Il fait aussi l'objet d'une foire d'empoigne sur Internet et dans les media, un baston perpétuel à la violence virtuelle inouïe, et potentiellement fratricide dans la Réalité Réelle Ratée, entre adversaires irréconciliables : ceux qui croivent encore en la Science, et qui attendent les résultats des recherches pour s'autoriser à en penser quelque chose, et ceux qui croivent que leur sachoir issu des réseaux sociaux est une arme contre ceux qui croivent encore en la Science.
Emile Zola, taille 44. |
Par exemple, mes voisins d'en face : certes, ils ont 163 ans à eux deux; certes, Françoise a toujours été très portée sur la médecine naturelle et la radiesthésie. Et Jean-Pierre, lui, barre quelque peu en sucette, en nous laissant son corps et des fragments de sa personnalité passée en gage, il fait un début d'Alzheimer, tout en restant discret et gentil, sans violence ni démence, juste un effacement progressif de sa mémoire immédiate ET à long terme. Mais quand j'apprends lors d'un dîner improvisé chez eux qu'ils refusent de se faire vacciner et prennent eux aussi de l'ivermectine en prévention de l'infestation au Covid_19, je fais un pronostic plutôt pessimiste, si le virus emprunte la route qui sépare chez eux de chez nous, habilement dissimulé dans une voiturette Google Maps et faisant semblant de cartographier le paysage périurbain. Et le variant indien a l'air de se sentir chez lui partout, mais surtout dans l'être humain. Même vacciné. Et puis lui, je veux dire Jean-Pierre, mon voisin d'en face, c'est vrai qu'il est un peu parti, la laissant seule aux commandes de la politique sanitaire du foyer, et quand il nous raccompagne à la grille de sa propriété, il me demande où on s'est garés, parce qu'il a oublié qu'on habitait en face depuis 22 ans, alors je sais pas si la Science les retiendrait comme échantillon significatif. Elle est chiante, pour ça, la Science, elle a des protocoles inamovibles, et des expériences en double aveugle randomisées, elle prétend que c'est le prix de la validité de ses résultats. En fait, la vérité scientifique est très relative, elle vient toujours amender l’ignorance précédente. Ainsi de nos connaissances sur le Covid, qui ont quand même permis d’élaborer un vaccin, dont les vertus sont très contestés par ceux qui ne croient plus en la science suite aux abus de pouvoir du Pouvoir. Jusqu'au jour où ils se retrouvent contaminés, et là ils croivent que c'est la faute à pas d'bol. Disant cela, je suis certainement de parti pris : la science vient de me guérir d'un cancer. Je ne vais pas cracher dans la soupe, surtout si c'est pour la reboire après.
Dictature numérique et sanitaire : Les Gauchistes ont la Peau dure et Les Idées Longues, puisque le livre date de 2007. |
"Bienvenue en Chine occidentale ! L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que les États s’emploient à convaincre de l’utilité - incontestable - du vaccin contre le Covid-19 plutôt que d’user de la contrainte. Mais M. Emmanuel Macron en a décidé autrement. Ce président qui ne cesse de pourfendre l’« illibéralisme » ne conçoit les libertés publiques que comme une variable d’ajustement. D’ailleurs négligeable, et destinée à s’effacer derrière toutes les urgences du moment - médicales, sécuritaires, guerrières. Interdire à des millions de personnes de prendre le train, de commander un plat en terrasse, de voir un film en salles sans avoir prouvé qu’elles n’étaient pas infectées en fournissant le cas échéant, dix fois par jour, une pièce d’identité que le commerçant devra parfois vérifier lui-même nous fait entrer dans un autre monde. Il existe déjà. En Chine, précisément. Les agents de police y disposent de lunettes de réalité augmentée qui, reliées à des caméras thermiques placées sur leurs casques, permettent de repérer une personne fiévreuse dans une foule. Est-ce cela que nous voulons à notre tour ?" Ce n'est pas un fleuron de la mouvance antivax qui débagoule, c'est le patron du Monde Diplomatique, Serge Halimi, qui s'énerve un peu contre la Dictature numérique, et s'insurge de la méthode employée par le gouvernement pour hâter l'amélioration de la couverture vaccinale dans le pays. La fin justifie-t-elle les moyens ?
