaires

  1. Ok cher John, on s’occupe de ton blog pendant que t’es pas là (1 semaine c’est quand même long)
    Tu parles donc de propreté, il se trouve que je viens à l’instant de déposer un autre commentaire sur un autre blog sur le même web.
    Ma remarque portait sur les commentaires (peut-être un jour oserais-je des annotations au sujet des remarques portant sur les commentaires)
    Beaucoup d’internautes donc, déposent ici et là ce que j’appelle des caca-commentaires, à l’instar des chiens sur les trottoirs.
    Cela va du “t’écris n’importe quoi” à “je m’en tamponne de ton psy”
    Faut-il apprendre le caniveau aux internautes?

    Voilà…
    J’espère que j’ai été propre…

  2. Tu cites Aubade, mais ce n’est rien à côté de la pub Perrier, qui montre un homme versant de la boisson pétillante dans un verre situé à la hauteur de son pénis, pas très loin de la bouche ouverte d’une nana allongée. Vraiment, ils prennent les gens pour des cons! Remarque…

  3. Klod, j’attends avec impatience tes annotations portant sur les remarques afférentes aux commentaires.

    Ah oui, la pub Perrier : il n’aura pas échappé aux plus vigilants de nos petits lecteurs que son esthétique est entièrement repompée sur le magazine Hustler, qui ne fait effectivement pas dans la dentelle. Aux autres non plus, d’ailleurs, bien qu’ils y réagissent de façon peut-être plus pavlovienne, accréditant ainsi l’histoire qu’on entend ici et là sur la célèbre boisson gazeuze : un mec se tape une branlette, puis il s’ouvre un Perrier, avale une gorgée, rote un bon coup et conclut laconiquement :”après l’amour, le champagne !”

jeudi 24 août 2006

des séductions de la littérature





trouvé dans Jacques Dartan, Franchir le Rubicon


PIERRE :

Attaquez-vous à présent à votre langage. J’emploie le mot « attaquer » dans son sens le plus désagréablement littéral : il s’agit d’une vraie guerre. J’expliquerai tout à l’heure pourquoi nous devons nous interdire de proposer un modèle de la langue qui devra devenir la vôtre. Mais l’exemple d’un ou deux textes bien caractéristiques des dangers qu’il faut éviter serait utile. Pouvez-vous, Bernard, nous en proposer un ?

BERNARD :

J’en sais par coeur un modèle admirable. N’essayez pas de résister aux séductions de la langue de Jean Rostand : c’est impossible. Ecoutez s’achever un de ses livres :
« Alors l’espèce humaine passera comme ont passé les Dinosauriens et les Stygocéphales. Toute vie cessera sur la Terre qui, astre périmé, continuera à tourner sans fin dans les espaces sans bornes. Alors, de toute civilisation humaine ou surhumaine, découvertes, philosophies, idéaux, religions, rien ne subsistera. En ce minuscule coin de l’univers sera annihilée pour jamais l’aventure falote du protoplasme, aventure qui déjà peut-être s’est achevée sur d’autres mondes, aventure qui en d’autres mondes peut-être se renouvellera. Et partout soutenue par les mêmes illusions créatrices des mêmes tourments, partout aussi absurde, aussi vaine, aussi nécessairement promise dès le principe à l’échec final et à la ténèbre infinie. »
Quel merveilleux échantillon de langue artiste ! Jean Rostand est voluptueusement pessimiste et il se projette si bien sur l’univers que, peinte par lui, son image devient un portrait de Jean Rostand. Les « illusions » dont il parle sont créatrices « partout des mêmes tourments », mais, à l’écouter, elles ne créeraient et n’auraient jamais créé de joies ! J’aime à croire que les tourments de Jean Rostand lui sont des joies, mais quel viol de la théorie des ensembles ! Admirez au passage « Les Dinosauriens et les Stygocéphales », qui sont cousins germains de « La fille d’Agénor et de Léocadie », cette soeur jumelle de « La Fille de Minos et de Pasiphaé » : ce sont des trucs de métier qui ne manquent jamais de « faire bien ». Mais admirez surtout « promise dès le principe à la ténèbre infinie » : quelle splendeur ! C’est à la fois du Bossuet et du Baudelaire, saupoudrés d’un rien de Rembrandt ! Non, il n’y a pas d’écrivains plus doués que Jean Rostand. Mais la pensée qui s’exprime dans ces phrases si belles, comment, Philippe, la résumeriez-vous en un minimum de mots ?

