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samedi 4 mars 2017

Monstres froids, Méfaits du tabac & Persistance du Mal (6)

Allez, c'est reparti.
"Nouveau rebondissement dans l’affaire qui oppose Anders Behring Breivik à l’Etat norvégien. A la surprise générale, en avril 2016, la justice avait condamné Oslo pour le « traitement inhumain » du tueur néonazi en détention à l’isolement depuis cinq ans. Retournement de situation mercredi 1er mars, puisque la cour d’appel a infirmé ce jugement, estimant que M. Breivik n’était pas traité de manière « inhumaine » en prison."
Bon, faudrait savoir. 


En plus, l'avocat de Breivik a fait appel, ça va aller devant la Cour Suprême de Norvège, on n'est pas près d'être couchés, avec vos conneries.

Il faut en finir, comme le disait un p’tit nouveau sur un forum de pornodeps avant Jésus Christ. 

Il est vrai que lors du procès qu’il a intenté à l’Etat norvégienBreivik avait poussé le bouchon un peu loin : « Pour quelqu’un qui souffrait d’isolement et devait apparaître amoindri, Breivik avait, au contraire, terriblement bien préparé son coup, comme il l’avait déjà fait lors du procès du printemps 2012. Il a notamment profité au maximum de la tribune qui lui est offerte pour distiller à nouveau sa propagande fasciste. Un comportement prosélyte qui justifiait d’ailleurs largement selon Marius Emberland, le procureur, que Breivik soit maintenu à l’isolement.
Lors du procès, il avait soigneusement préparé ses interventions, tenant des discours qui avaient bien peu à voir avec des souffrances psychologiques liées à un isolement carcéral. Il a pu raconter qu’il se disait inspiré par le succès d’Aube dorée en Grèce, qu’il assurait renoncer à la violence politique et vouloir plutôt créer un parti. Il disait encore vouloir militer pour qu’un parti national-socialiste prenne place au Parlement norvégien et regrettait que les nazis soient discriminés dans son pays.
De quoi relancer le sentiment d’une manipulation diabolique qui met l’Etat de droit face à ses limites ultimes. « Mais c’est ainsi que fonctionne un Etat de droit indépendant, c’est aussi une partie inaliénable de l’Etat norvégien », écrit l’éditorialiste d’Aftenposten. Les juges n’ont pas entendu la plaidoirie du procureur pour qui ce n’était pas un homme brisé par l’angoisse de l’isolement qu’ils voyaient au procès, mais bien « le même narcisse idéologiquement dérangé que nous avions vu auparavant ». 
Il semble que les tenants de la thèse du narcisse idéologiquement dérangé aient eu gain de cause. A moins que les horticulteurs - producteurs de narcisses en pot portent plainte pour propos discriminatoires envers ce fier bulbe.
Breivik va pouvoir retourner sangloter sur son triste sort dans sa cellule de la prison de Skien, où il dispose de trois pièces : une chambre, une salle de sport, une salle de travail et de loisirs équipée d’une PlayStation et d’un ordinateur qui n’est pas relié à Internet. Toutes ses communications avec l’extérieur sont lues et filtrées. Breivik s'est aussi plaint de la qualité du café et des repas réchauffés au four à micro-ondes.

A ce stade, il devient difficile de ne pas haïr la Haine et les Haineux.
Rrrrhhôôôh le malhonnête. 
T'entends ça, manman ? 
Que de la gueule.

Il a un ego aussi démesuré que Docteur Etrange. Sauf que vers la fin du film, y'a le Grand Ancien (qui est une Ancienne, d'ailleurs, mais les Grands Anciens pèsent de plus de poids phallocratiquement symbolique que les Grandes Anciennes) qui vient révéler le Secret de l'Univers à Benedict Cumberbatch : 
"It's not about you."



Mais ça, Breivik n’a jamais pu l’admettre.

C'est pour ça qu'il est passé du coté de Dormammu et de la Mati%re Grasse Noire qui fait des Trous dans le Réel. 
Pour exister, avec sa pitite pulsion de mort en bandoulière.
Si on est amateur, il n'est pas mal, son Trou dans le Réel, pour un autodidacte : on a déjà pu enterrer 77 personnes dedans.
Et bientôt l'auteur de ce blog, parce que je commence à voir des Breiviks partout, et en particulier au Super U, d'où je reviens avec les courses de la semaine. Y'en avait un au rayon surgelés, et deux qui m'attendaient entre les croquettes pour chats et les produits d'entretien. 
Y m'ont rien fait. Heureusement, ça fait un moment que je n'ai plus l'air d'un Jeune Travailliste.
"Plus on fait attention à lui, plus ça lui donne de l'énergie, comme le fantôme affamé de Chihiro, dit un ami en parlant de quelqu'un d'autre, mais ça colle bien quand même. Si tu veux l'amener à réfléchir sur lui-même, il n'y a qu'une solution : faire comme s'il n'existait pas. Ce n'est pas un être humain, quelqu'un chose est entré en lui il y a longtemps, et maintenant cet être tient toute la place. Si tu veux l'aider, il faut cesser de nourrir cette chose."
La Norvège est condamnée à être emmerdée jusqu'au bout par Anders Behring Breivik.
Au mieux, il va rester au trou jusqu'à ce qu'on le mette dans le Trou. 
Dans le Réel.
Car selon la formule de Salman Rushdie, grand Saint de l'Islam, “Le monde est l’endroit dont nous prouvons la réalité en y mourant.” 
Mais pour Breivik, peut-être que l'Enfer, ce n'est qu'un feu de camp.
Va savoir.
Pour le happy end, voyez avec mes collègues, en particulier Latifa Ibn Ziaten, mère de la première victime de Mohamed Merah, dans son combat contre la radicalisation.


Alex + Ada
Sarah Vaughn, Jonathan Luna

(fin)

 [Edit]


Daniel Goossens, l'encyclopédie des bébés.
Je l'avais oublié, celui-là.

lundi 27 février 2017

Monstres, tabac, Mal (4)

Résumé des épisodes précédents :

Dans un coin reculé du Multivers, au sein d'une réalité aussi alternative que les faits éponymes, Maurice G. Breivik n’a pas été abandonné à la naissance par son père, n’a pas été élevé par une mère dépressive qui, après un passage à vide, a retrouvé son équilibre intérieur grâce à la célèbre méthode d’épanouissement personnel « Méditer moins de 3 minutes par jour, c’est possible » popularisée par Christophe André.
Il n’est donc pas devenu un tueur de masse, mais un placide chef d’entreprise, qui fait juste un peu des blagues la nuit sur Internet avec son copain Marcelin Deschamps, parce qu’il trouve qu’il y a un peu trop d’Arabes en Norvège, et un peu trop d'étrangers dans le monde, si vous voulez le fond de ma pensée, mais après vous penserez à rabattre la lunette, sinon bonjour l'odeur.
En tissant patiemment sa toile sur le Web, il a fini par séduire Kjirsten Fjord, gentille secrétaire à la Ligue des jeunes travaillistes, en lui adressant une série de mails enflammés dont le thème principal, « Ma vie de Courgette (dans le frigo de ton coeur) » a porté la correspondance amoureuse à son point d’incandescence où elle con verge avec la littérature érotique, se jette sur elle, lui déchire tous ses habits et prétend après coup qu'elle était consentante, puisqu'elle n'a rien dit. 
A un tel point d'incandescence, d'ailleurs, qu'en recevant ses mails, Kirsten a dû éteindre son ordinateur à grands seaux d’eau claire, et s’est faite un peu gronder par Jean-Lük Mélenchønberg, le chef de la Ligue des jeunes travaillistes.


