lundi 11 septembre 2006

le 11 septembre des blogs




Superbe photo de Ground Zero par Vincent Laforêt pour le New York Times rapportée par Corine Clesne.
Il y a 6 mois j’émettais ici l’idée que "Y’a(vait) vraiment que le bouddhisme pour me réconcilier avec mes déficiences les plus spectaculaires. C’est pourquoi les déshérités s’y pressent en masse. Bienveillance ne signifie pas complicité. Je développerai plus tard et sans piocher dans un bouquin."
En fait j’y connaissais rien, je parlais des espoirs que je misais sur une éventuelle adhésion aux concepts glanés dans des livres, entre autres ceux du nain De(s)jardins.
En mettant au propre mes notes de stage, je tombe là-dessus : "La nature défectueuse du samsara, la vacuité du moi et l’impermanence des phénomènes composés, qui sont produits et seront donc détruits car produits de causes et de conditions… il faut réfléchir à cette impermanence dans le cadre de ce moi que nous chérissons, et voir ce qu’il a dans le moteur c’est à dire en tant que croyance en notre existence. (not the self to deal with the life, but the conventional self)" Et encore, vous n’avez pas assisté à l’enseignement, qui ce jour là était prodigué par deux disciples occidentaux qui se donnaient des petits airs de happy few à la Philippe Manoeuvre et Jean-Pierre Dionnet période Sex Machine (les Enfants du Rock), bref ça valait son pesant de noisettes décortiquées.
Faut croire que y’a pas que chez les bouddhistes que les méditations sur l’impermanence font des victimes, y’a qu’à voir les derniers posts de Dado et d’Ulysse, qui se désistent tous deux pour le concours 2007 du blog le plus déprimant du monde.
Vais-je rester seul en lice ?

dimanche 10 septembre 2006

Quelques vérités sur le mensonge

échange de messages privés sur le forum dépendance sexuelle :

Kiwi : "n’importe qui peut écrire n’importe quoi, comme prétendre que ça fait des mois qu’ils sont en sevrage alors qu’en vérité ils continuent à se tirer sur la nouille derriére l’écran. Enfin bref, c’est un peu du n’importe quoi, car il y aura jamais aucun moyen de vérifier les faits."
John : - à ton avis, quels seraient les effets de tels mensonges sur les menteurs ? et qu’est-ce qu’ils viendraient faire ici si c’est pour continuer à se tirlipoter le schmilbilck ? Réfléchis bien.
Kiwi : - J’ai bien réfléchis et voici ma réponse. Je pense qu’un humain peut s’inventer un personnage virtuel où il aurait de la reconnaissance, du respect par le biais des autres, par des posts , des messages d’encouragement. En manque de reconaissance dans la vie réel, alors il essaye d’en avoir dans le virtuel, même si derriére l’écran c que du mensonge, mais comme tu as plus d’expérience que moi dans la vie, tu sais déjà que les humains sont prêt à tout, même à mentir pour avoir de la reconnaissance, se sentir, aimé, respecté, voir considéré comme des héros, il n’y a qu’ à voir pas mal de joueurs accro aux jeux massivement multi-joueurs, où ils y consacrent leur vie à être un " héros virtuel " et ils sentent aimés, respectés, car dans la vraie vie ils ne sont rien, et n’ont rien de cà, ils aimeraient être des stars mais n’en sont pas, alors ils essayent de le devenir par le biais du net.
Qu’en penses-tu ? c’est une théorie qui se tient.
Devenir le superman de sevrage pour se faire respecter, encourager, soutenir. Pour avoir de la reconaissance.
John : - dans le mille, émile.
J’ai juste changé de carotte et de bâton.
Rien ni personne ne peut t’empècher d’en faire autant."
Peu après cet échange, et alors que j’avais obtenu son feu vert pour le publier sur mon blog, Kiwi a fait effacer par le webmaster les 282 messages qu’il y avait postés (il avait fait le même coup à Orroz sur l’ancien forum avant de réapparaitre quelques mois plus tard sur le nouveau, la queue entre les jambes, si je puis me fermettre.)
Juste au moment où ce garçon commençait à dire, et surtout à faire et à penser des choses différentes de ce qu’il disait/faisait/pensait d’habitude. De son passage sur le forum, il ne reste que cette poignée de mots sauvés du néant.
Le proverbe qui dit "Aux innocents les mains pleines" se garde bien de dire
de quoi au juste sont pleines les mains des innocents. (Pierre Dac)
Ca fait bizarre : on dirait l’éloge funèbre d’un mec dont même la tombe a disparu.
Méditons sur l’impermanence.

