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vendredi 29 janvier 2016

Le mal par le mal (4)

Je lis Mohicans, le livre que Denis Robert s'est senti obligé d'écrire sur La Véridique Histoire de Charlie Hebdo.
C'est édifiant de voir comment Choron et Cavanna, fondateurs du journal, se sont fait empapaouter par Philippe Val et Richard Malka, qui y sont dépeints comme deux fripouilles opportunistes ayant spolié, dépossédé, menti, trahi et abusé les fondateurs historiques de Charlie pour faire du cash et accroitre leurs réseaux d’influence.
Dark Vador, à côté, c’est Oui-Oui.
Quand j'étais petit, Philippe Val m'apparaissait comme une sorte de Chevalier Blanc du gauchisme.
En lisant ce livre, je conviens qu'il est vraiment passé du côté obscur de la Farce.
Et les Choron, Cavanna etc, c'est quand même curieux qu'avec tant de mauvais esprit, ils n'aient pas eu l'Intelligence du Mal.








Etonnant, non ?



Philippe Val à son départ de Charlie

vendredi 15 janvier 2016

La Bibliothèque de Babybel (2)

Avant


Après


"Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses.”
(attribué à Gandhi)

Par contre, c'était une erreur de traiter l'étagère avec un produit destiné à hydrofuger ma terrasse en bois.
Ca a mis trois semaines à ne plus puer.

Bon, je vous laisse, j'ai un peu de lecture.

lundi 11 janvier 2016

Démocratie, dans quel état ?

Un texte d'Alain Badiou, 
transmis par le capitaine Kraddock, et son Magic Pyjama Band.


Badiou Akbar !


[Edit] du 16/01/15 :

j'avais pas vu qu'il y avait la suite dans le mail du capitaine !
Qui ajoute aux pas sages du Nord Ouest et d'ailleurs que "Donc Badiou n’est toujours pas consensuel. Voilà qui me rassure. J’aurais été contraint de bruler ses livres. Quand à Heidegger, n’en déplaise aux commissaires de l’antisémitisme supposé, oui, c’est un très grand philosophe, peut être le plus grand du XXème siècle. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le recueil : “chemins qui ne mènent nulle par”"t” avec des textes magnifiques."
Si la philosophie déchaine autant les passions que le bouddhisme, mes trolls de blogs ont encore de beaux jours devant eux.
Quant à moi, Heidegger m'a toujours brouté, j'irai donc à la pêche.
A pied.
Ou bien, si le plus grand philosophe du XXeme siècle était un peu nazi, il est peut-être encore temps de s’y mettre, bien qu’on parte de très loin ?