"Ma vie de courgette" a été adapté avec succès 
en film d’animation pour les petits et les grands, 
mais surtout pour les petits, quand même.

D’ailleurs Richard Millet l’a bien dit, « Breivik aurait pu être un grand écrivain, s’il n’avait préféré raconter des conneries sur internet ».
Bien sûr, Breivik admire en secret Bachar, Kadhafi et Saddam, qui ont su selon lui (et selon Jean-Pierre Filiu aussi) confisquer les aspirations légitimes des peuples arabes à l’autodétermination et les mettre à genoux, voire carrément par terre, pour assouvir leurs propres appétits.
Mais dans ce coin reculé du Multivers, ça ne porte pas à conséquence, et il peut se monter le bourrichon avec ses petits copains de la fachosphère en discutant de Kirkegaard sur des forums de téléchargement illégal de philosophes vérolés tout en mangeant du saucisson halal en slip, car c'est aussi ça la magie du virtuel, sans que la violence générée sur les réseaux sociaux ait une incidence dans le réel.
Et les jeunes travaillistes peuvent continuer à tenir leur Université d'été sur l'ile d'Utøya, en forme de coeur, sans s'y faire trouer la peau comme des jeunes travaillistes lapins à la fête foraine.
Il faut juste développer une bonne tolérance aux discours de Jean-Lük Mélenchønberg.

 

Utøya, Jeudi 12. (la veille)


(à suivre)

dimanche 26 février 2017

Méfaits des monstres, persistance du froid & tabac du Mal (3)

Je repense à Anders Behring Breivik.
Est-ce qu’il a été humilié quand il était petit, au point d’en concevoir une soif de revanche vis-à-vis de la société ?
Sa biographie est éclairante. 
On est à deux doigts de ces biopics de pacotille publiés à longueur d’année sur la désencyclopédie par des gens qui se croient drôles. 
A de rares exception prèsce n’est pas le cas. 
Sa bio, donc : ses parents divorcent lorsqu'il est âgé d'un an. 
Rejet partiel, puis définitif par le père.
Mêre dépressive. 
C’est un peu la tarte à la crême des psychopathes qui le sont devenus par carence affective, mais c’est vrai.


Elève brillant. 
Ambition démesurée. 
Création d’un site de vente de faux diplômes. 
Succès. 
Rappel à l’ordre par le Ministère du Download. 
Pertes en bourse. 
Retour chez sa mère. 
Deux ans de Jeu de rôle en ligne massivement multijoueur (World of Warcraft) dans la gueule. 
Abandon de toute vie sociale, pour laquelle il n'avait pas d'aptitudes particulières. 
Radicalisation sur Internet, comme on dit sans savoir que les Desperate moudjahidines n’en ont pas le monopole, sur des sites d'extrême droite. 
Ecriture du Manifeste 2083, bricolé avec beaucoup d’emprunts à tout ce que les théoriciens sulfureux produisent de meilleur, sans citer ses sources. 
C'est pas bien. 
Préparation minutieuse de l’attentat, conçu comme une opération marketing pour la diffusion de ses idées. 
Tuerie de masse. 
Prison. 
Echec de l'opération marketing.
C'est un peu comme si Houellebecq avait sorti "Soumission" le jour de l'attentat de Charlie-Hebdo.
Baston de psychiatres : est-il responsable de ses actes ?
Procès.
Reconnu responsable, après contre-expertise.
Condamné à la peine maximale.
Intente un procès à l'État norvégien pour des conditions de détention qu'il juge « inhumaines » (son accès à Internet a été suspendu par le Ministère du Blasphème et du Download).
Gagne son procès.
Mais ne regagne pas le droit de discuter avec ses copains sur Internet.
Et l'Etat norvégien a fait appel.
On en est là.
Enfin, le jugement a sans doute été rendu, mais je ne trouve pas l'info.
La démocratie a du mal à s'en remettre, quand elle renonce à éliminer ceux qui la combattent les armes à la main.

Une fois, Breivik a trouvé 77 x d’un coup.
Et pourtant, ils s’étaient bien cachés.

(à suivre)


samedi 25 février 2017

Persistance des monstres, tabac froid & méfaits du mal (2)

Anders Behring Breivik continue de me hanter, mais moins que la Norvège.
La Norvège a de quoi être hantée pour longtemps, et si j’étais Norvégien et que sa petite prison dans la mairie jouxtait ma petite maison dans la prairie, je dormirais sans doute d’un sommeil inquiet. 
Et je raterais toutes mes mayonnaises. 
Mais j’ai d’autres chattes à fouetter. 
D'ailleurs « L’espoir n’est pas un steak, » miaulent mes chattes quand je les fouette, et il me faut les nourrir plusieurs fois par jour. 
Surtout que celle qui est en phase terminale, entre sa chimio, un régime de faveur à base de Whiskas en gelée amoureusement écrasés à la fourchette et des shoots de Seroplex® pour chattes, elle a méchamment repris du poil de la bête.
Dans sa prison, Breivik bénéficie aussi d'un régime de faveur, mais il est toujours grognon, insatisfait, ce qui reste pour moi une énigme. 
J’ai l’impression d’être face à une équation à une seule inconnue, mais que je ne parviens pas à résoudre.



Déjà tout petit, Anders Behring Breivik appliquait  la solution finale
aux équations à une inconnue dans ses cahiers de trigonométrie. 


« Les méchants ont sans doute compris quelque chose que les bons ignorent. » disait Woody Allen.
Le mal en moi, j’arrive à le reconnaitre. Je gère. Enfin, j'essaye. Mais ça ne me met pas dans un état où je me sens déterminé à assassiner 77 personnes et à en blesser 155 autres à la carabine parce que ça va représenter ma modeste contribution à l'amélioration des trucs qui ne vont pas bien dans le monde.
Est-ce une question de différence de nature, ou d'intensité ?
Ah là là, les article sur le Mal, c’est moins chiant que les articles sur le Bien, mais c’est plus dur à écrire.
Breivik n’est pas non plus un psychopathe aux 23 personnalités dissociées comme le facétieux personnage du dernier Schmalayam. Shyamalan. Shalamayan. Encore raté, tant pis.
C’est vrai qu’en en matière de dégueulasserie et/ou de perversité, la réalité est loin devant les trash movies.
D'après mes sources, qui sont les mêmes que les vôtres, Breivik n'a même pas 2 personnalités dissociées comme Mehdi Meklat, qui était la coqueluche des médias parisiens crypto-sionistes le jour et la voix de la haine des exclus la nuit, par le biais d’ignobles tweets racistes, sexistes, homophopes et antisémites
Il a été obligé de quitter la France en attendant que ça se tasse, houhouhou le vilain pas beau.
« Ma part d’ombre a été expulsée mais je dois y réfléchir. Ça mettra du temps. Et puis, je vais me détourner de ceux qui me veulent du mal et aller vers ceux qui me veulent du bien. » nous a-t-il déclaré sur le tarmac de l’aéroport, sans vouloir nous révéler sa destination.


