vendredi 30 décembre 2005

les aventures d’Eros et Thanatos en Irak



Photos de guerre atroces contre un accès libre au Net porno
Article paru dans l’édition du Monde du 01.10.05
Chris Wilson, 27 ans, entrepreneur en Floride, s’était aperçu que les soldats postés en Irak ou en Afghanistan ne pouvaient pas accéder aux services de son site Internet, faute de pouvoir payer avec une carte de crédit domiciliée aux Etats-Unis. Il leur a proposé un marché : s’ils postaient des photos de leur vie quotidienne, il leur accorderait un accès gratuit à son site. Ainsi a commencé un commerce qui attire maintenant plusieurs milliers de militaires.
Les soldats ont envoyé des photos de scènes ordinaires et aussi de scènes dites « sanglantes ». Chris Wilson les a postées en accès libre sur son site, avec une mise en garde : « A éviter si vous êtes sensible ou si vous avez un problème avec les terroristes morts. » On y voit des corps mutilés, des têtes explosées. Les auteurs ont ajouté des légendes humoristiques : « Celui-ci, c’était pas son jour ! » Ou des détails sur le calibre des armes qui ont permis d’aboutir au résultat présenté.

En échange, les soldats obtiennent un accès complet aux photos pornographiques publiées sur le site. Chris Wilson estime qu’il défend les soldats. « De leur point de vue, c’est une vision non censurée de la guerre, a-t-il expliqué au Washington Post. Ils s’expriment sans être filtrés par l’administration. » Le Council on American-Islamic Relations, une association d’Américains musulmans, a écrit le 27 septembre au secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, pour lui demander d’ouvrir une enquête sur le fait que des militaires « utilisent des photos de cadavres d’Irakiens comme une monnaie d’échange pour gagner l’accès à de la pornographie sur Internet ». Selon le Washington Post, le Pentagone a enquêté, mais l’authentification des photos, des lieux et des unités est difficile.

L’armée estime qu’elle ne peut pas grand-chose contre le site de Chris Wilson. Mais elle est mobilisée pour essayer de ne pas avoir à publier les photos des sévices d’Abou Ghraib. Jeudi 29 septembre, le juge new-yorkais Alvin Hellerstein a ordonné cette publication pour la deuxième fois, au nom de la liberté de l’information. Pour le Pentagone, la diffusion de ces photos mettrait en danger la vie des soldats en attisant l’animosité dans les pays où ils sont déployés.

