jeudi 24 décembre 2015

Adieu Baronne (3)

















Une femme avec qui j'ai échangé des propos un peu acerbes me renvoie par la poste toute ma collection de Prométhéa en V.O. au lieu de me les remettre en mains propres.

Tu feras une rédaction en moins de 20.000 signes sur l'incommunicabilité entre les êtres.



21 mars 2015
Bonjour N*
le ouikende dernier, j’ai fait le truc que je fais jamais : farfouiller dans les vieux cartons de photos.
Je trouve ça intéressant.
a+

22 mars
Salut Mr. K !
C'est une photo retrouvée de plus, ou c'est la même que tu m'avais déjà envoyée? 
En tout cas, on avait des fringues et coiffures bien datées...
J'espère que tu vas bien, pas trop dans l'épuisement?
Je pars à P* pour rdv divers, actes notariés etc.
Te recontacte au retour;
Bizz&à+

5 mai 2015
Salut
c’est la même, mais mieux scannée.
Hé oui oui, nos parents nous habillaient avec goût.
Tu dis que nos fringues sont datées, mais à l’époque c’était le présent, et on avait la classe américaine !
Je dors toujours assez peu, mais c’est mieux que si c’était pire.
J’ai un peu perdu espoir de parvenir à se revoir dans un avenir proche, mais on peut toujours remettre ça à plus tard.
Je suis un peu charette au bureau, ça va pas s’arranger avant les vacances, et le soir je rentre chez moi quand y’a encore des bus.
reste donc le mail, le clavardage des cyberfeignants/feignasses.
J’ai passé 8 jours à P*, j’ai eu très beau temps.
Carte postale en Annexe.
J’y ai lu la moitié de ça
que j’avais volé dans mon ipad.
Je sais, c’est mal et j’irai en enfer me faire mettre par Belzebuth, ce qui me dispense papale cette année encore d’aller au Hellfest.
Le bouquin m’a fait penser à ta mère, que je ne connaissais pas.
Ca change de la SF.
J’ai appris de la bouche de mon oncle de P* que le docteur Meston était mort fou et alcoolique à Bégard.
Faut pas mollir.
Amitiés décalées
Bon courage pour la succession, a+
K.
ps : la côte de granit rose, c'est l'Utah d'cailloux avec un peu de flotte autour, comme dans les vieux films à Warsen.
Ici, avec la scripte, qui n'écrit pas, plantés dans le décor.




6 mai
Salut Mr K.
- Pas grave, on se verra quand on pourra. Je suis encore en train de remonter la pente, énergétiquement parlant.
Je connais un peu Jeanette Winterson, et j'apprécie littérairement parlant, même si je ne lis pas souvent ce genre de bouquins en ce moment en lecture personnelle: je le fais pour de la médiation professionnelle uniquement. Après? Comme tu dis bien, tu ne connaissais pas ma mère: il y a des similitudes avec Ms Winterson, que je ne vais pas développer pour le moment, et sans doute jamais par mail, mais de grandes différences aussi bien sûr, comme j'ai pu le constater et l'apprécier en voyant ma mère évoluer de manière plus douce en vieillissant. Il y avait en elle dans ces dernières années la beauté d'un rosier grimpant obstiné et plein d'épines: aïeuh!!! mais quand même, çà vaut le coup d'approcher.
La "scripte" de la photo, c'est ta chère et tendre? Je ne savais pas pourquoi, je me l'étais imaginée brune. Belle photo pleine de vie, en tout cas.
Dur, ce que tu m'apprends du dr Meston: je l'ignorais. Il a du vivre une terrible solitude à pas mal de moments. c'est un exercice quotidien, je dirais, que de persévérer à apprécier en conscience la beauté du monde. J'arrête, je ne sais pas bien exprimer ce genre de ressenti à l'écrit, sans faire dans le lourdingue.
Je ne repasse sans doute pas à P* avant cet été. Et si je peux, interceltique de Lorient et autres folies musicales du genre, pour respirer et réveiller l'énergie.
Des bises et à bientôt,
N*