Peut-être qu'il a embarqué pour l'île d'Utøya, en forme de coeur. 
Visitez la Norvège.
(à suivre)

dimanche 5 février 2017

La DADS-U sans peine


Tous les ans, au mois de janvier, c’est la même sinécure : La DADS-U (déclaration automatisée des données sociales unifiée) est à produire avant le 31.
C’est une formalité obligatoire pour toutes les entreprises relevant du régime général et des collectivités publiques.
Elle permet, à partir d'un logiciel de paie, de déclarer toutes les données des salariés, en un seul envoi, à destination des organismes concernés. 
Ainsi, sur net-entreprises (service gratuit de télédéclarations proposé aux entreprises par les organismes de protection sociale pour effectuer en ligne leurs déclarations sociales : embauche, Urssaf, Assedic, retraite et retraite complémentaire), il est possible d’envoyer une DADS-U à destination de :
la Cnav/TDS pour le compte des partenaires TDS,
les institutions de retraite complémentaire Agirc-Arrco (IRC),
les institutions de prévoyance (IP) adhérentes au CTIP,
les mutuelles adhérentes à la FNMF,
les sociétés d'assurances adhérentes à la FFSA, et leurs délégataires de gestion.

On le voit, c’est quand même fondamental. 
Dans la grande nébuleuse des déclarations spécifiques émises à longueur d’année à destination des partenaires sociaux sus-cités, une myriade d’organismes collecteurs parasites, entités mystérieuses aux hermétiques acronymes réclame des déclarations surnuméraires, afin de s’acquitter de taches redistributives. 
A moins que ce ne soit pour justifier leur existence à leurs propres yeux, comme tout organisme qui se respecte, selon la théorie d’Henri Laborit.
Au fil des ans, la gigantesque usine à gaz de ces organismes collecteurs-distributeurs se modernise. Il fut un temps où je devais m’acquitter de certaines de ces taches sous forme de déclarations papier. 
Aujourd’hui, tout est informatisé, ou en voie de. 
Avec un petit quelque chose de progressivement coercitif : la nouveauté de cette année, c’est que la DADS est à produire sous forme d’un fichier informatique à la norme 4DS V01X10.
Pour cela vous devez donc disposer d'un logiciel de paie conforme à la norme 4DS V01X10.
Ca parait logique, mais ça coute une blinde. 
De toute façon on a été obligés de basculer il y a deux ans, notre logiciel de paie d’intermittents du spectacle handmade ne satisfaisait plus aux exigences d’un certain nombre de déclarations tout aussi obligatoires que la DADS-U.
Et de toute façon, avec la généralisation de la DSN, on n’y coupait pas.
La Déclaration Sociale Nominative est censée remplacer dès 2016 l’ensemble des déclarations actuelles effectuées par les entreprises et leurs mandataires. 
Simplification administrative. Intention louable s’il en est. 
La Dun, Une Seule Déclaration Pour Les Remplacer Toutes !  comme ils disent chez net-entreprises sur le ton de « Un Anneau pour les gouverner tous (…) Et dans les ténèbres les lier / Au pays de Mordor (le Pays Merveilleux dans lequel la déclaration sociale nominative remplace et simplifie la majorité de vos déclarations sociales en automatisant leur transmission à partir des données de paie) / Où s'étendent les ombres. 
Sauf que quand on emploie des intermittents, ça mordorise moyennement bien, et il faut continuer à remplir et renvoyer toutes les attestations qu’on envoie déjà, ou comme ils disent poliment chez Audiens-Prévoyance : des formalités non substituées perdureront pour Pôle emploi :
La DUCS, l'Avis de versement, l'Avis de régularisation et les Attestations Employeurs Mensuelles pour les employeurs de salariés du spectacle.

Je ne sais plus qui (mais je crois bien que c’est mon comptable, qui en connait un rayon) disait qu’en France, quand on voulait réformer un bordel, on se contentait de rajouter une couche de complications sur le dessus. 
C’est le cas.

Et avec les fluctuations annuelles, voire trimestrielles, de certaines cotisations (par exemple, le Taux de la cotisation d’accident du travail des artistes passe de 1,19% à 1,26%. sauf en «Alsace-Moselle» où il passe de 0,98% à 1,40%, et je vous déconseille de chercher à savoir pourquoi), c’est plus prudent d’avoir un logiciel qui anticipe ces fluctuations et les répercute sur les fiches de paye que vous émettez, sinon les URSSAF vous tombent dessus à bras raccourcis. 
C’est ça ou aller à la pêche aux taux sur une myriade de sites pas vraiment référencés.
Bon, nous ça va, on a de quoi se payer un logiciel de gestion de paye à 900 € + 250 € de mise à jour annuelle, mais chez les petites compagnies théâtrales, ça tousse.
Bref.
Je gère l’administratif et le social de la boite à la petite semaine, dès que j’ai un trou dans le planning je fais de la R&D, et j’essaye d’être toujours largement en-deça des dates limites des déclarations, sachant que les capacités de traitement déclinent au fur et à mesure que les serveurs s’engorgent et que les hot-lines burnoutent.

Pour la DADS-U 2017 (sur les salaires 2016), je fais bien tout ce qui est indiqué sur les nombreux "courrier privilège" que je reçois en avalanche sur la fin d'année 2016 de la part de mon éditeur de logiciel de gestion de paye des intermittents, les trains de mesures et de contre-mesures annoncées puis retirées, puis remises mais pas tout à fait pareil, je me sens prêt à en découdre, quand soudain une modification des taux d’accident du travail met en péril toute la manoeuvre avec l’émergence d’un nouveau code risque A.T. = 921CC (sauf dans le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle, mais c’est vraiment pas des gens comme nous) qui remplace le 921CB depuis début 2017, apprends-je avec stupre et faction.
(mais je crois comprendre qu'il ne faut le mettre à jour qu’après avoir validé la DADS, sinon ça fout le bazar) 

