Après avoir connu plusieurs années de gloutonnerie apocalyptique (voir épisode précédent), j'ai récemment découvert que je pouvais aussi regarder les films après les avoir téléchargés, et si je jette un regard compassé sur les chefs-d'oeuvres aux couleurs jaunies de ma jeunesse -par exemple Le survivant d'après Je suis une légende de Richard Matheson (que j'ai dévoré avec Sturgeon et Dick dans ma geekolescence sans savoir que c'en était une et qu'elle me préparait à d'autres délices, car à part AVC gravissime ou théophanie massive (peu déclenchables sur commande) nous vivons plus ou moins fidèles à nos prémisses d'il y a 25 ans, d'ailleurs ils ont été implantés bien avant) avec Charlton Heston, largement aussi ridicule que la version récente avec Will Smith mais pour d'autres raisons, l'un étant vraiment daté "films de blaxploitation" bien qu'il n'en soit pas un (le héros est blanc, la plupart des zombies sont noirs, ont la coupe afro et leurs frêres blancs semblent échappés de la figuration de Easy Rider) et l'autre ayant tout misé sur les trucages numériques (le héros est noir, les zombies sont blancs et échappés encore pas bien recérébrés des films de zombies actuels), ou The Hidden avec un Kyle Mc Lachlan tout minot et autres séries B cultissimes, parmi les milliers de bobines produites par l'industrie du divertissement depuis un siècle et qui m'ont laissé un vague souvenir ou sollicitent mon attention pour tel ou tel prétexte, mais tout ça ne vaut quand même pas le cinéma d'auteur. Parce que souvent on est confronté à un imaginaire mâchouillé et remachouillé, à base d'archétypes "le sacrifice du héros sauve la communauté" qui n'ont rien à voir avec le réel, auquel ils opposent une reconstruction anti-biotique, je veux dire où la Vie n'est pas souvent la bienvenue.
D'ailleurs j'ai emprunté à un ami un documentaire de 9 heures sur l'effondrement d'une cité industrielle au nord-ouest de la Chine. Ca c'est du cinéma. Faut juste trouver le courage et l'énergie de le regarder. Le mieux, ce serait d'inviter un copain.
Je me rappelle avoir entraîné un innocent voir "Nick's Movie", hommage en forme de mausolée bâti par Wim Wenders à Nicholas Ray, qui retrace sans complaisance ni voyeurisme, lol, l'agonie de ce dernier, avec la caméra comme soin palliatif. J'exagère, mais pas de beaucoup. Mon innocent ne l'est pas resté longtemps, a compris de quoi il retournait, a quitté la salle au milieu du film et est allé m'attendre dehors parce que c'était un bon pote.
Mais je comprends que ma femme, quand elle a annoncé dans la journée à deux gamins de 8 et 10 ans qu'ils ne reverront plus leur papa, parce qu'on l'a retrouvé mort depuis 8 jours derrière un meuble, préfère un petit Desperate Housewives à un drame existentiel sur pourquoi et comment on devient terroriste en Palestine.
Alors vendredi j'ai vu et je lui ai fait subir une grande partie du film Home de Yann Arthus-Bertrand parce que d'un seul coup je me sentais écologiquement concerné par l'avenir de la planète, surtout quand je ne serai plus dessus parce que comme disait Henri Michaux :
"Tu peux être tranquille. Il reste du limpide en toi. En une seule vie tu n'as pas pu tout souiller."
Alors évidemment, les travelingues de la terre vue d'hélico qui n'en finissent plus avec la voix off plombée, ma compagne on lui a déjà fait le coup avec les films de John Warsen, et elle a piqué du nez sans demander grâce, la garce.
Home m'évoque beaucoup Koyaanisqatsi, vu à l'époque où j'étais un cinéphile pourvu de mémoire, et ses prophéties Hopi peu optimistes pour les temps futurs, qui constituaient les seules phrases d'explication du film :
1. If we dig precious things from the land, we will invite disaster.
2. Near the Day of Purification, there will be cobwebs spun back and forth in the sky.
3. A container of ashes might one day be thrown from the sky which could burn the land and boil the oceans.
D'ailleurs si on coupe le son de la télé en regardant Home, on obtient un Koyaanisqatsi actualisé et friqué.