obnibulé par les sushis




Essayez de faire dire "obnibulé" à un asiatique. Déjà que "obnubilé" ça va lui causer des sushis sur le plan phonétique… par contre, nous, les damnées faces de fromage blanc, (par opposition à ces damnées faces de citron chères à Buck Danny) on est assez nombreux à faire la faute, plus souvent à l’oral qu’à l’écrit. Quelque chose à voir avec la fréquence ondulatoire des voyelles o, i, u, é dans un mot de 4 syllabes.
Hé ben demain je serai obnibulé par mes parents et mon frérot qui débarquent pour quelques jours avec leurs karmas konkomitents au mien. Et je pourrai achever le post sur les consternations familiales dont j’ignore encore où il veut aller, enthousiasmé que j’étais par le jeu de mots sur le bouquin de Hellinger qui n’a finalement induit aucune réflexion transcendante. Pour aujourd’hui je peux faire mes voeux pour 2006 : je vais sans doute commencer à flipper de retomber dans le porno quand j’atteindrai les 4 mois d’abstinence (mon précédent record établi en septembre) et si je ne flippe pas, je vais nourrir une confiance excessive du fait de l’éloignement du symptôme au fur et à mesure que j’avance dans le temps, bien qu’un récent documentaire de quantic mechanics, what the bleep do we know ? suggère que toute cette histoire de temps n’est que de la couille en boite. Bref, il est de toute façon certain que je vais pas me transformer en entité plus saine du jour au lendemain, et que même rythmée par une volonté quotidienne de pas me retrouver un jour prochain le froc baissé devant mon ordinateur, et des efforts constants pour modifier mon hygiène de vie, ça va devenir rock’n'roll dans les prochaines semaines. C’est pourquoi j’ai repris des activités aux AA et que je remets le nez dans le programme "que ta volonté soit faite et non la mienne", je pensais pas qu’on pouvait en voir la duplicité ET l’appliquer quand même. La quète de l’honnèteté et de la sobriété émotionnelle, la nécessité d’un inventaire moral constamment renouvelé assorti de sa panoplie d’actes salvateurs sont suggérés non par vertu mais par confort, pour continuer d’échapper au produit, le mensonge étant considéré comme le Furoncle Premier au Cul de la Conscience qui engendrera la démangeaison d’où découleront des tentatives désespérées pour réduire l’irritation au lieu de s’attaquer aux Causes.
Bref, le sevrage n’est pas le but, mais tant qu’il n’est pas acquis, on ne peut rien faire. Vu le faible taux de réussite par rapport au nombre de participants au forum, ne pas se croire plus malin que les autres. Pour l’instant c’est l’égrégore puissance supérieure/éloignement de l’ordinateur qui gagne, loin devant le trip "combattants des forces obscures". Donc je tiens à recentrer préventivement ma politique éditoriale de 2006 dans l’axe "nous avons avoué à Dieu, à nous-même et à un autre bloggeur la nature exacte de nos torts" au lieu de vouloir jouer dans la cour des grands dont ma carte de bibliothèque ne me donne pas le libre accès, contrairement à ce que je voulais croire. Mais je me réserve le droit d’exfiltrer ici ce que j’entends ailleurs et qui me plait, et qui m’aide à continuer, et que j’aurais hésité à balancer sur le forum. Ici, j’ai un rédac-chef confus, mais cool.
"Il y a deux façons d’exister : être une star, ou une victime. Les deux à la fois c’est encore mieux. Donc si tu vis avec un mec addict, ça fait vraiment de toi une super victime, et si en plus t’es capable de le supporter, alors en plus t’es une star. Il y a aussi des gens qui se font des cancers pour ça, pour avoir le plaisir de montrer à tous que leur situation est vraiment terrible, et qu’en plus, ils survivent. (…) Quand elles (les codépendantes) en auront marre de souffrir, elles ouvriront les yeux, mais pas avant. Il y a bien trop d’avantages." Je le prends aussi pour moi, et je me le mets là, c’est pour allumer personne, ni les co- ni les deps, je trouve qu’on peut l’essayer sur soi avant de s’étouffer d’une vertueuse indignation, en tout cas moi je joue avec depuis quelques heures et j’en suis très content. J’étais insatisfait de ma propre formulation "faire le malin avec ses déficiences", au moins là c’est net et sans bavures, et ça dégage les bronches, comme m’a fait beaucoup de bien la semaine dernière le fait de repérer ma jubilation à déclencher une colère gratuite et sans cause, à susciter la crainte et les émotions négatives puis à résorber le tout pour ne pas gâcher le repas (je m’entrainais pour le réveillon).
Par ailleurs, je voulais remercier Dado, dit Basilus, dit L’homme au chapeau, dont le blog traite avec humour, rigueur et humanité de sujets variés qui rappellent à point nommé que l’intelligence ne sert pas qu’à se lamenter d’en avoir trop, pas assez ou à prétendre s’agacer de sa nature grumeleuse. Et je suis très étonné qu’il ait mis mon blog en lien sur le sien, et cet étonnement en dit plus long sur moi que sur lui, en tout cas je vous jure qu’on n’a pas fait de webcam ensemble.

Commentaires

  1. Apparemment je vais bientôt avoir au cul tout le syndicat des femmes de cyberdépendants.
    Depuis hier mes connexions ont doublé, je pense qu’il doit y avoir du rififi dans les chaumières. Mon blog sera bientôt référencé comme pire que les sites pornos.

  2. j’osais pas t’en parler mais vu que tu abordes le sujet… dois-je me considérer comme cause contributive ? bah, chacun son landerneau, et t’en as vu d’autres….
    aujourd’hui sur le forum, on a eu un témoignage féminin qui s’inscrivait dans l’exacte trajectoire de ce que tu décrivais. Ca n’avait jamais été aussi flagrant.
    Putain de synchronicité !

  3. Merci pour ton commentaire très élogieux.

    Je trouvais que tu écrivais très bien, avec un style plein de variations, de surprises et de rebondissements, et donc quand j’ai vu que tu avais mis mon blog en lien, ça m’a paru normal de faire de même.

    Je tiens cependant à préciser que Dado n’est pas l’Homme au Chapeau. A cause du titre, tout le monde voulait me faire porter le chapeau, j’ai du en changer (de titre, pas de chapeau). Mais ce n’est pas du tout ça ! Comme disait Sartre (ou à peu près) : “l’homme au chapeau, c’est les autres”.