J’ai attaqué le chantier DADS-U (comme Unifiée) début janvier, j’ai le temps de voir venir. 
La première tentative d’envoi après édition du bilan de contrôle, des Etats de fin d'année et autres tableaux récapitulatifs régularisateurs annuels, se solde par un échec : comme en plus des techniciens et des réalisateurs nous avons aussi embauché des artistes en 2016, il faut être en possession d’une notification d’AT923AC pour 2016, dont j’apprends miraculeusement par ma lettre d’information confidentielle qu’elle s’obtient auprès de la CARSAT au 08 21 10 44 20, parce que sans eux je serais encore en train de chercher.
Et c’est quoi la Carsat, et pourquoi ils me bloquent ma DADS ? Les caisses d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) sont des organismes du régime général sécurité sociale de France métropolitaine ayant une compétence régionale. (…) Les Carsat exercent leurs missions dans les domaines de l'assurance vieillesse et de l'assurance des risques professionnels (accidents du travail et maladies professionnelles). 
Je sais pas trop ce qu’y foutent dans leurs bureaux, mais apparemment leur pouvoir de nuisance est exorbitant, puisque leur décision d’harmoniser les taux d’accident du travail fout en l’air le précieux travail d’harmonisation et de simplification administrative réclamés par un Etat fort qui veuille à raison entrer de plain-pied dans le XXIeme siècle.
Bon, je les appelle, je leur demande l’attribution du fameux taux d’AT923AC pour 2016, et après 2 semaines à les tanner par internet, ils me l’envoient par mail : « Je vous informe de l'ouverture du risque 923 AC section 02 à effet du 01/01/2016 pour le passage de votre DADS. Pour information, ce risque a été regroupé au 01/01/2017 sous le code risque 923 AD il ne nous est plus possible techniquement de notifier un taux AT 2016, aussi vous ne recevrez pas de notification papier pour cette section. »
Ah oui j’avais bien remarqué sur net-entreprises que mon taux de cotisation A.T avait basculé dans l'ère du 923 AD mais que c'était pas rétroactif sur 2016. Mais on me la fait pas, moi, je suis pas tombé de la dernière circulaire administrative distribuée sous le manteau à une poignée d’initiés Illuminati et Francs-Maçons.
N’empêche que mes déclarations suivantes  à la norme 4DS V01X10 tellement clean qu’on pourrait manger dessus avant de se torcher avec sont retoquées par leur putain de robot, au prétexte imparable de l’Anomalie E9914 - Cette déclaration ne peut être acceptée, car une précédente déclaration de numéro d'avis de dépôt ###, déposée le 04/01/2017 et de numéro d'ordre 1 contenant la même liste d'établissements a déjà été acceptée.
Et en plus, E9915 - Une déclaration a déjà été acceptée pour cette entreprise de SIREN ## et pour l'établissement de NIC 000##, dans l'envoi de nom DADS-##-20170104.txt et de numéro d'avis de dépôt ## déposé sur net-entreprises le 04/01/2017. Une correction des données déjà déclarées pour l'établissement de NIC 000## doit faire l'objet d'une déclaration annule et remplace différente pointant sur cette déclaration de numéro d'avis de dépôt ###.
En d’autres temps je me serais affolé. 
Effondré. 
J’aurais pleuré mon psy pour avoir du Seroplex®. 
J’aurais recommencé à boire.
D’autant plus que d’après net-entreprise, j’ai droit en tout et pour tout à trois essais de DADS-U avant d’être éliminé, et vraisemblablement transformé en farine animale.
Mais bon, là je fais ça en dilettante, patiemment, un jour à la fois, quand ça me gave je passe à autre chose et j’y reviens plus tard, je vois que mon dialogue avec les robots ne passe pas, un peu comme dans l’article d'Ian Alexander L'ère des machines quand il dit « Mais quelqu'un a-t-il déjà songé aux robots crétins ? Quelqu'un a-t-il anticipé que le monde tomberait aux mains d'une armée de répondeurs téléphoniques ? » et je me dis que la solution consiste à parler à un être humain, le tout c'est de trouver qui appeler, je commence par remplir en ligne une demande d’aide, pourquoi Moïse a-t-il erré 40 jours dans le désert si ce n'est parce que les Hommes ont horreur de demander leur chemin, et quasiment dans la minute une opératrice me rappelle, et me dit de donner le numéro d’ordre 4, et je le fais, et ça passe, ma DADS-U est validée, et je peux me regarder dans un miroir sans avoir une image dégradée de moi-même.
Ca tombe bien, on est déjà fin janvier, il est grand temps d'attaquer la paye du mois, et la DSN phase 3. Vu les messages qui pleuvent les jours suivant sur le forum de discussion et d'entr'aide des utilisateurs du logiciel de paye des intermittents, je m'en tire à bon compte.

[Edit]

On pourrait penser à la lecture de l’article que je peste contre les complexités administratives qui sont faites aux petits entrepreneurs.

En fait, je voulais en tirer une conclusion positive, en insistant sur le fait que c’est un miracle quotidien de percevoir des Assedic pour les uns et des compléments retraite pour les autres, que la désorganisation informatique des grandes administrations n’empêche pas ceux-ci de fonctionner à peu près pendant les travaux de modernisation, et puis la rédaction m’a tellement fatigué que j’ai oublié. En plus j’ai rechopé un lumbago, tout seul comme un con devant mon ordi, dans le froid d’un dimanche pluvieux sur mon fauteuil directorial cassé.
Ca m’apprendra à ne pas prendre mon repos dominical.
Le Saigneur y m’a bien puni.

samedi 7 janvier 2017

Le téléphone pleure (lorsque tu n’es pas là)


En journée, je suis rarement à la maison, ce qui me permet d’échapper à tous ces démarchages téléphoniques qui ont transformé ce merveilleux outil de liaison entre êtres humains, bien pratique quand on en a besoin, en un objet d’aversion et de hantise.
Au début, je répondais poliment, mais maintenant, dès que j’entends un silence un peu prolongé suivi de « bonjour monsieur Warsen, c’est Fatima votre partenaire EDF… », je raccroche.
Fatima elle a un métier de merde, elle appelle de Rabat ou de Tunis, elle est payée à la tâche, alors j’ai longtemps fait un effort de politesse, mais Fatima elle est Légion, elle me harcèle, elle est insatiable, elle oublie d’une fois sur l’autre que je lui ai déjà expliqué que je n’étais pas intéressé, elle revient sans cesse à la charge.
Aujourd’hui c’est Robert qui appelle.
Je suis surpris, sans doute un peu raciste : je ne raccroche pas.
On est entre français de souche, bien culturés.
Il m’a eu par surprise.
Le baratin habituel, est-ce que je suis au courant des nouvelles mesures d’économies d’énergies, avec quoi je me chauffe, la surface de ma maison, ça dure déjà depuis 5 minutes et je me demande comment éconduire le fâcheux puisque je n’ai besoin de rien, et puis à un moment donné, « vous et votre femme vous êtes bien en CDI ? » alors là, quand même, je lui dis gentiment « ça ne vous regarde pas ».
Réponse immédiate : « Connard, va ! » et il raccroche.
Je suis bien attrapé.
Ca m'apprendra à être raciste.
Putain, Robert, il est où ton Esprit de Noël ? 
Malgré la consolation de savoir que « l’enfer est pavé de démarcheurs téléphoniques congelés » (Terry Pratchett et Neil Gaiman), je m’interroge.
Soit Robert nous prépare un burn-out et il devrait se chercher un métier honnête, soit c’est un farceur, mais sa manière de prendre son pied est encore plus tordue que celle de Pervers Pépère.
Du coup, je découvre qu’il existe un service gratuit pour en finir avec l’enfer du démarchage téléphonique

Youpie, je m’inscris !

La semaine prochaine, je vous raconterai comment https://www.qwant.com, le moteur de recherche européen qui ne trace pas ses utilisateurs, a changé ma vie.