Pour l’énergie, tu fais qq chose de spécifique ?
Y’a des yogas pas mal. Le Qi cong et ses avatars.
(dit celui qui ne fait rien de son corps à part déverser des clopes et du café dedans)
Je fais du MBSR.
Je m’y suis inscrit dans le cadre de la prévention de la rechute dépressive, mais le temps que j’aie une place, j’étais en pleine rechute maniaque.
Tanpitanmieux.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la pratique va à l’encontre d’habitudes bien ancrées.
Tu utilises Winterson pour de la médiation professionnelle ? entre des kids et leurs parents ? 
ça me scotche.
Ma chérie était brune. 
Tu le sais comme je sais des choses sur ta mère sans la connaitre.
Je ne m’étonne plus de rien.
C’est pas pour contredire, mais sur la photo on a l’air un peu morts.
Mais bon, c’est qu’une photo, de l’illusion en boite, quoi.
C’est pas par l’auto-idôlatrie que je vais apprécier en conscience la beauté du monde.
Remarque, sur une photo de moi et ma meuf, le risque est faible. 
Je me comprends, et ne développerai pas non plus par mail.
Ca t’apprendra à esquiver mes rébus fades.
;-)))
a+
K.

4 septembre

Salut
c’est la rentrée.
As-tu remonté la pente énergétique ?
Je te le souhaite vivement.
C’est pénible, d’être down.
Moi, je l’ai plutôt descendue, mais il faut se rappeler que ces mouvements vont et viennent.
Surtout quand on est down ;-)
Peut-être nous verrons-nous cette année ?

Amitiés
K

23 octobre

K,

Cela fait déjà quelques mois que je voulais t'écrire, sans savoir comment mesurer mes mots. Les mails ne sont pas ma formule préférée d'expression, sauf quand je n'ai pas le choix, et je les préfère informatifs. Du coup, ici, où je rentre dans l'émotionnel, mes mots ne seront pas mâchés, bien que j'y aie pensé longtemps.
D'abord, nous situer dans les cercles d'intimité: nous ne sommes pas amis d'enfance, la vie ne l'a pas fait ainsi, et nous ne sommes pas actuellement amis proches - aucun de nous deux ne le souhaite, me semble-t-il.
A partir de cela, sache que je respecte ton droit aux prises d'opinion, c'est bien le minimum dans un échange. Mais nos humours et nos manières d'échanger ne correspondent peut-être pas et certaines prises de position me blessent - et nous ne sommes pas sur un forum, où il faut éventuellement assumer.
De nos échanges, voici ce que je n'ai pas pu accepter, et je t'invite à relire le fil de mails pour te le remémorer (quant au SMS, je ne sais pas les transférer sur messagerie):
- Tu m'as exprimé un point de vue sur ma mère, je ne conteste pas que tu puisses l'avoir, mais j'ai tenté de te prévenir que c'était un territoire privé, à moi de le gérer comme je veux, et tu as ré-insisté. Même des amis de ma tribu savent ou vérifient quand je ne souhaite pas dépasser certaines limites.
- Je n'ai pas envie de devoir te justifier de ce que je fais pour soigner mon énergie, ou pas : quand j'écris quelques mots, je m'en arrête sciemment à ces quelques mots.
- Je ne souhaite pas devoir discuter par mail de ce que j'appelle "la beauté du monde", pour justifier encore une fois si je suis mystique ou non : cela ne te regarde pas, et je suis fatiguée des provocations.
(..)
- Enfin, tu me demandes si je "t'emmènerais aux Utopiales". Sache que les infos que je t'ai données sont
parfaitement exactes, mais, c'est un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Nous ne sommes pas compagnons, me semble-t-il? Si j'avais eu un ticket bonus, j'aurais commencé par mon cercle d'amis proches, puis de collègues motivés, puis de passionnés fous de SFFF.
Je te laisse réfléchir, on se reparlera dans de meilleures circonstances je l'espère, mais pas tout de suite.
Je te renverrai tes comics par la poste à l'adresse de ton choix.
Yours sincerely,

N*

24 octobre

Bonsoir N*

Pas de problème.
Je suis comme je suis.
Tu es comme tu es.
Désolé si j’ai pu te blesser par mes formules à l’emporte-pièce.
Telle n’était pas mon intention.
Perseverare diabologum.
Et je laisserai dorénavant ta mère en dehors de tout ça, j’ai assez de mal à faire sans la mienne depuis son décès.
J’ai failli me flinguer le mois dernier, je te passe les détails, c’est passé, on s’en branle.
Ca te perturbe tant que ça qu’il n’y ait pas d’enjeu dans notre relation ? 
ou notre non-relation, si tu préfères ?
Pour les Alan Moore, ça peut attendre notre prochaine rencontre.
Plutôt Moore debout que vivre à genoux.
Pour les Utopiales, je pense que tu te fais des noeuds dans le cerveau toute seule.
J’adore la SF, et j’ai rarement le temps de mettre les pieds aux Utops. 
C’est aussi le risque de claquer 200 € de livres qui traineront ensuite au pied de mon lit pendant des années.
Merci de me l’épargner !

a+
K.