  4. sauf à avoir récemment abusé des psychotropes, il me semble que c’est toi qui as mis mon blog en lien, suscitant mon commentaire. Heu non, c’est pas ce que je veux dire, ça fait népotisme de bas étage. Ce que je veux dire, c’est que c’est l’homme qui fait le chapeau, et que ton blog manque d’une photo pour savoir si le chapeau fait l’homme.

dimanche 25 décembre 2005

Les consternations familiales



Commentaires

  1. bonjour,

    merci pour votre blog. journaliste, je suis en préparation d’un dossier sur les nouvelles dépendances et je souhaiterais en parler avec vous. serait-ce possible?
    morgane (morganelemoal@hotmail.com)

  2. Bravo pour ce blog, je suis actuellement en train de prendre réellement conscience de ma dépendance et… y’a du boulot ! et votre espoir est immense on va retrousser les manches et regarder la vie en face ! Merci

samedi 24 décembre 2005

Petit conte pornoël


A l’approche des fètes de fin d’année, les buveurs abstinents commencent à regarder d’un drôle d’air les buvettes improvisées qui vendent du vin chaud dans les rues illuminées, et les sexoliques recommencent à souffrir de cette incoercible compulsion à vouloir à tout prix se mettre les boules dans le sapin, malgré le danger d’entrer en contact avec la guirlande électrique. Ils ont chacun dans leur coin transformé le plaisir en souffrance, et le regrettent amèrement. Sans compter tous les cyberdépendants qui s’astiquent le blog en se disant qu’ils attendront 2006 pour décrocher de l’ordinateur et entrer dans la vraie vie. Bref.
J’ai un copain qui dit "De mon côté, noël est une période bénie des dieux, comme l’hiver par ailleurs, car la plupart des filles se baladent en col roulé. L’été, c’est autre chose. Là c’est épouvantable!"
J’ai volé le dialogue suivant sur un blog spiritualiste en rêvant que ça ferait avancer le débat (je suis pas assez riche pour acheter mes idées en ce moment).
"On considère généralement un fantasme comme une action potentielle. Tu dis qu’elle est purement virtuelle. Comment le prouver ?
-Pour ta question, il suffit d’essayer les 2 options :
- Essayer de vivre ses fantasmes. 1) on s’aperçoit que ça les bride sérieusement. En fait, si on doit s’en tenir à ce qui est réalisable, c’est pauvre. 2) et quand on les réalise, ce n’est jamais ce qu’on espérait. Par exemple, on peut se dire "ouah, quand je baiserai avec mon psy ça sera génial". On le fait, et finalement c’est nul. Ou tu peux te dire que tu voudrais baiser 15 nanas et à la 3è t’as déjà envie de rentrer chez toi.
- Déconnecter carrément les deux et voir ce qui se passe. Là, les fantasmes prennent des extensions tellement inattendues (et vastes) que l’idée qu’on pourrait vouloir les réaliser ne vient même plus à l’esprit. C’est un peu ce qu’on fait les dessinateurs de chez Marvel avec Thanos. D’abord on lui file le cube cosmique, il peut faire ce qu’il veut, mais quand même c’est limité. Alors on lui donne le gant de l’infini. Là il maîtrise le temps, l’espace, les âmes des gens, l’énergie et je ne sais plus quoi. Pas assez. Alors on lui donne le coeur de l’univers. Là, il ne maîtrise plus, il EST la chose, les atomes et les galaxies, et tout ce qu’il y a entre les deux, de tous temps et dans toutes les dimensions. Là, le scénariste est allé au bout du fantasme de la toute-puissance (renseignement pris, c’est l’état des bouddhas, mais on ne l’obtient pas avec un artefact). Il est également allé au bout du fantasme de la destruction, puisqu’à chaque fois il y a de plus en plus de casse. La première fois je ne sais pas ce que c’est, la 2è fois c’est la moitié des gens qui disparaissent et la 3è fois c’est l’univers entier (cependant on nous explique que ce coup-ci c’était nécessaire). Quoi qu’il en soit ces BD sont jouissives, mais quand je vois le matin que je ne peux même pas éradiquer une vilaine araignée noire de ma salle de bains, je vois la distance qui existe entre l’imaginaire et la réalité. Pour le sexe c’est pareil. Si tu t’imagines absolument tout ce que tu veux (ce qui n’est pas si évident, on a pas mal de tabous de ce côté, et on en a tant qu’on s’imagine que le fantasme appelle, même partiellement, sa réalisation), il ne reste plus rien que tu veuilles vivre dans la réalité, et tu es au moins débarrassé d’un truc chiant.