[Edit] 
Interrogé sur le sujet, mon père m’a dit qu’il connaissait l’existence de Bloctel, mais qu’il préférait insulter les cyberprolos du télémarketing au téléphone, ou laisser le combiné décroché. 
C’est pas la première fois qu’il me fout la honte.
Au rayon des stratégies débiles, j’en ai trouvé d'autres, qui s’attaquent aux effets plutôt qu’à la cause.
http://www.raton-laveur.net/articles/telemarketing.html

[Edit du 25/01/17] 
Ca ne marche pas terrible, mon inscription à Bloctel.
Je n'en attendais pas de miracles, mais quand même.
Le pouvoir intrusif du capitalisme dans l’intimité de la sphère privée ne cesse de me fasciner.
C'est l'incarnation du Mal à l'état pur.

samedi 19 novembre 2016

Les Americons (2)

Encore un article emprunté à Télérama de la semaine. Désolé, je n'ai pas le temps de lire autre chose en ce moment, à part l'Exégèse de Philippe Kaduck. Ce que je voulais dire avec mon titre à la con sur les Américons, c'est qu'ils ne sont pas si cons que ça : ils ne font qu'apporter une réponse pounque au mépris des élites qui les gouvernent.

Chris Hedges : “Tant que l'idéologie néolibérale dominera, le populisme va progresser”

Oubli du peuple, casse du système social, politique sécuritaire... Le journaliste et militant explique comment les mandats de Bill Clinton et Barack Obama ont largement favorisé l'élection de Donald Trump.


On pourra toujours gloser sur le triomphe de Donald Trump et se demander comment Hillary Clinton a pu laisser échapper une victoire que tout le monde disait acquise... Ou bien on pourra lire les travaux de ceux qui depuis cinq, voire dix ans, annoncent le désastre. Sans boule de cristal : en écoutant cette Amérique profonde que les élites progressistes ont « oubliée » depuis trente ans. En laissant le vaisseau dériver tranquillement vers une idéologie — le néolibéralisme — destructrice d'emplois et de relations sociales. Chris Hedges est de ces observateurs lucides. Correspondant de guerre pour le New York Timespendant quinze ans, honoré par un prix Pulitzer, il s'est tourné depuis 2008 vers l'analyse de la situation politique et sociale américaine et le militantisme, notamment auprès du candidat écologiste Ralph Nader. Après La Mort de l'élite progressiste,en 2012, il publie aujourd'hui La guerre est une force qui nous octroie du sens et... L'Age des démagogues.

Comment un pays qui a voté deux fois pour le premier Président noir de l'histoire des Etats-Unis a-t-il pu élire le candidat le plus raciste, sexiste et violent des élections américaines modernes ?

En 2008, juste après le crash financier, Barack Obama était perçu comme un outsider dans la vie politique américaine. Il avait passé seulement trois ans au Sénat, et les électeurs lui ont donné un mandat pour réaliser les promesses qu'il avait formulées pendant sa campagne, en particulier renégocier, ou en tout cas atténuer les accords commerciaux de libre-échange signés par les Etats-Unis en 2004. Après son élection, cette promesse s'est malheureusement volatilisée. Et l'on peut dire aujourd'hui que, sur le plan économique, Obama a passé la plus grande partie de sa présidence à défendre les intérêts des pouvoirs financiers qui ont brutalisé la société américaine depuis Bill Clinton. Huit années dilapidées par les élites démocrates ! Les victimes du système ne leur ont pas pardonné la malhonnêteté d'un parti qui, dans le même temps, courtisait les classes populaires. Elles ont rejoint Trump par colère et frustration.

Une colère légitime, donc ?

Si vous n'avez pas traversé les Etats-Unis ces dernières années, vous ne pouvez pas vous faire une idée précise de l'état de délabrement de notre pays. Les villes des anciens bassins industriels sont littéralement en ruine ; les gens doivent se battre pour survivre, 50 millions d'Américains vivent sous le seuil de pauvreté (officiellement 24 500 dollars par an pour une famille de quatre personnes, mais tous les économistes vous diront que ce montant est insuffisant) ; les salaires stagnent ou déclinent, les services sociaux sont supprimés, l'Obamacare (la réforme de l'assurance santé) a surtout profité à l'industrie pharmaceutique... Cette grande trahison des élites progressistes devait un jour ou l'autre se traduire sur le terrain politique. Quand on y songe, ces élites ont finalement fait le jeu des démagogues de droite, et porté Trump au pouvoir.

Le Prix Nobel d'économie Paul Krugman, dans sa chronique du New York Times, le lendemain des élections, avouait qu'il ne connaissait sans doute pas le pays profond. Ce mea culpa arrive trop tard ?


Bien trop tard ! Où étaient-ils, ces penseurs de gauche, quand Bill Clinton a décidé de vendre la classe ouvrière américaine au grand business, avec la signature du traité Aléna (l'accord de libre-échange nord-américain conclu entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique) en 1994 ? Ou quand il a détruit le système de sécurité sociale de notre pays, alors que 70 % de ses bénéficiaires étaient des enfants ? Et quand il a fait exploser le nombre de prisonniers dans les maisons d'arrêt ? On ne les a pas beaucoup entendus, à l'époque. Peut-être parce qu'ils vivent dans leur bulle à Manhattan et ne voient plus rien du pays réel — comme d'autres, en d'autres temps, restaient enfermés à Versailles... Ni ces élites ni les médias ne prennent suffisamment le temps d'aller voir cette majorité « silencieuse » qui, face à l'aveuglement et à la surdité, voyant ses appels désespérés demeurer vains, est devenue l'électorat de Trump. C'est d'autant plus grave que lorsqu'elles se décident enfin à ouvrir les yeux, ces élites progressistes adoptent souvent un ton moralisateur et condescendant, comme l'a fait Hillary Clinton quand elle a qualifié les électeurs de Trump de « pitoyables ». Cette campagne présidentielle a été suivie à travers un filtre « déréalisant » : les sondages étaient à côté de la plaque depuis le début, ils ne remontaient que ce que, dans les establishments démocrate comme républicain d'ailleurs, on voulait entendre : « Trump n'a aucune chance d'être élu. »

Plusieurs livres, depuis dix ans, ont sonné l'alerte. On pense à Pourquoi les pauvres votent à droite, de Thomas Frank, et à ce que vous écriviez dans La Mort de l'élite progressiste...


Ne soyons pas naïfs : nous vivons, aux Etats-Unis, dans un pays où plus personne ne lit — en particulier dans les classes les moins aisées. Celui de mes livres qui s'est le mieux vendu — Americain Fascists — a terminé sixième sur la liste des meilleures ventes du New York Times. Autrement dit : une centaine de milliers de lecteurs l'ont acheté (je ne sais pas combien l'ont lu). Un pourcentage infime de la population. Donc oui, l'information est disponible pour ceux qui veulent comprendre la période que nous traversons, mais cette information n'a strictement aucune chance d'entrer dans les discussions « mainstream » de l'Amérique profonde. L'information dans les mass media, ici, c'est Cartoon Network [une chaîne de dessins animés, ndlr] !

