mercredi 20 septembre 2006

Zen pour les Belges

De : "Francis Lebrun" Objet : [conscience-lucidite] Une histoire belge.

C’est un Belge, qui, bien que belge, décide de trouver la nature de son propre esprit. Comme il est très motivé, et qu’il en a marre de vivre dans un pays où on ne voit jamais le soleil, il revend sa maison, sa voiture et sa femme, et il part en Inde à la recherche d’un gourou.

Arrivé en Inde, comme il est belge, donc naïf, il tombe bien entendu sur un faux gourou, un escroc qui exploite la crédulité de ses disciples en se faisant passer pour le successeur de Sat Prem Devi, la grande prêtresse du tantrisme du membre gauche.

Les années passent. Chaque jour, le brave Belge se lève à 4:00 du matin, il quitte sa hutte au milieu du bidon-ville, il traverse le pont, et se retrouve sur la rive gauche, là où se trouve l’ashram de son gourou, auquel il voue une dévotion qui n’a d’égale que la malhonnêteté du gourou en question, qui se fait passer pour le successeur de Sat Prem Devi, la grande prêtresse du tantrisme du membre gauche.

Une nuit, un orage violent se déclare, inondant le bidon-ville du malheureux Belge, qui, bien que trempé, continue de méditer et méditer et méditer devant la photo de son gourou.

A 4:00 du matin, comme chaque matin, le brave Belge se lève, il quitte sa hutte au milieu du bidon-ville, et il se dirige vers le pont. Mais ce matin là, le Belge connaît l’effroi: le fleuve, gonflé par l’orage, a emporté le pont qui permet de se rendre sur la rive gauche, là ou se trouve l’ashram de son gourou. Le Belge se lamente et s’inquiète. Il a promis à son gourou d’arriver chaque jour à 4:30 pour balayer la salle de méditation. Depuis 15 ans, pas une fois il n’a failli à sa tâche, et la perspective de trahir la confiance de son gourou le traumatise. A genou devant le fleuve, le Belge invoque la Grâce du gourou. En son coeur, il prie son maître, lui demandant d’accomplir un miracle pour lui permettre de traverser le fleuve. En réponse à sa prière, et devant ses yeux ébahis, le fleuve se calme soudain, et les eaux s’écartent pour laisser passer le dévôt naïf. Ivre de dévotion et d’enthousiasme, le Belge entre en trombe dans la chambre luxueuse du gourou, qui savoure la compagnie de quelques disciples italiennes. Le gourou, très irrité par cette irruption qui interrompt ses affaires matinales, demande au Belge ce qu’il lui prend. Le Belge, les larmes aux yeux, conte alors et relate le miracle du fleuve, se prosternant mille fois pendant son discours aux pieds de son gourou adulé.

Le gourou, qui bien entendu n’est pour rien dans ce miracle, mais dont l’orgueil est digne de celui que l’on rencontre dans un pays d’Europe dont l’emblême est le coq, se dit que si le fleuve obéit à un misérable disciple, qui en plus est belge, alors c’est que lui-même, qui commence à se prendre vraiment pour le successeur de Sat Prem Devi, la grande prêtresse du tantrisme du membre gauche, doit avoir un pouvoir sur les éléments.

Il ordonne alors au vermiceau belge de le suivre, afin d’assister à une démonstration de son pouvoir. Le Belge et son gourou arrivent devant le fleuve. Ce dernier, à la vue du Belge, s’écarte pour faire place à un être dont l’humilité et la dévotion ont touché le coeur de Dieu. Le Belge avance d’un pas, mais se retrouve balayé au sol par son gourou, qui veut être le seul à traverser, afin que ses disciples japonais immortalisent sur pellicule la preuve de sa puissance. Arrivé au milieu du fleuve, dans un rire tonitruant, le gourou proclame sa toute-puissance. Il lève un bras vers le ciel, expliquant ainsi que son pouvoir est d’origine divine, mais n’a pas le temps de le redescendre: le fleuve se referme sur lui, et l’emporte dans un tourbillon vers sa dernière demeure.

Le Belge, attristé par la disparition tragique de son gourou, continua néammoins sa routine quotidienne, en l’honneur de son défunt maître, dont il ne lui restait plus que la photo sur la table de chevet, à côté de celle de Maître Zhu. Douze ans plus tard, alors qu’il balayait la salle de méditation, le Belge s’éveilla à la nature de son propre esprit. Il rendit grâce à son gourou, dont la Grâce avait permis sa réalisation, puis il reprit son balai, et poursuivit sa tâche.