La sexualité étant ici assimilée à un truc chiant, il faut voir en quoi la théorie et surtout sa pratique peut desserrer le noeud coulant que le dépendant
se passe autour de la gorge dans l’espoir toujours déçu de découvrir les secrets de la suffocation. Je ne dis pas qu’il faut appliquer les instructions à la lettre. Je pense qu’il y a ici de quoi manger pour les plus affamés & démunis (après les artistes de la bouche et du pied et leurs cartes postales terrribles, ceux de la p.. et du c… vont passer parmi vous avec un choix de jpeg à la portée de toutes les bourses, avant qu’on aille tous se finir à la main à la messe de Minuit)
Le postulat de départ : tant que l’imaginaire colle à la réalité, on est obsédé par la réalisation éventuelle de ses fantasmes a le mérite d’ouvrir de nouvelles voies au dépendant en voie de sevrage : désolidariser les deux; l’inverse exact de ce que l’industrie pornographique lui propose.

Commentaires

  1. Tiens, on dirait que le blog sex-addict a disparu.

    Rédigé par: flo | le 27 décembre 2005 à 07:58| Alerter
  2. oui, la santé de notre ami Spirit est un peu branlante en ce moment. Je ne pense pas qu’un blog soit son meilleur soutien possible. d’ici le 2 janvier, si la cause t’émeut, tu pourras avoir accès aux archives du forum, qui sera gelé et ouvert au public “en l’état”.

    Rédigé par: john | le 27 décembre 2005 à 11:33| Alerter
  3. Bah bah bah…

    Qu’entends-je? Des propos défaitistes?

    C’est juste que votre copain Spirit ne l’a pas eue facile, hier, au cours de son sixième jour de sevrage.

    Mais tout est rentré dans l’ordre. Mon nouveau blog est à l’adresse http://sex-addict.over-blog.net

    Héhé! :)

    Bonne journée à vous deux.

jeudi 22 décembre 2005

interruption de l’interlude virtuel

Heureusement que la folie nombrilliste du blog s’est emparée du monde occidental et que plus personne ne se risque à lire des livres, si peu interactifs. C’est une revanche de l’écrit sur l’image, ce truc de blog, encore qu’il y ait sans doute 95 pour cent de cochonneries inintéressantes qui s’y propagent, l’avantage
étant qu’aucun arbre n’est abattu pour les imprimer.

A propos de virtuel, je me disais que les logiciels de 3d vont pas tarder à permettre de modéliser des scènes de cul réalistes, si ce n’est déjà fait, ce qui éviterait au moins aux acteurs des films X l’épouvantable calvaire qu’ils endurent, cf http://www.orroz.net/porno.htm

on les remplacerait par des acteurs de synthèse, plus endurants et moins payés, comme cela semble se profiler dans le cinéma traditionnel. Est-ce que les malheureux accros au cybersexe prendraient ainsi conscience que c’est du “virtuel” ?
Retrouvé dans un vieux mail, cet échange un peu vif et toujours salubre :
T** écrit :
En fait, le remède au sentiment de fusionnalité, comme tu l’appelles, serait peut-être, de se convaincre de l’impermanence des phénomènes. Faire une sorte de cure de désintoxication pour comprendre et expérimenter que notre attente d’une identité “qui dure” sera déçue tôt ou tard.
Quand on constate que le lien de l’attachement pend dans le vide, la souffrance est au rendez-vous. On revient dans la ville de son enfance et la vieille ferme près de laquelle on jouait a été rasée. On souffre. Alors, on recrée un objet d’attachement mental, un souvenir qu’on idéalise. On écrit un roman : “la vieille ferme”. La critique hurle au génie. Ca y est : on a réussi son coup et immortalisé l’objet d’attachement en le rendant vivant dans la mémoire de cent mille personnes. Mais en fait, ce n’est jamais qu’une représentation qu’on s’en fait dans notre cerveau. Nous sommes attachés à des objets mentaux en 3 D qui tournent doucement sur leur axe quelque part dans notre tête. Gautama conseillait de méditer près d’un charnier. En fait, la Voie royale est peut être celle de l’acceptation, accepter ce qui arrive, accepter ce qui repart. Vivre à 100 % l’instant présent et ne pas se lamenter quand la roue tourne. Dormir dans un palace le lundi et dans un taudis le mardi, en s’adaptant sans état d’âmes, en acceptant. ETRE SANS ATTENTES.
Par exemple, il semblerait qu’accepter pleinement la perspective de sa mort inéluctable aide à apprécier pleinement la vie.
Quoi qu’il arrive : accepter, accepter, accepter.
Se battre pour faire aboutir un projet, mais accepter toutes les issues possibles. Agir ! mais sans attentes. Bon, c’est un avis tout a fait personnel, mais il me semble que quand on accepte totalement les phénomènes qui se présentent, une sorte de système presque immunitaire se met en place qui adouci les situations extrêmes et réalise les voeux non exprimés.

