lundi 2 mars 2009

l'Empire n'a jamais pris fin

Le dimanche, je cours avec un copain qui prépare le marathon.
Du coup, je me retrouve à préparer un marathon que je ne courrai pas; parce que quand on court un marathon on est pris dans le flot, forcé par les autres à se dépasser, et une fois dépassé, on serre une bielle, de plus l'aspect compétition m'indiffère... et serait peu à mon avantage, ayant commencé la pratique régulière du sport vers 38 ans.
Je cours pour les endorphines.
Quand j'arrive chez mon pote à vélo, dans l'aube humide du dimanche matin, je prends un virage un peu serré entre deux maisons qui ignoraient jadis qu'une route les séparerait un jour, et je suis saisi simultanément par la vision d'une statue polychrome de la Vierge enchâssée dans la niche vitrée d'un calvaire breton sur le côté gauche de la route et par une épouvantable odeur de ermde exhalée par un regard d'égout à droite.
C'est de la stéréophonie sensorielle qui renvoie à la stéréophonie spirituelle : ce qui est en haut, ce qui est en bas. Je n'ai pas choisi d'associer l'image de la Vierge et l'odeur de déjection humaine, qui fleure bon la dissonance cognitive, mais je ne me suis pas dérobé non plus à l'association des deux stimuli qui se sont présentés à moi en même temps... co-incidence en laquelle je ne vois nul rappel violent des contrastes terrestres... ou d'autre chose que la présence simultanée d'extrêmes en représentations.
Y'a même pas d'anecdote à bâtir là-dessus, ou alors en terrain glissant, je vois pas pourquoi vous insistez.
Ca ne me fait pas du tout penser à ce dépendant pour qui l'obsession de la pureté est consubstantielle de son obsession sexuelle.
Mais alors pas du tout.
Compassionnons discrètement en privé avec lui et lapidons-le en public sous le prétexte que je viens d'évoquer.
Mais par contre, ça me rappelle certains bouquins de Philip K. Dick, ceux qui sont postérieurs à sa théophanie de 1974, après laquelle il ne voit plus que signes, et écrit des romans sur le fil du rasoir de la ratiocination métaphysique sur un glacis de thèses paranoïdes, de mémoire tout cela est fort élégamment narré dans la formidable biographie que lui a consacré Emmanuel Carrère "Je suis vivant et vous êtes morts" c'est pourquoi je m'abstiendrai de vous le retartiner à la cuiller, bien que ça fait longtemps que je n'ai pas lu un Dick bien dépressif, quand je pense que je me suis flingué le cerveau avec ça du temps où les possibilités de devenir stérile avec le wifi ou stupide avec le téléphone portable étaient trés limitées, je ne regrette rien.
En tout cas, la nouvelle de la publication prochaine d'un nouvel ouvrage de fiction inédit de Dick, qui aurait de quoi faire se pâmer d'aise les ex-fans des dickies, fait plutôt craindre de se rendre compte qu'on s'est fait berner par le prophète halluciné, à qui l'on doit les plus grandes intuitions sociétales des années 60 et 70.
Mais y'a qu'à jeter un oeil aux extraits des 8000 pages non publiées de l'exégèse pour flairer un problème.
A côté des spéculations qui plombent la "trilogie divine", les trois derniers ouvrages anthumes de l'auteur, le plus délirant des sites conspirationnistes peut aller se rhabiller.
De mémoire, depuis sa théophanie, Dick était persuadé que l'Empire romain n'avait jamais pris fin et que Richard Nixon en était un agent infectieux.
Je ne retrouve pas ça dans le wiki, mais à l'époque j'ai tellement trippé que je ne suis pas certain d'être redescendu, comme beaucoup de ses personnages.
L'Empire n'a jamais pris fin c'est une variante de "il faut détruire carthage".
Je me remets à lire de la SF, et trouve qu'au moins la subjectivité de Spin est habitable.
sans oublier les nouvelles gratoches de Lucius Shepard que je mettrai en lien dès que je les aurai retrouvées.
Fais tes Valis, Dick revient !!! ...
p'tain celle là est nulle, mais il faut bien rentabiliser mon docktorat en dickologie.

lundi 23 février 2009

Il faut détruire Carthage ! (tout en sauvant le soldat Schlomo)