mardi 29 décembre 2015

L'infinie comédie


« Elle lui avait promis un cinquième d’un kilo de marijuana, 200 grammes d’une marijuana de qualité exceptionnelle, pour 1 250 $ E.U. Il avait tenté d’arrêter de fumer de la marijuana 70 ou 80 fois déjà. Avant de connaître cette femme. Elle ignorait qu’il avait tenté d’arrêter. Il tenait toujours une ou deux semaines, ou parfois deux jours, puis il changeait d’avis et décidait d’en commander une dernière fois. Une ultime dernière fois, il avait cherché un nouveau dealer, quelqu’un à qui il n’avait pas encore dit qu’il voulait arrêter en le suppliant de ne plus jamais, en aucun cas, lui fournir de dope. Il fallait que ce soit une tierce personne, parce qu’il avait demandé à tous les dealers qu’il connaissait de l’exclure. Et cette tierce personne devait être quelqu’un de complètement nouveau, parce que chaque fois qu’il achetait de la dope il savait que ce devait être la dernière fois et donc il leur disait, leur demandait, comme une faveur, de ne plus jamais lui en procurer, jamais. Et quand il avait dit ça à quelqu’un, il ne lui en redemandait jamais, parce qu’il était fier, et sympa aussi, il ne voulait mettre personne dans ce genre de situation conflictuelle. Et puis il se trouvait lui-même craignos, rapport à la dope, et il avait peur que d’autres ne le considèrent également comme tel, rapport à ça. Il restait assis à réfléchir, il attendait, dans un X irrégulier de lumières venues de deux fenêtres différentes. Une ou deux fois il regarda le téléphone. L’insecte avait redisparu dans le trou du support métallique d’une des étagères.
Elle avait promis de venir à une certaine heure, et cette heure était passée. Finalement il céda et composa son numéro, juste la fonction audio, il laissa sonner plusieurs fois, craignant toujours d’occuper la ligne trop longtemps, et il tomba sur son répondeur audio, le message était accompagné d’une musique pop ironique et la voix de la femme et celle d’un homme disaient en même temps nous vous rappellerons, et ce « nous » donnait l’impression d’un couple, l’homme était un beau Noir qui allait en fac de droit, elle était décoratrice de théâtre, et il ne laissa pas de message parce qu’il ne voulait pas qu’elle sache à quel point il était en manque. Il avait traité la chose par-dessus la jambe. Elle avait dit qu’elle connaissait un mec sur l’autre rive à Allston qui vendait une bonne résine en quantités modérées et il avait bâillé en disant ouais, peut-être, tiens ouais, pourquoi pas, bien sûr, pour fêter un truc, j’en ai pas acheté depuis je sais pas combien de temps. Elle disait qu’il habitait dans une caravane et avait un bec-de-lièvre et des serpents et pas de téléphone, qu’il n’était pas fondamentalement ce qu’on appelle un type agréable ni attirant mais qu’il vendait souvent de la dope à des théâtreux de Cambridge et qu’il était fidèle à ses clients. Il avait dit qu’il ne se rappelait même pas quand il en avait acheté pour la dernière fois, tellement ça faisait longtemps. Il avait dit qu’il en voulait quand même une quantité honnête parce que des copains l’avaient appelé récemment pour lui demander s’il pouvait leur en filer. Il avait cette habitude de dire que s’il achetait de la dope, c’était surtout pour les copains. Comme ça, si la femme n’en avait pas alors qu’elle lui en avait promis et qu’il commençait à angoisser, il pourrait lui dire que c’étaient ses copains qui angoissaient et qu’il était désolé de la déranger pour si peu mais que ses copains angoissaient et le harcelaient et qu’il voulait juste savoir ce qu’il pouvait bien leur dire. Il était pris entre deux feux, selon son expression. Il pourrait dire que ses copains lui avaient donné du fric et qu’ils angoissaient maintenant, qu’ils le pressaient, l’appelaient, le harcelaient. Cette tactique n’était pas possible avec cette femme qui avait dit qu’elle viendrait parce qu’il ne lui avait pas encore remis les 1 250 $. Elle n’avait pas voulu. Elle avait les moyens. Sa famille avait les moyens, avait-elle dit pour expliquer qu’elle habitait un immeuble plutôt pas mal alors qu’elle travaillait comme décoratrice pour une compagnie théâtrale de Cambridge qui ne montait que des pièces allemandes dans des décors sombres et crasseux. Elle disait que l’argent n’était pas un problème, qu’elle couvrirait les frais elle-même quand elle irait à Allston Spur pour voir si le mec était chez lui dans la caravane, mais elle était certaine qu’il y serait cet après-midi, et qu’il n’aurait qu’à la rembourser quand elle lui apporterait la dope. Cet arrangement à l’amiable l’avait rendu anxieux, alors il l’avait jouée encore plus relax, avait dit d’accord, super, peu importe. En y repensant, il était sûr d’avoir dit peu importe, ce qui rétrospectivement l’inquiétait parce qu’elle pouvait avoir compris qu’il s’en foutait complètement, à tel point que, si elle oubliait d’y aller ou d’appeler, ce ne serait pas important, alors que maintenant qu’il avait décidé d’avoir de la marijuana chez lui, c’était très important. Très important. Il avait été trop relax avec la femme, il aurait dû la forcer à accepter les 1 250 $ tout de suite en prétendant que c’était par politesse, par souci de ne pas la gêner financièrement pour une affaire aussi dérisoire et banale. L’argent créait une obligation et il aurait voulu que la femme se sente obligée de tenir sa promesse, puisque cette promesse l’avait tout tourneboulé à l’intérieur. Quand il était tout tourneboulé à l’intérieur, la chose était si importante qu’il craignait de montrer à quel point c’était important. Dès lors qu’il lui avait demandé de lui en procurer, il s’était astreint à une série de tâches. L’insecte était de retour sur l’étagère. Il semblait ne rien faire. Il était sorti du trou dans le support et restait sans bouger sur l’étagère. Au bout d’un moment, il disparaîtrait de nouveau dans le trou où, très probablement, il ne ferait rien non plus. Entre l’insecte dans le support de son étagère et lui-même, il y avait une certaine similitude, mais il ne savait pas laquelle au juste. En décidant d’avoir de la marijuana chez lui une dernière fois, il s’était astreint d’avance à une série de tâches. Il allait devoir modemiser avec l’agence pour dire qu’il avait une affaire urgente et qu’il postait une e-note sur le téléputeur d’une collègue lui demandant de prendre ses appels jusqu’à la fin de la semaine parce qu’il ne serait pas joignable pendant plusieurs jours à cause de cette affaire urgente. Il allait devoir enregistrer un message audio sur son répondeur pour annoncer que, à partir de cet après-midi, il serait injoignable pendant plusieurs jours. Faire le ménage dans sa chambre, parce que, une fois dopé, il ne quitterait plus sa chambre sauf pour aller jusqu’au frigo et dans la salle de bains, des allers-retours très rapides. Il allait devoir jeter sa bière et son alcool parce que s’il buvait et fumait de la dope en même temps il serait vaseux et malade et s’il avait de l’alcool à la maison il n’était pas sûr de résister à la tentation de boire tout en ayant commencé à fumer. Il avait dû faire plusieurs courses. Prévoir des réserves. Maintenant seule une antenne de l’insecte sortait du trou dans le support. Elle saillait, mais ne bougeait pas. Il avait dû acheter du soda, des Oreo, du pain, de quoi faire des sandwiches, de la mayonnaise, des tomates, des M&M’s, des cookies Almost Home, de la glace, un gâteau au chocolat Pepperidge Farm et quatre pots de crème au chocolat à manger avec une grande cuiller. Passer une commande de cartouches au vidéoclub InterLace. Acheter des anti-acides pour pallier les indispositions, tard le soir, causées par tout ce qu’il allait manger. Acheter un bong neuf, parce que chaque fois qu’il terminait ce qui était censé être son dernier sachet de marijuana il décidait que ça suffisait comme ça, qu’il en avait marre, qu’il n’aimait même plus ça, stop, fini de se cacher, fini d’ennuyer ses collègues, de changer les messages sur son répondeur, de garer sa voiture loin de son immeuble, de fermer ses fenêtres, ses rideaux, ses volets et de limiter ses déplacements à de courts vecteurs entre le téléputeur InterLace de sa chambre, le frigo et les toilettes, et il jetait son bong après l’avoir emballé dans plusieurs sacs plastique. Son réfrigérateur fabriquait automatiquement des glaçons en forme de petits croissants opaques et il adorait ça, quand il avait de la dope chez lui il buvait toujours beaucoup de soda et d’eau glacés. Rien que d’y penser, il avait la langue pâteuse. Il regarda le téléphone et l’heure. Il regarda les fenêtres mais pas les feuillages ni l’allée goudronnée derrière les fenêtres. Il avait déjà épousseté ses stores vénitiens et ses rideaux, tout était près à être fermé. Dès que la femme qui avait dit qu’elle viendrait serait venue, il fermerait