Commentaires

  1. D’un coté, ce que dit Kiwi est vrai : ce n’est pas la première fois qu’un type raconte des conneries sur un forum rien que pour se faire mousser, et des fois c’est tellement gros qu’on se demande ce qu’il a dans la tête.

    De l’autre, faire ce genre de remarques dénote un point de vue particulièrement douteux. Il était tout à fait prévisible qu’il disparaisse du forum peu après. Sa vision des choses, telle que je la lis dans son post, c’est : “de toutes façons, ceux qui disent qu’ils se sont sevrés sont tous des menteurs, ou même si c’est pas tous, c’est presque tous. On ne peut pas se sevrer, je ne peux pas me sevrer, donc je quitte le forum car ça sert à rien”.

    Il est assez remarquable qu’un des menteurs que nous avons choppé sur notre forum de rêves lucides tenait exactement le même type de raisonnement, dans une optique radicalement opposée mais avec un but identique. L’un se complaît dans son rôle d’escroqué, l’autre dans son rôle d’escroc. Mais le point commun, c’est que ça les relève tous deux de leurs responsabilités.

    Ceci dit, putain, ça m’enlève au moins la moitié de mes sujets d’articles de blog, ce genre de remarques trop lucides ! Grrr !

  2. salut john..

    kiwi il me rappel un vieux pote quand on le regardais il avais un avenir tout tracé….

    petit faible suceptible mefiants….

    maintenant il fait la manche quelque pars dans paris…

  3. Quand c’est dur dur d’en sortir, et surtout, quand on a l’impression que mettre en pratique les conseils de ceux qui avancent un peu plus vite oblige à changer de vie en n’étant pas certain d’y arriver tip top du premier coup, on a deux solutions : ou faire justement le grand saut pour passer à la vérification et donc mettre en pratique, ou remettre en cause ce que disent les autres dépendants. À de nombreuses occasions la vie nous réserve cette rencontre le doute et la foi.

  4. Kiwi nous pointe les travers de l’assistanat, dans lequel nous avons tous basculé à un moment ou à un autre à son endroit; dans certains cas, il vaut mieux mettre l’accent sur la responsabilité individuelle et les efforts à fournir pour se sortir les doigts du cul plutôt que de proposer un soutien qui a toutes les chances de rester virtuel.
    cf. un des derniers messages de kiwi : “il n’y a pas de ” messie ” car le messie est considéré comme le libérateur des autres, alors que c’est nous même qui devont nous libérer et pas quelqu’un d’autre qui va le faire à notre place.” et ma condescendante réponse : “Djizeus ! Bouddha ! je suis content d’avoir vécu jusqu’à aujourd’hui pour entendre cette limpidité tomber de ta bouche, ô doux prince au nom de Fruit qui n’est pas sans évoquer la rebondie (et juvénile par la teinte) coucougnette.
    Continue comme ça et je te réserve une place à ma droite quand ils me crucifieront ;-) ce que je veux dire, mon kiwinounet, c’est que si t’as pigé ça, on s’est pas usé les yeux, les doigts et les claviers en vain. Ceci dit, on t’a déjà bassiné pendant quelques éons avec l’opportunité qu’il y aurait pour toi à entamer une thérapie avec un psy gratos comme il y en a partout et comme tu t’obstines à prétendre que ça te gave, je vais pas insister ni nous gâcher plus avant cette soirée qui s’annonce sous les meilleurs auspices (de Beaune) (car il habitait Beaune)

samedi 9 septembre 2006

des séductions de la publicité (2)

first published dans un très vieux numéro du petit psikopat illustré by Courtesy of Goossens® and the Conspiracy of Darkly & Dicky Scanners

Commentaires

  1. Il est trop bon ce Goossens. P’têt qu’il a atteint la clarté en pratiquant une forme inconnue de zen belge ?

  2. Le zen belge est une idée à creuser, voire à lui soumettre (bien qu’il me semble qu’elle ait été exploitée par Francis Lebrun, il faudra que je recherche dans mes archives.) Je l’ai rencontré il y a 20 ans, j’avais un projet de film avec lui mais j’étais trop impressionné et trop peu inspiré pour que ça débouche sur quelque chose.