Mais la carte des élections a-t-elle confirmé vos analyses ?

Absolument. Prenez un Etat comme le Wisconsin, où Hillary Clinton n'a même pas pris la peine de faire campagne. C'est un bassin industriel, avec ses populations ouvrières et ses quartiers noirs, bref une base électorale à dominante démocrate, un triomphe « garanti » pour Hillary. Sauf qu'elle a pris une claque. Comment le parti démocrate a-t-il pu sous-estimer à ce point les effets, sur les classes populaires, de la perte d'emploi ? Il lui suffisait d'aller dans le bastion de l'industrie automobile, le Michigan, pour saisir les conséquences, sur son électorat, des transferts d'emplois vers le Mexique. A ma connaissance, aucun homme politique de gauche n'a demandé aux dirigeants de ces usines de maintenir ces jobs sur le sol américain. Ce silence a une traduction dans la tête des ouvriers qui, après avoir perdu leur travail et leur maison (qu'ils n'arrivent plus à payer), voient ces dirigeants empocher des bonus de plusieurs millions de dollars. Trump, au moins, a fait semblant de s'intéresser au problème. Il a présenté à ces Américains victimes de la mondialisation un bouc émissaire — les travailleurs mexicains, les immigrés illégaux, les musulmans, peu importe — et leur a offert sur un plateau l'occasion de dire un grand « FUCK YOU ! » à l'establishment.

Comment comprenez-vous que tant de gens - beaucoup de femmes, et un nombre important de Latinos - aient voté pour Trump contre leurs intérêts ?


Tout simplement parce que le parti démocrate ne représente plus leurs intérêts ! Ces femmes et ces Latinos sont désespérés, ils l'ont d'abord fait savoir aux candidats conservateurs des primaires républicaines, puis à Hillary Clinton. En rejetant cette dernière, ils ne se trompent pas : elle n'aurait pas fait grand-chose pour eux. Mais ils se trompent durement en choisissant Trump, car ce dernier appartient à une classe qui a fait fortune sur leur dos, et il va défendre avant tout les intérêts de sa caste, entouré d'une bande de gangsters du même acabit.

Diriez-vous que l'Amérique devient fasciste ?

Non, je dirais plutôt, à la suite du philosophe politique Sheldon Wolin, qu'elle entre dans une période de ­« totalitarisme inversé ». Contrairement au totalitarisme classique, ce nouveau « régime » ne s'incarne pas dans un parti réactionnaire ou révolutionnaire clairement fasciste, mais dans l'anonymat de l'Etat-entreprise. De très puissantes organisations privées investissent leur argent dans la vie publique avec un seul objectif en ligne de mire : que l'Etat leur permette de réduire toujours plus le coût de la main-d'oeuvre — quelles qu'en soient les conséquences sur le plan social. Côté face, les candidats portés par ces entreprises montrent une loyauté absolue envers les institutions et les traditions politiques de leur pays, et deviennent des professionnels du discours patriotique ; côté pile, rien ne les « ancre » à leur pays, puisque l'horizon est à la fois unique — maximiser les profits — et mondial. Donald Trump est issu de ce monde et servira les intérêts de ces centres de décision économique. Mais je crains que lui et ses acolytes Rudy Giuliani, Chris Christie et Newt Gingrich ne versent dans l'exercice d'une véritable violence d'Etat contre ceux qui se mettront sur leur chemin.

La stabilité légendaire des institutions américaines - les contre-pouvoirs du Congrès, de la Cour suprême, etc. - ne protège-t-elle pas le citoyen américain contre les excès de l'exécutif ?

La Cour suprême est cassée. Elle est déjà au service de l'Etat-entreprise que je viens de décrire. Trois Afro-Américains sont tués chaque jour par la police dans notre pays, et la Cour suprême ne lève pas le petit doigt. Peu importent les manifestations à New York ou Baltimore exigeant que justice soit rendue aux victimes. Dans les villes désindustrialisées où se produisent la plupart de ces drames, les jobs et les aides sociales ont été remplacés par un usage massif de la répression et des incarcérations. 25 % des prisonniers dans le monde sont détenus aux Etats-Unis, alors que notre pays ne représente que 4 % de la population mondiale ! On a pu constater aussi, avec le sort réservé aux lanceurs d'alerte Snowden, Assange ou Manning, combien nos institutions sont défaillantes quand il s'agit de protéger les citoyens. En détournant l'Espionage Act de 1917 (une loi de 1917 visant à empêcher des citoyens de gêner les opérations militaires américaines), et en refusant de s'attaquer aux pratiques dénoncées par Snowden, Obama a terriblement fragilisé les droits fondamentaux. Le jour, en effet, où la population ignorera tout des actions de son gouvernement (parce que diffuser ces informations est devenu un crime), l'Etat aura carte blanche pour agir à sa guise. Et quand l'Etat a à sa tête un Donald Trump, vous pouvez être inquiet.

La victoire de Trump fait-elle peser une menace réelle sur les minorités ?

Pour certaines catégories de population, l'Amérique n'est plus un endroit très agréable à vivre. Comme en Europe, les démagogues au pouvoir vont se faire un plaisir de désigner les plus vulnérables à la vindicte populaire. Trump à la Maison-Blanche, c'est une très mauvaise nouvelle pour les travailleurs illégaux, les musulmans et les Latinos en général.

Il ne sera pas le Président de tous les Américains, comme il l'a promis ?


Bien sûr que non. Rien dans son histoire personnelle, professionnelle ou politique, ne laissait d'ailleurs présager qu'il puisse l'être. Nous parlons d'un homme qui a été poursuivi en justice pour avoir refusé de laisser des Afro-Américains vivre dans un de ses immeubles...

Dès le 9 novembre, des Américains sont descendus dans la rue, ou ont manifesté pour dire leur colère contre le nouveau Président. Doit-on s'attendre à une contestation plus large ?

J'ai été longtemps militant dans des mouvements de désobéissance civile, aussi bien sous des présidents républicains que démocrates d'ailleurs, et je continuerai sûrement à l'être sous la présidence de Trump. Mais je ne pense pas que nous ayons le choix d'accepter — ou pas — le verdict des urnes. Je m'attends simplement à ce que la réaction des nouveaux dirigeants du pays devienne plus rugueuse. Surtout quand de larges portions de la population qui ont voté pour Trump vont réaliser qu'en bon démagogue prêt à tout pour se faire élire il leur a menti.

Que vont devenir les deux partis, démocrate et républicain, après une pareille claque ?

Je ne crois pas à la capacité du parti démocrate à se réformer — même si la dynastie Clinton, elle, est morte politiquement. Bernie Sanders aurait sans doute été un candidat plus efficace — et il avait la capacité de battre Trump —, mais son propre parti lui a mis des bâtons dans les roues. En envoyant, par exemple, des électeurs indépendants voter Clinton dans les Etats où il arrivait en force...

Et côté républicain ?


L'ironie, c'est que Trump a réussi à faire gagner aux républicains le Sénat et la Chambre des représentants, qu'ils croyaient perdre — donc à faire réélire ces mêmes députés et sénateurs qui avaient fini par prendre leurs distances avec lui, de peur qu'il ne sabote leur campagne ! La vieille élite républicaine, incarnée par la famille Bush, n'a même pas caché qu'elle se ralliait à Clinton pour cette élection. On peut s'attendre à une sacrée bataille entre elle et Donald Trump dans les mois à venir...