tout. Il se dit qu’il allait disparaître dans le trou d’un support à l’intérieur de lui soutenant quelque chose d’autre à l’intérieur de lui. Il ne savait pas bien ce qu’était cette chose à l’intérieur de lui et il ne se sentait pas prêt à entreprendre la série de tâches nécessaires à l’élucidation de cette question. Cela faisait maintenant trois heures que la femme aurait dû être là. Un conseiller personnel, Randi, avec un i, moustachu comme un gendarme canadien à cheval, lui avait dit, deux ans auparavant, dans le cadre d’un traitement ambulatoire, qu’il ne s’astreignait pas assez à la série de tâches requises pour éliminer certaines substances de sa façon de vivre. Il avait dû acheter un nouveau bong chez Bogart à Porter Square, Cambridge, parce que chaque fois qu’il terminait la dernière des substances à sa portée il jetait ses bongs, ses pipes, ses tamis, ses tubes, son papier à rouler, ses pinces à joint, ses briquets, la Visine, le Pepto-Bismol, ses biscuits et ses crèmes pour parer à toute tentation future. Il se sentait toujours plein d’optimisme et de bonnes résolutions après avoir jeté ces articles. Il avait acheté le nouveau bong et stocké ses fournitures ce matin, il était rentré avec tout ce barda bien avant l’heure à laquelle la femme avait dit qu’elle viendrait. Il pensa au nouveau bong et au paquet neuf de petits tamis ronds en laiton dans le sac Bogart sur la table de sa cuisine ensoleillée et ne parvint pas à se rappeler la couleur de ce nouveau bong. Le dernier était orange, le précédent était vieux rose et s’était culotté de résine en quatre jours. Il ne se rappelait pas la couleur de ce nouvel ultime dernier bong. Il envisagea d’aller vérifier la couleur du bong qu’il allait utiliser mais estima qu’une vérification obsessionnelle et des mouvements compulsifs pouvaient compromettre l’atmosphère de tranquillité neutre nécessaire à son attente, vigilante mais immobile, de la femme qu’il avait rencontrée à l’occasion d’une petite campagne de sponsorisation par son agence du nouveau festival Wedekind de sa petite compagnie théâtrale, son attente de cette femme avec qui il avait eu des rapports deux fois et qui devait honorer sa promesse. Il essaya de déterminer si cette femme était jolie. Quand il se vouait à une ultime séance récréative de fumette il s’approvisionnait également en vaseline. Quand il fumait de la marijuana il avait tendance à se masturber beaucoup, qu’il eût ou non des projets de rapports sexuels, optant quand il fumait pour la masturbation de préférence aux rapports sexuels, et la vaseline lui évitait de reprendre une fonction normale en étant tout endolori. Il hésitait aussi à se lever pour vérifier la couleur de son bong parce que le trajet jusqu’à la cuisine l’obligeait à passer juste à côté de la console téléphonique et il ne voulait pas être tenté d’appeler la femme qui avait dit qu’elle viendrait parce qu’il rechignait à la déranger pour une chose qu’il avait présentée comme banale et il craignait que le fait de tomber plusieurs fois sur son répondeur ne le mette encore plus mal à l’aise, s’inquiétait aussi d’occuper la ligne au moment même où elle appellerait, ce qu’elle ne manquerait pas de faire. Il décida de souscrire au service supplémentaire payant du Signal d’appel dans son abonnement téléphonique audio, puis songea que, puisque c’était absolument la dernière fois qu’il s’adonnerait à ce que Randi, avec un i, avait appelé une addiction en tout point aussi préjudiciable que l’alcoolisme pur et simple, il n’avait pas vraiment besoin du Signal d’appel, vu qu’une situation comme celle-ci ne se reproduirait jamais. Ces pensées faillirent le mettre en rogne. Pour assurer l’impassibilité de sa position assise dans la lumière il se concentra sur son environnement. Aucune partie de l’insecte qu’il avait vu n’était à présent visible. Les clics de son horloge portative se décomposaient en trois moindres clics, signifiant, supposait-il, mise en place, mouvement, réajustement. Il commençait à se dégoûter lui-même d’attendre si anxieusement l’arrivée promise de quelque chose qui avait cessé d’être divertissant de toute façon. Il ne savait même plus pourquoi il aimait encore ça. Ça lui desséchait la bouche, lui desséchait et lui rougissait les yeux, lui ramollissait la figure, et il détestait avoir la figure ramollie, c’était comme si l’intégrité de ses muscles faciaux était érodée par la marijuana, or il était terriblement gêné par le ramollissement de son visage et s’interdisait depuis longtemps de fumer de la dope en présence d’autrui. Il ne savait même pas ce que ça lui apportait. Il n’osait même plus se montrer devant quelqu’un s’il avait fumé de la marijuana dans la journée tellement ça le gênait. Et la dope lui causait souvent une douloureuse pleurésie s’il fumait plus de deux jours d’affilée à un rythme soutenu devant la visionneuse InterLace de sa chambre. Ses pensées partaient dans des zigzags délirants et il regardait ébahi, tel un enfant un peu demeuré, les cartouches récréatives – quand il choisissait ses cartouches de films pour une séance prolongée de fumette, il donnait la préférence à des films pleins d’explosions et d’accidents, dans lesquels un spécialiste des faits déplaisants comme Randi aurait sûrement relevé des influences néfastes. Il lissa sa cravate en rassemblant son intellect, sa volonté, sa conscience de soi, sa conviction et décréta que lorsque cette ultime femme viendrait comme elle ne manquerait pas de le faire ce serait tout simplement sa toute dernière orgie de marijuana. Il en fumerait tant et si vite que c’en serait désagréable et lui laisserait un souvenir si répugnant qu’après l’avoir consommée et éradiquée de chez lui et de sa vie de manière expéditive il n’en aurait plus jamais envie. Il s’emploierait à associer la came avec une série de phénomènes extrêmement pénibles dans sa mémoire. La dope l’effrayait. Elle lui causait des peurs. Ce n’était pas la dope en soi qui lui faisait peur mais tout le reste, quand il fumait il avait peur de tout. Il y avait longtemps que ce n’était plus ni un répit ni un soulagement ni un plaisir. Cette dernière fois, il fumerait la totalité des 200 grammes – 120 grammes  après l’opération de tri – en quatre jours, plus d’une once par jour, en longues et denses bouffées dans un bong vierge et de qualité, une quantité quotidienne énorme, démente, il en ferait une mission, traiterait ça comme une pénitence et un régime de rééducation comportementale en même temps, il fumerait à raison de 30 grammes haute densité par jour, commencerait dès le réveil, aussitôt après avoir décollé sa langue de son palais avec de l’eau glacée et avoir avalé un anti-acide – une moyenne de 200 à 300 hits par jour, une quantité volontairement démente et désagréable, et il s’imposerait de fumer continûment, même si la marijuana était aussi bonne que l’assurait la femme il s’enverrait 5 hits et n’aurait plus envie d’une seule taffe pendant au moins une heure. Mais il se forcerait quand même. Il fumerait tout même s’il n’en avait plus envie. Même si ça commençait à lui donner des vertiges et à le rendre malade. Il serait discipliné, persistant, volontaire et ferait en sorte que ce soit si désagréable, si dénaturé et si excessif et si désagréable que son comportement en serait modifié par la force des choses, il ne voudrait plus jamais en fumer parce que le souvenir de ces quatre jours déments se graverait à tout jamais, indélébile, dans sa mémoire. Il se soignerait par l’excès. Il prévoyait que la femme, quand elle arriverait, voudrait fumer un peu des 200 grammes avec lui, traînerait, s’incrusterait, écouterait quelques enregistrements de son impressionnante collection de Tito Puente, et qu’ils auraient des rapports sexuels. Il n’avait jamais eu de véritables rapports sexuels sous marijuana. Franchement, l’idée le repoussait. Deux bouches sèches qui se heurtent, essaient de s’embrasser, sa gêne coutumière qui s’enroule autour d’eux comme un serpent autour d’un bâton pendant qu’il s’agite et grogne au-dessus d’elle, ses yeux boursouflés et rougis et sa gueule affaissée, ses traits flasques et peut-être, alors que ses plis mollasses toucheront les replis de sa gueule à elle, affaissée aussi, tremblotant d’avant en arrière sur l’oreiller, sa bouche desséchée en action. Une idée repoussante. Non, il lui dirait de lui balancer ce qu’elle lui avait promis d’apporter, il lui balancerait en échange les 1 250 $ en grosses coupures et lui dirait de se bouger les fesses et de partir. Il dirait cul, pas fesses. Il serait si vulgaire et déplaisant que le souvenir de ce manque de politesse élémentaire et de son visage offensé, pincé, serait un antidote supplémentaire, à l’avenir, contre la tentation de l’appeler et de renouveler la série de tâches à laquelle il venait de s’astreindre. »