vendredi 8 septembre 2006

en suppliant wakan tanka d’oublier de me réincarner


hier, j’ai rédigé 25 mails personnels, me suis fendu d’une dizaine de posts à vocation avançage de schmilblick sur le forum des pornodeps, (j’y ai visité le salon de l’autosatisfaction, mais il n’y avait pas foule), ai mis au propre quelques pages des transcripts des enseignements reçus la semaine dernière, ai vaincu en fin de soirée les vortex du filtre anti-spam de flo, et me suis acquitté de la majorité des tâches que je m’étais fixées dans le cadre de mon karma yoga quotidien, le tout sans avoir l’impression d’avoir à fournir un effort quelconque.
La dernière période au cours de laquelle je me souvienne avoir croisé une telle quantité d’énergie disponible, c’est lors d’un voyage en Afrique, lorsqu’il me fut permis d’étudier in vivo la tectonique des blacks, sans toutefois avoir l’opportunité de passer aux travaux pratiques.
Mais j’ai aussi fumé 25 cigarettes, et je me méfie de mes démos de niaque : il est fort possible que je tente d’égaler le record d’Armstrong, qui jouait super-bien de la trompette, qui est allé sur la lune et qui a gagné 5 fois le tour de France, auquel cas toute cette agitation (toutefois sans opacité particulière) finira par révéler sa nature vaine et illusoire.
J’en serai informé par les fruits de mes actions.
Comme il nous est rappelé dans le récitatif sur l’impermanence, "Accordez-moi vos grâces afin que naisse en mon esprit le sens de l’inutilité de ce que l’on croit indispensable !"
And I don’t have a drinking problem, except when I can’t get a drink. (Tom Waits)

Commentaires
  1. Et tes prosternes ? Et ton gourou-yoga ? C’est ça qui est indispensable !

  2. Sept fois, il l’a gagné le Tour (tous les ans de 1999 à 2005) ! Mais il est vrai qu’il est dépendant, tout comme nous…

    A bientôt, Nicolas

  3. flo, pour mes prosternes, j’attends la fin du lumbago qui m’a pris pendant la retraite. Le Gourou Yoga, ça rentre, mais j’ai plus d’affinités avec l’impermanence pour le moment.
    Nicolas, je pense comme toi, mais j’espère qu’Armstrong (dont j’oubliais qu’il a aussi enregistré un superbe album de trip hop “The Space between us”) est en sevrage.

jeudi 7 septembre 2006

S’il y a un bon Dieu pour les alcooliques, il ne faudrait quand même pas le pousser en short dans les orties.



