This is fine. |
Mais je ne prends plus de Seroplex.
J'y suis allergique.
Juste je travaille trop, je fume trop, je parle trop, je bois trop de café.
Et le café, ça me fait pisser, partout, tout le temps.
J'y suis allergique.
Juste je travaille trop, je fume trop, je parle trop, je bois trop de café.
Et le café, ça me fait pisser, partout, tout le temps.
Au Super U, justement, je sors des toilettes, et j'avise une femme d'une soixantaine d'années qui sort de la cabine d'à côté, dont elle extrait son caddie, chargé.
Les toilettes du Super U sont spacieuses à ce point, oui.
Les toilettes du Super U sont spacieuses à ce point, oui.
Je l'apostrophe spontanément en désignant le caddie : "alors, il avait envie de faire pipi ?" Elle se tourne vers moi, surprise que je l'aborde, sur un mode qu'elle ne peut comprendre.
Elle ne peut pas capter mon ironie débile, mais se met en mode défensif, parce qu'elle sent bien que ça relève quand même de l'agression :
Elle ne peut pas capter mon ironie débile, mais se met en mode défensif, parce qu'elle sent bien que ça relève quand même de l'agression :
"Pourquoi, ça gène quelqu'un ?
- Non, mais enfin, heu... c'est pas très pratique...
- Oui, ben, c'est pour ne pas me le faire voler.
- Mais, heu, dans ces cas-là, c'est pas mieux d'avoir un petit mari qui vous garde le chariot ?
- J'en avais un, monsieur, mais il est mort, après une longue maladie, à 60 ans, alors je suis bien obligé de me débrouiller toute seule. Vous avez quel âge ?
- 54 ans...
- Hé ben je vous souhaite que ça dure, mais vous verrez, ça arrive à tout le monde. Tout le monde meurt à la fin. Alors profitez bien de la vie, parce qu'elle vous sera retirée plus vite que vous ne le croyez"
Et elle s'en va en poussant son chariot d'un air outré, en jetant de rapides coups d'oeil sur le côté, comme si elle essayait de parer des coups qu'elle ne peut pas voir arriver.
Comme la mort de son mari, je ne rentre dans son champ perceptif qu'après-coup. Sa conception houellebecquienne de la vie, elle y est venue contrainte et forcée, par une conjonction d'évènements malheureux.
Comme de se faire allumer par un connard en faisant ses courses un vendredi soir.
L'altercation m'a quand même bien calmé, question ricanements.
Bien joué, madame Houellebecq.
Je note intérieurement de ne plus ricaner qu'avec des ricaneurs assermentés.
Le secret d'un attentat verbal réussi réside dans les capacités de fuite de l'assaillant dans les secondes qui suivent l'attaque.
Mon erreur tactique a été de l'écouter.
Dans ce genre de situation, si on se met à l'écoute de l'Autre, on est archi-foutu.
Il y a quelques années, j'avais observé dans la rue un mec qui, croisant une dame affligée d'un caniche un peu ridicule, l'avait apostrophée sur un mode grotesque, de façon qu'elle ne puisse rien répondre tant l'insulte était énorme, il voulait juste se payer sa tête.
Sa Jubilation était loin d'être une Joie sans cause.
Je le jalousais secrètement, mais trouvais aussi que le mécanisme de renforcement de l'égo qui consiste à dévaloriser l'autre et à bien le lui faire sentir n'est pas fondé sur des bases très saines. En matière de socialité, le mépris mutuel n'est pas ce qui se fait de mieux.
Comme me le disait un.e ami.e, "je me demande si tu te rends compte d'à quel point tu es "bien-pensant". Enfin c'est pas un problème, mais je me demande si tu le sais.
A croire que la couche Blasphemator est juste là pour cacher la couche de bien-pensance qui a du mal à s'assumer (ce qui est logique puisqu'elle désavoue la dépendance etc)."
Les cons, c'est ce qui nous donne l'impression d'exister, à la base.
Il y en a certainement de plus intelligentes.
[Edit du 17/12]
Mais pour cela, il faut commencer par lâcher prise sur ses croyances erronées, sur les cons et le reste.
Sur le fait que le monde est perçu comme hostile et anxiogène, ou menaçant, comme semblait le penser cette dame.
Le monde n’est ni hostile, ni menaçant.
Il est neutre.
Enfin, je veux dire, hormis le fait que l’univers phénoménal se présente à nous sous la forme d’un « cycle de renaissance et de souffrance dans lequel sont pris les êtres non éveillés, (saṃsāra) et qui se réfère en réalité au cercle vicieux de trois éléments : le désir, l’action qui naît de ce désir et les effets qui résultent de l’action.
Je suis retourné faire pipi au Super U hier, et accessoirement faire mes courses pour le repas du soir, et puis aussi acheter mes médicaments parce que le docteur m’avait fait « une ordonnance, et une sévère » comme disaient les tontons flingueurs, du fait de mon insomnie maintenant bien installée comme un rat dans le labyrinthe de fromage.