Extrait de : Wallace, David Foster. « L'Infinie comédie. » 
Ce contenu est peut-être protégé par des droits d’auteur. 
Envoyé de mon iPad

Je lis ce roman foisonnant (1200 pages écrites tout petit + les annexes encore plus petites) avec délectation, et à mon rythme de lecture, j’en ai bien pour 6 mois.
Je ne suis pas étonné que l’auteur se soit pendu à 48 ans, il fait preuve d’une lucidité affreusement dépressivo-rigolote.

dimanche 13 décembre 2015

La Bibliothèque de Babybel


article publié sur un forum hyper-cacher, genre caserne d'Ali Babio, juste après l'effondrement de leur (notre) base de données, et légèrement enrichi pour pouvoir être usé en comm' externe.

Posté ze 03 November 2015 - 05h19

1/ La Bibliothèque de Babel
est une nouvelle de l'écrivain Jorge Luis Borges publié en 1941, puis en 1944 dans son célèbre recueil Fictions. Cette nouvelle est inspirée d'une nouvelle de l'écrivain, philosophe et mathématicien allemand Kurd Lasswitz intitulée La bibliothèque universelle et publiée pour la première fois en 1904.

La nouvelle décrit une bibliothèque de taille gigantesque contenant tous les livres de 410 pages possibles (chaque page formée de 40 lignes d'environ 80 caractères) et dont toutes les salles hexagonales sont disposées d'une façon identique. Les livres sont placés sur des étagères comprenant toutes le même nombre d'étages et recevant toutes le même nombre de livres. Chaque livre a le même nombre de pages et de signes. L'alphabet utilisé comprend vingt-cinq caractères (vingt-deux lettres minuscules, l'espace, la virgule et le point).

Cette bibliothèque contient tous les ouvrages déjà écrits ainsi et tous ceux à venir parmi un nombre immense de livres sans aucun contenu lisible (puisque chaque livre peut n'être constitué que d'une succession de caractères ne formant rien de précis dans aucune langue).

Cette nouvelle, une métaphore de la littérature, est profondément influencée par la kabbale.

Le thème de la « Bibliothèque de Babel » a été réactualisé par le développement de l'informatique qui permet de composer toutes les suites possibles avec un nombre donné de caractères, dans la limite de l'explosion combinatoire.

Richard Dawkins a imaginé l'« ordinateur de Babel » : 4 Mo de RAM remplis de toutes les façons possibles et imaginables, parmi lesquelles forcément un certain nombre de noyaux parfaitement en ordre de marche. Dont tous les noyaux Linux passés, présents et à venir, tant qu'ils font moins de 4 Mo, ainsi que ceux de tous les Windows sous la même condition.

David Deutsch, reprenant et généralisant une idée d'Hugh Everett, estime que l'univers que nous connaissons représente précisément l'un des volumes d'une sorte de bibliothèque de Babel.

Il est possible de calculer le nombre de livres distincts présents dans la bibliothèque (voir l'article Combinatoire) : chaque livre comporte 410 pages, chaque page comporte 40 lignes et chaque ligne comporte 80 caractères, il existe 25 caractères différents. Donc le nombre de livres distincts est


Ce nombre comporte 1 834 098 chiffres, ce qui montre que les ordinateurs ne sont pas en mesure de créer effectivement cette bibliothèque. En revanche, rien de plus simple que d'en générer des pages au fur et à mesure de la demande du lecteur, ce qui ne comporte pas de différence fonctionnelle.

Remarquons qu'il faudrait plus d'un livre (environ 1,4 en l'occurrence) de la Bibliothèque de Babel pour écrire ce nombre.
(…)
Dans un petit essai sur « la Bibliothèque de Babel », W.V.O. Quine a remarqué que cette bibliothèque, bien qu'immense, n'est pas infinie et qu'il y a théoriquement un moment où tous les ouvrages possibles auront été écrits.

L'allusion à l'existence de zones ordonnées dans un espace dénué d'information peut aussi être vu comme un écho de la question philosophique "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" et de la réponse que lui suggère Brian Greene : "Parce que ce quelque chose est l'une des formes possibles du rien".

=> exemple pris au hasard dans la vie quotidienne : "en ce moment, le forum ** est l'une des formes vachement possibles du rien"

(sans parler de l'album éponyme d'OnestZen)


"En savoir plus sur Rien", tout un pogrome !

2/ La Bibliothèque de Babybel 

(hébreu : מגדל בבל Migdal Babel, en arabe : برج بابل Burj Babil) est une blagouze de John Warsen imaginée en 2015 sur le forum ** sans trop se casser le tronc, à partir d’un épisode biblique rapporté dans la parashat Noa'h, en Genèse 11:1-9.