réponse de F** :

Le problème n’est pas tant l’attachement aux objets matériels qu’aux objets imaginaires. Comme tu le dis “ce n’est jamais qu’une représentation…”. Bien sûr. Mais l’attachement est l’attachement à une représentation, les “objets” sont très secondaires dans cette affaire. Voir qu’ils disparaissent, ça ne change rien. Le palace et le taudis, on s’en fout, puisque l’imaginaire peut faire ce qu’il veut.
Hier, un ami me disait :”Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent de moi, ça ne me dérange pas”. Je lui ai répondu :”Pour sûr, tu vis dans ton imaginaire. Tu as juste décalé le problème”. Là, il n’a plus rien dit, et pour cause.
Pour accepter, comme tu dis, on s’appuie sur l’imaginaire. Tout le monde le fait. La pauvre fille qui a une vie de merde se vit en Reine de la Nuit, et tout est réglé. Et cet imaginaire est dans l’instant présent, il n’est ni demain ni hier. C’est ce qu’on appelle s’appuyer sur l’instant présent, ce que font parfaitement les femmes, les enfants et les animaux. Le problème, c’est que le Bouddha ne s’appuie sur rien, et surtout pas sur l’instant présent. Le problème n’est pas de passer de demain à aujourd’hui. Il est de passer de aujourd’hui à rien du tout. Il n’est pas celui d’une identité qui dure dans son objet, mais d’une identité qui dure dans son principe. La saisie saisit des tas d’objets différents mais elle est toujours la même.
C’est pour cette raison que la mort et la réalisation sont très voisines, et que les gens ne veulent pas mourir. Tu me dis qu’accepter la mort aide à apprécier la vie. Ce que je vois autour de moi, c’est des gens qui ne savent pas qu’ils vont mourir, pas des gens qui acceptent la mort.
C’est vrai qu’il y a eu autour de moi des gens qui ont cru qu’ils allaient mourir, assez récemment, et qui n’ont pas eu peur. Je pense simplement qu’ils n’ont pas de conscience de ce qu’est la mort.
Je me range assez volontiers à ce que dit Chepa à ce sujet : “la rigidité cadavérique provient de la très grande peur qu’a eu la personne en mourant. Le corps des maîtres reste souple quand ils meurent”. Tu en connais beaucoup toi, des cadavres qui ne sont pas devenus rigides ? Faudrait demander à des médecins légistes, mais à mon avis, il y en a très peu.
Ignorer le problème n’est pas le résoudre, et pour moi les données sont simples. Quand on a pleinement accepté la mort, la vraie, celle du moi, on est pleinement dans l’état naturel, et si on n’est pas encore un bouddha, on va le devenir très vite. Je connais plein de gens qui disent accepter la mort et aucun qui soit même loin d’être un bouddha (je ne parle pas des lamas et autres enseignants du genre). Il me semble qu’il y a là une très grande inconscience, rien de plus. Comment tu fais, toi, pour défusionner de ton imaginaire ? Est-ce que tu as essayé ?

Commentaires

  1. Est-ce que la lecture de l’article que tu cites te fait voir les choses différemment ou pas ?

  2. Juste pour dire que les scénes de cul en 3D cà existe déja oui.

  3. oui, merci atlantis mais je ne pense pas que ça intéresse vraiment les addicts, qui veulent voir “du vrai”, celui dont ils sont privés dans le réel. ce qui répond indirectement à la question de flo, après lecture de ses posts sur la question : aucun spectateur outré n’écrit à un producteur de pôrno pour se scandaliser du traitement infligé aux actrices : au mieux, tout le monde s’en branle, au pire, c’est meilleur quand c’est pas du cinéma.
    http://blog.france3.fr/blogchen/index.php/2005/12/25/15485-deplacer-le-probleme-pour-ne-pas-y-voir-clair