Je ne sais pas pourquoi ça me revient, mais au collège, notre prof de latin disait que "Carthago delenda est", ça voulait dire littéralement "Carthage est devant être détruite" ce qui m'intriguait sur le plan spatio-temporel, et puis, déception toute poutinesque, j'apprends dans ce wiki l'dit ce wiki y est, louée soit la connaissance puisqu'elle affranchit des passions, que la citation exacte c'est «Delenda Carthago» qui signifie simplement «Il faut détruire Carthage !» (littéralement «Carthage est à détruire.»)
Au moins ça fait un souvenir de moins à immoler sur l'autel de l'absolu.
("souvenir") /moins/ ("absolu")
Toujours selon la tradition et le wiki, Caton l'Ancien, prononçait cette formule à chaque fois qu'il commençait ou terminait un discours devant le Sénat à Rome, quel qu'en soit le sujet.
L'expression s'emploie aujourd'hui pour parler d'une idée fixe, que l'on poursuit avec acharnement jusqu'à sa réalisation.
Je vais tenter de lancer la mode au bureau, bien que la locution latine y soit peu usitée.
Voilà pour la forme, et le devoir de mémoire, en tout cas quand il se différencie de la crampe identitaire.
Et en ce qui concerne le fond, Johnny Hallyday a eu beau chanter il y a quelques années qu'on avait tous quelque chose de Delenda Carthago, ça n'a pas pris.
Pourtant c'est vrai : quand je vois des couples incapables de se passer le sel à table sans s'agonir d'insultes, ou sur une autre échelle - différence d'intensité, pas de nature - israeliens et palestiniens refuser absolument de s'entendre et de s'écouter alors qu'ils sont condamnés à partager le même espace, je me dis que mes éditoriaux frappés au coin du bon sens auraient largement de quoi les ramener à la raison, parce qu'ils sont un peu coincés dans le Delenda Carthago attitude.
On les soupçonnerait même d'être devenus un peu accros à la baston, depuis 50 ans que ça dure, cf cet article de Jean Daniel avec lequel j'ai failli allumer le feu l'autre jour.
"“A Gaza, il n’y a plus assez de place dans les cimetières”, a expliqué un commentateur israélien. Mais, comme il nous reste encore des tonnes de missiles et qu’il faut bien en faire quelque chose, bombardons les cimetières ! Et gardons-nous de diffuser la moindre image du massacre, vu que les spectateurs sont de grands sensibles. Et envoyons des médicaments aux Palestiniens, avant de bombarder leurs stocks de médicaments.
comme on peut le lire dans la presse.
Y'a pas de gag, l'épilogue c'est que le mois dernier, j'ai reçu un courrier de Handicap International, vu que je parraine déjà quelques amputés dans la Sierra Leone, me rappelant les conditions de vie dans la Bande de Gazés, et j'ai envoyé 30 euros.
Si ça ce trouve, j'engraisse un futur militant du Hamas.
Ils ont une façon de s'envoyer en l'air qui me dit que c'est pas demain que le programme spatial palestinien nous damera le pion quand il s'agira de construire la première base sur la lune ou de terraformer la planète Mars quand on aura dézingué la notre.