Au fil des ans, venus de nulle part, des hommes et des femmes étaient spontanément attirés par le brave Belge. On venait s’asseoir autour de lui alors qu’il balayait quotidiennement la salle de méditation. Il n’enseigna jamais, mais jusqu’à son dernier souffle, il rendit grâce à son gourou, et témoigna des nombreuses bénédictions qu’il avait reçues à son contact.

A sa mort, on n’éleva aucun monument, mais aujourd’hui encore, chaque matin à 4:30, on balaie la salle de méditation et on se réunit pour partager le souvenir discret du brave Belge, dont l’histoire taira le nom, car au fond, ce n’était qu’un Belge.

Commentaires

Eh oui, comme le disent les Saintes Ecritures : “Bienheureux les Belges d’esprit”.

Amen.

Catholique Attitude

first published in "La Murge" by courtesy of Person/Ptiluc

Les hasards de l’actualité font que j’ai plaisanté l’autre jour avec un cyberpote sur les catholiques anonymes, et que dès le lendemain soir, j’ai modéré une réunion AA où s’est pointé B***, qui a fondé il y a 20 ans le groupe où je vais tous les lundis. Sa femme était morte l’après-midi même des suites d’une longue maladie, comme on dit. Il est venu témoigner de sa reconnaissance pour elle et envers les AA dans leur ensemble. Pendant 20 ans, elle a apporté son soutien et son énergie au groupe d’Al-Anon (les groupes de conjoints et de proches de malades alcooliques, qui viennent donc se soigner de la maladie de l’autre et se réunissent à la même heure que nous dans la salle d’à côté.)
Tout le monde pleurait sauf moi, d’abord je ne connaissais pas sa femme donc pas de compassion pour elle, pas d’élan du cœur pour une morte virtuelle; et puis comme j’étais l’animateur du groupe, si j’m'étais barré en sucette dans l’émotion, la réunion serait partie à vau l’eau.
Bref.
Le thème de modération que j’avais choisi sans savoir ni quoi ni caisse c’était "l’acceptation" (de la maladie, qui conditionne le rétablissement ultérieur : "nous avons admis que nous ne pouvions vaincre …avec les seules ressources personnelles qui nous restaient. Aussi avons-nous accepté que la dépendance envers une puisssance supérieure, ne serait-ce que celle de notre groupe d’abstinents, pouvait accomplir ce qui nous avait été jusque ici impossible. Dès que nous avons pu accepter sans réserve ces deux faits, notre affranchissement de l’obsession avait commencé.)
B*** a souligné qu’on avait du bol d’avoir une maladie qui se soigne en évitant de boire le premier verre.
On m’a sondé pour savoir si je pensais que notre groupe AA devait se fendre d’une gerbe pour sa femme.
Il est normal que des AA déposent des gerbes sur la tombe d’une Alanon.
Non ?

Commentaires

  1. Comment tu fais pour pas te barrer en sucette quand l’émotion te submerge ? c’est la pratique boudhiste qui te permet cette maitrise totale de ton mental ? Ou quoi d’autre ? Quand je suis dans l’émotion, je ne gère pas. Débutante en yoga, j’arrive à me mettre parfois dans ma bulle de conscience mais ça marche pas à tous les coups. On doit pouvoir y arriver avec de la persévérance, non ?

  2. où as-tu lu que j’avais été submergé par l’émotion ?
    J’ai surtout été submergé par la nécessité de continuer d’animer la réunion. “pas de compassion pour elle, pas d’élan du cœur” je te signale que je te l’ai emprunté dans un mail que tu m’as envoyé hier. Avant de rêver de “maitrise total de mental”, relis-toi, sinon je risque de contrôler le tien bien avant le mien ;-)

  3. Faible d’esprit et faible de corps, et pour couronner le tout, pochtronne en cours de rétablissement, ne peut donner qu’un résultat approximatif dans la lecture et par là même dans la réponse à des posts aussi brillants. Voilà, ça m’apprendra à essayer d’exister sur un blog hautement intellectuel. Je ne dirai plus à mon fils de bien relire sa copie avant de la rendre au maître professeur. C’est toujours ça de gagné… pour lui ;-)

  4. n’oublie pas que la prière qui doit monter immédiatement après “Mon Dieu, préservez-moi de me prendre pour un minable” c’est “Mon Dieu, préservez-moi de l’auto-apitoiement.”
    Quant à la tentation d’exister, elle est bien compréhensible http://johnwarsen.blogspot.com/2008/09/exister.html

mon père ce héros au sourire si dur

mon père m’envoie cette photo avec ce simple commentaire : "ça y est ! On a enfin trouvé le club qu’il nous fallait contre la déprime et la cruralgie !!"

