Je retrouve un gros pot de gibolin, vieux de 15 ans mais à peine entamé, dans l'appentis au fond du jardin. Je l'ouvre : à vue de nez, il en reste bien 10 litres. A la surface, une mince pellicule s'est formée, sans dégénérer en l'infâme croûtasse solidifiée qui nous fait foutre en l'air les pots de peinture conservés trop longtemps dans l'attente d'éventuels raccords.
Les composants chimiques s'en sont un peu désémulsionnés, mais ça se touille, ça se tente. Le commercial de la boite de ravalement m'avait tellement vanté les vertus de cette résine acrylique avant de m'en tartiner la façade, que j'appelle ça du gibolin, autant par dérision que par hommage aux vertus réelles du produit; car le gibolin reste étanche en toutes saisons, mais permet les échanges thermiques entre l'intérieur et l'extérieur de la maison, et aussi aux murs de respirer.
Le gibolin, le vrai, avait été imaginé par les Deschiens au milieu des années 1990, ils en buvaient comme fortifiant, dégrippaient des pièces de moteur en les faisant tremper dedans, l'utilisaient comme détachant, en mettaient dans des bouillottes, etc...
Sur le couvercle du pot y'a marqué "soubassements", ça doit être la teinte qu'ils ont utilisée pour faire le bas de la façade, très hydrofuge, légèrement plus foncée, dans les tons chair malade, cireuse. Ca ira bien : mon projet du jour consiste à reboucher les fissures du mur d'enceinte de la propriété, qui a tendance à se lézarder, comme beaucoup de murs dont certains sont pourtant mes amis, puis à l'enduire de ce gibolin pâteux, perdu puis retrouvé, prodiguant à l'ouvrage maçonné un rafraîchissement inattendu à peu de frais, dont tout le quartier se moquera éperdument mais moi ça m'occupe, la route est passagère et par mauvais temps les camions maculent les façades que beaucoup de riverains laissent partir en sucette. Ca me coûte juste l'effort de mémoire qu'il m'a fallu fournir pour me rappeler où j'avais entreposé les restes du chantier de ravalement de la façade, suite à une remarque de ma femme qui trouvait le mur crado.
Les composants chimiques s'en sont un peu désémulsionnés, mais ça se touille, ça se tente. Le commercial de la boite de ravalement m'avait tellement vanté les vertus de cette résine acrylique avant de m'en tartiner la façade, que j'appelle ça du gibolin, autant par dérision que par hommage aux vertus réelles du produit; car le gibolin reste étanche en toutes saisons, mais permet les échanges thermiques entre l'intérieur et l'extérieur de la maison, et aussi aux murs de respirer.
Le gibolin, le vrai, avait été imaginé par les Deschiens au milieu des années 1990, ils en buvaient comme fortifiant, dégrippaient des pièces de moteur en les faisant tremper dedans, l'utilisaient comme détachant, en mettaient dans des bouillottes, etc...
Après travaux, il me reste bien 5 litres de gibolin. Je vais les mettre sur Le bon coin. |
Je suis stupéfait que le produit ait si peu souffert après 15 ans de stockage dans cette cabane de jardin pas du tout isotherme, où les vélos accusent le coup en se piquetant doucement de rouille, et je n'y stocke rien de sensible.
Par ailleurs, je sais en moi des richesses & résolutions discrètement entreposées depuis une durée au moins aussi longue, et dont je n'ai pas fait grand chose pour l'instant (je dis ça en comparant les résultats attendus à l'époque à ceux obtenus réellement) et dont je peux craindre qu'elles aient beaucoup moins bien encaissé l'écoulement du temps.
Si j'en retouille le pot, quand je l'aurai retrouvé, pourrai-je les remettre en branle pour m'en tartiner la façade, une décennie et demie plus tard ?
Rien n'est moins sûr, madame Chaussure.
Fin provisoire de la parenthèse métaphorique.
Si j'en retouille le pot, quand je l'aurai retrouvé, pourrai-je les remettre en branle pour m'en tartiner la façade, une décennie et demie plus tard ?
Rien n'est moins sûr, madame Chaussure.
Fin provisoire de la parenthèse métaphorique.
Un des nombreux tutoriels de bricolage de Daniel Goossens qui m'ont bien aidé à rénover ma maison. |
En ciment/maçonnerie je me trouvais assez nul, mes ponts sur le Bosphore s'effondraient les uns après les autres, mais un jour je suis tombé sur le bon tutoriel, et depuis, j'enduis mes murs de ciment pur au lieu de faire un mortier avec du sable, ça tient mieux au corps. Bon, j'en ai quand même quarante mètres linéaires à reboucher &repeindre, mais c'est pas un problème, j'ai été mis à pied pour trois mois par mon employeur unique, un grand groupe de télévision publique régionale pour lequel je suis vacataire depuis 22 ans, et qui applique une nouvelle règle discriminante envers les CDD, pour interdire à ceux-ci d'attaquer leur employeur aux Prud'hommes pour abus de recours à l'intermittence : soit t'es labellisé "CDD historique" et reconnu comme collaborateur régulier, auquel cas tu peux continuer à bosser, mais attention les conditions d'admission au club sont assez strictes :
les intermittents, cachetiers, pigistes ayant effectué 120 jours travaillés sur chacune des 3 années 2015 à 2017 ou 500 travaillés sur la période 2013/2017 en ayant travaillé au cours du second semestre 2017 (...) tous les collaborateurs pouvant attester de plus de 1000 jours payés avec FT au 1er septembre 2018 et ayant travaillé avec FT au cours du 1er semestre 2018. »
...soit tu ne l'es pas, et alors, quand tu as travaillé 80 jours dans l'année civile pour la boite, on te fout dehors remercie cesse de t'appeler jusqu'à l'année prochaine. C'est pour pas que tu deviennes dépendant d'un employeur unique, tu comprends ? ça t'encourage à chercher d'autres employeurs, et à rebondir dans le privé.