Terreurs Hivernales



"Alors, mon p’tit John, comment ça roule en ce moment ? Ch’te rappelle qu’au départ, t’as créé ce blog pour secourir tes potes porno-dépendants et non pour t’adonner aux joies douteuses de l’auto-contemplation.
-Ben, mollo mollo, Seigneur Vador, vous savez c’que c’est : la peur me tient compagnie, la souffrance - issue - du - ressassement - du - passé - mort - sans - sépulture - chrétienne aussi, même si l’enthousiasme et la tristesse me laissent tranquille en ce moment… L’avidité, la jalousie, l’orgueil, tous les p’tits trolls qui s’agitent dès qu’on secoue un peu la boite à l’Ego pour voir c’qu’y a dedans, se manifestent encore, sous forme atténuée, certes, prêtant plus à sourire de la cocasserie de leurs costumes folkloriques, pour ne rien dire du dénuement mélodique de leurs chants traditionnels, mais je sens bien que rien n’est rêglé en profondeur. Même sans se laisser embarquer dans leurs arguties, elles font pas mal de boucan. Leur familiarité est désarmante. Les bagnoles ont cessé de cramer à la surface du boulevard, mais c’est pas des malabars à la fraise qui se dealent dans les parkings souterrains du Super U. D’ailleurs cette nuit j’ai révé que je zônais sur la page d’accueil d’un site coquin, quelques filles me faisaient de l’oeil en petite vignette, j’avais pas franchement envie de cliquer, m’enfin j’ai pas éteint ma bécane non plus. Je restais là à me dire "ah oui ben là faut pas qu’j'y aille". Il y a deux semaines, c’était plus clair, je surfais en rêve sur le forum des pornodépendants.
Ah là la, les émotions c’est vraiment l’équivalent mental des affiches 4X3 dans l’métro qui nous pourrissent la méditation dès qu’on tente de défocaliser. Et puis surtout les émotions, je ne les ressens pas, tout passe par le mental, donc je paye quelqu’un pour m’aider à les voir, mais pour l’instant les séances me permettent surtout d’évaluer l’épaisseur ouatée de ma confusion mentale et mes indécisions, à la limite mes intentions sont plus claires en rève que dans ma vie diurne. Et puis ce blog qui n’est qu’une excuse de plus pour temporiser le sevrage d’ordinateur.
- Et si tu cessais tes jérémiades, tu crois pas que ça améliorerait ton taux de Pensée Perceptive® quotidienne ?
-Pour ça faudrait me débrancher le cerveau, Seigneur Vador. Il n’est pas configuré pour la PP mais pour se lamenter de n’en point faire.
-Je savais qu’t'allais répondre une connerie dans c’genre, mon Johnnie. T’es grave mais j’t'aime bien, pis t’es un bon serviteur bien concon. Tu te rappelles quand t’as arrété de boire ? alors que tu te croyais born to drink, et que tu t’acharnais à prouver cette théorie en actes auto-destructeurs sonnants et trébuchants. Le sevrage ne t’a pas tué, même si l ‘égrégore des AA ne t’a pas vraiment reformaté, mais tu ne le souhaitais pas. Et la compulsion porno, tu ne pensais pas en sortir vivant, et puis tu vois bien qu’un jour à la fois, ça se fait, si tu prends le temps. Le tabac, pareil. La question, c’est qu’est-ce que tu vas mettre comme plusse dans ta vie, car là je ne vois que du moinsses.
Tu m’étonnes qu’après, tu te sentes tellement handicapé de la sensibilité que tu repars sur une autre addiction… Et la nénergie, John ? Faut qu’tu trouves moyen d’enlever tes pieds du tuyau et de commencer à arroser. Ta position n’est pas tenable. J’ai vu avec joie dans un de tes commentaires à ton propre blog que tu te croyais encore en 2003, que ton manque d’attention au présent te fait dériver dans le continuum à bord d’une capsule spatio-temporelle fêlée… la fragmentation de ton esprit fait plus pour le côté obscur que ton désir de transgression, somme toute très scolaire et appliqué.
-Ben j’ai un scénar à écrire avec un copain, mais je trouve pas la concentration pour m’y mettre. J’ai peur de pas être à la hauteur, alors je me fous la pression et je m’invente plein d’activités à finir avant de m’y mettre, total je m’y mets pas. Y’a ma situation professionnelle qui laisse à désirer, aussi : je me suis laissé marginaliser par mon " karma connard " et l’emploi à plein temps dans une grande entreprise de l’audiovisuel public régional que je méprisais quand il m’était accessible, maintenant qu’il est hors de ma portée je le convoite comme un havre de paix. Et mes employeurs privés semblent bien partis dans une politique de réduction des coûts qui consiste à renvoyer l’ascenseur aux intermittents, ficelés sur le ballast du sous sol de la cage, et la cabine tombant en chute libre du 12ème étage avec le câble cisaillé net.
- Pour chacune de ces peurs, il faut que tu ailles au bout de ses conséquences. C’est la seule façon de dératiser les fantômes. Plus de boulot en perspective, et donc ?
-ben, le chômage…
-et… ?
-ben, au bout d’un an, le RMI, mais j’y ai pas droit puisqu’on est en couple, donc les économies perso, les parents, mais je ne supporterais pas d’avoir des rapports de pognon avec mes vieux, on a déjà des liens merdiques, ils ont réussi à se faire inviter à noël par des moyens habiles c’est à dire en me contournant, et je ne sais plus si j’ai envie de les étriper / d’entamer un stage niveau 1 de "Prendre le blâme de manière pratique" / de les prendre comme ils sont, j’ai vu les ravages de la contrainte financière sur leurs relations avec mon frangin et comment ils l’ont réduit à une serpillère émotive…
-et… ?
-ben la déchéance, le déclassement social, la perte de la dignité, l’isolement, le chancre mou, et puis au bout, la mort, hein, le parcours normal, quoi. Mais vu que la déchéance, je l’ai connue avant, ça doit me donner droit à une dispense, et puis la mort, je refuse de me l’administrer, alors ça va être plus compliqué que ce que je pensais…
-et… ?
ben d’un autre côté, si le plan RMI-solitude-agonie bat de l’aile, il me faut envisager une reconversion, et je vois vraiment pas dans quoi. J’adore mon boulot, même si je l’exerce dans des conditions dégradées par la centralisation jacobine de la production privée et le dumping pratiqué par les p’tits jeunes qui arrivent sur le marché de l’audiovisuel local. J’ai eu la révélation à 10 ans devant Chapeau Melon et Bottes de Cuir que je voulais raconter des histoires en images, et si France 3 Nantes est plus proche du plan social que de l’embauche, il faut accepter de ne pas mourir sur le coup et de chercher dans quoi je pourrais être bon et gagner ma vie avec ça. Et surtout ne pas relire le post de Flo sur les psys et les cases à remplir. Merci pour la causette, M’sieu Vador, et meilleur souvenir à M’ame Vador.