PHILIPPE :

Merde !

BERNARD :

Pour faire part de son chagrin au peuple, je préfère la langue de Jean Rostand. J’admets que Philippe est plus
expéditif, mais vraiment trop sommaire !

mercredi 23 août 2006

Prolégomènes à tout amphigouri qui voudrait me faire passer pour un sycophante




Lu dans un commentaire de Flo sur son blog : "Quand on pratique honnêtement, que ça soit du chi-qong, du dzogchen ou autre, on doit grosso modo se rendre compte des mêmes choses (à savoir de notre propre connerie et prétention.) Je pense que c’est cette angoisse de me retrouver face à des broutilles dont j’ai finalement fait mon fonds de commerce qui m’a retenu jusqu’à aujourd’hui de m’inscrire à cet enseignement.
Qu’ai-je à perdre ? y peuvent difficilement me faire un deuxième trou.
D’ailleurs, le chat de Geluck nous prévient gentiment : "se rendre compte de sa connerie est un signe d’intelligence". Mais beaucoup achoppent, et je suis poli. Sa photo prouve qu’en plus, on se demande bien comment les Egyptiens ont pu vouer un culte à ces animaux, mais je la ramènerai pas sur les mystères de l’idolâtrie aujourd’hui. Mon propre matou a survécu à deux accidents mortels et persiste à traverser la route au mépris des camions, alors total respect.
Ah oui, j’allais oublier le poème, qui résume avec une grande élégance bien des propos "sic transit gloria mundi" que j’ai pu tenir récemment.
En fait il s’agit d’une chanson apparemment composée par "Trout Fishing In America ", un groupe qui a emprunté son nom à un roman de Richard Brautigan, et qu’un gars comme Sanseverino ou Thomas Fersen pourrait judicieusement adapter en français, mais dont j’ai trouvé une version plus roots que trout sur le site de Craig Robertson à réactualisation aléatoire.

Dead Egyptian Blues

Oh Mister Tut what good’s it do
They love your chair but nobody cares for you
Egyptian nights were never colder
And all your friends are thousands of years older
Whatever happened to that gang down by the Sphinx
Seems they’re only fourty winks away
Those girls from Cairo with their belly button jewels
Made you play the fool yesterday yesterday
Now you keep in shape with Elmer’s glue
Man you’re all wrapped up in them dead Egyptian blues
Oh Mister Tut they love the mask
But do they love you honey sweetheart don’t ask
Where’s those baby browns and that pearly smile
That smile that drove ‘em wild by the early Nile
You make one terrific hieroglyphic don’t you bro’
Centuries of standing sideways turned you to a pro
Those girls from Cairo who filled your heart with lust
They’ve all turned to dust yesterday yesterday
And those bandages didn’t do that much for you
Man you’re all wrapped up in them dead Egyptian blues
Oh Mister Tut they dig the tomb
All that gold leaf brightens up a room
But what’s the diff when you’re stiff what riff they’re playing
When your ears have spent five thousand years decaying
What does it matter what possessions you may boast
When you’re just a ghost it’s only jive clive
Your sarcophagus is glowing but your esophagus is showing
Who cares how rich you are love
When you look like Boris Karloff
And they even named this dog food after you
Man you’re all wrapped up in them dead Egyptian blues
Oh Mister Tut you wait and see
Another few thousand years they’re gonna dig up me
And I’ll have all my little treasures near at hand
A CD of Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band
A little dried out Maui wowee crumbled in a bong
A letter from my honey saying Love you kid so long
Some peanut butter sandwiches that have long returned to sand
Not much gold or silver but Tut I think you’ll understand
That in my way I’ll be just like you
All wrapped up in them dead Egyptian blues.


Commentaires

“Qu’ai-je à perdre ? y peuvent difficilement me faire un deuxième trou.”
Non, ils vont juste te donner les outils te permettant de te rendre compte que tu n’est qu’un trou…sans les bords autour…enfin ça va prendre un moment quand même, bonne retraite ;o)

La vie met longtemps à devenir courte (2)

