lundi 27 avril 2020

Un journalisme de post-ure

« des hôtesses vont passer parmi vous avec un assortiment de boissons et de revues » prétendais-je pour faire le malinou dans un article de la semaine dernière : les voici nonobstant.


Contraint au régime sec même en mer mouillée par des excès passés, je fais l'impasse sur les boissons et me rabats sur les revues, car après avoir longtemps pesté contre la création du rayon journaux au Super U qui selon moi tuait les maisons de la presse alors qu’en fait ce qui me poussait chez les marchands de journaux c’était le besoin compulsif d’acheter des clopes, j’ai trouvé ce matin en faisant les courses DEUX revues qui sauront susciter ta convoitise mieux que ne le ferait une cargaison d’infirmières thaïlandaises simulant d’être enfiévrées par les chaleurs printanières et le trop-plein de patients engorgeant les urgences :
- We demain  "une revue pour changer d’époque", destinée avant tout aux bobos écolos. m'inspire des sentiments mitigés, car j’en avais acheté un exemplaire sur la prescription d'une copine marseillaise, je l’ai lu pieusement en souvenir d’elle et j’ai trouvé la moitié des articles intéressants, et l’autre moitié navrante. 
Là, ce mois-ci t’as quand même Jared Diamond, Greta Thunberg qui tchatche avec Naomi Klein, pour 12 € on aurait tort d'essayer de s’en priver. 

- Socialter sort un hors série pour penser les horizons désirables : qu’est-ce que l’imaginaire, qui a intérêt à s’en emparer, comment le modeler de manière inclusive ? L’écrivain de science-fiction Alain Damasio a été nommé rédacteur en chef pour piloter le numéro. Baptiste Morizot signe un manifeste, «Nous sommes le vivant qui se défend», et Kim Stanley Robinson clame : «Nous voulons des utopies !» Un entretien avec Felwine Sarr dessine les pistes pour «Bâtir l’Afrotopia» ; Emilie Hache explique comment poser l’imaginaire écoféministe contre la société patriarcale, quand Corinne Morel-Darleux envisage la fiction comme nourriture de l’action. Un grand entretien permet de découvrir la passion de Jean-Luc Mélenchon pour la science-fiction. (Libération)
Franchement, pour 3 2 paquets de clopes, c’est donné. J'ai commencé à le lire, c'est très damasien effectivement, mais très bien documenté. Ca compense, pour ceux qui font une aversion à l'appétence incoercible de Damasio à forger des néologismes au fil de son discours néo-radical.

La presse qui fait pas rêver.
D'une manière générale, c’est dingue le nombre de revues post- qui dégueulent du présentoir, je croyais la presse magazine à l’agonie, et j’allais oublier de citer, si tu les méconnais, l’étonnante et trimestrielle Usbek & Rika dont je suis très friand, quand je ne louche pas sur les soignantes masquées issues de la diversité, en tout cas les deux derniers numéros étaient super. Ce qui est bien avec le monde moderne qu’on a maintenant, c’est que toutes ces revues ont des vitrines sur le net, et qu’on peut se faire une idée de la ligne éditoriale d'un simple clic, parce que s’il faut s’ingurgiter des échantillons de leur pâte à tartiner dans le Super U, ça gène les braves gens masqués qui veulent aller du rayon layette aux surgelés. Allons bon, encore un mail qui va se faire instrumentaliser en article auto-promotionnel sur un de mes blogs, mon narcissime est-il donc si en péril que ça ? Je t’en fiche mon billet qu’il aurait très bien pu faire sans. Mais bon, la survie de la presse du lendemain du futur est une noble cause, qui vaut qu'on en parle, et surtout qu'on la lise. 


La presse qui fait rêver (justement, j'en rêvais)

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