« Dans de nombreux pays, et particulièrement en France avec les nouvelles manifestations du samedi, des oppositionnels se regroupent autour d’un slogan clair et mobilisateur : la défense de la liberté, supposée menacée par la montée d’un autoritarisme étatique, voire, pour certains, d’une dictature sanitaire. « J’ai le droit de ne pas me faire vacciner, c’est ma liberté ! » Face à cette importante minorité ancrée dans ses convictions, médecins, scientifiques, journalistes ou politiques, malgré la solidité quasi irréfutable des arguments en faveur du vaccin, non seulement ne parviennent pas à convaincre ceux qui ne veulent rien entendre, mais de plus sont eux-mêmes envahis par un malaise qui rend parfois leurs propos hésitants. Car il n’est jamais aisé de prendre position contre la liberté individuelle dans une société qui l’inscrit comme un principe fondateur. Nous sommes tellement grisés par notre sentiment d’autonomie individuelle que nous refusons de voir qu’il se déploie à l’intérieur de cadres de plus en plus contraignants, spécialement pour tout ce qui touche à la santé ou en cas de crise (ce que nous sommes en train de vivre résumant les deux). Les mesures disciplinaires actuelles n’ont donc rien de surprenant ; elles s’intègrent dans un irrépressible mouvement historique.Se positionner abstraitement pour la liberté n’a donc aucun sens, de même qu’il est ridicule (et dangereux) de revendiquer le droit de rouler à gauche ou de passer au feu rouge plutôt qu’au vert. « C’est ma liberté ! » ne peut s’appliquer n’importe quand et n’importe comment. Pour savoir si la revendication est ou non recevable, il est nécessaire de définir précisément le contexte et d’analyser l’impératif supérieur qui, au nom du bien commun, impose une restriction des libertés. [...] Ici, le débat doit effectivement s’ouvrir, car de nombreuses dérives autoritaires sont possibles, des instrumentalisations du risque pour intensifier abusivement une contrainte disciplinaire facilitant l’exercice du pouvoir. Nous avons à la fois besoin d’un intense débat démocratique, et d’un débat précis, argumenté. La liberté pour l’essentiel se gagne à petits pas, dans les détails.
Hélas, les nouvelles conditions du débat dans la société des convictions personnelles portent au contraire à des prises de positions extrêmes, intransigeantes et passionnées, spécialement dans les mouvances complotistes antisystème. Or ceux qui croient ainsi lutter au nom de la liberté ne font qu’accentuer les clivages et renforcer les tenants d’un autoritarisme plus marqué. Il serait sans doute urgent de comprendre que ce si beau principe de la liberté individuelle s’exerce en fait dans un périmètre infiniment plus étroit que ce que nous imaginons ; il faut arrêter de rêver et regarder la réalité en face.»
Feu Charb aurait pu faire la même blague en mettant le complotisme à la place du racisme. Toi y en a comprendre ? |
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C'est clair que l’ivermectine (un antiparasitaire) atténue les symptômes de la covid-19... chez les animaux. Chez les humains, résultats non significatifs. Ou plutôt, foire d'empoigne des antivax sur ce médicament, qui aurait été utilisé massivement en Inde en prévention, avec des résultats spectaculaires.
Et que dit Le Monde ?
"Dans l’article, la présentation de l’ivermectine n’est pas exacte. Elle a d’abord et avant tout été utilisée contre de graves parasitoses tropicales, les filarioses et ensuite seulement contre la gale, maladie parasitaire universelle de l’insalubrité. L’indication contre le paludisme (due là encore à un parasite) n’en est qu’aux essais. Je ne sais pas si l’ivermectine est efficace ou pas contre le Covid, ni par quel mécanisme précis elle agirait, mais l’ivermectine est peu toxique (ce qui n’est jamais dit dans l’article) car agissant sur une cible du parasite absente chez l’Homme. Comme toute l’histoire de l’ivermectine (qui a valu le Nobel de médecine 2015 à ses découvreurs) est presque un conte de fées (cf le livre Drôles d’histoires de médicaments d’origine naturelle), on aurait envie d’y croire dans le Covid. Alors, oui à de nouvelles études sur cette molécule permettant enfin de trancher sur son intérêt ou pas dans le Covid et on se fout des populistes et des complotistes."
La science avance. Mais la vérole cosmique pandémique aussi. Pour en savoir plus sur les causes, lisez "La fabrique des pandémies". Pour en savoir plus sur les traitements qui marchent, on a écrit des bibliothèques entières sur les vertus de la prière. |