Les blogs (ou "weblogs") sont des pages Web personnelles, créées, éditées et maintenues par les abonnés du Monde.fr. Ils permettent de publier sur Internet, de créer simplement des liens vers d’autres sites très facilement et d’échanger avec tous les internautes, en leur permettant d’apporter des commentaires sur les blogs.
Chaque abonné au Monde.fr a la possibilité d’éditer et de publier, sous sa pleine et entière responsabilité, des notes personnelles, des images et photographies sur un blog, site Web personnel d’une ou plusieurs pages, accessible aux autres abonnés ainsi qu’à l’ensemble des internautes.
La création d’un blog, réservée aux abonnés du Monde.fr, est destinée à l’usage des personnes majeures. Elle est ouverte aux mineurs sous la surveillance d’un adulte. Chaque abonné ne peut créer qu’un seul blog. Tous les internautes peuvent lire les notes sur les blogs et, éventuellement, les commenter.
II - CONDITIONS
- Avoir souscrit à l’édition abonnés du Monde.fr
- Etre âgé de 18 ans et plus ou avoir l’autorisation d’un parent pour les mineurs
- Disposer d’une adresse de courrier électronique valide
Les contenus des blogs, notes et commentaires textuels, photographies, sons, vidéos, ne devront pas être contraires aux bonnes mœurs, à l’ordre public, ni aux lois et réglementations en vigueur, devront être libres de tout droit et seront sous l’entière responsabilité de leur auteur.
III -RÈGLES DE CONDUITE
Les comportements suivants sont proscrits sur les blogs du Monde.fr :
- Les activités illégales sous toutes leurs formes, notamment la copie ou la distribution non autorisée de logiciels, de photos et d’images, le harcèlement, la fraude, les trafics prohibés, la diffamation, la discrimination raciale, l’incitation à la violence ou à la haine.
- La publication de contenus contrevenant aux droits d’autrui ou à caractère diffamatoire, les propos injurieux, obscènes ou offensants.
- La violence ou l’incitation à la violence, politique, raciste ou xénophobe, la pornographie, la pédophilie, le révisionnisme et le négationnisme.
- La divulgation d’informations permettant l’identification nominative et précise de membres de la communauté des abonnés au Monde.fr, telles que le nom de famille, l’adresse postale, l’adresse électronique, le numéro de téléphone.
- Le détournement du service de blogs pour faire de la propagande ou du prosélytisme, à des fins professionnelles ou commerciales (prospection, racolage ou prostitution), et la contrefaçon de marques déposées.
- La reprise partielle ou totale de contenus propres au site www.lemonde.fr (image, article, objet multimédia, dossier, repère…).
IV - RESPONSABILITÉ DES ABONNÉS
Dans le cadre de l’utilisation du service de blogs sur Lemonde.fr, en sa qualité de créateur, propriétaire et animateur de son blog, chaque abonné au Monde.fr est le seul responsable de son contenu, quel qu’il soit (textes, images, sons, vidéos, etc.).
Il appartient à chaque abonné de surveiller et de censurer son contenu, notamment les commentaires que les internautes seront susceptibles d’y publier. Le Monde interactif lui donne la possibilité de supprimer tout commentaire ajouté par un internaute sur son blog.
Nous invitons chaque abonné à éditer une charte de bonne conduite à l’intention de ses propres utilisateurs, lors de la création de son blog.
Le Monde interactif ne saurait être tenu pour responsable du non-respect de ces règles de base pour les blogs de ses utilisateurs dans l’édition abonnés du site www.lemonde.fr. Cependant, Le Monde interactif se réserve le droit de suspendre sans préavis le blog concerné si de tels agissements étaient portés à sa connaissance.
V - MODÉRATION
Le Monde interactif se réserve le droit de suspendre l’accès et la diffusion de tout ou partie d’un blog contrevenant aux règles édictées, et de demander à l’abonné au Monde.fr de supprimer un contenu manifestement contraire aux règles de conduite ou faisant l’objet de réclamation par des tiers.
Chaque abonné au Monde.fr, créateur d’un blog, s’engage :
- à informer immédiatement Le Monde interactif (par courrier électronique, à l’adresse admin_blog@club.lemonde.fr de toute plainte, ou actions de tiers concernant le contenu de son blog ;
- à répondre dans les meilleurs délais à toute demande d’information de la part du Monde interactif, via l’e-mail valide communiqué lors de l’inscription ;
- à communiquer au Monde interactif toute information relative à un contenu présumé contraire aux règles de bonne conduite.
Le Monde interactif se réserve le droit, à sa seule discrétion, de refuser ou de retirer tout contenu d’un blog qui violerait les lois et règlements en vigueur ou les bonnes mœurs. Le Monde interactif peut suspendre un blog à tout moment, sans mise en demeure.

Voilà, si il (m’)arrive quelque chose à mon blog, on pourra pas dire que j’aurai pas été prévenu.

Commentaires

  1. Ben c’est à peu près pareil sur tous les blogs, non ?

  2. Je ne sais pas. J’ai l’impression de transgresser un certain nombre des conditions et rêgles énoncées, dont certaines semblent semblent avoir été conçues à cet effet.
    En ce qui concerne le piratage d’images, c’est vrai qu’on peut citer ses sources et les remercier à titre grâcieux comme tu le fais quand tu reproduis un tableau, mais j’imagine que Goossens, par exemple, pourrait me faire plier les gaules assez rapidement. De même pour le proséthylisme, la propagande et mes appels constants à la débauche. Mes propos contrevenant constamment aux droits d’autrui à s’autodétruire. Ma reprise partielle ou totale de contenus propres au site www.lemonde.fr quand j’ai la flemme d’écrire. Je comprends que notre amie commune, celle qui dit “l’impression d’évoluer se traduit par le fait qu’on donne toujours la préférence à ce qui a été fait en dernier et qu’on a honte du reste” ait fini par monter sa propre boutique.
    Nous restons à la merci de la bienveillance des lecteurs.
    Fragilité du média numérique. On s’habitue, on pactise et on s’addictionne, et un jour, couic ! pus rin. La môme néant.