Commentaires

  1. Si tu trouves pas de boulot correspondant à tes aptitudes, excuses moi de te le dire comme ça, mais tu serais vraiment un dugland. Effectivement, ça m’a plutôt l’air d’être la “reconversion” qui te fiche le moral par terre, alors que ce terme barbare qui nous place au rang d’unités travailleuses ne veut en fait dire que “vivre de nouvelles choses”, et accessoirement, “avoir l’occasion de choisir sa vie une nouvelle fois”. Parce qu’à dix-sept ans, je peux t’assurer que c’est difficile de mettre le doigt sur “ce que je veux faire plus tard”. Toi, t’a 35 piges (excuse moi si je te vieilli, j’ai jamais été doué en archéologie hihi,smile), de la réflexion, de l’analyse et du savoir-faire. J’ai pas encore mis un pied dans le monde du travail, mais je sais qu’humainement ce que t’a, faut pas se leurrer, c’est pas comme si c’était rien. Y’a pas d’égo mal placé à savoir ce que l’on a. Jvais te dire la chose la plus horrible, à mon sens, qu’il y a a entendre, et qui ne résoud jamais rien : faut se donner les moyens. Et toi les moyens, tu les as. Je te dis tout ça juste parce que je trouve que tu positives pas beaucoup, et je trouve ça désobligeant de la part de quelqu’un qui est passé par où tu es passé. Le passé, ça moisit au fur et à mesure que le temps passe, alors c’est sûr que si tu touilles, ça pue. Le cheminement des eaux usées vers la station d’épuration de fait tout seul, je pense pas qu’il y ai la peine d’intervenir sur le cours de ces choses là. Tout ce qu’il faut, c’est vérifier que c’est pas bouché la dessous, que ça circule bien. Moi, je te conseillerais de lever un peu le pied sur la cogite, et de te reprendre un peu en main…

  2. Tom, je vais avoir 43 ans dans 2 jours, mais l’info est aussi inexploitable que si j’en avais 22 ou 78. Le problème c’est si je m’enferme dans mon boudin pré-mortem, comme ce post semble le présager. Le branling, ce nouveau sport de l’extrème venu des USA, ne fait pas que des durillons à la bite, il fait aussi des trous dans le cerveau.
    sinon, il y a des gens qui en chient, qui font tout pour s’en sortir, et qui ne s’en sortent jamais; et d’autres personnes qui semblent ne pas fournir d’effort particulier et qui n’ont pas de problèmes affectifs, financiers ou existentiels. Je veux dire que le monde ne fonctionne pas au “mérite”. Mon attitude actuelle n’est pas très constructive, mais j’ai besoin de la voir se déployer pour piger pourquoi en changer.