"La cyber-Terre ayant été peu à peu repeuplée après le Crashes réussi du fofo, les hommes s’arrêtent dans la vallée de Semmar pour édifier une nouvelle tour d’eBooks en fromage durci dont le sommet atteint les cieux. Dieu interrompt leur projet en dissipant les nuages un 3 novembre, brouillant leur langage, uni jusque-là, et répandant une température de 22° centigraves aux alentours, ce qui provoque un nouveau ramollissement de l’édifice ** et la dispersion de la plupart de ses membres à la surface de la Terre, jurant mais un peu tard qu'on ne les y prendrait plus, parce que chat échaudé craint l'eau chaude, qu’ils ne veulent pas périr dans un Tsunami de fromage fondu, et qu’ils préfèrent de beaucoup opérer un retour salubre à la Réalité IRL.


Sauf ceux qui ont attrapé tellement d'acouphènes qu'ils se précipitent d'abord chez leur ORL, purée je me kiffe d'être aussi kikoulol.


Bon alors à quelle heure elle rouvre, cette putain de librairie ?

J'ai pas que ça à faire.

Le projet de nouvelle tour de refroidissement par eau du serveur **,
conçue pour éviter tout incident navrant à l'avenir nécessairement radieux.




Posté ze 04 November 2015 - 18h53

L'avis d'un expert :

Je ne comprends pas : d'une part la figure de la B. de Babel ne me parait pas correspondre à la description donnée "zones ordonnées dans un espace dénué d'information" car un ensemble de signes dénué de sens (l'ensemble) n'est précisement pas un ensemble denué d'informations.

D'autre part, la question ontologique "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" n'a pas de rapport non plus ni avec la B. de Babel, ni avec "l'existence de zones ordonnées dans un espace dénué d'information" car l'on parle d'être et non des différents modes d'être ie que la question peut-être formulé ainsi : Pourquoi y a t-il de l'être plutôt que de l'absence d'être ?

J'ai beaucoup de mal à concevoir ce que peut-être "une des formes possibles du rien", ce qui me fait dire que la soit-disante réponse de Greene est plutôt une boutade qu'autre chose.

Posté ze 05 November 2015 - 13h10

Dès qu'on est un peu pointu, on s'aperçoit que les articles rédigés par l'armée des ombres des wikistes anonymes tirent parfois plus vers la licence poétique (de classe IV) que vers le factuel objectivable.

Ainsi de celui sur le rêve lucide, qu'un copain dans ton genre a retouché ici, (et auprès duquel je me sens petit), sans retoucher les 20.000 francs qu'il pouvait attendre de ce nouveau départ, comme nous tous qui tâchons de mettre un peu d'animation dans la cage d'escalier avant la reprise des hostilités suço-lécheuses.

Quant à à concevoir ce que peut-être "une des formes possibles du rien", c'est très simple : tu l'as en face de toi.

Mais je reviendrai sur la question (dit-il avant de disparaitre à jamais).

posologie et précautions d'emploi :

Cet article sera drôle à partir de 2024, et au moins jusqu'en 2028, après dissipation des brumes radio-actives matinales. Dans cette attente, des hôtesses vont passer parmi vous, avec un assortiment de revues et de boissons fraiches.




Pendant ce temps, IRL au pied de mon lit, j'ai pris tous mes tas pour en faire un gros.
En attendant de retaper l'étagère du garage.



* IRL est l'acronyme de "In Real Life", faux ami qui n'a pas peur des vrais.

mardi 20 octobre 2015

Un truc soi-disant super auquel on ne me reprendra pas

...c'est le titre d'un recueil d'articles du regretté David Foster Wallace.
Je crois qu'il s'agit de fonds de tiroirs assez hétéroclites.
De lui, j'ai bien aimé "La Fonction du Balai", lu cet été.
Un mélange de Boris Vian, Kurt Vonnegut, R.A. Lafferty, et une dinguerie qui n'appartient qu'aux américains post-modernes.
J'ai hâte de m'enfoncer plus avant dans son Infinie Comédie.
A propos d'infinie comédie...
A propos de "trucs soi-disant super auxquels on ne me reprendra pas", enfin j'espère, des fois je me mets en position de rêver qu'il m'arrive des trucs qui n'arrivent que dans les vieilles bédés de Daniel Goossens, comme dans celle-ci, extraite des " blagues du premier Avril"


Ca vaut toujours mieux que de se retrouver dans un roman d'Aurélien Bellanger.


samedi 28 mars 2015

des ivrognes, du trône de chair et du berceau du chat

Les sanitaires du rez-de chaussée où je lis Saint Augustin dès potron-minet, au coeur de ce royaume nocturne que personne n'a la folie de me disputer, n'ont pas toujours présenté cet aspect satiné.
Pour le bonheur, faire la chair rose. Le reste devrait suivre, avais-je lu quelque part.
Oncques mes waters ne furent si ouatés.
En 2010, nous entreprîmes de les faire ériger pour permettre à mes parents vieillissants d'éviter de monter à l'étage lors de leurs rares visites.
Nous nous en ouvrîmes auprès de L.G, qui venait de nous raccorder au tout-à-l'égoût et s'était révélé un habile artisan dans sa partie, malgré des manières un peu frustes, une présence physique intimidante évoquant le personnage campé par Gérard Depardieu dans Uranus, avec qui il partageait la nécessité d'être fréquemment ravitaillé en muscadet, et le décès prématuré de plusieurs pieds d'hortensias ratatinés au tractopelle lors des travaux susnommés.
Peut-être connaissait-il quelqu'un de confiance à qui confier leur réalisation ?
Il prétexta des aptitudes dans ce domaine avec une bonne foi assez désarmante pour remporter le marché.
Nous allâmes ensemble au Bricomat du coin choisir les matières premières nécessaires à bâtir un cabinet de toilette comportant douche, wc, lavabo, cloisons en placoplâtre propres à garantir l'intimité de l'édifice et des rituels intimes qui s'y pratiquent, porte en 180 x 83, etc... que nous entreposâmes au garage.
D'importantes modifications du système de circulation des fluides furent décidées, impliquant la machine à laver, la chaudière, les entrées et sorties d'eau des futures toilettes et lavabo.
L.G. démarra les travaux, fit venir un plombier de ses amis pour les raccordements...
puis disparut.
Habitués aux humeurs fantasques du bonhomme, nous lui avions confié un jeu de clés.
Le printemps vint, et s'en fut.
Malgré de multiples relances,
L.G. brillait par son absence.
Au garage, les cartons éventrés sanglotaient muettement sur leur déréliction.
Je parvins à convaincre L.G. de finaliser les travaux pendant nos vacances d'été.
Las, à notre retour de congés, nous éprouvîmes devant le spectacle ci-dessous un fort sentiment de déconvenue, et l'affaire semblait  pour tout dire mal engagée, voire compromise.