  3. en tout cas, s’il y a censure ou réclamation un jour, ton blog aura au moins permis à certains et certaines d’entres nous d’essayer de passer de “l’état de larve à celle de papillon” ;-)

Perception sensorielle et inhibition

Mon frère puîné, qui partage avec moi un certain nombre d’idiosyncrasies
bien que nos parcours respectifs aient été fort dissemblables, étudie et pratique depuis des années la méthode Alexander.
Il m’envoie ce petit texte de son cru, qui ne manquera pas d’intéresser Dado

et ses thuriféraires.

"Presque tous les êtres civilisés sont dans un état dans lequel la perception sensorielle (…) est relativement imparfaite et trompeuse, et il s’ensuit naturellement qu’on ne peut compter sur elle pour la rééducation, le réajustement et la coordination, ou dans nos tentatives pour corriger quelque chose que nous savons aller mal dans nos êtres psychophysiques." (Frederick Matthias Alexander)

Dans la vie de tous les jours, certaines habitudes, certaines manières d’être et de faire, certaines attitudes, ou encore certains mouvements, sont si profondément inscrits en nous qu’ils opèrent généralement en dehors de tout contrôle conscient de notre part. Et pour peu qu’ils apparaissent à notre conscience, celle-ci aura vite fait de les estampiller "naturels", "ordinaires", "normaux", "allant de soi". Issus de notre patrimoine génétique (prédispositions innées) et environnemental (éducation acquise), ils nous suivent comme nos propres ombres, et à notre insu, ils nous dominent très souvent dans le choix de nos conduites et de nos manières de réagir. Pourtant, aujourd’hui, personne ne va contester le fait que le monde civilisé contemporain, avec son haut niveau de stress et son évolution rapide, nous impose d’être plus attentifs que jamais à nos mouvements, nos manières de réagir, nos instincts et nos habitudes, en tout cas beaucoup plus qu’au temps où l’environnement, la culture et les mœurs changeaient peu d’une génération à l’autre. Il y a là un problème à l’échelle planétaire : d’un côté des habitudes acquises de manière instinctive et subconsciente – processus normal de développement de l’individu depuis la nuit des temps – et de l’autre, un environnement exigeant un comportement contrôlé de plus en plus consciemment. Or, comme FM Alexander l’a montré au 20ème siècle, il se trouve que lorsque, pour une raison ou pour une autre, on cherche à la modifier, la force d’habitude de la "manière de faire" ordinaire que chacun développe au cours de sa vie peut s’avérer colossale, voire quasiment insurmontable. Les comportements les plus difficiles à diriger consciemment sont précisément ceux qui sont liés à notre vie de tous les jours, voire à notre survie, et le cœur du problème est que, à priori, notre manière habituelle de les mettre en œuvre nous apparaît comme le seul moyen connu et possible dont nous disposons, pour atteindre les buts que nous nous fixons - déjà connus eux aussi. Nous avons donc naturellement tendance à ne pas souhaiter changer cette manière habituelle, car si l’habituel est connu et permet d’atteindre certains objectifs connus, l’inhabituel est inconnu, et l’inconnu, c’est le risque d’inconfort, d’échec, voire peut-être de danger.
Et pourtant, si on laisse de côté les situations extrêmes où nos instincts ont généralement les pleins pouvoirs, il est clair que dans l’immense majorité des cas, une direction consciente de notre "manière habituelle de faire", peut s’avérer non seulement possible, mais aussi souhaitable et bénéfique. Les métiers artistiques (musiciens, comédiens, danseurs etc.) ont vite compris les bienfaits que pourrait leur apporter la Technique Alexander, mais comme elle concerne la coordination générale de l’individu, n’importe quel secteur d’activité peut également en tirer parti.
Travail sur l’être humain considéré comme un tout vivant et indivisible, l’approche d’Alexander est aujourd’hui unanimement reconnue pour son réalisme, qui oblige à travailler de manière indirecte. En effet, lorsque nous cherchons à modifier une habitude de manière directe et immédiate, nous mettons une fois de plus en œuvre… notre manière habituelle de faire ! Mais comment pouvons-nous espérer nous comporter d’une façon nouvelle tant que nous nous comporterons selon nos habitudes? Par nature, les deux manières de faire s’excluent mutuellement.
C’est pourquoi F.M. Alexander disait : "mon travail ne consiste pas seulement en ce que j’ai fait, mais aussi, et surtout, en ce que je n’ai pas fait."
Le premier pas pour sortir de l’ornière du connu, consistera donc à refuser de répondre, en tout cas de manière habituelle, à un stimulus donné, quitte à ce que ce refus entraîne une absence de réponse immédiate et observable, un "non-faire", au sens habituel du mot "faire" (action physique, observable). Ce refus de consentir immédiatement à l’exécution d’un schéma habituel est appelé "inhibition" dans le jargon de la Technique Alexander, et n’a rien à voir avec la notion freudienne du même nom. Il ne se traduit pas par des mouvements à effectuer dans le but d’obtenir un résultat donné, mais se situant en amont de l’action physique, il déblaie le terrain pour une exécution optimale et rénovée (au sens de "à nouveau neuve", car consciemment libérée de toute idée préconçue) de ces mouvements.
Un autre aphorisme d’Alexander nous renvoie de manière cinglante à ce principe de base de sa technique : "Vous ne pourrez pas faire ce que vous ne savez pas faire, si vous continuez à faire ce que vous savez faire."