Au delà du fait que je reconnais bien là mon papounet (c’est celui avec le papo), je trouve cette photo d’une morbidité sans nom, et attribue le fait au photographe plutôt qu’au sujet traité. Ou alors c’est l’humour de papa. Ou mon oeil. On peut sans doute utiliser cette image comme support d’ une solide méditation sur l’impermanence, ainsi que des considérations sur la différence entre les vieux et les SDF : au moins, les seconds ont l’excuse qu’on retire leur dignité sans leur assentiment.
Vous me direz qu’il y a des vieux SDF. Voire : j’ai l’intuition que la pyramide des âges est inversée chez eux, et que ça vient pas de la malédiction du pharaon.


Commentaires

  1. Aussi irréel qu’il en soit, la femme extrêmement élégante qui jouxte ton pére et dont le regard trahit les intentions, c’est ma mère Jennifer Baudrillard (Nom de JF) qui bougea son corps au temps chauds sur toutes les scènes déshabillantes de France. Pourvu qu’ils ne nous fassent pas un petit!!!
    Marie Claire.

  2. C’est so typically américain, une joyeuse bande de retraités qui vivent bien et font la fête en attendant la mort. Plein de bon sens, bien que ce ne soit pas mon truc. Drôlement sympa les parents … Et en plus le papa s’arrange pour avoir deux pépées. Très fort !

  3. “je trouve cette photo d’une morbidité sans nom”
    Je me lance dans une interprètation empreinte de sauvagerie :
    Tu y perçois toute la vacuité et l’inutilité d’un monde qui marche sur la tête, la fuite éperdue dans les paillettes et les gaudrioles illusoires, (ne sachant quoi faire d’autre) qui ne sont en réalité que le reflet de nos propres vides intérieur et de nos angoisses sans cesse fuies (mais qui ne manqueront pas de se représenter tel le témoin de Jéhova insistant, une main rivée sur sa bible, et l’autre figée sur la sonnette). Même nos anciens (dont la sagesse populaire voudrait pourtant nous faire croire qu’ils sont à l’abris de ce genres de miroirs aux alouettes) se vautrent allègrement dans la glue samsarique. Ton sentiment de morbidité me semble, dans ce contexte, une réaction bien plus saine que celle du 2e commentaire par exemple.

  4. “faire la fête en attendant la mort” m’évoque assez le “Docteur Folamour ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe” (titre original du film de Kubrick, me semble-t-il)
    mais jacqueline k m’a donné une nouvelle idée d’article, alors elle est provisoirement au dessus de mon jugement moral ;-)

  5. J’ai bien fait de quitter France Telecom. Voilà où ça mène..

des séductions de la violence



strip inédit first published dans "Plein La Gueule Pour Pas Un Rond" de 1986
by Courtesy of Goossens®
and the Conspiracy of Darkly & Dicky Scanners

Tiens, et puis une petite news pour les amis de Hannibal le Cannibale.

Warsenothérapie ?

Je vais vous révéler mon secret, parce que j’aimerais pas l’emmener dans la tombe : mon écriture relève d’une technique que j’ai inconsciemment développée parce que je calais sur les autres.
Je surcompense un handicap, ce qui ne cesse de m’étonner vu que je n’ai pas de difficulté particulière à défendre mon bifteck dans la réalité réelle (non dickienne).
Sauter du coq à l’âne permet de charmer son auditoire sans qu’il prenne conscience qu’on le berne, et qu’on n’a aucune idée de l’endroit où on veut en venir réellement, mais qu’on compte sur l’entraînement pour que le bateau rentre au port, où il sera plus en sécurité bien qu’ils ne soient pas fait pour ça.Evidemment, ça ne marche que sur Internet.
Et la Warsenothérapie ne marche que sur les Warsen.
Avis aux a-mateurs.

Commentaires

Eh ben j’ai essayé moi et j’y arrive pô…
Quand j’ai voulu sauter du coq à l’âne, en fait ils ont trés bien compris l’endroit où je voulais en venir. L’auditoire n’a pas du tout été charmé. Je crois qu’ils ont du prendre conscience qu’on les bernait…
Il faut sans doute que je m’entraîne encore.
Avec un mouton et une génisse peut-être…

dimanche 17 septembre 2006

des fantasmes et de leur assouvissement


un lecteur a atterri sur mon blog en tapant dans google "se branler dans son caca".
J’avoue que moi-même n’y aurais point songé, bien que les Thraces en soient encore Numides.

Nos lecteurs sont formidables.

Moins que Goossens, mais quand même.