Soldes avant inventaire.
Il y a 20 ans, juste avant d’avoir tenté de franchir un canyon espagnol avec la saxophoniste à bord de la Mercedes de son amant maudit, je m’étais épris de la flûtiste du groupe de variété-rock que nous avions formé sous l’égide d’un auteur-compositeur interprète de la rive gauche de la Garonne. 
A un point tel que à peine sorti de l’hôpital, la passion amoureuse me fit oublier ma timidité afin de la séduire. Faut croire que mon bras paralysé et ma mâchoire brisée rehaussaient d’un charme indéfinissable l'hésitation habituelle de ma démarche. Mais elle sortait avec le batteur, qui était un de mes meilleurs amis. Le dilemne moral se révéla soluble dans la promesse de bonheur, et elle finit par céder à mes avances. Ca dura quelques mois, puis j’eus l’idée de la présenter à mon meilleur ami, avatar très présentable de Corto Maltese.  Je ne faisais pas le poids. Le dilemme moral se présenta aussi à eux, qu’ils résolurent de façon inédite en m’invitant à partager leur relation; je tins huit jours, puis ravagé par l’intensité des forces contradictoires qui m’agitaient et surtout me dépassaient, je m’enfuis épouvanté. 
Corto resta 3 ans avec elle, ils connurent tout un tas d’aventures extraordinaires en Inde avant d’aller vivre aux Antilles, où elle le quitta pour un Américain de passage. 
Sur les cinq petits amis successifs que je lui connus, j’observe qu’il y eut : 
-un héroïnomane (je crois qu’il l’était avant de la rencontrer, mais à mon avis ça s’est pas arrangé après) 
-peu après leur rupture, mon ami batteur est rentré dans une secte. Aux dernières nouvelles il y est encore. 
-Je devins alcoolique et fis une brève incursion dans l’homosexualité, pour me punir de ma bêtise et de mon malheur, mais ça ne marcha pas aussi bien que je l'aurais souhaité... 
-Corto s’engagea à Médecins sans Frontières comme on entre en religion. Vingt ans plus tard, ayant plus que renoué le contact avec lui, je me vis un jour proposer de retenter l’expérience à trois en compagnie d’une autre égérie sublimissime que je lui avais présentée entretemps. Je songeai au proverbe chinois "si ton meilleur ami te baise, ne bouge pas : il pourrait jouir", mais j’appréciai secrètement sa constance et sa détermination (et obtins une évaluation gratuite de la mienne.) Désormais rien ne presse, et je vais sans doute attendre une prochaine vie pour le recontacter. 
Il y a des rencontres déterminantes, qui vous révèlent votre capacité à vous dépasser ou au contraire à vous enfoncer dans vos propres sables mouvants, qui ressemblent finalement beaucoup à ceux du voisin. Mais tant qu’il s’agit d’émotionnel, des orages sont prévisibles en fin de journée, et les destinées ne semblent jamais pouvoir s’inscrire hors des mêmes cercles du plaisir, déplaisir, frustration, plénitude, pertes et gains, charbon, spiritueux, ramonage et fumisterie. Les mêmes briques font les mêmes murs, modulables à l’infini et il faut tout le talent et la roublardise d’un Jim Harrison pour en faire des contes pour vieux enfants qu’on sirote le soir à la veillée comme un bourbon hors d’âge. (Russell Banks est moins porté sur l’enluminure et d’une autre âpreté quand il s’agit de mettre en relief les inconvénients d’être pauvre dans un pays riche, voire pauvre dans un pays pauvre.) 
De cette histoire, j’aurais pu déduire un certain nombre de règles quant à la conduite de ma vie affective, ou me mettre à ruminer sur le nombre de salamalecs qu’il faut déployer pour se mettre un jour une princesse au bout du gland. Pas du tout, je suis reparti comme en 14, et je n’ai dû qu’à la Providence® de faire par la suite des rencontres moins violentes et plus constructives. 
Il était commun de partager les filles, les musiques, les pétards et les emmerdes chez les post-ados du début des 80’s, qui se prenaient dans la tronche les échos de la culture hippie comme la lumière d’une étoile morte sans bien savoir de quoi il retournait à la base. 
Et la promiscuité sexuelle était vécue comme une promesse d'abondance. 
Alors, certes, aujourd’hui encore une photo de facture donne le mal du pays, surtout quand il n’existe pas ou plus, mais les polytraumatisés postmodernes de la beauté féminine n’ont même plus avant d’entrer à l’abattoir ce quart d’heure magnifique "où les épiciers se prennent pour Montherlant" comme chantait Brel, leur propre corps déserté, profané et souillé comme un temple abandonné dans lequel les touristes pressés viendraient faire leur besoins juste avant de remonter dans le bus. 
-et l’Américain ? on reste sans nouvelles. 
Comme on dit à France 3, "négligence ou malveillance ? c’est ce que l’enquête devra déterminer."