lundi 16 février 2009

Le téléchargement rend sourd



Sur un coup de tête, j'ai récemment créé un blog musical où je partage des vieilleries.
Enfin, à l'époque elles étaient neuves, c'est ce que je ne m'explique pas, moi qui suis resté si jeune.
C'est malin, maintenant ça me fait une bouche numérique à nourrir de plus.
Mais bon, ici je parais désormais le lundi, et il me reste la semaine pour me re-sembler.
Evidemment, si on est un représentant de l'industrie musicale, comme un vieux pote récemment recroisé, on s'indignera à juste titre.
Certes, mais ce que je mets en ligne est à priori introuvable ailleurs.
Ce qui est un peu contradictoire avec l'argument de base de l'uploadeur soi-disant philantrope : si vous aimez les artistes, achetez leurs disques une fois que vous les avez écoutés !
L'uploadeur qui met tout ou partie de sa collèque perso sur le réseau, c'est dans l'espoir rarement déçu que d'autres amateurs éclairés mettent la leur en partage : cette variante du communisme, qu'on pourrait qualifier d'égoïsme éclairé, a le mérite de fonctionner dans le milieu très fermé des amateurs (pour de mauvaises raisons) de disques de variétés des années 70, parmi lesquels rêgne un micro-climat de saine é-mulation.
N'empêche que grâce au net, j'ai découvert des gars dont je n'aurais jamais entendu parler autrement.
J'ai acheté le disque de Donis par paiement électronique, et j'ai reçu un super-paquet en recommandé couvert de timbres lithuaniens (quand j'ai reçu l'avis de passage j'ai traîné 15 jours pour aller le chercher à la poste, je croyais que c'était les impôts, et pourtant c'est idiot vu que je les paye) et à l'écoute, le CD audio est incomparablement plus riche, par rapport à la chose compressée en mp3.
Et je ne suis incomparablement plus pauvre que de 21 €, port inclus.
Evidemment, sur mon nouveau blog à moi que j'ai, je me retrouve à écrire de petits articles de présentation, comme si de musicien frustré (parce que feignant), j'étais devenu critique de disques frustré, ce qui représente sans doute une forme de régression.
Bien que je me rappelle avoir entamé l'étude de la guitare dans le but à la fois conscient, trouble et vil de séduire plutôt que de savoir en jouer; l'erreur stratégique était sans doute de commencer par Marcel Dadi et Francis Lalanne.
Bref j'ai remis la main sur l'environnement sonore de mes 16 ans, dont les émois qu'il me procurait était une honnète approche de l'absolu, et dont la distance qui m'en sépare aujourd'hui me permet une saine relecture, et et j'ai aussi retrouvé mes oreilles grâce à une paire de petites enceintes Bose de fort bonne facture bien que tout comme moi elles aient un peu trop de graves.
Quand à la nostalgie, inutile de céder à la tentation de la violence en lui suggérant d'entrer en contact le plus rapidement possible avec la population masculine grecque, car elle n'est débitrice que d'elle-même.
Mais comme je me la pête un peu sur ce nouveau blog, du coup cette nuit j'ai rêvé que j'allais au carnaval du coin (ça ressemblait plutôt à Halloween) avec un masque de gorille plutôt cheap, et je me rendais compte que je n'avais plus l'âge, au milieu de tous ces mioches déguisés en Spiderman, et qu'en plus à travers les trous du masque, on n'y voit pas grand chose, cette dernière phrase étant à prendre au sens littéral puis métaphorique, comme souvent dans mes rêves.


Le journal d'une femme de chanvre, dernier skeud de Benoit XVI.
En vente nulle part.

lundi 9 février 2009

Erin discovers the porn that Joel downloaded on her computer

http://www.roommatingshow.com/

On dédramatise, ce qui ne veut pas dire qu'on légalise ou qu'on justifie.
Très tendance.

lundi 2 février 2009

La loi du genre

En fait de constipation, c'est plutôt la chiasse.


Ce triste ballot de Beigbeder a dit un jour "ce qui serait bien, à présent, pour l'évolution de l'histoire du cinéma, ce serait de tourner un film porno où les acteurs feraient l'amour en se disant «je t'aime» au lieu de «tu la sens, hein, chiennasse». Il paraît que cela arrive dans la vie."
A la vision de cette émission de télé très regardable (et je ne dis pas ça que parce que je joue dedans) sur le phénomène de la cyberdépendance pornographique, on comprend que ce n'est pas près d'arriver, et que si ça arrivait, ça ne serait pas souhaitable.
Attention, images explicites ! comme on dit des lyrics dans les disques de d'jeunz's.
Rappelons d'ailleurs que la question qui devrait hanter le dépendant ado ou adulte, c'est "combien de temps faut-il pour être sevré et pouvoir laisser traîner un regard amusé à la devanture du rayon hot du marchand de journaux à l'idée de ce que la frustration peut faire vendre ?"
On aimerait voir le même genre d'émission en France.
Nul névropathe en son pays.
Marmottan en emporte le vent.
Mais grâce à Internet, on peut quand même la voir.
Merci Internet.


lundi 26 janvier 2009

humoristes d'aujourd'hui

Patapon :

"Je dois pas être normal. Autant j'aime l'humour, autant je déteste les humoristes."

Maurice :

"Moi, c'est pareil. Autant j'aime la sodomie, autant je déteste les enculés."