24 october

C’est vrai qu’on n’a pas gardé les vaches ensemble.
So what ?
Après, je comprends que mon humour de beauf (on est tous le beauf de quelqu’un, sauf toi qui t’élèves au dessus des partis) te paraisse un peu naze, ou que ça ne soit pas ta tasse de thé.
Des connivences culturelles ne font pas une amitié, et c’est vrai qu’on n’était pas potes au CM1.
Si je te défrise, ne te force pas à fréquenter l’infréquentable.
(..) D’où cet après-coup douloureux (bien qu’il ne se soit rien passé) et le retour pour moi à une culpabilité de dimensions cosmiques (vive la SF) d’où je ne voyais plus comment me dépatouiller à part en me pendant à un arbre dans le petit bois derrière chez moi.
Ce qui m’a retenu le temps que les médicaments fassent effet, trois semaines plutôt pénibles, c’est de me dire qu’il fallait que j’attende mon chèque de fin de mois et mes arriérés Assedic pour mettre femme et enfants à l’abri du besoin.
Pourquoi je te raconte ça ?
Pour te prouver, s’il en était besoin, qu’on a chacun(e) nos béances, nos fêlures et nos disgrâces.
Je confonds peut-être intimité et impudeur.
Je pense te l’avoir déjà écrit, l'intimité, c'est quand on est bien dans une relation avec quelqu'un et qu'on se dit des choses qui ne regardent pas les autres. L'impudeur c'est quand quelqu'un reçoit quelque chose qui ne lui était pas destiné. 
J’ai appris à vivre ma vie au gré de mes fluctuations d’humeur, essayant de me rappeler un jour à la fois que ces états sont transitoires, aussi douloureux qu’ils soient, aussi futiles qu’ils paraissent.
A te lire, je comprends que je te déstabilise.
Tu te demandes peut-être ce que je te veux.
Rien.
Le plaisir est dans l’échange et le partage.
Si y’a pas de plaisir de ton côté, va pas te mettre Charles Martel en tête.

Biz
K

A part ça, j’ai rouvert ma tombe
ce qui prouve bien que les antidépresseurs, c’est de la merde.
a+

Pour t’éviter le douloureux pensum de te taper Promethea si tu as reculé devant l'édifice, je l’ai fait lire à une copine versée dans ces choses.

http://science-mystique.fr/wordpress/?p=1021

On a pas mal échangé sur le sujet, je ferai une synthèse un de ces jours  sur un de mes blurgs.
J’espère que c’était bien les Z’Utops.

4 novembre

- J'entends bien ce que tu dis, enfin je crois, même si je ne peux pas tout comprendre: je ne vais pas me permettre là maintenant de te poser plus de questions sur ce que tu vis, étant donné que je déclare moi-même ne pas vouloir développer certains éléments au-delà de ce que j'ai déjà exprimé.

Tu penses que çà me "perturbe qu'il n'y ait pas d'enjeu" dans nos échanges (celui-là me semble le mot juste, plus que "relation")? Là encore, selon moi, tu "fais ton psy". Sache que je ne nous voyais pas dans une histoire d'amour : aucun de nous deux ne regarde l'autre comme çà, et c'est tant mieux. Je l'ai vérifié une fois en te posant la question quand nous nous baladions ensemble: ta réponse m'a laissée pantoise, parce que même encore maintenant, j'ai la faiblesse d'apprécier que l'on me trouve désirable; mais soulagée (genre ouf! de ce côté-là, çà ne sera pas compliqué). Il y aurait pu y avoir une sorte de construction d'amitié, ce qui pour moi, n'est pas un enjeu: les pièces du puzzle se mettent presque d'elle même en place (ou pas), voilà tout. Là, on est dans le "ou pas", c'est comme çà.
Je ne pense pas que tu sois un grand méchant affreux ou "infréquentable": mais je n'ai pas envie d'être amenée à me sentir devoir résister, me ré-évaluer, face à des expressions de ce qui est peut-être de l'humour ou peut-être un reflet de tes questionnements personnels. Si c'est cela que tu appelles "déstabiliser", en effet je m'en protège, je protège les espaces en moi où j'ai pu établir du calme, vaille que vaille, et "work in progress". Donc, là encore, ne mélangeons pas les niveaux de proximité (ou d'intimité) dans les échanges: je laisse seulement quelques amis proches, je l'ai dit, accéder à mes territoires les plus intimes, et vice-versa, car il y a quelque chose de fortement tissé entre nous.