Rien n'était achevé, mais de plus l'utilisation des cabinets était soumise à une condition draconienne : l'ablation de la jambe gauche, critère qui a fait reculer plus d'un derrière pressé enhardi par l'urgence.
Rapidement, je donnai son congé au maitre d'oeuvres, sans indemnités.
Comment avait-il pu se lancer dans une telle galère, qui excédait si visiblement ses compétences ?
J'en avais mal pour lui.
Il réclamait de moi un effort vigoureux et soutenu pour déporter au loin les bornes de ma bienveillance, et j'ignorais si j'allais pouvoir triompher de cette épreuve assurément prescrite par quelque Dieu farceur.
De plus, je ne me voyais pas amputer mes parents pendant leur sommeil d'un membre certes inférieur mais si pratique pour se déplacer d'un endroit à l'autre.
De la chambre aux toilettes, par exemple.
Peut-être valait-il mieux renoncer à toute l'affaire ?
Pour parler vulgaire, nous n'étions pas dans la merde, et n'étions pas près d'y être.
Après quelques temps de convalescence spirituelle, je connus alors l'anamnèse, au sens étymologique que Philip K. Dick confère à ce mot : oubli de l'amnésie.
Et me rappelai un petit pépère, technicien chauffagiste en retraite de son état, qui m'avait déjà arrangé bien des coups foireux dans la baraque, et qui se retrouva bientôt par la grâce de Dieu à la tête d'un puzzle sanitaire de 5000 pièces, indéchiffrable pour un simple mortel à l'intelligence pratique limitée comme moi, mais qui semblait faire sens pour lui, en bon demi-Dieu anonyme du tubulaire qu'il était, habilement travesti en retraité sifflotant à toute heure du jour d'absurdes ritournelles entendues sur RTL avec une gaieté inoxydable.
Et modeste avec ça !
Tandis qu'il s'activait à nettoyer mes écuries d'Eauchasse, je dûs m'absenter précipitamment pour Montpellier, où ma mère menaçait de quitter ce plan terrestre.
Elle mourut dans nos bras, mon frère et moi.
Quand je revins atomisé at home, les travaux étaient presque achevés, et Beloute sifflotait de contentement en finissant l'enduit du placo.
De ces chiottes où ma mère ne s'assiérait jamais.
Je les ai barbouillés d'un vilain rose, à la hâte dans mon brouillard de larmes filiales, pour marquer le coup.
Vous en déduirez ce que vous voulez, à chacun son job.


Un léger indice visuel pour les quêteurs/quêteuses d'absolu à travers les symboles.
Non, je ne l'ai pas affiché dans les cabinets.

Les erreurs commises par L.G. furent réparées, la porte achetée par lui et qui ne convenait pas fut vendue sur le Bon coin après un prudent délai d'un an pendant lequel j'attendis qu'il la récupère s'il en voulait, mais il ne reparut pas.
L'autre nuit, je tombai sur ceci dans mon Saint Augustin :
"Je n'ai jamais été ivrogne, mais je connais des ivrognes que vous avez rendus sobres. Ainsi c'est grâce à vous que les uns ne sont pas ce qu'ils ne furent jamais; c'est grâce à vous aussi que d'autres ne sont plus ce qu'ils furent; c'est grâce à vous enfin qu'ils savent les uns et les autres qu'ils vous le doivent."
Comme s'il attestait en cela l'existence de réunions Alcooliques Anonymes au 4ème siècle.
Moi qui ai connu mon quart d'heure de grâce aux AA, je vais prier pour L.G. pour qu'il voie la lumière, et ne la confonde plus avec celle du bistrot.
Tout cela se télescope un peu avec l'actualité récente, cf la note d'hier, et des évènements plus intimes,  à base de religion et de reliances, heureusement indicibles (l'article est déjà long), pleins de karass et de wrang-wrang.
Donc non seulement indicibles mais inintelligibles.
L.G faisait manifestement partie de mon karass.
(Nous autres, bokononistes, croyons que l’humanité est organisée en équipes qui accomplissent la volonté de Dieu sans jamais découvrir ce qu’elles font. Bokonon appelle ces équipes des karass)
Comme en atteste la mésaventure advenue au héros du Berceau du Chat, savoureux roman de Kurt Vonnegut déjà cité hier, j'hérodote un peu mais tout-est-lié, mésaventure analogue à la mienne en nature bien que plus forte en intensité, et rapportée ci-dessous.


Miaou 

Durant mon voyage à Ilium et au delà, expédition qui me prit deux semaines au moment des fêtes de fin d’année, j’avais prêté gracieusement mon appartement new-yorkais à un poète pauvre du nom de Sherman Krebbs. Ma deuxième femme m’avait quitté, me trouvant trop pessimiste pour ne pas rendre la vie impossible à une optimiste. 
Barbu, Krebbs était une sorte de Jésus-Christ blond avec des yeux d’épagneul. Ce n’était pas un ami intime. J’avais fait sa connaissance à un cocktail où il s’était présenté à moi comme président national de l’Association des poètes et des peintres en faveur de la guerre nucléaire immédiate. Il cherchait désespérément un toit, pas nécessairement à l’épreuve des bombes, et il se trouvait que j’en avais un. 
Quand je revins à New York, encore tout vibrant des stupéfiantes implications spirituelles suscitées par l’ange de pierre abandonné d’Ilium, je trouvai mon appartement dévasté par le vandalisme nihiliste. Krebbs était parti, mais il avait auparavant laissé pour trois cents dollars de communications téléphoniques interurbaines, mis le feu à mon divan en cinq endroits, tué mon chat ainsi que mon avocatier et arraché la porte de mon armoire à pharmacie. 
Il avait aussi écrit ce poème par terre, sur le linoléum jaune de la cuisine, à l’aide de ce qui se révéla être de l’excrément : 