Mais le film de Reggio était contemplatif, et ne suggérait aucune lecture plutôt qu'une autre, se contentant de juxtaposer la nature et ses forces millénaires d'un côté, et la technologie et ses effets secondaires de l'autre.
Home, avec sa voix off très didactique, qui nous assène les évidences qui fâchent sur notre consommation déraisonnable de matériaux fossiles etc... y'a comme un décalage entre les images extra-planantes - Par Toutatis, que la misère est belle quand on n'a pas les pieds dedans ! - et le commentaire d'une sorte de demi-Dieu omniscient mais pas omnipotent, qui contemple de haut ses créatures et se stupéfie dignement de leur disparition prochaine, le tout après un bon fix d'héro pour tenir le choc émotionnel (la langueur et la régularité des mouvements de caméra procure l'équivalent cinématographique de cette sorte d'hébétude propre aux opiacés.)
C'est vrai que c'est très soporifique.
Koyaanisquasskouill. Surtout que la musique emprunte désespérément au Philip Glass de l'original sans retrouver cette fluidité dans la pénibilité.
Le film a vocation à toucher un public très très large. Il est en shareware un peu partout, et la cause est non pas noble, mais vitale. Le matin de la diffusion du film, l'auteur disait sur France Inter où il était interviouvé que les choses qu'on pouvait faire à notre niveau étaient très simples : manger moins de viande, brûler moins d'essence.
Comme tout cela me semble avoir été dit et répété depuis 40 ans (et encore je ne remonte qu'à René Dumont et au Club de Rome), avec les effets que l'on sait, et bien que le film de YAB satisfasse à la fois l'esthétique et la comprenette, et comme il a été financé par des marques et des industriels de tous horizons mais des gros de chez gros, que tout le monde se persuade petit à petit de la venue imminente de l'apocalypse sans y croire vraiment, à travers tous ces films de genre, principalement des blockbusters anglo-saxons, sachant que ça ressemblera à l'histoire des grenouille chauffées expérience qui montre que lorsqu'un changement s'effectue d'une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte...sauf pour les Bengladeshis mais sincèrement, y'a pas tellement de pétrole au Bengladesh alors ça m'étonnerait qu'on se mobilise.
Pourtant, il me semblait que quelqu'un qui vivrait dans une incohérence dont il serait l'auteur se ferait interner et placer en observation à titre préventif s'il se voyait dans le même temps ne pas réussir à se sortir les doigts du cul tandis que le mur approche à vitesse grand V.
Mais j'ai tant d'exemples en moi et autour de moi de ces étranges paradoxes que pfff... autant revenir au message de base : moins de viande, moins de pétrole.
Pour voir Home en 1080p et sangloter d'émotion contenue devant son écran HD, je tiens à la disposition du premier qui m'en fera la demande une inscription sur un forum de téléchargement participatif (protocole bittorent), ayant accumulé assez de points pour pouvoir en faire bénéficier autrui sans nuire au cochon.
D'ailleurs j'ai emprunté à un ami un documentaire de 9 heures sur l'effondrement d'une cité industrielle au nord-ouest de la Chine. Ca c'est du cinéma. Faut juste trouver le courage et l'énergie de le regarder. Le mieux, ce serait d'inviter un copain.
Je me rappelle avoir entraîné un innocent voir "Nick's Movie", hommage en forme de mausolée bâti par Wim Wenders à Nicholas Ray, qui retrace sans complaisance ni voyeurisme, lol, l'agonie de ce dernier, avec la caméra comme soin palliatif. J'exagère, mais pas de beaucoup. Mon innocent ne l'est pas resté longtemps, a compris de quoi il retournait, a quitté la salle au milieu du film et est allé m'attendre dehors parce que c'était un bon pote.
Mais je comprends que ma femme, quand elle a annoncé dans la journée à deux gamins de 8 et 10 ans qu'ils ne reverront plus leur papa, parce qu'on l'a retrouvé mort depuis 8 jours derrière un meuble, préfère un petit Desperate Housewives à un drame existentiel sur pourquoi et comment on devient terroriste en Palestine.