le premier chakra vu par Charb

"Faut pas s'étonner si les gens votent à l'UMP à cause des sketchs de Chevalier et Laspalès" me disait en substance Arnaud C. avant-hier matin en trottinant à mes côtés sous une pluie diluvienne, alors que nous longions prudemment la clôture du champ dans lequel nous cohabitions temporairement avec quelques vaches de race indéterminée mais visiblement à viande, faute d'avoir trouvé notre chemin dans le bourbier dominical, au lendemain de la terrible tempète qui avait ravagé les Landes - on a les catastrophes qu'on peut, en attendant pire.
Et pourtant, Dieu m'est témoin qu'Arnaud C. ne vote pas spécialement à gauche. Je venais de lui faire part entre deux halètements de mon affliction devant Laurent Gerra et Patrick Timsit.
Mais c'est vrai qu'à part Anne Roumanoff, qui a décidé de s'affranchir des déterminismes en vogue et en vigueur qui veulent qu'il vaille mieux être belle et rebelle que moche et remoche, et qui du coup n'a plus rien à perdre à balancer ses vannes vachardes, les humoristes médiatiques modernes nivellent et fédèrent par la bêtise, la méchanceté et l'ignorance, à tel point que non seulement on n'ose plus s'en servir après eux, mais encore on se sent obligés de les laver avant de les jeter.
Sans rêver de nouvelles incarnations de Bedos, Devos, Coluche ou Desproges, si on laisse traîner une oreille en direction des "nouveaux talents du rire", non seulement on ne rit pas, mais on a honte d'avoir ri dans le passé.
On sait l'influence des films de serial-killers sur les esprits faibles.
Imaginons celle de Bigard.
Même si l'esprit souffle où il veut, et inspira un jour à Bigard l'idée du sketch sur la chauve-souris, ou que j'aie pu l'entendre tenir des propos d'une densité métaphysique surprenante sur le fait que le soleil brillait pareillement sur le Saint et sur l'Enculé, et qu'il avait dû faire un travail sur lui-même pour que ça cesse de le défriser.
Heureusement, le bouddhisme est la lessive miracle des impuretés précitées : bêtise et méchanceté ont l'ignorance pour source et se dissipent aux premières lueurs de l'esprit d'éveil.
Pour l'anti-redéposition, nos ingénieurs sont sur le coup.

samedi 24 janvier 2009

Réalisme soviétique

le Harvey Dent Two Face qui a bercé mon enfance


Au lendemain de l'élection d'Obama, alors que plus de la moitié de la planète se pâmait devant l'intronisation du nouveau messie cosmo-planétaire, Vladimir Poutine a fait son Brice de Nice : il s’affirme «convaincu que les plus grandes déceptions naissent des plus grandes attentes».
Sur ce coup-là, je peux difficilement lui donner tort.
D'autant plus que Bruno Gaccio, l'auteur des Guignols, semble s'être mis en ménage avec Ségolène Royal. J'ai lu ça dans Courrier International, repris de l'Observer anglais, et murmuré dans la cyber-subversive presse française. Je m'étais abonné pour comprendre les vrais problèmes du monde mondial, et je me retrouve avec les potins people qui permettent de se sentir floué par la gauche acide sulfurique quand elle fricote avec la gauche caviar.
Bon, on ne voit pas pourquoi la dégradation, l'institutionnalisation et la récupération à des fins personnelles seraient des stratégies réservées aux grands mouvements spirituels de la planète, et qu'est-ce qui empècherait des provocateurs spécialistes du braséro broadcast de ne point entretenir une révolte inoxydable.
C'est un scandaaallllee ! comme éructait Georges Marchais du temps où mon grand-père l'écoutait en se disant "peut-être que le parti se trompe, mais moi je ne me suis pas trompé de parti" et en se prenant peut-être pour Sacha Guitry. Mon grand-pêre coco et friqué, qui se faisait tancer par ses vieux potes anars qui lui reprochaient de s'être fait coincer par le confort matériel, et qui m'emmenait voir Lawrence d'Arabie au Kinopanorama parce qu'il n'avait pas eu le temps de le faire avec ses fils.
Gaccio et Royal, ça doit bien faire marrer Guy Debord, le prophète désespérant de la société du spectacle - il a fini par se suicider, sans doute trop perméable à ses propres théories - je crois que sur la fin il endurait parkinson et alcoolisme, ça fait beaucoup pour un seul homme, même raisonnablement désespéré. Il s'est tiré une balle dans le coeur, ce qui dit bien ce que ça veut dire.
Sinon, j'ai lu un article insatisfaisant sur les réseaux sociaux qui peine à expliquer pourquoi les gens se dessoudent autour de facebook : c'est parce qu'ils ont perdu le sens commun, voilà.
et un autre peu réjouissant sur le mp3, signé par un gars que j'ai connu dans un lointain passé, et je me demande bien ce qu'il est devenu.
Peut-être que lui aussi, se demande bien ce qu'il est devenu.
Surtout qu'il était plein d'attentes, et qu'il a pu poutiner grave.