J’ai une cuisine
Mais elle a une piètre allure 


Elle ne sera rupine
Que si je lui assure
Les services d’un vide-ordures. 
Il y avait un autre message, d’une écriture féminine, marqué au rouge à lèvres sur le papier mural au-dessus de mon lit : « Non, non, non », dit la pauvrette. 
Enfin, le cadavre de mon chat portait autour du cou une petite pancarte : « Miaou. » 
Je n’ai pas revu Krebbs. Pourtant, j’ai le sentiment qu’il faisait partie de mon karass. Si tel est le cas, il y a joué le rôle d’un wrang-wrang. Selon Bokonon, un wrang-wrang est une personne qui fait dévier le cours des spéculations d’une autre personne en réduisant ce cours, par l’exemple de sa propre vie, à une absurdité. 
J’aurais pu être vaguement enclin à bannir de mes pensées, comme dénué de signification, l’ange de pierre d’Ilium ; et à passer de là à la considération que rien n’a de sens. Mais après avoir vu ce qu’avait fait Krebbs, surtout à mon pauvre petit chat, je décidai que le nihilisme ne me convenait pas. 

Quelque chose, quelqu’un ne voulait pas que je sois nihiliste. C’avait été la mission de Krebbs, qu’il en ait été ou non conscient, de me désenchanter de cette philosophie. Bien joué, M. Krebbs, bien joué.

Le très saint livre en pdf.

mardi 1 juillet 2014

Interactif

Suite aux menaces proférées ici m'aime, j'ai essayé de lire le roman "Le Prestige" de Christopher Priest sur mon Ipad.
Au départ, c'est une histoire de doubles, et d'identité.

Heureusement que j'avais vu le film, d'ailleurs inutilement tortueux et alambiqué !
Sur le livre, je rejoins l'avis de Nébal, qui n'est pas la moitié d'un con, Nébal dont je serais le double caché,  spectral (s'il acceptait les quelques kilos que j'ai à perdre avant l'été) et fantasmé, comme dans le roman, d'ailleurs si je lisais des livres à la même vitesse que lui je n'aurais plus de problèmes d'engorgement de fichiers téléchargés et non regardés, bien que j'aie récemment empilé 10 romans de Christopher Priest dans mon soutif numérique avant de me rendre compte que c'était le même délire que quand je stockais des films tombés du net, il y a à peine plus d'un quart d'heure.
Collectionnite et cancer de la dictature de la nouveauté.
Comme certains procédés littéraires utilisés par Christopher Priest contraignent l'astucieux mais grugé par avance lecteur à de fréquents retour en arrière pour comprendre comment il s'est fait enfumer par le narrateur, le support papier est indéniablement supérieurement interactif au livre électronique, qui contraint à reculer de 200 pages une par une comme s'il s'agissait de frotter l'écran tactile jusqu'à ce qu'il fume, prenne feu et nous renvoie à l'âge de pierre des livres en vrai bois d'arbre.
Le roman de Priest est brillant, mais le support me disconvient, et en plus on ne peut évidemment lire en plein soleil, l'été c'est un peu dommage.
Ca rejoint la vieille ( plus de 3 ans...) pub brésilienne qui tournait en dérision la technologie en démontrant la supériorité du livre.



Et sans vouloir tomber dans la pensée magico-religieuse, je pense que je l'aurais mieux mémorisé si je l'avais lu sur papier.
De nombreuses études attestent des problèmes en voie d'apparition de fragmenta la lecture numérique tion attention.
http://johnwarsen.blogspot.fr/2009/07/internet-rend-il-bete.html
http://alaingiffard.blogs.com/

lundi 16 juin 2014

Viens donc au epuB boire un p'tit coup et lire un book, hein ?

Il y a 8 jours encore, je ne jurais que par le livre papier.
Mais depuis que je me suis fait enfler par le jury du prix Hugo, dont je trouve qu'il a indûment récompensé le Black-Out de Connie Willis, ou alors c'est que la SF est vraiment une littérature en état de mort cérébrale, me laissant à la tête de 500 grammes d'un récit réservé aux réparateurs d'ascenseurs spatio-temporels en retraite désireux d'élargir leurs horizons spéculatifs, j'ai décidé de chercher une alternative à l'achat de livres issus de forêts écologiquement gérés, parce que j'en ai déjà plein la maison et que je ne peux pas tous les refourguer sur le bon coin pour qu'ils continuent leur vie sans moi (la vie d'un livre, c'est d'être lu.)

Je voulais donc acheter mes prochaines lectures d'été au format électronique et les mettre dans notre Ipad, mais je viens de découvrir qu'il existe au moins un hypermarché de l'illégalité http://toutbox.fr/ qui permet de se remplir la musette avec des livres au format epub (pour lire avec Ibooks, comme je le découvre ingénûment et sans doute sur le tard) sans débourser un kopeck, quitte à les acheter après les avoir lus si ils nous ont plu.

C'est dingue.

Aussi ébahi que quand j'ai téléchargé mon premier divX, j'ai trouvé 10 romans de Christopher Priest, auteur recommandé par tous les sites et blogs de SF, gratuitement déverouillés par la team TrucKrew, y'a plus qu'à se baisser pour les empiler dans sa liseuse.

Il est certain que l'offre dépasse largement la demande, et si je n'ai pas envie de provoquer le suicide des libraires après n'avoir pas peu contribué à celui des disquaires, mes recherches m'encouragent néanmoins à devenir l'enthousiaste fossoyeur de la littérature. Il faut que je revoie mes prémisses.

Et puis, c'est la même absurdité que le téléchargement compulsif de films, de séries, de musiques ou de bédés : où trouverai-je le temps d'ingurgiter tout ça ?