Alors vendredi j'ai vu et je lui ai fait subir une grande partie du film Home de Yann Arthus-Bertrand parce que d'un seul coup je me sentais écologiquement concerné par l'avenir de la planète, surtout quand je ne serai plus dessus parce que comme disait Henri Michaux :
"Tu peux être tranquille. Il reste du limpide en toi. En une seule vie tu n'as pas pu tout souiller."
Alors évidemment, les travelingues de la terre vue d'hélico qui n'en finissent plus avec la voix off plombée, ma compagne on lui a déjà fait le coup avec les films de John Warsen, et elle a piqué du nez sans demander grâce, la garce.
Home m'évoque beaucoup Koyaanisqatsi, vu à l'époque où j'étais un cinéphile pourvu de mémoire, et ses prophéties Hopi peu optimistes pour les temps futurs, qui constituaient les seules phrases d'explication du film :
1. If we dig precious things from the land, we will invite disaster.
2. Near the Day of Purification, there will be cobwebs spun back and forth in the sky.
3. A container of ashes might one day be thrown from the sky which could burn the land and boil the oceans.
D'ailleurs si on coupe le son de la télé en regardant Home, on obtient un Koyaanisqatsi actualisé et friqué.
Mais le film de Reggio était contemplatif, et ne suggérait aucune lecture plutôt qu'une autre, se contentant de juxtaposer la nature et ses forces millénaires d'un côté, et la technologie et ses effets secondaires de l'autre.
Home, avec sa voix off très didactique, qui nous assène les évidences qui fâchent sur notre consommation déraisonnable de matériaux fossiles etc... y'a comme un décalage entre les images extra-planantes - Par Toutatis, que la misère est belle quand on n'a pas les pieds dedans ! - et le commentaire d'une sorte de demi-Dieu omniscient mais pas omnipotent, qui contemple de haut ses créatures et se stupéfie dignement de leur disparition prochaine, le tout après un bon fix d'héro pour tenir le choc émotionnel (la langueur et la régularité des mouvements de caméra procure l'équivalent cinématographique de cette sorte d'hébétude propre aux opiacés.)
C'est vrai que c'est très soporifique.
Koyaanisquasskouill. Surtout que la musique emprunte désespérément au Philip Glass de l'original sans retrouver cette fluidité dans la pénibilité.
Le film a vocation à toucher un public très très large. Il est en shareware un peu partout, et la cause est non pas noble, mais vitale. Le matin de la diffusion du film, l'auteur disait sur France Inter où il était interviouvé que les choses qu'on pouvait faire à notre niveau étaient très simples : manger moins de viande, brûler moins d'essence.
Comme tout cela me semble avoir été dit et répété depuis 40 ans (et encore je ne remonte qu'à René Dumont et au Club de Rome), avec les effets que l'on sait, et bien que le film de YAB satisfasse à la fois l'esthétique et la comprenette, et comme il a été financé par des marques et des industriels de tous horizons mais des gros de chez gros, que tout le monde se persuade petit à petit de la venue imminente de l'apocalypse sans y croire vraiment, à travers tous ces films de genre, principalement des blockbusters anglo-saxons, sachant que ça ressemblera à l'histoire des grenouille chauffées expérience qui montre que lorsqu'un changement s'effectue d'une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte...sauf pour les Bengladeshis mais sincèrement, y'a pas tellement de pétrole au Bengladesh alors ça m'étonnerait qu'on se mobilise.
Pourtant, il me semblait que quelqu'un qui vivrait dans une incohérence dont il serait l'auteur se ferait interner et placer en observation à titre préventif s'il se voyait dans le même temps ne pas réussir à se sortir les doigts du cul tandis que le mur approche à vitesse grand V.
Mais j'ai tant d'exemples en moi et autour de moi de ces étranges paradoxes que pfff... autant revenir au message de base : moins de viande, moins de pétrole.
Pour voir Home en 1080p et sangloter d'émotion contenue devant son écran HD, je tiens à la disposition du premier qui m'en fera la demande une inscription sur un forum de téléchargement participatif (protocole bittorent), ayant accumulé assez de points pour pouvoir en faire bénéficier autrui sans nuire au cochon.