Les idées populistes l'emportent partout ou presque, une élection après l'autre, dans les démocraties occidentales et ailleurs. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

D'abord, je suis persuadé qu'elles vont continuer à progresser. Il ne peut en être autrement tant que dominera cette idéologie néolibérale insensée, qui considère que les diktats du marché doivent déterminer comment on gouverne un pays. Or je ne prévois aucun affaiblissement de cette idéologie dans un avenir proche. Aux Etats-Unis, Donald Trump va plutôt s'empresser de réduire les impôts des plus riches, supprimer l'Obamacare, et ainsi de suite. Cela m'inspire à la fois de la tristesse et l'envie de poursuivre mes combats, pacifiquement. Depuis dix ans, je n'ai cessé de m'engager pour faire prendre conscience au plus grand nombre que nous allions droit dans le mur. J'espérais que nous apprendrions des leçons de l'Histoire et que nous parviendrions à l'éviter — mais voilà, nous venons de nous prendre ce mur en pleine figure.

1956 Naissance à Saint-Johnsbury (Vermont).
1983 Commence sa carrière de reporter de guerre au Salvador.
1995 Couvre la guerre en Bosnie puis au Kosovo.
2002 Prix Pulitzer avec d'autres journalistes du New York Times.

A lire de Chris Hedges

L'Age des démagogues, éd. Lux, 128 p., 12 €.
La guerre est une force qui nous octroie du sens, éd. Actes Sud, 224 p., 21,80 €.
La Mort de l'élite progressiste, éd. Lux, 304 p., 20 €.

A part ça, aujourd'hui ça fait 6 ans que ma mère est morte.
Maman, reviens, et rends-toi utile, fais comme papa, va voter demain aux primaires de la droite pour éviter Sarkozy au deuxième tour !

mercredi 9 novembre 2016

Les Américons

Les Américains ne vont pas bien.
Ils ont fait un vote de protestation.
La semaine dernière dans Télérama je lisais l'interview de Romain Huret, un historien :
Pourquoi des millions d'Américains ont-ils choisi, parmi une dizaine de candidats aux primaires républicaines, le plus grossier, le plus absurde, le plus fantasque ? Parce que cette population est en colère. Elle a beaucoup souffert, et elle a le sentiment que les institutions ne s'intéressent plus à elle. Alors que Trump, si. Trente-cinq pour cent des emplois industriels ont disparu aux Etats-Unis depuis la fin des années 1980 — un tiers du total ! Quarante-trois millions d'Américains vivent avec des coupons alimentaires distribués par l'Etat ! Douze millions ont dû vendre leur logement, ou en tout cas le quitter, après la crise de 2008, etc. Et comment explique-t-on, dans la majorité des cas, cette dégringolade sociale ? Par l'absence de qualification et les structures sociales, certes, mais également... le manque de chance.
Aux Etats-Unis, un accident, un divorce qui tourne mal, la perte d'un emploi, un problème judiciaire, une maladie qui dure — bref, un aléa de la vie — peut suffire, faute de filet de sécurité, à vous mettre hors jeu. Autre symptôme de cette « maladie » : de plus en plus d'Américains âgés de 40 à 50 ans choisissent de devenir locataires, alors que l'accès à la propriété était, depuis la guerre, le socle absolu du rêve américain.
(...)
Que retiendrez-vous de cette campagne ?
Sa violence verbale et des débats souvent désolants. Et le fait que, aussi fou soit-il, Donald Trump a soulevé une question intéressante. Dans la plupart des films de Clint Eastwood (un soutien inconditionnel de Trump), je ne sais pas si vous l'avez remarqué, le réalisateur choisit des personnages plutôt diplômés pour incarner le méchant. Eastwood a la nostalgie de l'Amérique des années 1950, un pays où le diplôme n'était pas encore déterminant pour grimper socialement. Aujourd'hui, Bill Gates et Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, deux supporters de Hillary Clinton, ressassent qu'il faudrait créer une Amérique dans laquelle il n'y aurait que des « master 2 ». Chez Eastwood, moins les personnages possèdent de diplômes, plus ils sont intéressants — parce qu'ils sont « dans la vraie vie, eux ! », semble dire le réalisateur. Mais peut-on encore réussir dans l'Amérique d'aujourd'hui, celle du numérique et de la matière grise, sans faire de brillantes études ?

Il y avait aussi l'interview de Michael Moore : Pourquoi Trump va gagner.
Bref, les pauvres blancs prennent leur revanche sur les élites.
Puisque 52% d’états-uniens se sont exprimés, et qu'une majorité d’entre eux viennent de couronner un trou du cul, pourquoi se faire chier à regarder House of Cards ?
Faut dire que l’alternative n’était guère plus présentable à un public averti.
Hillary, c'était l'establishment et les lobbies.
Le site web américain pour préparer son immigration au Canada est en vrac depuis ce matin.
Trop de sollicitations.
Si cette gueule de bois électorale préfigure celle qui nous attend en 2017, je vais me renseigner sur l’éventuelle existence d’un Canada français.
On n’est jamais trop prudent.
D'un autre côté, qu'est-ce que ça va changer à ma vie ? Vu le cours du dollar et mes moyens financiers déclinants, pas question de revoir la Californie de sitôt.


Dommage, cette année y'a eu un déluge dans la Death Valley et une explosion florale extraordinaire.
Et puis c'est pas la première fois que les Américains élisent Super-Tocard.
Nixon. Reagan. Bush père et fils.
Les média voudraient qu'on s'excite sur cette apocalypse politique imprévue.
On ferait mieux de balayer devant notre porte.
En 2002, c'est décidé, j'irai voter Chirac pour faire échec au Front National.

samedi 23 juillet 2016

Comprendre le Proche-Orient


Le traitement au lithium que je suis depuis 3 mois pour troubles de l’humeur est une vraie réussite. J’ai à nouveau la liberté de choisir mes pensées, en tout cas je m’en suis vanté auprès de mon psy et il m’a cru, à tel point qu’il m'a mis dans la confidence qu’il n’y avait aucune prédictabilité du succès d’un tel traitement; je l’ai alors félicité de ne pas me l’avoir dit avant.
Choisir mes pensées, lesquelles suivre et lesquelles laisser passer sans monter dedans, c’est pas du luxe, mais je n’en étais plus capable depuis plus d’un an, suite à des dépressions à répétitions que j’attribuais un peu masochistiquement à la transgression de règles que je m’étais fixées.
Quel soulagement, et quelle détente soudaine dans les rapports Nord-Sud : il y a quelques semaines encore, un évènement récent comme la Journée de la Malveillance Automobile (sous le patronage du Ministère de la Peur et de la Terreur) par un Arabe à Nice aurait fait sortir Blasphémator® du bois, et on en aurait eu pour des mois.
Ah là là. 
Alors que là, je me dis simplement que s'ils allaient passer leurs vacances dans un camping naturiste musulman, les Arabes ils seraient moins coincés du Q et pêteraient moins les plombs.
Alors évidemment, ça va pas mettre du lithium dans mon sexe a piles, mais je me sens assez ragaillardi pour espérer comprendre un jour le Proche-Orient, avec mon nouvel ami Jean-Pierre Filiu.

lundi 20 juin 2016

Horreur vieillotte, horreur moderne

Au départ, je voulais juste relire les Hellblazer #180 - 193 au soleil dans ma chaise longue, fascicules qui manquent à ma collection des 150 dernièrs épisodes des aventures de John Constantine en v.o.