Sans parler d'avoir accès à notre Ipad familial en vacances, vu que les filles de la maison ne crachent pas dessus.
Sans parler du sable dans le port USB, des difficultés de mémorisation engendrés par la lecture sur support numérique, et sans parler du chien.

mardi 3 juin 2014

La Belle Vie - Matthew Stokoe

Début mars, alors que je passe quelques jours lascifs dans l'albigeois, alerté par la lecture distraite et complaisante du supplément littéraire du Monde des livres, je tombe là-dessus :


"... sans doute le roman le plus cru écrit sur Hollywood. Dans sa préface, l'écrivain Dennis Cooper, dont les livres n'ont pas froid aux yeux non plus, le compare à Fight Club de Palahniuk et à American Psycho d'Ellis. Autant dire que la violence, la perversion et la noirceur absolue sont au rendez-vous de cette plongée terrifiante dans la face cachée du rêve hollywoodien. Il faut s'accrocher pour lire les aventures de Jack, qui rêve de côtoyer les stars, mais vit dans un studio de troisième zone à Venice. Pour s'en sortir, il ne va pas hésiter à passer au-delà des limites, tutoyant les dingueries les plus ultimes..."


Bon, ça a l'air plaisant, et je n'ai rien à lire à part Matthieu Ricard, alors je dégotte une édition de poche dans le vieil Albi.
L'éditeur a cru bon de rajouter un sticker translucide "BRUTAL / politiquement incorrect / VIOLENT" sur la couverture pour que les enfants ne le confondent pas avec Watch Dogs.

Hélas : en fait de descente aux enfers, le narrateur de La belle vie semble coupé de lui-même et le livre est plutôt ennuyeux : des pervers y sodomisent des cadavres, d'autres se masturbent avec des reins fraichement prélevés à d'innocentes victimes, on y violente de vieilles prostituées coprophages, mais dans une absence d'affects totale.
Heureusement pour l'auteur, qui ne s'est pas embarrassé d'une empathie dangereuse avec ses personnages, et fait oeuvre de moraliste et de théoricien du nihilisme observé à travers une vitre sans tain. Dommage pour le bouquin qui, sans chair restent tragiquement désincarné : tous ces gens courent après des désirs transgressifs qui ne peuvent leur apporter que frustration, compulsion de répétition et mort (dans cet ordre-là) sans que ça ait vraiment éveillé mon intérêt, au delà de la quête un peu vaine du blasphème total, comme y disent là :

J'aurais mieux fait de lire Matthieu Ricard.

samedi 29 mars 2014

Maître de la matière - Andreas Eschbach

Il y avait déjà l'astrophysique camerounaise, la diaspora Inuit et l'agronomie saharienne.
Désormais, Il faudra aussi compter avec la science-fiction allemande.

mercredi 5 mars 2014

Moi, Lucifer - Glen Duncan


Livre difficile à suivre, tantôt pénible, soudain réjouissant, puis de nouveau agaçant deux paragraphes plus loin, tant l'auteur (Glen Duncan s'est vraiment efforcé de se mettre dans la peau de Lulu, lui-même momentanément incarné dans celle d'un mortel glauquissime... bref, y'a du lourd et de la piste gigogne...) s'amuse à semer les chausse-trappes et les digressions oiseuses, prétendant que c'est dans sa Nature.
Quelques bonnes feuilles, néanmoins, sur les nazis, la nature du mal ou la pédophilie, qui se méritent et se savourent au milieu de la loghorrée d'un Lucifer tout esbaubi d'être incarné dans la peau d'un romancier minable le temps d'un improbable pari sur sa rédemption.
Plus retors que le run de Mike Carey sur Hellblazer.
Irritant dans le bon sens du terme.

http://www.scifi-universe.com/critiques/6763/moi-lucifer-2011-le-diable-dans-la-peau

jeudi 13 février 2014

Lointain souvenir de la peau

C'est rare que j'achète un livre dès sa sortie, sans attendre l'édition de poche. Mais bon, avec Russell Banks, il n'y a pas trop de danger d'être déçu. Et puis, le sujet me touchait d'assez près. Tellement près, d'ailleurs, que j'ai calé au milieu quand je l'ai acheté il y a deux ans. Il aura fallu que ma chérie tombe dessus et le dévore pour que je le reprenne. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'en ai eu pour mon argent.

Le héros est un gamin de 22 ans, sans prénom, le Kid, avec pour seul ami un iguane; c'est un délinquant sexuel presque par erreur. N’eusse été une erreur de jugement, une incompréhension du monde, une solitude immense, le Kid n’aurait pas franchi le pas, irrémédiable, qui le fait se retrouver, à l’aube de l’âge adulte, habitant d’un campement de délinquants sexuels, perdu sous un viaduc entre des pédophiles et des violeurs. Il essaie d’avancer, un bracelet électronique à la cheville.
Ce Kid, c’est presque le cousin de Bone, héros de "Sous le règne de Bone", roman que Russell Banks a écrit il y a près de vingt ans: le même sens de l'humour, une certaine irrévérence. Ce pourrait aussi être un neveu de Bob Dubois, dans Continents à la dérive, qu’il signait il y a un peu plus de trente ans. Des personnages qui glissent, personne ne les rattrape.
A part l'intelligence et la sensibilité de l'auteur, qui se coltine ces redoutables questions par le biais de la littérature :
«Le monde du Kid je ne le comprends pas. Je ne comprends pas le monde de la délinquance sexuelle. Je ne sais pas ce que c’est d’être à moitié analphabète, à peine capable de se débrouiller. Je ne comprends pas le monde d’incompréhension dans lequel vit le Kid. Je ne comprends pas la mentalité tordue du Professeur [autre personnage central du roman, professeur obèse brillant et indéchiffrable]. Je ne sais pas ce que c’est de peser 150 kg, d’être à l’intérieur d’un corps si énorme, d’être accro à la nourriture, d’avoir un passé compartimenté… La seule manière de comprendre ces mystères, c’est de passer deux, trois ou quatre ans avec ces personnages, en les habitant et donc en habitant leur monde, grâce à la fiction. La fiction permet de vivre des vies que vous n’auriez pas pu vivre autrement, et être avec des gens que vous ne pourriez pas fréquenter si la littérature n’était pas là. C’est la seule manière de comprendre.»



http://seren.dipity.over-blog.fr/article-i-ve-got-you-under-my-skin-sur-lointain-souvenir-de-la-peau-de-russell-banks-101367054.html

http://www.telerama.fr/livres/lointain-souvenir-de-la-peau,78754.php

http://l-or-des-livres-blog-de-critique-litteraire.over-blog.com/article-lost-memory-of-skin-de-russel-banks-114733028.html

http://www.slate.fr/story/52219/russell-banks-lointain-souvenir-de-la-peau-litterature