J'ai répondu en bloc à tes deux mails, et surtout à celui-ci, pour 2 raisons:
-parce que toi-même tu as répondu à ma beuglante: d'autres ne l'auraient pas fait. C'est une forme de courage, ou une manière de s'affirmer en face de quelqu'un, que je respecte.
-parce que ce mail-ci, ou tu parles de toi de manière assez intime, je le reçois comme ayant une intention informative, sans demande de quoi que ce soit. A ce titre, je peux donc l'accueillir, comme venant de quelqu'un qui fait état de là où il en est, à cet instant, dans sa quête de lui-même. 

Il n'empêche que, en laissant du temps, pour toi comme pour moi, je ne ferme pas la porte à se revoir dans le partage: au gré de chacun. 

J'arrête là l'écriture: bond'là, je trouve çà 1000 fois plus pénible qu'une bonne discute.
Prends soin de toi.

N*

8 november

Christophe,
Je te remercie pour tes récents messages, où tu communiques selon moi "en partage", sur des sujets qui peuvent nous intéresser l'un comme l'autre.
Je t'informe cependant que je ne souhaite pas pour le moment continuer à échanger. Je prends une pause, une très longue pause. Je n'ai pas envie non plus de t'expliquer pourquoi. Je veux juste te tenir informé du fait que, dans ma vie, il y a actuellement très peu de place pour les personnes qui tentent d'obliger l'autre à se "retourner sur son ombre".
Je te renverrai tes comics dès que possible.

Yours sincerely,
N*


Fichtre ! Dieu m'est témoin que je n'ai pas voulu ça. Et pourquoi tu ne me ramènerais pas mes comics au bureau ?
K.

Envoyé de mon iPad

11 november

Armistice unilatéral du 11 Novembre qui ne passera pas l’hiver :




Ah ça, pour ne pas boire du thé ensemble, on est là !
;-)
K.

Epilogue :


15 décembre

Elle m’a renvoyé mes Promethea en v.o. par la poste.
Je n’ai pas l’impression d’avoir fait mon Blasphémator, mais apparemment, si.



Et puis j’ai reçu cette appréciation de l’Office Cathodique, à propos d'autre chose :

20 décembre

Je me demande si tu te rends compte d'à quel point tu es "bien-pensant". Enfin c'est pas un problème, mais je me demande si tu le sais. A croire que la couche Blasphemator est juste là pour cacher la couche de bien-pensance qui a du mal à s'assumer (ce qui est logique puisqu'elle désavoue la dépendance etc). Bref bref...

Bonjour à toi

Ah là là
même pas le temps de boire un café avant d’affronter le bulletin de la météo narine à 2n chromosomes...
… pas franchement bonne, d’ailleurs, mais on fera avec…
météo qui se situe toutefois dans la gamme de coloris perceptibles à mon entendement d’aujourd’hui,
ce dont je te sais graisse de cabestan,
météo aux vents défavorables, donc, jadis prédite par l’ami breton de Blasphémator® dont je t’entretins il y a quelques semaines,
quand il s’amusait à ridiculiser le bon sens populaire 
(qui nous donne accès aux évidences vraies et fausses)
et le délit agricole près de chez vous
 à coups de faux proverbes armoricains :

« Tempête en novembre, t’en chies en décembre »
« La pipe qui s’éteint, la marée le lendemain » 
« Mémé qui pétarade, coup de tabac sur la rade » 

[là on est clairement dans un prolongement bienvenu quoiqu’inédit de cette dernière assertion] 

C’est dans ces moments-là que je me rends compte combien tu m’es précieux, comme dirait Sméagollum :

Non semper : 
- en m’aidant à reformuler des choses que je sais déjà mais que je ne parviens pas forcément à ramasser en si peu de mots, 
- j’apprécie ce format minimal compact que je peux punaiser dans ma to do list ou me faire monter en sautoir
- ce qui confirme ma nature profonde d’épicier de la pensée (un chou est un chou, un sou est un sou),
toujours un peu inquiet / jaloux de croître à l’ombre d’un Géant de la Grande Distribution comme toi (gros, demi-gros, détail, collectivités, administrations & grands corps d’Etat)

C'est l'heure où les épiciers se prennent pour Garcia Lorca
C'est l'heure où les Anglaises se prennent pour la Carmencita

(Jacques Braille,

Sed etiam :
- en stimulant mes ressources sans les estourbir d’abord au gourdiin chirurgical.
Dès lors, que te répondre d’autre que « any suggestions » ?