En ce sens, l’inhibition est un acte de volonté, premier et indispensable jalon dans le processus de la direction consciente et constructive de la conduite de soi. Entre la pensée et l’action, elle permet plus qu’un rapprochement : c’est un premier pas vers un décloisonnement, et l’élève en Technique Alexander sera progressivement amené, par son travail et sa propre expérience, à abandonner cette conception habituellement très répandue, et pour cause, de la dichotomie entre le corps et l’esprit, ou encore entre la pensée, les émotions et le mouvement."
Extrait de Sept articles sur divers aspects de la Technique Alexander :

"F.M. Alexander a découvert qu’il est nous est possible d’utiliser avantageusement nos pouvoirs de choix conscient. Décider de ce que nous nous autorisons nous donne la liberté de répondre d’une manière appropriée aux stimuli de l’environnement. Nous trouvons notre autonomie essentielle et notre humanité dans notre capacité de choix conscient. C’est le grand bénéfice que confère la Technique Alexander. Libérer plus de notre potentiel fait avancer l’espèce humaine et améliore notre bien-être. D’un autre côté, quand nous sommes prisonniers d’habitudes qui limitent notre développement, nous restons figés intellectuellement, émotionnellement et physiquement. C’est pourquoi nous ne pouvons exiger le bien-être comme un droit. Nous devons le créer. La plupart des gens qui suivent la Technique Alexander vérifieront qu’elle produit des résultats inattendus qui ne se limitent pas au corps.
(…) Un des aspects les plus libérateurs des leçons en Technique Alexander est l’utilisation de la conscience pour gagner le contrôle de nos pensées et de nos émotions. Cela arrive avec l’acquisition progressive de la capacité à inhiber : être capable de suspendre nos réactions aux stimulations de l’environnement jusqu’à ce nous puissions choisir de répondre au moment choisi, calmement et posément, comment nous voulons répondre – plutôt que d’être l’esclave du téléphone, de la montre, de la télévision, des feux routiers, du patron, des enfants, de l’angoisse… Cela devient possible une fois que nos corps ne sont plus attachés à des réponses stéréotypées."

Commentaires

  1. L’extrait de “Sept articles” fait quand même marchand de tapis… Est-ce qu’en plus de sauver le monde, la méthode Alexander fait aussi la vaisselle ?

    Mais peut-être que tu nous as mis le plus mauvais extrait pour qu’on soit agréablement surpris en lisant le reste ? ;p

  2. en fait je n’en sais rien. La curiosité ne m’a pas poussé jusqu’à présent à “tester” la méthode, ce qui serait la meilleure façon d’arriver à en penser quoi que ce soit, et mon frangin semble s’être habitué à l’idée de faire la vaisselle tout seul.
    En gros, on dirait qu’Alexander s’est mis en chemin vers la redécouverte (en bon autodidacte qu’il était) des 5 agrégats (http://www.dhammadana.org/dhamma/5_agregats.htm), qu’il a dérivé vers la Pensée Perceptive… et à ce moment-là du récit, je finis toujours par m’endormir.