Mon cul. De l'aveu même des responsables de planning, c'est pour t'interdire de pouvoir prétendre à l'intégration en exhibant un trop grand nombre de jours travaillés. L'hypocrisie du prétexte invoqué ne trompe pas même les responsables Ressources Humaines de la boite.
Un copain m’écrit : « J'aime beaucoup l'expression CDD historique. Vu le nombre d'année de CDD que tu cumules, tu dois frôler le CDD pré-historique. Ils devraient inventer la catégorie du CDD Paléontologique à ton intention. »
A défaut d’avoir du boulot, c’est chouette d'avoir un bon copain.
Cette année la sanction m'a touché fin septembre.
Du jour au lendemain, mon contrat en cours est annulé, sans sommations.
Et je suis banni des plannings pour trois mois.
Pendant ces 22 ans de collaboration régulière non-reconnue comme telle et sans doute franchement irrégulière, j'ai toujours eu de multiples employeurs et activités, il n'y a que depuis 18 mois que FT est devenu mon seul employeur. D'où cette déconvenue à me retrouver enfermé dehors, alors que j'ai même pas rien fait pour mériter ça, plaquette Vapona.
Pour éviter de me calimériser, je songe que l'an dernier la mesure avait touché Carole M. (à l'époque j'étais "jeune CDD migrant" en Corse et j'avais autre chose en tête) et je n'avais rien dit, je n’étais pas Carole M. (et je ne le suis toujours pas à l’heure qu’il est, 13h46, mais la journée est loin d’être finie.) Et quand ils sont venus me chercher cette année pour faire un exemple, Carole M. n'a rien dit, elle bossait moins que moi et mon absence du planning allait lui ouvrir un boulevard... le temps qu'elle atteigne elle aussi les 80 jours d'espérance de vie, un peu comme dans L'âge de Cristal, quoi.
Mon cul. De l'aveu même des responsables de planning, c'est pour t'interdire de pouvoir prétendre à l'intégration en exhibant un trop grand nombre de jours travaillés. L'hypocrisie du prétexte invoqué ne trompe pas même les responsables Ressources Humaines de la boite.
Un copain m’écrit : « J'aime beaucoup l'expression CDD historique. Vu le nombre d'année de CDD que tu cumules, tu dois frôler le CDD pré-historique. Ils devraient inventer la catégorie du CDD Paléontologique à ton intention. »
A défaut d’avoir du boulot, c’est chouette d'avoir un bon copain.
Cette année la sanction m'a touché fin septembre.
Du jour au lendemain, mon contrat en cours est annulé, sans sommations.
Et je suis banni des plannings pour trois mois.
Pendant ces 22 ans de collaboration régulière non-reconnue comme telle et sans doute franchement irrégulière, j'ai toujours eu de multiples employeurs et activités, il n'y a que depuis 18 mois que FT est devenu mon seul employeur. D'où cette déconvenue à me retrouver enfermé dehors, alors que j'ai même pas rien fait pour mériter ça, plaquette Vapona.
Pour éviter de me calimériser, je songe que l'an dernier la mesure avait touché Carole M. (à l'époque j'étais "jeune CDD migrant" en Corse et j'avais autre chose en tête) et je n'avais rien dit, je n’étais pas Carole M. (et je ne le suis toujours pas à l’heure qu’il est, 13h46, mais la journée est loin d’être finie.) Et quand ils sont venus me chercher cette année pour faire un exemple, Carole M. n'a rien dit, elle bossait moins que moi et mon absence du planning allait lui ouvrir un boulevard... le temps qu'elle atteigne elle aussi les 80 jours d'espérance de vie, un peu comme dans L'âge de Cristal, quoi.
En apprenant ma mise à pied, alors que je mettais les bouchées doubles cette année encore pour prouver ma mobilité en allant bosser dans d'autres régions et leur démerder le coup en faisant l'ambulance pour les vacances et les week-ends, je me dis qu'il faut que je sois hyper-vigilant pour que l'inactivité forcée ne me fasse pas retomber dans mes pires travers de porc, le téléchargement illégal, la pornographie en ligne, signes de radicalisation sur internet et de déni du réel, et pire si affinités.
J'ai suggéré à mes collègues CDI de lancer une pétition de soutien genre « Ca nous rendra pas Steve mais ça nous rendra peut-être Warsen », je voyais déjà les cases à cocher au bas du tract :
Je manifeste mon soutien à cette noble cause en donnant :
- 100 000 €
- une clé de douze
- un organe de mon choix mais pas trop vital quand même
mais il n'y a personne de moins mobilisable qu'un salarié qui a le ventre plein et qui n'a pas lu l'Entr'aide de Paolo Servigne. Pour l’instant, je ne me plains pas de cette carence, et me débrouille pour n’être pas oisif, car l’oisiveté est mère de tous les vices.
Mais à mon âge et vu mon poids, pour rebondir dans le privé, il va me falloir un plus gros élastique.
Je manifeste mon soutien à cette noble cause en donnant :
- 100 000 €
- une clé de douze
- un organe de mon choix mais pas trop vital quand même
mais il n'y a personne de moins mobilisable qu'un salarié qui a le ventre plein et qui n'a pas lu l'Entr'aide de Paolo Servigne. Pour l’instant, je ne me plains pas de cette carence, et me débrouille pour n’être pas oisif, car l’oisiveté est mère de tous les vices.
Mais à mon âge et vu mon poids, pour rebondir dans le privé, il va me falloir un plus gros élastique.
(à suivre...)