(..)
Donc, pour répondre à ta question, oui, je connais mon côté bien pensant.
Ce n’est pas pour autant que je m’en ouvre au tout venant, surtout si c’est pour essuyer les sarcasmes d’un troll de classe 2 sur mon blog hyper-secret.
On a sa fierté.


22 décembre

Je la croise dans une librairie spécialisée dans la SF, en faisant mes courses de Noël.
Je m'approche doucement, pour ne pas la brusquer, et lui dis " je te promets que je n'ai pas fait exprès."
Je pense qu'elle a du mal à me croire.
So what ?
Bon Noël, ma vieille.

mardi 22 décembre 2015

Adieu Baronne


La Baronne est un autre genre de Troll, moins sournois, travaillant dans la même crèmerie que le précédent. Elle doit son surnom au fait qu'elle habita jadis un immodeste castel de banlieue aujourd'hui absorbé par une zone d'hyper-commerces péri-urbains, et à son attitude hautaine franchement illégitime, même si elle est un des plus hauts salaires de la station.
La Baronne ne fut pas toujours cette caricature de bourgeoise névrosée ravagée par la souffrance égotiste ressemblant trait pour trait aux pires cauchemars de Claire Brétécher.
A une époque, on pouvait même discuter plaisamment avec elle.
Sans être une grande professionelle du journalisme d'investigation, elle faisait son boulot correctement, contrairement à d'autres journalistes de la station qui semblent souffrir de lésions cérébrales permanentes et avoir gagné leur carte de presse dans un concours de circonstances.
Mais ça, c'était avant.
Avant que sa vie se révèle à ses yeux sous la forme d'un mensonge péniblement auto-infligé puis amèrement délité à la faveur d'un divorce malheureux, suite au cocktail habituel de la part du mari, adultère, omissions et trahison, antidépresseurs, résidence secondaire en Bretagne Sud.


Déclassement, déménagement à la cloche de bois, solitude, cataplasmes au Bouddhisme, coach personnel, congés maladie longue durée, expositions photos de travaux personnels au retour du Ladakh, rien n'y fait vraiment.

Quand la Baronne t'entreprend, parce que tu as toujours eu une oreille compatissante à ses errements qui te semblaient souvent t'apprendre quelque chose sur les tiens, c'est invariablement pour te parler de sa pomme, de ses humeurs dépressives, de son enfoiré d'ex-mari qui l'a condamné à une traversée des apparences en forme de chemin de croix, et ça te laisse un goût amer parce que tu ne penses pas qu'elle verra la lumière dans cette Vie-là, elle est trop scotchée à son mal de vitre devenu sa raison d'hêtre, et que tu ne peux rien lui dire qu'elle n'interprète de travers.
Et d'abord, comment lui faire admettre que si le malheur personnel l'a rendue folle, elle en est en grande partie responsable ?

J'ai oublié de raconter l'anecdote qui avait motivé la rédaction de l'article, qui s'en passe très bien.
Un jour où l'on travaillait ensemble, au lieu de bâcler le travail, la Baronne prend une vraie décision éditoriale, courageuse, qui va nécessiter un peu plus de de temps qu'elle n'en passe d'habitude en régie, elle qui voudrait souvent avoir fini avant d'avoir commencé.
Je suis agréablement surpris.
Je m'en ouvre à elle :
"Hé ben tu vois, E*, pour une fois, au lieu de te masturber sur Facebook quand on travaille ensemble, tu fais ton boulot de journaliste, c'est bien."
Elle est évidemment outrée, parce que ma remarque désobligeante vise surtout à me venger de son égoïsme et de sa souffrance devant laquelle je reste impuissant, et mon blasphème ne sert à rien.




Avis de l'Office Catholique :

C'est apparemment chez toi un acte répétitif, qui doit te valoir bien des malentendus avec ton entourage : quand tu crois détecter une faute, tu tires d'abord, et tu demandes des explications ensuite. L'inverse, peut-être, éviterait à quelques malheureuses personnes l'horrible sentiment d'avoir fait une gaffe dont elles n'ont pas conscience. 
(...)