  3. Est-ce qu’il n’y a pas, dans sa proposition, l’idée de rompre avec un fonctionnement, certes routinier, mais hatif devant la vie. En proposant de suspendre certaines attitudes, on dirait qu’il invite à prendre le temps, avant d’agir.

mercredi 6 septembre 2006

des séductions haschichines

Un soir de la semaine dernière, sur le parking du centre bouddhiste où je me réfugiais souvent entre deux enseignements pour y pratiquer moult offrandes de fumée nicotinée, j’ai consommé mon pétard annuel avec un hippie vieillissant qui traine apparemment autour de la sangha depuis des années sans entrer vraiment dans la pratique (et il l’avoue "de bonne grâce" en se marrant, bien qu’on puisse méditer sur la nature de cette grâce), et je me suis mis à chercher les mots pour l’inciter à s’y mettre, vu qu’en principe, la nénergie c’est bon, et qu’on était quand même là pour ça. Il avait la tête de Lemmy Kilminster (Motorhead) en nettement plus fatigué et je lui ai suggéré d’appliquer la même attitude par rapport au chichon qu’il avait eu le courage et la détermination de le faire avec l’alcool trois ans plus tôt, sans même avoir l’idée de solliciter le secours d’une fraternité d’abstinents (comme on l’entend chez Flo, "un des signes qu’on est vraiment envoûté c’est qu’on ne pense même pas à demander de l’aide.") Bref. Faut quand même partir de là où en sont les gens. 














Il y eut alors comme un silence glacé dans notre conversation : l’ange du mal nous frôlait de son aile poilue sur le parking désert et dans la nuit nocturne, et j’avais d’un seul coup la réponse à la question posée un jour par un journaliste de Télérama, qui s’était demandé pourquoi, dans la série Twin Peaks, l’esprit du mal sautait d’un corps à l’autre avant de s’incarner dans celui d’un "hippie vieillissant"; l’ange du mal et son haleine froide, ses remugles de gâchis, d’apathie et d’ignorance, d’habitudes trop lourdes pour espérer en dévier le cours alors qu’on est déjà si près de la fin de partie… il aura peut-être de meilleures circonstances ou plus de discernement dans sa prochaine vie… j’ai ressenti une vague d’empathie pour ce gars, qui s’est mollement transmuée en lamentation raisonnée sur le fait qu’il était bien tard pour que moi-même me lance dans une telle entreprise (la pratique). Damned ! Mon intérèt fascinatoire® pour le bouddhisme était en train d’être souterrainement instrumentalisé en commémoration plaintive de celui que j’aurais pu être si j’avais pu bénéficier de circonstances plus favorables ou si ma grand-mêre avait eu des roulettes pour aller au cimetière à pied, mort de rire ! On a fini le pétard et on est retourné vers nos condisciples. Quelles sont les bonnes nouvelles propagées par le bouddhisme ? On va tous mourir. Pire encore : on est condamnés à renaitre éternellement dans l’océan de souffrance qu’est le samsara, dont la défectuosité n’est plus à prouver, et au sein duquel, according to the masters, nous trainons nos bottes depuis des temps immémoriaux (pas étonnant qu’on soit en quête d’un bon cordonnier !!!!) A moins qu’on fasse les efforts nécessaires pour lever les voiles (émotionnels et cognitifs) de l’obscurcissement qui nous font nous cogner à la vitre de notre Weltanschauung (représentation du monde) telles de joyeuses et masochistes mouches. Et que vu d’où on part et notre vitesse de croisière, plusieurs vies seront encore sans doute nécessaires. On se calme. Cet article sent un peu la cuite émotionnelle, bien que j’aie vécu tout cela avec une relative froideur, sans doute imputable à la fraîcheur de la nuit angevine (de poitrine). Cet épisode peu glorieux - mais ce n’était pas la gloire que j’étais venu chercher ici, plutôt un remède à la mélancolie - renforça ma conviction : les 30 pages de notes manuscrites rédigées à la hâte pendant ces 7 jours, comme un rappel de l’université, il y a 25 ans (tiens ça faisait longtemps) mais dans l’optique nouvelle d’y suivre des enseignement librement consentis plutôt qu’imposés, si tant est que ça veuille dire quelque chose, le fait que j’aie pleuré comme une madeleine au moment de prendre refuge, ce pétard même dérobé à mon hygiène de vie… bah ! nos réactions émotionnelles ne sont que des souffles agitant les voiles éponymes, et l’indice qu’il y a encore du taf. Je vais pas convaincre un seul cyberdépendant de cesser de se pogner avec ça, mais qu’est-ce que ça m’a fait du bien !