P'tain, y'a un trou dans ma collèque.

John Constantine est un ancien musicien punk reconverti dans la magie noire. Il croit toujours qu’il peut blouser le diable. Il y a un prix à payer, évidemment, et ce sont ses proches qui trinquent, et trépassent à tour de bras. Il culpabilise un peu, puis repart comme si de rien n'était.
C’est un personnage antipathique et désagréable, tantôt irascible, voire méprisant envers ses semblables. Sa consommation abusive de tabac le destine à une mort prochaine et probablement à un séjour éternel en enfer, où Satan l’attend de pied ferme.
Son attitude de cogestion de sa propre agonie me rappelle la théorie du masochisme de Theodor Reik :
"Le masochisme est plus répandu que nous ne l’imaginons car il prend une forme atténuée. La dynamique de base est la suivante: le sujet perçoit quelque chose de mauvais dont la venue est inévitable. Il ne peut rien faire afin d’interrompre le processus; il est réduit à l’impuissance. Le sentiment de son impuissance engendre chez lui le besoin d’exercer quelque contrôle sur cette souffrance imminente - n’importe quelle forme de contrôle fera l’affaire. C’est logique: le sentiment subjectif de sa propre impuissance est plus douloureux que la souffrance à venir. Aussi le sujet a-t-il recours, pour se rendre maître de la situation, à la seule voie qui lui reste ouverte: il concourt à hâter la venue de ce malheur prochain."

Quand je vais bien, un peu d'épouvante littéraire est un luxe de l'esprit un peu douteux, mais un luxe voluptueux.
C'est ma petite-bourgeoisie à moi.






Léti pas mignon, le faux Sting à sa mémère ?


Les épisodes #180 - 193 s'insèrent dans son interminable saga de Super-Loser entre Le Sépulcre rouge (#175-180, 2007) et Chemin de croix (#194-199, 2009), et sont regroupés dans les recueils aussi gros que des Picsou Magazine Les Fleurs noires (#181-186, 2008) et Droit dans le mur (#187-193, 2008).
Sur Amazon.fr on ne les trouve qu'à des prix prohibitifs, alors je vais voir sur Amazon USA, woualou ils sont à $6 chacun !!! mais quand j'ajoute les frais de porc, c'est encore pus cher qu'en France. Bande de voyous capitalistes.
Ma vie est passionnante, hein ?
Alors je me résouds, la morue dans l'âme, à les télécharger, pour comprendre comment Constantine déboule dans le #194 en ayant totalement perdu la mémoire.
Comme si je n'avais pas eu mon content de passions humaines engendrant des monstruosités, rien qu'en rappelant l'an dernier une gonzesse que je m'étais interdit de recontacter pendant 25 ans.
Bref.
A force de relire ces vieux Hellblazer, l'autre soir j'ai rêvé d'un succube femelle avec une bite.
Moi ça me branchait moyen, mais mon inconscient avait l'air de trouver ça chouette.

Alors, j'ai relu un peu de Lovecraft, mais le coeur n'y était plus : horreur vieillotte.
Finalement, sa vie fut le plus épouvantable des cauchemars.
J'ai rematé sa bio pour m'en convaincre, et comme elle n'était plus en ligne je l'ai remise.


Le Cas Howard Phillips Lovecraft partie 1 from john warsen on Vimeo.

Le Cas Howard Phillips Lovecraft partie 2 from john warsen on Vimeo.

Le Cas Howard Phillips Lovecraft partie 3 from john warsen on Vimeo.

"Mais vous n'aimiez pas ça, la vie, de toute façon"


Voulant m'encanailler avec des démons plus consistants, j'ai cherché dans l'horreur moderne.
Le Providence d'Alan Moore ?
Quel hommage compassé, et quel ennui (à part la séquence de transfert de conscience de l'épisode #6)


La bonne blague.


Survivor's Club ? Bon pour les ados, grandis à l'ombre des jeux vidéos en l'absence de leurs parents et éducateurs.
Clean Room ? bof. Y'a des idées sympas, mais beaucoup de poncifs poncés.
Unfollow ? c'est pas mal, mais ça tient plus du thriller et de la fable sociale.

Ah oui, quand même, le récit de NGC-2264 qui prétend s'être fait dépouiller par des entités, c'est du Lovecraft moderne.
Bien plus imaginatif que les couillons qui tagguent l'hôpital psychiatrique polonais en déréliction.
Et j'envisage de revoir Ne vous retournez pas, le film de Nicolas Roeg qui se passe dans une Venise glauquissime.

Après m'être gavé de ces mièvres sucreries, je me dis "non mais t'es con, ou bien ?"
L'horreur, la vraie, elle est dans le Réel :
c'est un samedi après midi en salle de montage à France 3 quand il n'y a aucun sujet à monter.
c'est ton premier concert au Bataclan, et c'est aussi le dernier jour de ta vie.
(variante : c'est ton premier jour au GIGN et tu vas entrer dans le Bataclan pour y découvrir un charnier.)
c'est les filles de J.G qui rentrent chez elles le plus tard possible après le collège, depuis bien avant la mort de leur père, parce que leur mère s'est remise à picoler de plus belle et que tu ne trouves rien à lui dire quand elle t'appelle en larmes, parce qu'elle se mure dans son désespoire Williams.
c'est les couvertures du Nouveau Détective.
c'est Dominique Strauss-Khan en peignoir.
c'est les films de chtrouille. (mais je refuse d'en voir, rien que les scénarios me suffisent largement)
c'est le cancer incurable qu'on te découvre et qui te laisse 8 jours d'espérance de vie alors que tu n'as pas mis ta maison en ordre.
c'est ta femme à qui tu ne sais plus dire je t'aime (et quand tu lui disais tu sentais combien c'était faux)
c'est l'agonie cogérée de Fukushima.
c'est le martyre des fous enchaînés du mausolée de Bouya Omar.
C'est le drone aveugle qui enregistre sans le voir ce qu'il reste de la ville de Homs.
C'est le calvaire des migrants noyés au large de l'Italie ou de la Lybie, et en plus je ne trouve même pas de vidéo correcte.
Franchement, je ne sais pas ce qu'il te faut.

Finalement, la meilleure histoire de Constantine, c'est peut-être le #27, dénuée de démons, juste l'histoire d'un pauvre clodo mort de froid qui revient en épouvantable fantôme puant et qui veut juste que quelqu'un le serre contre lui.


Allez, tu es parvenu à la fin de l'article, 
c'est bien, c'est courageux, 
et tu as gagné le droit de lire cet épisode.