Et même lorsqu'il y a offense, il faut savoir que les gens sont rarement conscients de faire des offenses. Comme qui dirait, c'est "inconscient", et la part de l'inconscient dans le comportement humain est énorme. J'ai une expression pour ça : "ils sont de mauvaise foi de bonne foi". Et cela, tu n'y peux absolument rien. Si leur économie psychique nécessite qu'ils ne soient pas conscients de l'offense, ils auront des hallucinations plutôt que de voir le mal qu'ils font. Le mal n'est jamais conscient. As-tu lu Le chemin le moins fréquenté ? L'auteur, un psy, nous donne des exemples d'actes absolument diaboliques... dont leurs auteurs n'ont pas conscience.


lundi 21 décembre 2015

La colère des Justes

Le mois dernier, j’étais bien sur la jante.
Je dormais 2 heures par nuit, et même si j’étais beaucoup moins fatigué que je n’aurais dû l’être à ce régime sec, j’avais quand même d’affreux coups de barre dans la journée.
Les jours où je faisais des vacations dans une station de télévision régionale dont je tairai le nom, mais ça commence par f et ça finit par 3, j’avais découvert un local hyper-secret vaguement désaffecté (c’est à dire affecté à aucune tâche particulière) mais doté d’un lit genre infirmerie scolaire, à l’écart de l’agitation de la ruche médiatique, bien pratique pour y effectuer quelques comas à l’heure du déjeuner.
Ce jour-là, donc, sur le coup de 13h45, je me dis que je vais aller faire une petite sieste de 20 minutes dans "mon" petit nid douillet avant de reprendre mon service, l'actualité éditoriale de mon blog plutôt chargée ayant engendré un surcroit d'excitation sans objet mais pas sans urgence, ni tourment intime, ni épuisement post-rédactionnel.
J'ouvre la porte qui mène à ce local, anciennement cafétéria - salle de repos, où je m’attends à m’écrouler sur le lit de camp version hôpital de campagne que je ne suis pas loin de déclarer « mien » puisque je l'ai déjà fait un paragraphe au-dessus.

Et là, ô surprise !


Vous auriez dû voir ma tête.
Une bonne leçon sur l’impermanence.
Je renonce donc sans vertu à la sieste salvatrice, et prends mon service.
Je monte un sujet avec un journaliste. Laborieusement. 
Des fois, la moitié d'un journaliste c'est un mec qui ne sait ni lire, et il faut alors mettre la main à la pâte.
16h30. 
Les effets de la non-sieste du début d’après-midi commencent à se faire violents : vertiges, réduction du champ visuel, acouphènes, crampes vaginales, fragments d’hébétude généralisée.
Un autre journaliste entre dans ma régie. 
Il me dit « je crois qu’on monte ensemble », ce qui, dans notre sabir de spécialistes, sous-entend qu’il est passé par le chef d’édition, qui lui a dit « tu vas bosser avec Warsen » (dont le nom a été modifié pour respecter son anonymat de Warsen).
Je suis tellement abruti de fatigue, que je ne cherche pas à discuter.
Il vient de tourner un sujet, qui m’apparait foireux, mais dans cette armée des ombres du journal régional, je ne suis qu’un soldat vacataire, et je ne discute pas, qui serais-je pour juger les autres, je mets sans états d'âme mon bras armé au service de l’employeur, du mieux que je peux malgré la frugalité du salaire journalier, et qui serais-je pour me juger moi.
On commence à rassembler interviews, images et archives pour confectionner le petit plat de la ménagère de plus de 60 ans qui sera attablée devant sa télé à partir de 19 heures. 
Ca se présente assez mal.
Et Warsen, il est de Soir 3, ce qui veut dire qu’il doit avoir fini à 18 heures, pour attaquer la bobine qui sera diffusée à 22h45 dans l’édition nationale.
Le journaliste, que Warsen respecte à priori parce qu’il l’a vu blasphémer en paroles et en actes contre la bien-pensance qui pèse comme un couvercle d’auto-censure sur la ligne éditoriale du canard régional qui a du plomb dans l’aile, veut copiner avec Warsen pour s’attirer ses bonnes grâces et sa légendaire efficacité en salle de montage, Warsen ne fut-il pas jadis connu comme le Boucher de Varsovie dans le Landerneau de l'audiovisuel, et relève l’incompétence du chef d’édition intérimaire qui a attribué à Warsen cette tâche impossible à tenir dans les délais impartis. 
C’est un peu trop pour Warsen, qui s’en va râler auprès du chef d’ed, comme quoi il devra lâcher l’affaire à 18 heures pour attaquer la bobine du Soir 3. 
Warsen il est de plus en plus abruti de fatigue, il voit toute sieste se racornir à l’horizon de l’espoir qui n’est plus qu’un steak avarié sous un meuble, et ça le rend bougon.