  3. Not born to drink
    Not born to smoke
    Not born to porn (ça sonne bien, non ?)

    Va bien falloir que j’applique enfin le “Not born to smoke” !

    Bon anniversaire, jeune homme !

  4. le “va bien falloir” n’augure rien de bon. Si tu ne le fais pas pour toi et pour ton mieux-être (par exemple si tu veux le faire par solidarité avec tous les dépendants en sevrage avec qui tu cohabites sur le forum, histoire de partager leur dure lutte), ça sera dur.
    (Not) born to porn, ça sonne bien, oui, t’inquiète pas, c’est pas perdu.

mardi 20 décembre 2005

film d’horreur pour techniciens vidéo

Hier soir j’ai dirigé (on dit "modérer" et ça dit bien ce que ça veut dire) une réunion AA + Alanon (les conjoints des dépendants, qui viennent se soigner de la maladie de l’autre) de 45 personnes. D’avoir dû maintenir mon attention flottante pendant ces 2 heures a nettement amélioré les qualités perceptives de mon rève de cette nuit, dans lequel j’assemble les différents éléments d’un programme télé de prévention contre l’alcoolisme, habilement dissimulé en émission destinée à la jeunesse, comme j’ai pu le faire pour Dorothée ou M6 il y a une décennie; le montage a lieu dans un car vidéo prété par un important prestataire audiovisuel régional, réputé dans l’exoréel pour sa pingrerie et son stakhanovisme*: nous sommes dimanche matin et je découvre au fur et à mesure que les reportages ne sont pas encore dérushés, les dessins animés à insérer ne sont pas correctement identifiés, les magnétoscopes ne fonctionnent pas comme ils devraient… et l’émission doit être diffusée à 13 heures ! c’est que hier soir, ce car vidéo jaune citron déglingué a servi pour une prestation payante qui s’est finie hyper-tard, et que toute l’équipe est claquée… le responsable du car s’est couché à 4 heures du matin et ne sera pas là avant midi, je dois donc me débrouiller tout seul : l’enthousiasme des bénévoles ne peut rien contre l’obsolescence des équipements, l’abstinence récente de mes collaborateurs de fortune ne les sortira pas par miracle de l’amateurisme obscurci. Je vois l’heure tourner, les problèmes s’accumuler sans parvenir à les résoudre, mais c’est pas grave, je dois continuer : les circonstances antérieures dont je ne suis pas responsable rendent impossible l’achèvement de la tâche qui m’a été confiée, ce qui ne doit pas me faire baisser les bras. Mon pote super-technicien finit par se pointer et confirmer mon diagnostic réaliste : on ne sera jamais prêts à temps. Je suggère une redif. Pas de blâme. C’est exactement l’attitude qu’il me faut cultiver de jour : la ténacité.
Le fait que dans ce rêve j’exerce les talents que réclame mon activité diurne, suivre d’un doigt de gynécologue des lignes d’instructions électroniques pour y déceler l’erreur de code, appuyer sur des boutons qui refusent de déclencher la moindre action, visionner des images qui n’éveillent qu’un intérèt professionnel, finit par provoquer un ennui profond car ce songe est très réaliste sur le plan visuel et kinesthésique. Du coup je m’éveille en maugréant que si c’est ça la lucidité onirique, c’est mortellement chiant : ayant eu un doute pendant le rêve suite à son exceptionnelle qualité perceptive, j’ai focalisé sur des affiches de bédé qui ont refusé de se dissoudre ou de devenir n’importe quoi, d’où j’ai hâtivement mais fermement conclu que j’étais bien dans le réel. Damned ! Encore raté !
(*discours qui prétend que le fait de travailler sous pression produit un meilleur travail. Peut aussi être appliqué à un individu/une compagnie/un pays qui produit en très grande quantité, au détriment de la santé ou de la liberté.)

Commentaires

Salut John !
je viens de mettre le lien vers ton blog sur la page du Forum de mon site, et les liens pour écouter l’émission radio et celle de On ne peut pas plaire :
http://www.orroz.net/videosexe.htm
Bravo et merci pour tous !