Je n'ai pas recroiser la dame du Super U qui m’avait fait la Réduc U gratoche.
Elle a manifesté une aversion spontanée pour moi, mais parce que sur le plan vibratoire, elle a senti qu’on n’était pas en phase.
Pourtant, j’ai le sentiment qu’elle faisait partie de mon karass.
Si tel est le cas, elle y a joué le rôle d’un wrang-wrang.
- Oui, ben, c'est pour ne pas me le faire voler.
- Mais, heu, dans ces cas-là, c'est pas mieux d'avoir un petit mari qui vous garde le chariot ?
- J'en avais un, monsieur, mais il est mort, après une longue maladie, à 60 ans, alors je suis bien obligé de me débrouiller toute seule. Vous avez quel âge ?
- 54 ans...
- Hé ben je vous souhaite que ça dure, mais vous verrez, ça arrive à tout le monde. Tout le monde meurt à la fin. Alors profitez bien de la vie, parce qu'elle vous sera retirée plus vite que vous ne le croyez"
Et elle s'en va en poussant son chariot d'un air outré, en jetant de rapides coups d'oeil sur le côté, comme si elle essayait de parer des coups qu'elle ne peut pas voir arriver.
La date est passée, mais j'y ai eu droit quand même !! |
Comme de se faire allumer par un connard en faisant ses courses un vendredi soir.
L'altercation m'a quand même bien calmé, question ricanements.
Bien joué, madame Houellebecq.
Je note intérieurement de ne plus ricaner qu'avec des ricaneurs assermentés.
Le secret d'un attentat verbal réussi réside dans les capacités de fuite de l'assaillant dans les secondes qui suivent l'attaque.
Mon erreur tactique a été de l'écouter.
Dans ce genre de situation, si on se met à l'écoute de l'Autre, on est archi-foutu.
Il y a quelques années, j'avais observé dans la rue un mec qui, croisant une dame affligée d'un caniche un peu ridicule, l'avait apostrophée sur un mode grotesque, de façon qu'elle ne puisse rien répondre tant l'insulte était énorme, il voulait juste se payer sa tête.
Sa Jubilation était loin d'être une Joie sans cause.
Je le jalousais secrètement, mais trouvais aussi que le mécanisme de renforcement de l'égo qui consiste à dévaloriser l'autre et à bien le lui faire sentir n'est pas fondé sur des bases très saines. En matière de socialité, le mépris mutuel n'est pas ce qui se fait de mieux.
Comme me le disait un.e ami.e, "je me demande si tu te rends compte d'à quel point tu es "bien-pensant". Enfin c'est pas un problème, mais je me demande si tu le sais.
A croire que la couche Blasphemator est juste là pour cacher la couche de bien-pensance qui a du mal à s'assumer (ce qui est logique puisqu'elle désavoue la dépendance etc)."
Les cons, c'est ce qui nous donne l'impression d'exister, à la base.
Il y en a certainement de plus intelligentes.
[Edit du 17/12]
De toute façon, on est toujours le co-con de quelqu'un. L'important c'est de savoir de qui, et pourquoi. Moi, c'est la dame du Super U. A vous de jouer ! |
Sur le fait que le monde est perçu comme hostile et anxiogène, ou menaçant, comme semblait le penser cette dame.
Le monde n’est ni hostile, ni menaçant.
Il est neutre.
Enfin, je veux dire, hormis le fait que l’univers phénoménal se présente à nous sous la forme d’un « cycle de renaissance et de souffrance dans lequel sont pris les êtres non éveillés, (saṃsāra) et qui se réfère en réalité au cercle vicieux de trois éléments : le désir, l’action qui naît de ce désir et les effets qui résultent de l’action.
Je suis retourné faire pipi au Super U hier, et accessoirement faire mes courses pour le repas du soir, et puis aussi acheter mes médicaments parce que le docteur m’avait fait « une ordonnance, et une sévère » comme disaient les tontons flingueurs, du fait de mon insomnie maintenant bien installée comme un rat dans le labyrinthe de fromage.
Je n'ai pas recroiser la dame du Super U qui m’avait fait la Réduc U gratoche.
Elle a manifesté une aversion spontanée pour moi, mais parce que sur le plan vibratoire, elle a senti qu’on n’était pas en phase.
Pourtant, j’ai le sentiment qu’elle faisait partie de mon karass.
Si tel est le cas, elle y a joué le rôle d’un wrang-wrang.
Selon Bokonon, un wrang-wrang est une personne qui fait dévier le cours des spéculations d’une autre personne en réduisant ce cours, par l’exemple de sa propre vie, à une absurdité.
Nous autres, bokononistes, croyons que l’humanité est organisée en équipes qui accomplissent la volonté de Dieu sans jamais découvrir ce qu’elles font. Bokonon appelle ces équipes des karass.
Kurt Vonnegut†, le berceau du chat.