Le chef d’édition le détrompe avec une sincérité non feinte : ce n’est pas lui qui a dit au journaliste d’aller voir Warsen pour monter son reportage.
Warsen comprend en un éclair qu’il s’est fait berner de chez berner : le journaliste, comme bien d’autres avant lui (le barrage filtrant de chef d’édition comme coordinateur entre journalisme et montage est d’instauration récente, avant les journalistes regardaient qui était libre en passant la tête par l’embrasure des salles de montage, et choisissaient leur collaborateur au gré de leur humeur) ne s’est pas préoccupé du planning mais de sa volonté propre et souterraine de rentrer chez lui le plus tôt possible, et s’est introduit auprès du Warsen sous le prétexte fallacieux de ce suave « je crois qu’on monte ensemble » que Warsen préfère pour sa part susurrer à des professionnelles de la profession en d’autres temps et d’autres lieux plutôt que de se les voir asséner alors qu’il erre tel Hagard Dunörd le valeureux viking sur une route de campagne, à la recherche d’un raccourci vers un lit de camp à jamais disparu et d’un café qui n’a plus d’effet contre sa torpeur. 
Pour Warsen, il ne fait plus aucun doute que les Envahisseurs Trolls existent IRL, puisque ça fait 90 minutes qu’il est en train de s’en taper un mais qu'il s'en aperçoit un peu tard de 14 juillet (on est début novembre.) 
Pourtant, personne ne semble vouloir le croire. 


Débute alors un combat solitaire contre l’ennemi au visage humain, à deux détails près : l’auriculaire raide et le ton enjoué.
Ca se passe assez vite : Warsen sent monter en lui la Colère des Justes, quand c’est trop c’est Tropico, réquisitionne un monteur désormais disponible pour finir le sujet, le ramène dans sa régie, le met au parfum des éléments déjà assemblés, puis déverse son ire à grands seaux d’eau claire sur la tronche du Coupable. 
Warsen l’accuse d’avoir abusé de sa faiblesse et de sa fatigue, lui rappelle les faits et lui détaille le malentendu savamment entretenu, reproche au journaliste son égoïsme vicieux alors que d’habitude il se complait dans une attitude de victime (du rédacteur en chef, du caméraman incompétent dont on l’a flanqué, de la météo, …), raille son attitude d’otage titulaire dans l’armée des petits bras, lui rappelle que lui, Warsen n’est qu’un otage vacataire, bref l’humilie publiquement avant de s’apercevoir que l’autre ne comprend sans doute pas grand chose à ce qui lui arrive, sinon qu’il a déconné avec le mauvais gars (d’habitude Warsen est un bon garçon, et les échanges polis et/ou facétieux sur fond de philosophie néo-platonicienne émaillent les sessions de montage entre Warsen et le journaliste, que Warsen désigne soudain à sa propre vindicte comme un bien triste sire)



Je suis interrompu au milieu de ma conférence de professeur d'explications par un appel à vocation commerciale sur MON téléphone portable. Je ne sais pas pourquoi, mais s'il y a quelque chose que je déteste, c'est bien qu'on instrumentalise MON Samsoung B2100, précieux allié de conversations intimes avec des amis privilégiés, à des fins mercantiles. It gets on my nerves.
L'appel est assez bref. J'expose mon point de vue sur le démarchage téléphonique dans la sphère privée en des termes choisis.
Je pense que mon correspondant cherche toujours à récupérer de précieux fragments de son oreille interne dans un rayon de 100 km autour du centre d'appel.











Puis Warsen va s’allonger quelques minutes au sous-sol de la station, goûtant un repos bien mérité dans la nouvelle salle de repos dont il vient de se rappeller l’existence suite à son accès de Colère.
Plus tard dans la soirée, Warsen tempèrera son propos en admettant que le gars TB n'est qu'un de ces milliers de rats près de la retraite confortablement installés dans le fromage, qui ont appris à conjuguer journalisme et fonctionnariat, ce qui était un challenge.


Sources auxquelles je me suis abreuvé :


http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2015/02/robert-rich-perpetual-somnium-continuum.html

(better than Stalinon®)


L'indispensable sieste sous les étoiles


dans la même collection :


http://johnwarsen.blogspot.fr/2015/01/blasphemator-empeche-tout-le-monde-de.html

dimanche 20 décembre 2015

Les particules alimentaires

J’ai le canal carpien de la main droite qui commence à se boucher, à force de clavarder vérités et mensonges entremêlés.
C’est la crampe du bloggueur de fond.
Pour la première fois de l'histoire de l'humanité de mon blog, l'hyper-secret est en train de doubler le tombeau ouvert.
Sans mettre son cligno.
Nous vivons une époque charnière.







Méfions-nous de ne pas glisser dans ses charniers, à la faveur d'une de ces ruptures d'a-névrose dont nous nous sommes fait le chantre mou avant qu'elle nous tombe dessus. Nous n'aimerions pas subir le même sort que Phil K.Dick en 74.
(Je ne veux évoquer qu'à mots couverts son intempestive théophanie au rayon poissonnerie du Picard Surgelés de San Francisco.)

Je varie donc les plaisirs, et me remets à la vidéo quelques temps, en écoutant la radio.

Et sur quoi je tombe ?
Est-ce que c'est parce que j'en suis une, ou bien ?


samedi 19 décembre 2015

un truc soi disant super auquel on ne me reprendra pas (x 16)



négliger de rendre hommage aux amis disparus trop tôt


nier les velléités artistiques familiales, 
et entre autres le sens pictural de (feu) maman


relire mes carnets intimes, finalement dispensables


ne pas dresser de liste 
avant l’attaque d’une bonne journée IRL


oublier de garder l’oeil ouvert


fumer des pétards et de l’encens en même temps


pleurer sur le temps qui fait rien qu’à passer


invoquer Belzébuth et insister si ça répond occupé


nourrir des troubles identitaires grotesques



faire l’impasse sur la dévotion 


ne pas relire Michaux de temps en temps


empiler mes avidités jusqu’à ce que la tour s’effondre 



oublier mes lunettes au pied du lit


mélanger bouddhisme et cowboyisme


négliger de prendre mes 10 calmants
quand j'en ai besoin


craindre la peur


Aujourd'hui, c'était d'autant plus fastoche que j'ai fait les photos 
en 10 minutes sans sortir de mon bureau, 

vendredi 18 décembre 2015

Vive l'Union Europeenne !!!!!


La Commission Européenne a finalement tranché : après la monnaie unique, l'Union européenne va se doter d'une langue unique, a savoir...l' Eurofrançais.

Trois langues étaient en compétition :
- le français (parlé par le plus grand nombre de pays de l'Union),
- l'allemand (parlé par le plus grand nombre d'habitants de l'Union)
- l'anglais (langue internationale par excellence).

L'anglais a vite été éliminé, pour deux raisons :
- l'anglais aurait été le cheval de Troie économique des Etats-unis
- En raison de leur légendaire réticence a s'impliquer dans la construction européenne, les Britanniques ont vu leur influence limitée au profit du couple franco-allemand.
Le choix a fait l'objet d'un compromis, les Allemands ayant obtenu que l'orthographe du français, particulièrement délicate a maîtriser, soit réformée, dans le cadre d'un plan de cinq ans, afin d'aboutir a l'EUROFRANÇAIS.

1. La première année, tous les accents seront supprimés et les sons actuellement distribués entre "s", "z", "c", "k" et "q" seront répartis entre "z" et "k", ze ki permettra de zupprimer beaukoup de la konfuzion aktuelle.
2. La deuzieme annee, on remplazera le "ph" par "f", ze ki aura pour effet de rakourzir un mot komme "fotograf" de kelke vingt pour zent.
3. La troizieme annee, des modifikations plus draztikes zeront pozzibles, notamment ne plus redoubler les lettres ki l'etaient : touz ont auzi admis le prinzip de la zuprezion des "e" muets, zourz eternel de konfuzion, en efet, tou kom d'autr letr muet
4. La katriem ane, les gens zeront devenu rezeptif a de changements majeurs, tel ke remplazer "g" zoi par "ch", zoi par "j", zoi par "k", zelon les ka, ze ki zimplifira davantach l'ekritur de touz.

5. Duran la zinkiem ane, le "b" zera remplaze par le "p" et le "v" lui auzi apandone, au profi du "f". Efidamen, on kagnera ainzi pluzieur touch zur le klafie. Un foi ze plan de zink an achefe, l'ortokraf zera defenu lochik, et le chen pouron ze komprendr et komunike. Le ref de l'Unite kulturel de l'Europ zera tefenu realize!

transmis par mon seul vrai faux frère, parce que je l'avais traité de Grammaire Nasie.
Ach ! Cheisse te Poutine de zalopri te correcteur ottomatik !
Il fo k ch mett opoin un chénérateur te coptes d'ortograf pour contrebalancé ses effets perfers !